douce folie. / harper

'' ça fait du bien ! '' je m'étire sur ma serviette en profitant des rayons de soleil qui viennent lécher mon visage. cette journée fut riche en émotion et c'est loin d'être terminé. lorsqu'on nous a annoncé au début de l'année qu'on aurait un cours qui se passerait sur la plage, je dois avouer que je n'y croyais pas trop. et pourtant, nous y voilà. on a passé ces dernières heures à dessiner des maillots, se challenger sur les modèles, sur les matériaux, les défilés. bon on a eu quelques jours en amont pour préparer ça mais on a terminé le tout aujourd'hui. je n'ai presque pas dormi de la nuit tellement j'étais excitée. et pourtant j'ai pas eu envie de dormir une seule fois aujourd'hui. et je pense que je ne dormirai pas très tôt ce soir non plus. franchement la matinée a été top. j'ai pu présenter le modèle que je souhaitais, celui sur lequel j'avais bossé depuis des semaines et il a plu. notre prof m'a assuré que j'aurai une bonne note et qu'en plus c'était une bonne idée que je le rajoute dans mes créations pour mon book. et cerise pour le gâteau, on a terminé vers seize heures donc on a la soirée pour nous ainsi que toute la nuit vu que demain c'est une journée banalisée. j'avoue que je ne sais pas trop pour quoi mais ça me va comme ça. une idée en a découlé du coup, celle de continuer ce moment avec une soirée ici même. en attenant le début de celle ci, je continue de profiter du soleil donc. j'en ai besoin c'est genre vital. '' t'es plutôt bien foutue dans ce maillot harpie. '' que je lance à la brune posée non loin de moi. une habitude de la titiller, de l'embêter encore et encore. je ne sais pas pourquoi au fond, ça me paraît juste être la meilleure chose à faire. ou du moins la plus amusante.

la plage... elle non plus n'y avait pas vraiment cru, quand on leur avait dit qu'elles y auraient cours. en même temps, quel genre de lycée faisait cours sur le sable fin, en maillot de bain ? c'était complètement aberrant, mais pas pour elles. pas pour ce qu'elles faisaient, et dessiner des bikini, c'était une forme d'art qui, pour le coup, plaisait réellement à harper. elle se sentait revivre, même si elle ne se voyait toujours pas en faire son métier, même si elle faisait toujours tout cela parce que madame white, sa mère, titre bien présomptueux pour une femme qui ne lui accordait pas l'attention maternelle, le voulait. mais, en cette belle journée, en bikini, elle se sentait bien. belle. et avait réussi à impressionner son professeur, avec un modèle joliment dessiné. lui qui avait remarqué une petite baisse de tension, lors des cours précédents, était ravi de voir que la fille de la grande white se reprenait. et alors que le cours était terminé, et qu'elle était assise dans le sable, profitant de la chaleur, profitant surtout de la vue, elle ne put s'empêcher de remarquer que cette dernière était bien mieux avec lulla dans son champ de vision. lulla, dans son maillot parfait, qui la rendait toujours plus belle. lulla, qui réchauffait instinctivement son corps, et les souvenirs de leur écart toujours présent dans son esprit. bordel, elle n'était pas bien, à rêver encore de cette nuit, alors qu'elles n'étaient pas supposées être ensembles. je te retourne le compliment, quoique je dois bien être un peu plus sexy que toi, non ? masque de la harpie, elle sentait néanmoins ses joues rosir. parceque lullaby avait ce don, cette putain d'habitude de la titiller, et que le regard de la white ne pouvait jamais s'empêcher de passer sur ses jolies courbes. sur cette peau qu'elle avait déjà caressée. sur ces jambes, qu'elle avait déjà griffées. sur ce corps, qu'elle désirait sans l'admettre. bordel ! et remontant enfin les iris vers le regard de l'hawaïenne, elle se surprit à vouloir l'embrasser, avant de dire tu pourrais peut-être me faire changer d'avis avec un petit défilé perso, par contre. elle eut un petit sourire, sans se rendre compte qu'elle se jetait dans un piège, dans la gueule du loup. parce que si lullaby se mettait à défiler pour elle, le corps d'harper trahirait ses pensées, et elle ne voudrait plus qu'une chose, se jeter sur elle. mais un défilé juste pour moi, hein. pas avec la classe autour. putain, mais il fallait vraiment qu'elle s'arrête. parce que le rouge se voyait sur ses joues. parce que la chaleur qu'elle ressentait n'était pas due au soleil, plus vraiment. mais à la beauté de la jeune femme devant elle, qui n'arrêtait pas d'affoler son palpitant...

