Back from the past | Jumi

Déjà une semaine que tu es réveillé. Une semaine d'examens supplémentaires pour que les médecins puissent être satisfaits et te laisser partir de l'hôpital. Ton bras droit t'a apporté des vêtements digne de ta belle personne et, devant ton miroir, tu te coiffe comme il faut pour être un tant soit peu présentable. Seule la cicatrice visible sur ton front gâche ta beauté fatale. Tu soupires un coup, claque deux fois tes joues devant ton infirmière attitrée qui est plutôt heureuse de te voir partir après tout ce temps plongé dans le coma. Tu la gratifie d'un dernier sourire avant d'attraper tes dernières affaires. Tu pourrais aller directement voir le reste de ta bande dans l'immeuble désaffecté, un gang qui t'a pas mal manqué il faut dire. Cependant, tes pas te mènent machinalement dans le quartier de ta belle Mi-Rae. Vous avez seulement échangé des textos ces derniers jours. La voir en chair et en os serait deux fois mieux. Pouvoir de nouveau entendre sa voix. Et admirer son joli visage de poupée. Tu restes discret pour ne pas te faire griller. Même si l'ennemi pense que t'es encore mort, il suffit de croiser les gardes du corps de la demoiselle pour te mettre encore dans un pétrin sans nom. Car bien que tu sois tiré d'affaire, tu n'as plus assez de force comme avant, dû à ton long sommeil. Une fois la nuit tombée, tu viens déposer un bout de papier où est griffonner un mot dessus, devant le papier de Mi-Rae. Au coin du pot de fleur. "Rendez-vous dans les toilettes du supermarché de ton quartier." Ouais c'est pas très glamour pour des retrouvailles. Mais c'est bien le seul lieu où les molosses n'oseront pas poser un pied au risque d'être mal vu. Toi, tu t'en fiches. Tu jettes deux petites pierres contre la fenêtre de la chambre de ta belle et tu fuis rapidement, pour aller au lieu de rendez-vous. Tu l'attends ensuite, plus d'une dizaine de minutes tu dirais. Jusqu'à ce que tu aperçois sa bouille. Sans crier gare, tu viens poser sa main sur sa bouche et l'attirer à toi dans une cabine, souriant malicieusement.  « Alors, je t'ai manqué ? »

