ready for the new year... with you ? (falloane #14)

Ça y est, nous y sommes. Une nouvelle année se profile à l'horizon et dans quelques heures, nous serons enfin en 2021. C'est le moment ou jamais pour tout le monde de faire la rétrospective de l'année écoulée. Mais la fin d'année pour moi n'est pas réellement celle que j'aurais pu espérer. C'est compliqué entre Jihane et moi depuis son anniversaire. Nous avons d'un commun accord décidé de faire une pause et de prendre du temps pour nous chacune de notre côté. Enfin sentimentalement parlant, parce qu'en pratique, nous vivons toujours sous le même toit. Ça ne facilite sans doute pas les choses mais il n'est pour le moment pas question de déménagement. Ce n'est pas une rupture à proprement parlé, à voir comment la situation évoluera par la suite. Pour autant, nous allons passer le réveillon du nouvel an ensemble. Pas "ensemble-ensemble" mais à la même soirée quoi. Inutile de changer les plans de nos amis communs juste pour nous. Nous sommes assez matures pour faire la part des choses, et passer une soirée ensemble sans causer de problèmes. Mais ça me fait quand même un peu bizarre. Nos amis ne sont pas au courant de nos problèmes de couple, et je n'ai pas forcément envie que nous devenions le centre des discussions. Je ne sais pas ce que Jihane en pense, en réalité nous n'en avons même pas forcément parlé. Peut-être vaudrait-il mieux qu'on prenne le temps de le faire avant d'aller à cette soirée d'ailleurs non ? J'enfile ma tenue, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] que j'ai acheté spécialement pour l'occasion, avant de sortir de ma chambre pour continuer de me préparer dans la salle de bains. C'est bientôt l'heure, et si je ne veux pas être en retard, il faut que je me bouge. Je ne sais pas encore ce que je compte faire de mes cheveux, mais pourquoi pas les laisser détachés en les bouclant légèrement ? Ouais je vais voir au dernier moment selon mon inspiration devant le miroir. Mais la salle de bains est déjà occupée, et j'aperçois justement Jihane qui finit de s'habiller alors que la porte est restée entrouverte. Mon regard ne peut s'empêcher de glisser sur son corps juste avant qu'elle enfile sa robe. C'est plus fort que moi, j'y peux rien. C'est pas parce que c'est compliqué en ce moment que je suis devenue totalement insensible face à elle. Au contraire. Je la vois galérer avec sa fermeture éclair, et sans trop réfléchir je lui propose mon aide, comme un réflexe. « Je peux t'aider ? » Elle se retourne, surprise et je lui souris le plus naturellement du monde. « Je venais pour terminer de me préparer à la base. » Pourquoi je ressens brusquement le besoin de me justifier ? Je ne veux pas qu'elle pense que j'étais en train de la mater en cachette. Bon c'est un peu le cas, certes, mais c'était pas mon intention première. Oh et puis merde, c'est pas comme si je l'avais pas déjà vu maintes et maintes fois en petite tenue mais presque. C'est pas si grave n'est-ce-pas ?

Aujourd’hui, les choses auraient pu être différentes. S’il n’y avait pas eu cette conversation le jour de mon anniversaire, nous serions encore ensemble avec Fallon aujourd’hui et nous fêterions le nouvel an comme tous les autres couples : ensemble. En réalité, ce n’est pas si loin de ce qu’il va se passer. Pas si loin, mais pas si proche non plus. Avant ces turbulences, nous avions déjà discuter avec des amis de ce que nous pourrions faire pour passer à la nouvelle année et l’idée de le faire chez l’un des couples présents était sortie du lot. Cela aurait pu tomber sur nous, le faire à la colocation était jouable, mais c’était finalement sur une maison que le choix avait été fait. En plus d’avoir un grand espace de vie, ils ont la chance d’avoir un grand extérieur avec une piscine et même si la température se fait un peu plus fraîche en ce moment, ce n’est pas quelque chose de négligeable. Mais pourquoi le faire ensemble malgré tout ? Nous ne sommes pas vraiment loquaces sur notre vie privée, surtout quand il y a des problèmes, alors rares sont les personnes qui savent pour notre rupture. Notre pause pour être plus précise et comme ce n’est que passager, ça ne sert à rien d’inquiéter tout le monde. Nous sommes toutes les deux grandes, nous saurons parfaitement mettre de côté nos problèmes durant le temps d’un repas. Qui sait, ça pourrait même nous être bénéfique. En fin de journée, voyant que la salle de bains est libre, je m’empresse d’y prendre place. Avec trois femmes à l'appartement, le soir d'un réveillon, c'est une place qui coûte cher. Je passe sous la douche, m'hydrate le corps et me lance ensuite dans l'enfilage de ma robe. Une robe rouge, assez courte, avec une fermeture dans le dos. C'est une tenue qui me ressemble assez : quand je ne porte pas de pantalon, j'ai tendance à dévoiler une grande partie de mes jambes. Une fois habillée, je dois désormais fermer la robe et c'est bien là la difficulté. J'ai beau me contorsionner dans tous les sens, je n'y arrive pas. « Je peux t'aider ? » Je me retourne vers Fallon, surprise de la voir ici. « Je venais pour terminer de me préparer à la base. » Je lui souris doucement. Elle est chez elle aussi après tout, elle n'a pas besoin de se justifier. « Oui, avec plaisir. Je crois que j'ai été un peu trop optimiste en pensant que j'arriverais à enfiler cette robe seule. » J'aurais dû accrocher un fil à la fermeture, comme c'est fait pour les combinaisons de plongée ou de surf. Je me retourne pour être dos à elle et je viens dégager mes cheveux pour qu'elle ne soit pas gênée. « Merci, c'est gentil. » Dis-je, lorsque je sens ses doigts arriver à proximité de ma nuque. « Et pas de problème pour la place. J'ai bientôt terminé. » En réalité, elle pourrait même commencer à se préparer à côté de moi, mais je ne voudrais pas lui imposer ma présence. Nous allons déjà devoir jouer au faux couple parfait ce soir, elle veut peut-être profiter de ses derniers moments de répits. « Tu es très belle. » Depuis son apparition dans mon champ de vision, je n'ai pas pu passer à côté de ce qu'elle dégageait, de ses formes mises en valeur dans cette robe et finalement, ce compliment est sorti tout seul. « Tu es sûre que ça ne te dérange pas qu'on y aille ensemble ? » Nous avons encore le temps de trouver une excuse bidon. L'une de nous pourrait être malade par exemple.

