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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]

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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Mer 30 Mai - 10:03

She stepped away from me
And she moved trough the fair

Eleanor & Henry

Il détestait cette ville. Elle l’oppressait. Dans les rues de Los Angeles, Henry avait cette impression constante d’étouffement. C’était lancinant, en continu. Il ne se sentait pas bien. Pour tout dire, il était malheureux, incapable de ressentir une once de joie ou de bonheur. La mort de Claire restait dans son esprit, son absence le brûlait de l’intérieur. Pourtant, elle ne lui avait pas tant manqué lorsqu’il voyageait partout dans le monde, muni de son appareil. Il n’avait pas pris la peine de venir la voir. Ca faisait longtemps qu’il ne l’avait plus revu, en dehors des conversations vidéo. Il avait cru avoir le temps pour la revoir, pour repousser l’échéance et affronter le regard de ses sœurs. Il avait été si idiot. Désormais, sa sœur s’en était allée, ça et tous les souvenirs la composant. Et il ne restait qu’Ophélie et lui, deux âmes brisées par le chagrin, se soutenant mutuellement. Il avait si mal bien qu’il tenait bon. Il le fallait. Il en avait fait la promesse à sa sœur. Il ferait tout pour son bonheur, pour qu’elle puisse se sentir aimée et protégée. Il avait besoin de se racheter de ses erreurs, d’effacer le remords le rongeant un peu trop. Hélas, c’était une route périlleuse, sans fin. Il s’en voulait tellement et il se renfermait petit à petit dans cette coquille, se retrouvant dans ce même état de choc que lorsqu’il avait été mis à la porte par ses parents. Il l’avait si mal vécu et il se repliait sur lui-même. Rien ne pouvait guérir son chagrin. Il évitait de regarder son portable. Il sonnait parfois mais il ne s’agissait pas d’Adam. De son petit-ami, il n’avait aucune nouvelle. Ce dernier l’ignorait délibérément, sans doute vexé et furieux qu’il ait pu l’abandonner au profit de sa famille. Il comprenait, malgré tout, la réaction bien qu’il se sentait peiné. Il aurait eu tant besoin de lui. Au lieu de cela, il faisait en sorte d’être fort. Sa petite sœur en avait besoin : elle était tout ce qu’il avait de plus précieux désormais.

Il avait bien vu les messages d’Ella sur son téléphone. Il faut dire qu’il n’avait pas eu cœur à répondre de suite. C’était bien trop difficile d’écrire l’inévitable vérité. Ça lui causait trop de chagrin. Il restait figé dans son malheur, regrettant l’absence de l’être aimé, il aurait tant eu besoin de lui, de la chaleur de ses bras. Mais il n’était pas là. Et trop souvent, Henry avait terriblement froid. Un matin, cependant, il reçut un autre message de son ami. Plus alarmant. Elle devait s’inquiéter de ne pas avoir de réponses, lui qui ne manquait jamais de donner de nouvelles à cette femme qu’il chérissait plus que tout. Ce substitut de mère, cette main protectrice et tendre, elle avait toujours su apporter un peu plus de bonheur, suivant ces aventures, avec un gentil mot à son égard. Et voilà qu’à trop laisser le monde tourner autour de lui, Henry l’avait oublié. Il s’en voulut, prenant alors son téléphone et l’appelant. D’une voix serrée par le chagrin et les sanglots, il lui raconta qu’il avait perdu sa plus jeune sœur des suites d’une longue maladie, qu’il se trouvait à Los Angeles. Quel idiot d’ailleurs… Il n’avait même pas pensé à l’en informer, tout en sachant qu’elle vivait désormais ici. « Est-ce qu’on pourrait se voir ? » Sa voix avait prononcé ces mots avec beaucoup de pudeur et de timidité. Il savait qu’il n’était pas dans son bon droit. Mais avec du recul, Henry réalisait combien il avait besoin d’elle. Parce qu’il se soutenait avec Ophélie mais il avait besoin de plus pour rester digne et fort. Il savait qu’il devrait affronter ses parents. Et il en avait terriblement peur.

Aussi, la rencontre fut programmée entre les deux. Ella voulait bien le voir. Durant toutes ces années, il avait dû la voir bien plus souvent que Claire et Ophélie. D’une certaine façon, elle l’avait sauvé. De toutes les manières possibles et inimaginables. Aussi, lorsqu’il l’aperçut dans ce café, au petit matin tôt – il avait tenu à ne pas prendre du temps sur son temps de travail – son cœur se serra. Il était heureux de la voir. ça faisait un petit moment, d’ailleurs, qu’il ne s’était plus vu, le rythme des voyages plus soutenu et elle, en pleine ascension professionnelle. Sans un mot, Henry s’approcha d’elle. Fier et digne, mais le visage marqué par une intense souffrance. Il avait si mal au fond de lui. «  Ella… » Arriva-t-il juste à bredouiller avant de l’enlacer avec force. Pardon pour ne pas t’avoir donné de nouvelles.
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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Dim 24 Juin - 18:23

She moved through the fair...


