Not a good night [Ezra]

On ne pouvait pas vraiment dire que Purdy avait une chance folle en amour. Oh il plaisait ! On tombait sous le charme de ses traits, de son allure d'enfant à la limite de l'indécence, de son sourire, de la fraîcheur de sa personnalité, mais cela ne durait guère généralement. Non Purdy... il était l'amant d'une seule nuit, la sucrerie, celui que l'on rêvait de toucher de manière indécente mais qui, une fois fait, on ne voulait pas garder. L'éternel coup d'un soir et pourtant il s'y était fait, il avait prit le pli et il avait compris que son côté trop enfantin l'éloignerait inévitablement de beaucoup de relations mais il s'en fichait, il refusait de changer, si il devait trouver l'amour il voulait qu'on puisse l'aimer pour ce qu'il était. Du coup en attendant il acceptait d'être ce faux interdit, ce joli morceau de sucre que l'on prenait en extra avant de reprendre son régime habituel et au fond il en profitait bien aussi, il ne pouvait pas dire que ça lui déplaisait, surtout vu le côté dévergondé que lui même pouvait avoir derrière sa bouille d'ange ! Mais il n'empêche qu'il y avait des choses qui pouvait faire mal, comme le coup qu'allait lui faire son amant du soir.

Car il avait rencontré ce gars sur The Chart, un gars qui en soit n'avait rien de bien particulier si ce n'était d'être beau et excité. Cela avait commencé par un message envoyé par ce dernier, un message qui ne laissait pas vraiment place à du rêve ou de la poésie mais qui avait eut le mérite d'être clair et direct sur ce qu'il voulait et Purdy s'était laissé tenté. Le seule soucis était que monsieur ne voulait pas recevoir et Art lui ne vivait plus seul, ce qui rendait les choses plus compliqué. Or il avait insisté et insisté... alors Purdy s'était dit que, peut être, si jamais il le ramenait assez tard personne ne se rendrait compte de rien ? C'était en tout cas l'idée et en effet, après être allé boire un verre avec ce garçon il avait fait en sorte de rentrer tard, très tard pour éviter de tomber sur tout le monde dans le salon. Il lui avait demandé d'être discret tout en l'amenant dans sa chambre et de là... oui, disons que ça avait bien commencé ! L'autre garçon, affamé, l'avait rapidement défait de ses vêtements ainsi que des siens avant de le pousser dans le lit. De là s'était enchaîné une suite de baisers, de caresses et de préliminaires, histoire de faire bien monter la température. Purdy s'était même retrouvé la mains menotté dans le dos par son camarade nocturne qui avait rapporté sa paire pour ajouter un peu de... piquant !

Mais avant de pouvoir passer aux choses sérieuses monsieur avait eut besoin de pisser. Alors il avait demandé à Art de rester là bien sagement comme une jolie fleur et en effet il avait attendu, attendu tout excité !... Jusqu'à ce que le temps se fasse vraiment long... Qu'est-ce qu'il foutait au juste ? L'espace d'un instant il s'était demandé si il ne s'était pas fait avoir comme un bleu par un cambrioleur mais non, ses fringues étaient encore là et il le voyait mal prendre la fuite avec son butin avec juste son boxer, la seule chose qu'il avait gardé. La vérité ? Son amant avait trouvé mieux, tout simplement, et si il avait été excité à l'idée de se faire le petit Purdy, en tombant nez à nez le beau Ezra Lewis il en avait totalement oublié le plus jeune pour aller draguer, toujours sans le moindre tact, ce beau mâle virile. Purdy de son côté ? Il avait fini par se lever, ouvrant la porte comme il pouvait avec ses mains liées avant de sortir sa tête pour voir ce qu'il se passait, paniquant totalement en voyant son coloc et pire encore, en voyant son amant se coller franchement à lui « Mais... mais... mais qu'est-ce tu fous ?! » demanda-t-il horrifié, ne sachant pas trop si c'était son cœur et son ego qui lui faisait mal ou si c'était la possible réaction d'Ezra qui le terrifiait.