Quand je l'aperçois dans l'entrebâillement de la porte de la salle de bains, je ne peux m'empêcher de venir lui proposer mon aide. C'est un réflexe auquel je ne réfléchis pas vraiment. Et en même temps, il n'y a pas de mal à ça non ? Peu importe, c'est trop tard maintenant. Si je commence déjà à me poser trente six mille questions, c'est pas bon pour le reste de la soirée où nous allons devoir jouer les couples parfaits. Est-ce qu'on peut dire qu'on est sur le point de faire une pause dans notre pause ? Dit comme ça, c'est plutôt amusant, et avec le recul, c'est un peu ça quand même. « Oui, avec plaisir. Je crois que j'ai été un peu trop optimiste en pensant que j'arriverais à enfiler cette robe seule. » Je ris un peu, compatissant à ce genre de moment de solitude que toutes les filles ont déjà connu au moins une fois dans leur vie. Elle se retourne, libérant ses cheveux pour que je puisse accéder à la fermeture éclair de sa robe. Mon regard glisse inconsciemment sur sa nuque, alors que je viens frôler sa peau de mes doigts pour m'atteler à ma tâche. « Merci, c'est gentil. » Cette proximité ne me laisse pas indifférente, et je profite quelques instants de l'odeur de son parfum que j'apprécie tant. « Et voilà ! » Je reprends mes distances, le coeur un peu lourd. « Et pas de problème pour la place. J'ai bientôt terminé. » Je hausse un peu les épaules comme pour lui signifier que ça me dérange pas, elle peut prendre son temps. « Tu es très belle. » Pas autant qu'elle. « Merci, tu n'es pas mal non plus. » Elle est beaucoup plus que "pas mal", mais ça, je le garde pour moi. Même si le regard que je porte sur elle trahit peut-être un peu mes pensées. Ok beaucoup même. « Tu es sûre que ça ne te dérange pas qu'on y aille ensemble ? » Je secoue la tête pour la rassurer. « Non t'inquiètes. » C'est pas comme si c'était une punition d'aller à cette soirée avec elle non plus hein. Il y a pire dans la vie quand même. « Je t'avoue que ça me fait un peu bizarre, mais je suppose que c'est normal. » Pour être tout à fait honnête, j'ai même un petit pincement au coeur de nous voir nous préparer toutes les deux chacune de notre côté. Je sais que nous avons besoin de temps, pour le bien de notre couple et surtout de notre futur, mais c'est quand même difficile. Plus que je n'aurais pu le penser, c'est vrai. En même temps on ne peut pas devenir des étrangères l'une pour l'autre comme ça du jour au lendemain. Ce n'est d'ailleurs pas le but recherché, loin de là. Mais le fait d'habiter sous le même toit n'arrange forcément pas notre situation. « Il n'y a pas de raison qu'on ne passe pas une bonne soirée. » J'essaye un peu de me rassurer moi-même en disant ça, parce que j'appréhende quand même un peu. Mais ça me fait déjà du bien de pouvoir en parler avec elle. Ce n'est pas un sujet tabou, même si depuis que nous sommes "séparées", c'est évidemment que le sujet est tout de même délicat à évoquer. Je prends l'initiative de rester là, continuant à me préparer en même temps qu'elle. Ça serait débile de le faire l'une après l'autre et de perdre du temps alors qu'on peut très bien le faire ensemble. Puis finalement, il est temps d'y aller.

Dire que je n'ai pas choisi cette robe pour plaire à Fallon, ce serait mentir. La jeune femme est toujours dans ma tête, elle est la première pensée que j'ai à chacune de mes actions. Après, pour dire vrai, on n'aurait pas été séparée, j'aurais aussi profité de l'occasion. Il est toujours plaisant de se faire belle et de faire de l'effet à la personne que l'on aime. « Et voilà ! » Elle vient m'aider à fermer ma robe, robe que j'avais sous-estimé pour un habillage seule. Heureusement que malgré notre break, nous vivons sous le même toit : j'aurais été un peu embêtée sinon, je serais arrivée chez nos amis à moitié habillée. Lorsque la distance entre nous est restaurée, je ne peux m'empêcher de laisser mon regard se balader sur son corps. Si j'ai voulu faire un effort, la blonde aussi et je ne peux retenir mon compliment plus longtemps. « Merci, tu n'es pas mal non plus. » Peu importe les jours qui passent, les difficultés que nous rencontrons, je ne peux m'empêcher de rougir un peu. Sûrement parce que ce sont ces mots à elle. Ça serait quelqu'un d'autre, je serais déjà passée à autre chose. Viens alors le sujet de la soirée. Nous sommes toutes les deux invités chez des amis qui ne savent pas que nous sommes séparées et je veux être sûre que cela ne la dérange pas que nous y allions toutes les deux, comme un couple. « Non t'inquiètes. » C'est peut-être bête de notre part d'agir ainsi, on pourrait tout simplement être honnêtes avec eux. « Je t'avoue que ça me fait un peu bizarre, mais je suppose que c'est normal. » Doucement, je me mets à hocher la tête. L'inverse aurait été bizarre en réalité. Nous allons quand même faire semblant toute une soirée, tout cela pour les apparences. « Il n'y a pas de raison qu'on ne passe pas une bonne soirée. » « Tu as raison. » Le début sera sûrement un peu bizarre, mais avec le temps, les choses redeviendront plus normales. Être "ensemble" ne veut pas dire qu'on doit forcément passer notre soirée collée l'une à l'autre, donc ils ne se poseront pas de questions si nos réactions semblent différentes que d'habitude. « Ce qui se passe au Nouvel An reste au Nouvel An, non ? » Cette phrase veut à la fois rien et tout dire. Mais inutile de s'attarder dessus. Nous finissons toutes les deux de nous préparer et nous nous dirigeons vers un quartier différent du notre. Ici, il n'y a pas d'appartement, mais des maisons. Elles sont bien souvent occupées par des couples qui songent petit à petit à fonder une famille. C'est peut-être pour ça que nous ne vivons pas ici. Arrivée devant la porte, je me tourne vers la blonde. « Prête ? » À quoi ? À jouer la comédie peut-être bien. Même si agir de manière romantique avec elle est loin d'être quelque chose de désagréable. Je sonne et rapidement, on vient nous ouvrir. « Bonsoir ! » « Vous voilà ! Je suis content de vous voir. » Connor est l'un des hôtes de cette maison et il est rapidement suivi par sa compagne. « Vous êtes tellement adorables toutes les deux, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas le voir avant ! » Je ne peux m'empêcher de regarder Fallon, un sourire sur les lèvres, alors que l'une de mes mains vient se poser dans le bas de son dos. Derrière le couple, une tête brune fait son apparition. « Tu es là toi ? » Ça ne somme pas très poli vu comme ça, mais c'est pour Lou, elle a déjà été habituée à pire. « Et oui, une fête sans moi, ce n'est pas vraiment une fête. » Désespérée par une telle réponse, je balance la tête de gauche à droite, alors qu'elle se rapproche de nous pour nous offrir une accolade. Je viens ensuite me tourner vers mon ancienne petite amie. « Donne-moi ta veste, je vais aller la poser. » Je comptais le faire pour la mienne, autant que je sois utile.

