she's not an enemy (norah/corey)

Je sursaute en entendant la porte de la chambre de mon fils claquer, et un long soupir s’extirpe d’entre mes lèvres. Je lève alors les yeux vers Blair, assise en face de moi à table, visiblement un peu mal à l’aise. « Je suis désolée, il est un peu… » Je fronce mon nez, essayant de choisir mes mots mais ce n’est pas simple. « Capricieux. » Je ne suis pas sûre que ce soit le terme qui convienne vraiment. Corey est un enfant particulier, de par son handicap, mais de par la relation que nous avons construite lui et moi. Nous sommes très fusionnels, et même si ça m’agace de le voir réagir de cette manière face à Blair, je peux comprendre qu’il cherche à montrer son mécontentement comme il peut. Mais les termes déplacés qu’il a eu de par les quelques signes qu’il m’a adressés m’ont un peu irritée. Blair est notre invitée, que ça lui plaise ou non. « Je vais aller lui remonter les bretelles. » Je l’ai à peine fait avec quelques signes de remontrances, mais je n’ai pas haussé la voix, pas face à Blair, ça ne la regarde pas.

Je pose alors ma serviette sur la table et quitte la table pour rejoindre l’étage supérieur de la maison que nous habitons, pour rejoindre la chambre de Corey. Son sanctuaire, son aquarium sur Terre. Je frappe quelques coups à la porte, il ne peut pas me dire d’entrer, généralement il frappe dans ses mains pour me donner l’autorisation, mais il n’a pas l’air d’en avoir envie, il se doute bien que je ne viens pas pour lui faire un câlin. J’ouvre alors, doucement. S’il n’avait pas voulu me voir il aurait fermé à clé, chose qu’il n’a encore jamais fait, et j’ose espérer que ça n’arrivera jamais. « Tu boudes ? » Je suis pas la meilleure pour les remontrances, ça a toujours été. Il me tourne le dos, et s’il ne veut/peut pas parler, je sais qu’il m’entend. Quand il voudra me répondre il se retournera. « J’ai pas apprécié ton comportement ce soir face à Blair… qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu l’aimes pas ? » Je sais pourquoi, je voudrais juste qu’on en parle. Je m’assieds sur le bord de son lit et attends qu’il daigne m’adresser la parole. « Tu préfèrerais qu’on la laisse dormir dans la rue ? Elle a besoin d’aide et tu le sais ! ». Toujours aucune réponse, j’espère qu’il va accepter la discussion, je ne vais pas tenir le coup longtemps s’il fait la gueule comme ça le temps que Blair est là. Je ne compte pas à ce qu’elle s’en aille si vite.

Corey en avait marre... juste tellement marre sérieux ! Pourquoi elle était encore là sérieusement ? À vampiriser sa mère comme si elle était la sienne... alors certes au début Corey avait été d'accord, il comprenait l'idée de devoir tendre la main vers son prochain mais là... ça commençait à faire franchement long ! Et Corey n'aimait vraiment pas partager... enfin avec ses sœurs il comprenait mais là... il avait juste l'impression que cette fille était un putain de parasite qui lui volait tout l'amour qui lui était normalement dû et qui, à ce rythme, allait finir par lui voler sa chambre et ses poissons... Elle pouvait toujours courir ! Alors non clairement il n'était pas agréable avec elle, il ne l'était plus, il se retenait autant que possible pour sa mère mais des fois il craquait et profitait bien du fait que Blair soit incapable de comprendre la langue des signes pour lui dire le fond de sa pensée... ce que sa mère n'appréciait pas évidemment et que malheureusement elle refusait de transmettre à cette foutue pique assiette. Alors au milieu du repas il avait simplement décidé de se casser, quittant la table pour aller s'enfermer dans sa chambre, dans son petit sanctuaire rempli d'eau et de poisson vu que de toute manière il n'y avait que eux pour l'aimer dans cette maison... Ouai, ça faisait un peu drama queen, mais c'était vrai !

