the hopefull and the damned. (ginsea #5)

elle s'est effondrée d'un seul coup. juste comme ça. j'ai rien compris à ce qu'il s'est passé. je n'aurai jamais du être là parce que je ne suis pas présente habituellement. j'avais juste un truc à lui demander à propos d'eileen et voilà. je me suis retrouvée à l'attendre et je l'ai vu s'effondrer au sol. elle m'aura tout fait ! tout ! enfin c'était ce que je croyais avant d'arriver à l'hôpital. je tourne en rond devant la porte de sa chambre le temps qu'on lui fasse les vérifications, qu'on s'assure que tout va bien. dans l'ambulance ils ont dit que ça allait mais que cette évanouissement n'avait rien de normal. c'était plus qu'un malaise. d'où les examens. et en attendant, je erre dans ce couloir en espérant que le temps passe plus vite. j'ai pu commencer à m'organiser, j'ai demandé à ma soeur qu'elle aille récupérer eileen en même temps que son fils, j'ai prévenu l'école, j'ai rassuré le staff d'incroyables talents et puis forcément, les producteurs de dwts qui me harcèlent pour savoir si chelsea pourra danser. j'ai tenté d'en savoir plus mais on a rien voulu me dire avant que ma "femme" ne se réveille. oui, y'a ça aussi. pour pouvoir l'accompagner j'ai du ... mentir un peu. c'est venu tout seul en plus mais bon pas le temps de m'attarder là dessus. en même temps j'ai plus vécu de choses avec chelsea en un an et demi qu'avec tous mes anciens maris réunis. même si c'est pas la même chose mais bon. je sais que je n'aurai pas pu grimper dans l'ambulance sans ça. le médecin qui passe devant moi, qui lui dit qu'il lui faudra du repos, beaucoup de repos. j'ai à peine eu le temps de lui demander pour combien de temps. quelques semaines, quelques mois même. okay donc ça va pas tant que ça alors pourquoi il sourit comme un con celui ci ? merde. j'envoie un dernier sms, quelqu'un à prévenir en urgence et on me dit qu'elle se réveille. j'attends pas plus longtemps pour entrer dans la pièce et la voir ouvrir les yeux péniblement. en regardant l'heure, je vois que ça fait quand même plus de 6 heures qu'elle se la joue belle au bois dormant. " bien, je voulais attendre que votre femme se réveille avant de vous annoncer la nouvelle. " je crois que je m'étrangle à moitié avec ma salive et me reprends aussitôt. " tu nous as fait peur... chérie. " j'ai la voix qui monte dans les aigus c'est n'importe quoi. si déjà moi j'comprends pas tout, ça m'étonnerait que chelsea capte ce qu'il se passe. alors je m'approche du lit, glisse ma main dans la sienne et la serre doucement. non peut être pas doucement d'ailleurs. en gros juste qu'elle se taise et attende que ça passe. elle l'a bien fait toute la journée elle peut bien continuer à se taire un peu. " vous êtes enceinte. " okay je crois que c'est moi qui vais m'évanouir là. heureusement qu'il y a une chaise à côté du lit parce que je m'effondre dessus sans demander mon reste. comme dans du coton, j'entends au loin la voix de l'homme qui explique qu'elle est déjà bien enceinte, que y'a eu déni ou j'comprends pas tout. la main écrasant toujours les doigts de la danseuse, c'est la seule chose à laquelle je me raccroche. parce que sinon je crois que c'est son cou que je vais serrer.

