sorry i'm late (devon&eliot)

J’ai toujours été persuadée qu’il n’y avait pas de hasard dans la vie. Et ce sdf avec son panneau ‘chiots à donner’ n’est vraiment pas un hasard non plus. J’ai discuté longuement avec lui, il m’a expliqué que sa chienne avait eu des petits alors qu’il l’avait toujours surveillée. Mais une fois elle s’est échappée, et elle a dû rencontrer un joli mâle. Il est gentil ce monsieur, et je n’ai jamais réussi à jouer les indifférentes lorsque je passe devant un sans abris. Je trouve toujours quelque chose à leur donner, de l’argent, de la bouffe, des fringues. Après une longue discussion, je lui propose de lui prendre le dernier chiot de la portée, il est minusculement adorable. Mais plus que ça, je lui propose de m’accompagner chez le vétérinaire pour faire stériliser sa chienne. C’est pas donné, et il sera tranquille. J’en profite pour faire vacciner le chiot et vérifier que tout va bien pour lui. Une fois tout en ordre, le monsieur retrouve sa gentille chienne et me gratifie d’un sourire bienveillant. Quant à moi, je n’avais pas prévu de me retrouver avec un chiot. Je sais qu’Ellen ne m’en voudrait pas, du moins je crois, de rentrer avec un chiot, et le garder avec moi, avec nous, chez elle. Mais je me vois mal lui imposer ça, alors que je ne sais même pas si elle aime les chiens, ou même si elle n’est pas allergique. Et puis une illumination éclaire mon esprit. Devon. Devon a toujours rêvé d’avoir un chien mais n’a jamais pu, par manque de moyens. Aujourd’hui, ça va un peu mieux, financièrement j’entends. Je crois aussi que la présence d’un animal ne pourra lui faire que du bien. J’ai l’impression d’entendre la voix de son frère, mon ami, au dessus de mon épaule, qui me répète de prendre soin d’elle, comme si elle était ma soeur. Depuis qu’il est parti, j’ai toujours fait en sorte de m’occuper de sa cadette, et aujourd’hui, j’ai vraiment le sentiment qu’elle fait partie de ma famille. Je trouve une boîte en carton, un ruban, je glisse une serviette à l’intérieur du carton et le referme en ayant pris soin d’y faire quelques trous pour qu’il puisse respirer. Je pose la boîte entre mes jambes sur mon scooter, et c’est parti direction chez Devon. Le petit bonhomme n’en mène pas large, mais il sera d’autant plus fort après sa première virée en scooter. Lorsque j’arrive, la boîte entre mes mains, je sonne, et lorsqu’elle ouvre, un large sourire étire mes lèvres. « Tiens, cadeau ! Je sais j’suis un peu à la bourre pour ton anniversaire, mais mieux vaut tard que jamais nan ? »

les jours passent et ne se ressemblent pas. ils pourraient hein. c'est pas comme si je faisais des choses folles en me réveillant. non, c'est juste que malgré la routine tatouages puis violon, rien n'est jamais pareil. jane semble s'être adoucie mais ça dépend des jours. je crois que j'ai du mal à la suivre. c'est pas que je l'aime pas, loin de là. c'est juste qu'elle est bizarre parfois. elle ne semble pas vouloir me connaître mais elle me suit jusqu'au cimetière y'a quelques semaines. qui fait ça ? bah elle visiblement. et je ne sais pas quoi en penser. je la vois tous les jours jane, ou presque. très souvent. elle a besoin de ces cours et moi aussi. j'comprends toujours pas pourquoi on doit les prendre ensemble mais bon en un an j'ai eu le temps de m'y faire. c'est d'ailleurs de ce cours que je viens. tout s'est bien passé, rien de fou encore une fois. mais la mélodie n'est jamais la même. selon nos émotions, notre état de fatigue, ce qu'on a mangé.. bref. c'était encore une fois différent. une fois à l'appartement je m'installe, me met à la cool. j'dois bosser sur un tatouage pour après demain mais c'est bel et bien la seule chose que je dois faire. y'en a qui dirait que je me laisse vivre plus que je ne vis ma vie. mais bon, c'est comme ça que j'ai décidé de faire. et devinez quoi ? je suis encore en vie alors c'est que ça fonctionne non ? de toute façon pour qui je pourrai bien me battre maintenant. y'a plus personne autour de moi. l'appartement est vide. totalement vide. du moins jusqu'à ce qu'on vienne sonner à la porte. j'attends personne enfin j'crois pas. puis j'ai rien commandé non plus. étrange. mais ça ne m'arrête pas et je me rends vers l'entrée pour voir qui vient me déranger. mais le sourire prend place sur mon visage lorsque je voila brune qui se cache derrière le bois. eliot. même si aucun mot ne sort de mes lèvres, l'expression que j'ai montre bien que je suis heureuse de la voir. " tiens, cadeau ! je sais j’suis un peu à la bourre pour ton anniversaire, mais mieux vaut tard que jamais nan ? " je me retrouve avec une boîte enrubannée avec quelques trous sur le côté. je l'interroge du regard mais forcément, rien ne vient. sans plus attendre et la laissant poireauter dans l'entrée, je pose le cadeau au sol et l'ouvre pour y découvrir un bébé chiot. mes yeux s'écarquillent, ma bouche s'ouvre et je switche de la bestiole à eliot pour être certaine de bien comprendre. mon index que je viens pointer sur ma poitrine, seul moyen que j'ai actuellement de lui demander s'il est bien pour moi. alors que la petite chose jappe et n'attend qu'une chose, que je la prenne dans mes bras.