Alors ouai, il allait faire la gueule, la gueule jusqu'à ce que les choses changent ! Espérant que sa mère finirait par ouvrir les yeux et se rappellerait que la personne qu'elle doit chouchouter c'est lui... Alors non il ne fut pas surpris en entendant frapper à sa porte et à dire vrai il l'attendait même. Et si il ne lui avait pas fait savoir qu'elle pouvait rentrer, restant silencieux comme ci ce n'était pas le cas, il espérait bien qu'elle allait le faire, il voulait son attention. Et si il boudait ? Oh ça oui il boudait ! Allongé sur le ventre en travers de son lit, montrant son dos à sa mère et son regard perdu vers un des aquarium, l'air de dire que oui, il voulait pas la voir ni lui parler alors qu'il voulait la voir et lui parler mais hey... il avait jamais dit qu'il était mature ! Et vraiment ? Elle n'avait pas apprécié son comportement ? Bah il espérait bien ! Le but était quand même d'attirer son attention après tout. Il avait cependant roulé des yeux en l'entendant le questionner sur le pourquoi... n'était-ce pourtant pas évident ? Puis ce discours là... cette petite leçon de morale... Finalement Corey avait décidé de se retourner, s'asseyant sur son lit et commençant à signer frénétiquement Mais tu ne vois pas ce qu'elle fait ? Elle essaye de totalement t'accaparer ! Tu lui as tendu la main et elle est en train de te manger le bras ! Cette fille est juste une sangsue dont tu fais plus que t'occuper et ça tu ne le vois même pas ! Ça devait durer que quelques jours et elle est toujours là... à lui voler tout son amour.

Mon fils veut me faire payer quelque chose, je ne suis pas idiote, je connais assez ses réactions pour ça. Je tente de rester ferme, mais pas brutale pour autant. Je ne l’ai jamais été, j’ai toujours été cette mère calme douce et compréhensive pour chacun de mes enfants. Même mon fils aîné qui a eu des comportements déplacés envers sa petite amie, je n’ai jamais - encore - levé la voix sur lui. Pour autant, je ne compte pas être une mère laxiste qui laisse ses enfants faire n’importe quoi, et encore moins manquer de respect à qui que ce soit. Et c’est pourtant ce qu’a fait Corey ce soir, c’est bien pour cette raison que je suis désormais dans sa chambre à lui demander des comptes. Je cherche le dialogue, tâtonne un peu, continue de poser des questions jusqu’à ce qu’il daigne se retourner pour me regarder et me ‘parler’. Voilà que ses mains s’agitent, sa petite ride du lion exprime tout son mécontentement. i« Mais tu ne vois pas ce qu'elle fait ? Elle essaye de totalement t'accaparer ! Tu lui as tendu la main et elle est en train de te manger le bras ! Cette fille est juste une sangsue dont tu fais plus que t'occuper et ça tu ne le vois même pas ! Ça devait durer que quelques jours et elle est toujours là… » . Je comprends sa détresse et sa forme de jalousie. Je secoue doucement la tête et lui répond, par des mots et des phrases comme m’avait conseillé le pédopsychiatre il y a longtemps, ajoutant quelques mots importants signés de mes mains. Il faut que Corey continue d’entendre les mots, de les assimiler, s’il veut pouvoir reparler un jour. « Tu ne connais rien d’elle Corey ! Comment tu peux te permettre de juger de cette façon ? Ce n’est pas comme ça que je t’ai élevé ! » Je suis un peu en colère, c’est vrai. Rien d’alarmant, rien qui ne fasse peur non plus. Mais je suis très proche de Blair pour la simple et bonne raison que je me retrouve en elle, qu’elle a vécu la même chose que moi, et je me sens le besoin, le devoir de la protéger. Mais Corey est jeune, trop jeune pour le comprendre sans doute. « Elle a besoin d’une famille, besoin de gens qui l’aident, qui l’aiment, elle n’a jamais vécu ça. Ce n’est pas parce que je prends du temps pour elle que je vais arrêter de m’occuper de toi chéri. Si c’est ça qui te fait peur… » Je mets le doigts sur ce qui ne va pas, je le sais bien. Corey a toujours eu besoin d’attention, d’une attention toute particulière que je lui ai toujours donnée. Mais il faut aussi apprendre à partager, et étant le petit dernier, le petit chouchou, il n’a jamais vraiment appris cette notion, j’en ai peur.