Il se fait tard mais Ezra ce soir a pas mail traîné dans les bars. Pensant ramener une femme dans son lit mais en fait, il est rentré tout seul. Il n'avait pas ressenti l'envie de finir accompagné. Ce qui est étrange en soi, puisqu'il adore la présence des femmes à ses côtés, même si elles sont éphémères. Mais non, son esprit est ailleurs, ce soir. Toujours dans les vestiges de ce passé qui le hante au quotidien. En rentrant, il n'y avait personne. Nik' devait être en service et le petit blondinet qui est arrivé dans la coloc' récemment n'est pas là non plus. Ça ne lui déplaît pas de retrouver son amie, la solitude, qui le colle depuis des années. Parce que même quand il est entouré, il se sent vide. Enfin bon, ce soir ce n'est pas l'éclate et il n'est pas de bonne humeur. Oui, Ezra peut être de bonne humeur parfois même si ça ne se voit pas. Alors le fait qu'il n'y a personne dans les parages, ça le soulage. Au moins, il n'allait pas ressentir un quelconque agacement sans raison apparente. Il prend une douche, met son short pour dormir en restant torse-nu et voilà. Il est là dans son lit à scruter le haut de son plafond. Ses pensées se retrouvent toujours en Alaska. Les souvenirs de moments passés auprès de son ami, Adriel, qu'il considérait comme un frère, toujours dans sa tête. Kaya aussi. Sa peau douce couleur chocolat, ses yeux ébènes qui transpercent son cœur, son âme. Toujours présente lorsqu'il ferme les yeux. Et le drame qui frappe son esprit de plein fouet. Le moment où Adriel a su. Où il l'a frappé sans que le Lewis ne fasse quoi que ce soit d'autre. Kaya qui part et la mort de Adriel. Il lâche un soupir et se redresse de son lit. Il ne peut pas dormir maintenant. Même si ça fait bien une heure qu'il est là à chercher ce con de Morphée. Il n'a même pas entendu un de ses coloc' rentrer tellement il était absorbé par son passé. Il va aller fumer une clope. Comme si ça lui permettait de pouvoir exulter toute ses pensées qui l'empêche de trouver le sommeil. C'est une connerie, il le sait bien.  Mais là, clairement, il fallait qu'il bouge de son lit. Ezra se retrouve bien vite dans la cuisine, une clope entre ses lèvres et il a sorti une bière aussi tiens. Enfin bon, ça ne lui permet pas non plus de se sentir en paix tout ça. Une voix le sort soudainement de ses pensées. Un mec en boxer se tient juste derrière lui. Merde, c'est qui lui putain ? « Salut. » répond le blond d'un ton monocorde. Juste pour être poli parce que bon ça doit être un mec ramené par un de ses coloc'. Ça le saoule d'être poli d'ailleurs dans ces moments là. Enfin surtout que lui là, il n'a pas envie de parler à qui que ce soit. Cependant, le gars s'approche et demande s'il peut prendre une bière aussi. Ezra hoche juste de la tête, lui faisant comprendre qu'il pouvait se servir. Mais il ne part pas même après avoir pris sa bouteille. Non, il reste là et se tient juste aux côté de Ezra. Ça y est Ezra sent cet agacement venir. « Bon, bonne soirée. » il espère lui faire comprendre par là que c'est bon maintenant qu'il a sa bière, il peut partir rejoindre soit Nik' ou soit Art. Il s'en fout totalement mais là franchement il fallait qu'il s'en aille et surtout qu'il arrête de lorgner son torse comme ça ! Le jeune homme semble aimer le risque puisque ce dernier s'approche un peu plus, osant poser une main sur son bras sculpté, tenant des propos pas très catholiques. « Mais... mais... mais qu'est-ce tu fous ?! » ça a été rapide même la voix de Art n'a pas réussie à le retenir. Ezra pousse brutalement l'inconnu, l'envoyant paître contre la table de la cuisine qui se trouvait derrière lui. « Putain je vais te massacrer !!! » Ezra n'a rien contre les homos, loin de là, il ne faut juste pas qu'un homme essaye de le séduire parce que sa réaction peut être vive. Comme là. Enfin surtout là puisque l'étranger lui a fait des avances un peu trop osées. Et puis de toute façon ce soir, il n'est vraiment pas d'humeur.

