Faites des mômes qu'ils disaient

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Faites des mômes qu'ils disaient...

Les pleures de Theo, qui était installée dans son parc au milieu du salon, résonnaient dans toutes la maison alors que Yann observait le champ de bataille pour moins de 2 ans qu’était devenu son salon depuis plusieurs semaines, complètement désemparé. Il fallait dire que l’heure était grave, il n’arrivait plus à mettre la main sur la moindre tototte. Il en avait pourtant tout un bataillon en prévision mais là, plus moyen d’en trouver une seule. Et Theo s’époumonait comme si sa vie en dépendait, assise au milieu de ses jouets, le fixant de son regard mouillé de larmes pendant que Yanick regardait autour de lui avec désespoir, songeant que les nombreuses titines avaient dû disparaitre dans la même faille spatio-temporelle que les chaussettes sortant du lave-linge ou que les clés de voitures un jour de stress.

Ce fut en songeant aux clés de voitures qu’il eut l’illumination : la sucette de secours dans la boite à gants ! Annonçant au bébé qu’il revenait, il fila au pas de course jusqu’à la voiture garée dans l’allée, trouva le Saint Graal et revint, triomphant, vers sa fille, lui coinçant le précieux objet dans la bouche. Titine que le bébé recracha aussitôt pour enfourner son propre pouce et commencer à le sucer tout en jouant de sa main libre avec son oreille, fixant son père de son grand regard sombre, à nouveau toute calme.

Non mais t’es sérieuse là ?, demanda Yann, totalement dépité.

Après un long soupire, il fut tout de même soulagé de pouvoir à nouveau entendre le son de la télé, laissée en sourdine sur une chaine musicale quelconque et se remit à ramasser vaguement les peluches trainants un peu partout.

Il avait encore une grenouillère sur l’épaule et trois peluches dans les bras quand on sonna à la porte et se fut ainsi qu’il allait ouvrir, mettant coup de coude dans la poignée à cause de ses bras chargés.

Entre, dit-il tout simplement en guise de salutation. Désolé… Ta filleule m’a rendu chèvre et m’a mit en retard, expliqua-t-il en se dirigeant vers le parc où à présent, Theo secouait bien joyeusement un hochet munit de grelots, prenant l’air du bébé le plus innocent du monde.

Oh toi ça va hein, dit-il à la petite en balançant les peluches dans le parc alors que le bébé gazouillait gaiement. Les bras enfin libre mais ayant totalement oublié la grenouillère toujours posée sur son épaule, Yann se dirigea droit sur Lyla pour lui faire la bise et un câlin rapide. Sa marque de fabrique. Ses longs bras serrant juste une fraction de seconde. Assez pour faire plaisir et surtout ben assez court pour lui qui n’était pas un adepte des longs câlins prolongés.

T’as une mine affreuse… Tu bois quoi ?

Une journée comme une autre depuis maintenant deux semaines. Un réveil tôt, pour aller s’occuper des animaux du refuge, vérifier que l’âne qu’ils avaient sauvé reprenne bien du poids, que Laly –elle détestait son collègue de l’avoir appelée comme ça juste pour l’embêter - la chienne terre neuve qu’ils avaient récupéré depuis peu aille bien, ainsi que ses petits. Deuxième grosse sortie de son chien ensuite, Indigo, qui avait plus que besoin de courir. Elle l’avait laissé courir dans le parc, à défaut d’être en état de courir avec lui. Les moments de jeu qu’elle passait avec lui étaient les seuls réels moments de bonheur qu’elle avait depuis la rencontre de sa fille. Elle avait pu en parler avec une cliente, mais ça faisait un moment qu’elle voulait en parler avec Yann, son meilleur ami. Ca faisait aussi un moment qu’ils n’avaient pas pu se voir, et ça manquait beaucoup à la rousse. Qui devait d’ailleurs le voir juste après la sortie d’Indigo.

Elle passa par chez elle, pour se réchauffer ses pâtes aux courgettes qu’elle avait eu la motivation de se faire la veille, et qui changeait des soupes en brique ou des nouilles instantanées - bientôt elle allait épuiser le stock de la saveur légumes. Elle mangea rapidement, donna une friandise à son chien qui semblait mourir à moitié du fait de voir sa maitresse manger mais pas lui, et changea la litière des chats. Un weekend, mais pas pour elle. Un petit repos devant un épisode de Legends of Tomorrow, et un énorme instant à mourir devant Sara Lance, puis elle enfila sa veste, son bonnet et son écharpe pour partir. A peine eut-elle prit la laisse en main – qu'elle ne prenait à chaque fois que “au cas où” car cela faisait un moment qu’elle n’avait pas eu à tenir son chien en laisse. Elle l’avait eu à dix jours, comme ses frères et sœur qu’elle avait trouvé dans un sac poubelle parce qu’ils avaient eu le malheur de naître. Certains humains la dégoutaient totalement. Depuis qu’elle co-gérait quasiment le refuge, elle avait souvent cette réflexion d’ailleurs.

