à défier le ciel et tous ses oiseaux; meryl.

c'est celui-là, ça aurait pu en être un autre, après tout. tu fermes les yeux un instant, appuyé contre un immeuble comme un autre. c'est celui-là, ça aurait pu en être un autre, après tout. t'en sais trop rien, tu t'es juste arrêté pour observer les gens passer autour de toi. tu te pinces les lèvres, venant glisser tes doigts pleins de bagues dans tes cheveux bouclés, et tu termines par te détacher de l'immeuble, te dirigeant vers un parc, un peu plus loin. tu te pinces les lèvres, prends garde en traversant, la musique toujours aussi forte dans les oreilles. elle change, ça bouge un peu plus, un bon morceau de rock. un fin sourire prend place sur tes lèvres, tu ralentis un peu en arrivant dans le parc. tu croises un enfant, qui bouge un peu parce que ses parents ont décidé de rentrer à la maison. tu te pinces les lèvres un instant, te mordant l'intérieur de la joue, tandis que tu t'avances un peu. des gamins, à cette heure, il y en a pleins partout, tout comme des parents essayant de tenir leurs mômes à l’œil. tu esquisses un nouveau sourire, venant t'asseoir sur un banc, un peu plus loin. tu jettes un coup d’œil à l'heure. il est encore tôt, l'après-midi commence à peine. tu te mords l'intérieur de la joue et tu prends quelques minutes pour observer tout ce petit monde vivre. tu adores les gamins, ce n'est pas nouveau, tout le monde dans ton entourage le sait. et puis après tout, tu ne veux pas devenir pédiatre pour rien. tu retiens un léger à cette pensée. tu les aimes. vraiment. et tu aimerais en avoir, plus tard. mais tu ne sais pas si ça arrivera un jour ou non. t'es jeune encore, c'est certain, mais tu te poses déjà ce genre de question. sans doute parce que ça fait presque trois ans que t'es avec la même personne. que t'es bien. heureux. amoureux, putain. mais ça semble tellement compliqué, en même temps. gideon, il est plus âgé que toi. et rien que ça, rien que ses années creusées entre vous, ça bloque. c'est un truc que personne ne sait. et tant mieux, au fond. tu glisses tes doigts contre ton visage et tu soupires un peu, avant de quitter ton banc. t'as pas envie de rester là à ne rien faire, pas aujourd'hui. tu reprends ta route dans les rues de los angeles, tu vogues ça et là, ne faisant pas trop attention à l'itinéraire que tu empreintes. tu connais le centre quasiment par cœur, de toute manière, tu ne vas pas te perdre. tu manques un soupir, tu recommences à observer les gens autour de toi, un peu au hasard, tombant tantôt sur un couple, une autre fois sur un homme visiblement pressé, ou une femme un peu perdue dans les rues de la ville. tu retires tes écouteurs, fronces un peu les sourcils face aux bruits t'entourant, avant de ralentir un peu ta démarche. tu t'attardes un instant sur une jeune, sans doute un peu plus jeune que toi. tu l'observes quelques secondes, elle discute avec un gars plus âgé qu'elle - vraiment plus âgé. il s'éloigne, tu te mords l'intérieur de la joue, ne pouvant t'empêcher de t'attarder sur les expressions de la fille. c'est un peu comme un pressentiment, t'en sais trop rien. tu t'approches d'elle, un léger sourire sur les lèvres. salut. tu souffles. tu la connais pas, mais t'as toujours été assez sociable, c'est pas nouveau. tu te pinces les lèvres. c'est bizarre la vie parfois. on s'dit qu'on va être comme tout le monde, puis finalement, on ne s'entiche pas d'un jeune de notre âge. tu ajoutes en haussant un peu les épaules, retenant un petit rire, tandis que tu te retournes à peine pour jeter un regard dans la foule. je m'appelle morgan. tu souffles tout de même, un sourire amical sur les lèvres. tu veux pas passer pour un mec bizarre. de toute manière, t'as pas la tête d'un gars bizarre. on te le dit toujours.