Comment une aussi jolie soirée pouvait-elle autant dégénérer sérieusement ? Purdy avait été encore naïf de croire que cela pourrait bien se passer, que pour une fois avec un mec il passerait un moment agréable et pas un juste... dégradant et humiliant. Mais il fallait croire que c'était peine perdu... Pourtant ce soir allait atteindre des sommets ! Car si il avait en effet l'habitude de n'être rien de plus qu'une vieille chaussette, une simple poupée gonflable ayant attiré les garçons volages qui n'aimaient en lui que cette part de féminité et de fragilité qu'il dégageait, pour le coup on ne lui avait jamais fait un coup comme son amant actuel. Pourtant tout était si bien partit, il y avait du désir dans ses yeux, un petit jeu entre eux et un feu qui ne cessait de grandir. Purdy s'était même laissé menotté pour le plaisir de son partenaire, pour le siens aussi au fond avant d'attendre bien sagement que celui ci revienne, impatient de pouvoir sentir leurs corps fusionner le temps d'un merveilleux ébats. Mais ce ne fut pas la cas, non ce ne fut pas le cas car son si parfait amant venait de le laisser en plan, Art attendant pour ce qui lui semblait être une éternité avant d'enfin se décider à se lever pour tomber sur une scène... qu'il aurait jamais pu imaginer.

Car son amant ? Il l'avait déjà oublié malheureusement, oublié pour les muscles saillant de son colocataire. C'était juste terrible de se faire jeter comme ça, comme une vieille chaussette même pas utilisé en plus pour de suite passer à plus intéressant, pour le laisser attaché seul et nu dans une chambre tandis qu'il allait s'amuser dans une autre. Mais pour ne rien arranger il fallait que ce soit avec son colocataire et un colocataire qui... n'était clairement pas amusé par ce qui se passait ! Et cela posait un autre problème ! Car plus que d'être jeté par le garçon qu'il avait ramené au profit de son colocataire, il était surtout en train de foutre la merde avec ce dernier en se jetant sur lui alors qu'il n'était clairement pas consentant, créant une situation chaotique dont Purdy n'avait aucunement voulu. Et en voyant Ezra repoussé l'autre garçon avec violence... il se mit à paniquer totalement, quittant totalement sa chambre pour entrer dans le salon, qu'importe sa tenue ou plus exactement son absence de tenue « Non, arrêtez ! » avait-il crié, ne voyant pas vraiment quoi dire d'autre, mais il était juste horrifié et tétanisé, ne sachant pas comment réagir face à toute cette situation qui le dépassait. Son amant, un peu sonné, avait fini par se tourner vers Ezra avant de lui faire un doigt « T'es qu'un taré mec ! Tu sais quoi ? Va te faire foutre avec ta pute ! T'es même pas si canon que ça en plus... » Avait-il lancé avant de se dirigé vers la chambre, poussant Purdy qui se trouvait sur son chemin et le faisant tomber au sol pour aller récupérer ses affaires.

Il avait alors quitté l'appartement en vitesse, ses fringues dans les mains, craignant sans doute que Ezra ne lui en colle en effet une, les laissant alors tous les deux seuls dans l'appartement ou du moins tous les trois vu que Nikita dormait toujours à point fermé. Art de son côté ? Il ne s'était pas relevé mais redressé, se mettant au moins à genoux, évitant de regarder Ezra, ayant tellement honte de ce qui venait de se passer. Lui qui voulait s'intégrer ici il donnait vraiment une bien piètre image de sa personne et, à la fois terrifié de ce que son colocataire pouvait penser de lui et blessé au plus profond de son être par ce garçon qui s'était détourner si facilement de lui pour ensuite l'insulter et le pousser comme un vulgaire déchet, il avait fini par craquer, commençant à sangloter, les mains toujours liées dans le dos. Il n'était pas du genre à pleurer Art, ceci malgré son apparence de gamin, mais là c'était vraiment trop à encaisser d'un coup.