Elle avait dégagé toute sa matinée, déplaçant son unique rendez-vous à l’après-midi. La secrétaire de son client avait grincé des dents à l’appareil, mais Eleanor s’était montrée aussi convaincante qu’intraitable –et elle avait fini par avoir ce dernier au téléphone pour pouvoir s’expliquer simplement. La politesse avait voulu qu’elle s’excuse (c’était mieux pour conserver de bonnes relations malgré tout), surtout qu’ils ne faisaient pas affaire depuis longtemps, ce qui signifiait qu’il ne pouvait pas réellement appréhender le caractère très exceptionnel de sa demande. Elle n’avait pas cherché à se justifier (c’était faire preuve de faiblesse dans ce monde-là) ; elle avait juste expliqué humblement ses raisons sans s’étendre, allant effleurer avec une timidité contrôlée la compassion de l’autre homme pour le faire abonder en son sens. Loin d’elle l’idée d’inspirer la pitié –elle détestait cela- mais il y avait un équilibre fragile mais sûr à trouver, qu’elle avait atteint sans trop de difficultés.
Elle ne reportait quasiment jamais des rendez-vous de cette importance.
Elle leur avait tellement sacrifiés de moments importants auparavant. Des mariages auxquels elle n’avait pu se rendre car elle devait se déplacer à l’autre bout du pays pour rencontrer un expert ou un client. Des anniversaires manqués parce qu’elle se trouvait sur les routes ou prise dans des réunions avec des investisseurs ou des partenaires potentiels. Et c’était sans compter les événements de plus mineure importance mais qui demeuraient capitaux au lancement d’une startup, dans les premières années de sa vie.
Mais elle ne cèderait pas Henry au tourbillon destructeur de vie de son travail. Pas quand il avait tant besoin d’être entouré.

Entendre sa voix se craqueler sous le poids de la peine et de la douleur l’avait atteinte droit au cœur, bousillant toute barrière protectrice, toute distance préservatrice. C’était comme revenir des années et des années en arrière, quand elle l’avait trouvé seul, perdu, abandonné par les siens, rejeté par ceux qui auraient dû l’aimer inconditionnellement et le soutenir jusqu’à ce qu’ils embrassent une prochaine vie à travers la mort. Sauf que la situation s’était avérée pire encore. Elle pouvait presque entendre chacun de ses mots ployer, succomber aux regrets et aux remords qui lui déchiraient la poitrine devenue une plaie béante suite à la perte de sa jeune sœur. La mort n’épargnait personne. Mais elle emportait parfois les vies dans la plus grande incompréhension. Des vies si jeunes, trop jeunes. Elle avait à peine eu le temps de vivre.
Eleanor ne pouvait mesurer la souffrance qu’il ressentait depuis qu’il avait posé un pied sur le sol Américain pour apprendre que l’une de celles qui était venu retrouver n’était plus. Qu’il était arrivé trop tard. Mais elle ne savait que trop bien ce que cela faisait de perdre un être si cher qu’on l’avait toujours inconsciemment pensé immortel, intouchable, intimement persuadé qu’il serait toujours là, à jamais. Elle savait la colère qu’engendrait le deuil –surtout celle qui embrasait parfois le cœur quand c’était finalement la maladie qui avait triomphé, le corps qui avait cédé, capitulé. Chacun réagissait différemment. Chacun vivait sa peine et appréhendait son deuil d’une manière toute personnelle.
Et en lui tendant la main comme elle l’avait fait ce jour-là, quand ils s’étaient rencontré, l’acceptant sans (encore) le savoir dans sa vie et dans son cœur, elle s’était sentie coupable de ne pas avoir un peu plus insisté quand il mentionnait parfois son désir d’aller retrouver ses sœurs au détour d’une de leurs nombreuses conversations –de ne pas l’avoir un peu plus poussé à s’échapper de la poigne d’Adam, qu’elle jugeait parfois inquiétante même si elle le gardait pour elle.
Elle aurait pu.
Elle aurait dû.
Mais il l’avait acceptée et elle se retrouvait là, une tasse de café réchauffant ses paumes, dans un recoin un peu plus intimiste d’un établissement qu’elle connaissait bien et qui à cette heure demeurait plutôt calme, éloigné du quartier des affaires bouillant de vie. A l’attendre dans sa veste cintrée charbonnée, le talon d’un escarpin claquant de tant à autre contre le sol comme pour évacuer l’impuissance qu’elle ressentait, l’estomac si douloureusement contracté par un mélange d’angoisse et de chagrin qu’elle en peinait à avaler son breuvage onyx.
Elle se souvenait encore de son ton si vulnérable. Est-ce qu’on pourrait se voir ? Quelques mots à peine, qui lui avaient bousillé le cœur. Il n’avait certainement pas à se sentir coupable de ne pas avoir donné de nouvelles –avec tout ce qu’il traversait en ce moment, il n’avait pas la tête à cela et elle ne lui en voulait pas du tout, parce que c’était à elle d’insister. Elle n’avait osé lui demander s’il viendrait avec son compagnon ou non ; il ne l’avait pas mentionné une seule fois au téléphone, et elle craignait ce silence, parce qu’il restait très inhabituel. Cela ne faisait qu’ajouter à l’angoisse qui lui lacérait les entrailles.
Qui était là pour l’aider à surmonter sa peine ?
Sa sœur, Ophélie, sûrement. Mais elle devait déjà tant souffrir elle-même que dans ces moments-là, il devenait compliqué de soutenir quelqu’un d’autre en plus du fardeau immense de sa propre douleur. Alors qui, si Adam ne se trouvait pas à ses côtés ? Alors qu’il allait certainement devoir affronter ceux qui l’avaient chassé alors qu’il n’avait pas même encore déployé ses ailes ?
Qui ?

