faux semblants [echonie]

Je cours pour répondre au téléphone, la sonnerie m’ordonne de répondre puisque c’est celle que j’ai choisi pour mon agent, et je n’ai plutôt pas intérêt à rater un de ces coups de fil, il me l’a bien fait comprendre. Parfois, un casting, un rôle, une opportunité, tout peut se jouer à une minute près. Alors je m’efforce d’être toujours disponible pour lui répondre. Et si parfois je regrette d’avoir répondu, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il m’annonce que j’ai été invitée à l’inauguration de la toute nouvelle attraction de Disneyland. La presse sera là, et il me conseille d’y aller avec Echo. Je pèse le pour et le contre et me décide à appeler mon petit ami pour lui proposer de m’accompagner. Sa réponse est positive, et je suis excitée comme une gamine à l’idée d’aller passer la journée à Disney avec Echo. Le lendemain arrive à vitesse grand V, je me prépare, m’habille plutôt simplement, mais pas trop non plus, des photos seront prises et je ne veux pas avoir l’air d’un sac. Un jean slim brut, une petite chemise claire, ma petite veste en cuir et une paire de bottines, me voilà fin prête. J’ai prévenu Echo que je passerai le chercher avec mon chauffeur à neuf heures pétantes. C’est donc à cette heure-ci que je l’attends dans la voiture devant chez lui. Le jeune homme entre et je viens le prendre tendrement dans mes bras. « Ça va ? T’es prêt ? » Quant à moi, je suis montée sur ressorts, impatiente comme pas deux. Le voyage se fait plutôt silencieux et nous sommes déposés directement dans le parc après contrôle de sécurité. Je ne sais jamais trop comment me comporter avec Echo, c’est toujours un peu délicat, mais après tout, nous sommes un couple, et malgré les photographes, les fans, et tous les regards braqués sur nous, j’imagine que nous devons nous conduire comme tel. Je viens alors chercher sa main pendant que nous marchons jusqu’à l’attraction. Le parc n’est pas encore ouvert au public mais ça ne saurait tarder. « Ça fait des années que je suis pas venue ici, j’ai l’impression d’avoir à nouveau 7 ans. » Je ris un peu et adresse un regard complice à Echo. « Tout va bien ? T’as l’air préoccupé… »

Le lendemain d'audition, j'étais épuisé. Je me remettais petit à petit de l'événement, et me remettais surtout beaucoup en question. Trop d'anxiété, trop de stress, trop d'insécurité de ma part. Ça me saoule. Je pourrais jamais m'arrêter un peu ? Je me détestais, comme d'habitude, mais je me le répétait, encore, et le reste du monde me détestait aussi. À l'audition, ils m'avaient détesté. Quand l'information que j'ai été considéré pour ce rôle et que je ne l'ai pas eu va sortir, et elle sortira un jour, je vais me faire détester encore et encore. J'avais à peine commencé ma deuxième bouteille de vin que Leonie m'appelle. J'ai hésité à répondre. Je ne savais pas si elle pourrait entendre à l'autre bout du fil que je m'étais enfilé une bouteille de rouge. Mais j'ai décroché, espérant peut-être pouvoir me consoler d'une autre façon que par la tise.
Dinseyworld.
Super. Je ne savais pas si j'aurais l'énergie, si j'étais capable d'aller là-bas avec elle, sous les éclairs des appareil photos. Faire semblant, encore et encore. Mais j'ai dit oui. Six mois de relation. Je devais être le parfait petit ami.
Elle est venue me chercher avec son chauffeur. Moi j'ai pas de chauffeur. Mais Leo, elle est au-dessus de moi. Je n'arrive même pas à sa cheville. J'ai vraiment beaucoup trop de chance d'être avec une actrice aussi connue et reconnue que Leonie Lynch. Je suis un bel enculé. Je l'utilise malgré elle pour me faire une couverture d'hétéro. Certains médias disent même que notre couple a été monté de toute pièces par nos agents, qu'il y a un contrat entre nous, pour que je puisse faire encore parler de moi et me médiatiser encore plus. Comme si j'en avait besoin. Mais Leo semble vraiment m'apprécier. Et moi je l'apprécie énormément aussi. Même si elle fait partie de ce que je déteste le plus chez moi, cette façon de mentir, de me voiler la face, de ne pas être libre, un lâche, manipulateur; même si je ne suis pas amoureux d'elle et ne pourrait jamais l'être, que je n'éprouve aucune attirance physique non plus, contrairement à la moitié des gars sur Terre, j'ai beaucoup de tendresse pour elle. Si ça n'avait pas été le cas, je ne l'aurait pas invité à dîner, puis à sortir ensemble. Et puis, elle m'aide beaucoup, j'ai confiance en elle.

C'est pourquoi, quand les flashs venaient déranger mon champs de vision, accroitre mon anxiété et ma gêne dans ce parc, en ce jour si ensoleillé pourtant, et qu'elle m'a pris la main, que j'ai pris la sienne comme j'aurais pris une bouée de sauvetage parce que je sentais que j'étais en train de me noyer, et qu'elle m'a demandé si tout allait bien, je lui ait dit la vérité.

