home sweet home # ophélie & solène

Ma cousine et moi semblons en apprendre beaucoup l’une sur l’autre aujourd’hui et si je ne me sentais pas comme submergée par toutes ces nouvelles, autant les miennes que les siennes, je crois que j’aurais pu en rire. Après tout, c’était presque drôle comme situation. Ça aurait été drôle si ce n’était pas si incroyablement déprimant. Solène et moi semblions comme enfermées dans des vies qui ne nous convenaient pas – pas tellement. Et nous ne savions surtout pas où se trouvait l’issue de secours. Peut-être que la réponse à nos problèmes nous apparaîtrait un jour, comme tombée du ciel. Je suppose que nous pouvions toujours espérer, non ? J’étais assez terre à terre pour savoir que ça n’arriverait jamais mais j’avais envie d’y croire. Au moins un peu. Au moins assez pour ma cousine et moi-même. Je ne pouvais pas croire que nos existences étaient fichues. Que nous étions coincées dans ce quotidien sans jamais rien connaître d’autre. Je ne pouvais croire que nous ne serions jamais heureuses, même si l’on essayait. J’avais envie d’être heureuse. J’avais envie d’être libre. J’avais envie de vivre, tout simplement. Quel mal y avait-il à cela ?

Solène m’annonce brusquement qu’elle doit retourner à l’hôpital pour un entretien et je ne peux m’empêcher de rire. « Alors merde pour ton entretien, j’espère que tu récupèreras ton job ! je lui souhaite en me relevant du canapé à sa suite. Mais je n’en doute pas une seconde, t’es une vraie tête de mule, tu ne les lâcheras pas tant qu’ils n’auront pas cédé ! » Je continue de rire cependant que je la serre dans mes bras, peut-être un peu plus longtemps qu’il ne le faudrait. Mais Solène m’a terriblement manqué et la voir partir si vite laisse comme un goût d’amertume au fond de ma gorge. Je sais que l’on va se revoir très vite mais j’avais encore tant de choses à lui raconter et je me sentais si seule ces derniers temps. En dehors de Henry, ma cousine était sûrement la seule capable de me comprendre, de m’écouter sans me juger. « Promis, on se revoie très vite cousine, je souffle avec beaucoup trop d’émotions dans la voix. Fais attention à toi et à mini-toi aussi. » Je la lâche enfin, presque à regret avant de la voir disparaître derrière la porte d’entrée qui se referme dans un claquement sonore. La maison devient tout à coup silencieuse – trop silencieuse. J’entends encore nos rires qui ricochent sur les murs mais le vide se creuse à l’intérieur de mon estomac. Solène était revenue. C’était tout ce qui comptait, je me dis silencieusement tout en secouant la tête. Je n’étais plus seule. J’avais mon frère et ma cousine. Si je les avais, eux, alors tout irait bien. C’était certain.