like a heartbeat drives you mad. (eve)

Un sourire, une caresse, un baiser, le corps se mouvant lentement au rythme de la musique, cela pourrait être une soirée classique dans une des boites plus ou moins fréquenté de la ville. Mais non, la vérité était tout autre, plus sombre et inavouable, c'était un montage musical digne d'un film des années 80, les chansons de ma playlist passaient tandis que je me préparais. Non, pas un combat sur le ring contre un soviétique cliché, gant au point, mais une toute autre épreuve, celle ne de pas tout faire foirer. D'aucuns diraient que l'assurance est de mes premières qualités et ils auraient raison, mais alors que je regardais à nouveau le profil de mon rendez-vous sur ce site de rencontre, je la sentais. La tension, le trac, le petit nœud se formant et jouant avec mes intestins, les rendez-vous n'étaient pas une chose fantasque et impossible pour moi.

Mais ma définition de rendez-vous à tendance à différer légèrement du reste de la société, discuter un peu avec une fille sur internet, blaguer, la séduire, la rencontrer, faire des cochonneries, la fin. Je n'avais jamais pensé passer plusieurs semaines avant de même se rencontrer, encore moins aller dans un restaurant qui est aux normes hygiéniques, non, c'était très clairement un coup bas. Cette application de rencontre ne devait absolument pas servir à faire des rencontres, pas des vraies rencontres, tout était plus simple lorsque cela se passait dans un bar, le tout passablement émécher. Le contrat était simple, clair, défini et le maximum qui pouvait arriver était de récupérer un numéro pour un plan cul occasionnel, ça avait marché un certain temps sur cette application. Une glissade à gauche, une glissade à droite, un petit cœur et puis le lit, puis Elle est apparue.

Avec sa longue chevelure brune et ses petites lèvres et ses adorables lunettes, ça a commencé innocemment, une salutation, puis une discussion, puis c'était fini, tout s'enchaînait. C'était rageant, à peine que je m'en rendais compte que j'avais l'impression d'être toujours scotchée sur mon portable pour voir comment elle allait et ce qu'elle faisait. Et ça les gars l'ont rapidement remarqué, je n'ai pas compté les remarques à la noix de certains sur cette nouvelle évolution dans mes relations avec les femmes. J'avais certes un sourire digne d'une adolescente ayant un crush, mais je te rassure Brian, j'aurais le même quand je te ferais manger ma clé à molette. Je me retrouvais désormais devant mon placard dans mon appartement, choisissant soigneusement l'accoutrement que je mettrais à cette embuscade mortelle communément appeler rendez-vous. Sobre ? J'avais toujours une chemise, mais peut-être était-ce trop impersonnel ?

Sexy ? J’étais sûre de pouvoir déclencher une réaction comme ça, mais peut être que cela l’intimiderait un peu ? C’était sans compter les photos qu’on s’était envoyé et les discussions qu’on avait pu avoir, je ne veux pas dire que je m’attendais à la voir arriver telle une succube. Mais cela ne m’aurait pas étonné vu la tournure que pouvait prendre certains de nos messages, je prenais trop de temps à choisir, c’était mauvais, habituellement j’aurais juste mis ce qui me vient à l’esprit. Au moins je ne me tracassais pas trop avec cela, repérant enfin ce que j’allais mettre, c’était simple, j’allais rester moi-même, enfin pas trop moi-même non plus, ça finirait mal sinon. Une veste de cuir digne des plus beaux motards de la côte ouest, le reste de l’accoutrement suivait la tendance, en particulier les bottes dont j’étais si fière.

Mais non, aujourd’hui je n’étais pas une motarde classe, j’étais une motarde classe et chic comme le prouvait mon eye liner et mon rouge à lèvre. Je ne pouvais que la faire fondre sur place, c’est avec assurance que je me dirigeais vers l’entrée, il ne me restait plus qu’à aller chercher mon véhicule. Ou cela aurait été le cas si l’univers de s’était pas liguée contre mon bien être en cette soirée qui approchait à grand pas, pas de lentille de contact. J’avais beau cherché, je ne trouvais rien, c’est donc avec le même enthousiasme que celui que je montrais en cours de chimie que j’enfilais mes lunettes, prenant le style motarde classe, chic et…intello ? Encore une preuve que tout ceci était une horrible idée et qu’Avalon était le Malin, une idée à creuser alors que je chevauchais enfin mon destrier de moteur vers le rendez-vous.

