Who let the dogs out ? Ft. Eddy

« Oui, c’est vrai ! Après, il y a pleins d’autres moyens de percer. Mais j’ai toujours eu un faible pour le classique. Alors, même si ce n’est pas un orchestre d’opéra, ça m’ira aussi. »

Rien ne pouvait se mettre au travers de son rêve. Il faisait tout pour pouvoir y arriver, se sacrifiant pour pouvoir s’offrir cette opportunité. Il ne vivait de rien, seulement de la musique et de l’amour de son chien. Ce n’était pas beaucoup, mais ça faisait sa vie pour le moment. Il n’avait pas besoin de plus après tout. Eddy n’avait jamais été de ceux qui voulaient toujours plus et encore plus. Son téléphone était à l’article de la mort depuis plusieurs mois maintenant et pourtant il tenait le coup. Un battant lui aussi sans doute. Alors le violoniste faisait avec. Il se contentait du minimum, ne donnant de l’importance qu’à son violon et son chien. Seules quelques interactions sociales arrivaient à lui faire comprendre qu’il devrait peut-être se décoincer un peu à ce sujet et s’ouvrir. Il avait dû mal, mais il essayait. Et Matthew en était un bon exemple. Eddy ne gérait pas à la conversation et pourtant ils ne semblaient pas s’ennuyer. En fait, ce n’était pas de leur faute directement, mais plutôt celle de leurs chiens qui avaient l’air de s’être mutuellement adopté. Rain n’avait pas beaucoup d’amis. Cela rendait Eddy heureux de se dire qu’il s’était peut-être trouvé un bon compagnon de jeu, là où son maître ne pouvait pas aller.

Installé à leur table, ils laissaient la journée se déroulait au fil de leur conversation. Eddy, évidemment, ne jouait pas sur le côté humour, même s’il semblait réussir à attirer quelques sourires sur le visage de Matthew. Il ne le faisait pas exprès, agissant avec plus de calme qu’ordinaire. Jamais il n’aurait accepté l’invitation d’un inconnu aussi facilement avant, même pour le bonheur de Rain qui jouait avec Will. S’ils s’étaient rencontrés plus jeune, Eddy aurait immédiatement fuit, ne voulant absolument pas que Matthew s’associe d’une manière ou d’une autre à lui. Mais aujourd’hui, après toutes les rencontres et amitiés qu’il avait construites, il pouvait se permettre d’agir ainsi, aussi librement. Au risque de se répéter, c’était agréable et il ne voulait pas que cela se termine aussi rapidement. Son verre d’eau à ses lèvres, il l’écouta, hochant de nouveau la tête. Il ne pouvait qu’être d’accord avec lui. L’école, du primaire au lycée, avait été une source constante de souffrance pour lui. Au conservatoire, étrangement, il n’avait plus la même réputation. On ne le regardait plus avec méprise, et on le félicitait même pour son travail. C’était nouveau, mais bienvenue. Il commençait à prendre confiance en lui, là où son éducation avait été totalement avortée depuis sa naissance. Alors, il apprendra tout seul à se faire confiance.

« Je ne peux pas dire le contraire, répondit-il en reposant son verre. Surtout dans mon cursus. J’ai fait de jolies rencontres, mais je pense que nous sommes encore des enfants. Parfois, la compétition est tellement dure qu’il n’est pas rare d’avoir des sabotages entre camarades. »

Il avait déjà vu plusieurs tentatives de destruction de matériel chez les étudiants. Combien de larmes avaient coulé dans le « couloir de la mort » comme ils l’appelaient entre eux ? C’était le couloir qui menait à l’arrière scène donnant sur la scène des auditions d’un des auditoriums du conservatoire. Toujours le même, à chaque fois. Et il n’était pas rare de voir des crises de larmes, de paniques, des malins casser ou abimer des instruments pour se faciliter la compétition. Car, seuls les meilleurs s’en sortaient. Il fallait toujours être parfait ou il était impossible d’avancer. Toujours à la hauteur. Sans flancher. Que ce soit en violon pour Eddy ou au piano pour Shinji, ils ne pouvaient pas se permettre de perdre des places dans les classements.

« Non, j’en ai l’habitude maintenant. C’est un peu comme une partie de moi maintenant, avoua-t-il avant de regarder son chien. Je pense aussi. Il est si calme, c’est un vrai petit ange. »

Et pour le féliciter, même s’il n’avait rien fait pour le moment, Eddy se baissa pour lui flatter le cou, l’observant remuer de la queue avec joie, tandis que l’humain laissait échapper un petit rire face à la réaction immédiate. Ils étaient tout l’un pour l’autre. Eddy ne voulait même pas imaginer ce que serait devenu ce petit être seule et décharné dans cette boite en carton mouillée. Cela lui ferait trop mal au cœur. Redressant alors la tête, le Snow récupéra poliment la carte de Matthew, l’observant tout en l’écoutant. Les jeux vidéo ? Il n’y avait jamais joué. Que ce soit sur console ou téléphone, il n’en avait jamais vraiment eu l’envie. Il ne trouvait pas cela débile ou enfantin, trop bas pour lui pour qu’il puisse y jouer, bien au contraire. Il serait sans doute totalement incapable de faire la moitié de ce que ces joues d’e-sport faisaient. Et à en attendre Matthew, cela devait vraiment le passionner. Alors poliment, il l’écouta, aimant bien découvrir un univers dont il ne connaissait strictement rien.

