Le temps est au beau fixe aujourd’hui, une journée idéale pour aller faire une balade avec peanuts, profiter des rayons du soleil sur ta peau, prendre du temps pour toi et souffler un peu. Mais à la place, tu te retrouves enfermé entre quatre murs, pour donner cours à des jeunes officiers. Tu n’as pas pu dire non, car même si ton métier paye bien, tu as besoin d’argent à mettre de côté en cas de coup dur. C’est pour ça qu’au lieu de profiter du soleil californien, tu vas profiter des rayons des néons de ta salle de classe.
Voilà cinq ans que tu fais ça, en complément de ton travail. Tu aimes enseigner l’art de la criminologie, expliquer tous les rouages, les subtilités, les analyses possibles et inimaginables. Tu aimes voir le regard admiratif de tes élèves, quand tu leur racontes une de tes enquêtes. Oui, tu aimes ton métier, tes métiers.
En arrivant sur le campus, tu te diriges directement chez le concierge pour récupérer la clef de ta salle de classe. Un chocolat chaud à la main. Ton pêché mignon quand tu es frustré. Puis tu rejoins la dite classe d’un pas pressé, tu souhaites que cette matinée passe rapidement, pour rejoindre ton bébé à la maison et d’aller faire une balade à la place tous les deux. Tu adores voir ton chien heureux, en courant droit dans les vagues tel un cyclone.
Tu poses tes affaires sur le bureau du professeur et commence à préparer ton cours avant l’arrivée de tes élèves. Tu places tes lunettes sur ton nez avant d’écrire une mise en situation sur le tableau. Tout en buvant ton chocolat tranquillement. Tu en es à la moitié quand la sonnerie qui marque le début des cours se met à retentir. Tu ne t’en formalises pas, et tu continus à écrire tranquillement en attendant l’arrivée de tes élèves.
Quand tu étais encore au lycée tu sortais toujours la même réflexion. "Une fois que j'aurai mon diplôme je ne remettrai plus jamais les pieds dans une école". Tu avais horreur d'être enfermé entre quatre murs, d'écouter des cours qui ne t'intéressai pas et surtout tu avais en horreur les profs qui te rabaissaient sans chercher à savoir ce que tu vivais à côté. Oui ça avait une délivrance quand tu avais fini, même si les derniers mois avait été plus calme comme tu vivais chez tes grands parents. Au début tu n'avais pas changé d'avis. Tu voulais juste un petit boulot pour avoir ton appartement et le strict nécessaire. Tu n'avais pas besoin de plus. Et pourtant ton oncle t'avait ouvert les yeux. Il t'avait permis de te poser un peu, il avait réussi à te faire croire en toi. Et c'est ainsi que tu t'étais retrouvé en école de police. Ironique quand on connaissait ton passif. Mais quand on connaissait tes motivations tu n'aurais pas pu trouver meilleur métier. Si tu étais incapable de t'en prendre à ton père, tu voulais aider les autres. Mettre les connards dans son genre derrière les barreaux. Voilà ta principale motivation.
Néanmoins, même si tu étais motivé à reprendre les cours et à bosser comme tu ne l'avais jamais fait, dans le fond tu restais toi même. Le petit con provocateur qui n'aimait pas suivre les règles. Résultat quand la sonnerie avait retenti tu étais resté dehors, prenant bien le temps de terminer ta cigarette avant de te décider à entrer dans le bâtiment. Puis c'est avec les mains dans les poches que tu étais entré dans la salle de cours, pensant que tout les autres seraient déjà là et que le cours auraient commencé sans toi mais... Personne, mis à part le professeur. Bon. Même si ça t'etonnait tu n'allais pas chercher à comprendre. Tout ce que tu voyais là tout de suite c'est que tu allais te rincer l'oeil pendant l'heure.
- Un prof sexy rien que pour moi. J'en ai de la chance.
Avais-tu dit en te posant sur ta chaise au fond de la classe, ton éternel sourire au coin accroché aux lèvres. Et oui tu assumais ce que tu venais de dire, ça aussi ça faisait parti de ta façon d'être.
Mise en situation classique, un kidnapping d’enfant avec risque de mort. C’est triste à dire mais tu en vois tellement des cas comme celui-là, que ça en devient presque la routine… Les ravisseurs ont tous plus ou moins, le même profil. Ce qui devrait être simple à analyser pour un premier cours. Du moins, tu l’espères. Car l’art de la criminologie n’est pas donné à tout le monde malheureusement. Et rare sont les élèves qui poursuivent sur cette voie. - Un prof sexy rien que pour moi. J'en ai de la chance.