Rouler dans les rues de cette ville était toujours autant un plaisir, la liberté, la vitesse, une fraîche soirée se dévoilait, une que je ne passerais pas à un bar ou sur mon ordinateur. Non, je la passerais à manger…quelque chose, à vrai dire je ne me souvenais pas ce que servait le restaurant où nous allions, détail sans importance. Il n'avait pas fallu longtemps pour que je trouve une place et ne me mette en route vers le lieu désigner, au moins j'étais à l'heure, il ne fallait pas faire attendre la dame. Désolée, la parfaite beauté devant mes yeux, je pouvais la dévisager à mesure que je me rapprochais et chaque pas était meilleur que le précédent. Étrangement la tension semblait quitter en partie les muscles de mon corps, j'étais arrivée, j'étais devant elle, je ne pouvais pas m'empêcher d'automatiquement sourire en réponse à son propre sourire. « Moi qui me préparait à devoir sortir ma carte pour prouver mon identité, je suis impressionnée par tes talents. »

Un léger rire sortait de ma bouche alors que je me rapprochais un peu plus d’elle, l’observant un peu plus ses traits, elle avait réussi l’exploit d’être plus belle qu’en photo. « Je suppose qu’une femme aussi jolie ne peut être que mon rendez-vous, heureuse d’enfin te rencontrer, j’espère que tu as faim, parceque je vais manger pour deux. » Et il n’était pas question que du repas là.

Une chose était certaine, ma compagne savait comment attirer l’attention sur elle, son sourire, son rire, son clin d’œil, chaque petite expression de son visage alors qu’on discutait, c’était enivrant. A vrai dire, entrer dans le bâtiment et déguster ce qui serait certainement un délicieux repas n’était plus vraiment une chose qui m’importait dans l’immédiat, je pourrais seulement parler avec elle dans le froid. La tension qui habitait mon corps et mon esprit depuis des heures semblaient s’estomper alors que je l’écoutais simplement, voyant que le courant semblait passer entre nous. Encore un peu et je pourrais me convaincre que je n’allais pas faire de ce dîner un désastre, je sais, effrayant qu’une telle possibilité m’effraie connaissant mon caractère, mais je me sentais particulièrement vulnérable. Bien sûre il n’avait pas fallu longtemps pour que mon interlocutrice réponde à mes paroles, laissant entrevoir une possible morsure, étrangement, cela était bien plus tentant que menaçant à mes oreilles.

Il faut dire que je m'y connaissais plutôt bien en morsure, même si les miennes n'étaient certainement pas aussi attirante que celle que proposait la sauvageonne m'accompagnant, les bagarres alcoolisées ne sont pas toujours amusantes. « Oh tu sais, j'aime vivre dangereusement, mais j'essayerais de ne pas réveiller pour le moment la bête sauvage. » Un petit clin d'œil suivait à son tour, mais il n'était plus temps de s'échanger des sous-entendus dans la rue, je remerciais intérieurement la belle m'accompagnant. Je doutais fortement que le restaurant aurait été notre destination vu le rythme à laquelle évoluait la conversation, non pas que cela aurait été désagréable, au contraire. Mais je voulais vraiment faire un peu plus connaissance avec ma compagne pour le moment, je m'avançais donc, profitant de la chaleur du lieu, laissant malgré tout ma partenaire passer devant une fois à l'intérieur.

Ce qui, contrairement à ce que pourrait penser certaines mauvaises langues, n’était pas pour subtilement apprécier la forme de son postérieur, pas seulement pour ça. Avalon était celle qui avait pris rendez-vous dans ce lieu de toute bien trop grande classe pour ma simple personne, un rendez-vous au Burger King aurait été plus adapter à ma grâce non existante. Je la laissais gérer le serveur, suivant le mouvement jusqu’à notre table, me dépêchant néanmoins de tirer la chaise de ma compagne pour la laisser s’asseoir, les règles de la galanterie, ce genre de choses. Je m’asseyais ensuite à ma place, observant Avalon quelques secondes en silence, cherchant quoi dire, une banalité ? Un compliment ? Parler d’elle ? Se concentrer sur le menu ? Tellement de possibilités, je finissais malgré tout par relâcher un sourire en coin tandis que je prenais la parole. « Je dirais que ça se passe bien pour le moment, on a trouvé nos places, on est au chaud, ton chapeau est super cool et je n’ai pas encore été dévoré. »

J’observais attentivement sa réaction, espérant avoir un minimum de succès, je n’étais pas la plus douée pour ce genre de conversations, mais j’avais foi en mes capacités. J’avais encore plus foi en mon corps, mais je ne voulais pas immédiatement tricher en utilisant mes charmes naturelles, ma compagne ne pourrait pas résister à une telle tactique. Je commençais à vaguement feuilleter le menu, maintenant tout de même la plupart de mon attention sur la chose la plus intéressante dans le bâtiment.

