my kingdom burns under your touch. (ginsea #4)

quelle connerie. m'offrir deux tickets pour une balade romantique à cheval sur la plage avec un super dîner après... il m'a pas bien regardé celui là. déjà j'ai peur des chevaux. donc on part sur un échec cuisant de base. en rentrant j'ai posé les billets dans le vide poche de l'entrée, prête à ne plus jamais penser à ça. enfin c'est ce que je croyais...
[...]
elle m'a invité. chelsea m'a dit de la rejoindre sur la plage. elle a trouvé les billets et a cru bon de réserver ça pour ce soir. je ne comprends pas. elle ne sait pas que c'est un rendez vous pour deux ? genre un truc romantique. enfin c'est une balade équestre au coucher du soleil quand même ! à quel moment elle a pu penser qu'on pourrait faire ça toutes les deux ? franchement y'a quelque chose qui m'échappe. c'est pour ça que j'ai accepté en fait. pour comprendre. c'est pas la première fois que je me perds dans cette espèce de relation qu'on a créé toutes les deux. et ne pas comprendre ça a tendance à m'angoisser. alors j'ai enfilé un jean, des bottes quelque peu hors de prix mais ce sont les seules que j'ai sans talon et une chemise. stéréotype même d'une nana du texas ou j'sais pas quoi... j'ai pas l'habitude de ce genre de choses moi. j'ai même été jusqu'à prendre un chapeau pour parfaire la panoplie. je me sens quelque peu ridicule mais je sais qu'elle ne fera pas de réflexion. si elle tient à rentrer entière ce soir. je devais finir tard ce soir mais j'ai réussi à me libérer plus tôt. je crois que je n'avais aucune envie de manquer ça. c'est assez effrayant en fait. à quel moment je peux penser ça moi... enfin bref, je libère mon chauffeur pour aujourd'hui. je rentrerai avec chelsea en taxi ou je sais pas quoi. peut être à cheval si jamais je me perds avec le canasson... enfin si déjà j'arrive à grimper dessus. arrivée dix minutes en avance, j'observe au loin l'homme placé à côté des deux bestioles qui devront nous supporter ce soir. angoissant à peine. jusqu'à entendre une voiture arriver. " hey... " d'accord, j'angoisse carrément. je ne sais pas pourquoi exactement, mais j'angoisse. foutue chelsea.

J’ai trouvé deux invitations pour une balade à cheval dans le vide poche de l’entrée. C’est un truc dont j’ai toujours rêvé. Je sais pas ce qu’elles foutent là, ni même ce que c’est exactement, mais je peux juste pas passer à côté de ça, je me dis que c’est juste une opportunité en or de réaliser ce rêve. J’en avais jamais parlé à personne, je doute que Gina ait décidé de me faire ce cadeau, et surtout elle l’aurait pas laissé là à la vue de tout le monde et surtout de moi. Je lui envoie quand même un sms pour savoir ce que c’est. Pas de réponse - j’ai mis trois jours à voir qu’elle ne l’avait en fait jamais reçu - et à force de voir ce truc là devant mes yeux, j’en ai eu marre, et j’ai planifié l’évènement. Fallait pas laisser ça devant mon nez. Bon, j’aurai pu lui en parler, mais ça fait des jours qu’on se croise même pas, je suis sur le tournage de la nouvelle saison de America’s Got Talent et elle n’a pas besoin d’être sur mes talons.

J’ai enfilé une paire de bottines, un jean brut, une chemise à carreaux, rien de bien fou, mais je me suis mise dans l’ambiance, au moins un peu. Et une fois vérifié que j’avais tout bien préparé, la garde d’Eileen pour la soirée, je file directement sur le lieu de la promenade. Evidemment, j’ai pris soin d’envoyer un sms à Gina pour lui donner rendez-vous - et vérifié qu’elle avait bien reçu le sms cette fois. J’arrive au lieu du rendez-vous pile à l’heure, Gina est déjà là. C’est avec un large sourire que je m’approche d’elle. Faut dire que notre relation est pour le moins étrange, et ce depuis le début. On se supporte, on se déteste, on se crache dessus, mais on s’aide aussi quand y’en a besoin. Je sais pas comment qualifier ça, parce que c’est bizarre, parce que j’imagine plus ma vie sans elle et sans Eileen désormais. Et ça c’est grâce à elle aussi. Alors peut-être juste qu’il faudrait qu’on arrive à enterrer la hache de guerre. Et peut-être aussi que cette invitation ce soir, c’est fait pour ça… Je m’approche d’elle pour plaquer un baiser sur sa joue, tout sourire. « Alors… je sais pas du tout comment t’as pu avoir ces invitations, mais tu pouvais pas me les laisser sous le nez pendant presque une semaine sans que j’en fasse rien. Tu savais que c’était un de mes rêves ? » Je me mords la lèvre inférieure, une bouille un peu enfantine, et tends la main pour tirer un peu sur le col de sa chemise. « Ça te va bien, j’t’avais jamais vue avec celle là ! » Ok c’est un peu étrange, mais j’ai vraiment envie que ça se passe bien.