C’est toujours un bonheur de voir apparaître ce sourire, parce qu’il a mis longtemps à revenir. Et puis, je connais assez bien Devon pour réussir à savoir si elle cherche à faire semblant ou non. Et là, je la sens sincère, elle est heureuse de me voir. Mon sourire s’étire et sans tarder je lui tends la boîte qui contient son cadeau d’anniversaire - un poil en retard. Elle s’empresse de l’ouvrir après l’avoir posée sur le sol et découvre bien vite la trogne de ce chiot miniature. C’est vrai qu’il est aussi gros qu’un chaton de quelques semaines, ça semble même un peu fou, il doit être croisé avec un chihuahua, j’en sais rien, mais il a une bouille à croquer. Je vois sur son visage qu’elle a l’air satisfaite, et elle me demande juste en pointant son doigt sur sa poitrine si c’est bien pour elle. Je hoche vivement la tête en souriant. « Il n’attendait que toi. Quand je l’ai vu je me suis dit que vous étiez faits pour vous entendre. » Je ne suis pas du genre loquace comme nana, j’aime bien avoir une certaine tranquillité, solitude aussi, même si je suis quand même sociable, mais parler, ça n’a jamais trop été ma tasse de thé. Pourtant, depuis la mort de son frère et le mutisme dans lequel est entré Devon, je n’ai pas trop le choix, et puis ça ne me dérange pas au final. Je parle pour deux, je lui raconte des histoires, j’essaie de combler le manque, l’absence, du mieux que je peux. Je la laisse prendre le bébé dans ses bras, il est ridicule au creux de son coude, mais c’est adorable. « Il va falloir qu’on lui trouve un nom, même si tu devras trouver un moyen de communiquer avec lui, parce que j’te préviens, j’ai pas encore eu le temps de lui apprendre à lire ! » Je ris un peu et me baisse pour récupérer la boîte, et j’entre avant de fermer la porte. « Faut que j’te raconte son histoire, peut-être que ça t’aidera à lui trouver un nom. » Je m’installe avec elle dans le canapé alors que la bestiole sautille dans tous les sens, et je me mets à lui raconter l’histoire de ce SDF, le vétérinaire, tout ça. Devon est attentive, même si son regard ne lâche pas la petite boule de poils. « Alors, ça t’inspire quelque chose ? »