Celle là, je l’ai pas vue venir. Ça fait quelques semaines déjà que je sens que mon corps a besoin de repos, je m’endors facilement un peu partout, je suis moins énergique, mon corps a des réactions bizarres, et je pense que j’ai vraiment besoin de lever le pied, prendre une semaine de vacances, j’en sais rien. Mais entre le boulot, l’éducation d’Eileen à la maison, trouver ma place, et ma relation de plus en plus étrange avec Gina, j’ai un peu de mal à m’y retrouver. Il faudrait peut-être que je trouve la définition de burn-out quelque part… Lorsque j’ouvre les yeux, c’est un peu flou. Je suis dans une chambre d’hôpital visiblement. Ah ouais, tant que ça ? Il s’est passé quoi exactement ? Un médecin est là, et j’ai un mal de crâne abominable. Gina entre dans la chambre et je me demande bien ce qu’elle fait là. Ah oui. Elle était là quand je me suis effondrée de fatigue. On est quel jour ? Le médecin parle de femme. ‘Votre femme’, c’est quand même assez précis. De quoi il parle lui ? Il s’est planté de patiente ? Je tourne la tête vers Gina en fronçant un peu les sourcils, mais cette dernière attrape ma main et m’appelle même ‘chérie’. Wow, on est dans une réalité alternative ou quoi ? Qu’est-ce qui se passe. Gina n’est pas naturelle, je sens bien que quelque chose cloche. Mais le pire est à venir. « vous êtes enceinte. » lâche finalement le médecin sur un ton presque guilleret. Gina se laisse tomber sur la chaise près de mon lit, emportant ma main avec elle et me faisant pencher la tête sur le côté. Je suis encore un peu dans les vapes. .« Mais n’importe quoi quoi vous voyez bien qu’elle est pas du tout enceinte ! » Le médecin me fixe, et je mets quelques secondes à comprendre. Oh bordel. Il parle de moi. « Vous avez fait ce qu’on appelle un déni de grossesse, c’est à dire que votre corps s’est comporté comme si vous n’étiez pas - »  .« Je sais ce que c’est un déni de grossesse oui merci. » que je réponds d’une voix sèche, avant de lâcher la main de Gina pour me redresser dans mon lit. .« Combien ? Combien le déni ? » « On estime environ 26 semaines d’aménorrhée. Vous êtes à la fin du 2ème trimestre. » Je lâche un rire con.. « Six mois ? N’importe quoi ! Mais regardez mon ventre ! » Toujours aussi plat, comme il a toujours été. .« Vous vous êtes trompé de chambre monsieur. Et si c’est une caméra cachée, c’est même pas drôle. Gina, on se casse d’ici ? T’es venue en voiture au moins ? » C’est ce qu’on appelle un déni. Pur et dur.

on a beau dire qu’on est forte, qu’on peut faire face à tout et toutes ces choses du genre, quand il arrive ce qui arrive aujourd’hui, toutes les cartes sont redistribuées. au même niveau que n’importe qui je me prends cette nouvelle en même tronche. elle est enceinte. je reste assise comme une idiote à écouter l’échange entre elle et le médecin. déjà chelsea croit qu’on parle de moi. mais bien sur… enfin je le sais que c’est pas moi, quand même. déjà j’ai pas passé de tests alors comme ça, voilà. argument imparable. et puis elle finit par comprendre. comprendre qu’on parle d’elle. j’ai la gorge sèche tout à coup. ou peut être que c’est une crise d’angoisse qui arrive. elle m’aura tout fait celle là. genre vraiment tout. enfin elle a l’air surprise, ça peut être une bonne chose non ? ça veut dire que ce n’était pas prévu. oh oui elle aurait pu pour me faire chier j’en suis certaine. enfin non pas certaine mais bon… disons que ça aurait pu se faire à un moment donné. déni de grossesse, preuve qu’elle n’était pas au courant donc. preuve que là il se passe quelque chose qui nous dépasse toutes les deux. elle se redresse, me lâche la main et je viens me plaquer dans le fond de mon siège. loin d’elle autant que possible. enfin elle n’est pas contagieuse j’en ai conscience mais bon. et le verdict tombe. six mois. c’est énorme six mois. c’est deux tiers de la grossesse. enfin j’ai jamais été