Tu lèves un sourcil en suspendant ton marqueur sur le tableau, après avoir fini ta phrase. Tu te retournes lentement pour faire face à ton premier élève qui se dirige au fond de la salle vide. Intrigué, tu regardes l’heure, il est en retard. A vrai dire ils le sont tous. Bizarre.
- Bonjour à vous aussi. Peut-être que ça vous fera venir à l’heure la prochaine fois.
Tu soupires en cherchant ta convocation pour ce cours. Il est vrai que tu l’as lu en diagonale, et tu espères trouver un indice sur ce fichu bout de papier. Tu parcours les lignes avant de tomber sur ce que tu cherchais. « Cours particulier pour futur officier. » Vous serez donc en tête à tête… Super. Tu reposes la fiche sur le bureau avant de te placer devant celui-ci pour t’assoir sur le bord, les bras croisé contre ton torse.
- Il semblerait que nous soyons en tête à tête pour ce cours jeune homme.
Tu remontes tes lunettes sur ton nez tout en prenant le temps de l’observer. Et tu ne peux t’empêcher de lui trouver un truc… Un charme particulier, ce même charme qui pourrait t’attirer si tu n’étais pas dans un contexte de travail. Oui, le jeune homme est beau. Mais ce n’est pas sa gueule d’ange qui va t’empêcher de lui enseigner ton art.
Les jambes croisées, les bras croisés contre ton torse, tu gardais ton petit sourire provocateur, comme si de rien était. Comme si la situation était parfaitement normal. Et même si tu aurais été capable de rester comme ça durant tout le cours -ce que tu faisais bien souvent avant d'arriver ici-, tu avais quand même fini par sortir tes affaires. Ce qui y ressemblait du moins. Un simple stylo et quelques feuilles à moitié froissées. Bordélique même dans ton sac de cours et ça, ça n'allait pas changer de si tôt. Tu te retrouvais dans ton bazar, pourquoi faire autrement? Bref. Alors que tu avais attrapé ton stylo pour le faire tourner entre tes doigts, tu n'avais pas tardé à répondre à ton professeur. Répondre dans tous les sens du terme.
- Hm... Non. La ponctualité c'est pas mon truc. Même quand il y a quelque chose de positif à la clé.
Un jour tu allais la regretter ton arrogance. Quand? Sûrement quand il y aura encore plus de répondant en face. Mais pour l'instant tu continuais, sautant sur la moindre occasion. Enfin. Ton regard s'était de nouveau posé sur l'heure. Quand même, c'était bizarre que personne ne soit là. Et ce qui était encore plus bizarre c'était la suite. Tu avais haussé un sourcil.
- J'ai droit à des cours particuliers maintenant? C'est nouveau.
Tu en aurais demandé, tu te serais dit que c'était normal, que c'était simplement toi qui avais oublié la date. On t'aurait prévenu de ce cours, idem. Mais rien. Tu n'avais pas eu de papier. Personne ne t'avait rien dit. Tu étais surpris ouais, te demandant bien pourquoi ça tombait sur toi. Peut être qu'ils jugeaient que tu en avais besoin? C'était ce qui te paraissait le plus logique. Tu avais soufflé un peu en haussant les épaules, une façon de dire "bon", avant que tu sentes le regard du brun te détailler. Tu ne t'étais pas privé pour faire de même. Au premier coup d'oeil son charme ne t'avait pas laissé de marbre. Tu l'avouais. Il avait vraiment quelque chose. Un physique qui pourrait te faire complètement fondre. Mais ce n'était pas le sujet. Après quelques secondes tu avais donc brisé le silence qui s'était installé.
- Alors..? On commence par quoi? Non pas que ça me dérange qu'on passe l'heure à se mater mais bon, si c'est pour rater mes exams parce que j'ai pas bossé... Je passe.
Déjà qu’être enfermer entre quatre murs pendant deux heures ne t’enchante pas forcément, il fallait en plus que tu te foires sur le nombre d’élève que tu allais avoir. En même temps, le jour où tu as reçu la convocation au cours, tu revenais d’une enquête assez complexe, qui t’a hanté des nuits durant…Tu en as fait des cauchemars, des insomnies aussi, revivant ton traumatisme passé. Cette marque que tu caches sous ta chemise et sous l’encre dans ta chair.