« Je n’ai jamais joué à un jeu vidéo pour être honnête. On ne peut pas dire que j’en avais la possibilité. Mais j’aimerais bien découvrir. Il parait que c’est tout un art maintenant ! »

Shinji lui avait déjà parlé d’une musique de jeu… C’était quoi le nom déjà ? Quelque chose avec Fantasy dedans. Oh, il avait oublié, mais il était sûr que s’il demandait à son ami, il allait le savoir tout de suite. Eddy était fasciné par ce genre de technologie qu’il ne comprenait pas. Il ne savait pas ce qu’il fallait faire pour créer un jeu vidéo, pour l’animer ou même inventer l’histoire, donner envie aux gens d’y jouer. Cela lui échappait tout autant que la musique devait être un monde inconnu pour Matthew. Ils étaient donc tous les deux tombés sur des cas particuliers de différences de goûts mais pas de caractères. A sa remarque suivante, il rougit légèrement, avant de secouer la tête.

« Non plus, je n’en ai jamais goûté, dit-il, presque gêné. Tu dois penser que je connais rien à la vie, hein ? Tu as sans doute raison. »

Un rire lui échappa aussi, secouant la tête pour tenter faire passer sa gêne. Ne pas connaître la difficulté du monde la musique était bien anodin comparer à des simplicités de vie comme les… bubble tea ? A vrai dire, Eddy en avait déjà entendu parler, mais n’avait jamais eu la possibilité de s’en acheter. Peut-être qu’avec Matthew, cela allait changer.

"  Je vois, après je suis sûr que tu peux y arriver ! Comme on dit ; qui n'essaie pas n... non attend. Qui ne tente rien n'a rien ! Voilà donc vise très haut. C'est comme ça qu'on a beaucoup. "

Un principe de vie était de visé toujours dix fois plus haut, voir dix fois plus gros, alors nos attentes auront été tellement haut placées qu'on pourrait obtenir une position bien acceptable. Tu y croyais, tout comme tu t'étais donné la peine de viser au delà de tout ce que tu imaginais, arrivant à cet âge à construire un empire qui t'appartenait. Pourquoi pas lui? S'il travaillait, il pourrait. Optimiste oui, opportuniste surement, mais surtout encourageant, tu souriais à ce jeune homme qui trouvait dans la musique surement un monde réconfortant, voire vital tout comme tu avais trouvé le tien. Tu lui espérais autant de succès même plus. Car même si le succès, être connu ou riche n'était pas le but, il était toujours associé à la réussite. vivre de sa passion était quelque chose de beau, de presque idyllique mais survivre en faisant ce qu'on aimait devenait un fardeau. Même si la passion était là elle fanait pour la dissimulé même de survivre dans un monde matérialiste et cruel. Tu ne mentirais pas en disant que tu avais eu le pire scénario. Ta vie était plutôt sympathique et tu n'étais pas parti du fond, au contraire. Le droit de parler aussi positivement ne t'était donc peut être pas accordé mais tu voulais donner cet espoir, vrai. Cet espoir même qui vous animait lorsque vos deux chiens se mettaient à jouer comme des fous, mais des fous heureux, ensemble. L'impensable arrivait parfois, et l'imprévisible également.

Votre rencontre, votre déjeuner à cette table. Tout était une surprise, un destin entremêlé. Pour combien de temps ? Tu l'ignorais mais tu appréciais le moment présent. Quelques années auparavant on aurait pu essayé de te faire croire que tu parlerais simplement à un inconnu que tu aurais ri pendant une heure de cette absurdité. Sûrement que ton meilleur ami également. Mais il arrivait que tu grandissais, tu comprenais que l'enfant marginalisé avait réussi, qu'il était fort et qu'il pouvait montrer ses émotions, exprimer son opinion et que rien ni personne n'allait vivre sa vie pour lui. Oui ce petit garçon avait grandi, annoncé à ses parents son homosexualité et enfin embrasser une liberté source de bonheur. Tu souhaitais ça à chacun. Peu importe la raison, l'arrivée. Il était donc normal de te socialiser, de parler plus librement avec des inconnus, même si la démarche restait incongrue et surprenante. Eddy partageait un repas avec toi et tu n'y voyais pas le mal apprenant à connaître une personne mordue de son chien comme tu l'étais. Et ça, c'était toujours le début d'une belle amitié. Partageant même des déboires d'école, on pouvait dire que c'était un bon début pour des personnes heurtées par la vie bien trop jeunes. Et ça te peinais d'entendre des mots tels que sabotage. L'enfant en toi voulait leur donner une bonne leçon, les détestant. L'adulte comprenait le désespoir dans un geste puéril.