Avalon n’avait plus froid et je pouvais bien comprendre pourquoi, il faut dire que je me sentais également de plus en plus réchauffée à mesure que cette femme parlait. Mais tout, de sa voix à ses expressions respiraient la tentation, les sous-entendus, la prunelle de ses yeux dans les miens, incapable de détourner mon regard, le froid n’était plus qu’un lointain souvenir. Non, désormais je ne pouvais qu’éprouver une chaleur, douce et irradiante dans mon corps, je n’avais jamais vraiment été douée pour la subtilité, la galanterie ou les soirées romantiques au restaurant. Mon envie était bien plus primale, dévorante, c’était la même qui avait motivé nos échanges ces dernières semaines et j’étais contente d’avoir un public pour m’empêcher d’essayer de déjà goûter ma partenaire. Je ne détournais donc pas le regard, passionnée par tous les mots que pouvaient me sortir mon interlocutrice, mon corps tout entier frissonnant à la seconde même où il sentait cette si douce main l’effleurait.

Mais avant même que je ne puisse réagir à cela, elle me faisait la lecture, offrant ses précieux conseils sur les menus à prendre, elle aurait pu m’expliquer les mathématiques que j’aurais été aussi subjugué. Je pouvais imaginer tous les repas, décelant tous les sous-entendus, me disant que si tous les rendez-vous ressemblaient à ça, il y a bien longtemps que je me serais laissé prêter au jeu. Tant de possibilités de repas, pourtant je ne voulais plus ne serait-ce que penser à prendre une des autres possibilités du menu, me concentrant uniquement sur la sélection d’Avalon. J’attendais quelques instants, un sourire en coin se formant sur mon visage alors que je répondais à ma compagne. « Un croque-madame ? Elle avait essayé de piocher dans ton assiette ? Tout a l’air bon, mais je suis vraiment insatiable pour les moules, je vais en prendre, en fait, ce n’est pas la seule chose que je vais prendre… »

Oui, la température ne stagnait décidément pas, décidant de monter crescendo, un mot après l'autre, lentement je me rapprochais un peu plus d'Avalon. Ma main frôlant la sienne, mes yeux dans les siens, une certaine malice sur mon visage, un mouvement, rapide, calculée, je ne jouais plus, je me retirais rapidement avec le chapeau de ma compagne. Je l'observais de plus loin, amusée, provocatrice, sûre que ce nouveau style m'allait à la perfection et puis c'était la parfaite occasion pour voir si elle mordait également lorsqu'on lui piquait autre chose que sa nourriture. Après tout la science est remplie d'expérimentations et je me sentais tout particulièrement d'humeur à expérimenter en ce début de soirée, un léger rire s'échappant de mes lèvres alors que je contemplais la belle non loin. « J'accepte tes remerciements, c'était un plaisir de te réchauffer, mais je ne savais pas qu'il fallait apporter de cadeaux, on dirait que je vais devoir improviser. »

La malice sur mon visage laissait rapidement place à la bouille la plus innocente que je pouvais afficher, assurément une des choses qui me correspondaient le moins bien dans ce monde. J’espérais simplement que le serveur arriverait bientôt pour nous interrompre car je ne savais pas jusqu’où allait se diriger cette soirée maintenant que les hostilités étaient lancées, mais j'attendais avec impatience de le découvrir.