très douée en maths mais pour des calculs de ce genre ça va je me débrouille. chelsea m’interpelle, me parle d’une voiture. ” non en ambulance. “ la voiture elle est restée là bas. très certainement avec toutes mes pensées cohérentes. ” vous pouvez nous laisser ? “ de toute façon je pense que le médecin se sent un peu de trop là. enfin c’est surtout que vu l’état de chelsea, il va finir par avoir peur de se prendre un objet - peu importe lequel - à travers la tronche. une fois la porte refermée je laisse échapper un long soupire. ” putain mais c’est pas vrai… “ murmure à peine audible et pourtant. ” enceinte ? t’es sérieuse ? “ enfin je sais le déni tout ça tout ça, pas voulu. mais quand même. ” et de six mois ? “ oui clairement je ne fais que répéter les informations données par la blouse blanche. ” t’es enceinte de six mois… non mais c’est la meilleure ça. “ rire totalement nerveux qui s’échappe de mes lèvres, incapable de le retenir. je me lève et commence à marcher, tournant en rond dans la pièce. ” qu’est ce que… et pour … oh bordel. putain t’es enceinte… “ si elle ne l’a pas encore compris c’est qu’elle est vraiment secouée. ” je sais même pas quoi te dire là… “ j’pourrai demander qui est le père mais au fond je m’en fous. je ne sais plus comment je dois réagir. en tant qu’agent ou en tant que… colocataire slash baby sitteur slash amie un peu étrange…

C’est trop. Beauuuucoup trop d’un coup. Le terme de déni est totalement bien choisi, parce que je n’accepte pas du tout qu’on parle de moi en ces termes. J’ai déjà pas encore réussi à me sentir totalement mère alors que ma fille a cinq ans, j’étais à la limite de la laisser aux services sociaux à la mort de son père, et voilà que je me retrouve à nouveau enceinte ? Non c’est pas possible ils se foutent de moi, je suis même persuadée qu’il s’agit d’une caméra cachée. Un truc pour l’émission avec l’hypnotiseur là, je vois que ça, et Gina est dans le coup. Saloperie. Je lui demande si elle est venue en voiture mais la réponse ne me plait pas. En ambulance. Et voilà qu’elle demande au médecin de nous laisser seule. Manquait plus que ça. Seules pour faire quoi. « putain mais c’est pas vrai… enceinte ? t’es sérieuse ? et de six mois ? » Je ne la lâche pas des yeux, impressionnée par ses talents d’actrice. « t’es enceinte de six mois… non mais c’est la meilleure ça. » Je la regarde rire, et se lever alors qu’elle vient de répéter sa première phrase. « Tu l’as déjà dit. » que je réponds sur un ton neutre dénué de toute émotion. « qu’est ce que… et pour … oh bordel. putain t’es enceinte… je sais même pas quoi te dire là… » Je secoue la tête et ris à mon tour. « Allez c’est bon arrête de jouer la comédie ! » Elle relève le regard sur moi, feignant l’interrogation. « C’est bon j’ai compris. C’est une émission de merde, la blague était drôle, mais j’ai juste pas envie de jouer sur ce terrain là. Et tu sais le pire ? Ça me déçoit vachement que tu sois dans la combine. » Oui, je suis persuadée de ce que j’avance. Ça ne peut pas être possible autrement. C’est la seule solution. Je sors de mon lit et ressens une grosse vague étrange, un vertige assez hallucinant, et je me retiens au lit alors que mes pieds viennent de toucher le sol. « C’est une blague. » je souffle un peu pour essayer de me reprendre et cette fois c’est une vague nauséeuse qui s’empare de moi, comme si mon corps venait de comprendre, lui. Je me dirige un peu vacillante jusqu’aux toilettes et vomis tripes et boyaux. Manquait plus que ça. Une fois un peu calmée je m’essuie la bouche, tire la chasse d’eau et referme la cuvette avant de m’asseoir, dos contre le mur. C’est pas possible putain. « Gina ! » Elle arrive et je la regarde les yeux plein de larmes. « J’t’en supplie trouve une solution, y’a bien des pays où on peut faire quelque chose même après six mois non ? » Ça y est, je crois que je prends conscience.