Corey se fichait bien que son comportement ne soit pas acceptable, il considérait qu'étant donné la situation il était de son devoir de faire comprendre que les choses n'allaient pas. Et ça n'allait clairement pas, pas pour lui en tout cas et il voulait que sa mère finisse enfin par le comprendre mais c'était peine perdu... il avait beau s'énerver, se faire remarquer et signaler sa détresse ça ne servait à rien car au bout du compte le seul qu'on considérait en tort c'était lui et c'était totalement injuste. Pourtant chaque fois il y croyait Corey, chaque fois que sa mère venait le voir pour lui demander ce qui se passait, ce qui n'allait pas, mais chaque fois qu'il signait la situation tout ce qu'il rencontrait c'était un mur... on avait souvent dit de lui qu'il se comportait comme un petit prince mais il fallait se rendre à l'évidence, il n'était plus le prince, c'était cette fille la princesse et ce n'était absolument pas normal. Alors oui le visage de Corey s'était totalement fermé en entendant les paroles de sa mère, la colère tordant même ses traits Mais je ne veux pas la connaître ! Et tu m'as élevé en m'apprenant qu'il y a des limites à respecter et qu'elle dépasse totalement ! On est pas sa famille, on peut l'aider mais on est pas sa famille. Tu en parles comme ci on devait l'adopter, comme ci je devais être gentil avec ma sœur mais elle est pas ma sœur, j'ai déjà une sœur et c'est pas elle ! avait-il signé dans de grands mouvements qui exprimait toute sa colère, des sons étouffés s'échappant de sa gorge et accentuant un peu plus l'état dans lequel il était Puis tu dis que tu ne vas pas moins t'occuper de moi mais dans cette histoire tu as oublié le plus important : Tu as même pas demandé mon avis ! Tu m'as imposé la chose sans même savoir si ça me posait problème et maintenant je devrais te croire quand tu dis que tu vas pas me délaisser ? Surtout que t'es déjà en train de le faire en la faisant toujours passer en priorité, en buvant chacune de ses paroles et en lui trouvant toujours des excuses alors que moi je passe pour le... le reste devenait incompréhensible, Corey était tellement en colère qu'il n'arrivait plus à signer correctement, les mains crispée et l'envie de frapper quelque chose l'envahissant, agitant ses bras de haut en bas, frappant ses jambes avant de passer ses mains autours de sa tête en poussant un gémissement de frustration, le corps penché vers l'avant. Pourquoi elle ne voyait pas que ça le mettait mal ? Pourquoi elle ne cherchait pas à l'aider lui ? Il n'y en avait plus que pour cette fille et ça le rendait dingue.

Je commence par lui faire comprendre que je ne suis pas satisfaire de son comportement. Je sais que j’ai toujours été aux petits soins avec lui, je ne compte pas à ce que les choses changent, mais je suis en train de prendre conscience de ce que me disaient mes amies ‘fais attention, à trop le couver tu risques un jour d’en payer les conséquences’. Alors elles sont là, les conséquences ? Faire face à un jeune homme complètement fermé qui refuse de partager sa mère sous prétexte qu’on héberge une jeune femme et que je lui donne trop d’importance ? Je suis triste de voir à quel point ça le met dans tous ses états. J’ai presque du mal à comprendre certains de ses signes tant ils sont rapides et imprécis. Je me concentre sur ses mains, les expressions de son visage pour capter le maximum de mots et en faire finalement la synthèse. « Tu en parles comme ci on devait l'adopter, comme ci je devais être gentil avec ma sœur mais elle est pas ma sœur, j'ai déjà une sœur et c'est pas elle ! » Je soupire, parce que je me sens dans une impasse. Corey ignore tout de la raison pour laquelle j’ai laissé Blair s’installer ici et je n’ai aucune envie de ternir l’image qu’il a de son grand frère en lui racontant cette histoire. Je n’ai pas le temps de dire quoi que ce soit que le garçon reprend déjà ses gestes effrénés pour exorciser ce qui le ronge. Je vois bien qu’il n’est pas heureux, mais juste pour son confort je devrais foutre cette gamine à la porte ? Il n’en est pas question. Il va devoir apprendre à partager. « Tu as même pas demandé mon avis ! » s’énerve-t-il. S’il pouvait parler, je sais qu’il me crierait dessus à cet instant précis. Et ce n’est pas parce que peu de sons ne sortent de sa bouche que ce n’est pas moins violent pour autant. Je finis par attraper ses mains pour qu’il se calme, il va finir par casser quelque chose ou se blesser, ou les deux. « Chéri calme toi ! » J’attends quelques secondes et une fois un peu plus calme je viens attraper son visage entre mes doigts fins, plongeant mon regard dans le sien. « Excuse-moi mon coeur. Excuse-moi de ne pas t’en avoir parlé avant, de t’avoir mis sur le fait accompli. » Je ne suis pas psy mais je suis mère, et je sais que parfois pour apaiser les choses, il est bon de mettre de côté sa fierté pour arriver à parler plus calmement. J’ai beaucoup d’empathie avec Corey, et je suis liée à lui plus encore qu’à mes deux autres enfants. Je n’aime pas être dans le conflit avec lui, c’est tellement rare que ça me bouffe une énergie folle. « Ecoute, je peux pas la mettre à la porte, elle a besoin de nous pour le moment. » Je dis nous, et non moi, parce que je suis sûre que Corey a un rôle à jouer lui aussi dans cette histoire. « Mais je te promets une chose, je vais faire plus attention, passer plus de temps avec toi, comme avant. Je ne voulais surtout pas que tu te sentes délaissé et je suis désolée si ça a été le cas, ça ne se reproduira plus. » J’ignore si ça sera suffisant, mais je me dois d’au moins essayer.