La cloche à la porte d’entrée tinta de nouveau, annonçant un nouveau client, et par réflexe, Eleanor redressa légèrement le regard pour attraper la silhouette du nouveau venu. Une chevelure de braise, des iris forêt, une silhouette élancée comme trop droite alors que la souffrance tordait ses traits. Comme s’il essayait de se raccrocher à quelque chose, à n’importe quoi, pourvu que ça le fasse tenir. Pourvu que cela le garde debout.
C’était une chose d’entendre sa peine incommensurable au travers du téléphone.
C’en était toute une autre de la voir submerger jusque chaque parcelle de son être, jusqu’à ce qu’elle soit trop, jusqu’à ce qu’elle en devienne insupportable. Eleanor la prit de plein fouet alors qu’il venait l’enlacer avec la force d’un désespoir poignant, comme la priant silencieusement de le tenir jusqu’à ce que cela passe, jusqu’à ce que cela devienne un peu plus tolérable (si seulement). Elle retrouvait l’adolescent perdu qui s’était creusé une si grande place dans son cœur, ce gosse qui avait juste choisi de vivre et d’aimer, et qui s’était fait punir de la plus terrible des manières pour cela. Et ça faisait mal. Tellement mal.
Il n’y avait aucune maladresse dans ses gestes quand elle referma ses propres bras autour de ses épaules, aucune hésitation dans la tendresse dont elle l’entoura avec douceur, caressant le haut de son dos et sa nuque d’un geste qui se voulait apaisant, rassurant. Qui lui soufflait dans un murmure qu’elle était là à présent, qu’elle ne bougerait pas. Elle n’accomplirait pas des miracles, elle ne saurait effacer la peine qui le dévorait jusqu’à le faire ployer. Mais elle pouvait être présente pour lui. L’écouter. L’accompagner.
Parce que l’impuissance demeurait, que personne ne saurait lui rendre celle qu’il avait perdu, et celui qu’il avait égaré à tout jamais quand elle avait clos les yeux sur le monde (une part de lui-même) –mais que ce n’était pas tant ce qui comptait, parce qu’il s’agissait d’apprendre à vivre avec la perte, à l’accepter contre une part de soi, parfois douloureuse, parfois nostalgique.
Le berçant lentement, elle finit par s’écarter doucement, l’enjoignant à s’asseoir à ses côtés plutôt qu’en face d’elle. Les traits tendus par la douleur qui était celle de Henry, elle lui offrit malgré tout un faible sourire, le regard ravagé par des larmes brûlantes qu’elle retenait car elles n’avaient déjà que trop coulé sur les joues du roux.

« Est-ce que tu as envie de quelque chose ? » osa-t-elle avec bienveillance, remarquant pour la première fois son teint bien pâle.

Il n’était pas bien bronzé habituellement, mais ses nombreux voyages lui donnaient constamment bonne mine –et elle craignait, à tort ou à raison, qu’il se laisse un peu aller à ce niveau.

« Est-ce que tu veux me raconter ? »
lui proposa-t-elle le plus délicatement possible, attentive, le regard rivé au sien.

Sa main rétablit le contact, étreignit l’épaule du roux avec tendresse.
Il y avait tant de choses qu’il ne lui avait pas dites, tant de choses qui seraient certainement mieux à l’extérieur qu’à pourrir en sa poitrine. Mais elle saurait faire avec le silence, si c’était ce dont il avait besoin en cet instant.
Si c’était ce qui lui fallait.

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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Ven 29 Juin - 8:26
Life was leaving me, but I wasn’t afraid...
Lovely Bones


Lorsqu’il sentit ses bras s’enrouler autour de lui, Henry fut un peu plus apaisé, les tourments semblant s’évaporer doucement. Ce n’était qu’éphémère cela dit. Ça ne réglait pas ses problèmes. Mais Ella arrivait à lui insuffler des ondes positives par sa simple présence. Ça lui faisait du bien. Elle était l’héroïne de sa vie. Cette personne discrète mais tellement importante dans sa vie.    Durant son exil, jamais il ne l’avait oublié. Il l’avait toujours vu, prenant un détour s’il le fallait. Même si c’était une rencontre de quelques minutes, il l’appelait souvent, voulant savoir comment elle se portait, elle sa bienfaitrice secrète et énigmatique. Henry lui vouait un amour et une admiration sans bornes. Elle avait su être ce que ses parents n’avaient jamais compris. Et encore là, elle brillait par sa patience, par cette compassion silencieuse dont elle faisait preuve. Les larmes semblaient vouloir arriver mais Henry se forçait à demeurer fort, à rester digne. Pourtant, il savait qu’en sa présence, il pouvait se permettre de s’abandonner un peu. Mais il ne le voulait pas. Il portait ce chagrin comme un fardeau. Il culpabilisait tant aussi. Et lorsque l’étreinte cessa, lorsque ces bras si doux quittèrent ses épaules voûtés, Henry se sentit mieux : il n’était pas seul. Pas avec elle. De toute façon, elle l’installa à ses côtés. Il se laissa faire sans broncher. Et sa voix fut douce, un murmure apaisant apportant du baume dans son cœur. Ça lui faisait du bien d’être soutenu. Bien sûr, Ophélie était là aussi. Mais il évitait de faiblir face à elle. Sa petite sœur avait suffisamment les yeux rougis pour ne pas être accablée plus. Elle avait l’air si triste, elle était l’ombre d’elle-même. Les Chateaubriand n’étaient que le reflet d’une âme vieillie par le chagrin et le malheur. L’absence de Claire était atroce. Alors qu’Ella puisse être là pour lui, c’était fou, c’était réel. C’était apaisant. Que pouvait-il prendre ? Il n’en avait aucune idée. Il se nourrissait et s’abreuvait pour ne pas devenir fou. Mais les aliments n’avaient de saveur que celle du deuil. « Quelque chose de chaud... » Bredouilla-t-il, mais réalisant que cela ne voulait rien dire, Henry se reprit bien vite, émettant la première idée lui venant en tête. « Un café. » Il fixait la table d’un air abattu. Tout à coup, le soutien lui paraissait de trop. Le méritait-il vraiment ? Il n’avait pas été là. Claire était morte sans avoir pu revoir son frère. C’était terrible. Et pourtant, il avait besoin d’Ella, il avait besoin de celle qu’il avait toujours considéré avec le respect le plus haut, l’amour toujours plus grand, cette maman qui l’avait toujours empêché de ne pas faire de conneries, de ne pas sombrer, de se dire que le monde avait encore un but pour lui. Tout n’était pas perdu. Il avait grandi depuis, mais aujourd’hui, il avait l’impression d’être à nouveau dans cet âge fragile, piège dans l’abandon et la peine.