elle confirme, elle me le confirme visiblement cette petite boule de poils est pour moi. c’est fou, c’est totalement dingue et mon sourire ne fait que s’élargir. ” il n’attendait que toi. quand je l’ai vu je me suis dit que vous étiez faits pour vous entendre. “ j’attrape l’animal qui se blottit contre moi pratiquement instantanément. et je continue de sourire. le tenant avec un peu de crainte, je la remercie du bout des lèvres. juste les gestes, juste le mot articulé alors qu’évidemment, aucun mot ne sort de ma bouche. l’intention est là, la pratique beaucoup moi. ” il va falloir qu’on lui trouve un nom, même si tu devras trouver un moyen de communiquer avec lui, parce que j’te préviens, j’ai pas encore eu le temps de lui apprendre à lire ! “ elle se moque elle se moque, mais je sais qu’elle a raison. je lui tire quand même la langue et la laisse entrer dans mon appartement. elle récupère la boite et moi je reste avec le petit truc dans les bras. je me relève en faisant attention au moindre de mes mouvements pour ne pas l’effrayer ou le brusquer. ” faut que j’te raconte son histoire, peut-être que ça t’aidera à lui trouver un nom. “ je hoche la tête et on s’installe dans le canapé pour qu’elle m’explique d’où vient le chiot. je trouve ça adorable et admirable. eliot elle est comme ça. elle est prévenante et généreuse. moi c’est comme ça que je la vois mais je suis certaine que c’est le cas pour beaucoup. je caresse toujours le petit chien qui s’endort contre moi. il est vraiment adorable j’en reviens pas. ” alors, ça t’inspire quelque chose ? “ je réfléchis, note mentalement plusieurs idées mais c’est assez difficile dans le cas présent de les lui communiquer. alors je pointe le carnet sur la table et lui demande silencieusement de me le passer. de ma main libre, je le place sur mon genou et commence à noter ce qui me passe dans la tête. en rapport avec la bouffe. reglisse, cookie, pickles, apple, beans, mochi, chip, nugget, crumpet… je sais pas… une préférence ? beaucoup trop de choses qui me viennent en tête pour un seul animal. puis je crois que j’ai faim. un peu. j’vais pas bouffer l’animal mais va falloir que je me nourrisse. et lui aussi. reprenant le jeu des mimes le temps qu’elle réfléchisse, je montre que je mange quelque chose, dessine un point d’interrogation et montre le chiot avant de hausser les épaules. elle a eu le temps de se faire à mes codes bizarres vu que je ne maîtrise pas la langue des signes. donc elle comprendra. même si j’intègre un nouvel élément. cette petite boule de poils.

Je taquine Devon, mais au fond, ça me fait mal au coeur qu’elle soit entrée dans un mutisme à la mort de son frère. Je connaissais sa voix, je l’aimais beaucoup d’ailleurs. Elle avait quelque chose de touchant, un petit grain particulier que j’aimais bien écouter parler, raconter. Et aujourd’hui, plus rien. Il a fallu que je m’habitue, mais ça n’a pas été facile. Finalement, elle a trouvé le moyen de se faire comprendre, même si j’imagine que c’est plus facile pour les gens qui la connaissent. Les codes du corps jouent aussi, et le regard. Devon a un regard très expressif, et ça m’aide le plus souvent à la comprendre, elle n’a pas besoin de me parler pour ça. Je l’aimais déjà beaucoup avant que son frère ne s’en aille brutalement, mais aujourd’hui, le lien qui existe entre nous est encore plus fort que ce qu’il a été. Je me sens investie d’une mission, prendre soin d’elle, vérifier qu’elle va bien, qu’elle ira bien. Pour elle, mais aussi pour lui. Je m’installe dans le canapé et lui raconte l’histoire du chiot sans tarder. Je pars dans mes explications, appuie sur certains détails, elle boit mes paroles et je trouve ça adorable. Mais pas plus adorable que la micro boule de poils qui s’est endormie tout contre elle. Il l’a adopté, c’est une certitude. Je lui demande finalement si ça lui a donné des idées, elle cherche un rapport avec la bouffe, ma foi pourquoi pas. Je lis comme je peux, de loin, avec son écriture un peu bancale vu qu’elle n’a qu’une main pour écrire et l’autre est monopolisée par le chien, et elle ne peut pas tenir l’ardoise. Je plisse parfois un peu les yeux pour déchiffrer, ris un peu à certaines propositions, et retiens seulement ceux qui me plaisent. « Alors, j’aime bien cookie, mais j’adore nugget ! » Je ris à nouveau. « C’est trop mignon, un p’tit nugget ! Ça lui va bien j’trouve. » Finalement, Nugget est accepté, et même si la boule de poil n’entendra pas beaucoup son nom, au moins il en a un, et je saurai comment l’appeler quand je viendrai. Ça va pas être de la tarte d’éduquer un chien sans lui parler mais je suis sûre que Devon redouble de bonne idées et d’inventivité, elle saura comment faire, même si c’est singulier. Ce sera comme elle. Unique. Elle me mime quelque chose, j’essaie de comprendre et ris en assimilant les informations. « Non alors, c’est p’tetre un p’tit nugget, faut pas le mettre à la poêle celui là. Fais gaffe si maltraitance il y a je le prends avec moi. Bon il risquerait de se perdre dans la maison d’Ellen, je conçois. Il est mieux ici. Tu veux que j’aille chercher un truc à grignoter ? » Je sais, on est chez elle, mais là elle est bloquée, et j’aime me rendre utile.

