hey, brother ! (cirdan)

C'est pas vraiment son truc les hôpitaux à Nienna, elle est largement plus à l'aise sur les bancs de la fac ou dans une mairie - à sa petite échelle, à la maison blanche à une plus grande échelle, elle l'espère, un jour. Elle travaille dur la rousse pour y parvenir, sort la plupart du temps major de sa promotion, cherche à se mêler des affaires de son fiancé pour se faire un nom et sait déjà que le sien n'est pas inconnu même si on la considère encore comme la fiancée de monsieur hirsch. Elle sait qu'elle finira par y arriver, simplement elle doit persévérer encore et toujours. Un soupir traverse ses lèvres alors qu'elle relève la tête, non elle aime vraiment pas les hôpitaux. C'est souvent porteur de mauvaises nouvelles un hôpital. C'est glauque et ça sent une drôle d'odeur. Un mélange de produits nettoyants, de médicaments, et tout un tas de truc qu'elle ne parviendrait même pas à décrire. Y'a des gens tellement différents dans les hôpitaux, beaucoup de gens qui pleurent ou qui sont angoissés. Elle fait présentement partie des angoissés. Son père est dans l'une des chambres après s'être fait tirer dessus si elle a bien comprit, elle a prit son temps avant de venir le voir. Entre autre à cause de cette angoisse que lui provoque les hôpitaux et surtout parce qu'elle refuse de croire à ça, que son père s'est fait tirer dessus. Elle comprend pas qui pourrait avoir envie de lui tirer dessus, elle arrive pas à réfléchir à ça. Et elle veut pas vraiment le voir sur son lit d'hôpital ; elle veut pas le voir dans une situation de souffrance comme ça. Mais c'est pas correct de ne pas lui rendre visite. Perdue dans ses pensées elle s'est avancée dans le couloir et ne fait même pas attention qu'elle fait les cent pas devant la porte de sa chambre, elle se tire de sa rêverie en voyant la silhouette de son frère aîné. Salut. elle se mord la lèvre inférieure, elle a prévenu le reste de la famille par respect et parce qu'elle pense qu'ils doivent savoir ce qui est arrivé à leur père mais c'est pas l'amour fou entre son frère et elle. Et ça le sera jamais. Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle n'a aucune idée de pourquoi son frère est là, n'a pas spécialement envie de le savoir mais peut pas s'empêcher de poser la question. Elle a prévenu le reste de sa famille par respect et politesse mais certainement pas en espérant ou en croyant les voir débarquer à l'hôpital. Pourtant c'est bien son frère qui se trouve en face d'elle, ils sont tous les deux victimes des erreurs de leurs parents, de leur rancœur. Au fond ils sont semblables, tous les deux délaissés par l'un des deux parents. Mais différent parce que celui qui aime l'un déteste l'autre. Peut-être que les choses seraient différentes entre eux si ils étaient aimés et délaissés par la même personne, mais ce n'est pas le cas. Et c'est sans doute ce qui a creusé un fossé entre eux. Lorsqu'il brise le silence elle s'approche de lui et relève la tête, il est beaucoup plus grand qu'elle mais elle ne se démonte pas. Si t'es là juste pour cracher ton venin tu peux te barrer, on a pas besoin de toi ici. Les hostilités sont lancées maintenant. Le répit n'existe pas entre eux, ils se font la guerre depuis des années, peut-être depuis le début d'ailleurs en y réfléchissant bien. Elle lâche un petit rire cynique. Et alors, t'es jaloux ? L'héritage de la vieille n'est pas suffisant pour toi ? elle le fait exprès, d'employer les mêmes termes irrespectueux que lui. Nienna s'éloigne un peu pour se laisser tomber sur l'un des bancs dans le couloir, elle croise les jambes et pose à nouveau son regard hautain sur le visage de son aîné. Bah alors, tu vas pas dire bonjour ? qu'elle rajoute en désignant la porte de la chambre d'un signe de tête.

Elle lève les yeux au ciel.
Leur relation est compliquée mais tout ça c'est à cause des histoires de famille. Ou plutôt des conneries des parents, au fond les enfants ne sont responsables de rien. Leur relation est juste la conséquence directe des préférences de leurs parents. C'est comme ça, pas autrement. Pourtant ils sont semblables tous les deux, justement à cause des conneries des parents. Là où Cirdan a reçu l'amour de leur mère en remplacement de celui de leur père, Nienna a reçu celui de leur père en remplacement de celui de leur mère. Dans un autre monde sans doute se seraient-ils entraidés. Mais ils ont décidé de se livrer une guerre à la place.
Une guerre qui les pousse à se battre même dans un hôpital.
Avec leur père en mauvais état de l'autre côté de la porte.
Elle relève la tête vers lui après s'être assise sur un banc, il peut pas s'empêcher de faire une remarque, forcément. Et elle peut pas s'empêcher de soupirer mais elle garde le silence. Parce qu'elle sait qu'il va continuer de parler pendant encore un temps. Il peut pas s'arrêter là.
Et elle a parfaitement raison. Mais il se trompe, elle n'attend pas de chauffeur, ne cherche pas à le fuir parce qu'il mange sa soupe et ne veut pas voir Cirdan être jeté dehors. Parce que c'est forcément ce qui va arriver de toute manière, sans surprise tout le charme de la scène est gâché.
— Si ? Pas besoin de si, on sait tous les deux qu'il va forcément le faire. elle appuie sa remarque d'un sourire hypocrite.
Elle le fixe quand il s’assoit à côté d'elle, dans une position presque similaire à la sienne. Il cherche à la provoquer, elle en a parfaitement conscience. Et ça marche plus ou moins, elle se mord la lèvre inférieure et détourne le regard.
— Je m'assure que tu mettes pas de la mort aux rats dans la perf. elle reprend les propos de son frère exprès pour l'emmerder. La vérité c'est qu'elle sait pas franchement pourquoi elle attend sur ce banc, à l'extérieur de la chambre. Sans doute qu'elle pense qu'elle n'a rien à faire dans cette chambre si son frère y est. Ou elle repousse simplement le moment de le voir sur son lit d'hôpital, avec des perfusions et des bandages.
— Tu veux que je t'accompagne, t'as besoin de quelqu'un pour te protéger si il veut te mettre un coup de pied au cul ? Remarque, ça serait mérité. elle peut même le faire elle-même d'ailleurs.