Claire.... Elle n’était plus là.

Ella lui demanda s’il voulait en parler. Bien sûr, il avait tant à dire. Mais le chagrin lui obstruait la gorge. Il se sentait capable de s’écrouler, de pleurer comme un enfant. Alors il serrait les dents, son poing se trouvant sous la table, l’autre main se trouvant liée à celle de cette personne chère à son âme. Il serrait fort fort fort. À s’en faire mal. À en souffrir. Mais il avait besoin de ça, de souffrir autrement que par ce coeur larmoyant. « C’est indescriptible comme c’est ... douloureux  » Dit-il doucement. Les mots venaient à lui. Il parlait doucement comme un soldat en terrain miné, faisant attention à ne pas marcher sur ce qui ferait sauter chaque loquet renfermant les ravages d’une perte. « J’etais si stupide. Je croyais que j’avais encore le temps de voyager, de retarder l’échéance où je serais face à elles... Je croyais que je pouvais encore ignorer l’instant où il me faudrait affronter mes péchés... Je croyais... » Il se tut, sentant ses entrailles se tordre, violemment. Une douleur fulgurante. « Je croyais qu’elle ne partirait pas si vite... Je croyais avoir le temps pour la revoir avant que... trépas ne se fasse. » Les paroles rassurantes de ses sœurs sur l’état de Claire avaient toujours eu raison de son impossibilité de prendre un billet. Il y avait des raisons, mais l’une d’elles ne concernaient en aucun cas l’amour qu’Henry leur portait. Il était aussi immense que l’océan. Non, l’explication était autre. « Quand Ophélie m’a appelé, j’ai sauté dans le premier avion.. Mais il était trop tard, Claire s’est éteinte... » Il se tut, sentant ses yeux devenir très humides, et elle glissa le long de sa joue, brûlante. C’était terrible. « Je m’en veux tant, Ella. J’ai été pris dans cette peur de revoir Père et Mère... Des années après, elle ne m’a jamais quitté. J’ai toujours été incapable d’aller voir mes sœurs... Et maintenant... » Et maintenant, il s’en voulait. Et maintenant, il se trouvait lâche. Et maintenant, il savait que l’échéance arriverait. Et maintenant, ses parents, il allait les revoir, au milieu d’une tombe. C’était atroce...
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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Jeu 30 Aoû - 20:21

She moved through the fair...