" je te retourne le compliment, quoique je dois bien être un peu plus sexy que toi, non ? " j'éclate de rire et ne perd rien de ma bonne humeur. j'avoue que je m'ennuierai sans nos joutes verbales. c'était pas gagné de base. elle me soûlait quand même prodigieusement. mais ça a fini par changer. depuis que j'ai découvert que madame n'était pas aussi frigide que ça c'est plus rigolo. " prends pas trop tes rêves pour la réalité white. " je replace mes lunettes sur mon nez et observe les alentours, nos camarades qui s'activent, qui jouent ou bien qui lézardent également. " tu pourrais peut-être me faire changer d'avis avec un petit défilé perso, par contre. " je la regarde surprise, ne comprenant pas où elle veut en venir. parce que faut dire que c'est plutôt flou. " mais un défilé juste pour moi, hein. pas avec la classe autour.  " ça m'aide pas plus. en fait ça m'aide encore moins. " et comment tu veux que je fasse ça alors qu'ils sont tous là ? " je m'étire et époussette le sable sur mes jambes, geste un peu inutile en soi. " t'as des idées bizarres parfois harper. " j'ai du mal à la suivre oui. " tu veux pas aller te baigner plutôt ? y'a une crique là bas plutôt sympa avec une petite falaise de laquelle on peut sauter. " j'aime bien y aller lorsque je ne surfe pas. de toute façon du moment que j'ai l'océan avec moi... " parce que franchement je ne suis pas l'une de ces pimbêches qui roule du cul en avançant, j'vaux mieux que ça. " j'ai rien contre les mannequins mais c'est vrai qu'en règle générale elles me tapent sur le système. un côté superficiel qui ne me plait pas du tout. mais c'est pas trop étonnant que ça plaise à harper.

Les joutes verbales avec lullaby étaient toujours aussi passionnantes. Peut-être parce qu’elle était la seule à répondre à la reine des glaces ? peut-être parce que le regard d’harper la trahissait autant que ses paroles faussement méchantes ? peut-être parce qu’en découvrant la chaleur de la harpie, lulla avait réussi à passer outre les méchancetés lancées ? quoiqu’il en était, la belle white appréciait de l’entendre répondre, sans jamais perdre la face, de savoir que son adversaire était toujours aussi coriace. mes rêves deviennent toujours réalité, tu ne le sais donc pas ? elle rit doucement, tandis qu’elle se sentait bien. bien, avec lulla à ses côtés, la dévorant du regard. elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle était si belle, cette fille. Elle ne savait pas comment c’était possible, comment une femme pouvait à ce point la ravir, alors qu’elle se refusait totalement à cette idée. Comment était-ce seulement possible ?
Et pour ne rien arranger, elle se permettait de lui proposer de faire un défilé perso. Avant de se rendre compte de la bêtise qu’elle disait, lorsque la belle lui fit remarquer qu’elles n’étaient pas seules. Et le rouge au visage d’harper ne fit qu’empirer, lorsqu’elle s’en rendit compte. Parce que pour elle, avec un tel ange à ses côtés, elles ne pouvaient qu’être seules. En fait, elle avait totalement oublié la présence des autres. Il y avait une bulle, avec elles deux. Et il y avait les autres, en dehors. euh… elle était totalement incapable d’aligner deux mots, et c’était une première, pour la harpie. d’accord… elle se leva, tout en s’étirant elle aussi, et en tentant d’oublier la gêne qu’elle avait, ce rouge aux joues, et le fait qu’elle avait été quasiment démasquée en pensant qu’elles n’étaient plus que deux. Puis elle l’entendit faire sa petite remarque, ce qui lui donna un sourire bien taquin. ah oui ? pourtant, t’en as un beau de cul, ne pas le faire rouler serait un crime. et encore une fois, le jeu se retournait contre elle, tandis qu’elle devenait pivoine. bon, allez, on va sauter. J’suis sûre que tu vas crier en plus. alors qu’en fait, c’était sûrement elle qui allait gueuler. Il fallait dire que de telles sensations fortes n’étaient pas dans son quotidien. Elle allait sûrement se ridiculiser, mais s’amuser aussi. Et puis, quoi de mieux que de regarder le cul de sa camarade pendant le trajet ?

