Toi. Moi. Les autres. Milton & Damian

Damian sourit à l’apparition du dernier SMS de Milton. Il lui rappelle subtilement qu’il souhaite sa présence à cette soirée où il présentera son nouveau projet architectural pour la Mairie de Los Angeles. Damian ne serait pas contre l’idée de faire l’impasse sur cette soirée. La probabilité de rencontrer des anciennes connaissances de son ancienne vie ne l’enchante absolument pas. Seulement, il sait que Milton y tient. Il n’a pas cessé de lui rappeler qu’il compte sur sa présence ce soir et l’écrivain n’a pas à cœur de le décevoir. Sans doute parce qu’au cours des derniers mois et au fil de leur rencontre, ce sentiment qui s’est immiscé dans sa poitrine en la compagnie de l’architecte prend plus de place. Il ne peut pas nier que leurs rencontres sont d’appréciables parenthèses dans sa vie monotone. L’écriture lui permet de s’évader, de ne pas s’enfermer dans une existence qui ne lui scie guère. L’adrénaline de l’action lui manque et c’est sans doute pour cela qu’il est si prompt à jouer avec les pulsions et les limites de son amant. C’est le terme qui convient le plus pour définit le beau brun qui occupe certains de ses fantasmes. Depuis cette soirée au restaurant et cette nuit qui s’en est suivi, les deux hommes n’ont fait que se retrouver pour étancher un besoin et une soif qui ne se tarit pas. Une cigarette aux coins des lèvres, il relit le chapitre qu’il a écrit aujourd’hui pour s’assurer de sa qualité. Il jette qu’un léger regard au SMS. Il aime l’idée de le taquiner en lui faisant croire qu’il ne viendra pas. Damian est un homme de parole, mais Milton n’en a peut-être pas la certitude. Cependant contrairement aux attentes de son amant, il ne compte se vêtir de manière aussi guindée que son amant. Il n’a cure des codes vestimentaires usuels et est prompt à créer sa propre mode. C’est pour cela qu’il n’hésite pas à tronquer une chemise blanche cintrée pour une chemise en lin ample. Il ne prend pas la peine de l’ajuster autour de sa taille dans son pantalon pour lui conférer une allure irréprochable. Il ne la boutonne pas totalement, laisse quelques boutons échancrer son poitrail en jouant avec la limite du convenable. Un pantalon noir moulant et une veste noire ajustée complète sa tenue. Quelques accessoires viennent ajouter du style à sa tenue : la chevalière de son défunt père, son héros, qu’il passe autour de son index à gauche et une chaine avec un pendentif offert par sa mère, il y a quelques années. Il a pris soin de se coiffer convenablement, de discipliner quelques boucles de ses cheveux plus longs qu’en accoutumé. Il devra résolument se rendre chez le coiffeur prochainement pour mieux trailer sa coupe et sa barbe. Dans le reflet du miroir, il considère que sa tenue est plus que satisfaisante. Elle lui convient, lui permet de rester lui tout en prenant un rôle qui n’est pas le sien. Ce soir, il sera mis sous les feux des projecteurs aux côté de son amant. Il sera qu’un faire valoir aux yeux des personnes qui assisteront à cet évènement. Il se dit qu’avec un peu de chance, ceux qu’il a pu rencontrer ne le reconnaitront pas. Après tout, il était toujours rasé et avait une coupe militaire du temps de ses services au sein de la brigade des pompiers. « Dans quoi je m’embarque. » Il jure envers lui-même alors qu’il s’empare de sa veste en cuir après avoir déposer son téléphone et ses cigarettes au fond de l’une de ses poches. Il prend la décision de se rendre à cette soirée avant de prendre la décision de revenir en arrière. La réflexion n’apporte jamais rien de bon chez un homme tel que Damian. Il fonce toujours afin de ne pas reculer. Pourtant malgré son empressement pour rejoindre la soirée, lorsque sa moto s’arrête devant le point de rendez-vous et qu’il remet ses clés à un portier, il hésite. Il s’éloigne de la foule qui se dirige à l’intérieur. Il les suit, mais ne pénètre pas à leur suite. Il prend le parti de fumer une cigarette, une seconde tout en faisant le tour de l’endroit qu’il découvre au travers des baies vitrées. Il peut voir que l’évènement a amené nombres de personnes. De loin, il reconnait certaines figures qu’il a pu croisées lors de soirées guindées des sapeurs-pompiers. Damian n’a jamais été friand de ce genre d’évènements. Il ne le sera sans doute pas. C’est en grande partie pour s’épargner ce type de rencontres qu’il a décidé de garder son anonymat. Son regard est naturellement attiré par une silhouette qu’il finit par connaître par cœur. Sa beauté neutre, se révèle par la confiance que l’homme dégage. Milton est dans son élément. Il a cette rigueur qui lui colle à la peau. Ses traits ne laissent émettre aucune émotion. Il tient son rôle à la perfection à un détail près. Il est à la recherche de quelqu’un. Son regard abandonne souvent une conversation pour se perdre dans les alentours afin de tomber sur un visage qu’il attend. Damian sourit à cette pensée alors qu’il vient écraser la cigarette. L’envie de lui faire un faux bond pour pouvoir admirer ses réactions de son lieu d’observation est très tentante, mais il finit par l’abandonner. Peut-être une autre fois, lorsque Milton sera tellement sûr de sa présence, qu’il ne pourra pas porter ce masque sans dévoiler certaines fêlures, une tension qui dénotera de son calme olympien. L’idée lui arrache un sourire franc. Il est impatient de pouvoir expérimenter cette situation quand bien même, elle ne pourra pas se faire prochainement. Après une dernière cigarette, il finit par rejoindre l’entrée. Il tronque sa veste contre un ticket et vient à son tour arpenter les aléas de la salle de réception. Toute l’attention de la foule est attirée par les discours de ceux qui sont sur scène. La sienne est focalisée sur celle de Milton qu’il approche d’une démarche féline. Il s’immisce entre les invités comme une ombre pour venir le rejoindre. Milton sait qu’il est là. Il peut le sentir dans la posture de son corps, dans l’aura expectative qu’il dégage. « Salut, Bellâtre. Il semblerait que tu m’ais demandé. Que puis-je faire pour vous afin de vous contenter, Monsieur ? » Il lui murmure au creux de l’oreille. Son souffle effleure sa nuque alors qu’il vient se poser à ses côtés en le frôlant du bout de son épaule. Un sourire éhonté ourle ses lippes alors qu’il lui lance un coup d’œil détaché avant de reporter son attention sur l’estrade et la silhouette qu’il parle comme si la présence de l’architecte l’indifférencier. Ce qui est loin d’être le cas.  

