You have stolen my heart

C’est dans la grande ville de Busan que tu as vu le jour et où tu as passé une grande partie de ton enfance et adolescence. Petite fille d’une mère et d’un père qui s’aimait à la folie, tu as été chéri le plus possible. Ta famille était pauvre, jusqu’au jour où tes parents ont touché le gros lot au casino, en jouant pour la toute première fois. Une chance inouïe et inespérée qui leur est tombé dessus. Tu n’avais même pas un an à cet âge-là. Et c’est ainsi que tu as déménagé dans les quartiers les plus riches de la ville, faisant la connaissance d’une autre famille. Une famille influente dans ce pays qu’est la Corée du Sud. La famille Kang. Bien qu’au départ, tu étais réservée et impressionnée de les rencontrer, tu as su développer un vrai lien puissant avec eux. Et surtout avec leur fils, Do-Yoon. Il n’y a pas un moment où vous n’étiez pas ensemble. Vous avez fréquenté les mêmes établissements, et en dehors des cours, vous vous amusiez comme des fous. Il était bien le seul garçon avec qui tu jouais, avec qui tu avais une affinité aussi étroite. Il te faisait rire et était toujours là pour te protéger des méchants qui se moquaient de toi avec ton physique un peu plus désavantageux comparé aux autres petites filles. Tu te rappelles comme si c’était hier, de ce jour où il t’a même fait une demande en mariage. « On se mariera ensemble plus tard, hein Somi ? Dit oui ! Je t'aime Somi. » C’est ce jour-là où tu es tombée amoureuse de lui malgré ton petit âge de cinq ans. Et tu n’as jamais cessé de l’aimer. Un amour qui dure depuis quatorze ans désormais.

Pourtant, ta vie a pris une tournure radicale quand tu as atteint l’âge de tes huit ans. Tu as encore peu de souvenirs de cette nuit. Seule l’odeur du brûlé et la couleur vive des flammes apparaissent encore dans tes cauchemars qui ne cessent de continuer depuis des années. Ta maison ravagée par les flammes, les hurlements de tes parents mélangés aux tiens. Puis le trou noir jusqu’à ce que tu te réveilles quelques semaines plus tard à l’hôpital. Un coma de trois semaines, au bout duquel tu as enfin ouvert les yeux et croisé le regard de Do-Yoon. Les médecins n’y croyaient plus au vu de tes poumons qui ont été fortement touchés. Tu as d’ailleurs perdu une partie de ta capacité respiratoire. Ce n’est que le lendemain de ton réveil qu’on t’a appris la mauvaise nouvelle : tes parents n’ont pas survécu. Tu as pleuré pendant plusieurs heures. Sur plusieurs jours. Tu ne voulais pas y croire. Pas croire que c’était fini, que tu ne les reverrais plus. Et c’est la famille Kang qui a dû supporter tes crises de larmes, tes crises de colère. Tu as développé le syndrome du survivant, culpabilisant d’être toujours en vie alors que tes parents ne le sont plus. Les deux premières années qui ont suivi ce drame ont été les plus rudes. Les Kang t’ont accueilli les bras ouverts. Mais tu avais du mal à te reprendre. Tu te laissais presque dépérir et tu ne souriais plus. Tu restais la plupart du temps dans ta chambre, à pleurer. Ou alors à fixer le vide. Tu n’avais presque plus goût à la vie. Do-Yoon en a bavé, mais il ne t’a jamais lâché. Et c’est en grande partie grâce à lui que tu t’es accroché. Grâce à lui que maintenant, tu es devenue telle que tu es. Ton amour pour lui n’a fait que s’agrandir. Tu l’aimais. Plus qu’un simple ami d’enfance.

Après ces deux ans passés en leur compagnie tu es devenu officiellement un membre à part entière de la famille Kang. Ils t’ont adopté, et tu es devenu leur fille adoptive. La sœur adoptive de Do-Yoon. Ce qui a changé complètement vos rapports, sur les papiers du moins. Toi qui voulais plus qu’une amitié avec lui, c’était désormais fichu. Tu as donc fait en sorte d’enfouir tes sentiments pour lui durant tout ce temps. Chose plus facile à dire qu’à faire. Et plus vous grandissiez, et plus la situation devenait compliquée. Tu le voyais sortir avec des filles, et ça te faisait du mal. Il te faisait du mal sans le savoir. Toi, tu n’avais pas autant de popularité avant. Tu subissais des moqueries durant les années collèges, parce que tu n’étais pas aussi belle que les autres filles que tu côtoyais. C’est après votre déménagement à Los Angeles, suite à la mutation du père, que tu as fait un incroyable glow up. Tu ne sais pas encore comment ça s’est passé, Dame Nature a été clémente avec toi. Mais les années lycées là-bas se sont déroulées à merveilles. Tu t’es fait des amis, des sincères comme des gros connards parfois dont tu as dû t’en séparer. Et la plupart des garçons ne faisaient que te regarder. Tu n’étais pas la plus populaire, mais tu ne laissais personne indifférent.

Cependant, Do-Yoon reste le seul et l’unique garçon pour lequel tu éprouve un amour inconditionnel. Encore aujourd’hui tu le suis partout. Et vous faites partie de la même école de cuisine, partageant la même passion. Une passion commune qui vous a encore plus rapproché. Mais tu n’as jamais osé faire le premier pas, lui avouer que tu l’aimais. Que tu voulais être sa petite-amie. N’ayant jamais eu de petit-ami, tu voulais que ce soit lui le premier. Un rêve trop grand puisque jamais ça n’arrivera. Tu as l’impression d’être invisible à ses yeux. D’être simplement une sœur. Et rien de plus. Alors un jour, tu as fait sûrement la plus grosse bêtise de ta vie. Tu as décidé que le prochain garçon qui croiserait ton regard deviendrais ton petit-ami. Et c’est tombé sur Si-Hyeon, un coréen aussi. Un bad boy. Un bad boy qui était déjà sous ton charme bien avant ça et qui t’avait déjà fait des avances. Ça tombait bien non ? Ce n’était pas un inconnu. Tu l’as donc approché, sur plusieurs jours. Et ce n’est que depuis hier que vous sortez ensemble. Ce n’est que depuis hier que tu es en couple. Pour la première fois. Ce n’était pas censé se passer ainsi, mais bon… A un moment donné, tu aurais fini par avoir une relation. Que ce soit avec lui ou quelqu’un d’autre. Tu ne l’aimes peut-être pas comme tu aimes Do-Yoon, mais tu l’apprécies à sa juste valeur. Et sans mentir, il reste canon. Sa façon d’embrasser et de te toucher est tendre, parfois sexy. De quoi te filer des frissons. Le premier baiser a faillit te faire tomber dans les pommes tellement c’était sensuel. Nouveau (oui, tu abuses). Enfin… heureusement pour toi, il n’y a pas eu autant de baisers. Il n’est pas débile et va à ton rythme, malgré son côté bad boy qui peut faire croire à autre chose. Reste maintenant à annoncer la nouvelle à tes amis, et à ta famille. Le cacher serait impossible pour toi.