- Y'a deux jour j'ai passé une audition, pour une série, je sais pas si je t'en ai parlé... je commence tout bas, au cas où quelqu'un nous entendrait. Et j'arrête pas d'y penser, et je stresse à propos de ça, parce que j'ai l'impression que ça s'est mal passé, et j'aurais vraiment voulu avoir ce rôle...

J'aurais voulu être seule avec Leo pour pouvoir lui expliquer tout en détail. Mais là, avec la press et les organisateurs, et les autres élus pour tester l'attraction avant la plèbe, je ne pouvait pas. Je devais attendre, essayer de ne pas tout dire pour ne pas me mettre à pleurer devant les caméras. Ça ferait une jolie une ça ! Cette seule supposition montrait bien que je n'était pas complètement remis, que j'étais encore un peu cassé, que j'avais besoin de réparation, que j'allais encore devoir claquer de la tune dans des séances de psy. Merci pa'.

Je sens bien que quelque chose ne va pas. Echo a toujours été quelqu’un s’assez particulier, il est secret, il est torturé, mais c’est aussi ce qui m’a plu chez lui. Ça fait six mois qu’on est ensemble mais on se comporte plus comme des amis qu’autre chose, dans l’intimité je parle. Je n’ai aucune attirance physique pour lui, et il n’en a pas non plus. On a même pas besoin d’en parler. La tendresse et l’affection sont là, et le reste du monde croit à notre histoire, c’est encore ce que nous attendons d’eux. Ma main dans celle de mon petit ami, je lui demande ce qui peut bien se passer pour qu’il soit si absent. Il joue la comédie, mais moi je le connais, du moins, mieux que tous ces gens qui nous entourent aujourd’hui. « Y'a deux jour j'ai passé une audition, pour une série, je sais pas si je t'en ai parlé… » Je le regarde alors que nous marchons, seuls, ou presque, du moins pas assez proches de personnes pour qu’ils puissent entendre notre conversation. Je secoue un peu la tête. « Non, tu m’en as pas parlé. Il s’est passé quoi ? » J’ai toujours été très attentionnée avec lui, je ressens comme ce besoin de le protéger, d’être là pour lui. Il a l’air d’avoir tellement souffert. « Et j'arrête pas d'y penser, et je stresse à propos de ça, parce que j'ai l'impression que ça s'est mal passé, et j'aurais vraiment voulu avoir ce rôle… » Je serre un peu sa main dans la mienne, sentant qu’il est ému, et un peu perdu. « Hey… essaie de ne pas penser à mal d’accord ? Je suis sûre que tu as fait de ton mieux, et si tu dois l’avoir, tu l’auras ce rôle. » Je m’approche pour déposer un baiser sur sa joue alors que nous marchons toujours. « On en reparlera tout à l’heure quand on sera que tout les deux d’accord ? » Je serre sa main pour attirer son attention et qu’il vienne plonger son regard dans le mien. Une fois fait, je lui fais comprendre par un simple regard que je suis là. Je sens les flashs crépiter, je crois sentir qu’il déteste ça, je me demande encore pourquoi il fait ce métier là. Nous entrons dans l’attraction et avons le droit de la tester, en avant première. « Allez, savoure, ne pense plus à rien ! »

Je souris. Pour la rassurer, pour me rassurer, puis un peu pour les photographes aussi. C'est un faible sourire, mais ça vaut ce que ça vaut. Je souris au contact, en plus de sa main contre la sienne, de ses lèvres contre ma joue. C'est presque maternel. Et l'amour maternel est le seul que j'ai jamais reçu, alors le sentir émaner d'une autre personne que ma mère, ça fait du bien. "Que tout les deux". Oh j'aurais voulu, que l'on soit que tout les deux. Seuls. Leonie plonge son regard dans le mien, et je me sens moins seul. Je la suis, elle si sûre. Elle doit faire ça beaucoup plusse fois, et beaucoup mieux que moi. Une habitude que je n'aurais jamais. Alors je me crispe un peu sous les appareils. J'aime me donner à la caméra quand elle tourne, après qu'on ait dit "silence". Les appareils photos, c'est seulement pour les shooting, si nécessaire, mais dès qu'on sort du cercle professionnel, dès que ce n'est pas planifié avec mon agent et que je n'ai pas eu le temps de me préparer à l'idée, je n'aime pas ça. Ça fait remonter de vieux souvenirs qui me hantent encore et que je préfèrerais oublier.
Leo a dû le sentir car, juste avant de monter dans cette nouvelle attraction, elle me demande de ne plus penser à rien. C'était bien mon but de toute une vie. Ne plus penser à rien. Mais elle avait raison. Je devais faire comme devant les caméras. Jouer, la seule chose encore à laquelle je pouvait me prétendre être bon. Les appareils photos un peu plus loin de nous maintenant, car ces satanés journalistes ne sont pas convié à essayer l'attraction, je me détends un peu plus, et installés sur le manège, je passe mon bras autour des épaules de ma copine et la serre contre moi, en souriant à l'employé qui vérifie que nous sommes bien attachés.