Damian a conscience du trouble qu’il provoque. Il sent l’intensité du regard qui se pose sur lui et le détaille avec un intérêt non feint. Il apprécie grandement d’être désiré de la sorte. Milton lui fait gouter de nouveau au plaisir d’être désirable aux yeux d’un autre. Milton est différent des autres personnes. Lui, il connait ces cicatrises qui enlaidissent son épiderme et qui ont fait fuir nombre de prétendants par le passé. Il lui ouvre des voies qu’il ne semblait plus arpenter depuis son accident. Il n’est pas dupe. Sa présence à ses côtés n’est pas anodine. C’est une manière de concrétiser une relation sur laquelle les deux amants n’ont pas mis de mots, mais que d’autres mettront plaisir à formuler s’ils dévoilent une forme d’intimité dans leurs échanges ou leurs regards. Ce que l’architecte ne se bride pas à réaliser dans sa manière de le détailler ou de lui susurrer des mots doux au creux de son oreille. Il sent la chaleur de son souffle, l’odeur de son parfum musqué et boisé titiller ses narines. L’absence exacerbe le manque de l’autre. Leurs rencontres se sont faites plutôt rares ces dernières semaines. En grande partie à cause de l’architecte, mais également de la sienne, car il a par moment décliner certaines de ses invitations, juste pour lui faire comprendre qu’il n’était pas à sa disposition. Il sait que Milton a parfois cerné qu’il mentait et qu’à ces moments-là, il s’est retenu de faire la moindre remarque. Sans doute que cette routine prise ces dernières semaines deviendra la leur. Damian n’ignore pas que l’architecte est un homme occupé. Il doit avoir un cahier de charge overbooké de projets divers et variés. S’il a su décrocher ce projet pour la mairie, c’est qu’il fait assurément partie des meilleurs de la ville ou même du pays. Damian n’a pas cherché d’informations complémentaires au sujet de Milton. Il s’est dit que cela ne serait pas juste. Il n’a pas envie de le découvrir au travers des lignes publiés sur Internet. Il préfère encore lui arracher certaines brides de sa vie, de ses habitudes et manies dans l’intimité de la demeure du bellâtre lorsque leurs souffles se mêlent et deviennent des gémissements et râles de plaisir. Chéri. Ce surnom lui arrache un sourire narquois. Il le trouve ridicule et sait parfaitement que Milton l’utilise par volonté de le provoquer au même titre que lui utilise Bellâtre et Monsieur. C’est de bonne guerre, même s’ils semblent s’habituer à s’appeler de la sorte. « Oh, je n’ai rien contre l’idée de choquer l’assistance. Cela pourrait même être très excitant. Te faire sucer par ton Chéri à la vue et à l’ouïe de tous. » Il le provoque à son tour dans un sourire narquois alors que ses iris claires viennent se plonger dans celles de son amant. « A toi de faire en sorte que je consente à finir ma nuit dans ton lit. Ne sait-on jamais, il y a l’air d’avoir du beau monde à cette soirée. L’un de ses hommes pourrait me charmer et me donner envie de succomber » Il conclut dans une expression mystérieuse. Juste pour le plaisir de le titiller, de sentir ses muscles se contracter légèrement sous la tension due à un sentiment de possession. Celui du loup qui se cache derrière ce masque parfait de gendre idéal. Ce loup qu’il a déjà fait apparaitre et qui lui a arraché un orgasme qui envahit encore bon nombre de ses nuits solitaires lorsque ses pensées s’égarent sur le brun. Le discours touche à sa fin, sans même qu’il lui ait attribué la moindre attention. Il applaudit de bonne grâce avant de rire délicatement aux propos de son amant. « Il m’arrive de savoir rester sage, d’être une belle potiche, mais jamais trop longtemps et la soirée ne fait que commencer, bellâtre. » Il lui indique en haussant un sourcil. Sa voix se teinte d’une aura de provocation alors qu’il suit sagement son amant dans la galerie où sont exposées ce fameux projet. « Je devrais pouvoir répondre à tes attentes. Tu sais à quel point, je n’ai pas ma langue dans ma poche. » Il lui indique avec espièglerie alors qu’il marche avec assurance aux côtés de l’architecte. Il lui dévoile les maquettes et les modifications apportées par ses soins et celle de son équipe. « Il semblerait que ses plantes vertes étaient une source de distraction plus distrayante que mes formes. » Il le taquine dans un murmure et sourire narquois. Il joue l’homme faussement outré d’avoir été mis de côté. Ce n’est absolument pas le cas. Il comprend totalement les obligations du brun et se satisfait de ce qu’il lui donne pour l’instant. La beauté de l’architecte est toujours aussi magnétique. Son sourire est agréable à voir et lui arrache un sourire. Il se sent bien à ses côtés. Il laisse transparaitre les différentes facettes de sa personnalité sans se revêtir d’un rôle qui n’est ps totalement le sien. L’expression éhontée de son visage s’effrite face à la déclaration de Milton. Ses prunelles viennent retrouver celles du brun pour le sonder quelques instants avant qu’un sourire amusé ourle ses lippes. « Je n’en doute pas. Tu as envie qu’on bouscule tes habitudes Bellâtre. » Il lui indique dans un clin d’œil narquois afin de camoufler le trouble qui l’assaille. Il joue l’homme détaché, mais ce n’est qu’une façade. Au fond, il est touché de lui avoir manqué, que son absence ne l’a pas laissé indifférent. Il se sent moins seul d’avoir ressenti ce trouble assaillir parfois sa poitrine même s’il n’en dira rien. « De rien, je me suis dis que tu avais envie qu’on mette un peu de paillette dans ta soirée mondaine. » Il lui indique en haussant les sourcils de manière provocatrice. Leur échange se retrouve alors interrompu par l’arrivée intempestive d’une femme aux allures guindées et sûre d’elle. Elvira, l’associée de Milton. Une dame curieuse puisqu’elle n’hésite pas à prendre le devant. Ce qui lui arrache un rire. « Il râle, mais au fond, il adore les personnes intrépides. Moi aussi. » Il indique à la jeune femme dont il vient serrer la main avec chaleur, un sourire charmeur sur ses lèvres. « Damian. Ravi de faire ta connaissance. » Il ajoute dans un clin d’œil amical. « J’aime l’idée de le distraire. Il a tendance à être trop sérieux. » Son sourire est carnassier alors qu’il ajoute. « Et je suis un maître dans ce domaine. » Il ne laisse planer aucun doute sur le sous-entendu qui se glisse sous ses mots. « Oh, je n’en doute pas vu sa manière d’être distrait et parfois tendu. » La jeune femme lui offre un sourire éhonté, similaire aux siens. Il entend le sous-entendu et celui-ci lui arrache un rire franc. « C’est bien de mettre un peu de piment dans son existence, que veux-tu ? » Il indique à la jeune femme avant de se tourner vers son amant pour le provoquer sciemment en l’enfermant dans des sous-entendus plus qu’évident. « Qu’en penses-tu, Milton ? Je crois que t’aime bien que je mette un peu de bazar dans tes livres. » Son sourire se fait moqueur avant d’ajouter à l’attention de Elvira. « Tu savais qu’ils sont rangés par nom d’auteur et taille de livres ? Qui fait ça ? » Un moyen de sa part pour titiller les nerfs de son amant et Elvira semble toute disposée à se montrer espiègle avec lui, ce qui est loin de lui déplaire. 