elle sourit. pourquoi elle sourit ? elle a l'air beaucoup trop heureuse d'être et j'ai l'impression d'avoir loupé un truc. comme s'il le manquait une information. plus alors, capitale l'info hein. parce que vraiment je ne comprends pas ce qu'il se passe. je suis venue, j'ai vu mais... ça s'arrête là. ah non, ça ne s'arrête pas là. parce qu'elle arrive, s'approche de moi et vient poser ses lèvres sur ma joue. on a oublié de définir l'espace vital de chacune ou c'est juste moi qui ai un putain de problème avec ça ? ah bah pour le coup ça doit être juste moi vu qu'elle a l'air d'avoir aucun problème avec ça. " alors… je sais pas du tout comment t’as pu avoir ces invitations, mais tu pouvais pas me les laisser sous le nez pendant presque une semaine sans que j’en fasse rien. tu savais que c’était un de mes rêves ? " ah oui d'accord, voilà pourquoi en fait. voilà pourquoi elle ressemble à... eileen. oh putain c'est ça. sa bouille me fait penser à celle de sa fille. une version adulte de la gosse. j'ai les yeux écarquillés, la bouche qui forme un "o" parfait qui ne cesse de s'agrandir alors qu'elle approche sa main de moi. elle replace le col de ma chemise et définitivement, il n'y a plus aucun espace vital. " ça te va bien, j’t’avais jamais vue avec celle là ! " la chemise ! oui, la chemise. je me recule un peu et toussote légèrement. " oui, j'ai pas vraiment eu d'occasion de la mettre avant... aujourd'hui. " tout faire pour que ça se passe bien. il faut tout faire pour. elle a l'air de faire des efforts et je dois faire pareil. par contre j'aimerai savoir pourquoi ça a l'air si simple pour elle. " ça te va bien à toi aussi. un rêve donc hein ... ? " alors que moi j'ai une peur panique de ces canassons. on est pas rendues. " j'en ai jamais fait en fait... " autant être honnête. surtout qu'elle ne va pas tarder à s'en apercevoir. " tu m'aideras ? " un sourire puis un rire gêné qui s'échappe de mes lèvres. parce que visiblement on va être toutes les deux pour un moment. je ne sais pas si je dois lui dire tout de suite pour le repas après la balade ? ou alors on lui a dit et elle sait ce qui nous attend ? si elle a réservé elle doit savoir oui. donc je ne dois pas m'inquiéter pour ça. " on y va ? " ton mal assuré mais invitation à démarrer tout de même.