" allez c’est bon arrête de jouer la comédie ! " j'ai l'impression qu'on n'a pas vraiment une discussion... logique. enfin je parle de quelque chose et elle semble à côté de la plaque. donc forcément je la regarde étonnée. parce que je ne comprends pas de quelle comédie elle me raconte. "  c’est bon j’ai compris. c'est une émission de merde, la blague était drôle, mais j’ai juste pas envie de jouer sur ce terrain là. et tu sais le pire ? ça me déçoit vachement que tu sois dans la combine. " j'ai les yeux écarquillés et au final je crois que je suis un peu énervée. " mais bordel qu'est ce que tu racontes ? " je dois me calmer, prendre sur moi. alors j'inspire, j'expire tandis qu'elle tente de se lever. ça n'est pas une bonne idée mais je pense que si je lui fais une réflexion, elle est capable de me taper. bon peut être pas. mais tout de même. " c’est une blague. " j'aimerai lui dire que non. mais je reste figée à attendre. parce qu'elle va bien finir par réaliser. elle n'a pas le choix. et à peine posée sur ses deux pieds, elle se précipite vers la salle de bain. les bruits qui en sortent laissent peu de place à l'imagination. mon téléphone vibre et je réponds rapidement à un sms avant de me lever à l'entente de mon prénom. j'attrape un verre d'eau au passage et m'approche d'elle. " j’t’en supplie trouve une solution, y’a bien des pays où on peut faire quelque chose même après six mois non ? " je lui tends le verre d'eau et me laisse glisse contre la cloison, accroupie en face d'elle. en talons aiguilles et tailleur jupe, super pratique. je tourne doucement la tête de gauche à droite. " non... six mois c'est ... trop. " même moi j'ai du mal à mettre des mots et pourtant c'est pas si compliqué que ça à comprendre. " on va devoir faire avec. " oui "on" parce que je ne sais pas pourquoi mais je m'inclus dans ce bordel. " tu veux rester là ou retourner t'allonger ? " je sais même pas quoi lui dire, comment l'aider. quand luna était enceinte elle était en prison, j'ai jamais vécu de grossesse alors tout ça c'est nouveau pour moi. j'ai tellement de questions à lui poser mais je pense que c'est pas le moment. déjà savoir qui est le père parce que bon, faut pas oublier qu'il y a forcément un géniteur derrière tout ça. puis est ce qu'elle va garder le gosse ? parce que bon elle a abandonné eileen alors pourquoi pas celui-ci... et il va bien le bébé ? elle ne peut pas me répondre elle mais on n'en sait rien non plus. je crois que je commence à avoir mal à la tête avec tout ça. je crois que j'aimais bien son idée de caméra cachée, ça semblait bien plus drôle.

On dirait un dialogue de sourds. C’est n’importe quoi, je déraille complètement, mais c’est mon seul moyen de garder le cap. Imaginer que tout ça n’est qu’une foutue mascarade. « mais bordel qu'est ce que tu racontes ? » Je m’énerve encore plus quand je l’entends me gueuler dessus, comme si l’une voulait hurler plus fort que l’autre. C’est ridicule, mais je ne contrôle plus rien. Je suis énervée, à bout de nerfs, et la nausée qui me saisit ne m’aide clairement pas. Je cours jusqu’aux toilettes et c’est là que je prends conscience que non, tout ça n’est pas qu’une vaste plaisanterie. J’appelle Gina, et une fois près de moi, je la supplie de trouver une solution à mon problème. Elle a réussi à gérer pour Eileen, elle a été patiente, et maintenant que j’accepte, qu’Eileen sait que je suis sa mère, voilà encore un coup dur. « non... six mois c'est ... trop. » finit-elle par lâcher tout en s’accroupissant près de moi. « on va devoir faire avec. » Les larmes roulent sur mes joues alors que je retiens les sanglots. Je ne prends pas conscience du pronom qu’elle a utilisé. Parce que pour moi ça semble presque ‘logique’. « tu veux rester là ou retourner t'allonger ? » Je hoche la tête. Ça veut rien dire, elle m’a fait deux propositions et je hoche la tête. Mais je prends appui sur mes mains après avoir essuyé mes joues, pour me relever. J’ai l’impression de peser 10 kg de plus, c’est dingue. Gina m’aide à me relever et m’accompagne jusque dans la chambre où je m’installe à nouveau dans le lit, silencieuse. Je réfléchis, je compte sur mes doigts. Six mois. « Zach… » C’est exactement à cette période là que j’ai eu mon histoire avec Zachary. Je lâche un rire jaune et prends ma tête entre mes mains. « J’suis sortie avec le fils du maire, à cette période là. Ça a duré quelques mois, mais il est jeune et puis… » Je soupire. Et puis je pensais un peu trop à Gina. « Ça peut être que lui de toute manière, j’suis pas du genre infidèle. » Nouveau soupire. Zach est un gosse, il a encore beaucoup de choses à vivre, je sais pas si apprendre qu’il est père serait une bonne chose, ni pour lui ni pour moi d’ailleurs. Et puis, est-ce que je vais le garder ce môme ? J’veux dire, j’ai déjà galéré avec Eileen, j’ai préféré la laisser à son père, et je sais pas si aujourd’hui je suis plus prête que je ne l’étais il y a cinq ans. Disons que si le père d’Eileen n’avait pas eu son accident et perdu la vie, je crois pas qu’Eileen serait dans ma vie aujourd’hui. Enfin, grâce à Gina, aussi. Ne l’oublions pas.