- Merci pour la vérification, je lui lance, je tiens à notre vie ! Fait gaffe, parce que si tu te foires là, y aura pas de nouvelle saison de Witches.

L'employé rigole un peu, et Leo aussi. J'avoue ne pas avoir été super drôle, mais je devais essayer de me détendre et détendre l'atmosphère avec moi. Ce qui a aidé, je crois, car le jeune homme nous demande juste après si l'on peut prendre une selfie. Je réponds par la positive. En général, Leo et moi ne refusons personne qui demande poliment, sauf si c'est vraiment nécessaire. C'est grâce à ce genre de personne que notre réputation vit encore, et on ne peut pas se permettre de mal se comporter avec eux ou de ne pas être reconnaissant. C'est la moindre des choses.
Notre petit wagon, remplit d'autres célébrités devant et derrière nous que nous n'avons pas eu l'occasion encore de saluer, se met en marche et je ne peut pas m'empêcher, malgré mon sourire et la pointe d'excitation:

- Imagine c'est juste un plan pour nous tuer tous parce que Donald Trump nous trouve médiocre ! je fais remarquer, à demi-blagueur.

À ce point j'en avait oublié mon audition de l'autre jour. C'est vrai que Disneyworld est vraiment magique.

Echo est torturé, je le sais depuis toujours, mais j’ai l’impression d’avoir comme une mission à ses côtés. On est pas seulement là l’un pour l’autre pour une couverture médiatique. J’ai la sensation que je suis arrivée sur son chemin à un moment où il en avait besoin, peut-être que ma mission avec lui c’est d’arriver à le sauver de ses démons intérieurs. J’aime à le croire, peut-être pourtant que je me trompe. En tout cas, lorsque je suis avec lui, j’ai juste envie d’être une boule d’amour et de tendresse. Lui tenir la main, lui parler calmement, le rassurer, comme je pourrai le faire avec un ami proche, un frère peut-être. C’est étrange de dire ça concernant la personne avec qui je suis censée être en couple. Mais le terme ‘couple’ est seulement là pour les médias, même si on en parle pas, on le sait aussi bien l’un que l’autre. Y’a qu’a voir notre intimité inexistante. Nos baisers ne sont que factices, visés à faire croire à notre histoire, la faire tenir de bout face au grand public. J’ai l’impression que ça va un peu mieux, quand on s’assied tous les deux dans l’attraction. Il fait un peu d’humour avec le garçon qui s’occupe de la sécurité de l’attraction. « Fait gaffe, parce que si tu te foires là, y aura pas de nouvelle saison de Witches. » Je ris un peu en secouant la tête. A la fois amusée et un peu dépitée qu’il ne parle que de moi alors que je sais qu’il renferme en lui un merveilleux artiste. Il ne le sait seulement pas. Le wagon démarre et Echo se tourne vers moi pour me livrer une pensée pour le moins étonnante. « Imagine c'est juste un plan pour nous tuer tous parce que Donald Trump nous trouve médiocre ! » J’éclate naturellement de rire. J’aime sa spontanéité, et ses blagues qui pourraient pourtant ne pas me faire rire. Je lui donne un coup de coude avant de répondre. « Arrête tes conneries. Doit bien y’avoir quelques gens talentueux dans ce wagon. A part toi j’veux dire. » J’essaie toujours de l’aider à remonter l’estime qu’il a de lui même mais c’est sans aucun doute le travail le plus difficile que j’ai à faire. Le tour de manège est génial et j’oublie tout l’espace de quelques minutes, je crie même, rigole et nous arrivons à quai. En sortant, je reprends la main d’Echo pour les photos, poussant le vice jusqu’à glisser ma main dans ses cheveux pour les remettre en place, et je m’approche de son oreille pour y glisser quelques mots. « Heureusement qu’on est de bons acteurs. » Je le regarde avec un sourire entendu sur les lèvres et un regard complice. On avait jamais parlé de ça vraiment, j’ignore si on le fera, mais par cette simple phrase je lui fais comprendre que je n’attends rien de plus de sa part. C’est très bien comme ça.

Faire rire les autres me plait. Faire ressentir des émotions aux gens en général me plaît. Ce doit être une des nombreuses raisons pour lesquelles j'aime être acteur. On screen and off screen.
Je pouffe à la réplique de Leonie, et répète sa dernière phrase en roulant des yeux.

- A part toi tu veux dire, je la corrige en pointant sa petite personne du doigt à côté de moi.