Elle ferma la porte, s’assura que les deux chats allaient bien, et s’en alla dans sa voiture, fit monter son chien dans son coffre, dans la cage de transport spécialement installée pour lui et roula jusqu’à la maison de son meilleur ami où elle le voyait déjà, à travers les fenêtres, en train de galérer totalement avec sa fille, qui était par la même occasion, la filleule de la rousse. Quasiment vingt ans qu’ils se connaissaient et qu’elle le voyait comme un membre de sa famille et inversement. D’ailleurs, Noël approchait, et elle avait reçu une lettre de sa mère depuis la semaine dernière qui l’invitait à venir fêter Noël avec eux, pour “renouer”. Elle n’avait toujours pas cherché à répondre, elle cherchait encore ce qu’elle allait faire.

Un aboiement de son chien la ramena à la réalité, et elle lui ouvrit, pour se diriger vers la porte de Yann et toquer. Son air totalement épuisé, la maison en bavard dû à Theodora, et le fait qu’il soit totalement désemparé lui arracha un léger sourire, qui illumina son visage et son attitude épuisée, lavée.

“Quand est-ce qu’elle ne te fatigue en même temps hein ? La joie d’avoir des enfants” un léger rire, puis elle apprécia le temps d’une seconde cette embrassade. Parfois, et surtout maintenant, elle aurait aimé que cela dure plus longtemps. Lyla était quelqu’un de très tactile, à qui il ne suffisait parfois que d’un câlin pour lui faire oublier que tout n’était pas toujours beau dans ce monde. La question qui s’en suivit lui fit un choc, se disant qu’elle ne devait pas être jolie à voir pour que malgré l’épuisement de Yann, ce dernier remarque le sien.

“Justement”

En voyant son air soudainement choqué, elle lui fit signe que ce n’était rien de grave.

“Non non t’en fais pas ! Je bois pas ! Enfin pas toute seule, mais ça tu le sais déjà que j’ai encore tendance à me mettre quelques mines en “soirée””

Elle fit rentrer son chien, qui, comme à son habitude, renifla partout, et parti devant le parc de l’enfant, tout heureux de voir cette petite chose, qui d’ailleurs, cria presque de bonheur en voyant Indigo.

“M’enfin. En un mois, beaucoup trop de choses à raconter, t’es sûr que t’as le temps de tout ça ?”

Sa question s’accompagna d’un long regard vers tous les jouets au sol, et de l’attitude bien trop vive de la petite.

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Faites des mômes qu'ils disaient...

Après avoir salué Lyla, Yann se souvint de la grenouillère sur son épaule et la déposait sur le dossier d’une chaise de la cuisine/salle-à-manger ouverte quand il fronça des sourcils en écoutant la réponse de Lyla, posant un regard interrogateur sur elle.

Non je… Demandais ce que tu voulais boire. Maaaaais… Je suis ravi de savoir qu’au moins l’un de nous deux peut encore faire la fête les samedis soir.

Yannick agrémenta sa réponse d’un large sourire rieur.

Je dois être à court d’alcool fort, continuait-il pour la taquiner. Mais j’ai de la bière au frigo.

Tout en parlant, Yannick observait Indigo, le gratifier d’une gratouille rapide puis laissa le chien filer vers sa mini-amie qui poussait des petits cris aigus en agitant les bras dans tous les sens en voyant le chien.

J’ai toujours le temps pour toi, répondit-il en se rapprochant de parc sur lequel il se pencha pour attraper le bébé qui gigotait joyeusement. Indigo n’ayant pas vu la petite depuis un mois, Yann s’accroupit devant le chien, Theo assise sur son genou.

Vas-y tout doux Theo, c’est pas une peluche que tu peux malmener lui.

Le courant semblant toujours bien passer, Yann finit par déposer la petite au sol et dans un quatre pattes dignes des meilleurs sprinters, le petit bout rejoignit le chien qu’elle gratifia d’un gros câlin avant de se caler contre lui.

Et voilà le travail, dit Yann en se redressant. A moins que Theo ne tente de planter ses deux dents dans la patte d’Indigo, on devrait être tranquille un moment. Theo est entrain de faire ses dents, expliqua-t-il en voyant justement sa fille commencer à mâchouiller un jouet en plastique, sagement installée entre les pattes du chien a qui elle donnait de temps à autre une « caresse » version bébé. Autrement dit une espèce de tape heureusement sans force. On passe des nuits assez chaotiques. En plus de ça j’ai bouclé hier un énorme dossier pour le Juge d’Instruction. Du coup c’est vrai que le ménage est un peu passé à la trappe.

Ce n’était pas encore un champ de bataille mais on ne pouvait clairement pas ne pas remarquer qu’il y avait un bébé dans le coin. Le salon était clairement devenu son territoire.

Yannick retraversa la pièce en quelques grandes enjambées, ouvrit le grand frigo américain typique de la cuisine, en sortit 2 bières qu’il décapsula et revînt dans la partie salon, tendant une des bouteilles à Lyla avant de s’installer dans le canapé.

Alors ? Qu’est-ce qu’il t’es arrivé en un mois pour que tu aille autant à raconter et la tête d’un zombie tout droit sortit de The Walking Dead ?