En voyant Gina reculer un peu, je me rends compte que j’ai peut-être été un peu trop… trop. Ouais, c’est toujours un peu bizarre avec elle, on sait pas sur quel pied danser. Je me suis simplement dit que ce genre de moment à partager aurait pu nous rapprocher, nous souder, j’en sais rien. Après tout, je vis avec elle, chez elle, elle élève ma fille comme si c’était la sienne, et puis je peux pas ignorer ce que je ressens pour elle de temps en temps - quand elle me tape pas sur le système. « oui, j'ai pas vraiment eu d'occasion de la mettre avant... aujourd’hui. » Je la sens mal à l’aise, faut que je m’inquiète ? Je suis en train de regretter de l’avoir fait venir pour partager ce moment unique avec elle. Merde. « ça te va bien à toi aussi. un rêve donc hein ... ? » Ok. Elle essaie de faire un effort, ça se voit, mais j’ai pas non plus envie qu’elle se force. Pourquoi tout semble toujours compliqué avec elle ? Je lui offre un petit sourire en guise de réponse. « Oui, j’ai toujours adoré les chevaux, je montais un peu à cheval quand j’étais gamine, et puis j’avoue que faire une balade à cheval sur une plage californienne au coucher du soleil… » Qui n’en rêverait pas ? « j'en ai jamais fait en fait…tu m'aideras ? » Je lui souris à nouveau et hoche la tête à la positive. « Bien sûr, et on fera que du pas, tu verras, je suis sûre que tu vas aimer ça. » Bon elle aimera peut-être un peu moins les bleus au cul demain matin. Elle me propose d’y aller et je hoche à nouveau la tête. C’est parti. Je suis excitée comme une gamine qui entre dans un parc d’attractions. On rejoint la personne qui doit s’occuper de nous, près des chevaux. On ne sera pas toutes seules, par mesure de sécurité, mais c’est pas grave. J’aide Gina à grimper sur son cheval en lui expliquant comment mettre son pied dans l’étrier etc… et une fois installée, je m’installe à mon tour. « Ça va ? Comment tu te sens ? » J’ai pas envie qu’elle ait peur ou quoi que ce soit, je suis prête à renoncer si c’est le cas. Il n’est pas question qu’elle se sente mal et qu’elle passe une mauvaise soirée à cause de moi. Certainement pas.

j'ai loupé un épisode en fait. oui voilà c'est ça. je me suis plantée sur la programmation et j'ai sauté quelque chose. quelque chose d'important. mais bon visiblement ce n'est que la vision des bestioles qui la rende aussi étrange. je ne sais pas si je l'ai déjà vu aussi enjouée avant aujourd'hui. je ne crois pas. c'est pas un mal mais c'est déroutant. " oui, j’ai toujours adoré les chevaux, je montais un peu à cheval quand j’étais gamine, et puis j’avoue que faire une balade à cheval sur une plage californienne au coucher du soleil… " j'crois qu'elle comprend pas la situation en fait. elle pense juste que c'est une balade normale. je crois. enfin elle parle bien du coucher de soleil. elle a pas compris que c'était genre le truc ultra romantique ? même moi je le sais. et pourtant je suis réfractaire à ce genre de choses. mais non c'est pas possible c'est tout. " bien sûr, et on fera que du pas, tu verras, je suis sûre que tu vas aimer ça. " au moins elle ne me laisse pas tomber. elle donne pas non plus l'impression d'avoir fait ça pour me mettre mal à l'aise. après elle a eu l'air réellement surprise de savoir que je n'en avais jamais fait. " t'as l'air plus confiante que moi. " le rire que je laisse échapper est totalement  gêné. je suis stressée. chelsea se place à côté de moi et m'explique comment monter sur la bestiole. je fais ce qu'elle me dit et me hisse dans un cri de surprise, sur le cheval. " oh putain c'est haut. " j'ai pas le vertige mais je pourrai l'avoir là. je la laisse prendre place à son tour et me retrouve comme une idiote, les rennes en main. " ça va ? comment tu te sens ? " et à nouveau ce rire qui s'échappe. j'aime tout contrôler, tout le monde le sait. et là... je ne peux pas. " franchement j'ai connu mieux... mais ça va. faut le faire avancer maintenant c'est ça ? " va falloir que je me reprenne parce que c'est pas possible là. j'écoute les conseils qu'elle me donne et c'est parti. on part à deux, je suppose que l'homme qui était avec les chevaux va s'occuper de préparer le pique nique. faut pas que je pense à ça je crois que ça me stresse bien plus que la balade. " c'est pas super confortable quand même... " je vais pas me plaindre tout le long mais ça m'évite de lui dévoiler ma peur encore trop présente sur le moment. mais les minutes passent et j'arrive à trouver un certain plaisir. je serre peut être un peu trop mes mains et j'ai les orteils totalement crispés dans mes bottes mais je tente de me détendre au maximum. " c'est joli en tout cas. " la vue l'est. le coucher de soleil je l'ai déjà vu mais c'est vrai que la situation actuelle est inédite.