je n'arrive pas à détacher mon regard de la boule de poils. c'est fou ce qu'il est petit ce truc. vraiment tout petit. je ne sais pas si j'ai déjà vu un chiot aussi petit. je tente de lui écrire quand même les propositions que j'ai en tête et j'espère qu'elle va arriver à me lire. je la vois déchiffrer ce que j'ai écris mais au final j'ai quand même bien l'impression qu'elle comprend ce que j'ai mis. " alors, j’aime bien cookie, mais j’adore nugget ! c’est trop mignon, un p’tit nugget ! ça lui va bien j’trouve. " je la regarde, puis le chiot. puis à nouveau eliot avant de hocher la tête vigoureusement. je trouve aussi que nugget lui va bien. " non alors, c’est p’tetre un p’tit nugget, faut pas le mettre à la poêle celui là. fais gaffe si maltraitance il y a je le prends avec moi. bon il risquerait de se perdre dans la maison d’ellen, je conçois. il est mieux ici. tu veux que j’aille chercher un truc à grignoter ? " je rigole même si je sais qu'elle se fout de moi plus qu'autre chose. mais je finis par hocher la tête. j'ai faim oui. mais ce n'est pas tout ce qui m'intéresse pour le moment. je la laisse filer dans la cuisine. elle va surement trouver des chips dans un placard ou d'autres trucs à grignoter. je crois  même que j'ai du popcorn à faire au micro onde. oui j'ai jamais dit que je savais me nourrir. parce que c'est pas le cas. pour ce que je me nourris déjà de base. disons que je prends le nécessaire pour rester lucide. le temps qu'elle revienne, je reprends mon stylo. enfin avant ça je pose nugget entre mes jambes que j'ai placé en tailleur. il va vraiment ce perdre ce petit truc, je suis sure qu'il va me faire cavaler. et lui il mange quoi ? faut que je le sorte ou y'a une genre de litière ? je dois acheter une laisse, un collier, une gamelle, un coussin... je note ces choses et réfléchis avant de terminer par une question. autre chose ? j'ai jamais eu d'animal alors... je sais pas trop quoi faire.

Je me fous un peu d’elle, mais c’est de bonne guerre. Je sais qu’elle s’en occupera à merveille, je n’ai aucun doute là dessus. Et puis, il faut voir comment elle le regarde avec ses petits yeux d’amour. Un peu comme lui d’ailleurs, ils se sont bien trouvés ces deux là ! Et moi je suis heureuse d’avoir pu contribuer à cette future vie à deux. Dire qu’ils vont peut-être vivre ensemble quinze ans ! Je trouve ça dingue. Je propose à Devon d’aller nous chercher à manger, et sa réponse est sans appel, vu le hochement de tête vigoureux. Je me lève alors en riant un peu et fouille dans les placards, revenant avec quelques victuailles que je pose sur la table basse, voyant immédiatement le petit museau de Nugget se relever et frétiller. C’est adorable. Elle griffonne quelques mots avant de me tendre le papier qui me demande plusieurs détails sur le chiot. « Alors, il mange bah des croquettes, faudrait pas tarder à aller dans un magasin pour les animaux pour lui acheter ce qu’il faut. Il faut que tu le sortes oui, le plus souvent possible pour qu’il fasse ses besoins, parce que les chiens ça n’a pas de litière. » Je ris un peu mais je ne juge pas, si elle ne connaît pas elle ne peut pas savoir, et puis il est tellement petit, une litière ce serait bien pratique ! « Du coup ouais, laisse et collier pour le promener, des gamelles pour manger et boire, un coussin si tu veux pour qu’il ait un endroit rien qu’à lui, et puis même des jouets si tu veux jouer avec lui, ou qu’il puisse jouer tout seul quand tu n’es pas là. » Je lui offre un large sourire. J’espère qu’elle ne se sentira pas dépassée. « Et puis je suis là si y’a besoin, tu sais bien, tu m’envoies un texto et je rapplique, si t’as la moindre question, tout ça, j’suis là. » Je le répète parce que ça me semble important qu’elle l’intègre. Si son frère n’est plus là, moi je suis là, et je ne compte pas l’abandonner.