C’était terrible de se sentir si impuissante face à la peine d’Henry.
De ressentir si intimement la douleur déchirante que provoquait la perte d’une personne que l’on avait tant chérie, et de le savoir en proie à cette souffrance qui ne connaissait de répit que dans le temps et le deuil.
C’était terrible de le sentir si frêle entre ses bras, plus vulnérable qu’elle ne l’avait connu ces quinze dernières années. Si profondément atteint dans sa chair et son cœur, qu’il se retrouvait refugié contre elle comme il l’avait été des années et des années auparavant, à la suite du rejet et de l’abandon de ses parents. Si fragile que le moindre mouvement un peu brusque, la moindre parole prononcée un peu trop haut, auraient pu le briser en mille morceaux. Ce n’était plus l’homme qui s’était reconstruit suite à ces épreuves terribles qu’aucun enfant n’aurait dû connaître qui s’accrochait ainsi à elle ; ce n’était plus l’être qui avait trouvé sa voie dans le voyage et la photographie, qui avait tant grandi et mûri au contact des autres, qui avait décidé d’embrasser et d’aimer la vie malgré tout.
C’était Henry qui se tenait-là. Le même qu’elle avait pris dans ses bras pour la première fois lorsqu’il avait eu le courage de lui conter son histoire, ce doux conte que la vie avait terni, cet amour supposé constant et inaltérable auquel les deux personnes qui auraient dû toujours savoir l’accepter l’avaient si cruellement arraché –celui d’une famille.
La pâleur de son teint derrière les adorables tâches de rousseur qui constellaient sa peau inquiétait Eleanor, mais elle s’efforça de ne pas lui en parler tout de suite –ce n’était pas le moment, à son sens. Affligée de voir ses yeux rougis par les larmes qu’il n’avait que trop versées et qui allaient être ses compagnes pendant encore bien longtemps, elle voulut lui proposer un chocolat chaud en le voyant hésitant, un peu désorienté par la question, mais il réagit plus vite, émettant l’envie d’un café. Acquiesçant doucement, avec un sourire discret mais qui se voulait réconfortant, elle préféra se lever même si elle rechignait sévèrement à le laisser seul, afin de lui laisser un peu de temps pour reprendre son souffle mais aussi éviter qu’une personne extérieure ne vienne égratigner leur petite bulle de confort et d’intimité. Elle savait Henry pudique malgré tout, et c’était peut-être un peu superflu en cet instant, mais elle désirait préserver cela, pour lui. Elle revint à peine quelques minutes plus tard avec la boisson chaude qu’elle poussa gentiment en sa direction, s’asseyant à ses côtés sans le quitter des yeux, retraçant encore et encore du regard ses traits tendus par la fatigue et le chagrin, la moue peinée qui semblait avoir tué tout espoir d’un sourire prochain sur ses lèvres.

Sa paume trouva son épaule dans un geste lent et régulier, réconfortant, empli de tendresse, alors qu’elle patientait, le laissant décider de ce dont il voulait parler, lui laissant le temps de choisir ses mots ou de les taire s’il préférait le silence à la parole. Parler lui ferait peut-être un peu de bien –à défaut d’apaiser sa souffrance ou de calmer sa peine-, mais pas s’il le faisait contre son gré ou parce qu’il s’en sentait obligé. Alors elle attendait juste, prête à écouter tout ce qu’il voudrait lui offrir. Sa voix et son silence. Ses regards brisés et ses mots lacérés par la peine. Sa main qui serrait la sienne –et qu’elle serrait en retour, comme pour lui souffler qu’elle le tenait, qu’il était là, qu’ils étaient là. Ensemble.
Les mots lui vinrent, coulant entre ses lippes avec une difficulté douloureuse, une mécanique feutrée, hachée par l’émotion déchirante qui l’habitait tout entier. Attentive et concernée, Eleanor essaya de ne pas laisser cette voix qu’elle chérissait tant l’entrainer dans l’océan de douleur qui l’habitait, parce qu’elle se devait de rester sur la rive, pour lui avant tout. Qu’importe à quel point les mots faisaient mal, respiraient cette souffrance qu’elle devinait partout sur son visage, dans sa posture recroquevillée, dans cette culpabilité cruelle qu’il s’infligeait. Qu’importe à quel point ses propres larmes ne demandaient qu’à suivre celles d’Henry dans leur périple.
Accolant son flanc au sien, elle passa son bras autour de son épaule, maigre tentative de lui apporter un peu de douceur alors qu’il semblait si hors d’atteinte dans sa peine.
« Je sais, mon grand, murmura-t-elle tout bas, pour éviter que sa voix ne se brise sous l’assaut des sentiments qui la déchiraient pour celui qu’elle avait, finalement, toujours un peu considéré comme le fils qu’elle n’avait jamais eu. Mais tu ne devrais pas te sentir coupable pour cela, pour avoir eu peur de les revoir, pas après ce que tu as vécu. Parce que finalement, tu l’as surmontée, reprit-elle avec un peu plus d’aplomb. Tu es monté dans cet avion quand tu as compris que ce n’était plus qu’une question de temps. »

Un jour, peut-être parviendrait-il à se pardonner. Il était le seul à se blâmer pour cela –avec tout l’amour que ses sœurs lui portaient, Eleanor nourrissait la profonde conviction qu’elles l’avaient déjà pardonné pour son absence.
Mais cela prendrait du temps –des années peut-être.
Henry n’avait jamais vraiment pu se défaire de la crainte de faire à ceux qui l’avaient rejeté pour celui qu’il était ; et comment quiconque aurait-il pu le blâmer pour cela ? C’était un traumatisme qui demeurait malgré tout. Qui restait comme une cicatrice toujours un peu douloureuse –et impossible à oublier.

« Henry, on pense tous avoir le temps,
chuchota-t-elle en caressant lentement son bras, tout simplement parce que même si l’on sait que les personnes aimées nous quitteront un jour, on ne peut jamais vraiment appréhender cette réalité. C’est un sentiment humain. »

Aimer quelqu’un, c’était comme le rendre immortel.
Il n’y avait jamais rien qui préparait à la douleur de la perte.

« Est-ce que tu as pu revoir Ophélie ? »
demanda-t-elle délicatement, en cherchant son regard.

La douleur demeurait, persistait –et Henry ne verrait sûrement qu’elle pendant un long moment.
Il n’était pas encore prêt. Prêt à accepter, puis à avancer. Mais il entamait peu à peu son processus de deuil. Pas à pas.