Il n'est pas allé de main morte. Non mais c'est qui lui putain ?! D'où il vient et le caresse et le drague comme ça ?!? Ah non, ça ne passe pas du tout pour le marin. C'est automatique ce rejet et pourtant il n'est pas homophobe du tout, loin de là ! Sinon il serait déjà parti depuis longtemps de cette habitation. Ça a été violent pour lui de se faire brancher par un gars à moitié à poil. « Non, arrêtez ! » enfin Ezra pose son regard sur Art... à poil aussi. Putaiiin ! Pourquoi ça lui arrive ce genre de situation en fait ? Pourtant, le fait de voir dans la tenue d'Adam ne le perturbe pas des masses. Non, lui, il est plutôt plein de rage contre l'inconnu qui a osé poser la main sur lui avec des arrières pensées dans la tête. Il est en train de le tuer du regard alors que le gringalet bouge, lui faisant un doigt. « T'es qu'un taré mec ! Tu sais quoi ? Va te faire foutre avec ta pute ! T'es même pas si canon que ça en plus... » « Qu'est-ce que t'as dit là ?!? » son sang bouillonne d'un coup. S'il y avait de la fumée qui pouvait sortir de son nez, celle-ci aurait embaumé tout l'espace tellement sa rage a explosé son thermomètre d'humeur. Il va se faire ce mec !!! D'ailleurs, il voulait vraiment le défoncer à coup de poing, histoire de le remettre dans le droit chemin ! Mais ce dernier a été plus rapide. Il a détalé de l'appart' comme un ninja. Tapette ! Ezra revient vers la cuisine où Art était toujours assis sur le sol. Il entend ses sanglots... Il est un peu mal à l'aise avec ce genre de truc le Ezra. Mais bon, il ne va pas le laisser pleurer comme ça par terre et en plus tout nu... Il prend le plaid du canapé du salon et le pose sur son épaule, histoire qu'il soit couvert un peu. « C'est qu'un con. » lui sort-il. Parce que c'est ce qu'il pense. Il ne sait pas si ça le rassure mais vraiment ce type n'était pas fait pour lui ! Il ne connaît pas trop Art mais il a l'air d'être sensible le petit gars... Et Ezra n'aime pas trop qu'on s'en prenne gratuitement aux personnes qui peuvent paraître faibles. Sous ses allures de dur à cuir, il cache le grand nounours qu'il est. Il se relève et repart vers le frigo. « Tu veux une bière ? » sa tête se retourne vers lui « Enfin après que tu te sois au moins mis un truc sur le dos. J'ai assez vu de gars à poil pour ce soir je crois. » c'est vrai quoi, et en plus ça ne doit pas être agréable de se retrouver comme ça devant son coloc' qu'on connaît à peine ! Il sort deux bières du frigo et les pose sur la table de la cuisine. « Franchement il méritait de se faire défoncer la gueule ton plan. » il ne dit pas ça pour le rassurer, il le pense sincèrement. Enfin si ça le rassure, que du bonus.

Ce qui devait être une jolie soirée venait juste de tourner à la catastrophe. En effet, Art à la base il devait juste attendre là, son amant serait revenu, ils auraient passé un très, très, très bon moment et se serait séparé le lendemain. Sauf que son amant il n'était jamais revenu, il avait quitté la chambre et... rien, rien jusqu'à entendre du bruit dans le salon, poussant Art à aller voir ce qui se passait et découvrant, horrifié, la scène qui était en train de se dérouler, à savoir Ezra qui repoussait très franchement l'amant de Art qui, semblait-il, avait totalement dépassé les limites en faisant des avances trop directes à son colocataire. Alors forcément pour le plus jeune ce fut la panique totale, ne voulant pas les voir se battre, ne voulant pas surtout que l'on s'en prenne à son coloc, mais l'autre, l'inconnu au final, avait fini par piquer sa crise, préférant se barrer après avoir poussé Art hors de son chemin pour finalement quitter l'endroit avant que Ezra n'ait le temps de lui tomber dessus... ce qui était sans doute une sage décision car clairement il n'aurait pas fait le poids. Alors forcément après ça c'était Art qui avait craqué, commençant à sangloter car il avait l'air bien con maintenant, à poil et menotté au sol et surtout persuadé que son colocataire allait le détester à présent.