Le chapeau en ma possession, je pouvais admirer rapide cours sur l’histoire du craque madame, un constat s’imposait de plus en plus à mesure que la conversation avançait, je voulais plus. J’aurais pu l’écouter me débiter un dictionnaire entier que je serais resté en admiration devant chaque trait de son visage et de sa voix, succube, sirène, peu importe, je prenais. J’avais surpris ma compagne avec mon attaque, mais elle aussi préparait quelque chose, je pouvais le voir à la manière qu’elle avait de poser ses coudes sur la table. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire en l’admirant alors qu’elle me montrait la mimique de morsure la plus adorable qui soit, alors comme ça elle était le serpent tentateur ? Si Lucifer était ainsi, ce n’était pas étonnant qu’Eve ait croqué dans la pomme et j’étais sûre que j’aurais aussi pris bien plus la peine d’écouter le bla bla religieux de ma famille.

Je me serais également convertie au satanisme, mais pour le moment, l’idée de croquer dans la pomme me plaisait énormément, je m’apprêtais à contre attaquer encore une fois, continuant notre jeu. Enfin je l’aurais fait si le serveur ne nous avait pas interrompus sans la moindre vergogne, je sais que c’était normal, mais tout de même, c’était frustrant. Je laissais Avalon répondre et donner d’une traite le menu, ne faisant pas très attention au serveur qui, il est vrai semblait légèrement gêner, enfin il avait de la chance. Après tout avec moi, tout pouvait arriver, surtout les situations emplies de gêne et de regrets, principalement pour les autres, j’ai cet art de ne pas beaucoup m’en soucier. Honnêtement, je voulais gêner cet homme, il m’avait interrompu, il avait l’air déjà gêné, non vraiment l’occasion était trop belle, je me sentais obligée d’assouvir mes besoins. Je jetais un rapide regard vers le serveur avant d’à nouveau plonger le mien dans celui de ma partenaire. « Non, moules et vin, c’est déjà assez, je dois garder de la place pour croquer ta pomme après… »

Un petit clin d’œil et je pouvais sentir le pauvre employer s’effondrer sous la gêne, peu importe, il était rapidement parti et je pouvais à nouveau me concentrer sur le plus important. Je m’adossais contre ma chaise, observant avec un amusement non dissimuler ma partenaire, prenant enfin le temps de correctement placer son chapeau sur ma chevelure. « Donc, avant de nous faire interrompre, tu me révélais que tu étais basiquement le serpent tentateur et que tu risquais de me mordre, comme tu peux t’en douter, je suis terrifiée. » Après la bouille innocente de plus tôt, c’était désormais une légère moue qui ornait mon visage, je comptais bien montrer mes talents d’actrice à Avalon en cette belle nuit. Je me sentais bien, enthousiaste, je n’avais pas encore tout fait foirer, je n’avais pas encore frappé quelqu’un car il était particulièrement irritant.

Non, j'étais seulement assise avec une femme magnifique, faisant la pitre pour son bon plaisir, enfin pour quelques secondes au moins, un léger rire effaçait bien rapidement cette fausse moue de mon visage. Je me calmais néanmoins rapidement, observant quelques instants ma compagne, lui disant sur un ton plus sérieux, mon cœur s'emballant et semblant vouloir exploser ma cage thoracique. « Je suis vraiment contente d'avoir accepté ce rendez-vous pour le moment, j'ai pas vraiment l'habitude de ce genre de choses et je suis vraiment impatiente de vraiment te connaitre. »

Certains penseraient qu'un rendez-vous était une chose aisée, que l'on entrait, passait un bon moment et ressortait, mais non, c'était une épreuve de tous instants. Choisir comment s'habiller, choisir où passer la soirée, choisir le repas, ne pas être ennuyeuse, ne pas prendre ma compagne sur la table après avoir interrompu la discussion. D'accord, la dernière option avait peu de chances d'arriver, mais Avalon ne laissait clairement pas sa place à la facilité dans ce dîner, sa vile jambe tentatrice. Je faisais peut-être des sous-entendus, mais la petite démone aimait clairement faire d'autres choses sous la table, heureusement que le serveur ne pouvait pas y assister, un homme évanouit aurait été problématique. Mais le talent étant un minimum présent, j'avais assuré mes sous-entendus, puis mon discours à cœur ouvert, faisant à peine attention à l'employé repartant la queue entre ses jambes, laissant les grandes filles parler.