je ne sais pas si je l'ai déjà vu pleurer. enfin de cette façon. parce que y'a pleurs et pleurs. mais là je sens qu'elle est totalement désemparée et ça a le don de me serrer l'estomac. je pensais juste qu'elle avait fait une baisse de tension ou quelque chose du style. pas qu'on allait m'annoncer qu'elle était enceinte de six mois. et si ça m'a autant surprise, je ne peux imaginer ce que c'est pour elle. si on m'annonce un jour que je suis enceinte de deux trimestres et que je n'en avais aucune idée, je ne sais pas comment je réagirai. je crois que je casserai tout ce qui me tomberai sous la main. et je pries très fort pour que ça ne m'arrive jamais d'ailleurs. bien sur que j'ai comme projet de fonder une famille un jour prochain. mais bon, pas tout de suite ? non pas tout de suite. et je préfère être préparée pour ça. pas comme elle en ce moment. je lui propose de retourner sur son lit dans une question à double réponse. je ne sais pas trop comment interpréter son geste mais je vois qu'elle tente de se lever. je l'aide à se mettre sur ses pieds et l'accompagne jusqu'à son lit. je ne fis rien et me place dans le fauteuil. on reprend nos places comme si de rien n'était. elle se met à compter sur ses doigts et je comprends assez facilement ce qu'elle fait. " zach... " je ne connais pas de zach mais je suppose que ça doit être lui le géniteur. " j’suis sortie avec le fils du maire, à cette période là. ça a duré quelques mois, mais il est jeune et puis… ça peut être que lui de toute manière, j’suis pas du genre infidèle. " je ne sais pas pourquoi ça me tire un peu dans la poitrine. peut être le manque de sommeil. je ne vois pas ce que ça peut être d'autre. " le fils du maire hein... tu crois qu'il serait du genre à assumer ou au contraire à nier tout en bloc ? " bon dans l'idée on s'en fout mais c'est juste savoir s'il fera parti du paysage ces prochaines années. s'il va s'impliquer ou bien juste avoir fourni le patrimoine génétique et s'en laver les mains après. " on a pas demandé comment... il allait. il ou elle. je suppose qu'ils doivent déjà le savoir. " je crois que je commence à réaliser qu'il y a vraiment un être humain dans son ventre là. juste à côté de moi. même si je ne suis pas certaine qu'on puisse déjà le sentir sinon elle s'en serait rendue compte. je suppose.