Mais contre toute attente la voix d'Ezra ne s'était pas élevée, il ne l'avait pas engueulé ni réprimandé, il avait au contraire été d'une douceur extrême avec lui, déposant un plaide par dessus ses épaules afin qu'il ne reste pas totalement nu et surtout tentant de se montrer réconfortant, lui disant que l'autre n'était qu'un con « Je suis vraiment désolé Ezra... je pensais pas que... enfin désolé pour ce qui vient de se passer. » Oui il se sentait coupable car c'était lui qui l'avait ramené, qui avait provoqué cette situation au final. Art s'était alors relevé, ne comptant pas rester au sol comme un miséreux, allant se poser sur le canapé. Il avait fait oui de la tête pour la bière, se disant que ça lui ferait franchement du bien et s'était quelque peu figé quand il lui avait parlé de se mettre quelque chose sur le dos « à ce propos... » il pouvait pas trop se changer là, pas sans aide du moins, il avait les mains liées dans le dos. Il n'avait cependant pas fini sa phrase, pas encore, le regardant poser la bière et l'écoutant, se disant qu'il avait bien raison et... d'autant plus quand il se rappela d'un détail particulier « Oh bordel de merde... oui il aurait mieux valu le foutre K.O. Car... il avait la clé dans sa poche. » avait-il dit alors qu'il fermait les yeux, à moitié penché en avant à défaut de pouvoir se prendre sa tête avec ses mains, gémissant de frustration. « Ezra... je suis menotté... et il est partit avec la seule clé... je peux pas m'habiller, pas boire ma bière, rien... Je vais avoir besoin de ton aide... désolé... » avait-il dit plus honteux que jamais, surtout que ces menottes... n'étaient pas de la complète camelote et elles étaient en métal. Pas incassable mais... il pouvait pas juste tirer très fort pour les faire céder. « Je dois avoir l'air ridicule... » avait-il ajouté en recommençant à sangloter.

