(mikeal & apollonia) when we first met, your hair was long and brown.

L'Amérique. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer se voir débarquer sur ce si grand continent que les États-Unis. Tout lui semblait si différent de Palerme. Et pourtant, elle allait devoir s'adapter et vivre dans ce pays dans lequel elle n'avait jamais mis les pieds auparavant. Son accent italien trahissait malgré elle ses origines méditerranéennes. Et lorsqu'elle avait rendu visite au grand-père de Mikeal, elle était ressortie de son appartement avec une tape sur l'épaule affective. Une sorte de geste de bienvenue ou un encouragement peut-être. La bénédiction du grand-père une nouvelle fois renouvelée, il était temps à présent de faire sa rencontre. La rencontre de celui qui serait, officiellement et aux yeux de tous, son futur époux. La tâche était ardue et l’exercice difficile. L'opération se devait d’être un succès. Il n’y avait pas de place pour l’échec. Le vieil homme avait inscrit une adresse sur un bout de papier déchiré. La nuit était tombée. Elle s'attendait un appartement, ou peut-être une même une maison mais son regard resta fixé sur l'enseigne clignotante. Une boîte de strip-tease. Elle relut une nouvelle fois l'adresse écrite au crayon et la compara à nouveau au plan de son téléphone portable afin de vérifier que l'adresse était la bonne. Ses sourcils se froncèrent bien malgré elle.

Deux hommes étaient postés devant son entrée. Elle passa la porte de l’établissement d’un pas hésitant, craignant de s’être trompée d’adresse. Elle s’avança à l’intérieur, la musique bombarda alors ses oreilles. S’approchant du bar, elle posa une main sur celui-ci avant de se pencher et d’en interroger son barman.

« Je cherche Mikeal Martinozzi… »

Le jeune homme au bar, préparant un cocktail, eut un sourire en coin l’espace d’un instant. Puis son regard dévia juste derrière elle.

« Ah, et bien voilà le chef, mademoiselle… » me montra-t-il du regard.

Apollonia se retourna. Elle n’eut le temps de voir précisément les traits de son visage mais d’allure, c’était un homme brun, au teint mat et aux cheveux ébouriffés. Il était donc le responsable de ce club de strip-tease ?

« Vous êtes le responsable de ce club ? » demanda la jeune femme, se permettant de le l’observer de haut et bas. Il était plus plaisant que ce dont elle s’imaginait. En réalité, elle ne s’était pas imaginé quoi que ce soit, pensant qu’elle serait fatalement déçue de l’homme auquel elle devait se marier.

« C'est un bel établissement... » affirma-t-elle en observant du regard les abords de cette immense salle, laissant probablement croire qu'elle s'y connaissait en la matière. Le bar, la scène, les barres de strip-tease, les lumières éblouissantes.

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La soirée n’avait pas encore atteint son apogée. Quelques clients étaient là, mais elle savait que l’ambiance pouvait être meilleure. Il n’était pas tard. Il n’était pas encore l’heure pour voir apparaître la perversion. Le barman lui avait montré le responsable de ce lieu, qui n’était autre que son futur époux, Mikeal Martinozzi. Et lorsqu’elle s’était avancée vers lui, elle avait feint volontairement de ne pas se présenter à lui. Ils s’étaient serrer la main, et maintenant, elle était certaine qu’il était son homme. L’homme à abattre. « Enchantée. » C’est alors que l’espace d’un instant, son esprit fut troublé. Martinozzi la confondait avec… une prostituée qui viendrait candidater dans sa boîte de strip-tease ! La situation était risible, et elle ravala un rire inexplicable.

« Je ne suis pas sûre de posséder entièrement les qualités indispensables pour ce métier, monsieur Martinozzi. »

Elle laissa un temps mort volontaire et repris. « Mais avec votre œil de professionnel en la matière, vous devriez distinguer ce que moi-même je n’arrive pas à déceler…» Elle ignorait si un homme pouvait affirmer ou non si une femme, quelle qu’elle soit pouvait être - physiquement parlant  - une « bonne » prostituée. Apollonia, elle, pourrait très facilement affirmer ce qui plaisait aux hommes, c'était universel et les filles qui agrandissait ses rangs pouvait l'illustrer. Elles avaient toutes quelque chose qui pouvait rendre un homme dingue : de longues jambes, une chevelure de rêve, une poitrine généreuse, un accent séduisant... En tous les cas, ce petit jeu lui plaisait : combien de temps allait elle pouvoir laisser ce quiproquo s’installer et lui laisser croire qu’elle était là pour une offre d’emploi ? Pas bien longtemps, mais elle appréciait l’échange. Non, il ne fallait pas que ce jeu ne dure trop longtemps.

Il l’invita à s’installer auprès de lui et le serveur vint vers eux pour prendre commande.

« Un Bellini. » commanda-t-elle en reportant son attention vers Martinozzi. Elle releva alors qu’il était plutôt bel homme et cette remarque lui enleva déjà une belle épine du pied. Le rôle qu’elle allait devoir jouer s’annonçait-être moins difficile que prévu. Martinozzi lui fit alors remarquer qu’il avait deviné ses origines italiennes. C’est alors que son Bellini fut servi et apparu devant elle.