Personne ici n’est aussi charmant que moi, tu devrais le savoir. La prétention est perceptible dans le son de la voix de l’architecte. Il y a une forme d’avertissement qui lui arrache un sourire narquois. Il sait parfaitement que Milton se maîtrise pour ne point dévoiler le fond de sa pensée. La lueur de son regard ne laisse aucun doute sur le fond réel de sa pensée quand bien même un sourire ourle ses lippes. Le masque pour masquer le loup qui sommeille en Milton est bien fixé, mais il est visible aux yeux de ceux qui savent qu’il est là. Cette rigueur que Damian aime bien effriter pour que le naturel sauvage de l’architecte s’exprime et s’exulte dans la passion et la fougue. Damian apprécie grandement les deux facettes de la personnalité de son amant. Elles forment un tout enivrant qui ne le laisse pas indifférent même s’il prend plaisir à le camoufler en agissant de manière délibérément détachée et mesquine. D’ailleurs, il ne se prive pas de le taquiner, jouant habilement avec les sous-entendus afin de rester politiquement correct. Le rire de Milton est agréable. Milton ne rit pas assez à son gout et il semble avoir cette aisance à le faire à ses côtés. En conséquence, il ne rate pas une occasion pour le laisser s’exprimer et détendre ces traits souvent trop sérieux. Il s’en nourrit sans pudeur, satisfait d’y parvenir sans fournir trop d’efforts. L’arrivée d’Elvira est une distraction plus que plaisante. Il trouve en elle, une partenaire parfaite pour accentuer ses remarques taquines afin de titiller le beau brun. Ce dernier se met en retrait, admirant sans aucun doute le spectacle entre deux personnes qui ont propension à amuser la galerie. D’ailleurs Elvira semble totalement disposée à l’accompagner dans sa démarche. Il rit de bonne grâce à chacune de ses remarques. « J’avais cru comprendre que ses livres étaient de sérieux concurrents, mais j’aime bien la compétition et il semblerait aux dernières nouvelles que j’avais remporté le premier round. » Il lance dans un ton moqueur en haussant le sourcil. Il joue habilement avec les sous-entendus. « Je crois qu’il adore que je bouscule ses habitudes. » Il ajoute avec une présomption amusée alors qu’il rit aux paroles de son amant. « Pas plus que toi lorsque tu prétends être la personne la plus charmante de la soirée. » Il lui renvoie avec humour. Ses prunelles brillent de cette malice qui le caractérise. Il se sent à l’aise pour s’exprimer sans réellement se contraindre. Il n’a plus une étiquette à tenir. Il est juste un invité parmi tant d’autres. Enfin pas totalement puisqu’il est en compagnie d’un des hommes importants de la soirée. Il écoute attentivement l’échange entre les deux amis. Un sourire amusé ourle ses lippes. Ce qu’il entend lui plait assurément. Il aime bien la dynamique qu’il a avec l’architecte. « Je joue avec les mots comme vous vous jouez avec la géométrie. » Il lui indique avec un sourire en coin. Il fait exprès d’être évasif, car il n’a pas envie que son anonymat lui soit retiré. Il a longtemps été une figure connue de la ville. Aujourd’hui, il aime l’idée de se fondre dans le décor. Pourtant une voix de son passé s’invite à la conversation. Il sent ses muscles se raidir sous la surprise. Ses prunelles retrouvent celle d’un ami proche de son père. Un de ceux qui sont resté après son décès et qui ont porté main forte à sa mère et au jeune garçon qu’il était. « Andrew. » Il le salue dans un hochement de tête, un sourire léger et amical sur les lèvres. Il avait craint cette rencontre, mais avait espéré que l’affluence l’aurait laissé loin des radars. Il semble rassuré de le voir dans un meilleur état. Il est certain que sa mère a dû le mettre au courant de l’avancée de son rétablissement. Il évoque naturellement son ancienne section et le nouveau chef de corps de son ancienne brigade. « Je ne manquerai pas d’aller les saluer. » Il indique avec politesse à un des amis proches de sa mère alors qu’il le laisse reprendre le fil de sa conversation avec ces deux collaborateurs. Il semble ravi du travail réalisé. Il laisse entendre un succès non négligeable à ce projet, ce qui assurément la notoriété de leur cabinet, il en est certain. Il est satisfait pour son amant. Cela est une digne récompense pour ses deux compagnons de soirées. « Bonne soirée également, Andrew. » Il lui indique alors qu’il prend congés. Il perçoit la curiosité de ses partenaires de soirée. Milton ne manque pas de lui poser la question afin d’en savoir un peu plus. « Andrew est un ami proche à mes parents. » Il commente simplement en haussant ses épaules. Il veut rendre la rencontre insignifiante, car il n’a pas spécialement envie de parler de sa relation avec Andrew, car cela voudrait dire qu’il devrait expliquer différents éléments de son passé : la place des Godwinson dans la communauté de Los Angeles, le décès tragique de son père en opération, sa décision de suivre ses pas, son implication exemplaire avant que lui-même prenne un risque inconsidéré pour sauver quelqu’un et se blesse gravement, frôle la mort et n’ait plus la capacité de retourner sur le terrain et que le mette à l’écart. « C’est une bonne nouvelle pour vous. C’est une belle consécration qui vous attend pour ce projet. Je pense que tu vas me mettre de côté durant de longs moments, quand vous croulerez sous les projets titanesques. » Il taquine son amant dans un sourire qui est légèrement moins flamboyant que les précédents. Il sent ses doigts le démanger. Il ressent le besoin de fumer et de s’isoler. Le temps de reprendre contenance, car il se sent légèrement fébrile entre mélancolie et colère muette. « Je reviens, je vais m’en griller une. Tu penses pouvoir survivre sans moi ? » Il taquine de nouveau son amant en haussant un sourcil qu’il rend amusé, mais sans qu’il ait totalement l’éclat. « Elvira, ravi d’avoir fait ta connaissance. » Il lui indique avant de laisser la curiosité de l’un ou de l’autre s’exprimer. Il s’éloigne naturellement en s’emparant de son paquet de cigarette avec lequel il joue entre ses doigts en retrouvant la sortie. Il retrouve l’extérieur et s’empresse d’enflammer sa cigarette, se repliant sur lui alors que son regard se perd dans la direction de la ville animée. Il glisse une main dans sa chevelure. Il se donne quelques minutes pour reprendre ses esprits et après il finira par rejoindre son amant, en espérant qu’il ne reviendra pas sur ces éléments dont il a perçu au travers des paroles d’Andrew, car il n’est pas totalement certain de vouloir évoquer ses éléments et remuer un passé dont il s’efforce de se dédouaner.