eliot a l'habitude de l'appartement. elle sait où tout se trouve alors elle évolue sans grande difficulté qu'elle nous ramène de quoi grignoter. une fois qu'elle s'est posée je lui passe le calepin pour qu'elle lise ce que j'ai inscrit, les questions que je me pose. " alors, il mange bah des croquettes, faudrait pas tarder à aller dans un magasin pour les animaux pour lui acheter ce qu’il faut. il faut que tu le sortes oui, le plus souvent possible pour qu’il fasse ses besoins, parce que les chiens ça n’a pas de litière. " je hoche la tête. ça je m'en doute. ça va me faire sortir au moins. il est peut être trop petit pour le moment mais plus tard je pourrai tenter de le promener en étant sur mon skate. je suis certaine que ça lui fera du bien de courir. là j'aurai trop peur de lui rouler dessus. déjà que j'ai peur de lui marcher dessus... il est vraiment tout petit c'est pas possible. mais tellement adorable. je m'amuse avec lui et le caresse, touche le bout de sa truffe, bref on s'appréhende. " du coup ouais, laisse et collier pour le promener, des gamelles pour manger et boire, un coussin si tu veux pour qu’il ait un endroit rien qu’à lui, et puis même des jouets si tu veux jouer avec lui, ou qu’il puisse jouer tout seul quand tu n’es pas là. et puis je suis là si y’a besoin, tu sais bien, tu m’envoies un texto et je rapplique, si t’as la moindre question, tout ça, j’suis là. " à nouveau je hoche la tête tout sourire. je pense que je pourrai sans soucis acheter tout ça. j'ai de l'argent de côté, je ne suis pas une grande dépensière. et puis il faut bien qu'il ait son petit coin à lui. merci. tu pourras venir le voir quand tu veux tu sais bien ! je suis sure qu'elle l'aime bien aussi ce petit nugget. ça va toi ? parce que l'arrivée du chien nous a fait oublier les politesses d'usage.

J’essaie d’être la plus précise possible dans les explications que je lui donne. Je sais qu’elle a beaucoup d’amour à revendre, et qu’elle s’en occupera bien. Il sera jamais plus mal ici avec Devon que dans l’environnement dans lequel il est né. Dormir dans la rue, c’est pas l’extase, même si un chien est plus heureux avec son maître, peu importe où il vit. Ce petit Nugget sera heureux avec Devon, c’est une certitude. Et je serai là pour l’aider si elle en ressent le besoin. J’ai jamais eu de chien vraiment à moi, ça risque de me donner envie, je crois pas qu’Ellen serait contre avoir un animal chez elle, je m’en occuperai. Ça va rester dans un coin de ma tête. En attendant, c’est de Devon dont je prends soin en lui offrant cette petite boule de poils minuscule. Je les regarde s’apprivoiser tous les deux, c’est absolument adorable. Je suis heureuse d’avoir pu trouver une maison pour le petit chiot, et un compagnon pour Devon. C’était écrit comme ça, j’en suis persuadée. Elle m’écrit que je pourrai venir le voir quand je veux, et je souris largement. « J’espère bien ouais, je suis son ange gardien. » Je ris un peu. Je crois que d’un côté, je le suis aussi un peu pour Devon, même si je suis pas seule à l’être, elle a quelques personnes qui lui viennent en aide dans son quotidien, et tant mieux, elle en a besoin. Finalement, elle me demande si je vais bien. Je hoche la tête en souriant. Etrangement, ça va bien. Très bien même. « Ecoute, ça va, bon le boulot c’est toujours un peu la merde, ils me prennent pour le larbin, j’fais tout pendant qu’ils boivent leurs bières… » Je hausse les épaules en soupirant, et reprends sur une note positive. « Et puis bah chez Ellen tout va bien, on s’est bien apprivoisées, j’crois qu’elle a vite compris que j’étais pas du genre à trop m’attacher, ou à me poser, ou j’en sais rien. Elle est vachement compréhensive, du coup, pas de prise de tête, j’vis ma vie quoi. » Ouais, enfin, pas du genre à m’attacher, c’est ce que je dis, mais j’crois que c’est déjà trop tard…