« Je viens d’arriver d’Italie. Mon accent m’empêche de me fondre dans la masse, j’en conviens. » elle venait là de dire une vérité générale. Il était bien complexe pour elle de passer pour une parfaite américaine. Du moins, dès qu’elle ouvrait la bouche, aucun doute n’était alors permis.

« Je ne risque rien en affirmant que vous semblez également en avoir ? »

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Malheureusement, le quiproquo s’installait un peu trop au goût d’Apollonia. Certes, elle avait le goût du vice, mais son plan n’était pas établi de la sorte, Mikael devait avoir rapidement confiance en elle et ce n’est pas en le laissant s’engouffrer dans cette situation que cela sera positif. Sa mission commençait dès maintenant. Dès ce soir. Et plus vite elle retournerait le cerveau de ce Mikael, plus vite elle retournerait à Palerme auprès des siens. La belle brune se devait d’être subtile tout en étant intensément attirante sans que le jeune homme ne se doute de quoi que ce soit. Mais la vérité était belle est bien là : il devait tomber sous son charme le plus vite possible. Cette mission n’était pas impossible, mais cela dépendrait beaucoup des goût de Mikael. Elle espérait qu’il appréciait les brunes, autrement, sa mission risquait d’être complexe.

« Serait-ce mon nom qui vous a mit sur la piste ? »
« Un peu, je l’avoue. »


« Vous avez déjà un physique qui fera tourner de l’œil à bien des hommes...» Apollonia sourit, satisfaite intérieurement.

Puis, il enchaîna rapidement avec ses explications, la danse, l’argent, les clients qui dépassent les limites. Il fallait qu’Apollonia le stoppe rapidement avant que le quiproquo ne puisse le gêner.

« Excusez-moi… je pense qu’il y a un malentendu. Je suis… très flattée que vous puissiez m’avoir confondu avec l’une de vos très jolies jeunes femmes, mais, je ne viens pas pour postuler à un emploi.»

Elle laissa plusieurs secondes à Martinozzi pour comprendre qu’elle ne venait pas postuler à un job de strip-teaseuse. Elle vit sur son visage hâlé qu’il avait saisi. Pour autant, il ne savait toujours pas qui elle était. Ce qu’elle venait faire ici si ce n’était pour un job.

« Je suis Apollonia Iavarone. » lança-elle distinctement. Et afin de tirer cette situation au clair, elle préféra préciser un autre détail pour le mettre sur la piste afin qu’il n’y ait pas à nouveau un second malentendu.

« J’en déduis que votre grand-père ne vous avait pas informé de mon arrivée... »

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Le quiproquo était désamorcé et Mikeal rebondit rapidement. En effet, il reprit très rapidement ses esprits. Son regard fut rapidement plus sévère et son sourire disparu entièrement. C’était l’effet Iavarone ? « du fait que j'étais offert en mariage contre mon grès. » elle eut un sourire en coin. Comme si elle, elle avait désiré ce mariage de son côté. Non, tout n’était que tour de passe-passe, Martinozzi, pensa-t-elle. Elle n’était pas là pour ces beaux yeux.

« Je suis néanmoins heureux de voir que ce ne sera pas à une vieille croulante. »

- Ravie de vous plaire... Répondit-elle instinctivement.

Ils se dirigèrent par la suite dans son bureau qui était tel qu’elle se l’était imaginé : une grande baie vitrée surplombait la salle principale. Elle aimait beaucoup le concept. Une fois installés, il lui demanda quelles étaient les formalités concernant ce mariage.

- Je ne me suis jamais mariée. C’est bien pour m’éviter ce genre de questions inutiles. Oh… j’oubliais un détails qui a pourtant du sens…je ne marierais pas immédiatement. Je désire une période transitoire au cas où nos deux caractères seraient primairement incompatibles. Vous ne semblez pas en manquer, moi non plus... questions de prudence. J’imagine que vous n’y verrai pas d’inconvénient ?

« …Ce n'est pas forcément votre terrain de jeux »

- J’imagine qu’avec la puissance européenne des Iavarone et la connaissance du terrain américain des Zorsini, le monde est à nous… et cela, nos paternels l’ont bien compris. Nous sommes les héritiers de leurs empires.

« Parce que très sincèrement, de vous à moi. Je ne suis pas du genre à me contenter d'une seule femme, même si cette dernière est ravissante. »

- Qui a dit que vous vous contenteriez que de moi ? J’imagine facilement que les jeunes femmes vous tournent généralement autour, surtout dans ce milieu… et croyez-moi, je sais de quoi je parle. Je connais bien ces beaux papillons de nuit qui vous tourne autour et qui finissent par se brûler.

Je n’y vois aucune objection d’autant plus que je ne vous serai d’aucune utilité dans votre lit. Voilà qui était dit. Qu’il couche avec qui il veut, cela lui était bien égal. Apollonia ne comptait pas faire partie de ses soirées d’orgie. En revanche, j’exige la discrétion, cela va de soi…

Et tant que nous ne sommes dans les conditions de cette relation… Un dernier détail : cette condition est bien évidemment réciproque…  
Nous sommes d’accord ?

Ainsi, nous pourrions commencer à nous tutoyer maintenant...

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