" C'est triste. Je ne sais pas à quel point c'est sélectif mais j'ose imaginer. Et le désespoir doit être bien grand...  " Ton regard se baissa quelque peu, tristement perdu dans un monde trop dur. " C'est impardonnable, mais ça montre bien qu'on vit vraiment dans un monde compétitif.  "

Et encore on parlait de la musique, un milieu des plus strict. Tu te rendais alors compte de la pression constante que devait recevoir chaque élève. Combien chaque seconde chaque minute de répétition était importante pour les faire monter au sommet. Dépasser les autres pour briller. Une mentalité bien loin de la tienne, mais qui semblait régner dans ce milieu. Inculqué par des professeurs sûrement rigides. un monde bien loin des paillettes finalement. Tu étais content d'avoir pris un chemin plutôt découvert, solitaire. Même si tu commençais à comprendre ces élèves jaloux, rumeurs ou gestes envers toi. Ce n'était pas la haine de ta personne mais peut être une pression? Ou pas. En fait tu ne savais pas. Et peu importait maintenant.

" Oh.. tu as du souffrir au début quand même, mes respects mon cher.  " Riant doucement tu regardais le chien qui respirait l'amour et le calme. " Je vois ça.. il est vraiment mignon.  "

Une moue attendrie sur le visage tu regardais les deux interagir. Et ça te faisais toujours du bien en voyant deux êtres s'aimer autant. Voir un humain comprendre son animal de compagnie sans que celui ci ne puisse lui parler, c'était une grande preuve d'écoute et de patience. Voir le lien entre les deux et y voir la complicité. C'était ce que tu préférais chez les amis des animaux. Tout au contraire de ceux qui leur faisait du mal, ou bien les soumettaient à un pouvoir démesuré. Le respect était d'une importance capitale pour une écoute plus douce. Peut être que tu aurais été dresseur, ou bien vétérinaire, garde d'animaux ? Peut être serais tu partis vers ces êtres plus doux et compréhensibles si tu n'avais pas réussi dans les jeux. Mais ce domaine avait pris ton coeur et ton cerveau en otage. Au plus jeune âge, faisant de toi une cause perdue pour tes parents, et pour tous ceux qui s'attendaient à profiter de ton intelligence pour tel ou tel domaine. La science ne t'appelait pas, loin des éprouvettes et des tissus humains, tu trafiquais des codes longs et fastidieux, inventais des lieux, des histoires, des scénarios et bien plus encore pour divertir les uns et les autres. Ce qui était dingue, c'est qu'avec toute la communauté de gamers qu'il y avait ici tu arrivais à tomber seulement sur des gens ne s'y connaissant pas. Tu faisais très mal ton travail.

"  Ahhh tu n'es pas le premier à me le dire. Loin de là. C'est.. particulier. Sur le marché il y a tellement de jeux différents. C'est une vraie jungle. Tu as de tout. Des jeux de musiques, des jeux intellectuels, des jeux de rôle play, comme je fais. Ou .. hm des jeux d'horreur, bref .. un TAS de jeux. " énumérer tous les thèmes, les différences, le classement ou même juste les catégories mettrait plusieurs heures. Et tu ne comptais pas l'assommer de ta passion.

Il y avait tant à voir, tant à découvrir dans un monde qu'on observait par le biais d'un écran. Simple ou complexe on pouvait jouer de tellement de manières qu'il était impensable de les voir comme des protocoles. Et c'était en partie vrai. Aucun jeu ne se ressemblait. Et faux. Tous les jeux avaient une même base. Tu gardais ce discours pour les prochaines conférences que tu ferais sur les jeux vidéos. quand tu disais que tu étais un passionné. Par contre le bubble tea était accessible de tous et même si on ne pouvait en faire nous même le procédé était simple. Ne pas y avoir goûté était un crime contre soi même. une perte dans cette vie courte. Tu secouais alors l'index devant lui.

" No no no. Un : il faut goûter. Deux. Si on énumérait tout ce que je n'ai jamais bu, manger, ou fait .. alors je serai un ignorant ou un nouveau né.  " Tu riais quelque peu. " La vie n'est pas une question de faire ce que tout le monde fait. Tu as des expériences dans pleins de choses dont tu es le seul acteur. Je serai bien idiot de dire ça de toi ... "

Et puis les goûts étaient différents pardi. S'il n'aimait pas le thé. C'était déjà un problème. Les gens étaient tellement enclin à juger qu'Eddy semblait se rabaisser avant qu'un autre le fasse. Il n'avait aucunement le droit de se dénigrer de la sorte; Enfin si , puisqu'il restait maitre de ce qu'il disait et faisait mais , tu n'acceptais pas ça, juste devant ta salade. Qui n'était pas une salade mais un bon plat qui arrivait peu de temps après. Remerciant le serveur tu lui donnais une nouvelle carte, celle ci plus coloré et enfantine laissant place à la fantaisie d'une boisson sucrée à la clef.