On aurait pu continuer comme ça pendant un moment, ça nous est déjà arrivé. Mais le wagon s'est ébranlé brusquement et des cris de surprises sont sortis de nos cages thoraciques à la place. Puis des rires, puis encore des cris. Elle plus que moi. Il faut dire qu'une fois que j'ai eu douze ans les montagnes russes ne me faisaient plus aucun effet. Mais j'ai essayé de ne pas faire mon rabat-joie, et ai laissé sortir quelques cris, plus pour sortir une certaine anxiété accumulée qu'autre chose.

On s'arrête, on sort, l'estomac à peine secoué. Les poumons plus remplis que vidés, les bouffées d'air que je me suis prises à cette allure ont dû me ventiler le cerveau et m'aérer littéralement l'esprit. C'était comme ressortir de la machine à laver. Mais avec un sourire pour les flashs. Leonie me prend la main, je me tourne vers elle, lui souris en la regardant dans les yeux parce que ça fait de superbes photos. Elle me passe la main dans les cheveux, probablement pour remettre en place le bordel. Elle s'approche alors de moi,  et je comprend qu'elle veut me parler à l'oreille, alors je me penche pour l'écouter. Et oui, heureusement qu'on est de bons acteurs, sinon tout le monde auraient capté ma surprise à ces mots. On screen and off screen.

Je ne m'y attendais pas. Je ne savais pas e quoi elle parlait - parce que sinon on n'aurait pas été invité ici ? parce que l'attraction était tellement nulle qu'ils aurait fallut de bon acteurs pour feindre une quelconque sensation ? - pourtant je le savais très bien. Je n'aurais jamais vraiment pensé qu'on se l'expliciterait un jour. Ces non-dits. Encore moins en public. Mais cela confirmait bien notre petit contrat, notre accord tacite. Notre entente sur ce point. Aucun de nous n'allait vraiment vers l'autre surtout pas pour des relations sexuelles. On ne dort que très rarement chez l'autre, sauf quand ça va mal et qu'on a besoin de compagnie, de mon côté surtout. Leonie est plus comme ma meilleure amie que comme ma copine, et c'était réciproque.

Je lui ai souri, comme si elle m'avait susurré une connerie du genre "Je t'aime" ou autre. Et puis je l'ai serré contre moi, parce que j'étais soulagé. C'était comme un noeud qui se défaisait, un problème en mois. Soulagé de savoir que je n'étais pas obligé de faire semblant avec elle, de me forcer. Un noeud se défaisait, mais un autre de resserrait encore plus. Avait-elle cramé mon secret ? Elle devait s'en doutait à ce stade là. Ou peut-être pas. En tout cas, je continuait d'afficher un sourire le plus naturellement possible. Mais je ne savais pas quoi lui répondre.

Echo sourit, il sourit mais moi je vois son regard, je le connais. Il a beau être un acteur merveilleux, il n’empêche que je sais lire dans son regard, et que j’y lis une certaine surprise, malgré ce sourire de façade que qui conque prendra pour réaliste et sincère. Sauf moi. Le jeune homme vient m’entourer de ses bras dans une étreinte d’une tendresse infinie. J’ignore la raison, mais les photographes doivent s’en donner à coeur joie. Je sens ses épaules qui se détendent, comme si un poids venait de lui être ôté. Peut-être une pression inutile, celle de me donner quelque chose dont il vient de se rendre compte que je n’avais pas besoin. Nous n’avons jamais parlé de ça, parce que la couverture devait se tenir droite, ne pas plier. Mais je ressens ce besoin de lui parler, sans doute pour qu’il le fasse lui aussi. Ma main glisse dans son dos et je mets fin à l’étreinte, glissant ma main sur sa joue avant de l’embrasser, juste un baiser, aussi tendre que furtif. Nous reprenons le chemin des studios, donnons quelques interviews, et la journée touche à sa fin. Enfin nous pouvons tous les deux souffler dans le taxi qui nous ramène chez nous.

Je reçois un message de ma jumelle qui me dit ne pas rentrer tôt ce soir, et j’en profite pour tourner les yeux vers Echo, afin de lui demander. « Tu veux venir à la maison ? » Ok. Dit comme ça, ça va un peu à l’encontre de ce que j’ai pu lui dire tout à l’heure. Je baisse d’un ton pour ne pas que le chauffeur entende et ajoute à l’attention de mon faux petit ami. « Je crois qu’on a besoin de discuter un peu… » J’attrape sa main sur le siège pour la serrer juste un peu, et de mon regard, je le rassure, je ne veux pas qu’il imagine quelque chose qui le fera stresser, angoisser. Rien de grave, j’ai seulement besoin de lui parler de certaines choses. Etre pleinement sincère avec lui, en espérant qu’il finisse par l’être lui aussi. Une fois arrivés chez moi, je le laisse entrer, vérifie que ma soeur n’est pas là, lui propose à boire et nous nous installons dans le canapé. C’est un peu étrange comme situation, mais il fallait qu’on en passe par là, je crois. « On a jamais discuté sérieusement de nous, de notre relation… » Je fais une petite moue avant de le regarder, et lui sourire. « C’est arrivé naturellement, j’ai cru qu’avec toi je pourrai… passer à autre chose. Mais y’a… y’a déjà quelqu’un qui a sa place, ici. » Je pose ma main sur mon coeur, pensant évidemment à Romy. Je n’ai jamais parlé de ça, à personne, et même le chemin dans ma tête, il est dur à faire. Et j’ignore pourquoi c’est Echo que je choisis pour ça…