Corey avait énormément de mal à garder son calme, il fallait dire que son quotidien avait été changé de tout au tout sans prévenir, il avait énormément de mal à s'y faire. Égoïste ? Sûrement oui, malheureusement le garçon n'était pas toujours le plus mature qui soit et certainement pas le plus partageur, mais cela ne voulait pas pour autant dire que son malaise n'était pas réel. Il n'aimait pas cette fille, il n'aimait pas la place qu'elle était en train de prendre, il avait l'impression de... de devenir moins pour sa mère et Corey n'était clairement pas prêt à voguer de ses propres ailes encore alors oui, bien sûr qu'il paniquait et faisait tout son possible pour se faire remarquer, qu'elle se rappelle qu'il était là lui aussi et qu'il avait aussi besoin d'amour ! Même si forcément, sa mère avait elle aussi raison et sans doute plus que lui mais ça... ce n'était pas quelque chose que le blond avait envie d'entendre, certainement pas même. Mais au final il laissa sa mère le calmer, ne se débattant pas alors qu'elle lui attrapait les mains et laissant petit à petit la pression redescendre alors qu'elle posait ses mains sur son visage pour ensuite capter son regard. Oui, il aurait aimé qu'elle lui en parle avant, qu'elle lui demande son avis, c'était un fait. Car le fait de l'avoir mit devant le fait accomplit... ça n'avait fait qu'accentuer cette impression de rejet qu'il avait commencé à ressentir depuis qu'elle était là. Il s'était alors glissé entre les bras de sa mère, posant sa tête sur son épaule et la serrant contre lui alors qu'il la laissait continuer son discours. Et même si ce qu'il entendait ne l'enchantait pas, il se doutait bien que sa mère ne pourrait pas juste se débarrasser de cette fille, la mettre à la porte comme  une malpropre, c'était trop tard pour ça ! Mais au moins il avait pu s'exprimer et rien que ça déjà ça l'avait beaucoup aidé. Il s'était alors reculé un peu, reprenant un peu de distance pour pouvoir s'exprimer si besoin, la regardant longuement dans les yeux avant de se remettre à signer Je tenterais de faire des efforts mais je ne te promet pas de l'aimer. Je veux ta promesse aussi que ce ne sera pas définitif et que tout finira par revenir comme avant. Tu l'aides... mais tu l'aides à retrouver son chemin, d'accord ? Il voulait bien faire des efforts pour l'aider et lui tendre la main mais... il n'était toujours pas enclin à accepter l'idée qu'elle puisse appartenir à la famille un jour. Mais d'ailleurs... il y avait une chose qu'il n'avait jamais compris Pourquoi elle a besoin de notre aide en fait ?