Damian dévoile une partie de son histoire de manière superficielle. Il ne souhaite pas parler de son passé, car il a la sensation que ce n’est plus son histoire. L’homme qu’il était à l’époque où il portait l’uniforme des sapeurs papiers semblent appartenir à une autre vie. Cet incident qui a marqué à tout jamais son existence restera éternellement ancré dans sa chair. Il ne pourra pas le réfuter, l’ignorer. Ces cicatrices qui marquent son épiderme ne disparaitront et nulle opération chirurgicale ne le lui permettra assurément pas de les anéantir. Il vivra toujours avec elle. Aujourd’hui, il doit faire encore le deuil de l’homme qu’il a été. Un homme qui avait bravement marché dans les pas de son père. Il avait fait la fierté de sa mère, de ces hommes, amis proches de son père, qui l’avait pris sous leurs ailes pour lui permettre de devenir un illustre Godwinson. Un homme qui vivait pour l’adrénaline que procurait le fait de se lancer au travers des flammes pour sauver des âmes qui pourraient périr à tout instant sans leur intervention. Un homme qui avait tout donné pour devenir un bon chef de brigade, veillant sur son unité pour prospérer cette unité si chère au cœur des hommes du feu. Des hommes qui avaient été sa famille, mais à qui il avait caché sa réelle nature. Il avait caché Jeremy, son petit-ami de l’époque, pour éviter de subir d’une quelconque discrimination. Il craignait surtout que son unité ne l’accepte pas et lui tourne le dos. Finalement, il n’avait pas eu tellement tort. Le regard de ses anciens hommes avait changé à son réveil dans sa chambre d’hôpital. La réelle raison de ce changement, il l’ignorait en fin de compte, car il ne l’avait jamais évoqué avec l’un d’entre eux, mais il l’avait bien ressenti. Il s’était éloigné de tout le monde à cette époque. Le dégout de Jeremy l’avait anéanti. Il avait pris le parti de se reconstruire seul, sans l’aide de personne. En réalité, il était encore en train de se chercher de nouveau. Au fond, il ignorait encore qui il était désormais. Alors, il n’était pas question de replonger dans ce passé, de dépeindre l’homme qu’il avait été et qu’il n’était plus en fin de compte. Il détourne l’échange pour se préserver, ne pas accentuer cette fébrilité qui le gagne. Il n’est pas dupe, il sait que Milton ne se laisse pas avoir par cette manœuvre, mais il lui est reconnaissant de ne pas revenir sur le sujet, d’accepter ce silence qu’il impose par ce détachement feint qui laisse entrevoir qu’il est plus fébrile qu’il ne le montre. Tu sais, on peut trouver des solutions pour que tu ne sois pas mis de côté. Lesquelles ? Il n’ose pas poser la question. Il se rend compte que sa sensibilité est à fleur de peau et qu’il a besoin de prendre l’air. Il s’éclipse telle une anguille qui fuie. Il n’a pas envie d’être de nouveau pris à partie par des personnes de son passé. S’il n’avait pas promis à Milton d’être son partenaire pour la soirée, il aurait prétendu une urgence quelconque pour quitter cette soirée et les bouleversements qu’il ressentait au creux de sa poitrine. « Promis, tu sais que je suis toujours sage, Bellâtre. » Il lui indique dans un clin d’œil et un sourire moins provocant qu’en accoutumé. Retrouver l’extérieur lui permet de reprendre son souffle. Il se rend compte qu’il avait presque perdu la capacité de le faire. Une cigarette rejoint le coin de ses lèvres. Il l’embrase pour se perdre dans cette habitude qui ne le quitte pas et qui lui apporte une drogue qui décontracte ses muscles. L’effet de la nicotine se fait ressentir et il se laisse happer par l’agitation environnante pour éviter de se perdre dans ses pensées. Il inspire profondément pour tenter de reprendre le contrôle de ses émotions, les enfermer dans cette boite qu’il ouvre que rarement. L’envie de rentrer et de se perdre dans l’histoire de son nouveau roman se fait ressentir ardemment. Une nouvelle fois, il s’impose de ne pas le faire. Milton pourrait mal le prendre et il se rend compte qu’il n’a pas forcément envie de créer de tension avec l’architecte, parce qu’il lui ouvre de nouvelles portes qu’il pensait à jamais fermées pour lui. Il ignore le temps qui s’écoule. Le contact de la main de Milton contre la sienne lui arrache un frison exquis. Il s’impose à lui, s’empare de sa main et de cette cigarette pour les faire sienne. Son autre main glisse sous sa veste, effleure sa hanche au travers du tissu, créant ce contact étourdissant qui exacerbe ses émotions. Il crée ce contact public que Damian a toujours refusé aux deux hommes de sa vie. Le fait qu’ils soient légèrement excentré par rapport aux autres, lui offre la possibilité de ne pas s’en inquiéter. Son cœur bat plus promptement dans sa poitrine. On dirait que j’ai du mal à survivre sans toi. Une taquinerie qui lui arrache un sourire. Une vérité dissimulée sous les traits de l’humour et qui le touchent, mais il n’a pas le temps d’y répondre qu’il entend une voix de son passé resurgir, s’invite dans cet instant où ils n’auraient dû qu’être tous les deux. Ses muscles se contractent naturellement. Son sourire se fige et son teint se fait plus blême. Il se sent glacé lorsque la chaleur de Milton s’éloigne de lui pour adopter une position convenable. Ce changement est si brutal que Damian se transforme en véritable bloc de pierre. Il écoute son ancien coéquipier, devenu leur nouveau chef. Il se rend compte que ce dernier travaille également avec Milton. Le passé et le présent s’entremêle avec une telle violence qu’il ne sait pas comment réagir. En conséquence, il s’empare d’une nouvelle cigarette puisque la sienne s’est terminée. Il l’utilise pour enflammer la nouvelle et se refugier dans la nicotine pour masquer le léger tremblement de ses doigts. Il s’intime à