Tu fais subtilement, ou pas, remarquer au jeune homme son retard plus que conséquent, toi qui est toujours ponctuel, tu détestes les personnes en retard, aussi canon soit-elle.
- Hm... Non. La ponctualité c'est pas mon truc. Même quand il y a quelque chose de positif à la clé.
Il fait clairement référence à tes mots. Et ça t’arrache un demi-sourire que tu caches en buvant une gorgée de ton breuvage chocolaté devenu tiède. Puis tu lui rétorques que vous allez passer les prochaines heures ensembles entre ces fichus quatre murs. Tu donnerais tout pour retrouver Peanuts et d’aller vous balader à la plage… A la place, tu profites du calme pour observer le jeune homme en détail. Ce qui ne lui échappe évidemment pas.
- Alors..? On commence par quoi? Non pas que ça me dérange qu'on passe l'heure à se mater mais bon, si c'est pour rater mes exams parce que j'ai pas bossé... Je passe. - Commence par arriver à l’heure à tes exams. Ce sera une grande victoire. Dis-tu après avoir recaler ta gorge. Puis tu souris doucement avant d’aller t’assoir en face de lui en prenant la chaise de devant et te plaçant à califourchon dessus. Bon, on va étudier un cas classique. Tu devrais t’en sortir seul.
Tu croises tes bras sur le dossier de la chaise tout en souriant bêtement au jeune homme. Il veut jouer à celui qui pique le plus l’autre. Il ne sait pas encore sur qui, il est tombé. Tu vas lui faire passer l’envie de te chercher, car il risque de vite te trouver…
-Alors, le cas que tu vas étudier c’est : Un enlèvement d’enfant pas une personne techniquement inconnu. Je veux que tu m’expliques les risques pour l’enfant, ce que l’on doit faire en premier lieu, comment construire la psychologie du ravisseur afin d’arriver à le coincer. Je vais débattre avec toi, vu que tu es seul…
Toi qui n'avais pas été des plus motivés pour venir ici et assister au cours, plus les secondes passaient et plus tu te disais que ça promettait d'être intéressant. Sans parler du prof qui était juste à tomber physiquement, maintenant tu decouvrais qu'il ne se laissait pas faire bien au contraire. Et ça te plaisait. Ça changeait des profs qui te collait au moindre faux pas. Puis en le voyant s'asseoir devant toi tu n'avais pas pu t'empêcher de sourire un peu plus, rapprochant sans chercher à être discret ta chaise de ton bureau. Mixer jeu de provocation et cours, bizarrement ça te donnait envie de bosser.
- Un débat en tête à tête avec monsieur canon pendant deux heures. Sympa. Si c'est comme ça tout le temps je ferais attention à arriver à l'heure.
Avais tu ajouté en te penchant légèrement en avant sans quitter ton sourire. Mais très vite tu avais repris ta place initiale, laissant un court instant s'écouler avant de répondre.
- Enfin le cas du coup. Hm... Déjà, je dirais que malheureusement le gamin à des risques de ne pas s'en sortir ou d'être sérieusement traumatisé s'il s'en sort vivant. Et ce qu'il faut faire en premier... Demander aux parents s'ils n'ont rien repérer de louche? Quelqu'un qu'ils croisaient régulièrement quand ils étaient avec leur enfant, je sais pas.
Tu sortais un peu tout ça au pif. Ça devait se lire sur ton visage. Durant des années tu n'avais pas suivi en cours, alors forcément maintenant que tu le faisais... Tu décrochais un peu de temps à autre et ne cherchais pas toujours à récupérer les cours. Celui là devait faire parti de ceux que tu n'avais qu'à moitier. Néanmoins en ce qui concerne la suite... Tu n'avais pas spécialement besoin d'aller chercher ce que tu avais retenu en cours pour avoir une idée de la bonne réponse.
- Pour ce qui est du profil psychologique... Dans la mesure où on sait exactement qui a fait le coup, je pense qu'il faudrait chercher à en apprendre plus sur son passé. Connaître son cadre familial pour déterminer s'il y a des traumatismes ou non. Et s'il n'y a rien qui expliquerait cet acte en remontant aussi loin, chercher les événements marquants les plus récents. À partir de là on pourrait réfléchir à une façon de détourner la chose.