"Viens ici. Et dis que tu viens de ma part, c'est mon meilleur ami, il te le fera gratuit !  "

Un signe de "ok" avec tes doigts et tu l'invitais à manger en souriant. C'était ton plaisir de faire découvrir, re-découvrir ou partager. Ce bubble tea c'était ton rêve de gosse. Comme celui qui voudrait posséder un Stand de glace tellement il aimait ça. Tu avais réussi à créer le tien, et diffuser cette douceur qui t'avait accompagné depuis jeune, séchant tes larmes les plus amères et tes tristes les plus profondes. Bien sûr, ce sucre n'avait pas tout réglé, mais il était devenu ton réconfort.

" Je crois vraiment que le sucre aide avec les bad mood. Alors si un jour tu es down viens, tu m'en diras des nouvelles. Hm... viens aussi quand t'es de bonne humeur, y a pas de règle en fait hein?  "

Est ce que tu étais autoritaire ? Tu promouvais de la mauvaise manière? Le doute t'envahissais et tu préférais manger au lieu de sortir d'autres âneries.

"Sinon, tu aimes quoi à part la musique et cette boule de poil adorable ?  "

Une façon d'en apprendre plus ? Tu n'en avais aucune idée. Franc, et clairement pas doué tu préférais être sincère même si le tout était maladroit.

Il visait déjà haut. Lui, petit orphelin atteignant un conservatoire par la simple force de son travail et de son acharnement. Eddy savait que s’il racontait son histoire, on dira qu’elle pourrait faire un livre, ou en tout cas, cela en serait le début. Pour lui, cela n’avait été que des bâtons dans ses roues vers son rêve. Pourtant, il y était. Il voulait obtenir une place dans un orchestre. Il avait déjà réussi à finir sur une liste d’attente pour obtenir la bourse de mérite de la faculté. Le rêve était enfin à porter de main. Et depuis qu’il avait obtenu une approbation fictive d’une amélioration qui arrivera dans plusieurs semaines, il rencontrait des gens qui le poussaient toujours à devenir une meilleure personne. C’était comme si la vie avait soudainement décidé d’être agréable avec lui, de lui laisser un peu de temps pour se reposer et reprendre ses esprits. Evidemment, il était toujours sous stress, son anxiété ne le quittant pas alors qu’il devait gérer ses problèmes d’argent, de loyers, d’instruments et de travail. Mais, ce dernier point, il évitait souvent d’y penser. Parce qu’il ne voulait pas baisser son moral alors qu’il passait un bon moment avec quelqu’un qui méritait qu’on lui accorde son entière attention. Il y avait deux temps dans sa journée : le jour et la nuit. Deux visages, deux apparences. Et il tentait de faire en sorte que les deux mondes ne se croisent pas. Mais cela semblait de plus en plus difficile.

En gardant son sourire, il hocha la tête, comprenant que le conseil de Matthew était là pour le pousser et non pour remettre en cause ses décisions. Tout le monde voulait réussir dans ce qu’ils entreprenaient. Et le chemin qu’avait pris le violoniste était jonché de problèmes, de jalousie et de mauvaises rencontres. Il le savait. Et ce n’était pas ce qui l’effrayait le plus. Après tout, il avait déjà vu le pire côté de l’espèce humaine, étant lui-même considéré comme un péché de ses beaux yeux de biche qui séduisent et attirent. Alors, ce n’était pas des jeunes idiots prétentieux dont les parents avaient décidé qu’ils seraient célèbres pour des doigts de fée façonnés à base de sempiternelles cours déprimants et sans saveur. Il ne voulait pas décrocher les étoiles comme beaucoup en rêvait. Il souhaitait en devenir une. Dans son petit cercle de gens, Eddy avait pour seul objectif de devenir quelqu’un de bien. Quelqu’un qui s’assumait et qui n’avait plus peur. Aujourd’hui était un de ses jours où il osait sortir de sa zone de confort. Prendre un repas avec un inconnu, bien similaire à aller boire un verre avec une jeune fille maladroite ou embrasser un flic sur la bouche pour le remercier de son aide. Il se dépassait et prouvait à celui qu’il avait été qu’Eddy Snow était devenu un adulte responsable. Enfin, il essayait en tout cas.

« Celui de la musique en tout cas, approuva-t-il. Je suis toujours stressé. Enfin… On l’est tous plus ou moins. Si j’étais toi, j’éviterais de passer à côté du conservatoire pendant les auditions de fin d’année… »

Un petit rire lui échappa. A vrai dire, il avait vécu plusieurs fois ce moment terrifiant qui était de devoir passer devant un jury, seul, sur une scène avec plusieurs projecteurs braqués sur son visage. Mais c’était le passage obligé pour quoi que ce soit. Il fallait savoir gérer la pression, maîtriser son morceau, prouver que l’on était ingénieux, innovant, important pour le futur de la classe, de la promo, de l’orchestre ou même du conservatoire en lui-même. C’était cruel et élitiste. Eddy détestait cela, évidemment. Mais il jouait le jeu pour le moment. S’il voulait réussir. Après avoir flatté de nouveau Rain et d’avoir récupérer la carte de Matthew, il sourit, retenant un petit rire.