Il était de retour à Los Angeles et ce n’était pas pour elle, la petite Meryl toute naïve et ses longs regards admiratifs, et ce n’était pas non plus par nostalgie de la ville qui l’avait vu grandir, mais pour sa femme, clouée pour le restant de ses jours à une chaise roulante depuis ce fichu accident de ski en France, qui devait se reposer et s’épargner tout stress inutile. Alors Sigmund, il s’était dit que le mieux, c’était de revenir à la cité des anges où il pourrait prendre soin d’elle et la soutenir du mieux qu’il le pouvait. Et, tant qu’à être là, profiter de son meilleur ami Walter et des cinq filles de ce dernier eux, parmi lesquelles Meryl. Car voilà ce qu’elle représentait aux yeux de son héros norvégien : la petite fille de son ami et rien de plus. Elle tenait un rôle secondaire dans sa vie. Pire encore, elle était une figurante, au même titre que ses sœurs. Elle allait et venait tandis que sa femme occupait le rôle principal. Sa femme. Meryl, elle en avait le cœur gros rien qu’à y penser. Elle était si gamine, si insignifiante pour lui. Et elle ne serait jamais que ça. C’était comme ça. Ça avait toujours été comme ça. Il était de retour à Los Angeles et elle allait devoir faire comme si de rien n’était. Lui sourire, boire ses paroles, lui faire des câlins comme une amie le ferait. Elle devrait s’en contenter. Voilà ce qu’elle se répétait tandis qu’elle marchait à ses côtés dans ce parc où il avait eu envie de marcher avec elle, après le déjeuner, qu’il avait pris à la maison, avec le père de Meryl. Et Meryl, bien entendu. Maintenant qu’ils s’étaient revus pour de vrai l’autre jour, elle ne pouvait plus l’éviter lorsqu’il passait à la maison. Son père s’était proposé pour faire la vaisselle afin de les laisser tranquilles. Mais oui, qu’ils aillent se balader s’ils le souhaitaient. (Sigmund le souhaitait, Meryl pas tant.) Ça faisait si longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus, argumentait-il, un sourire enjoué aux lèvres, pour les pousser à profiter du beau temps. Alors Meryl avait plié l’échine et suivit son Ulysse à l’extérieur, où il lui avait raconté en long et en large le récit de ses derniers voyages. Un peu comme avant. Et puis, un des artistes dont il gérait la carrière lui avait passé un coup de fil et il avait dû s’en aller, la laissant en plan, seule dans ce parc. Comme une parfaite abrutie. Immobile, les yeux humides, la bouche triste, elle l’observa s’éloigner d’elle, une fois de plus. Là, tout de suite, elle avait envie d’arracher son cœur à mains nues et de l’offrir au premier venu : qu’on le prenne, parce qu’elle, elle n’en voulait plus, il le faisait trop souffrir. Elle renifla, puis frotta ses yeux de son poing pour les empêcher de couler, les traîtres. Elle se détestait de pleurer pour lui. Encore une fois. Puis, elle sentit quelqu’un s’approcher d’elle et pria très fort pour que ce ne soit pas un type louche qui voudrait lui vendre une babiole : elle n’aurait pas le courage de le rembarrer et devrait endurer son monologue. Mais ce n’était pas un vendeur ambulant. Non, c’était un jeune homme, peut-être plus vieux qu’elle. Son visage ne lui disait absolument rien. Et à ses paroles, elle écarquilla les yeux. Elle se mit à balbutier : « Hein? Oh, euh, bah je… Ha, ha, ha, qu’est-ce que tu veux dire par là? » Pourquoi, mais pourquoi ne pouvait-elle pas être aussi à l’aise que ses sœurs quand il s’agissait de relations sociales? Oui, pourquoi? « Et, Morgan, est-ce que ça t’arrive souvent d’aborder des inconnus comme ça? » osa-t-elle demander, une fois remise de sa surprise première. Soit, il avait l’air sympathique. Mais que voulait-il réellement? Et puis, il ne pouvait pas avoir deviné ce qui se tramait entre Sigmund et elle? Ou plutôt ce qui ne se passait pas entre eux. Non, c’était impossible.

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ce n'est pas ton genre, d'aborder les gens dans la rue, comme ça. mais elle t'interpelle, la brune. sans doute un peu plus jeune que toi, même si t'as une tête de gosse et que beaucoup doutent de ta majorité. tu te mords l'intérieur de la joue, t'es assez sociable, et tu ressembles pas franchement à un psychopathe, alors ... tu esquisses un sourire, terminant par lui souffler ton prénom, un sourire sur les lèvres, t'approchant un peu de la jeune femme. t'as bien remarqué, le regard qui se dessine sans doute sur ton propre visage quand c'est gideon que t'observes. et ... tu sais même pas pourquoi t'es venu l'aborder, au fond. tu retiens un léger soupir, te pinçant les lèvres. hein ? oh, euh, bah je… ha, ha, ha, qu’est-ce que tu veux dire par là? tu te mords l'intérieur de la joue, te pinçant les lèvres a ses mots. et, morgan, est-ce que ça t'arrive souvent d'aborder des inconnus comme ça ? tu ris un peu cette fois, haussant un peu les épaules face à la question. non, pas vraiment. tu pouffes de rire. on m'a toujours dit que j'suis sociable, mais pas autant. tu ajoutes en souriant, glissant tes doigts dans tes cheveux. j'voulais pas paraître étrange, désolé. tu souffles avec une petite moue sur les lèvres. je peux t'offrir à boire pour me faire pardonner ? ou une glace, si tu veux. tu proposes en souriant tendrement. t'inquiètes pas, j'vais pas essayer quoi que ce soit, j'suis gay et j'suis en couple depuis presque trois ans. tu ajoutes. tu veux juste être sympathique, faire une belle rencontre pour quoi pas. tu te mords l'intérieur de la joue souriant une nouvelle fois en jetant un rapide coup d’œil autour de toi. c'est étrange de dire clairement que t'es en couple, alors que c'est pas une relation dont tu parles. je sais pas avec qui t'étais avant, mais ... il a l'air gentil. tu souffles en souriant, t'en sais trop rien au fond, parce que tu ne l'a qu'aperçu. tu glisses tes doigts dans ta nuque. tu sais, j'sors aussi avec quelqu'un qui est plus vieux que moi. enfin non tu le savais pas, mais ... voilà. tu avoues finalement, riant un peu. tu sais pas pourquoi tu lui parles de tout ça, à cette fille que tu connais à peine. tu sais pas. c'est pas totalement ton genre. tu te pinces les lèvres, soucieux quelques instant. tu la connais pas, de toute façon. elle ne pourra jamais faire le lien avec gideon. jamais. et tant mieux. tu viens éloigner tes mèches de ton front. il fait chaud, tu transpires, même si c'est pas franchement glamour, et tes cheveux collent un peu contre ta peau. ils sont de plus en plus longs, mais tu peux pas encore les attacher. et ce matin, tu n'as pas pensé à mettre un bandana pour les tirer en arrière.