Elle n’a pas l’air rassurée, alors je fais du mieux que je peux pour ne pas qu’elle soit plus effrayée qu’elle ne l’est déjà. Les chevaux, c’est particulier, je crois que soit on adore, soit on en a peur, mais ce sont des animaux qui ne laissent pas indifférent. Je crois. Je suis dans la première catégorie, et visiblement, Gina un peu dans la seconde, mais je compte bien lui faire changer d’avis sur ces animaux fascinants. Je l’aide à grimper et une fois en haut, elle avoue se sentir un peu haute. Je ris et tapote son mollet. « Tu verras, on s’habitue. ». Une fois grimpée sur mon cheval - j’ai pris le plus haut des deux à disposition - je prends la température et lui demande comment elle se sent. Je vois bien qu’elle est stressée, elle qui est d’habitude si assurée, dans son métier, même à la maison avec Eileen, là je découvre une partie de sa personnalité, de sa vulnérabilité. « franchement j'ai connu mieux... mais ça va. faut le faire avancer maintenant c'est ça ? » Je hoche la tête et lui explique comment s’y prendre, en donnant quelques petits coups de talons sur le flanc de la bête. Ils sont habitués, ils nous laisseraient pas avec deux chevaux fous, ils auraient des soucis avec la mairie si c’est ça. Nous partons donc doucement au pas, l’une à côté de l’autre. Je la regarde et souris, un peu bêtement. elle se plaint de l’inconfortabilité de la selle et je ris à nouveau. « Arrête de te plaindre, regarde la chance qu’on a ! » Je lui montre le coucher du soleil sur l’eau, et elle avoue que c’est beau. Ok ce serait aussi beau sans les chevaux, mais là c’est juste splendide, on dirait un rêve, et moi je suis émue comme une adolescente en plein dans les hormones. C’est ridicule. « Bon ben voilà, tu réalises un de mes rêves. » C’est con, c’était pas grand chose, j’aurai pu le réaliser bien avant, mais étrangement, je suis contente que ce soit avec elle. Nous restons silencieuses quelques instants, juste de quoi profiter du moment, et on en prend plein les yeux. Pourtant il est temps de revenir au point de départ, toujours au pas, pour éviter la catastrophe. Avec une cavalière débutante, vaut mieux. Une fois arrivées je mets pied à terre et donne les rennes au propriétaire avant de faire le tour du cheval de Gina. « Retire tes pieds des étriers et descends de ce côté, je vais t’aider. » Je lui donne la main et la soutiens pour ne pas qu’elle se fasse mal en tombant, mais elle arrive vraiment dans mes bras, son visage à quelques centimètres à peine du mien. Moment de latence, je me racle la gorge. « Et voilà. » Oui, c’est tout ce que j’ai trouvé.

” tu verras, on s’habitue. “ j’en doute mais alors j’en doute… s’habituer à ça. non mais. quand tu commences depuis petit peut être mais pas là. j’ai plus l’âge de l’apprentissage. je subis juste. et non je ne suis pas de mauvaise foi. jamais. juste un peu déboussolée. je ne lui mens pas de toute façon ça doit bien se voir sur ma tête que je ne suis pas au top. elle m’explique comment faire avancer la bête et je m’exécute. tout doucement. tellement doucement que je dois m’y reprendre à deux fois. mais on finit par démarrer. je retiens quelques cris de surprise en me mordant la lèvre inférieure tout en faisant attention à ne pas me faire saigner. même si on est pas loin. alors pour ne pas faire que ça, je râle un peu. sur le confort de la selle tiens. faut bien commencer par quelque part. j’avoue que ce n’est pas très confortable mais ça va c’est supportable. je suis juste une excellente comédienne, j’ai quelques restes encore. ” arrête de te plaindre, regarde la chance qu’on a ! “ j’acquiesce forcément. c’est beau oui. le coucher de soleil, la mer et puis le silence malgré tout. quand on a l’habitude de travailler entourée de bruit ça fait bizarre. mais c’est très agréable. ” bon ben voilà, tu réalises un de mes rêves. “ alors je dois bien avouer que ça ça me fait plaisir. tout comme ça me laisse un peu sur le cul. enfin façon de parler parce que là mes fesses sont un peu trop occupées à me maintenir sur le cheval. ” bien. j’en suis ravie alors. “ même si j’ai rien fait. puis malgré tout, la balade arrive à sa fin. et je me rappelle de la suite des évènements. devoir maîtriser l’animal m’a bien occupé l’esprit. on arrive à destination et je dois