Je suis rassurée de sentir que mon fils s’apaise doucement, je peux presque entendre son pouls se calmer, nous sommes tellement liés. Son visage entre mes mains, j’use de ma voix maternelle d’une douceur infinie pour lui dire les choses que j’ai à lui dire, tout en m’excusant de mes torts. L’étreinte de mon fils me fait soupirer légèrement, je crois qu’un instant j’ai eu peur de le perdre. C’est idiot je sais, mais il m’en veut, je l’ai vu dans ses yeux, et la culpabilité que j’ai ressentie à ce propos n’avait rien d’agréable. J’ai fait les choses à l’envers et je lui promets autant qu’à moi, que les choses vont changer. Il se recule finalement, gardant ce contact visuel si précieux qui nous unit depuis toujours. Ses mains se remettent à signer, de manière plus calme cette fois. « Je tenterais de faire des efforts mais je ne te promet pas de l'aimer. Je veux ta promesse aussi que ce ne sera pas définitif et que tout finira par revenir comme avant. Tu l'aides... mais tu l'aides à retrouver son chemin, d'accord ? » Je hoche doucement la tête. « Je ne te demande pas de l’aimer mon coeur, même si je suis sûre que si tu apprenais à la connaître tu l’apprécierai beaucoup… » Un sourire tendre vient étirer le coin de mes lèvres avant que je ne reprenne la parole. « Et je te fais la promesse que ce ne sera pas définitif, je l’aide à se remettre sur pieds, et quand ce sera le cas, qu’elle se sentira mieux, elle partira. » Cette simple idée me serre la poitrine mais je sais qu’il a raison, c’est ce qu’il y a de mieux à faire, mais je ne peux pas non plus lui dire que cette thérapie n’est pas seulement pour elle, elle est aussi pour moi. « Pourquoi elle a besoin de notre aide en fait ? » Je suis contente de comprendre qu’il s’inclut dedans, il ne m’a pas seulement pointé du doigt, il a pointé son torse aussi, et mon sourire en témoigne. Maintenant, à moi d’expliquer à mon fils pourquoi je suis si liée à cette jeune femme. « J’ai rencontré Blair il y a un an, elle est venue à mon cabinet, elle était enceinte et couverte de bleus. J’ai compris que son compagnon la frappait. » Il ne m’en faut pas plus pour que l’émotion paraisse dans ma voix. Corey est au courant de mon histoire même si j’en parle peu, il sait que le père de son frère aîné me frappait, et bien davantage lorsque j’étais enceinte d’Owen d’ailleurs. « J’ai essayé de l’aider mais elle n’a pas voulu de mon aide. Je m’en suis voulu de ne pas avoir insisté. Alors quand on s’est re croisées il y a quelques semaines, qu’elle m’a dit qu’elle n’avait nulle part où vivre, je me suis dit que c’était le moment de lui apporter mon aide… » Je tends finalement la main en direction de mon fils pour caresser tendrement sa joue.

Corey détestait vraiment cette situation... cela travaillait sur ses nerfs, sur son besoin d'attention, son amour propre. En fait il avait du mal à comprendre, à accepter que d'autres personnes viennent envahir sa vie sans réelle raison apparente, surtout vu le genre de relation qui semblait se créer entre sa mère et cette fille. Il avait un peu l'impression que sa mère essayait déjà de le remplacer, de se créer de nouveaux liens affectif alors que merde... il était encore là ! C'était un peu comme son père... sauf qu'elle faisait ça sous ses yeux et ça le terrifiait quelque peu. Donc oui ça lui faisait se comporter comme le pire enfant du monde mais en même temps, habitué à avoir beaucoup trop cette différence avait de quoi lui donner le vertige. Mais bon, il avait beau hurler, à sa manière en tout cas, et taper du point, il devait en effet comprendre sa mère et c'était ce qui lui avait permit de se calmer, d'essayer de ne pas se laisser emporter par ses émotions. Au final il lui avait même promis de faire des efforts ! Et... c'était une promesse qu'il n'était pas certain de tenir en faire mais elle n'en restait pas moins sincère, il ne voulait pas non plus mettre sa mère mal, il aimait l'attention qu'elle lui portait mais il l'aimait elle surtout donc il voulait lui donner le meilleur. Cependant il voulu se faire bien comprendre tout de même : Si il faisait un effort ce n'était pas pour l'accepter dans la famille, simplement l'aider. Sitôt que son problème serait réglé elle ne devait pas rester, elle devait reprendre sa vie loin d'eux, c'était tout ce qu’exigeait Corey. Mais bon, Norah semblait au moins d'accord sur ce point, même si elle voulait que son fils apprenne à connaître Blair mais franchement... ça il n'en avait pas envie. Il ignora donc volontairement ce passage pour simplement hocher de la tête, l'air de dire qu'il était satisfait de sa réponse sans s'emmerder à le signer.