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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Sam 20 Oct - 7:46
Elle était pareille à un soleil, elle avait toujours été là. Sans aucune hésitation, Henry l’avait toujours décrite comme une bienfaitrice, une personne généreuse ayant toujours eu le cœur sur la main, les mots rassurants. Et là, encore, elle avait les mots qu’il souhaitait entendre, qui faisait du bien. Ça ne calmait pas les élans de la douleur mais il n’était pas seul. Et en cela, Henry sentait ce chagrin moins vif. Ella était là pour lui. Il sentait cette main qui se posait dans son dos, le caressant doucement avec ce réconfort semblable à celui d’une maman. Si seulement, la vie avait été moins cruelle… Il aurait pu se trouver dans les bras de sa véritable mère, pleurer la perte d’une sœur qu’il avait toujours vu. Peut-être qu’il aurait pu se trouver encore en France, qu’il n’aurait pas eu autant de vide dans son cœur. Mais hélas… La vie n’allait pas comme il le souhaitait. A la place, il avait un trou béant dans sa poitrine, il considérait, néanmoins, la présence d’Ella comme salvatrice. Elle était là depuis si longtemps. Avec l’écoulement du temps, elle avait pris une place tellement importante. Il la chérissait comme un enfant chérissait ce parent bienveillant et fier. C’est elle qui l’avait poussé à poursuivre sa voix, en étant un mentor, en ayant toujours eu les mots. Et aujourd’hui encore, elle était cette maman qu’il aimait tant. Aujourd’hui encore, Ella lui dévoilait ce monde qu’il croyait être si terne. Aujourd’hui encore, elle lui expliquait, avec ses mots, comment s’apprivoiserait la douleur. Il fallait juste du temps. Il fallait juste faire la part des choses. Mais pour l’instant, le chagrin était trop grand, Henry n’arrivait pas à voir au-delà de son propre nez, il ne voyait que les larmes qui coulaient lentement mais sûrement. Il ne se remémorait que la voix d’Ophélie, faible et tremblante, qui lui annonçait le plus terrible.
Si seulement… Si seulement…
 
Il écouta cette voix aux tonalités si douces, il s’en abreuvait comme un assoiffé de tant de choses. Et lentement, il releva le regard vers elle, malheureux, portant la misère du monde sur ses épaules. Il était semblable à un enfant, perdu et déconfit. Et malgré tout, Ella n’en perdait pas les mots rassurants. Elle disait ce qu’il avait besoin d’entendre. De toute manière, ça ne pouvait aller que dans ce sens-là. Sa main vient prendre celle de son amie, si chère à son âme, la serrant doucement. Cette main qui se trouvait sur cette table ayant essuyé de trop nombreux coups d’éponges. Assis dans ce café, ils paraissaient dans leur bulle, comme si plus personne ne pouvait les ôter de cet univers qu’il savait créer, cette enveloppe capable de les protéger de la rudesse de ce monde. « Heureusement que tu es là… Depuis si longtemps, tu m’accompagnes. Chaque jour, tu ne me quittes jamais. » Elle avait une place si grande dans un cœur aux étendues infinies. « Je te remercie d’être là… Comme à chaque fois… Tu n’as pas idée combien ta présence m’est précieuse. Parfois, je me dis que si tu n’avais pas été là depuis si longtemps… Je serais devenu poussière depuis si longtemps… » Parce qu’en dépit de cet air tranquille, de cette assurance, tout n’était que façade. Henry était un être brisé par la vie. Rien, ni personne ne pourraient être capable de lui faire oublier. Tout restait telle une cicatrice marquée à vif, dont la rougeur dissociait de la pâleur de sa peau marmoréenne.

Il était brisé.
 Il eut le courage de reprendre un peu de contenance lorsqu’elle évoqua Ophélie. A sa réponse, Henry avait déjà la réponse toute faite. « Elle… Elle est venue me chercher à l’aéroport. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’annonce une telle nouvelle… J’ai encore son visage imprimé dans ma rétine… Cette douleur, si semblable à la mienne. Cette expression ne me quitte pas. » Parce qu’il aurait préféré être présent depuis bien plus longtemps mais qu’il ne l’avait pas fait. Il y avait eu Adam. Il y avait eu cette peur irrationnelle de revoir ses parents, tant d’excuses qui finalement, ne valait plus rien. Il aurait dû être là bien avant. « On va se soutenir mutuellement. » Trouva –t-il la force de lui dire. « De toute façon, nous allons nous retrouver à cet enterrement. Il me faudra alors les revoir… » Et par-dessus tout, Henry en était terrifié. Il s’essuya furtivement les yeux, tenant toujours cette main dans la sienne. Il releva un regard vers Ella, trouvant la force de lui adresser un sourire triste et ajoutant. « J’aurais aimé avoir Adam à mes côtés. Mais il m’a fait une scène et a refusé de me suivre… Parfois, il en faut peu pour que tout se casse la figure. » Et ça le meurtrissait tellement. La blessure était vive et béante.
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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Mar 9 Avr - 13:34

She moved through the fair...