j'ai de la chance de l'avoir quand même eliot. parce qu'elle est là pour moi, elle m'aide, elle m'apporte des chiots. franchement quoi demander de plus. " j’espère bien ouais, je suis son ange gardien. " elle n'a pas besoin de ça pour venir de toute façon. mais peut être qu'elle sera là plus souvent du coup. j'aime bien la voir. eliot elle n'est pas chiante. elle ne m'emmerde pas sur le fait que je ne parle pas. elle ne me fait pas la morale sur telle ou telle chose. elle est là en soutien et j'en ai franchement besoin. même si je ne le dis pas, ne le reconnais pas. j'ai toujours eu l'habitude de me débrouiller toute seule, ou avec john lorsqu'il était là. maintenant et bien je n'ai plus qu'elle en vérité. elle et la musique. alors forcément, même si c'est elle mon soutien et non l'inverse, j'aime savoir comment elle va. j'aime connaître sa vie, ses nouvelles aventures. " écoute, ça va, bon le boulot c’est toujours un peu la merde, ils me prennent pour le larbin, j’fais tout pendant qu’ils boivent leurs bières…  " je fronce le nez, je n'aime pas du tout entendre ça. j'aime pas ces mecs là. je ne les ai jamais vu mais je ne les aime pas. " et puis bah chez ellen tout va bien, on s’est bien apprivoisées, j’crois qu’elle a vite compris que j’étais pas du genre à trop m’attacher, ou à me poser, ou j’en sais rien. elle est vachement compréhensive, du coup, pas de prise de tête, j’vis ma vie quoi. " y'a un truc dans son regard qui dénote avec ce qu'elle me raconte. j'attrape le carnet et prends le temps d'écrire avant de le lui montrer. quitte à la laisser s'occuper de la bestiole à poils en attendant. ils sont nuls dans ton boulot. t'es obligée de rester là bas ? c'est cool pour ellen mais tu sais, je suis muette, pas aveugle. qu'est ce que tu ne me dis pas ? t'as pas l'air si ravie que ça d'être libre. je souris et lui tends le tout en attendant sa réaction. celle qui me fera comprendre si j'ai visé juste ou non.

Ça pourrait être bizarre de parler toute seule, mais en vérité, si Devon ne parle pas, je n’ai pas la sensation de parler seule. Parce qu’on se comprend, parce qu’un regard suffit parfois. Les gestes comptent aussi. Et je suis étrangement - ou pas - bien plus bavarde avec elle que je ne le suis avec d’autres. Sûrement une question de confiance, le fait de me sentir bien en sa présence, d’avoir ce besoin perpétuel de la protéger, comme l’aurait fait son frère s’il était encore présent. Elle me demande de mes nouvelles et je ne rechigne pas à lui parler de ma vie, d’abord de mon boulot qui me fait chier, et puis d’Ellen, de ce qui se passe entre nous, ou pas. Enfin, je parle des grandes lignes, je ne dis pas, pas de suite en tout cas, ce qui peut bien nous lier la quinqua et moi. Mais je vois dans le regard de Devon que ça ne lui suffit pas, et déjà elle se rue sur son bloc notes pour écrire des mots à la va vite, dans une écriture un peu brouillonne. Mais je ne lui en veux pas, j’arrive quand même à la lire. Je tends la main pour récupérer le bloc, et me mets à ricaner un peu. Plus parce que je ne peux pas lui cacher grand chose, que parce que la situation est risible. « Ce que je te dis pas…hum… on a couché ensemble ? » Je penche la tête un peu sur le côté, voyant son visage intéressé m’en demander davantage. « Pas qu’une fois d’ailleurs. Mais ouais, elle sait que j’suis pas encore tout à fait remise de mon ex, que je suis pas quelqu’un qui aime se sentir dans une cage. Alors elle demande rien, elle me laisse venir quand j’ai envie de venir, et me laisse vivre ma vie comme j’ai envie. » Je hausse les épaules, souriant en coin, parce que c’est sans doute ce qui me plait le plus en elle, tout à l’inverse de ce qu’était Sofia. C’est peut-être pour ça aussi que je m’attache autant à Ellen, alors que je devrais pas. « Mais bon elle a cinquante piges quoi ! » En réalité, je m’en fous un peu de son âge, carrément même, parce que c’est au dessus de ça. J’essaie juste de me trouver des excuses. Tu parles.