harper rêve clairement là. il est hors de question que je fasse le moindre défilé. ce n’est pas du tout mon genre. si j’aime dessiner des vêtements et les réaliser, il est hors de question que je me pavane sur un podium. il ne faut pas croire que j’ai quoi que ce soit contre les mannequins, on a bien besoin d’elles, mais ça ne me correspond tout simplement pas. et harper devrait le savoir. à la place, je l’invite à se diriger vers un cirque où quelques falaises devraient nous permettre de nous amuser un peu. sauter dans l’eau, ça amène toujours sa dose de fou rire. parfois, la vie amène son lot de bonheurs simples. ” ah oui ? pourtant, t’en as un beau de cul, ne pas le faire rouler serait un crime. “ je lève les yeux au ciel tandis que je me remets sur pieds. parfois, harper exagère vraiment. ” bon, allez, on va sauter. je suis sûre que tu vas crier en plus. “ une affirmation qui parvient à faire apparaître un sourire taquin sur mon visage. elle est bien bonne celle-là, quand on connaît la brune. ” ah ouais ? c’est marrant, d’habitude c’est toi qui crie le plus pourtant. “ je lui lance ça sur un ton équivoque et je vois bien que quelques uns de nos camarades se tournent vers nous. pour être honnête, j’en ai absolument rien à faire qu’ils sachent qu’on couche parfois ensemble. ” allez, bouge tes fesses. on va pas atteindre la falaise en se téléportant. “ et je tourne les talons pour m’approcher du cirque. le sable ralentit un peu mes pas, mais bien vite, nous atteignons un sol plus dur. ma démarche se fait plus pressée et mes enjambées plus grandes alors que nous approchons du haut de la petite falaise. le vent souffle un peu plus fort à cet endroit, mais ça ne me dérange pas. je jette un regard en contrebas. ouais, vraiment, c’est la hauteur parfaite. ” prête à te lancer ? “ je questionne harper en me tournant à nouveau vers elle.

Sa réplique était digne d’elle. lulla savait comment jouer avec ses nerfs, tout comme avec les mots. Et si une partie de la harpie voulait se cacher un moment en ayant l’impression que son intimité était dévoilée, elle se rendit finalement compte que ce qui la gênait était surtout le fait de ne pas éprouver de la simple amitié avec bonus pour lulla, mais bien des sentiments, doucement. Des sentiments qu’elle voulait refouler, et des mots dont elle se servait pour ne pas être mise au tapis. pas quand c’est moi qui descend… souffla-t-elle, sans se rendre compte qu’elle ne faisait qu’approfondir les pensées de leurs camarades. Quelque chose qui n’était pourtant pas si important, même si les souvenirs remontaient facilement, et qu’elle aimait les revivre. Après tout, lullaby avait beau être cinglante, elle était parfaite au lit. Et la jeune white ne pouvait que se mordre les lèvres en imaginant leur prochain acte, alors qu’elle suivait la demoiselle qui gagnait toujours un peu de place dans son cœur, dans sa vie.
oui oui, je les bouge je me dépêche, t’en fais pas ! elle voulait elle aussi arriver en haut le plus vite possible, même si elle n’était pas sûre de pouvoir par la suite se lancer dans le vide. Cela restait haut, et les sensations fortes allaient de toutes évidence avoir raison d’elle. bon sang… souffla-t-elle, alors qu’elles arrivaient en haut. euh… elle n’était pas forcément prête, non. Pas du tout, même. elle n’avait pas envie de se faire mal, et en regardant en bas elle ne pouvait s’empêcher de déglutir. Pourtant, quand son regard se posa sur lulla, elle eut la fâcheuse envie de lui montrer sa force. et, en fermant les yeux, elle affirma oui oui… on va dire ça… et elle sauta.
Les yeux fermés.
Cris dans le vent.
L’impression de tomber une éternité. Et pourtant, une rapidité folle avec laquelle elle toucha l’eau. Et finalement, les rires, à la surface. L’adrénaline qui découlait de ce geste, cette impression d’être invincible, le regard vers le haut pour voir Lulla sauter après elle, puis la voir ressurgir à ses côtés. putain ! j’ai l’impression que mon cœur va exploser là. elle riait. Elle avait eu peur, mais cette sensation était sans pareille. Elle échappait à toute logique. Elle voulait déjà recommencer, cependant ses jambes étaient du coton. Totalement. Elle n’était pas sûre de pouvoir à nouveau gravir la falaise, n’était même pas sûre de pouvoir marcher sur deux mètres.
Mais bon. Dans l’eau, c’était pas si mal… elle avait de la bonne compagnie…