Aimer, c’était rendre l’autre immortel.
C’était quelque chose qu’elle n’avait compris qu’en perdant sa mère –en se rendant compte de tout ce temps gâché, passé loin d’elle, alors qu’il était invariablement compté. Avec la naïveté d’une enfant, elle avait cru que sa mère serait toujours là, à l’attendre quelque part, qu’il n’y avait que la distance et son propre métier pour les séparer, rien que quelques jours de congés, ou un coup de téléphone, ne sauraient rectifier. Avec l’innocence d’une vie qui n’avait pas encore connu le deuil, elle avait repoussé de trop nombreuses retrouvailles au lendemain, elle avait manqué des anniversaires et bien trop d’occasions de se réunir en famille. Continuant de se nourrir de la sensation qu’elle avait le temps, qu’elles pourraient se voir plus tard, qu’elles trouveraient toujours un moment pour se retrouver.
Jusqu’au moment où la mort l’avait fauchée.
Le temps qu’elle pensait éternel ? Envolé, disparu. Arraché à l’étreinte de ses mains ignorantes. Mort –mort avec elle. Et elle avait appris, de la plus douloureuse des façons (la plus efficace aussi, malheureusement), à le considérer comme une ressource précieuse, qu’il fallait chérir. Parce qu’une partie parti, il demeurait impossible de faire machine arrière. Combien de regrets empilés derrière cette réalité ? Combien de et si, d’opportunités à jamais ratées, de moments volatilisés ? Combien d’heures et de jours passés loin des êtres aimés en quête d’autre chose, pour finalement comprendre que le bonheur se trouvait là, juste à côté, et qu’elle n’avait su le voir ? Pire, que sa mère en avait certainement souffert, souffert de cette distance, de ses absences, en dépit de la fierté qui scintillait dans ses yeux et habitait si souvent ses mots.
Ses doigts se resserrèrent sur ceux d’Henry pour lui assurer une nouvelle fois son soutien.
« Autant que je le peux, j’essaye, modéra-t-elle délicatement, consciente de cette réalité, néanmoins touchée par son affection. Ma place est à tes côtés dans les bons moments comme les plus difficiles, tu sais. »  
Ses phalanges quittèrent l’épaule du roux pour s’égarer gentiment dans ses mèches de feu qui semblaient avoir perdu toute ardeur, aussi éteintes que ses prunelles forêt submergées par la douleur.
« Ne dis pas ça. » le pria-t-elle d’une voix un peu plus douloureuse.
Devenir poussière.
Eleanor gardait ce souvenir diffus d’un personnage qui avait prononcé des mots similaires, déchirés par la peine. Si tu n’étais pas là pour me parler, existerais-je seulement ? Elle les avait toujours trouvés d’une violence rare.
Peut-être parce qu’ils sonnaient parfois comme une effrayante vérité.

Elle espérait, peut-être un peu trop, qu’évoquer Ophélie lui permettrait de reprendre un peu son souffle –parce qu’il se noyait, sous ses yeux, dans les larmes qu’il n’avait plus, celles qui habitaient son cœur mais refusaient de se libérer sur ses joues, dans la peine qui le fracassait, dans cette souffrance qui le lâchait rien, enragée et vorace, affamée et acharnée. Attentive, elle hocha doucement la tête quand il relata les évènements, une part d’elle-même soulagée que sa sœur soit aussi là pour lui. Qu’ils soient présents l’un pour l’autre, comme Henry ne pourrait certainement pas compter sur ses parents. Les tragédies comme la mort de Claire auraient peut-être pu, à défaut d’apposer un peu de baume sur les cicatrices indélébiles laissées par le rejet et l’abandon, au moins rouvrir le dialogue entre fils et géniteurs. Seul l’avenir le dirait –mais déjà, l’absence à l’aéroport s’annonçait de mauvaise augure, et Eleanor demeurait intimement méfiantes envers ces espoirs très fragiles. Peut-être parce qu’elle n’avait été qu’un témoin impuissant de toute la douleur d’Henry pendant cette période particulière sensible qui avait suivi son départ précipité de la demeure familiale ; elle se souvenait encore de la peur qui lui nouait parfois les entrailles, lorsqu’ils ne se connaissaient pas encore si bien, qu’il fasse une bêtise, voire se fiche en l’air, aveuglé par la noirceur de ses pensées, par l’impression que plus rien ne le rattachait à la vie, pas même l’amour de ceux qui auraient toujours dû savoir l’accepter et l’aimer.
Elle doutait qu’il nourrisse de quelconques espoirs à ce sujet, mais peut-être était-ce le cas, et alors elle craignait qu’il ne soit encore déçu, blessé de nouveau, alors qu’il était déjà à terre. Une part d’elle-même, plus sombre, plus cynique certainement, penchait plus pour la version de la réalité où les monarques Chateaubriands demeureraient fidèles et loyaux à leurs idéaux, aux raisons qui les avaient poussés à rejeter leur propre enfant. Triste et noire réalité. Possibilité bien trop tangible à son goût. Pouvait-elle encore espérer qu’ils n’en rajoutent pas sur les épaules déjà si fragiles d’Henry, en rejetant sa présence aux funérailles, et Dieu seulement savait quelles autres réactions odieuses dont ils pourraient faire preuve à égard ?
Ses doigts se firent caresses tendres contre les siens lorsqu’il affirma, avec plus d’aplomb, qu’ils allaient affronter cette épreuve à deux. Avant que les fêlures ne s’immiscent encore dans sa voix à la mention à peine déguisée des figures paternelle et maternelle. Elle lui tendit par réflexe un mouchoir sans lâcher sa main.
« C’est inévitable, souffla-t-elle avec la plus de délicatesse possible, le regard accroché à son profil, ses traits tendus par la peine, qui dissimulaient mal la crainte qui se dessinait derrière cette réalité. Mais tu seras avant tout là pour Claire, Henry, et pour toi. Et tu ne seras pas seul, tu auras ta sœur avec toi. »
La confrontation ne le laissera sûrement pas indemne.
Mais il n’était plus le gosse qui s’était retrouvé complètement démuni presque vingt ans plus tôt. Même profondément meurtri par la perte de sa plus jeune sœur, il s’était endurci. Et cette fois-ci, Ophélie se tiendrait à ses côtés, soutien tangible et significatif au cœur à l’agonie.
Elle ne s’attendait pas aux mots qui franchirent ses lèvres par la suite. A la mention d’Adam, si soudaine, mais qui plainait au-dessus d’eux depuis le début, absence insoluble pour Eleanor qui prenait maintenant du sens –et de la plus cruelle des manières. La colère crépita dans un coin de son cœur affligé – comment avait-il osé abandonné Henry en ces moments particulièrement éprouvants ?- et elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils, trahissant son incompréhension et son mécontentement au-delà de la peine qui l’habitait.
« Peut-être a-t-il repris ses esprits depuis, et envisage de te rejoindre pour les funérailles ? » supposa-t-elle après un court silence, consciente de la sensibilité du sujet.
Elle ne pouvait concevoir que son amant ne se montre pas –et pourtant, combien de fois avait-elle ressenti, diffus, le spectre de cette possessivité presque maladive qu’il maintenait autour d’Henry ?
« Tu y arriveras, Henry, même si cela peut te sembler être assez abstrait pour le moment. » tenta-t-elle de le rassurer, le ton doux et vibrant de confiance, d’émotions mal contenues.
Ses lèvres déposèrent un baiser tendre sur la tempe du roux, comme pour appuyer ses propos, avant qu’elle ne retrouve l’étreinte de son regard aux couleurs sauvages.
Avec ou sans Adam.