Il avait alors été curieux, car si il connaissait la situation dans les grandes lignes il n'avait jamais réellement eut les détails. Alors, quitte à parler de tout ça, il avait décidé d'en profiter pour demander exactement pourquoi elle avait besoin d'aide et ce qui pourrait aider, ne comprenant pas pourquoi cette question avait tant fait sourire sa mère d'ailleurs. Il l'écouta donc attentivement et il nota alors un point... enceinte ? En soit elle ne l'était plus, normal en un an, mais qu'était-il arrivé au gosse ? De souvenir il n'avait pas vraiment vu de marmot hurler à la maison. Il la laissa cependant terminer, voyant bien que toute cette histoire semblait l'affecter. En même temps sa mère avait toujours été ainsi, à trop prendre les choses à cœur. Alors une fois fini il se mit à signer, commençant par ce qui lui semblait le plus important dans les questions qu'il se posait Il est où le bébé ? demandé le plus innocemment du monde même si il se doutait que la réponse ne devait pas être joyeuse Elle est toujours avec son compagnon ? C'est lui qui l'a mit dehors ? Il devait reconnaître que c'était moche... il pouvait se montrer exécrable lui même avec les gens mais frapper quelqu'un ? Ça lui paraissait tellement dur... il ne comprenait pas qui pourrait en arriver à de tels extrèmes.

Il me demande ce qui est arrivé à Blair pour que j’ai tant envie de l’aider. Ce n’est pas facile pour moi, je n’ai jamais eu trop de facilité à parler de cette partie de mon passé, même si elle fait aussi ce que je suis aujourd’hui. J’aurai pu mal tourner, sombrer dans la dépression ou dans l’alcool, mais je suis là, entière et équilibrée. Mes relations amoureuses en ont pâti, c’est une certitude, mais je suis l’heureuse mère de trois merveilleux enfants, je ne peux que remercier la vie pour ça. En attendant, je dois expliquer à mon cadet que l’histoire de la jolie blonde fait simplement écho à la mienne, et qu’outre le fait d’avoir eu envie de l’aider parce qu’elle en avait besoin, j’ai moi-même ressenti ce besoin, comme pour panser une plaie. Ma plaie. Une fois mon explication terminée, Corey visiblement un peu plus calme, il reprend ses gestes pour me demander. « Il est où le bébé ? » Je soupire un peu, une pointe au coeur. « Elle l’a perdu. C’est sûrement mieux comme ça. Le père d’Owen a été encore plus violent quand je suis tombée enceinte… » Ça me fait mal de me remémorer ces souvenirs, et encore plus mal de savoir que c’est ce bébé qui a reçu les coups à travers moi, qui a finalement été violent avec une femme à son tour. « Elle est toujours avec son compagnon ? C'est lui qui l'a mit dehors ? ». Si Corey se montre désagréable et peu accueillant avec Blair, je savais qu’il serait touché par son histoire, parce qu’il a un coeur ce gamin, quand même. « Non elle n’est plus avec lui, heureusement, je crois qu’elle est partie d’elle-même, j’en ai pas trop parlé avec elle, c’est compliqué, et douloureux. » Parce qu’il y a la violence physique, mais la violence morale, aussi, qui s’avère parfois même plus difficile à encaisser que les coups. « Mais elle a l’air forte, elle s’en relèvera, comme moi, et à ce moment là on la laissera partir, je te le promets. » Il a besoin d’être rassuré, et je suis là aussi pour ça, c’est mon rôle en tant que mère. « Ça va mieux ? » Il a l’air plus calme et moins en colère. J’espère seulement que ça va durer, je n’ai aucune envie de revivre ça tous les jours.

