La Loi de Murphy | Victor

Original fut le premier mot qui lui vint à l’esprit lorsque pendant son petit déjeuner, Nora découvrit sa mission du jour. Elle était habituée à abattre les ennemis de la Mafia, de dépouiller les corps et de les voir disparaître sous de fausses explications. Mais cette lettre qu’elle tenait entre ses doigts fins ne demandaient pas la mise à mort d’une personne, mais une menace. De son pistolet et de son regard de glace, elle devait rappeler à l’ordre un passeur qui mettait à mal les affaires de certains individus de l’organisation. Son café fut terminé d’une traite et ses doigts craquèrent. Il lui restait une petite heure avant de se rendre à ce fameux rendez-vous. « Roman tu pourras débarrasser mes affaires ? J’ai du boulot. » Elle quitta la pièce commune pour rejoindre son paradis meurtrier, s’empressant de rassembler accessoires et autres choses esthétiques pour ainsi perdre ce visage qu’elle possédait. Alors qu’elle prenait le temps de se maquiller, de se métamorphoser, elle composa un numéro à la hâte sur son téléphone. « Oui Camille… » Elle fit grincer sa voix, la rendant rouillée, abîmée. « Tu peux dire à la patronne que j’ai attrapé la crève hier, je ne vais pas pouvoir venir aujourd’hui. » Elle raccrocha aussitôt et posa le téléphone plus loin. Voilà elle avait le champ complètement libre.

L’arme calée entre ses reins, l’écharpe autour du cou et le long manteau masquant sa silhouette, Noa se fondait dans la foule, ajoutant les derniers détails au plan qu’elle avait rapidement esquissé. Il suffisait d’un canon sur la tempe, de quelques paroles méprisantes et d’une blessure superficielle pour marquer l’esprit et faire passer le message. Ses cheveux désormais noir corbeau fouettait l’air et ses yeux chocolat se contentait de fixer un point invisible à l’horizon. Croiser les regards n’était pas une chose qu’elle aimait faire, elle préférait jouer le rôle de cet automate qui faisait son travail et se mettait en veille quand ce dernier était effectué. Elle s’arrêta devant l’adresse donnée dans la lettre et attendit qu’une personne en sorte pour glisser entre les portes et ainsi accéder à sa proie. Le couloir était silencieux, parfait. Elle attrapa son arme, retira le cran de sécurité et cessa ses pas devant la porte du concerné. Elle y colla son oreille, pas un bruit ne se faisait entendre. Un lève tard, d’autant plus parfait. Une main dans la poche se saisit du silencieux qu’elle vissa sur l’arme et tira sur la serrure qui céda. Son pied poussa le battant inutile.

La porte de la chambre était ouverte, elle y discernait déjà une silhouette. Nora ferma derrière elle, remit une mèche derrière son oreille et avança à pas de loup, son regard toujours aussi froid et distant, son cœur était soigneusement lové dans sa forteresse de pierre et ne jetait aucun coup d’œil, désintéressé par ses actes. Elle ne voulait pas perdre plus de temps avec cette mission, elle pouvait faire vite. Elle pointa l’arme en direction du lit. « Il faut se lever Peter. » Elle tira à quelques millimètres de son oreille, le réveillant en sursaut. Il poussa un cri et le drap dévoila une seconde silhouette à peine réveillée. Merde ça ne devait pas faire parti du plan.