« Je suis vraiment désolé Ezra... je pensais pas que... enfin désolé pour ce qui vientde se passer. » il s’excuse le gamin, pourtant je lui ai bien fait comprendre que ce n’était pas de sa faute. C’est plutôt à l’autre connard qui doit être à sa place genoux à terre et se confondant en excuse. Vraiment les gens n’ont plus d’honneur ! Enfin je dis ça mais bon hein, on connaît ce dicton ‘fais ce que je dis mais pas ce que je fais’. Je suis très fort à ça d’ailleurs. J’aurais pu être à la place de cet autre couillon. Bon sauf que je serais resté là et j’aurais peut-être proposé une solution de rechange avec les deux nanas. Ce n’est pas du tout dans le même délire. Je ne sais pas trop comment ça se passe entre les gays mais en tout cas l’autre bouffon est vraiment tombé sur la personne qu’il ne fallait pas. Au moins Art est fixé. Faut quand même qu’il se relève de cette situation, il a l’air fragile comme ça. Je ne le connais pas trop mais ça m’a quand même foutu en rogne ce que l’autre lui a fait ! Allez faut faire passer tout ça avec une bonne bière que je propose aussi à mon coloc’. Ça passe toujours avec une Bud à la main. Faut qu’il se rhabille quand même. Parce que franchement j’ai eu ma dose à voir des mecs à poil ce soir. Et puis vu comment il est tout mince, il va vite attraper froid le gamin ! Posant sa bière sur la table, je le rassure quand même sur le fait que l’autre aurait eu bien besoin qu’on lui inculque le respect par mes poings. Non sérieux y a des gens comme ça qui ont manqué de claques dans leur vie ! « Oh bordel de merde... oui il aurait mieux valu le foutre K.O. Car... il avait la clé dans sa poche.» hein ? Je jette un coup d’œil à ses mains menottées tout en buvant sur ma bouteille. Effectivement partir avec la clé des menottes, ça c’est le pompom ! Il n’a vraiment pas de chances le gamin. « Ezra... je suis menotté... et il est partit avec la seule clé... je peux pas m'habiller, pas boire ma bière, rien... Je vais avoir besoin de ton aide... désolé... » je sourcille et fini ma grosse gorgée au goulot. Je me surprends à esquisser un sourire. C’est pas de la moquerie, non, c’est plutôt que cette situation là est vraiment drôle quand on prend un peu de recul. Et puis vu la tête d’enterrement qu’il fait le gamin, il vaut mieux pas rajouter de drames à cette soirée ! Alors je rigole un peu quand il dit qu’il avait l’air ridicule. « Ouais j’avoue que j’aimerais pas être à ta place ! » je le chambre un peu, histoire de détendre l’atmosphère. Je suis du genre un peu rustre aux premiers abords mais je vis avec lui et d’autres gars alors je m’ouvre un peu. Faut bien faire des efforts. Quoi que là, mon rire est totalement sincère. En même temps j’suis pas du genre à me forcer pour quoi que ce soit. « Je vais aller chercher ma boîte d’outils, bouge pas. » je pars de ce pas chercher ma boîte dans ma chambre, j’ai toute sorte d’outils, ça devrait le faire. Quand je reviens, je m’installe près de lui sur le canapé. « Allez fais moi voir ça. » je l’incite à se mettre dos à moi. Mes yeux se fixent sur les menottes. Ah ouais, c’est plutôt du bon matériel qu’il a emmené le bouffon. Il n’fait pas dans la dentelle ! Mais bon, ma pince coupante va déchiqueter en deux-deux la chaîne qui relie les bracelets. « Ça t’arrive souvent de te retrouver dans ce genre de situation ? » que je demande en cherchant mon outil dans ma boîte. Parce que cette situation où il se trouve est tout de même singulière.

Cette situation... aussi loin qu'il pouvait se souvenir il ne semblait pas à Art avoir vécu quelque chose d'aussi pathétique, humiliant et honteux et pourtant il était devenu un expert dans le domaine. Car oui, Art était une proie facile, un petit agneau qui avait trop souvent confiance et qui se faisait utiliser, dévorer et jeter sitôt qu'il y avait un morceau plus appétissant. C'était aussi le roi des gaffes, de la maladresse, des situations incongrus. Mais là... il avait atteint un niveau qu'il ne pensait même pas atteignable, s'en voulant surtout d'avoir dû imposer ça à son colocataire et craignant aussi beaucoup la réaction de ce dernier qu'il ne connaissait pas encore si bien, craignant qu'après un épisode pareil leur relation soit si compliqué qu'il soit obligé de partir et de retourner dans un appartement miteux où il pouvait se doucher, se brosser les dents et faire ses besoins en même temps. Mais non, Ezra semblait réussir à prendre ça avec assez de recule, à ne pas l'accabler et même mieux, à tenter de le réconforter. Et cette bière qu'il lui avait proposé ? Oh que oui, cela lui ferait très certainement du bien.

