convince the boy. (eden & lucifer)

Il a des personnes qui passent dans votre vie sans avoir le moindre impact, comme un courant d’air qu’on oublie une fois disparu. Et puis il y a des gens qui laissent une emprunte, petite ou grande. J’ai assez rarement eu de coup de coeur professionnellement parlant, si on exclut Rayan évidemment. Mais ce gamin m’a touchée, sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Je ne connais son histoire que partiellement, sa popularité lorsqu’il faisait partie d’un groupe de musique notamment. Je sais aussi que ça n’a pas été facile pour lui au niveau personnel, avec sa famille, et peut-être que j’ai aussi envie de l’aider pour ça. Il y a sans doute un tas d’autre gamins qui auraient bien besoin qu’on les aide, peut-être plus que lui, mais ne me demandez pas pourquoi. Et puis, ce n’est pas non plus dans mon tempérament que de croire en quelqu’un et le pousser à persévérer dans une voie, si je n’y trouve aucun intérêt. Lucifer est différent, pas seulement par le prénom qu’il porte, mais par ce qu’il dégage, et sa persévérance, malgré ce qu’on peut en dire. Il manque pourtant cruellement de confiance en lui.

Je lui ai envoyé un sms il y a quelques jours pour lui proposer un rendez-vous dans un café, aujourd’hui même. Nous n’avons pas eu énormément de contact quand on y pense, mais son bref passage dans mes studios m’ont suffit à comprendre que ce gamin est fait pour passer sur les écrans, petits ou grands. A moi de faire en sorte de le convaincre de revenir pour persévérer. Je le sais réticent, mais je sais être convaincante, mieux que personne. C’est à l’heure dite - avec cinq minutes d’avance même - que je me rends au café où nous avons rendez-vous. Lucifer n’est pas encore là, c’est un garçon qui se repère de loin. Je m’installe et commande sans attendre un café. Dans mon sac le scenario du projet que je compte lui proposer. Je ne vois que lui pour incarner le rôle de ce nouveau teen movie axé principalement sur la danse et le chant. Et si le succès du film est au rendez-vous, nous avons déjà discuté d’une mini série. Reste plus qu’à convaincre le jeune homme, qui pourra je pense, de par sa notoriété, ramener une vraie audience. Lorsqu’il arrive, je lui adresse un sourire poli et lui tends une main professionnelle. « Bonjour Lucifer, merci d’être venu. Comment vas tu ? » Commençons par le commencement.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Le jeune homme arrive et après avoir échangé un sourire et une poignée de main, je le laisse prendre place face à moi tout en lui demandant s’il va bien. Un premier échange d’usure. « Je vais très bien, comme toujours. Et toi ? Que me vaut l'honneur de ta présence ? » Je ne peux réprimer un petit sourire face à son apparente aisance, quand on sait à quel point le jeune homme manque de confiance en lui, c’est plutôt amusant. Je n’ai même pas le temps de lui répondre que le serveur vient prendre la commande de Lucifer. Je le laisse commander et il reprend bien vite, avec cette assurance que les gens lui connaissent. « J'espère qu'il y a une bonne raison... Même si je me sens flatté de partager un café avec toi. Ça doit être réciproque, je le sais. » Il est arrogant, et j’ai tendance à grincer des dents face à un comportement de ce genre, mais j’ai l’habitude, malheureusement. Dans le milieu dans lequel je travaille, il y a beaucoup de gens qui se comportent de la même façon que lui présentement. « Je suis ici pour le travail, tu t’en doutes. » J’imagine qu’il doit bien se douter que je ne l’ai pas invité à boire un café simplement pour faire la conversation, ou autre chose. Nous avons déjà parlé du fait qu’il était dommage d’avoir arrêté le cinéma, alors qu’il avait un avenir prometteur dans le milieu. « Tu as reconsidéré la question d’une carrière sur grand écran ? » Il tente toujours de ne montrer aucune faiblesse, mais je les vois, dansant comme des flammes dans ses yeux. Il a peur de ne pas être reconnu, peur de perdre ce qui a été durement acquis par le passé, je le vois bien. « J’ai un projet à te proposer, mais j’ai besoin de savoir où tu en es dans ta carrière, et dans ta capacité à sortir de sa zone de confort. » Parce que je ne lui ferai pas passer cette audition si prisée si je sens qu’il n’est pas un minimum motivé.