Une semaine, tout pile. Une longue semaine depuis l'envoi de ses sms. Et une semaine que tu n'arrives pas à réaliser ce qui s'était passé. Que tu n'arrivais pas à réaliser... Qu'il était enfin réveillé. Il faut dire que tout ceci avait tout d'un petit miracle, tant la blessure que les hommes de ton père lui avaient infligé était grave et sérieuse. À vrai dire, tu avais eu tant de mal à te faire à cette idée que tu avais simplement coupé court à la conversation sms qu'il avait lancé à son réveil et que depuis... C'était silence radio. Ni toi ni lui n'avait essayé de reprendre contact avec l'autre. Et pourtant, tu ne rêvais que d'une chose ; te ruer jusqu'à l'hôpital, pour le voir. En fait, tu aurais fait n'importe quoi pour être en mesure de le serrer dans tes bras... Mais la culpabilité quant à ce qui lui était arrivé était telle, qu'elle t'empêchait de te trouver en face de lui. Tu ne pouvais pas te décider à affronter son regard... Pas après qu'il est frôlé la mort, par ta faute. Incapable de te résoudre à t'échapper pour le rejoindre, tu restais donc ici, végétative, dépressive... Captive de cette chambre/suite aux airs de prison, refusant catégoriquement d'en sortir où de voir qui que ce soit. La fameuse soirée ne faisant pas exception, tu es planté là, presque vautrée sur ton lit comme un gros déchet, les yeux fixés sur ton écran à lire encore et encore les sms de Jun, comme pour t'assurer que tout ceci était bien la réalité... Et tu entends les fameux bruits de cailloux, contre ta fenêtre. Te redressant d'un coup et tirant une tête de six pieds de long, tu approches de la fameuse fenêtre, l'ouvrant avec empressement... Et tu n'as le temps que te voir comme une ombre, s'échappant dans l'obscurité de la nuit. Tu avoueras que tu n'as pas du tout eu l'idée d'aller voir à ta porte, étant donné que t'étais tellement à l'ouest que sur le coup, tu as eus plus peur qu'autre chose. Ce n'est que 10 minutes plus tard que tu te décides enfin à aller voir à l'extérieur, prenant ton courage à deux mains, et que tu tombes sur le fameux mot, à demi caché au niveau d'un pot de fleurs... A la lecture de cette gribouillit, tes yeux s'écarquillent, d'un coup, et ton comportement change en l'espace d'une petite seconde seulement. T'engouffrant dans ta suite de nouveaux, tu files dans ton immense dressing, et là... Tu te tritures l'esprit. Tu hésites. Tu sais pertinemment que l'endroit où tu dois te rendre est loin d'être un restaurant chic, mais tu sais également qui tu vas retrouver... Et l'envie de plaire à l'homme qui fait battre ton cœur, dépasse l'once de rationalité qu'il te restait. Enfilant ton corps dans une jolie petite robe rose plutôt sexy, on ne va pas se mentir, tu mets une petite veste par-dessus, une jolie paire de talons hauts assortis à ta tenue et tu te décides à sortir. Abordée directement par le garde du corps présent h24 devant ta porte, garde qui te dévisage sans trop se cacher, tu te justifies comme tu peux pour qu'il te laisse aller au fameux supermarché. Tu tentes d'user de tes charmes pour qu'il te laisse y aller seule, mais bien sûr, bien que plutôt réceptif, il refuse catégoriquement... Et te voilà donc en route, encore et toujours escortée comme une prisonnière en sursis. Dès que tu entres dans le bâtiment, tu prétextes une envie pressante et tu t'engouffres directement dans les toilettes. Là, tu as à peine le temps d'entré que tu te fais tirer et enfermée dans une cabine, couinant de surprise contre cette main posée contre ta bouche. Très rapidement, tu te défais de l'emprise de l'emprise de ton "ravisseur" et tu te retournes vers lui, le foudroyant du regard immédiatement « Imbécile ! » Que tu sors, te mettant simplement à taper de tes petits poings sur son torse, encore et encore, avec acharnement, bien que tu constates, malgré tes émotions, que cela ne lui fait aucun effet. Mais tu t'en fous, tu ne cherches pas à lui faire de mal, enfin, pas exactement. T'es juste bouleversée, en fait. Bouleversée, mais aussi, en même temps... Terriblement soulagée, qu'il soit là, bien éveillé, devant tes yeux devenus complètement humides. « C'est tout ce que tu trouves à me dire?! Bon sang, je~... J'ai... J'ai cru qu~...Que je t'avais perdu pour de bon...Je~ » Tu lui dis, arrêtant finalement de le frapper, laissant tes mains posées sur son torse pour ensuite le regarder, les yeux remplis de larmes. Tu ruines sûrement ton maquillage, mais tu t'en fiches pas mal. Tu ne sais pas quoi dire de plus. Ni quoi faire. Tu es si fébrile que tu trembles presque. Ton regard, à la fois innocent et désespéré, est plongé dans le sien, comme s'il voulait s'y noyer. Il n'as pas changé, hormis ses cheveux qui avaient bien poussés. Tu le trouvais toujours aussi beau... Si magnifique que tu aurais pu en mourir. Malgré ta réaction, tu ne désires qu'une chose : fondre sur lui comme une décérébrée, et l'embrassé, encore et encore, jusqu'à ce que mort s'ensuive, pour qu'il constate à quel point il t'a manqué.

Oui, tu aurais pu trouver mieux comme endroit où retrouver ta moitié. Mais au vu des gardes du corps qui la suivent h24, c'aurait été compliqué de la voir dans un restaurant ou bien simplement dans un petit coin de verdure. Tu as a peine eu le temps de déposer le bout de papier au pas de sa porte, que tu as dû fuir pour ne pas te faire repérer par ce gars qui se rapprochait avec sa lampe torche. Passant une main dans tes cheveux pour te recoiffer correctement, tu jettes un œil dans le bâtiment et te stoppe dans les toilettes heureusement vide. Tu attends bien quelques longues minutes. Une quinzaine peut-être... Jusqu'à ce que des bruits de pas se fassent entendre. Entrouvrant la porte pour éviter de faire la surprise à la mauvaise personne, tu t'assure bien que ce soit ta petite Mi-Rae. Et une fois fait, plus qu'à glisser ta main sur sa bouche et l'attirer à toi dans cette cabine tagué de partout. Des petits mots d'amour, des insultes ou de simples futilités sans nom. Et une insulte sort directement de la bouche de ta victime, qui commence ensuite à donner de faibles coups de poing contre ton torse. Et ça, tu ne peux pas t'empêcher de rire. Elle est tellement craquante. Ça t'avait manqué, d'entendre sa voix et de sentir son doux parfum sucrée et acidulée qui chatouille tes narines. « Tu ne t'es toujours pas endurci en combat, à ce que je vois. Tu ne ferais pas de mal à une mouche. » lances-tu tout en lui faisant une pichenette. Mais la voir aussi bouleverser te calme instantanément. Elle était aussi mal que ça ? De ne plus te voir ? Serait-il possible que... Qu'elle aussi, ressente quelque chose pour toi ? Avec douceur, tu viens caresser sa joue du bout des doigts. « Hey... Tout va bien maintenant. Je suis là. D'accord ? Plus jamais je te lâcherais. » Tu tentes un sourire mais rapidement, ta tête et ton cœur veulent autre chose. Et sans crier gare, tes bras s'enroulent autour d'elle et tu viens la coller à toi contre ton torse. Tu restes ainsi pendant de longues secondes, l'une de tes mains caressant avec tendresse son dos puis ses cheveux.