Elevator's symphony | Juno

« Je vais finir par croire que je suis ta mère. » Je termine de boutonner ma chemise blanche et profite du reflet du miroir pour lancer un regard furibond en direction de Sacha, telle marraine la bonne fée avec ce même sourire moqueur flanqué sur les lèvres, elle se prélasse sur mon canapé. Depuis que je lui ai demandé de prendre soin de mon chiot, voilà que mon appartement est devenu sa deuxième maison, elle ne perd jamais une occasion de s’incruster, piller mes bonnes bouteilles et apprendre de mauvaises manières à Goliath. « Faut croire que tu souhaites le devenir à m’envoyer draguer une fille. » Je n’ai pas eu mon mot à dire là-dessus, un peu con de ma part. Elle veut que je passe à autre chose, que j’oublie la belle blonde et que je me vide la tête. Je le fais déjà assez bien en rejoignant soirées et autres activités de riches d’Hollywood, mais ça ne suffit jamais à ses yeux. Foutue amie qui prend bien trop soin de moi.

« Ca te va comme ça ? » Je me retourne, écarte les bras et dévoile ma silhouette si bien habillée. Chemise, pantalon beige et mocassins. Je ne peux faire mieux pour le coup, au risque de sortir le smoking. Je n’ai aucune idée de la personne que je vais rencontrer, seulement son nom et prénom m’ont été donnés. Sympa, merci Sacha. Elle veut me faire une surprise en ne me donnant aucun détail sur le physique et la personnalité. Encore merci. Elle valide en levant les pouces en l’air et je me contente de prendre mon manteau, mes affaires personnelles et je mets les voiles, je suis à deux doigts d’être en retard.

Je profite de marcher pour me griller une cigarette et réfléchir à la situation. J’ai beau être chaleureux et extraverti, j’ai toujours du mal à comprendre les femmes. C’est tellement cliché mais cependant si vrai. Leur sourire, leur rire, leurs paroles que je cherche à décortiquer pour en connaître le double sens. Parfois je me torture pour rien, elles sont simplement comme ça, ne cherchent à piéger personne, seulement à être elles-mêmes. Je jette un regard sur le bâtiment à ma droite et vérifie une nouvelle fois l’adresse. J’y suis. Je me passe une main dans les cheveux, pas de retour en arrière possible, je n’ai pas envie d’entendre Sacha aboyer. Le lounge est au quatrième étage, j’attends alors l’ascenseur et m’y glisse tranquillement, quelque peu stressé à l’idée de rencontrer cette charmante inconnue. Mon regard tique en captant une silhouette dans le Hall. Les portes sont à deux doigts de se fermer quand j’y place ma main pour empêcher la fermeture.