Tu étais un peu plus sérieux en parlant de ça. D'une parce que ce point là te plaisait réellement. De deux c'était quelque chose qui te parlait parce que tu avais indirectement baigné dedans toute ton enfance. Pourquoi ton père était si violant? Parce que son père l'était aussi, c'était ta mère qui te l'avait appris. Et si petit tu avais du mal à comprendre, maintenant tu comprenais bien. C'était son passé qui l'avait rendu ainsi, qui l'avait poussé à faire de ta vie un enfer au point de t'en créer des traumatismes aussi. Enfin. Tu avais soufflé un coup, sentant que tu étais trop parti dans tes pensées, et l'air de rien tu avais relancé.
- C'est bon ça suffit pour lancer le débat? Je suis impatient de voir si votre répartie est égale à vos connaissances sur la criminologie
Ces piques me font sourire, plus qu’elle ne me touche. Car j’ai l’impression qu’un petit jeu s’installe entre nous au fil des minutes qui passe. Finalement, peut-être que ces deux heures ne seront pas si terrible que ça, peut-être y trouverais-je un certain intérêt. Après m’être rapproché de lui, je le vois en faire de même avec sa chaine. Créant une sorte de bulle autour de nous. Un bulle ou tous les coups seront permis. Et je ne compte pas me faire mettre si vite au tapis.
- Un débat en tête à tête avec monsieur canon pendant deux heures. Sympa. Si c'est comme ça tout le temps je ferais attention à arriver à l'heure. - Il suffirait donc d’un professeur un tant soit peu à ton goût pour te faire arriver à l’heure ? Vous êtes bien faible jeune homme. Disais-je en finissant mon gobelet et de le poser derrière moi. Puis je lui énonce la situation sur laquelle on va étudier. Non sans plonger mon regard dans le siens, dans l’espoir de le déstabiliser. Mais je sais très bien qu’il n’en serait point affecté.
- Enfin le cas du coup. Hm... Déjà, je dirais que malheureusement le gamin à des risques de ne pas s'en sortir ou d'être sérieusement traumatisé s'il s'en sort vivant. Et ce qu'il faut faire en premier... Demander aux parents s'ils n'ont rien repérer de louche? Quelqu'un qu'ils croisaient régulièrement quand ils étaient avec leur enfant, je sais pas. Pour ce qui est du profil psychologique... Dans la mesure où on sait exactement qui a fait le coup, je pense qu'il faudrait chercher à en apprendre plus sur son passé. Connaître son cadre familial pour déterminer s'il y a des traumatismes ou non. Et s'il n'y a rien qui expliquerait cet acte en remontant aussi loin, chercher les événements marquants les plus récents. À partir de là on pourrait réfléchir à une façon de détourner la chose.
Je l’écoute attentivement, les bras croisé sur le dossier de la chaise. Et plus il me donne son analyse, plus je vois son visage évolué. Le petit con prétentieux qu’il était devient un instant plus sérieux, plus sombre aussi. Et cette part de lui m’intrigue un peu. Il connait le sujet, c’est sûr, mais pas comme les autre. Non, il a dû le vivre, ou il connait quelqu’un qui a vécu la violence. On veut le lire sur son visage, dans son regard ou son attitude. Voilà que je brosse le portrait psychologique de mon élève maintenant.
- C'est bon ça suffit pour lancer le débat? Je suis impatient de voir si votre répartie est égale à vos connaissances sur la criminologie
Un rire m’échappe, et celui-là, je ne tente même pas de le cacher. Tant il est sincère face à l’audace du jeune homme face à moi.
- J’ai beaucoup de qualité que tu ignores jeune homme. Mais là n’est pas la question. Disais-je en remettant mes lunettes en place. Pour l’enfant, ton équipe et toi disposé de combien de temps pour le retrouver vivant ? Chaque minute compte dans ce genre de cas, et le temps vous est compté. Vous n’avez pas le droit à l’erreur. Sinon, pour les parents, c’est un bon départ, mais il faut aussi creuser de leur côté. Car parfois, le ravisseur se trouve être un parent proche. Pour la psychologie, je te rejoins. Chaque détail à son importance et plus on ira loin dans le passé du ravisseur, plus on pourra le retrouver et sauver le gamin.
Je me penche ensuite en avant, afin de nous rapprocher un peu plus, un sourire en coin et une pointe de malice dans le regard caché derrière mes lunettes carrés.
- Tu es plus intelligent qu’il n’y paraît. Je suis impressionné.