« On ne souffre jamais vraiment lorsqu’il s’agit de quelque chose que l’on aime, tu sais. »

C’était une passion, qui allait bien plus loin que toutes les douleurs que l’on pouvait subir. Il avait appris à les supporter. Ses muscles qui se tendaient après des heures à répéter toujours les mêmes mouvements, son bas du dos qui assumaient de moins en moins les chaises peu confortable des salles de répétition, lui qui préférait travailler debout. Il prit de nouveau son verre d’eau, buvant doucement en l’écoutant. Rain s’était tourné vers son nouvel ami, trouvant de l’intérêt dans le deuxième compagnon à poils. C’était aussi une des raisons pour lesquels il n’avait pas beaucoup d’amis de son espèce. Le gros chien se retrouvait facilement attiré par son maître, qu’il suivait pour tout et n’importe quitte à oublier complètement l’existence d’autre individu autour de lui. Et, à vrai dire, Eddy était pareil. Il adorait tellement son chien, que tout le reste passait en second plan lorsqu’il fallait s’occuper de lui. La moindre petite maladie faisait remonter en lui des crises de panique. Mais c’était propre à lui, évidemment. Il était un peu trop sentimental. Ou pas…

« Du… Du role-play ? » demanda-t-il en clignant des yeux.

Il connaissait une version du role-play qui ne devait absolument pas rentrer dans la définition que donner Matthew. Etrangement, cela l’intéressait comme jeux vidéo. Eddy aimait créer, de temps à autres, des histoires, comme pour s’endormir ou lorsqu’il marchait dans la rue, pour faire passer le temps. Il baissa alors les yeux sur la carte du plus grand, lisant plus précisément ce qu’il y avait d’écris, avant de la tourner pour voir la suite. S’il voulait tester un mode de jeu, ce serait sans doute celui-ci. La version musique ne l’intéressait pas, il en faisait assez tous les jours pour ne pas vouloir en retrouver dans ses moments de détentes. Eddy était littéralement la cible de n’importe quel créateur de jeu vidéo. Il était novice, mais il voulait découvrir. Il n’y connaissait rien, mais il était prêt à apprendre. Si Matthew voulait un cobaye pour tester de manière totalement arbitraire l’une de ses créations, sans doute que le musicien était dans les meilleurs choix.

Les plats arrivèrent alors que Matthew défendait le bubbletea et lui disait qu’il n’était pas ignorant. Papillonnant des yeux, Eddy tenta de comprendre pourquoi agissait-il ainsi alors qu’ils venaient de se rencontrer. Mais il sourit, se disant qu’il s’agissait tout simplement d’une bonne personne. Ce qui manquait cruellement dans ce monde de brut. Prenant la nouvelle carte que lui proposait Matthew, il en fut beaucoup plus intrigué. Les couleurs étaient jolies, elles donnaient envie d’aller voir et de découvrir. Evidemment, il avait comprit qu’il s’agissait d’une boutique de cette boisson qui ravissait Matthew. Et pourquoi n’irait-il pas pour apprendre s’il aime ou non ? Encore quelque chose qu’il devait apprendre. Parfois, il avait l’impression d’avoir vécu dans un monde hors du temps, lui de tout et de tout le monde. Etait-il si fermé que ça au monde extérieur ? Ou alors, était-ce le monde extérieur qui n’arrivait pas à l’atteindre ? Hochant la tête, il le remercia. Si, par le simple nom de son acolyte, il pouvait en avoir un gratuit, il n’en était que plus ravi. En tout cas, l’ami de Matthew devait être heureux de le connaître ; il lui faisait une superbe pub.

« Ne t’inquiète pas, j’ai compris ! Je viendrais quand j’aurais finis mes examens. On pourra peut-être s’y croiser ? »

Parce que l’idée de le revoir lui plaisait beaucoup. C’était comme avoir un nouvel ami. Même s’il se jetait peut-être un peu trop en avant dans le futur pour l’appeler ainsi. De toute façon, c’était dans sa tête, personne d’autre que lui ne pouvait le savoir. Doucement, il se mit à manger, découpant un morceau de son plat avant de le glisser vers Rain qui l’accueillit avec joie, remuant la queue d’un côté et de l’autre. Eddy lui fit un sourire, posant son index sur sa bouche pour lui dire de ne pas aboyer, même de joie. Il ne faudrait pas se faire virer du restaurant avant d’avoir manger.

« Hé bien… Pas grave chose, avoua-t-il en lâchant un rire nerveux. Le café… Sortir tôt le matin quand il n’y a personne dehors… Et... C’est tout… C’est terrible, j’ai l’impression d’être totalement fade ! »

Il ria légèrement, avant de manger un bout de son assiette. Eddy avait pleins d’histoires tristes à raconter. Mais si on lui demandait ce qu’il aimait ou ce qu’il n’aimait pas, les choix étaient plutôt limités. Il se contentait de tout et appréciait ce qu’il avait. Pour le moment, il ne voulait que se remplir l’estomac et discutait tranquillement. Sauf… Qu’il n’était pas un bon sujet de conversation.