Tout ce qui se passe au Nouvel An reste au Nouvel an. Ouais, c'est une bonne manière de représenter les choses. Ça correspond bien à notre situation et à la pause que nous allons imposer dans notre séparation. C'est un peu étrange dit comme ça mais en même temps c'est un peu ça. Faire semblant d'être encore ensemble comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Si seulement. Mais qui sait, peut-être que cette soirée nous aidera à y voir plus clair. A relativiser les raisons qui nous ont poussé à faire une pause. Pourquoi pas ? En tout cas, je suis prête à laisser de côté mes doutes le temps de quelques heures. Advienne que pourra. Une fois devant la maison de nos amis, Jihane me demande si je suis prête. Je hoche naturellement la tête avant de la laisser sonner. En réalité, jouer la comédie avec elle n'est pas quelque chose de trop sorcier. Le naturel n'est jamais bien loin, et mes sentiments pour elle sont toujours là. Ce n'est donc pas vraiment comme si j'avais besoin de me forcer pour jouer le couple parfait. « Hey ! » Nous sommes directement accueillies par Connor et Jenny, le couple de la maison, des amis qui nous ont découvert en couple un peu sur le tard. Disons qu'au début, nous nous faisions plus discrètes en tout cas. « Vous êtes tellement adorables toutes les deux, je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas le voir avant ! » Jihane me regarde, et je sens l'une de ses mains venir se loger dans le bas de mon dos. Un sourire vient inconsciemment prendre place au coin de mes lèvres. Ça fait toujours plaisir d'entendre un compliment de ce genre sur notre couple, surtout quand on en est malheureusement arrivé à en douter. « Pas autant que vous ! » Je leur retourne le compliment, parce que ce couple représente un peu le couple parfait à mes yeux. Leur complicité est naturelle, et je suis convaincue qu'ils restent exactement les mêmes dans l'intimité. Il ne s'agit pas là que des apparences. Mon regard se pose alors sur Lou qui fait son apparition derrière le couple. Génial. Je ne savais pas qu'elle serait là, et clairement, j'aurais pu largement me passer de sa présence. Il manquerait plus que Rain soit là aussi, et c'est le pompon. Non franchement j'espère pas ! Parce que je veux bien essayer de faire des efforts, mais il faut pas pousser quand même. Je salue poliment la demoiselle sans lui prêter plus d'attention que cela. J'ai toujours un peu de mal à accepter le fait qu'elles soient toujours aussi proches après avoir été ensemble pendant un moment. « Donne-moi ta veste, je vais aller la poser. » « Merci. » Je m'exécute dans un petit sourire, avant de voir mon ancienne petite amie s'éclipser me laissant toute seule quelques minutes avec Lou. L'angoisse. « Alors c'est le grand amour entre vous ? » Je rêve ou elle se renseigne ? Si je n'avais pas prévu de jouer la comédie à outrance non plus, je crois que pour elle je peux faire une exception. « Oui, on peut dire ça ! Même si c'était compliqué au début, tout se passe très bien maintenant. » S'il y en a bien une à qui j'ai envie de prouver la solidité de notre couple, c'est bien elle. « J'avoue qu'au début, je n'aurais absolument pas misé sur votre couple. Mais Jihane a l'air heureuse et c'est le plus important. » Je ne sais pas trop sur quel pied danser avec Lou. Il y a une part de moi qui ne peut s'empêcher de se méfier d'elle, et je crois que ça sera toujours le cas. Ça lui ferait trop plaisir de savoir que notre couple bat de l'aile, et je n'ai surtout pas envie qu'elle le sache. On a bien fait de ne rien dire à personne pour le moment. En parlant de Jihane... voilà qu'elle fait son retour. « Merde t'es revenue trop tôt, on était en train de dire du mal de toi. » Elle rigole, et je regarde mon ancienne petite amie en soupirant. La soirée commence bien. Et si on allait boire un coup ? Nous prenons place dans le salon, alors que Jenny nous sert rapidement un verre. Je viens murmurer discrètement quelques mots à l'oreille de Jihane. « Tu me surveilles ce soir ? » Lui demandais-je dans un petit sourire amusé, en désignant mon verre d'alcool d'un signe de tête. « Il faudrait quand même pas que ça dérape... » Ou peut-être bien que si justement ?

Jouer la comédie, ce n’est pas dans mes habitudes, mais ici, nous n’avons pas vraiment le choix. Nos problèmes ne regardent que nous et pour éviter d’avoir un tas de questions, nous avons fait le choix de ne pas en parler. C’est un peu risqué. Disons que c’est quitte ou double, soit ils n’y voient que du feu, soit on aura quand même le droit à ces questions que l’on souhaite écarter. Et puis, jouer le couple parfait avec Fallon, ce n’est sûrement pas si compliqué, on l’a bien été à un moment ou au moins, on s’en rapprochait. « Pas autant que vous ! » Au vu de notre situation, ce genre de compliments est assez difficile à prendre, alors autant reporter l’attention sur quelqu’un d’autre. Je retire ma veste et propose à la blonde de récupérer la sienne pour aller la poser à l’endroit indiqué par les hôtes. Il ne me faut pas longtemps pour faire cela, mais avant de me lancer dans cette soirée, dans cette comédie, un peu de temps seule n’est pas négligeable. Lorsque je reviens, Lou ne tarde pas à être taquine avec moi. « Merde t'es revenue trop tôt, on était en train de dire du mal de toi. » Je les regarde, elle et Fallon, et je ne peux m’empêcher de sourire. « Venant de vous ? Il va falloir apprendre à mieux mentir. » Elles ont peut-être des choses à se dire à mon sujet, mais je ne suis pas certaine qu’elles le feraient. Si mon ancienne petite amie, la plus récente, pourrait éliminer une personne dans cette soirée, ce serait sûrement son interlocutrice actuelle. Les affaires posées, nous nous dirigeons toutes les trois pour rejoindre la pièce de vie du couple. Là, on nous sert rapidement à boire et Fallon se penche vers moi pour me murmurer quelques mots à l’oreille. « Tu me surveilles ce soir ? Il faudrait quand même pas que ça dérape... » Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. « Et ça déraperait comment ? » Je tâche d’être discrète, que ces propos restent seulement audibles par nous. « Je ne dis pas non à une danse de toi dénudée. Quoique.. c’est quelque chose que je préférerais en privé. » Il serait agréable de la voir monter sur la table pour se lancer dans une danse endiablée, mais je ne sais pas si j’apprécierais longtemps le regard des autres se poser sur elle. « Amuse-toi ce soir, je m’occupe de nous ramener à l’appartement après. » Après tout ce qu’il s’est passé, elle a bien le droit à cela, à cette pause. Tous ensemble, nous venons trinquer à cette nouvelle année qui s’annonce. Celle qui est en train de se terminer est finalement mitigée, il s’y est passé des bonnes choses et des moins bonnes. Après plusieurs gorgées, je me tourne vers Lou pour lui parler un peu. « Tu es venue toute seule aujourd’hui ? » « Et oui.. je n’ai pas un couple parfait comme le tien. » Je pince légèrement ma lèvre inférieure entre mes dents, alors que mon regard se pose rapidement sur Fallon. « Nous fêtons le Nouvel An séparément. Je pense que ça ne va pas durer. » Nos deux situations se ressemblent un peu, en espérant que la finalité sera différente. Je n’ai pas envie de perdre mon ancienne petite amie, pas sur ces bêtises. « Je suis désolée. » Dans un simple geste affectueux, je viens poser ma main sur son bras. « Bon alors, c’est quand que vous quittez la colocation ? Il y a une maison à vendre dans la rue si vous voulez, je pourrais me renseigner. » Cette phrase me fait relever la tête. « Pas pour l’instant. » Je m’avance peut-être un peu, mais pour l’instant, ça ne ressemble pas vraiment à notre couple. « C’est trop calme ici, on a besoin de l’animation du centre-ville, des voisins qui font trop de bruits au-dessus et de ceux qui ont toujours de la farine de côté quand on en manque. » Alors oui, tout ça, on le retrouverait ici aussi. Mais ce n’est pas pareil, vivre en appartement ou en maison, il y a une grosse différence : la proximité n’est pas la même.