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She moved trough the fair ♥ [Eleanor]
Dim 12 Mai - 7:52
Avoir Ella à ses côtés, lui faisait du bien. Il se sentait moins seul même s'il estimait ne pas mériter cet amour. Après tout, il avait été absent, durant de nombreuses années, à vivre sa vie, à être heureux tout en évitant d'admettre la situation telle qu'elle se présentait. Il aurait dû être là, il aurait dû être présent depuis bien longtemps auprès de ses soeurs, il aurait dû les soutenir comme jamais, et non les laisser entre les griffes de leurs parents. ça ne les aurait pas sauvé, c'est vrai, mais il aurait alors partagé des instants avec Claire, de pouvoir la serrer dans ses bras, sentir son odeur, l'aimer encore plus et lui confirmer qu'il penserait à elle pour toujours. Claire était partie sans avoir pu le voir, une dernière fois. Et c'était terrible. Il s'en voulait, comme il en voulait à Adam, comme il en voulait au monde entier. Il essayait d'être courageux mais ça n'était pas évident. Heureusement, il n'était pas seul, même si l'absence de l'être aimé lui pesait considérablement.
Il avait Ella.
Et elle était ce cadeau du ciel, cette personne si chère à son âme, celle qui lui avait offert ce que sa propre mère n'avait su lui donner. Et il s'en estimait heureux, même s'il ne se sentait pas méritant de cette compassion, de cette bienveillance qu'elle lui transmettait en l'état. Il ne méritait rien de tout cela.
Au contraire, il ne méritait que de l'indifférence, des regards désapprobateurs et des reproches. Mais Ella ne se comportait pas ainsi. Elle lui montrait qu'elle l'aimait, qu'elle était là pour le soutenir, la rendant encore plus inestimable qu'elle ne l'était déjà.
Elle essayait de le rassurer, que ce soit pour l'enterrement à venir, comme pour Adam. Et Henry s'abreuvait de ses mots, de ses gestes affectueux. Il y croyait.
Peut-être qu'elle avait raison...
" J'aimerais croire que tu dis vrai, qu'il va réaliser qu'il s'est trompé. J'aimerais croire que mon téléphone va sonner, que j'entendrais la voix d'Adam me dire qu'il a été stupide et qu'il a sauté dans le premier avion, et qu'il est là. J'aimerais croire que je vais entendre sa voix pleine d'excuses et de fierté mal placée... " Dit-il avec douceur. " Mais... " Mais il le connaissait par coeur. Il avait tout le temps été un tampon avec lui, à calmer le caractère impétueux et volcanique, à le laisser être si fort à sa place, si bruyant quand lui était discret, à l'écraser de sa présence, parce qu'Heny l'acceptait, parce qu'il l'aimait comme un fou.
Henry reporta son regard clair vers ces yeux bleus qui le fixaient. Et doucement, il vint poser sa tête contre l'épaule de son amie la plus chère. Doucement, il ferma les yeux, se berçant de ce soutien. Il ne pouvait en dire plus parce que le chagrin était trop grand. Claire était partie, Adam ne répondait plus.
Et il restait à se relever et à continuer son chemin de vie.
ce n'était pas la première fois qu'il s'effondrait.
Ce ne serait pas la dernière.
" C'est bon d'être auprès de toi, Ella... " Murmura Henry, si dévasté mais empli de tant de réconfort dans le coeur.
Elle était comme ça, Ella, aux bras rassurants, et le coeur d'une mère battant en elle.
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