J'ai essayé de me donner à fond pour ces interviews, essayer d'oublier ces interrogations, ces non-dits. Ça a plutôt bien réussi, même si habituellement les interviews ne font pas partie de ma liste des meilleures choses dans la vie. Ici elles étaient cependant un peu plus fun. A mes côtés, Leo avait pris une autre forme dans ma tête. Je nous voyait un peu comme Keira Knightley et Benedict Cumberbatch dans Imitation Game, les maths en moins. (Ce film a fait pleuré my hypersensitive ass). A la fin de la journée, je me sens épuisé, vidé, mais en fin de compte pas si mal que je l'avais espéré.

Le confinement dans la BMW donne à ma tête un peu silence pour la laisser respirer. Les bourdonnements dans mes oreilles se font enfin entendre clairement. Je laisse ma tête rouler en arrière contre l'appui-tête et ferme les yeux un moment. Je les rouvre, regarde par la vitre teintée, puis me tourne vers Leonie lorsqu'elle me parle. Elle me propose de venir chez elle, et je sais et sens dans sa voix que c'est surtout pour mettre les choses au clair, comme elle me le confirme juste après, plus bas.
Je la suis alors jusqu'à chez elle, elle me sert un verre d'eau (si je lui avait demandé du vin elle aurait refusé, elle y tient). Elle commence sa phrase, et je sens devenir un peu rouge. Peut-être aurais-je quand même dû tenter de demander de l'alcool, en fait. C'est une discussion que j'ai toujours craint, mais je sais qu'il faut qu'on l'ait un jour ou l'autre. Je bois alors une gorgée de mon eau cristalline en souhaitant que c'eu été un truc du genre de la vodka. Je la regarde dans vraiment la regarder, mes yeux se baladent un coup sur elle, un coup sur le fond du salon. Mais sa phrase me soulage en quelque sorte. Elle me soulage, mais elle me fait aussi un peu peur. Si elle veut aller voir quelqu'un d'autre, bien sûr qu'elle a le droit, je n'y vois aucun inconvénient. Ce à quoi je pense surtout, c'est notre image. Cela fait un peu plus de six mois que nous sommes ensemble, que je lui ait demandé si elle voulait devenir ma petite amie, et si elle voulait rompre avec moi maintenant, on recommencerait probablement à faire des suppositions sur mon comportement, sur mon addiction, et je ne sais pas si je pourrais le supporter. Encore, je ne sais pas trop quoi répondre. J'envie tellement Leonie pour avoir cette facilité à être vraie, elle-même, bienveillante et encourageant avec moi, à ne pas se construire des murs dans son cerveau où elle enferme les sujets les plus difficiles. Je l'envie pour sa limpidité, j'aimerais que ce soit aussi facilement pour moi de parler, de m'ouvrir aux autres. J'aimerais pourvoir m'ouvrir à Leonie moi aussi, comme elle est en train de le faire avec moi, de ne plus mentir, à elle mais surtout à moi-même. Y'en a marre qu'à chaque fois que je me sens attaqué par une situation ou une conversation je réponde par de l'humour, j'évite le sujet, je ne sois jamais sérieux. Je n'ai plus seize ans, je peux normalement affronter les problèmes d'adultes. Tant pis si je commence à fondre en larme ou si je ressemble à un beau diable le long de la conversation à cause de la gêne.

- Ah, je réussis seulement à dire d'abord. Je repose mon verre sur la table basse. Je comprends tout à fait, je continue en essayant de reprendre contenance. Tu veux en parler ?

Il est vrai que ma curiosité est piqué. J'ai envie de connaître le nom de cette personne. J'ai envie de connaitre la façon dont elle a connu ce gars. Le job qu'il fait, l'âge qu'il a. Mais surtout ce qui s'est passé pour qu'elle veuille "passer à autre chose" avec moi. Je sens aussi dans sa voix que c'est quelque chose qui lui pèse, et qu'elle veut que ça sorte. Alors je l'incite.