Je tolère Lou, parce que je sais qu'elle reste malgré tout importante dans la vie de Jihane. Mais en soit, je ne l'aime pas. Je ne l'ai jamais aimé. Depuis la première fois que nous nous sommes rencontrées. Cette fois-là où Jihane m'a présenté à ses ami(e)s, même si nous n'étions pas officiellement ensemble d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est simplement de la jalousie de ma part, de la possessivité aussi, ou si c'est plus profond que ça. En attendant, à chaque fois que je les vois ensemble, aussi complices, ça m'énerve. Mais je crois bien que c'est réciproque. Lou ne me porte surement pas dans son coeur non plus, et je ne m'en plains pas. Pour autant, je suis contente qu'elle dise qu'avec moi Jihane semble heureuse. J'essaye de faire de mon mieux, même si ces derniers temps c'est un peu plus compliqué que prévu. Mais la vie de couple n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Ça serait trop facile sinon. En attendant, ce soir, c'est le Nouvel An et nous sommes là pour nous amuser. C'est le moment ou jamais pour mettre nos problèmes de couple de côté l'espace d'une soirée. « Et ça déraperait comment ? » A cet instant, mon regard est charmeur alors qu'une tonne d'idées traversent mon esprit. « Je ne dis pas non à une danse de toi dénudée. Quoique.. c’est quelque chose que je préférerais en privé. » Un petit air de défi se dessine dans mon sourire. « Ah ouais ? » Je suis joueuse, et me connaissant, tout peut arriver. « Tu ne veux pas partager ? » J'essaye d'attiser un peu sa jalousie, à ma façon, pour essayer de me rassurer. Ok, on est plus vraiment ensemble, mais ça ne m'empêche pas de vouloir qu'elle soit encore à moi. Pour toujours. C'est égoïste mais c'est comme ça. Je n'ai pas envie qu'elle tire un trait définitif sur notre histoire. Je ne suis pas prête à ça. « Amuse-toi ce soir, je m’occupe de nous ramener à l’appartement après. » Jihane me donne le feu vert pour que je profite, elle s'occupera de me ramener saine et sauve à la colocation. C'est mon chaperon pour la soirée. « C'est dangereux de me donner carte blanche comme ça tu sais ? » C'est pas comme si j'avais déjà fini en cellule de dégrisement mais presque. Bon ok, avec elle, je vais savoir me tenir. C'est plutôt sur autre chose que je peux déraper. J'ai toujours été faible avec elle. Nous trinquons tous ensemble à la nouvelle année qui se profile à l'horizon, alors que j'en profite pour discuter un peu avec Jenny non sans garder un oeil sur Jihane et Lou. Toujours. Après quelques minutes la discussion de groupe dérive sur nous. « Bon alors, c’est quand que vous quittez la colocation ? Il y a une maison à vendre dans la rue si vous voulez, je pourrais me renseigner. » Une maison dans ce quartier ? Oula, on en est pas encore là. Je sais même pas si ça sera un jour d'actualité. Pour moi, maison rime avec mariage, enfant, et c'est l'angoisse. Mon regard croise celui de Jihane une seconde, et je la laisse répondre. « Pas pour l’instant. » Une grimace s'installe inconsciemment au coin de mes lèvres. « C’est trop calme ici, on a besoin de l’animation du centre-ville, des voisins qui font trop de bruits au-dessus et de ceux qui ont toujours de la farine de côté quand on en manque. » Sur ce coup-là, on est sur la même longueur d'onde. Même si je ne sais pas trop si elle dit ça juste par principe, ou si elle le pense vraiment. « Ouais, ne nous enflammons pas. Pour le moment, on est très bien dans notre colocation. » Et puis ça va, on est pas non plus cinquante. Il y a juste Wylona avec nous. Et dans la conjoncture actuelle, c'est pas plus mal qu'on ne soit pas seules. « La vie de quartier, très peu pour moi. » Et tout ce que ça implique. Le grand jardin, le chien, et les gosses. C'est un peu cliché, mais pour moi, c'est un peu ça. Mais ce n'est que mon avis. « Je vous imagine pourtant très bien vivre ici. » Ça ne m'étonne pas de Jenny, elle est un peu du genre fleur bleue et tout. « Moi qui comptais sur vous pour nous inviter à votre crémaillère. Voilà, c'est raté. » Elle fait mine d'être déçue et ça me fait sourire. « Si c'est que ça, on peut fêter notre "non-crémaillère". On a pas forcément besoin de raison pour faire une soirée. » Bah quoi ? « Non mais au pire, on passera direct à l'étape mariage, c'est pas un problème. » Ah... « Ouais mais non. » Aïe, c'est sorti peut-être un peu trop vite d'entre mes lèvres.

Même si cette soirée n’est pas vraiment réelle, de par cette comédie, j’apprécie d’avoir des petits moments "seule" avec elle. Sûrement parce que ça n’arrive plus vraiment chez nous. Cette intimité, bien que mise en scène, me permet de retrouver un peu de nous deux. « Ah ouais ? Tu ne veux pas partager ? » Avec tout ce qu’il a pu se passer dernièrement, peut-être qu’elle en doute. Pourtant, pour moi, il n’y a aucun doute là-dessus. Bien qu’elle soit magnifique, je préfère garder ce genre de spectacle pour moi, pour moi toute seule. « Tu es à moi. » Finis-je par laisser échapper. Ce n’est pas complètement vrai, mais ce soir, avec tout ce mensonge, est-ce qu’elle peut vraiment m’en vouloir de dire cela ? Je n’espère pas. « C'est dangereux de me donner carte blanche comme ça tu sais ? » Je hausse légèrement les épaules, un sourire joueur sur les lèvres. Je prends le risque. Il ne faut pas oublier que ce qui se passe au Nouvel An reste au Nouvel An, cette soirée est une parenthèse de notre break. Pour nos amis pour commencer, mais ça pourrait l’être aussi pour nous. Nous avons peut-être besoin de ça, de nous amuser un peu, pour pouvoir tout relancer. Une question est posée sur notre avenir à la colocation. De toutes les choses qui peuvent nous arriver dans le futur, notre logement est sûrement celui qui m’inquiète le moins : là-dessus, nous avons le même avis. J’ai grandi dans un quartier résidentiel et de temps en temps, j’adore y retourner pour y voir mes parents, mais je ne suis pas encore prête à y déménager à mon tour. « Ouais, ne nous enflammons pas. Pour le moment, on est très bien dans notre colocation. » Je hoche doucement la tête pour appuyer les propos de mon ancienne petite amie. « La vie de quartier, très peu pour moi. » La jeune femme n’a jamais été du genre à s’engager, j’ai été l’exception à la règle, alors pour lui parler d’autre chose, de maison, de mariage et d’enfant, il faut attendre encore un peu. « Je vous imagine pourtant très bien vivre ici. Moi qui comptais sur vous pour nous inviter à votre crémaillère. Voilà, c'est raté. » « Si c'est que ça, on peut fêter notre "non-crémaillère". On a pas forcément besoin de raison pour faire une soirée. » Ou même une vraie crémaillère. Après tout, nous n’avons jamais fêté l’arrivée de Fallon à la colocation. Il faut dire qu’à ce moment-là, l’ambiance n’était pas vraiment au rendez-vous. « Non mais au pire, on passera direct à l'étape mariage, c'est pas un problème. » « Ouais mais non. » La réponse de la blonde ne se fait pas vraiment attendre. Tellement que ça pourrait être blessant, mais est-ce que je suis vraiment surprise ? Non. Et c’est sûrement pour ça que de toutes les personnes ici, je suis celle qui arbore le plus large sourire. « Dites le tout de suite si vous voulez ruiner notre couple. » Dis-je, sur le ton de la plaisanterie. « Vous êtes en train de mettre la charrue avant les bœufs. Ou alors, c’est pour éviter qu’on ne s’intéresse trop à vous ? Vous essayez de nous cacher quelque chose ? Un bébé ? » Oui, certaines personnes pensent au mariage en premier, alors que moi, c’est la grossesse. « Je ferais une merveilleuse marraine, si jamais. » « Pas meilleure que moi. » Lou.. toujours là pour me chercher. Je la regarde et la fusille du regard, avant de sourire de nouveau. « Je vais aller chercher les apéritifs. Un peu de nourriture mettra tout le monde d’accord. » « J’approuve ! » Peu de temps après cette affirmation et plusieurs trajets vers la cuisine du couple, plusieurs amuses-bouches et cakes sont posés sur la table. À ce rythme-là, une séance de sport ne sera pas de refus dès deux mille vingt-et-un.