Pendant que tu avais sorti toutes tes hypothèses sur cette première mise en situation, ton regard avait vagabondé un peu partout. Vers le plafond, vers l'autre bout de la salle,... Mais c'était surtout ton professeur que tu avais regardé, sentant bien son regard qui venait se plonger dans le tien dès que vous veniez à vous croiser. Tu avais presque l'impression que ça en était devenu un vrai jeu. Et tu étais joueur et n'aimais pas perdre. Tu ne le lâchais donc plus du regard, retrouvant vite ton attitude en lui lançant cette légère pique. Et c'est là que tu avais été déstabilisé. Implacable de prevoir ce qui allait se passer. Son rire il était... Craquant. Absolument craquant. Non mais, à quoi tu pensais là? Ressaisis toi Allen! Tu t'étais légèrement mordu la lèvre en baissant le regard un instant, poursuivant en le relevant.
- Beaucoup de qualité, rien que ça. La modestie en fait partie?
Tu l'avais cherché ce jeu. Tu n'allais pas l'abandonner et le laisser gagner. Oh non. Mauvais joueur? Un petit peu. Mais bizarrement perdre face à lui ne te dérangerait pas. Au contraire ça te donnerai une excuse pour retenter. Mais avant ça le cours. Mine de rien tu en avais besoin de cette mise à niveau et ça ne te faisait pas de mal de débattre la dessus, même si ça tu n'allais pas l'avouer.
- En prenant en compte le fait qu'il faut aller vite mais que ça ne se fait pas non plus en un claquement de doigts, je serais tenté de dire 48h.
Avec ton côté pessimiste tu aurais même été capable de dire 24h parce que tout pouvait déraper à n'importe quel moment. Mais ça te paraissait trop peu. Interroger les profs. Chercher le coupable. Fouiller dans son passé. Réfléchir à où le trouver et comment agir. Ça demandait réflexion et même en étant baigner la dedans, à tes yeux il fallait quand même voir un peu plus large. Et quand à la suite tu en avais regardé ailleurs, te sentant presque visé à la mention de parents proches et ne pouvant t'empêcher de t'y retrouver, même si pour toi ça avait été différent.
- Ouais, ça je sais que ça peut être un parent proche. Parfois même un des parents suivant la situation de la famille et c'est dans ces cas là que ça devient d'autant plus traumatisant.
Tu aurais pu continuer sur cette lancée. Déverser ta haine parce que dans le fond ça re libérait d'en parler, même en ne précisant rien. Mais tu l'avais vu se rapprocher et tu avais de nouveau tourné la tête vers lui, ton sourire répondant au sien. Si c'était sur ce terrain qu'il voulait aller, très bien. Tu allais suivre. Tu t'étais de nouveau approché, mais cette fois ci tu t'étais levé de ta chaise pour réduire la distance, ne laissant qu'un ou deux centimètres séparer vos visages.
- Moi aussi j'ai des qualités que vous ignorez, monsieur.
- Beaucoup de qualité, rien que ça. La modestie en fait partie?
Je ne peux plus effacer ce sourire con de mes lèvres. J’aime ce qui est en train de se passer entre lui et moi. Bien sûr, je resterais aussi professionnel que possible. Les dérapes ce n’est pas mon truc. Seulement, il y a un truc chez lui qui m’attire comme un aimant. C’est fou, je n’ai jamais ressenti une telle attirance, un tel magnétisme. Il y a un truc qui crépite entre nous, et qui ne demande qu’à exploser en feu d’artifice.
- En prenant en compte le fait qu'il faut aller vite mais que ça ne se fait pas non plus en un claquement de doigts, je serais tenté de dire 48h. - Faux jeune homme… Les premières 24h sont cruciales pour la survie de l’enfant. Au-delà, son espérance de vie diminue drastiquement. C’est pour cela qu’en cas d’enlèvement, il y a un tel dispositif déployé. Disais-je dans d’enchainer sur le profil du ravisseur tout en t’avançant un peu plus vers lui. - Ouais, ça je sais que ça peut être un parent proche. Parfois même un des parents suivant la situation de la famille et c'est dans ces cas-là que ça devient d'autant plus traumatisant. - Je te rejoins sur ce… point.