bien avouer que j’ai un léger pincement au coeur. parce que je commençais à apprécier la balade. mais à force de m’être crispée sur les rennes je commence à avoir les muscles engourdis. et maintenant que je suis là… je fais quoi ? chelsea descend avec une élégance folle et je suis autant admirative que jalouse. ” retire tes pieds des étriers et descends de ce côté, je vais t’aider. “ hochant la tête je m'exécute mais je m'emmêle quelques peu les pinceaux. ou plutôt je tombe simplement sur elle. mes mains se posant sur ses épaules pour me retenir, je me retrouve avec mon visage à quelques centimètres du sien. une proximité qui fait accélérer mon rythme cardiaque et ne me mets mal à l’aise. sauf que je suis incapable de bouger pour le moment. elle se racle la gorge et je me recule comme si j’étais revenue à moi après un semi coma. ” et voilà. “ je me passe la main dans les cheveux et un léger rire s’échappe de mes lèvres. ” merci. “ voilà voilà… c’est la voix de l’interlocuteur qu’on a eu à notre arrivée qui termine de me ramener sur terre. il nous indique qu’il a installé la table un peu plus loin et qu’il va récupérer les canassons pour leur donner à boire, les nourrir et nous demande si on a encore besoin de lui. ” non ça devrait aller merci. “ pour le coup je pense plus aux bêtes qu’au type. même si je n’ai pas forcément envie qu’il y ait un public lorsqu’on va se retrouver toutes les deux face à ce dîner qu’ils ont qualifié de romantique. ” bon bah… à table ? “ un kiosque en bois, des guirlandes lumineuses, des rideaux entourant l’endroit et des plats à foison sur la table. puis faut voir les plats. des huîtres, des spaghettis, y’a même des fraises, du chocolat, de la chantilly et des choses que je ne m’explique même pas. ” wow… ça en fait des choses. “ puis sans oublier le champagne bien évidemment… ça, ça peut être utile.

Je l’aide à descendre du cheval mais me retrouve littéralement nez à nez avec elle, quelques malheureux centimètres séparant nos visages. Je me sens bizarre, mais pas mal pour autant. C’est grisant. Je sens mon coeur qui bat plus vite et plus fort, ça aussi c’est bizarre. Mais je n’ai pas le temps de vraiment réfléchir que déjà Gina s’éloigne. La voix du propriétaire des chevaux nous ramène à la réalité et je prends une grande inspiration pour me remettre de mes émotions. Ça y est, c’est fini. J’ai du mal à prendre conscience que c’était finalement assez court, même si j’ai adoré ce moment, d’autant plus parce que je l’ai partagé avec elle. Il faut dire que nous partageons beaucoup de choses depuis quelques temps, depuis qu’elle a décidé de sauver ma fille des services sociaux, entre autre. L’homme en charge de l’organisation nous indique que la table est prête et c’est là que j’ai un moment d’hésitation. Quelle table ? Je fronce un peu les sourcils et ils fois parti, je m’approche de Gina qui me prend de cours. « bon bah… à table ? » Pas le temps de demander ce qu’il se passe que je la suis jusqu’au joli kiosque tout bien décoré, et cette table pour deux, dans un cadre carrément… romantique. « wow… ça en fait des choses. » Je me pince un peu les lèvres et ose demande. « Attends. C’était prévu ça ? Le dîner et tout ? » Par ma question j’attire le regard de Gina qui n’a pas l’air de comprendre mon interrogation. Tout va très vite dans ma tête et je remets les choses en perspective. « Oh ! Putain… Ok. C’est pour ça que tu voulais pas qu’on partage ça ensemble à la base, que tu m’as pas proposé… » Je lève les yeux au ciel avant de rire bêtement. « Ok… J’ai pas lu les petites lignes de l’invitation, j’ai juste vu la balade à cheval, ton nom…. quelle conne. » Je passe un peu nerveusement ma main dans mes cheveux. C’est que je comprends mieux l’attitude un peu bizarre de Gina quand je suis arrivée. « Bon. On enlève tout ça, et on va dire que c’est juste un dîner entre amies. Voilà. » Je ramasse les petits coeurs en bonbons éparpillés sur la table et les pose dans un coin par terre avant de me frotter les mains. « Je suis désolée, putain je comprends mieux la tête que t’as fait quand je suis arrivée. Ouais. Nan. Alors c’est pas du tout une déclaration d’amour déguisée hein ! Crois pas ça ! » Je continue de rire nerveusement, parce que je me sens affreusement idiote.