respirer profondément alors que l’attention de son ancien coéquipier se redirige de nouveau vers lui. Ses questions le mettent mal à l’aise. « Non, je suis juste un ami qui l’accompagne pour la soirée. » Il lui indique dans une voix dénuée de toute chaleur. Le timbre de sa voix est dur, révèle la difficulté qu’il éprouve à prononcer ces paroles qui lui coutent. Il n’a plus ce détachement qu’il avait avec l’amie de son amant. « J’ai appris pour ta promotion. Ils ont fait le meilleur choix. Tu feras un très bon chef de brigade. Tu dois assurément l’être. » Il lui indique en venant lui donner une tape dans l’épaule. « Tu passeras le bonjour aux gars. » Il ajoute simplement dans un sourire qu’il essaye de rendre naturel, mais qui n’en a pas l’éclat. « Merci, Damian. Tu as l’air en forme. Cela fait du bien de te revoir. » Son ex-coéquipier le fixe avec une certaine émotion à laquelle il souhaite être hermétique, mais sans y parvenir. « Je vais bien, oui. » Il lui indique dans un hochement de tête. Il sent qu’il aimerait approfondir, mais il n’est pas étranger à son langage corporel. Il a été son coéquipier après tout. Il sait lire au travers de ses regards, de ses silences, de ses raideurs. « C’est une bonne chose. Passe nous voir à la caserne à l’occasion. Cela nous fera plaisir. » Il lui indique à son tour en venant lui donner une légère tape sur le bras. « Cela m’a fait plaisir de te revoir. Bonne soirée à vous deux et à bientôt. Milton. Damian. » Il conclut en venant prendre congés. Damian peut lire une certaine confusion dans le regard de son ex-coéquipier. Il se contente de hocher la tête avant de se replier sur sa cigarette et qu’il glisse entre ses lèvres. Il ne dit mot, s’enferme dans le silence alors qu’il sent les tremblements de sa main s’accentuer. Il ferme ses paupières pour retrouver son souffle. « Alors comme ça, tu as du mal à survivre sans moi ? » Il questionne son amant sans le regarder. Il est incapable de regarder qui que ce soit. Il a la sensation qu’il pourrait exploser à tout instant. Pourtant, il ne bouge pas. Il reste figé, appuyé sur cette rambarde. Il ignore même s’il va pouvoir bouger tant il se sent tendu et si désemparé par ses émotions. Il détourne la conversation pour éviter ses questions, quand bien même, il ne doute pas qu’elles finiront par arriver. Il y répondra. Sans doute. Une fois qu’il aura repris son souffle.

Le passé et le présent se confondent. C’est une sensation horripilante pour l’écrivain qui n’a nulle envie de se replonger dans une histoire révolue. Il n’est plus ce pompier, ce chef de brigade qui a fait tant les honneurs du métier et de ses hommes. Il a mis énormément de temps à se relever de son accident, à accepter ce qu’il s’est passé et à aller de l’avant. Il veut que cela reste derrière lui, car une part de son âme souffre de ne plus être cet homme. Il aimait son métier. C’était le moteur de son existence. Il a sacrifié de nombreuses choses pour marcher sur les traces de son père, d’être un digne héritier et faire l’honneur de sa famille. Aujourd’hui, l’écriture lui offre un second souffle, lui permet de fuir une réalité où il se cherche encore. Il ne lui est pas possible d’en tirer profit, de retrouver une renommée d’antan. Il suppose que ce style d’écriture pourrait faire grincer des dents chez les Godwinson. Ce n’est pas pour rien qu’il utilise un autre patronyme pour l’écriture et qu’il rejette toute séance de dédicace physique ou de convention de livres. Il veut rester dans l’ombre, parce qu’il n’est pas certain de pouvoir encore supporter le fait d’être sous les projecteurs. Ce soir, il a fourni un effort pour le rejoindre. Il n’avait pas envisagé que cet évènement ferait autant fureur. Il a manqué de vigilance et il en subit les conséquences. Il n’est pas dupe. Il sait que Andrew va contacter sa mère et que celle-ci reviendra vers lui, abordera le sujet de Milton et il ignore encore ce qu’il va pouvoir lui dire. Ils n’ont nullement acté leur relation sur un terme et il n’a pas envie de le faire. Sans doute que l’idée même l’angoisse. Il s’efforce de retrouver son calme. Il ne souhaite pas à réfléchir à demain. Il doit déjà gérer le présent et cette soirée avec Milton. Son amant vient se poser à ses côtés. Il a bien senti le poids de son regard et de ses questions muettes. Qui n’en aurait pas dans de telles circonstances, mais il prend le parti de ne pas les poser et il lui en est reconnaissant. Il n’est pas certain qu’il aurait un comportement qui conviendrait à l’architecte et il ne souhaite pas que leur relation prenne un chemin tortueux. Milton use de ses mots pour détendre l’atmosphère. En temps normal, il aurait naturellement renchéri, mais il n’en a pas la capacité. Ses muscles sont incroyablement tendus. Il sent l’étirement désagréable dans ses membres alors que le contact des doigts de Milton sur sa main a un effet décontractant. Il lui laisse récupérer sa cigarette et la glisser entre ses lèvres. Damian l’observe du coin de l’œil à défaut de se tourner vers lui. La proposition de Milton d’aménager avec lui tombe comme un boulet de canon. L’annonce est tellement soudaine qu’il ne peut s’empêcher de se figer alors qu’il se tourne vers lui par reflexe. Il ne peut pas sérieux ? L’architecte lui prouve le contraire en lui donnant ses arguments qui laisse entendre sa longue réflexion. Ses propos le touchent et le désarment. Milton a ce pouvoir déroutant sur lui. « T’es vraiment sûr que tu veux me voir au quotidien et me voir m’approprier ton espace à ma manière, Milton ? » Il le questionne dans un ton légèrement absent tant il est encore perturbé par cet échange. Il a bien noté qu’il avait le temps d’y réfléchir et de le faire petit à petit. C’est surement ce qu’il