Je sens bien qu’il n’est pas très à l’aise quand je lui propose d’aller chez moi. Je précise dans la seconde que c’est pour discuter. Faut dire que depuis qu’on est ensemble, c’est pas vraiment l’intimité qui nous unit. On fait très bien semblant, mais depuis le début, on évite très bien les moments où on pourrait être seuls tous les deux quelque part. Ça semble fou mais c’est comme ça qu’on fonctionne, et en tout état de cause, je crois qu’on y a trouvé notre équilibre. Bonheur, je n’irai pas jusque là, parce que je suis intimement persuadée que l’épanouissement se trouve autre part. Nous deux on est un couple à part, un binome plus qu’un couple d’ailleurs, même si à la vue de tous, on se comporte comme tel. Toujours est-il que j’ai déjà côtoyé des garçons, des hommes, et que l’appel de la chair arrive logiquement bien plus tôt, et qu’Echo n’en a jamais manifesté ni l’envie ni le besoin. Je ne vais pas dire que ça m’arrange, mais presque. J’ai beaucoup d’affection pour lui, mais rien qui ne soit ni amoureux, ni sexuel. Surtout pas sexuel d’ailleurs. C’est pour ça que je pense qu’il est temps d’en parler.

Une fois à la maison, installés avec quelque chose à boire, je prends les devants, j’ai été l’initiatrice de ce besoin de discuter, alors à moi de prendre la parole. Je lui avoue avoir des sentiments pour quelqu’un, pas pour lui de toute évidence, même s’il soit bien comprendre que je l’apprécie beaucoup et que ma tendresse envers lui est réelle. « Ah, Je comprends tout à fait, Tu veux en parler ? » me demande-t-il visiblement un peu décontenancé. J’ignore si je dois lui en parler, mais je lui fais confiance, alors je me force un peu pour démarrer et, glissant ma main nerveusement dans ma nuque je finis par avouer. « C’est… une fille. » Au moins ça c’est dit. « J’avais jamais ressenti ça pour personne avant, j’ai pas compris ce qui m’est arrivé le jour où elle m’a embrassée pour la première fois, j’étais aussi perdue que chamboulée. J’ai trop peur de me l’avouer, d’assumer, mais je sais que ce que je ressens pour elle c’est pas rien, et ça me fout les j’tons ! » J’en tremble même tellement j’ai peur que ça se sache, peur de perdre ma popularité naissante, peur que le regard des gens change sur moi. Je viens d’une famille croyante, et je pense que mon père serait capable de faire une crise cardiaque s’il apprenait que l’autre jumelle est aussi ‘cassée’ et qu’elle aime les filles. En fait je n’aime pas les filles. J’aime Romy. C’est différent.

"Une fille". Les mots résonne encore dans ma tête. Une fille. Je ne pourrais pas décrire ce que je ressentais à ce moment-là, à cette révélation. Je sais ce qu'elle ressent. Je ne sais pas s'il y a "un garçon" pour moi, mais je sais qu'il n'y aura jamais une fille. Comme presque toujours, je l'enviais. De pouvoir se confier comme cela, de pouvoir aimer une fille. J'étais aussi flatté qu'elle ait assez confiance en moi pour me le dire. Ne craignant-elle pas que je révèle son secret, que je parte en trombe, que je casse tout ce qu'on avait construit ? Non, parce qu'elle savait que je ne le ferais pas. Parce que malgré le fait qu'on ne se connaissait presque pas, on se connaissait bien.
Je l'écoute, et ça doit se voir sur mon visage, une sorte d'étonnement, de stupéfaction. Leo fuit un peu mon regard, normal. Cependant je la regarde toujours, au cas où elle relèverait son regard vers moi, pour l'inciter à se confier, pour ne pas qu'elle pense que je suis en colère. Et je la voit trembler. Si fragile et pourtant si courageuse.
Ne sachant pas trop quoi faire, je tente un truc. J'approche doucement ma main vers elle, et la pose sur son épaule en guise de réconfort.

- C'est pas grave, je dis stupidement. C'est pas grave. Ça fait combien de temps que tu retiens ça ?

Je ne savais pas trop quoi dire, alors je l'interroge, j'essaie de la soulager d'un poids, enfin je l'espère.
Alors que ce moment devrait être le sien, maintenant qu'elle m'a avoué son attirance pour une fille, je commence à craindre de devoir le faire moi aussi. Avouer mon homosexualité. J'essaie de chasser cette pensée le plus loin possible. Mais elle revient pour me dire que c'est ce que je devrais faire. Leonie me l'a dit, je devrais le lui dire aussi, on serait quitte. Je le lui dois. Mais je ne veux pas.

J’ai du mal à croire que je viens de réussir à me confier à Echo de cette manière. Même ma propre soeur jumelle n’est pas au courant, enfin en tout cas je n’ai rien dit. Elle se doute de quelque chose, elle me connaît trop bien, et elle a essayé à plusieurs reprises de me tirer les vers du nez mais j’ai du mal à assumer ce que je ressens. Pourtant là, face à ce garçon que je fais passer pour mon petit ami, tout sort presque naturellement. J’ai la sensation qu’il ne me jugera pas, peut-être qu’il me comprendra, qui sait. Il est clair que la plus à même de me comprendre c’est encore Effy, mais j’ignore pourquoi je n’arrive pas encore à lui avouer tout ça.