" attends. c’était prévu ça ? le dîner et tout ? " elle a l'air vraiment étonnée et du coup c'est là où je me dis qu'elle n'était vraiment pas au courant du type de bon qu'elle avait entre les mains au moment de réserver. " oh ! putain… ok. C’est pour ça que tu voulais pas qu’on partage ça ensemble à la base, que tu m’as pas proposé… " je me joins à son rire un peu gênée. voir totalement gênée. " ouaip... " autant être honnête de toute façon elle l'a compris seule. je ne fais que confirmer ses dires. " ok… j’ai pas lu les petites lignes de l’invitation, j’ai juste vu la balade à cheval, ton nom…. quelle conne. bon. on enlève tout ça, et on va dire que c’est juste un dîner entre amies. voilà.  " j'ai l'impression qu'on m'enlève un poids de la poitrine et pourtant il reste quelque chose qui me gêne sans que je ne mette le doigt dessus. je la vois débarrasser tous les signes d'un dîner romantique et je récupère les petits oubliés. " je suis d'accord avec ça. " pas de pression pas de gêne. j'aime bien le mot qu'elle utilise par contre. " entre amies. " je sais pas ça sonne... bien. c'est vrai que forcément on s'est rapprochées ces derniers mois mais je n'avais jamais vu les choses comme ça. et finalement et bien... c'est un peu ce qu'on est devenues. " je suis désolée, putain je comprends mieux la tête que t’as fait quand je suis arrivée. ouais. nan. alors c’est pas du tout une déclaration d’amour déguisée hein ! crois pas ça ! " son rire gêné rejoint mon rire gêné. va falloir qu'on dépasse tout ça. cette gêne. " ouais j'ai pas trop compris et j'avoue que le cheval c'est pas mon truc. puis de toute façon j'crois que tout le monde sait que j'aime les hommes et toi aussi alors y'a pas de problèmes t'en fais pas. enfin je crois ? " je me doute qu'à un moment au moins elle a du aimer les hommes, eileen en est la preuve. enfin j'en sais rien en fait. je en connais pas son histoire avec le père de la petite et je ne connais pas son histoire tout court. je sais qu'elle couche avec des hommes vu eileen l'a déjà surprise avec l'un d'eux mais au final... on ne sait pas grand chose l'une de l'autre. à part ce qu'on peut lire dans les journaux ou sur internet.

Lorsque je découvre le dîner, je me sens mal d’un seul coup. J’avais pas du tout imaginé ça, et que Gina ait pu imaginer que je la poussais à accepter cette invitation pour un quelconque sous-entendu me met mal à l’aise. Alors je tente de camoufler les détails ‘amoureux’ de la table, en proposant de partager ce dîner comme les deux amies que nous sommes, rien de plus. « je suis d'accord avec ça. entre amies. » Je laisse échapper un souffle, traduisant à quel point je me sens rassurée qu’elle accepte. C’est déjà bien assez compliqué comme ça pour qu’on rajoute des non-dits, des suspicions ou quoi que ce soit. Gina n’est même pas au courant que j’ai eu des histoires avec des femmes par le passé, que j’ai toujours eu un faible pour elles, même si je ne laisse pas les hommes pour autant sur le côté. Il ne faudrait pas qu’elle soit au courant de ça, je crois qu’elle vivrait d’autant plus mal les légers moments ambigus qu’on a pu vivre toutes les deux. Je m’excuse à nouveau pour être sûre qu’elle a bien compris que tout ça n’est pas une déclaration d’amour déguisée, loin de là. « ouais j'ai pas trop compris et j'avoue que le cheval c'est pas mon truc. puis de toute façon j'crois que tout le monde sait que j'aime les hommes et toi aussi alors y'a pas de problèmes t'en fais pas. enfin je crois ? » Ok. Malaise. Encore. « Tu crois ? Que y’a pas de problème ou que j’aime les hommes ? » Je lâche un rire idiot. « Ouais non. Enfin oui. J’aime les hommes. » Je me racle la gorge et m’assieds sans plus tarder, il faut que j’arrive à changer de sujet. Mais quoi dire ? Je me rassure en me disant surtout, heureusement que la presse n’est pas au courant de ce que j’ai pu vivre avec certaines femmes. « Bref. C’était juste un quiproquo, n’en parlons plus. » On nous amène l’entrée du dîner, et pour lancer la conversation, je me lance. « D’ailleurs, en parlant de relations, je rebondis, mais tu m’as jamais parlé de tes histoires d’amour… » Finalement, on s’est assez peu confiées l’une à l’autre, sur le plan personnel je parle. Et puisqu’on est là en tant qu’amies, c’est peut-être le moment non ?