se produira. Il ne dira ni un oui affirmatif, ni un non, mais il se laissera le temps d’y aller à son rythme. Milton lui indique qu’il doit retourner à ses obligations. Il hoche simplement la tête, apprécie la porte de sortie qu’il lui donne. Il n’est pas certains de pouvoir affronter plus son passé ce soir. Son rapprochement lui fait du bien, le contact de sa main au creux de ses reins le détend légèrement et lui donne envie de plus, mais il n’en fait rien. Son rire est doux à son oreille. Il lui arrache un sourire, ce qui adoucie la tension dans ses membres. « Il serait dommage que je doive ramasser les morceaux de ton corps. » Il lance dans un ton qu’il rend léger, mais qui n’a toujours pas la désinvolture habituelle. Il le laisse se retirer, le suit du regard avant de le voir piocher dans sa poche un objet. Une clé. La clé de sa demeure. Un gage de confiance. Une autorisation à s’immiscer dans sa vie. Il ne peut retenir une vague d’émotions envahir sa poitrine. Il est touché par ce geste, bien plus qu’il ne le montre. Il l’observe s’éloigner, détaillant les traits de cet homme qui lui offre de nouvelles portes. Il n’est pas certain de pouvoir le retrouver au milieu de la foule. Il n'est même pas encore capable de s’éloigner de la rambarde. Il s’intime à inspirer profondément, à laisser l’air venir détendre la tension dans ses membres. Il a besoin de partir. Il veut prendre l’air et ici ne suffit pas. Une nouvelle cigarette glisse entre ses lippes alors qu’il se laisse encore le temps à la réflexion. Il finit par décider à prendre la perche qui lui est tendue. Il regarde l’heure sur son téléphone. Il est 21h. Il suppose que les obligations du brun vont le retenir au moins jusqu’à 23h. Ce sera suffisant pour lui laisser le temps de retrouver sa désinvolture. Il sait ce qui peut lui faire du bien. Il ouvre l’application de messagerie pour envoyer un SMS au brun. « Lorsque tu auras fini, rejoins-moi à Surfrider Beach. Je t’attendrais là-bas, Belâtre. » Il lui indique avant de glisser de nouveau son téléphone dans la poche de sa veste de smoking. Il retrouve naturellement le portier pour lui demander de récupérer sa moto. Ce dernier lui ramène naturellement et il lui offre un pourboire convenable avant de se saisir de son casque et monter sur sa moto. Le contact en marche, il s’immisce naturellement dans les rues de Los Angeles en direction de Malibu. Il lui fait une demi-heure pour retrouver les plages de Surfrider Beach. Il se gare sur le parking et rejoins naturellement la plage après avoir mis sa moto en sécurité. Il retire ses mocassins et chaussettes pour laisser la sensation du sable effleurer l’épiderme sensible de ses pieds. Il laisse ses poumons s’imprégner de l’odeur apaisante de l’océan. Les yeux clos, il se laisse envahir par cette sensation agréable alors qu’il laisse ces émotions derrière lui. La nuit est tombée sur la ville des anges, il n’y a plus l’agitation habituelle, mais il y a encore quelques promeneurs qui errent pour se détendre après une longue journée. Il dénote dans ce cadre. Sa tenue est bien trop habillée, mais ça ne le dérange pas. Il se dirige naturellement vers les berges, laisse l’eau mourir sur ses pieds. Il laisse les vagues pourlécher ses pieds et le bas de son pantalon alors que son regard se perd à l’horizon. La vue est magnifique et imprenable. Une des beautés de Los Angeles, encore plus belle lorsqu’on ne fait qu’un avec l’océan sur un surf. Un sourire ourle ses lippes. Il retrouve sa sérénité et sa bonne humeur, joue légèrement avec les vagues qui l’éclaboussent alors qu’il se met à longer le bord dans des enjambées légères et désinvoltes. Il a tout son temps et apprécie ce sentiment de communion avec la nature afin de chasser des images du passé.

Damian profite du panorama qui s’offre à ses yeux. Il n’est pas rare pour l’auteur de se rendre sur cette plage pour une balade nocturne. Il le fait souvent lorsqu’il est touché par une insomnie ou lorsque ses émotions sont à fleur de peau. Lorsque la nuit tombe, la plage retrouve une forme de sérénité dont elle est dépossédée durant la journée. Quand bien, il y a de la vie aux alentours, il est aisé de trouver un coin à l’abri de tous pour pouvoir se poser et profiter simplement des beautés des vagues sous le clair de lune. C’est une vision qui l’a toujours apaisé et aujourd’hui n’échappe pas à la règle. C’est ici qu’il a apprit à surfer ses premières vagues avec son père, ici où il s’entrainait à l’époque où il en faisait avec le club du collège et du lycée par la suite. Cet endroit lui rappelle son adolescence où tout était possible et où il avait tout à construire ou à reconstruire après la mort de son héros : son père. Ses pas frôlent l’eau avec une insouciance qu’il retrouve. Il s’en moque que son costume soit irrécupérable avec l’iode de l’eau. Il pourra toujours s’en acheter un autre si besoin. Il ne s’attache pas à de tels détails. Il vit l’instant présent et s’efforce de laisser le passé derrière lui, même cette soirée. Pourtant le poids de cette clé dans sa veste est bien réel. Il sent le métal entre ses doigts. Une clé à la forme différente des siennes. Il a encore du mal à croire que Milton lui ait proposé de s’installer avec lui. Cet homme arrive toujours à le surprendre et à le désarmer. Il ne peut pas nier que cela lui plait. Milton lui plait de plus en plus même s’il ne le l’avouera pas facilement. Il n’oublie pas que l’avenir est incertain. Il ne le craint pas, mais reste prudent. Il est encore meurtri par son histoire avec Jeremy. Jeremy qu’il s’efforce de garder loin de ses pensées pour ne pas les assombrir. Il joue avec la clé du bout de ses doigts. Le geste est fait inconsciemment, comme s’il s’assure de sa présence. Ses