Chaque personne travaillait dur, quelque soit son niveau, il y avait toujours un moment où on allait au delà de ses limites, pour une chose spécifique, cette chose qu'on ne pouvait abonner. La tienne avait été ta liberté de faire ce que tu voulais. De faire de cette passion puérile un vrai métier, un vrai tremplin pour ce "don" que tu avais et que tu travaillais. Loin d'être à plaindre tu faisais face à des difficultés avec tout de même beaucoup de chance à tes côtés et tu n'osais imaginer ce que certains vivaient à avoir ces difficultés plus d'autres encore. Mais ils n'en sortaient que plus fort et tu respectais énormément ça. Différentes opportunités, différentes visions , tu voyais cela comme les plus solides. Mais peut être n'avaient ils pas envie de cela. Personne n'avait cette envie soudaine de souffrir et s'accrocher fortement à la vie pour prouver qu'elle valait la peine d'être vécue.

La triste vérité transparaissais entre les lèvres d'un homme aux multiples talents. La compétition rude emmenait les plus faibles à craquer, à douter, et tricher. Tes parents n'avaient jamais été du genre à te mettre une pression infernale pour une réussite, tu avais eu ce rôle seul, en comprenant que tes facilités venaient avec un perfectionnisme poussé à l'extrême. Sous des airs nonchalants ,tu ne cessais de te remettre en question, de douter, de chercher mieux. Et c'est ainsi que tu avais pu ouvrir ta boîte montrant une stratégie parfaite, avec une conception des plus avancée. Beaucoup trouvaient ta réussite chanceuse et presque banale pour "quelqu'un comme toi". Tu ne pouvais cependant pas abdiquer avec cette vision réductrice. Montrant largement que les gens préféraient penser que les uns et les autres étaient chanceux plutôt que travailleur, les dédouanant de leur non réussite. Un esprit humain que tu voyais bien trop mais tu savais que ceux qui se battaient vraiment comprenaient. Comme Eddy, venant d'un milieu rempli de requin, de lion et pire encore. Riant doucement à son commentaire tu imaginais à peine le désespoir de ces jeunes gens.

"  Je ne le ferai donc pas, ou je changerai de route au risque de la voir se faire démonter en petites pièces. Dans toutes les branches le stress est présent.. malheureusement c'est souvent là quand on veut quelque chose. mais c'est bien, c'est que tu es sur la bonne voie, bon tente de te détendre quand même. "

Une petite tape sur l'épaule, tu savais, tu n'étais pas le vieux monsieur sage assis sur un banc qui donnait à manger aux pigeons mais malgré ton jeune âge tu avais vu le marché du travail de près, tu avais fuis, tu avais couru, ,tu as pu te confronter, ou comprendre. Se retrouver sous les feux des projeteurs , voilà un vrai cauchemar pour toi. Et pourtant tu te souviens quand la lumière avait atteint ta peau, quand les flash t'avaient aveuglés. Et c'était clairement la dernière chose que ut souhaitais. Eddy avait plus de points communs avec toi que tu ne l'aurais imaginer. Et tu appréciais dors et déjà lui parler.

"  C'est vrai .. quoiqu'un peu quand même. Mais pour la bonne cause. C'est moins subir, on sait pourquoi on souffre. "

La douleur restait une douleur, la fatigue, la boule au ventre, le manque de sommeil et le stress restaient des facteurs non attrayants, mais obligatoires quand on voulait faire ce qu'on aimait, et tellement rempli de sens quand on savait où aller.
La douceur de Will sous tes doigts tu le sentais présent et tu savais qu'il avait été l'un des soutiens les plus importants pour toi. Dans la douleur physique ou mentale tu avais pu puisé de son énergie depuis sa venue. Il était ton ombre, te suivant même au bureau, et tu savais à quel point ces petits êtres étaient importants. Bien plus que cette boisson que tu sirotais aujourd'hui, ou celle dont tu avais été accro depuis ton jeune âge. Hochant la tête après sa question tu cherchais comment l'expliquer à quelqu'un qui n'aurait jamais joué. Et tu venais avec tout un plan en tête avant de te rendre compte de la complexité.

"  En fait ce n''est pas exactement du rôle play, en tout cas dans ma part. Ca part vers mais ce n'est pas exactement la même chose, puisqu'on y joue massivement. Avec des millions d'utilisateurs. Sinon le rôle play classique est plus minimaliste. Mais en gros tu incarnes un personnage. "

En gros du gros, comme tu le dessinais avec tes mains en englobant l'air devant toi, créant un "tout" explicatif. En tout cas tu n'étais pas sûr de faire la meilleure des pubs avec des explications si nulle. mais tu avais toujours l'option de montrer des vidéos c'était bien là ta manière préférée, avec celle de jouer directement, pour démontrer ton métier. Alors que au contraire tu savais parler des bubble tea. Comme de ton enfant tu le vendais comme personne. Une vraie passion ici, moins technique et beaucoup plus sensorielle et sentimentale qui amenait sûrement les gens à vouloir goûter plus facilement. La nourriture et les boissons étant toujours une branche qui plaisait , tu savais où tu allais en proposant un de vos bubble tea. De quoi le faire aimer, le ravir et te conforter dans l'idée qu'elle était la meilleure boisson du monde.