Echo vient déposer une main réconfortante sur mon épaule comme pour me rassurer, me faire comprendre qu’il ne m’en veut pas, pas trop. « C’est pas grave. C'est pas grave. Ça fait combien de temps que tu retiens ça ? » Je soupire un peu, relève les yeux pour croiser son regard un instant avant de hausser les épaules et laisser ledit regard flirter avec autre chose, tout sauf son regard, par peur d’y lire des choses désagréables. La peur. Toujours la peur. « Depuis… presque le premier jour de tournage de Witches… » Je grimace et soupire, me laissant retomber dans le sofa, glissant mes mains dans mes cheveux pour aérer mon visage que j’ai la sensation de sentir étouffer. Je crois que je suis tombée sous le charme de Romy dès le premier jour mais j’ai jamais voulu me l’avouer. C’est idiot. Pourtant c’est la réalité. « Je suis désolée… » Je me redresse et cette fois regarde le jeune homme avec plus d’intensité, pour lui montrer ma sincérité. « Je suis désolée de t’avoir fait croire quelque chose, j’ai cru qu’en sortant avec quelqu’un j’arriverai à l’oublier, à passer à autre chose, mais j’y arrive pas. » Je m’énerve toute seule, je déteste cette sensation.

Je croise son regard et quand nos pupilles sont alignées, face à face, une trop grosse bouffée d'émotions m'empare, et les larmes me monte aux yeux. Foutue sensibilité. L'empathie sert beaucoup dans ce métier, mais dans des moments comme ça, je me maudis. Je ne veux pas qu'elle pense que je lui en veux. Je n'ai jamais été capable d'être attirée par elle, je ne peux pas lui en vouloir de
Surtout pas après ce qui suit. C'était donc une actrice de Withces, ou une technicienne, ou une productrice, qui sait. Evidemment, si j'avais été hétéro, si j'aimais Leonie, j'aurais été dévasté, je me serait senti trahi. Mais malheureusement je n'étais rien de cela. Je n'avais absolument pas l'impression d'être trahi, au contraire. Un soulagement et même un soutien. Elle s'excuse, mais elle ne devrais pas, ou alors je devrais m'excuser aussi. Je lui devais la vérité, moi aussi. Pourtant ma gorge se nouait rien qu'à l'idée que de tels mots puissent sortir de ma bouche. Rien que d'y penser, je cherchais du regard une bouteille d'un quelconque alcool, des médocs, n'importe quoi, pour faire taire ma tête. Tout était tellement plus simple quand j'étais pas sobre.
J'en avait presque oublié que je voulais savoir qui c'était. Cette fille. Son regard me transperce. Puis comme ça, j'ai lâché dans un souffle :

- Moi non plus.

Je me maudis encore. C'était son moment, et j'étais sur le point de le lui voler. Je me reprends alors très vite. Mes mains tremblent un peu.

- Je veux dire, je ne t'en veux pas, j'évite de la regarder dans les yeux. Tu... tu me trompais du coup, avec... cette personne ?

Je voulais le savoir tout de même. Pour les magazines surtout. Parce que j'avais l'impression parfois qu'il y avait des micros partout où j'allais. Je voulais savoir ce qui était vrai et ce qui était faux si jamais je devais trouver des informations sur internet à propos de moi et Leonie.

Je ne me sens pas à l’aise de lui dire tout ça, mais je ne pouvais pas garder ça enfoui en moi trop longtemps, pour la simple et bonne raison que je ne me sens pas moi même, j’ai l’impression d’usurper une identité, ou que sais-je. Alors mon courage à deux mains je me livre à Echo, censé être mon petit ami, mais plus ami que petit. Nous n’avons échangé que quelques baisers, toujours en ‘public’ pour donner le change, mais aucune envie de poursuivre autre chose dans l’intimité. Il n’en a pas montré le désir non plus d’ailleurs. Je finis pas lui dire que je n’y arrive pas, et sa réponse me met la puce à l’oreille. Lui non plus ? « Je veux dire, je ne t'en veux pas. Tu... tu me trompais du coup, avec... cette personne ? » Je sens son trouble, je ne sais pas exactement comment le qualifier, ni même le comprendre. Si je le trompais, avec Romy. Non. Parce que le jour où elle a appris que j'étais en couple, elle n'a même plus assumé aucun regard posé sur moi. Il fallait que je me contente de les décrypter. Et encore. Je me contente d’un haussement d’épaules, ne voulant pas vraiment répondre à la question. « Ça n’a pas d’importance Echo, de toute manière personne n’est au courant de rien pour elle et moi, chaque fois que ça a dérapé c’était quand on était que toutes les deux… » Aucun risque que quelqu’un se soit rendu compte de quelque chose, aucun risque que la presse se mêle de mon histoire, de notre histoire. « Je voulais simplement être sincère avec toi, on peut continuer de faire semblant pour la presse si tu veux, ça me dérange pas. » Je ne sais pas ce qu’il en est de son côté, j’aimerai qu’il soit sincère lui aussi, mais je ne peux le forcer à rien.