pensées vagabondent. Cette soirée n'a pas été si mal en soi. Il aurait juste apprécié que son passé ne s’imbrique pas avec son présent. Il aurait dû se douter de certaines choses, mais n’a pas fait de rapprochement. A force de fuir ces évènements, il a oublié que dans le beau monde, tout le monde se connait. Si Milton ne lui pose pas de questions, il trouvera assurément des réponses auprès de ses anciens collègues et protecteurs qui font partie de son milieu professionnel. Il ose croire qu’il ne s’aventura pas dans cette voie, mais il ne pourrait pas lui en tirer rigueur. Il est interrompu par un groupe de jeunes lycéens qui se sont réunis. Ils l’invitent à boire une bière et il se laisse tenter par la proposition. L’échange est détendu. Leur insouciance est une bouffée d’air pour lui dont il se nourrit. Il a l’impression de se revoir avec sa bande d’amis. A l’époque, leur seul souci était de savoir dans quelle université ils allaient aller et si leur amourette allait survivre à la distance. Tout ceci lui semble bien loin désormais. Ils s’intéressent naturellement à lui, à l’adolescent qu’il avait été et Damian répond naturellement à leurs questions sans tabous. Avec eux, il n’a aucune raison d’en avoir. Ils l’oublieront bien assez vite, même s’il sent le regard intéressé des demoiselles sur lui, qui ignorent que seules les courbes masculines peuvent avoir ses faveurs. Malheureusement, aucun ne l’intéresse, car il s’est toujours intéressé à des hommes d’un âge de sa tranche d’âge ou d’une tranche supérieure. Lorsqu’il reçoit le SMS de Milton, il décide de prendre congés du groupe. Ils lui font don de deux bières pour lui et son "ami" et il les remercie. Il finit par rejoindre un coin un peu excentré sur lequel il se pose pour profiter de la vue. Il attrape son téléphone pour poser les bases d’un groupe d’amis que ces derniers lui ont inspirés. Il imagine les intrigues qui pourraient reliés les personnes entre elles. De nouvelles bases de personnages qui finiront peut-être dans un de ses livres. Des idées notées dans un bloc note qu’il relira plus tard, dont il fera le tri avant de garder ce qui sera exploitable. Le temps défile sans crier garde jusqu’à qu’il sente sa présence. Il se tourne naturellement vers lui, admire cette silhouette fine et sculptée de son amant qui semble beaucoup moins sérieux pieds nus avec ses mocassins dans les mains. Un bellâtre comme il les aime. Encore plus avec ce sourire qui ourle souvent ses lèvres lorsqu’il est en sa compagnie. « Je me suis dis qu’un peu de romantisme ne nous ferai pas de mal, à part si tu préfères que je te donne rendez-vous dans une ruelle pour une baise rapide, bellâtre ? » Il lui répond naturellement avec cette effronterie qu’il a retrouvé. Un sourire carnassier ourle ses lippes alors qu’il sent le poids de son regard sur lui. Sa main au creux de sa nuque lui arrache un frison exquis alors qu’il le laisse s’emparer de ses lèvres pour un baiser furtif, mais qui laisse entrevoir un désir qu’il ne peut pas taire. La sensation de son corps tout contre le sien est agréable. Il laisse sa chaleur réchauffer ses membres qui se sont légèrement refroidis du fait de la température ambiante. Il le laisse agir sans sourcilier, car il apprécie grandement cette intimité indue par les gestes de son amant. Il sent son myocarde s’emballer dans sa poitrine alors que son cou se tend pour lui laisser plus de place pour prodiguer ses taquineries. Sa question lui arrache un rire franc et sincère qui vient rompre le silence autour d’eux. « Oui, je vois ce que tu veux dire. Je me rappelle que la dernière fois, tu étais en mauvaise posture. » Il lui indique dans un sourire éhonté alors qu’il ajoute. « J’aime beaucoup cet endroit. Je me suis dis que tu aimerais le découvrir après une soirée à avoir jouer ton rôle à la perfection. » Il lui indique dans un sourire amusé avant d’ajouter. « J’y viens souvent pour y retrouver mon calme et l’inspiration. C’est également ici que j’ai surfé ma première vague avec mon père ou eu mon premier baiser avec un beau surfeur. » Il lui indique avant de tourner son visage vers lui pour ajouter au creux de son oreille. « Je me suis dit que tu serais beau dans le panorama. Toi qui es toujours si lisse et irréprochable alors qu’un loup sommeille en toi. » Il vient mordiller son oreille alors que ses lèvres viennent embrasser à son tour sa nuque. Sa main vient retrouver sa cuisse pour la frôler, la caresser au travers du tissu alors qu’il vient rejoindre sa mâchoire et ses lèvres. « Je me suis dis que ça serait bien de mettre un peu de fantaisie dans une soirée aussi conventionnelle. » Il murmure en retrouvant son aine, frôlant cette virilité au travers du tissu juste pour el plaisir de la sentir légèrement réagir à son toucher, aviver un désir qui ne demande qu’à s’accentuer. « Et que ça pourrait te plaire. » Il ajoute en remontant sa main sur son poitrail pour retirer quelques boutons de sa chemise, dévoiler un bout de son torse sur lequel il s’attarde quelques secondes. « Si tu te sens d’humeur assez aventureuse, je connais une petite crypte non loin de là où tu pourras faire ressortir ton côté plus sauvage. » Il le taquine dans un rire amusé alors qu’il l’abandonne de nouveau pour retrouver sa place initiale avant de se relever en reculant vers l’océan. « Mais peut-être qu’un bain de minuit tout habillé te conviendrait plus ? Cela pourrait calmer nos ardeurs. » Il conclut dans un rire cristallin alors qu’il retrouve le rivage dans lequel ses pieds viennent se perdre après avoir retiré cette veste qu’il lui lance. Il le défit de le rejoindre, de quitter cette enveloppe d’homme parfait pour agir de manière futile en sa compagnie, bien loin de celui qu’il est en accoutumé.