Une fois de retour dans mon lit, pas l’esprit forcément plus serein mais peut-être un poil moins embrouillé, je calcule dans ma tête et compte sur mes doigts pour remonter à il y a six mois, et c’est le prénom de Zach qui filtre entre mes lèvres. J’avoue à Gina mon histoire avec Zachary, le fils du maire. Je sais pas pourquoi je lui dis ça, peut-être parce que j’ai besoin qu’elle sache, qu’elle n’aille pas imaginer que ce bébé est arrivé un soir où j’avais bu, avec un mec que je ne connais même pas. Etrangement, j’ai pas envie de passer pour ce genre de nana. Son avis compte beaucoup, beaucoup trop pour moi. « le fils du maire hein... tu crois qu'il serait du genre à assumer ou au contraire à nier tout en bloc ? » Je pose mon regard sur elle à la question posée, laisse s’installer un silence avant de détourner les yeux. « J’en sais absolument rien. Il est jeune, et puis j’ai pas l’intention de finir ma vie avec lui. » Je suis déjà pas bien stable, je ne crois pas qu’il le soit trop non plus, à nous deux j’imagine difficilement la ‘famille’ qu’on représenterait pour cet enfant à venir. Je me demande même si je dois le mettre au courant, ou faire comme si de rien n’était. Tu parles d’une décision facile à prendre… « on a pas demandé comment... il allait. il ou elle. je suppose qu'ils doivent déjà le savoir. » Je repose finalement mon regard sur Gina, qui elle est concentrée sur la vie qui grandit en moi. Je baisse les yeux sur mon ventre sur lequel je pose une main. J’ai du mal à croire qu’il y a un bébé de six mois là dedans, alors que mon ventre est ultra plat, comme il l’est d’habitude. « Ils nous l’auraient dit si quelque chose n’allait pas non ? Ils m’auraient pas laissé là avec juste ce morceau d’information ? » Je sais plus trop quoi penser, quoi ressentir, je me sens perdue dans un flot d’émotions contradictoires. « Tu me laisses pas hein ? » Oh merde, je crois que ça y est, les hormones sont en émoi. Mon regard brillant posé dans celui de Gina, mon menton tremblerait presque. « J’ai mis du temps pour Eileen et j’y serai pas arrivée sans toi. si tu me laisses maintenant j’y arriverai pas. » Gina est plus que mon agent, elle est devenue une amie, et plus que ça encore. Aujourd’hui je n’imagine plus ma vie sans elle, même si elle me tape sur le système parfois, même si je l’insupporte d’autres fois. Mon équilibre est avec elle désormais, même si c’est étrange de me l’avouer. Et j’ai besoin qu’elle me rassure, qu’elle me dise qu’elle sera là, pour m’aider avec ce bébé, parce que j’y arriverai pas toute seule, c’est une certitude.

" j’en sais absolument rien. il est jeune, et puis j’ai pas l’intention de finir ma vie avec lui. " ce n'est pas trop ce que je lui demandais, je voulais juste savoir s'il serait du genre à vouloir se faire appeler papa ou au contraire ne rien avoir à faire avec le futur gosse. enfin non, parce qu'il est bel et bien là. puis surtout savoir quel va et vient il va y avoir chez moi. quoique peut être que maintenant elle voudra avoir son appartement, son chez elle. avec eileen qui a accepté la situation et très naturellement que chelsea soit sa mère. puis ce bébé qui arrive. au final, je n'ai plus rien à faire là dedans. j'étais là pour eileen mais maintenant... " ils nous l’auraient dit si quelque chose n’allait pas non ? ils m’auraient pas laissé là avec juste ce morceau d’information ? " je hoche la tête à cette remarque plus que juste. en effet, si le bébé avait un soucis ils nous l'auraient dit directement. s'il avait fallu faire des soins ou je sais pas quoi... j'y connais rien. je sais juste que je me retrouve là, sans trop savoir comment me positionner. " tu me laisses pas hein ? " je pose mon regard sur elle et observe son visage et surtout l'expression sur son visage que je n'ai pas eu l'occasion de voir souvent. la peur, l'appréhension et puis les émotions au max. surement les hormones. mais moi en face je ne sais pas quoi dire. " j’ai mis du temps pour eileen et j’y serai pas arrivée sans toi. si tu me laisses maintenant j’y arriverai pas. " j'ai deux sentiments qui s'agitent en moi. la fierté parce qu'elle a besoin de moi, parce que j'ai pu l'aider, parce que j'ai réussi ce que je voulais de base. et puis autre chose, un truc qui me fait mal au ventre et me le tord dans tous les sens. je hoche la tête, tout d'abord timidement. et puis avec plus d'intensité. j'attrape même sa main que je serre doucement dans la mienne. " je... oui. je ferai ce que je peux. " chelsea c'est devenue une amie après tout. et il faut être là pour ses amis. alors je le serai. je ne sais pas trop comment mais je le ferai.