je suis contente de savoir qu'au moins tout ça n'est qu'un... malentendu. c'est comme ça qu'on va présenter les choses parce que je pense que c'est la vérité. cette escapade n'aurait jamais du être faite par deux amies. même si j'ai l'impression que c'est grâce à celle-ci qu'on peut se qualifier d'amies. malgré ça les mots ont du mal à trouver un sens logique. c'est comme ci ce que je disais n'avait aucune... j'en sais rien. c'est confus alors que ça ne devrait pas l'être. " tu crois ? que y’a pas de problème ou que j’aime les hommes ? ouais non. enfin oui. j’aime les hommes. " je rigole aussi et m'installe au mieux sur la chaise. " bref. c’était juste un quiproquo, n’en parlons plus. " je hoche la tête. " t'as bien raison. et puis autant profiter de tout ça. on aurait tort de ne pas en profiter. " après tout c'est compris dans le lot et puis ce n'est que de la bouffe. maintenant que j'ai récupéré de l'angoisse de monter sur ce canasson, j'ai l'estomac qui s'agite à l'odeur des entrées qu'on nous a prévu. " d’ailleurs, en parlant de relations, je rebondis, mais tu m’as jamais parlé de tes histoires d’amour… " je reste un instant surprise avant d'éclater de rire. j'en profite pour prendre une bouchée dans mon assiette et avale avant de tendre ma main vers elle. j'écarte les doigts pour qu'elle puisse voir les cinq petits traits tatoués sur le côté de mon annulaire gauche. " cinq mariages. quatre divorces. un enterrement. et à côté de ça des histoires sans grand intérêt. je crois que les relations de couple, la vie à deux dans une maison, ce n'est pas pour moi. " bien loin de comprendre que cette partie là c'est ce qu'on vit avec chelsea. " rien à signaler je dirai. et toi alors ? " quitte à laisser tomber les barrières autant se livrer l'une et l'autre.

Je m’emmêle un peu les pinceaux quand il s’agit de parler de mon orientation, parce que c’est pas super clair, enfin, pour moi ça va, même si publiquement je n’ai encore rien assumé - je n’en ai jamais ressenti le besoin non plus - je n’ai pas à me justifier, et je n’ai pas honte de laisser couler parfois mon regard sur des courbes féminines. Il m’a fallu du temps pour l’accepter, et je crois que je suis à peu près en paix avec moi-même de ce côté là. Mais avec Gina c’est autre chose, et j’ai peur que si je lui avoue ce genre de truc, elle se mette à flipper, qu’elle ait peur que je la regarde différemment… alors que non, je la regarde déjà différemment. Mais ça non plus, j’assume pas. « t'as bien raison. et puis autant profiter de tout ça. on aurait tort de ne pas en profiter. » Je hoche la tête, souriante, bien décidée à profiter de tout ce qui a été préparé pour cette soirée, ce serait du gâchis que tout ça finisse à la poubelle. Et puisque nous sommes là en amies, c’est peut-être le moment de chercher à se connaître un peu mieux. Je lance les hostilités et lui demande qu’elle me parle de ses histoires d’amour. C’est un premier point. Elle éclate de rire et je ne comprends pas tout de suite pourquoi cette réaction. Voilà qu’elle me montre l’intérieur de ses doigts où sont tatoués, sur son annulaire, cinq petits traits. Je ne sais pas - encore - à quoi ils correspondent mais je sens que je vais bientôt le savoir. « cinq mariages. quatre divorces. un enterrement. et à côté de ça des histoires sans grand intérêt. je crois que les relations de couple, la vie à deux dans une maison, ce n'est pas pour moi. » J’ouvre grand les yeux, surprise par cette révélation. Ah ouais, elle fait pas les choses a moitié. Mais ces mariages n’ont pas dû durer bien longtemps, elle est jeune quand même. Oui alors définitivement, le mariage c’est pas fait pour elle. « Je fais exception à la règle alors. » Je