J'étais à fleur de peau à ce moment. Je sentais beaucoup d'émotion, une grosse vague, m'envahir, et me saisir comme ça, d'un coup. Apparemment ça n'avait pas d'importance. La première chose que je me suis dit, c'est que oui, elle m'avait trompé. J'étais un peu déçu, mais en soit, ça m'importait peu, en effet. Cependant tout de suite après je me suis dit que peut-être non, elle ne m'avait pas trompé, et là je me suis senti coupable. Parce que ça aurait été à cause de moi.

- Si, je l'interromps, si c'est important parce que je veux savoir si à un seul moment dans cette relation tu as été heureuse, parce que je suis conscient que c'est de ma faute si t'as jamais eu l'occasion de t'épanouir, et je m'en veux.

Je me mords la lèvre, pour me retenir de pleurer. Je respire fort, j'en ai conscience. Je ne suis pas très beau quand je pleure hors caméra. Je le fais mieux en tournage. Dans la vraie vie, j'ai juste l'air pathétique.

- J'avoue, je reprends, un peu plus calme, que c'est très important pour moi l'image publique. Mais je ne veux pas te retenir prisonnière, te prendre en otage ou quoi. Si tu veux arrêter, on peut arrêter. Je t'aime beaucoup et je ne veux pas te rendre malheureuse.

Je fais une petite pause, le temps de me remettre les idées au claires et de revenir sur ce que j'ai dit.

- Mais si tu veux continuer pour la couverture, on peut aussi. Parce que, moi aussi je dois être honnête avec toi, je te le dois bien...

Je déglutit. Qu'est-ce que je suis en train de faire ? Est-ce que je vais vraiment dire ça, là ?

- Depuis le début je savais que je ne pourrais pas t'aimer et subvenir à tes besoins comme tout le monde aurait voulu que je le fasse. Simplement parce que j'en suis incapable.

Je fixais mes mains, mais je relève un instant la tête pour décrypter son visage, voir comment elle réagissait. Mais qu'est-ce que j'étais en train de faire, bordel !

- Parce que j'aime les hommes, pas les femmes, je dis finalement presque dans un souffle, les larmes aux yeux.

Je relève la tête, je m'excuse pour les larmes, et regarde ailleurs, partout mais pas dans les yeux de Leonie. Je n'y arrive pas encore.  

 « Si, si c'est important parce que je veux savoir si à un seul moment dans cette relation tu as été heureuse, parce que je suis conscient que c'est de ma faute si t'as jamais eu l'occasion de t'épanouir, et je m'en veux. » Je secoue la tête, je ne veux pas qu’il se mette à culpabiliser pour ce genre de chose, ce n’est pas ce que j’ai voulu en lui parlant de cette manière, en lui parlant de mes sentiments pour quelqu’un d’autre que lui. Je pensais qu’il m’en voudrait, mais c’est tout l’inverse. « Ne t’en veux pas Echo, on est deux dans cette histoire d’accord ? » Et on l’a voulu tous les deux, de se mettre en couple publiquement, alors qu’il est clair qu’on n’est pas compatibles. Je vois qu’il est ému, qu’il a envie de pleurer. Je m’approche et viens me saisir de sa main. Il m’explique que son image est importante pour lui mais qu’il ne veut pas me rendre malheureuse, alors il est prêt à tout arrêter. Ou continuer si j’en ai envie aussi. Il s’apprête à me dire quelque chose d’important. Je le sens, je le soutiens, je veux qu’il comprenne que je ne le jugerai pas. « Depuis le début je savais que je ne pourrais pas t'aimer et subvenir à tes besoins comme tout le monde aurait voulu que je le fasse. Simplement parce que j'en suis incapable. Parce que j'aime les hommes, pas les femmes. » Oh mon dieu alors lui aussi. Bien sûr que je me suis posé la question, pas parce qu’il a agit comme un homo, mais parce qu’un homme hétéro, quel qu’il est, aurait maintes fois cherché à aller plus loin avec moi, chose qu’il n’a pas fait. Ce n’était pas seulement par respect. Mais parce qu’il n’en avait ni le besoin ni l’envie. Encore moins l’envie. « Viens là. » Je l’attire à moi pour le prendre dans mes bras tendrement. Comme le ferait une soeur avec son frère, ou une amie, avec son ami. Je le serre doucement contre moi, pour qu’il puisse pleurer s’il en ressent le besoin. « C’est pas moi qui vais te juger Echo… » Surtout pas après ce que je lui ai avoué. Je laisse s’écouler quelques minutes et m’écarte de lui, essuyant ses larmes de mes pouces. « Je sais pas ce qui serait le mieux pour notre image, pour l’instant je propose qu’on change rien, ça marchait bien comme ça. Et on avise si y’a du changement du côté ou du tien. D’accord ? » Je lui offre un sourire réconfortant et dépose un baiser sur sa joue. « Et puis maintenant qu’on sait tous les deux l’un pour l’autre, on se soutiendra encore plus. » C’est une certitude.