J’avale difficilement ma salive en le voyant si proche de moi. Nos souffles se mêlent, se mélange pour ne former qu’un. J’en perds presque mes mots de cette proximité. Mais je me reprends bien vite, si vite que mon trouble peu passer inaperçu. Son haleine sent la nicotine, un nouvel indice sur sa façon d’être, et le besoin de fumer m’arrive en pleine face, comme un boomerang.
- Moi aussi j'ai des qualités que vous ignorez, monsieur.
Je ne peux pas m’empêcher de frissonner au « monsieur ». Ce qui fait naître un sourire sur mes lèvres. Je garde cette proximité pour lui répondre mais je suis coupé par la sonnerie qui annonce la fin des cours. La fin de notre partie. Et il l’a gagné… Mais je ne me laisserais pas faire si facilement.
- Dommage que le cours soit terminé. Vous devrez me montrer ça la prochaine fois. En arrivant à l’heure.
Je murmure la fin de ma phrase en frôlant ses lèvres. Ne pas faire de vague… Compliqué avec un adversaire comme lui. Il pourrait vite me faire perdre la tête. Je me redresse ensuite pour retourner à mon bureau non sans sourire une fois le dos tourné. Je me demande jusqu’où ce petit jeu nous aurait menés. Le temps est passé trop vite. Nous n’avons même pas fini l’analyse… J'espères vraiment que le prochain cours soit dans un temps assez court, afin de reprendre la partie là ou nous allons la laisser. Sur une victoire de mon élève. Mon stupide et terriblement sexy élève...
L'atmosphère avait changé. Tu ne serais dire en quoi mais il y avait quelque chose de différent. Sans prendre en compte le petit jeu qui s'était progressivement installé entre vous pour finalement prendre le dessus sur le cours. Il n'y avait pas que ça. Quelque chose était doucement en train de se créer et tu étais incapable de mettre des mots dessus. Mais tu savais que c'était là et que ça ne demander qu'à faire surface. Et même si ça te rendait curieux et que tu aurais voulu pousser un peu plus pour comprendre de quoi il s'agissait, tu n'en faisais rien, te contentant de garder ton attitude en enchaînant quand il le fallait sur la raison principal de ta venue.
- Hm, moi qui pensais que j'allais passer pour un gros pessimiste en disant 24h, j'aurai dû écouter ma première idée. Je retiens.
Comme quoi, ton premier raisonnement n'était pas si mauvais. Ça aussi c'était un de tes gros défauts, le manque de confiance en toi en ce qui concerne les études. Tu avais des facilités pourtant. Mais non. Il fallait que tu doutes et que tu te sentes incapable d'aller bien loin. C'était bien pour ça que pour l'instant tu visais le poste le plus bas dans la police. Mais qui sait? Peut être que réussir allait te motiver pour monter des échelons plus tard. Enfin là n'était pas le sujet. Tu n'y étais pas encore. Pour l'instant c'était votre petit duel qui avait de nouveau été mis en avant suite à votre sérieux rapprochement physique.
Tu souriais. Un sourire plus malicieux. Un sourire qui dévoilait indirectement tes pensées. Même si ton professeur semblait des plus calme, comme si ton attitude n'avait aucun impact sur ses réactions, un petit détail l'avait trahi. Cette petite coupure à la fin de sa phrase. Et ça te faisait d'autant plus sourire, te donnant d'autant plus envie de continuer pour voir jusqu'à où ça allait vous mener. Mais la sonnerie avait retenti, marquant la fin du cours. Et si toi tu n'en avais pas pris compte, ça n'avait pas été le cas du brun qui venait de te piéger à ton propre jeu. En sentant ses lèvres frôler les tiennes tu t'en étais retrouvé les yeux mi-clo, comme un automastisme. Comme si tu en attendais plus. Non. Tu en attendais plus et le voir partir en sortant ça venait de te frustrer. Oh oui tu l'avais été. Néanmoins tu en avais laissé échapper un petit rire, te redressant en attrapant tes affaires.
- Et je serais pile à l'heure, soyez en sûr.
Ton sac de nouveau sur l'une de tes épaules tu t'étais dirigé doucement vers la sortie, ton regard se perdant une dernière fois sur ton professeur. Ce petit jeu tu l'avais gagné, la sonnerie ne lui laissant pas le temps de répliquer au bon moment. Mais avec ce qui avait suivi tu avais un petit sentiment de défaite qui te restait. Alors une fois dans l'encadrement de la porte tu l'avais regardé sans perdre ton sourire, lui tournant finalement le dos pour partir tout en disant.
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