La présence de Milton lui est fort agréable. Il a retrouvé une sérénité qui lui permet d’agir comme à ses habitudes avec son amant. Il ne manque d’ailleurs pas de le provoquer. Ces propos ne se veulent pas insultants. Ils veulent juste le titiller comme à ses habitudes, mais Damian semble percevoir qu’il touche une corde sensible. Milton ne semble nullement disposé à lui laisser dire certaines choses qui sont en désaccord avec ce qu’il est. Il ne le voit pas comme un coup d’un soir, un corps dont il se rassasie juste pour éteindre un appétit charnel. Il n’en doute pas. Il le sait. Il lui prouve en lui donnant accès à sa demeure, à son intimité. C’est une boutade mal choisie à cet instant, mais il ne s’en formaliserait pas. Il le suivrait sans hésiter dans une ruelle sombre si l’architecte le désirait. Tant que c’est avec lui, il est prêt à réaliser tous ses fantasmes tant qu’ils respectent ses limites. « Hé, je plaisantais Bellâtre. » Il lui indique dans un sourire qu’il rend charmeur et détendu. « Montre pas les crocs à moins si ce n’est pour me mordre. » Il lâche dans un petit rire qu’il veut rendre léger, mais il semblerait que son amant est plus à fleur de peau qu’il ne l’imaginait. Il ne rebondit pas sur les propos de Milton. Il n’a pas envie d’alimenter le feu qui l’enflamme au travers de son agacement. Il a conscience que tout le monde joue un rôle en société. Il le sait d’autant plus qu’il a fait partie de ce monde depuis son enfance. Parfois, on est obligé de se cacher pour exister au travers de la société. Il s’est plié à ses règles durant bien trop d’années pour le savoir. Il préfère diriger l’échange sur le lieu, la signification qu’il a pour lui. Il lui offre quelques brides de son enfance et de son adolescence pour qu’il saisisse l’importance qu’il a pour lui. Il sent sa poigne se raffermir autour de sa taille. Un moyen de marquer sa possession. Un signe d’attachement de la part de l’architecte à son égard qui ne le laisse pas indifférent. Son cœur s’emballe dans sa poitrine alors qu’il s’efforce de rendre l’instant léger. Les taquineries reprennent naturellement tant elles font partie de leur dynamique. Le rire de Milton est agréable à entendre. Il semble se détendre au fil des secondes qui s’écoulent. « Je vois que la modestie fait partie de ton vocabulaire, Bellâtre. » Il le taquine avec humour alors qu’il vient jouer de ses doigts et de ses mots sur son épiderme sensible. Il est ravi de le retrouver dans cette intimité qu’ils ont développé ensemble. A cet instant, il se donne le droit d’effleurer et charmer son partenaire au-delà de ses mots. Le baiser le grise et ouvre son appétit. Il joue subtilement avec la flamme qui s’enflamme dans le creux de ses reins. C’est un divertissement agréable et dans lequel il se plonge toujours corps et âme. Son sourire est enjôleur tandis qu’il l’écoute avec une attention toute particulière. Milton a surfé à une époque. Il ne le fait plus depuis son adolescence. « Uniquement si tu es indécent et que tu me l’ordonne. » Il lui indique dans un sourire narquois alors que son souffle se meurt sur son visage. Il aime cette proximité, ces instants légers qu’il partage avec cet homme. Il ne regrette pas d’avoir accepter sa proposition, d’avoir tenté le coup. Il ne sait pas encore où tout cela va les mener, mais pour l’instant, ils semblent se compléter, bien plus qu’il ne l’imaginait. Il sourit aux propos de son amant. « Tu es un homme chanceux... » Il le taquine de bonne grâce alors que ses lèvres s’emparent celles de son partenaire. Le baiser est fiévreux et accentue le désir qui commence à l’envahir. Il aime cette douce adrénaline qui s’immisce dans ses veines. « Je ne le pense pas. J’en suis sûr et j’ai déjà subis une de ses attaques. Ce qui ne m’a absolument pas déplut. » Il lui indique dans le creux de l’oreille alors qu’il vient s’éloigner dans un rire cristallin pour se redresser. « Il me plait bien ce bellâtre effectivement. » Il lui indique alors qu’il vient s’éloigner vers le bord de la plage où vient s’échouer les vagues. Son sourire ne perd pas de son éclat alors qu’il admire la silhouette de son amant échoué sur le sable. Sa beauté est saisissante et il se dit que c’est une image qu’il gardera en tête. Celle d’un homme irréprochable, dévoré par le désir et qui s’imprègne de son odeur sans le quitter du regard. Il se sent tellement beau sous le poids de son regard. Ce genre de regard auquel il avait perdu l’habitude d’être confronté. Ce pouvoir de séduction qui fait gonfler sa poitrine et l’enivre au plus haut point. Un pouvoir qu’il réacquit grâce à cet homme. Un homme qui ouvre son champ de possible et qui l’enivre. Il l’observe avec attention se relever pour le rejoindre. Il se laisse emprisonner par ces mains exigeantes qui vient le plaquer contre lui. Ses lèvres retrouvent leurs comparses dans un baiser impétueux et avide qui lui arrache son souffle. Ce genre de baisers qui ont une lourde signification. Il se laisse dominer dans ce baiser, le savourant pleinement alors qu’un sourire éhonté ourle ses lippes. Il aime avoir cet effet. Son regard se fait plus provocateur alors que sa poigne renforce sa prise sur la virilité de son compagnon à sa demande. Il apprécie la fermeté qu’il perçoit contre le tissu. Il vient doucement frôler cette chair juste pour sentir le regard de son amant s’assombrir, étinceler d’un désir qu’il ne peut contrôler. Cela inonde sa poitrine d’une satisfaction sans nom. Il n’a rien à lui envier. Sans doute que Milton peut le sentir contre son bassin. La voix rauque de son amant agit comme un aphrodisiaque. Il aime entendre ce timbre de voix tout comme sentir ce corps chercher le contact avec le sien. L’idée du bain de minuit ne semble plaire guère à son amant, qui se pliera à ses volontés si ce sont vraiment ses desseins même s’il a une préférence pour la crypte magique qu’il a évoqué. Ces paroles renforcent l’éclat de son sourire. « Tu as le sens du sacrifice. J’admire ta détermination à vouloir satisfaire mes caprices. » Il lui indique du bout des lèvres alors qu’il vient poursuivre sa caresse sur sa virilité et le bas de son dos sous sa veste. Il profite de la proximité offerte pour cette étreinte pour se montrer plus aventureux malgré qu’ils ne soient pas totalement seuls. Les différents groupes sont éloignés d’eux, mais ils pourraient aisément se douter qu’il y a anguille sous roche. Ce qui rend l’instant encore plus exaltant et titille ses sens. « Je ne voudrais pas museler la bête en toi. Surtout quand elle est si friande à l’idée de se dévoiler. Tu as de la chance, une fois là-bas, j’ai tout ce qu’il faut pour qu’elle soit lâchée sans risquer d’impairs. » Il lui murmure du bout des lèvres dans un sourire éhonté. « Tu penses qu’elle va pouvoir tenir jusqu’à qu’on arrive ? » Il le questionne avec amusement alors qu’il défait la poigne de ses doigts. Il lui offre un dernier baiser. Un baiser léger, quelque peu fripon alors qu’il s’extirpe de nouveau de ses bras pour rejoindre la plage et leurs affaires. Il se retourne vers lui en déposant sa veste sur son épaule avec cette attitude désinvolte qui lui colle à peau, mais qui ne masque pas totalement la légère érection qui déforme son pantalon. « Prêt à partir à l’aventure ? » Il le questionne alors qu’il vient lui tendre la main. Un moyen de garder le contact physique avec son amant, lui offrir une intimité différente, mais pas moins insignifiante avec lui jusqu’à qu’ils puissent se retrouver dans la pénombre et s’isoler du monde qui les entoure. Une bulle dans laquelle ils pourront relâcher les rennes d’un désir qu’ils n’ont pas pu assouvir depuis plusieurs semaines et qu’ils désirent assouvir pour le plaisir de se retrouver, se dévorer tout en se dévoilant.