Pourquoi faut-il toujours qu'on soit le centre des attentions ? C'est fou quand même. Nous sommes pas le seul couple de la soirée, mais c'est toujours sur nous que l'interrogatoire tombe. A croire qu'ils le font exprès. Ou qu'ils nous vouent inconsciemment un culte peut-être, qui sait ? Mais tous les compliments sur notre couple ne me laissent pas forcément indifférente. J'apprécie l'image que nous pouvons renvoyer aux autres, même si ces derniers temps j'ai remis pas mal de choses en question. Ça me rassure peut-être un peu de savoir que nous représentons un peu le couple idéal aux yeux des autres. De là à parler de mariage ou de déménagement, non, clairement, c'est encore trop tôt. « Dites le tout de suite si vous voulez ruiner notre couple. » Ouf, Jihane ne l'a apparemment pas mal pris. J'avoue que j'aurais pu répondre avec un peu plus de retenue, ou de tact, mais c'est sorti tout seul. En même temps... elle est celle qui me connait le mieux. Et elle sait pertinemment que l'engagement n'est pas dans mes habitudes. « Vous êtes en train de mettre la charrue avant les bœufs. Ou alors, c’est pour éviter qu’on ne s’intéresse trop à vous ? Vous essayez de nous cacher quelque chose ? Un bébé ? » Bien joué. Elle leur renvoie la balle pour esquiver les questions à notre sujet. « Je ferais une merveilleuse marraine, si jamais. » Je repense à Mia, la petite fille que nous avons rencontré au Mexique, et sa manière d'aller naturellement vers ma petite-amie et de ne plus vouloir la lâcher. « Ça, c'est bien vrai. » Un petit sourire se dessine sur mes lèvres alors que Lou réplique. « Pas meilleure que moi. » Est-ce qu'on lui a demandé son avis à elle ? Non, je crois pas. Connor en profite pour ramener l'apéritif et nous lançons réellement les hostilités. Les discussions vont bon train, entre souvenirs, délires, et futurs projets. L'ambiance est agréable, et je ne regrette pas d'être venue avec Jihane, malgré les circonstances. Fêter le Nouvel An chacune de notre côté aurait vraiment été trop bizarre. Nous nous retrouvons seule pendant quelques minutes dans la cuisine, et je profite de cette ouverture pour parler à mon ancienne petite-amie librement. « Finalement, je trouve qu'on s'en sort pas trop mal. » Même encore mieux que ça. « Ils veulent déjà nous marier. » Ajoutais-je en rigolant un peu. Ce qui prouve bien qu'ils ne se doutent pas une seule seconde que notre couple n'est plus tellement au beau fixe. C'est pas plus mal, au moins c'est ce que nous voulions. « Ça va toi ? » Je prends naturellement des nouvelles d'elle, pour savoir comment elle vit la situation de son côté. En réalité je cherche un peu à tâter le terrain aussi. Parce que moi, j'ai comme l'impression de ne pas faire réellement semblant. Ça me fait du bien de passer du temps avec elle, de ne plus me prendre la tête l'espace d'une soirée. Comme si tous nos problèmes s'étaient volatilisés d'un coup de baguette magique. Et si c'était le cas ? Et si c'était ce dont nous avions besoin pour retrouver ce qui faisait de nous un couple ? « Ça me fait du bien d'être avec toi ce soir... » Que je murmure du bout des lèvres alors que ma main vient chercher la sienne.

Sans vraiment comprendre pourquoi, notre couple est mis sur le devant de la scène. Pourtant, au vu de notre situation actuelle, nous ne nous sommes pas vraiment affichées, nous restons plutôt soft dans nos gestes. Nos regards nous trahissent peut-être. Car sans vraiment pouvoir le contrôler, je ne peux m'empêcher de la regarder. Néanmoins, il faut qu'on change de sujet et lorsque Fallon ruine les plans de notre amie pour un futur mariage, j'en profite pour attirer l'attention sur l'autre couple de la soirée. Il n'y a pas de raison pour qu'on soit les seules à subir des questions. J'évoque la possibilité d'un bébé et essaye tant bien que mal de me vendre en tant que marraine. « Ça, c'est bien vrai. » Dit-elle pour appuyer mes propos, un sourire se dessine alors naturellement sur mes lèvres. Si elle dit cela, c'est sûrement en référence à ce qu'il s'est passé au Mexique. Ça ne peut pas être lié à ma grossesse, à ce moment-là, on ne se parlait plus. Pour éviter que les conversations ne partent trop loin, Luke décide d'aller chercher les différents apéritifs. La nourriture, il n'y a rien de mieux pour occuper les gens. Pendant de longues minutes, nous divaguons à d'autres sujets. Nous partageons, rigolons et profitons de ce moment tous ensemble. Lors de la soirée, Fallon s'éclipse dans la cuisine et je ne tarde pas à la suivre. Malgré ce qu'il se passe entre nous, je ressens ce besoin d'être vers elle, d'être près d'elle. « Finalement, je trouve qu'on s'en sort pas trop mal. » Je hoche doucement la tête pour approuver ses propos. « Ils veulent déjà nous marier. » « Mais j'ai bien compris le message que tu as essayé de faire passer. » Je la regarde et rigole légèrement, je fais bien sûr référence à la réponse rapide qu'elle a eu quand notre amie a parlé de mariage. « Ça va toi ? » « Ça va. » Très vite, plus rien autour n’a de l’importance. Ce n’est pas forcément une bonne chose, je pourrais mettre en danger notre couverture. « Ça me fait du bien d'être avec toi ce soir... » La jeune femme attrape l’une de mes mains, ça, plus ce qu’elle vient de dire et mon cœur fond complètement. Je suis faible face à elle et là, je ne peux clairement plus prétendre le contraire. Ma main libre vient caresser la joue de mon ancienne petite amie, alors que je me rapproche d’elle pour l’embrasser. C’est jouer avec le feu de faire cela, je risque de finir cette soirée déçue, mais tant pis. À ce moment précis, faire cela est la seule chose dont j’ai envie. Et c’est dingue, mais cela m’avait terriblement manqué. « Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. » À ces mots, je tourne la tête vers leur provenance. Il s’agit de Lou, mais elle repart rapidement, nous laissant de nouveau seules. « C’était pour la comédie, rien que pour la comédie. » Je me cherche des excuses, alors que j’en avais simplement envie. Peut-être parce que j’ai peur que la jeune femme remette sur le tas ce break que nous sommes censées faire. Mais très vite, mon corps reparle à ma place, puisque je viens sceller nos lèvres dans un nouveau baiser. « Bon d’accord.. il y a autre chose. » Je ne peux pas jouer face à elle, alors inutile de mentir en prétextant que c’était pour l’image. « Mais je suis peut-être un peu trop gourmande. » Dis-je, tout en fronçant légèrement les sourcils. « Au moins maintenant, vu la discrétion de Lou, on peut être sûres que notre secret est bien protégé. » Ici, plus personne ne va avoir de doute sur notre couple, si jamais ils en avaient. Mon pouce vient tendrement caresser sa joue, alors que mon regard se plante de nouveau dans le sien. « Tu me manques. »