" Oh parfait ! Ca te détendra en plus ! Avec plaisir et sûrement j'y suis très souvent il est juste à côté de mon bureau. Donc je passe le plus clair de mon temps là bas. Sinon n'hésites pas à m'envoyer un message je descendrai !  "

Ton sourire n'était pas de ceux fades et sans vie des gens qui mentaient mais bel et bien celui d'un homme qui aimait partager, surtout ses passions. Qui aimait inspirer les autres, qui aimait être là, et se sentir bien, vivant. Même si le plat déguster était dans ces catégories "réconfortant" et que tu l'appréciais grandement. Ca aidait aussi. La compagnie était bonne, la nourriture était bonne, tu étais clairement dans un bon élément riant doucement en voyant le petit manège d'Eddy et de rain. Will attendant son dû avec une impatience débordante qui lui fit te donner la pattes sur la cuisse. Et il eut son morceau, seul et unique, après un dernier rappel des règles à suivre. Chacun ravi de leur gourmandise de qualité.

"Tu n'es pas fade. Tu sais le pire ? Quand des gens te font une liste longue de ce qu'ils aiment ou non, comme s'ils répondaient à des quizz tous les jours. Tu te rends compte qu'ils ne vivent pas beaucoup, et qu'ils parlent beaucoup.  "

Riant doucement tu savais par expérience que chacun pouvait dire sa passion, mais lorsque la vie quotidienne venait, qui pouvait faire une liste de ce qu'il aimait ? A part ceux qui la vivaient par procuration, dans les yeux des autres. Triste réalité que tu voyais sur les réseaux.

"Et puis c'est déjà bien, j'aime faire les balades tôt aussi quand l'air est frais et que les gens ne sont pas encore réveillés, Will adore aussi il est toujours plus libre.  "

Et tu avais moins de surveillance même si elle ne baissait jamais. Comme à ce moment où tu gardais un oeil sur ton loup qui venait de se coucher en position dodo. Il avait eu sa gourmandise maintenant il pouvait dormir et profiter de la chaleur pour se faire dorer la pilule mais pas de trop.

" Désolé d'ailleurs je pose beaucoup de questions et je suis assez bavard. Je suis pas méchant mais j'aime savoir pleins de choses sur mes amis, ou sur les gens que j'aime bien.  "

Il était encore tôt pour déterminer votre relation finale mais tu éprouvais sincèrement un intérêt pour cette belle personne. Physique et morale. Tu avais le nez, tu le sentais. Ou pas, tu pouvais être dupé par le plus faux des artistes.

Leur discussion sur le travail était étrangement relaxante pour Eddy. Il avait l’impression d’être compris et entendu, même si Matthew n’avait pas du tout les mêmes priorités, la même expérience. L’un était déjà dans une entreprise, l’autre n’était qu’étudiant. Mais la question professionnelle était similaire. Ils voulaient réussir dans leur rêve, ne pas se faire écraser par un quelconque plafond de verre ou encore pire, par le regard des autres. Ils avaient d’étranges points communs, si on comptabilisait les chiens dans la notation. C’était amusant, ainsi qu’une sacré coïncidence qu’ils se retrouvent dans leurs discours. Ils s’acharnaient. Et si Eddy prenait exemple sur Matthew, il allait réussir dans son projet. L’entrepreneur avait même sa propre carte. C’était remarquable ! Ils devaient avoir le même âge, ou en tout cas dans la vingtaine. Ils semblaient à des années d'apprentissage l’un de l’autre. Tout n’était pas compétition pourtant. Sauf qu’il n’était pas seul dans cette ascension. D’autres, avec tout autant de talent et de travail, cherchaient le sommet. Le jeune musicien n’était que poussière dans l’immensité de l’humanité en mouvement. Chacun à son niveau crée un univers où il pouvait évoluer. Même si le Snow avait l’impression de stagner, discuter avec Matthew lui faisait comprendre que son sur-place l’aiderait sans aucun doute à se propulser en avant. Comme lorsque l’on prend de la vitesse avant de sauter.

« Mais je suis un être de calme et de concentration, voyons ! ria-t-il, menteur. Pour la bonne cause, oui. Cela n’en rend que la réussite plus… comment dire ? ...savoureuse. »

Ce n’était peut-être pas le bon mot. Savourer, ce serait trop éphémère par rapport à la réalité. Eddy voulait terminer sa vie en étant devenu son rêve. Il voulait que son avenir soit comblé de musique et d’ovations. C’était viser haut. C’était vouloir l’inimaginable. C’était demander une réalité bien trop loin de la sienne et de la prendre pour acquise. Mais il se battait. Oui, il se battait pour atteindre son but, quitte à se sacrifier lui et son corps, pour arriver à ses fins. Eddy avait appris à ses dépends que le monde n’était pas gentil et que la chance ne tombait pas sur ceux qui le méritaient. Matthew aussi devrait comprendre. Eddy pouvait percevoir ce qu’on lui disait d’ordinaire : « tu en as de la chance ! » « profite tant que tu le peux, ça ne va pas durer... ». Ce genre de commentaire qui dénigrait totalement l’effort. Il aurait voulu le rassurer - ce qui aurait été hors-propos, il venait de se rencontrer - et lui dire qu’il était impressionné par lui - même si, de nouveau, à quoi cela servirait, Matthew ne devait pas en avoir grand chose à faire de son avis. De plus, la conversation ne descendait pas sur cette pente.