souris un peu, mutine, alors que je vois dans son regard qu’elle comprend à peine ce que je veux dire. C’est vrai quoi, ça fait un an qu’elle a décidé de me pousser à renouer avec ma fille, désormais Eileen est au courant que je suis sa mère, et j’assume mon rôle, même si j’ai encore besoin de Gina pour m’y aider, parce que toute seule, je sais pertinemment que je n’y arriverai pas. « Enfin c’est pas pareil c’est sûr, dans un couple, y’a des comptes à rendre, tout ça. Nous on a des règles, et ça marche très bien comme ça. » Voilà, c’est comme ça qu’on va résumer et ça ira bien. « et toi alors ? » finit-elle par me demander, alors que je plonge mon regard dans le sien. Je hausse un peu les épaules, hésitant un instant avant de répondre. « Rien de bien fou non plus, il y a eu Connor, le père d’Eileen, avec qui je suis restée deux ans, je suis tombée enceinte, j’ai lutté les premiers mois, mais j’ai pas réussi à me sentir mère, et quand elle a eu neuf mois je lui ai laissé la garde et je suis partie. » Je hausse un peu les épaules, pas très fière. « Après ça quelques histoires sans grand intérêt, et je viens à peine de me faire plaquer. » Je lâche un rire un peu bête en repensant à Zach. « Il était plus jeune que moi, et je crois que ma notoriété ça l’a fait un peu flipper. » Nouveau haussement d’épaules. « Enfin voilà, rien de bien intéressant au final. » Non, enfin je préfère éviter de lui dire que j’ai fricoté pendant un moment avec une des danseuses du show, surtout qu’elle la connaît, ça ferait désordre…

” je fais exception à la règle alors. “ je tique un peu à ses paroles ne comprenant pas forcément tout de suite où elle veut en venir. mais en repensant à ce que je lui ai dit ça commence à faire sens. même si l’idée de me dire qu’on vit comme un couple ne me déplait pas tant que ça. c’est étrange. même si je sais que ce n’est pas exactement le cas. ça se saurait si on était un couple. rien que l’idée me … j’en sais rien. je ne suis pas sereine de penser ainsi mais je ne sais pas quel sentiment prend le dessus. j’ai l’impression que c’est la peur. peur de quoi par contre j’en sais rien. ” enfin c’est pas pareil c’est sûr, dans un couple, y’a des comptes à rendre, tout ça. nous on a des règles, et ça marche très bien comme ça. “ c’est vrai que depuis que les choses ont été mises au clair c’est plus facile à vivre, l’ambiance est plus zen. je hoche la tête avant de lui retourner la question. ” rien de bien fou non plus, il y a eu connor, le père d’eileen, avec qui je suis restée deux ans, je suis tombée enceinte, j’ai lutté les premiers mois, mais j’ai pas réussi à me sentir mère, et quand elle a eu neuf mois je lui ai laissé la garde et je suis partie. après ça quelques histoires sans grand intérêt, et je viens à peine de me faire plaquer. il était plus jeune que moi, et je crois que ma notoriété ça l’a fait un peu flipper. enfin voilà, rien de bien intéressant au final. “ je n’ai jamais su exactement ce qu’il s’était passé avec le père d’eileen. si c’était qu’un mec de passage ou autre. visiblement c’était sérieux. mais avec le baby blues qui a suivi. peut être que s’il était encore en vie elle serait de nouveau avec lui ? j’en sais rien. ça sert à rien de vouloir refaire le passé ou quoi, c’est comme ça. ” ah oui tu les préfères plus jeunes ? intéressant. “ je hausse le sourcil rieuse, en prenant une gorgée de mon verre. je trouvais ça un peu étrange comme conversation à avoir avec elle et finalement, c’est plus comme deux amies qui parlent. comme si on avait dépassé un stade. ” merci pour la soirée. je crois que c’était exactement ce dont j’avais besoin. “ du calme, m’amuser, avoir un peu la frousse aussi, rigoler et bien manger.