Je baisse ma garde l'espace de quelques minutes pour confier à mon ancienne petite amie ce que j'ai vraiment sur le coeur. J'ai envie d'être honnête avec elle, malgré que ce soit moi qui soit à l'initiative de notre pause. Mais ce soir, c'est différent. Ce soir, c'est une exception. Nous jouons les couples parfaits, et finalement, le jeu n'est pas si compliqué. Je crois que je commence même un peu à m'y perdre. C'est comme si le temps était en train de s'arrêter, et que plus rien n'avait d'importance. Lorsque Jihane se rapproche, je ne cherche pas à la repousser. Nos lèvres finissent par se retrouver, et je sens les battements de mon coeur s'intensifier dans ma poitrine. Il n'y a vraiment qu'elle pour me faire ressentir une chose pareille. « Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger. » Encore Lou. Elle a un don pour faire chier le monde ou comment ça se passe ? Je soupire, alors qu'elle s'éclipse aussi vite qu'elle est arrivée. Bon débarras. On en était où déjà ? « C’était pour la comédie, rien que pour la comédie. » Je laisse échapper un petit rire amusé d'entre mes lèvres. « Bien sûr. » Je n'en crois pas un seul mot. Il n'y avait pas de comédie à jouer, puisqu'à la base nous étions rien que toutes les deux dans la cuisine. Mais ça ne me dérange pas pour autant. Je crois que j'en avais autant envie qu'elle, si ce n'est plus. Même si elle ne m'a pas laissé le temps de faire le premier pas. Et d'ailleurs je n'ai encore pas le temps de réagir que Jihane se rapproche de nouveau pour m'embrasser. Mon coeur est en émoi, alors que je ne peux m'empêcher de sourire contre ses lèvres. « Bon d’accord.. il y a autre chose. Mais je suis peut-être un peu trop gourmande. » Elle l'a toujours été, mais je m'en suis jamais plains. Bien au contraire. Là encore, je ne vais pas m'en plaindre. Ce soir, on oublie tout. On profite simplement de l'instant présent, de nous, sans se poser trente six milles questions ou se prendre la tête sur le reste. C'est juste elle et moi pour ce Nouvel An. « La gourmandise n'est pas toujours un vilain défaut. » Pas dans ces cas-là en tout cas. On peut bien retourner l'expression de base dans notre sens pour une fois non ? Je lui souris, ne la lâchant pas une seule seconde du regard. Comme pour profiter de ces instants volés avant que la réalité finisse par nous rattraper. « Au moins maintenant, vu la discrétion de Lou, on peut être sûres que notre secret est bien protégé. » Ça, c'est sûr. Je suis persuadée qu'elle est déjà en train de le dire aux autres. Comme si c'était si exceptionnel en soit de nous surprendre à nous embrasser. « Tu me manques. » Cette fois, c'est moi qui réduit la distance qui nous sépare pour m'emparer de ses lèvres. L'une de mes mains vient se loger dans le bas de son dos, pour la serrer encore un peu plus contre moi. Sentir de nouveau la chaleur de son corps contre le mien. « Tu me manques aussi... » Rappelez-moi pourquoi on s'impose autant de souffrance au juste ? Parce que là, tout de suite, je ne me souviens même pas les véritables raisons de notre break. J'ai l'impression que tous nos problèmes ont disparu. Un nouveau baiser, plus intense, plus passionnel, alors que je retrouve la chaleur de sa langue comme une libération. « Les filles, sérieux, prenez une chambre. » Oups. Je pouffe un peu de rire avant de retrouver les autres dans le salon. On ne va quand même pas faire bande à part tout de suite. Même si cette petite parenthèse m'a donné envie de plus encore. « On fait un jeu ? » Tout le monde a l'air partant, et je le suis aussi. Je suis de nature joueuse, je ne peux pas dire non dans ces cas-là. Même si c'est une proposition de Lou. Elle nous explique rapidement le principe. C'est un jeu "vérité", où chacun se pose une question vérité à laquelle l'autre joueur doit répondre. S'il ne veut pas répondre, il peut, mais il doit obligatoirement faire un gage en compensation. « Allez, je commence. Pour Jihane. » Etonnant. « As-tu déjà été infidèle ? » Mon visage se décompose inconsciemment, alors que je repense au baiser qu'elle a pu échanger avec Rain. Reste à savoir ce que Lou entend par "infidèle", parce que ça peut vouloir tout ou rien dire. « Je l'ai pas précisé, mais évidemment, à chaque réponse on veut tous les détails sinon c'est pas drôle. » Bah voyons.

En venant dans la cuisine, je ne pensais pas que les choses se passeraient ainsi. On s’est promis de jouer la comédie, l’embrasser ne colle pas vraiment à cette idée. Alors une fois Lou repartie, je me cherche une excuse. « Bien sûr. » Je hausse légèrement les épaules, un air innocent dessiné sur le visage. J’ai menti, je le sais et elle aussi. Mais ce n’est pas très grave, ce n’est pas comme si je lui demandais de cacher un homicide ou quelque chose du genre. Là, il n’est question que de nous. Cette idée de break vient d’elle, alors elle doit bien se douter que de mon côté, je ressens toujours la même chose pour elle, que je suis amoureuse et que de l’avoir près de moi, ça me rend faible. Un baiser en cache souvent un autre, lorsque le calme s’instaure de nouveau dans la cuisine, mes lèvres viennent se poser contre les siennes. Néanmoins, avec ce qu’il se passe entre nous, je dois y aller doucement, je ne dois pas nous faire sauter d’étapes. « La gourmandise n'est pas toujours un vilain défaut. » Heureusement pour moi, tout ce qui se passe là ne semble pas déplaire à Fallon. Depuis maintenant plusieurs semaines, nous nous retrouvons comme avant et pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. Je me dévoile un peu plus à elle, lui avouant le manque que je ressens. On a beau vivre sous le même toit, ce n’est plus comme avant et je donnerais tout pour retrouver tout ça. En réponse, c’est elle qui m’embrasse. « Tu me manques aussi... » L’entendre me dire cela, c’est me redonner de l’espoir. Incapables de résister plus longtemps, nos corps se retrouvent, nos lèvres s’épousent à la perfection et le temps se suspend. « Les filles, sérieux, prenez une chambre. » Nous sommes interrompues dans ce moment et je ne peux m’empêcher de rire. Je passe l’une de mes mains sur mes lèvres, avant de quitter la cuisine pour retourner dans le salon. « On fait un jeu ? » Pourquoi refuser ? La soirée est encore longue, alors autant s’amuser un peu. Le choix se porte sur un jeu où nous devons répondre à des questions ou alors faire un gage. Un action ou vérité en soi. « Allez, je commence. Pour Jihane. As-tu déjà été infidèle ? » Lou se lance et autant dire qu’elle rentre très fort dans ce jeu. « Je l'ai pas précisé, mais évidemment, à chaque réponse on veut tous les détails sinon c'est pas drôle. » « Il n’y a même pas de question pour se mettre en bouche ? D’accord. » La première question qui lui vient est donc celle-ci, elle essaye de faire passer un message ou quoi. L’idée d’accepter le gage me traverse rapidement l’esprit, mais comme l’action ou vérité que l’on a fait une fois avec Fallon, l’utiliser c’est comme dire indirectement que c’est déjà arrivé. Autant être honnête. « J’ai.. j’ai déjà embrassé quelqu’un d’autre oui. » Par réflexe, un peu honteuse, je baisse légèrement la tête. « J’avais bu un soir, mon moral n’était pas au top et j’ai embrassé une fille. » Donner une simple réponse, cela aurait été trop facile. « C’est tout, rien de plus ? » « Non, rien. » Je n’ai jamais été au-delà d’un baiser et pourtant, c’est déjà trop. « Tu étais avec qui ? » « Je croyais que c’était qu’une question. » Dis-je, quelque peu sur la défensive. « Tu es un peu légère sur les détails, on ne fait que se renseigner. » Je ne peux m’empêcher de regarder Fallon. J’hésite. Dire que c’était avec elle, même si elle est au courant, ça risque de ramener les questions sur nous. « J’étais avec Jonah. » Avec la perte du bébé, ils n’iront pas plus loin. Ils comprendront que je n’étais pas très bien. À mon tour maintenant. « Jenny ! Est-ce qu’il y a un bébé en route ? » Ce n’est pas très subtile comme question, mais ça reste moins agressif que celle de Lou. Un peu plus tôt, on a parlé de cette éventualité, alors autant avoir des réponses. Malheureusement, Jenny décide de faire le gage, juste pour m’embêter, j’en suis persuadée. Je soupire légèrement et commence à réfléchir à ce qu’elle va devoir faire. Dans la cuisine, j’ai remarqué qu’ils avaient des piments, son défi est donc d’en manger un morceau. « Fallon, à ton tour. » Je récupère le verre face à moi et en bois une gorgée, le temps que la sentence tombe pour la blonde. « Est-ce que tu as déjà ressenti quelque chose pour une autre femme que Jihane ? »