L'atmosphère était désormais moins au flirt continue et plus à ce qu'on pourrait penser d'un rendez-vous dans les normes, un moment où on apprend à mieux connaitre l'autre et pas sexuellement, pas seulement. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire en entendant ma compagne me dire à quel point je l'intéressais, évidemment je l'intéressais, sinon cette soirée n'aurait jamais eu lieu, mais cela faisait plaisir à attendre. Le stress qui avait rongé mon être une bonne partie de la soirée n'était plus qu'un mauvais souvenir, remplacer par le bien-être que me procurait mon moment avec cette jolie brune. Mais ma compagne voulait en savoir plus sur moi, ce que je faisais dans la vie ? A part boire comme un trou, frapper des gens et regarder du porno ? J'allais essayer de ne pas dire ces choses au premier rendez-vous, voir même le deuxième.

Je réfléchissais quelques instants, haussant les épaules « Pas grand-chose, quand j’ai pas les mains dans le cambouis au garage, j’essaie de m’amuser avec ma bande de motards, c’est moins passionnant que ça en a l’air. Mais si tu as besoin d’un coup de main pour ta voiture, ton lave-linge ou des travaux, je suis Madame Travaux Manuels, je m’y connais aussi en ordinateur, un peu ma seconde passion, ça peut aider. » Il valait mieux aussi ne pas mentionner mes petites activités pas forcément légales liées à l’informatique, tout le monde n’est pas ouvert à ce genre d’activités. J’espérais au moins ne pas passer pour une ratée, je ne possédais pas de grands métiers ou d’études infinies, même si être mécanicienne ouvrait la porte à un certain nombre de fantasmes pour les dames. J’espérais également ne pas avoir à attendre des plombes avant de pouvoir manger, la faim commençait à se faire ressentir.

Mais le plus important restait à venir, c'est donc avec curiosité que je continuais à la conversation avec ma compagne. « Maintenant que tu sais mon honteux secret, à moi d'entendre le tiens, donc, que fais-tu dans la vie, à part tenter d'innocentes jeunes femmes bien sûre. » J'attendais avec intérêt la réponse du serpent tentateur, ne pouvant pas m'empêcher de penser au reste de la soirée, tant de possibilités s'ouvraient à nous après le restaurant. Beaucoup de scénarios étaient possibles, mais pour le moment une insatiable faim de gaufre torturait mon esprit gourmand, je devrais penser à soumettre l'idée à ma compagne un moment ou l'autre.

Il n’était pas étonnant de savoir que ma compagne était allée plus loin que moi dans les études, mais elle aussi semblait souffrir de ce que je connaissais que trop bien. J’avais réussi à échapper à ce qui n’était pas pour rien et Avalon avait clairement besoin d’être sauvée de la physique moléculaire, rien que ce nom me donnait des frissons. Je n’étais pas une grande artiste moi-même, mais je sentais déjà que j’irais admirer n’importe quelle œuvre que pourrait faire le serpent tentateur à mes côtés, bien évidemment sans aucune objectivité possible. Je me demandais parfois comment aurait pu être ma vie si je n’étais pas un tel « gâchis de talent » comme pouvaient le dire chaque professeur que j’ai eu. Peut-être que je serais Eve, femme d’affaire entreprenante, journaliste ayant déjà son troisième Pulitzer ou encore une bonne femme au foyer, un vrai cauchemar, non ma vie me convenait parfaitement.

Et puis si j’avais fait cela je n’aurais pas pu rencontrer ma charmante partenaire et pire, elle n’aurait pas pu me rencontrer moi, je rendais vraiment service au monde en étant une ratée. Quoi qu’il en soit, nos repas n’étaient peut-être pas arrivés, mais une chose bien plus importante pour passer une bonne soirée avait été livrée par le serveur bizarre. L’alcool, certes c’était du vin, alcool que je ne buvais quasiment jamais car avouons-le, c’est un peu au-dessus de ma classe, mais j’étais prête à faire des efforts pour le romantisme et les étoiles filantes. Je levais à mon tour mon verre « A la tienne ! » Si quelqu’un avait pu croire un instant que je savais ce que je faisais, c’était déjà foirée alors que je portais le verre à mes lèvres et buvait le tout d’une traite. Ignorant tous les protocoles du manuel de la bienséance.