Tant qu'ils en était à parler d'elle, de cette fille, Corey s'était dit que, peut être ouai, il pourrait s'intéresser un peu plus à son cas. Cela ne voulait pas dire qu'il se sentait concerné ou qu'il l'aimait pour autant, il ne fallait surtout pas rêver ! Mais... peut être qu'il serait bon pour lui de comprendre un peu son histoire, ce qui lui permettrait d'avoir une meilleure vision d'ensemble et surtout de comment faire pour possiblement la faire se casser plus vite, c'était du moins ce qu'il avait envie de se dire. Alors oui en entendant le discours de sa mère il s'était posé des questions, des questions qu'il avait partagé avec elle afin de mieux comprendre... ok, il fallait reconnaître que ça n'avait pas l'air rose ! Corey n'ayant rien ajouté quand sa mère lui expliqua qu'elle avait perdu son bébé et baissant à la place les yeux. Surtout qu'il commençait à un peu mieux comprendre pourquoi sa mère se sentait aussi connecté à cette fille étant donné sa propre expérience passé. Qu'est-ce qu'il pouvait faire franchement face à de tels éléments pour les rapprocher ? Puis bon... même lui ne souhaitait ça à personne, il comprenait que c'était quelque chose d'horrible et traumatisant même si il n'était pas encore totalement prêt à admettre que Blair avait besoin qu'ils leur tendent la main. Il avait alors attentivement écouté la suite, les autres réponses à ses questions, tentant de se faire une vision d'ensemble de la situation C'est mieux en effet. avait-il d'abord signé par rapport au fait qu'elle n'était plus avec son compagnon violent à présent. Il avait alors réfléchit au reste et... ouai... peut être bien qu'il pourrait être plus cool avec elle, plus patient. Mais ce n'était vraiment pas facile pour lui et si il voulait bien faire un effort il ne pouvait pas assurer qu'il ne piquerait pas d'autres crises. Cependant... il voulait bien essayer de se montrer moins exécrable avec elle, moins hostile, au moins pour contenter sa mère J'espère qu'elle se relèvera vite. des mots qui, signé, pouvait donner l'impression qu'il lui souhaitait tout le courage du monde alors que si il avait pu prononcé ces mots ça aurait clairement sonné comme : J'espère que ça va pas durer des lustres ! Car oui, sensible ou non à sa situation il pensait toujours qu'à lui même si il se sentirait coupable à présent si elle se faisait mettre à la porte... merci maman et ses discours ! Il avait alors fini par secouer la tête de haut en bas avec une bouille toujours un peu boudeuse malgré tout quand elle lui demanda si ça allait mieux. Et en soit oui, il était moins en colère, moins frustré même si c'était juste le contre coup d'avoir déjà explosé. Cependant... ouai, il allait vraiment faire son possible pour être plus patient avec elle, c'était une promesse silencieuse faite à sa mère. Je peux avoir un nouvel aquarium en compensation? avait-il finalement demandé, affichant un énorme sourire qui montrait toutes ses dents. Bah quoi ? Tant qu'à faire autant lui soutirer un cadeau, non ?

Je sais qu’élever Corey comme s’il était un prince finirait par mal finir, ou me retomber sur le coin de la gueule. Il a développé un caractère qui correspond exactement à la manière que j’ai eu de l’élever. Je lui ai tout donné, j’ai sacrifié beaucoup pour lui, et je ne vois pas de toute manière comment il aurait pu en être autrement. Je me mords juste peut-être un peu les doigts aujourd’hui de constater à quel point il a peur que notre lien soit brisé d’une quelconque manière que ce soit. C’est compréhensible, mais je reste sa mère avant tout, et il va falloir qu’il le comprenne. Personne ne prendra sa place, ni même Blair. « J'espère qu'elle se relèvera vite. » finit-il par signer en guide de fin de conversation. Je comprends sans difficulté le double sens de ses affirmations. Je connais mon fils sur le bout des doigts. Mais je décide de ne pas relever, après tout, ça ne servirait à rien, à part envenimer les choses. Je cherche quand même à savoir si ça va mieux, s’il est calmé, et son approbation me rassure. Ce pendant, je vois bien qu’il ne va pas s’arrêter là, je connais le specimen. « Je peux avoir un nouvel aquarium en compensation? » demande-t-il finalement, toutes dents dehors, comme le petit Simba dans le célèbre dessin animé des studios Disney. Je lève les yeux au ciel, lâchant quand même un petit rire amusé. Ce gamin aura ma peau. « Tu vas finir par dormir dans un aquarium à cette allure ! Regarde ! Y’a plus de place nulle part ! » Je lui montre d’un geste vague l’entièreté de sa chambre. Et voilà qu’il me prend par les sentiments avec sa bouille de chien battu. Jeu set et match. « Ok. On ira samedi. Mais je compte sur toi pour être plus conciliant ! » J’attrape son menton et m’approche pour plaquer un baiser sur sa joue. « Je t’aime. » Ma main glisse alors dans sa tignasse blonde avant de me lever pour quitter sa chambre, plutôt satisfaite de cette discussion qui s’avérait utile, voire même nécessaire.