La soirée s'oriente sur un jeu, et sur le moment, je ne pense pas forcément à mal. Je suis même plutôt contente et enjouée à cette idée. Pourtant, les jeux du style amènent souvent des questions pièges. Voir même jusqu'à créer des problèmes. Et ça, je me rends compte dès la première question posée de la part de Lou. Elle choisit Jihane, et rentre direct dans le vif du sujet sans prendre de pincettes. Sauf que cette question-là me dérange plus que de raison. Et pour cause, je repense forcément à son baiser avec Rain. C'est à cause de ça à la base que nous en sommes là aujourd'hui, en l'occurrence "séparées". C'est en tout cas ce qui a déclenché mes doutes. Même si, en soit, c'est un peu plus profond que ça. Que ça vienne de Lou me dérange encore plus. J'ai l'impression qu'elle cherche à foutre la merde. Ça ne m'étonnerait pas venant d'elle. Ouais je suis peut-être pas tout à fait objective mais passons. Je laisse Jihane répondre, curieuse de savoir si elle considère ce baiser comme une infidélité ou non. Chacun à son propre avis sur le sujet. Pour moi, ça dépend de la situation. Il y a forcément plusieurs stades dans la tromperie. Et un acte, comme un baiser, peut représenter différentes choses. Si c'est juste un geste mécanique sans arrière pensée, ça peut passer. Si c'est plus que ça par contre... bref. Voilà que je me remets à trop réfléchir. « J’ai.. j’ai déjà embrassé quelqu’un d’autre oui. J’avais bu un soir, mon moral n’était pas au top et j’ai embrassé une fille. » Mon coeur se serre contre ma poitrine mais je ne laisse rien paraitre. J'imagine bien qu'ils n'en resteront pas là. « C’est tout, rien de plus ? » Et voilà, la curiosité de Lou. « Non, rien. » Et encore heureux. A cet instant, je me sens un peu conne. C'est une sensation horriblement désagréable que d'être confrontée à cette discussion comme ça devant moi. « Tu étais avec qui ? » Une autre question s'enchaîne, et là, clairement c'est le malaise. Jihane a l'air gênée aussi, je le sens dans son regard. Je hausse un peu les épaules discrètement, lui laissant le choix de répondre ce qu'elle veut. « J’étais avec Jonah. » Elle vient ouvertement de mentir à un jeu vérité. Mais finalement, ce n'est peut-être pas plus mal. Ça évitera de se faire mitrailler de questions. Et connaissant les loustiques, ils pourraient nous prendre pour cibles. On passe à autre chose, et Jihane pose une question à Jenny concernant la possibilité d'un bébé. Cette dernière ne répond pas et choisit de faire un gage. Pour laisser volontairement planer un doute surement. C'est de bonne guerre. « Fallon, à ton tour. » Ah. Après la question que Jihane a eu, bizarrement, je me méfie un peu plus de ce jeu. « Est-ce que tu as déjà ressenti quelque chose pour une autre femme que Jihane ? » Je jette un œil en direction de la concernée en souriant. Ils ne vont pas nous lâcher ce soir. « Non. » Répondre simplement par oui ou par non ne sera pas suffisant, j'en ai bien consciente. « Mais j'avoue que je me suis déjà posée la question. » Ajoutais-je avant que Jenny renchérisse sur des détails. Mais mes mots provoquent un léger blanc et j'enchaine rapidement. « Enfin j'veux dire... de savoir si je pouvais être attirée par d'autres filles ou si Jihane est juste l'exception qui confirme la règle quoi. » Je me suis toujours connue hétéro, et forcément, on peut se poser la question. « Tu ne peux pas réellement savoir tant que tu n'as pas essayé. » Mais c'est quoi son problème à elle franchement ? « J'en ai absolument pas envie. » Au moins c'est clair. J'enchaîne directement en posant une question à Connor pour passer à autre chose. « Connor. Est-ce que tu as déjà fait un plan à trois ? » Bah quoi ? C'est la seule question qui me venait en tête. Je ris un peu alors qu'il répond du tac au tac. « Non, mais ça me tenterait bien. » Jenny lui balance un coussin dans la gueule et nous éclatons tous de rire. Ça se voit tellement qu'il a répondu ça juste pour la taquiner. « Lou, à toi. Est-ce que si Jihane n'était pas avec Fallon, tu pourrais te remettre avec elle ? » Je reste figée, un peu surprise par la question. « Pas que je veux que vous ne soyez plus ensemble hein, c'est juste pour la question. » Qu'il rajoute en me regardant pour se justifier. Là, ça va partir en cacahouète. J'essaye de prendre sur moi, mais ma mâchoire se serre sans que je puisse le contrôler.