Cependant Art n'était pas encore au bout de ses peines, il ne pouvait pas espérer gentiment laisser la pression retomber tandis qu'il tenterait de récupérer un peu de fierté en se rhabillant car justement, il y avait un léger soucis à ce niveau là... car oui, Art étant toujours partant pour tous les plans à la con, il s'était laissé menotté et maintenant la clé elle était loin avec ce type alors que lui il avait les mains dans le dos... autant dire qu'il ne savait plus si il devait rire ou pleurer, obligé de demandé encore un service à Ezra qui en avait sans doute bien trop vu pour la soirée. Mais entendre son coloc rire de la situation l'aide un peu à ne pas craquer et se laisser emporter par ses émotions, Art relevant la tête vers lui avant de se laisser à aller à un petit rire qui efface ce début de sanglot qui menaçait de poindre « Tu m'étonnes... » et il risquait de plus se laisser menotter comme ça avec un coup d'un soir, c'était mort. En même temps il serait peut être bon qu'il arrête les coups d'un soir mais... c'était pas facile, surtout vu ses chances en amour et son impression que si il devait attendre le bon il ne baiserait plus jamais avec qui que ce soit. L'idée était angoissante et il préférait essayer de penser à autre chose en attendant que Ezra revienne avec sa boîte à outil, encore une chose si improbable qu'au moins ça captait son attention. Il s'était alors mis dos à lui pour lui donner un total accès au menottes tout en attendant le verdict « J'aimerais dire non... mais en fait ça m'arrive genre tout le temps. » avait-il admit en soupirant « Je crois que j'ai un talent pour attirer les weirdos, sachant que je suis un moi même, et surtout me mettre dans des situations improbables. » Comme cette fois où il avait dû rentrer sans pantalons ni chaussure car pendant qu'il s'envoyait en l'air avec quelqu'un dans des chiottes de bar un petit con avait rien trouvé de mieux que de piquer en vitesses ses affaires sous les parois pendant leur ébat... « Mais je crois que celle ci c'est la pire quand même car d'habitude ça m'arrive devant des inconnues, pas devant mes nouveaux colocs face à qui je voulais faire bonne impression. » avait-il dit en riant de désespoir « Je crois que c'est mort pour faire croire que je suis un coloc sans histoire, hein ? »[/color] avait-il demandé avec un petit sourire en coin qui prouvait qu'il arrivait à se calmer un peu.

Je crois que je n’ai jamais passé une soirée comme celle-là. Si on m’avait dit que j’essayerai d’aider un gars à se débarrasser des menottes que son bouffon d’amant d’un soir lui avait mis, j’aurais bien rigolé ! Et pourtant c’est ce que je suis en train de faire avec ma pince coupante. Franchement j’espère pour lui que ce n’est pas tout les jours qu’il se retrouve dans ce genre de situation. « J'aimerais dire non... mais en fait ça m'arrive genre tout le temps.  Je crois que j'ai un talent pour attirer les weirdos, sachant que je suis un moi même, et surtout me mettre dans des situations improbables. » je lâche un rire léger. C’est clair qu’il a vraiment le chic pour ça ! « Mais je crois que celle ci c'est la pire quand même car d'habitude ça m'arrive devant des inconnues, pas devant mes nouveaux colocs face à qui je voulais faire bonne impression. Je crois que c'est mort pour faire croire que je suis un coloc sans histoire, hein ? » je sourcille un peu. Pourquoi il cherchait à faire bonne impression ? Je hausse les épaules et dans un dernier tour de force coupe en deux la chaîne. « Bah t’en fais pas, qui n’a pas de coquilles fêlées dans leur vie ? » on dirait un vieux quand je dis ça. Mais en même temps c’est ce que je pense. Je suis le premier à avoir des histoires pas très jolies, ce n’est pas moi qui vais lui jeter la pierre. Je regarde le travail que j'ai accompli avec ma pince, mon sourire toujours accroché à mes lèvres. « J’ai réussi à te libérer les mains mais t’as de beaux bracelets là maintenant ! » et je ne crois pas que j’ai l’outil nécessaire pour lui débarrasser des deux bracelets métalliques qu’il arbore dorénavant autour de ses poignets. Je pose ma pince sur la table et lui tend sa bière, maintenant qu’il peut boire. « Tu viendras avec moi demain au boulot, j’ai un collègue qui sait crocheter des tas de serrures. Ça sera un jeu d’enfant pour lui ce genre de challenge. » je le taquine un peu parce que je dis ça en rigolant légèrement. Mais je suis sérieux. A moins qu’il veut les garder à vie. Je porte le goulot de ma bière à mes lèvres « En tout cas tu n’as pas à t’en faire. Ce soir c’est pas de ta faute tout ça ! » je bois un coup en haussant les épaules « T’es juste tombé sur un bouffon. » c’est vrai que je ne le connais pas des masses mais il me donne l’impression d’être un bon gars. « Enfin dis toi que ça fait des souvenirs ce genre de soirée ! » d’ailleurs c’est le premier souvenir assez hilarant que j’ai de ma colocation.