Même si honnêtement je m’en fichais complètement de faire les choses dans les règles, d’apprécier la cuvée 25 ans d’âge et de chanter une berceuse au verre avant de reprendre une gorgée. Ce n’était pas mauvais, mais je n’avais clairement pas l’habitude d’en boire, le goût était bien différent de celui des autres alcools dont j’ai été habitué. Mais Avalon avait encore à parler, c’est donc avec un sourire que j’entendais que ma proposition de venir réparer son lave-linge était fortement apprécié. Même si cela faisait fortement penser au début d’un porno, non pas que cela me dérangeait, quoi qu’il en soit, je posais moi aussi mes coudes sur la table, me rapprochant à nouveau d’Avalon. « On peut dire que tu es allée plus loin dans les études que moi, mais heureusement que je suis une cancre, sinon tu aurais pas pu profiter de mon doigté expert, enfin ton lave-linge… »

Un sous-entendu ? A peine ! Ce n'est pas ma faute si j'étais douée de mes mains et que le monde se forçait à voir des propos indécents dans mes innocentes paroles. Le clin d'œil que j'offrais à ma partenaire suite à ses paroles n'étaient que coïncidence, pareil pour ma jambe qui se trouvait à caresser celle de ma compagne, imitant son comportement d'il y a peu. J'avançais à nouveau un peu plus près d'Avalon, abaissant légèrement ma tête. « En tout cas j'admets ma vilainie et relâche mon otage, tu peux reprendre ton chapeau si tu le veux, attention, si tu le fais pas, je pourrais bien le garder pour toujours. »

Je ne pensais que cela aurait été possible, mais ma compagne avait réussi à être encore plus attirante, en témoigne la fascination complète de mon être devant cette simple lèvre mordiller. Sourires, regards, expression faciales, son de sa voix, il n'y avait donc t'il rien qui ne me faisait pas craquer comme une collégienne devant ce rendez-vous s'annonçant toujours plus parfait ? Honnêtement, c'est à peine si j'arrivais à suivre le fil de la conversation, obnubilée par le rapprochement de la jeune femme à mes côtés. Le son de ses douces paroles parvenaient tout de même à mes oreilles, si elle avait envie de me revoir ? Bien sûre qu'elle aurait envie de me revoir ! Plusieurs fois même, tout le temps ! Si elle n'avait pas encore décidé de me revoir, moi j'avais déjà décidé. J'étais vraiment faible, mais pour une fois, cela faisait tellement de bien de l'être, ce n'était pas effrayant ou donnant un sentiment d'impuissance.

Je ne pouvais que sourire comme une abrutie en entendant ces paroles, encore un peu et le rouge me montait aux joues, je devenais un tel stéréotype, c’était tout de même un peu affligeant. Quoi qu’il en soit, je ne pouvais que répondre d’une façon, riant légèrement au passage comme la bonne hypnotisée que je faisais. « J’aime beaucoup cette idée oui, j’espère le garder alors.»  Elle ne fallait pas longtemps pour que le serpent tentateur refasse son numéro, effleurant à nouveau mon corps, alimentant au passage mon chauffage interne, me donnant toujours plus envie de sa présence. En tout cas Avalon avait à nouveau des questions pour ma personne, j’en profitais donc pour me libérer quelques instants de son charme et me ressaisir. N’arrivant tout de même pas à détourner mon regard d’elle une seule seconde, ni à m’éloigner de cette nouvelle proximité si enviable que nous avions instauré.

J’attendais quelques instants, admirant encore un peu ma compagne avant de répondre. « A part mon boulot, j’aime la moto, j’ai la mienne, je l’entretiens moi-même et je trouve que c’est grisant, cette liberté, cette vitesse, je pourrais te montrer à l’occasion si tu veux. A part ça, du moment que ça donne de l’adrénaline, je prends, je suis pas du genre à me défiler devant les émotions fortes. Mais j’ai rien contre se reposer devant un film ou une série, surtout avec la bonne personne. » Je levais les yeux vers le plafond quelques instants, un dilemme parcourant de manière évidente mon esprit, bien vite suivit d’un soupire alors que je regardais à gauche et à droite. Pouvais-je vraiment lui dire ? Si tôt ? C’était dur à déterminer, mais bon, l’avenir me dirait si j’avais eu tort, c’est donc dans un chuchotement que je reprenais la conversation.

« Et j’aime vraiment les Disney. » La fausse inquiétude sur mon visage se changeait rapidement en sourire malicieux alors que je continuais. « Je sais, ça casse totalement mon image de femme dure à cuire, les dessins animés, les contes de fées, le Magicien d’Oz et Alice aux pays des merveilles. Je peux pas m’en passer, j’espère que tu pourras encaisser ça. »