Lou a commencé fort, mais avec ma question, j’ai l’impression de faire redescendre un peu le niveau. Quoique.. je dis peut-être simplement cela car ce n’est pas à moi de répondre. Il est vrai que si on me posait la question pour le bébé, je ne saurais pas où me mettre. Arrive le tour de Fallon et je redoute un peu pour elle. Ils sont capables de tout et je le sais très bien. Lorsque j’entends les mots s’échapper des lèvres de Jenny, je soupire un peu : cela aurait pu être pire. La blonde me regarde, un sourire sur les lèvres. « Non. » Au fond de moi, je le savais déjà. Mais je crois que je restais méfiante. Dernièrement, nous n’avons pas beaucoup parlé, elle aurait très bien pu rencontrer une femme et ressentir quelque chose pour elle sans que ce soit sérieux. « Mais j'avoue que je me suis déjà posée la question. » Sur cinq personnes ici, Fallon n’est pas la première à dire ces mots, ce n’est pas par nous qu’elle sera jugée. « Enfin j'veux dire... de savoir si je pouvais être attirée par d'autres filles ou si Jihane est juste l'exception qui confirme la règle quoi. » « Tu ne peux pas réellement savoir tant que tu n'as pas essayé. » Elle a d’autres mauvaises idées comme celle-ci ? Être l’exception, ça me va très bien. « J'en ai absolument pas envie. » Sans vraiment le contrôler, je viens pincer ma lèvre inférieure entre mes dents. Ce qu’elle dit là, ça me touche, mais face à nos amis, il est préférable que je reste évasive sur mes sentiments. « Connor. Est-ce que tu as déjà fait un plan à trois ? » « Non, mais ça me tenterait bien. » Il a répondu à une vitesse folle qu’on pourrait presque croire qu’il l’avait préparé à l’avance. Au moins.. elle vient du cœur. Mais cette idée ne semble pas plaire qui lui lance un coussin au visage. Je ne peux que la comprendre, moi non plus, je ne voudrais pas partager Fallon. « Lou, à toi. Est-ce que si Jihane n'était pas avec Fallon, tu pourrais te remettre avec elle ? » Cette question sort de nulle part et elle est assez surprenante. « Pas que je veux que vous ne soyez plus ensemble hein, c'est juste pour la question. » Je ne peux m’empêcher de regarder la blonde qui a soudainement perdu son sourire. Mon attention se détourne d’elle qu’une fois que je sens le regard de Lou sur moi. Je lève naturellement les mains vers le ciel, ce n’est pas à moi de répondre, je ne peux pas l’aider là-dessus. « Bien que je garde un agréable souvenir de notre relation, je ne pense pas. » Au moins, on évite la troisième guerre mondiale. « Nous avons passé de bons moments ensemble. » Cette phrase laisse place à beaucoup de sous-entendus possibles et pour éviter de croiser certains regards, je préfère baisser la tête. « Mais nous sommes certainement mieux en tant qu’amies désormais. » Je ne peux que confirmer ses propos. Même si pour certaines personnes, le fait que nous restions proches prête à confusion, nous n’éprouvons plus rien l’une pour l’autre. « Quelle est ou a été ta meilleure relation ? » Sans attendre plus, c’est de nouveau mon tour. Dis-donc, ça va drôlement vite je trouve. « Meilleure n’est peut-être pas le terme approprié, disons plutôt, celle qui t’a le plus marqué. » « Vous avez quelque chose avec ma vie sentimentale ! » Dis-je amusée, alors que je commence déjà à réfléchir. Après plusieurs secondes de silence, je pose mon regard sur mon ancienne petite amie. « Fallon. » Le temps de quelques secondes, mes yeux dans le sien, son prénom soufflé, plus rien n’a d’importance, mais je me reprends bien vite avant d’avoir d’autres questions pour compléter ma réponse. « Et je ne dis pas ça juste pour éviter de dormir sur le canapé ce soir ! » Enfin.. ce n’est pas vraiment ce qu’il se passerait, mais disons que c’est plus pour l’image. Car même quand nous étions en couple, nous avons gardé nos deux chambres à la colocation et il nous arrivait de dormir soit dans l’une, soit dans l’autre. « Nous nous connaissons depuis longtemps, c’était une évidence, amicalement parlant pour commencer. Mais je suis rapidement tombée sous son charme et malgré les années, même sans se voir et se parler, nous sommes restées importantes pour chacune. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, mais cette histoire restera spéciale. » C’est mon premier amour, même si tout n’a pas toujours été simple. D’ailleurs, pendant longtemps, j’ai cru que c’était un amour à sens unique. À ce moment précis, le regard que j’offre à Fallon veut tout dire. On serait dans un dessin animé, j’aurais sûrement des cœurs dessinés à la place des yeux. « Qu’est-ce qui t’énerve le plus chez Connor ? » J’attaque à mon tour, il n’y a pas de raison pour que ce soit à sens unique. Bon.. j’espère que cela n’impactera pas la question qu’aura la blonde. « Il laisse toujours tout traîner ! » Le jeune homme se met alors à rire. « Tout, tout de suite ! » Dit-il, comme simple défense.

Les questions sont à chaque fois un peu tendancieuses. Mais celle-là, je crois que c'est la pire de toutes. Sur ce coup, Connor n'était clairement pas obligé. Si Lou prend un joker, c'est pas bon signe. Et si elle choisit de dire la vérité, j'ai un peu peur de l'entendre. En réalité leur relation a toujours été un peu bizarre à mes yeux. Enfin dans le sens où elles ont quand même été ensemble pendant un moment, et les voir toujours aussi proches et complices, c'est... ambigu. Je ne dis pas ça parce qu'il s'agit là de Jihane. Je pense que j'aurais fait le même constat avec d'autres personnes. Genre si Jenny était toujours aussi proche de son ex par exemple. Dans tous les cas c'est un peu particulier comme contexte non ? Faut croire que je ne suis pas la seule à le penser avec cette question de Connor. Il ne lui aurait jamais demandé ça si ça ne l'intriguait pas ne serait-ce qu'un peu. Lou cherche du regard Jihane avant de répondre, et mon visage se décompose. J'ai l'impression de bouillir de l'intérieur. « Bien que je garde un agréable souvenir de notre relation, je ne pense pas. » Y'a plutôt intérêt. J'étais presque prête à l'égorger si elle avait osé répondre à la positive. « Nous avons passé de bons moments ensemble. Mais nous sommes certainement mieux en tant qu’amies désormais. » De toute façon, je ne lui aurais pas laissé l'occasion d'espérer ne serait-ce qu'une seule seconde pouvoir récupérer Jihane. Elle est à moi, qu'on soit ensemble ou pas d'ailleurs. Lou enchaîne alors avec une nouvelle question pour mon ancienne petite amie. « Quelle est ou a été ta meilleure relation ? » On tourne clairement autour du même sujet depuis tout à l'heure. « Meilleure n’est peut-être pas le terme approprié, disons plutôt, celle qui t’a le plus marqué. » La brune me regarde, et je ne peux m'empêcher de sourire sans doute un peu bêtement. « Fallon. Et je ne dis pas ça juste pour éviter de dormir sur le canapé ce soir ! » Cet aveu me fait forcément un petit quelque chose. « Nous nous connaissons depuis longtemps, c’était une évidence, amicalement parlant pour commencer. Mais je suis rapidement tombée sous son charme et malgré les années, même sans se voir et se parler, nous sommes restées importantes pour chacune. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, mais cette histoire restera spéciale. » De toute évidence, je ne reste pas insensible face à cette déclaration, surtout dans le contexte actuel. Je lui souris, avant de venir lui voler un baiser furtif sur ses lèvres, devant tout le monde. Là encore, ce n'est pas pour jouer la comédie ou faire semblant. Ma réaction est sincère, et je ne pouvais pas rester de marbre après ce qu'elle vient de dire sur nous. Question suivante pour Jenny, sur ce qui l'énerve le plus chez son petit ami. Est-ce que c'est une petite vengeance personnelle ? On dirait bien mais c'est de bonne guerre. Le jeu continue et les questions fusent de tous les côtés pendant un long moment. La soirée est agréable, l'ambiance légère et dans la bonne humeur. Ça fait du bien de ne pas se prendre la tête et de profiter simplement de l'instant présent. C'est peut-être ce dont nous avions besoin Jihane et moi. Nous voyions pas le temps défiler, et c'est Connor qui vient nous rappeler à l'ordre en hurlant d'un seul coup. « BONNE ANNÉE !!!! » On a presque failli louper le coche avec nos conneries. On se prend alors tous dans les bras pour se souhaiter la bonne année, et j'en profite pour poser mes mains sur la taille de Jihane, par derrière. Je dépose alors un baiser dans son cou. « Bonne année mon amour. » Le surnom utilisé est sorti tout seul, comme un automatisme. A croire que cette soirée commence doucement à me faire perdre pied. Je n'arrive plus réellement à discerner le vrai du faux. Et en même temps, je crois que je n'ai jamais été aussi sincère avec elle que je peux l'être à cet instant. On verra bien où toute cette histoire nous mènera. En attendant, on ne fait de mal à personne. « Qu'est-ce qu'on peut se souhaiter pour cette année 2021 ? » Son visage se tourne en direction du mien, et je lui adresse un large sourire. « Une nouvelle chance ? » Que je murmure à son oreille, juste pour elle. C'est probablement dû à l'émotion du moment, ou à cette envie sous-jacente qui est là, bien présente, depuis le début de la soirée.