Étrangement, il était très intéressé par le concept de role-play dans les jeux vidéo. La version qu’il lui expliquait rendait l’idée sympathique. Peut-être qu’il s’arrêtera chez lui un jour pour tester. Cela ne pouvait pas lui faire de mal. Il était curieux, attiré par ce qu’il ne connaissait pas. Evidemment, il ne se rendait pas compte de l’exercice qu’il demandait. Les résumés n’étaient pas ce qui devait demander beaucoup d’effort. Mais peut-être sous-estimait-il le vocabulaire spécifique du jeux vidéo, ce qui rendait la tâche beaucoup plus difficile. Il l’écouta avec attention, tentant de comprendre et d’apprendre. Si on lui avait dit qu’il aurait droit à un cours de role-play dans un restaurant un jour où il promenait Rain en journée, Eddy n’y aurait jamais cru. Ils y étaient pourtant. Et le pire, c’était que la conversation tombait sous le sens, comme une bonne continuité de leur moment en tête-à-tête. Il pinça des lèvres en tentant de comprendre l'étendue de la connexion entre les joueurs. Millions ? C’était énorme. Et toutes ces personnes-là sur un seul jeu ? Incroyable.

« J’arrive même pas à me dire qu’il puisse y avoir autant de monde sur un seul jeu… C’est très impressionnant ! Tu penses que je pourrais tester un jeu vidéo un jour ? demanda-t-il doucement. Je veux dire… Je ne suis pas très doué je pense, je n’y ai jamais joué, mais ça me tente bien. »

Enfin, ils purent profiter de leur plat respectif. Évidemment, Eddy en offrit un bout à Rain, qui, heureux comme un enfant, remuait de la queue avec ses yeux de bonheur. Eddy observa également le chien de son camarade de tablé, Will. Sans mentir, il était réellement heureux que son compagnon de route ait enfin un ami de sa taille. Pas forcément de son caractère, Rain étant un chien plus que réservé, ils étaient plutôt compatibles. Si Will pouvait faire bouger et se dépenser son canidé, cela retirait un poids énorme des épaules d’Eddy. Il ne se sentait pas comme un bon maître. Mais inutile de se repencher sur cette question. Ils discutèrent de bubble tea, et Eddy se surprit à réellement vouloir y revoir Matthew. Peut-être pour découvrir d'autres points communs. Ou, au contraire, encore plus de divergences. A sa remarque suivante, Eddy n’en fut que plus surpris. Il se sentait pourtant bien effacé par rapport à la présence lumineuse de Matthew.

« Si tu aimes aussi les balades matinales, on pourrait en faire tiens ! proposa-t-il avec un sourire. Mais tout de même, j’ai l’impression d’être bloqué dans deux aspects de ma vie. »

Trois, si on comptait celle dont il ne parlait presque jamais. Peu de ses ami.e.s qui n’étaient pas reliés au domaine de prêt ou de loin ne le savaient. Et Eddy n’allait sans doute pas en parler avec son vis-à-vis aujourd’hui. Ce serait bizarre. Rain gardait son museau sur la cuisse de son maître, sa joie transperçant par l’expression favorite des chiens : remuages de queue. Eddy se laissait entraîner en lui frottant tendrement la tête, entre les oreilles. Il avait l'habitude de manger et de câliner, cela se voyait. Un petit sourire pointa de nouveau sur ses lèvres alors qu’il secouait la tête.

« Ne t’inquiète pas, je ne me sens pas attaqué, promit-il. En plus, c’est amusant, j’apprend des choses ! Et, ça veut dire que je suis ton ami maintenant ? »

Devenir ami avec Matthew, après une promenade au parc et un restaurant. N’était-ce pas la meilleure manière de relier les individus entre eux ? Pour moins que ça, Eddy avait rencontré sa confidente anonyme qui jouait la psychologue amoureuse à ses heures perdues. Il continua de manger, prenant de son verre d’eau, ses papouilles à Rain ne s’arrêtant que lorsqu’il devait découper un aliment. Son chien quitta finalement sa cuisse pour aller renifler son ami au repos. Lui aussi voulait un ami.

la vie n'offrait pas de cadeaux. Du moins pas si on voyait toujours le négatif. Rien n'était facile, rien n'était sans conséquence, ainsi, même quand tout semblait se passer bien, les problèmes arrivaient. Et tu en avais fait les frais, bien avant, ou même encore aujourd'hui quand tu devais prouver ta valeur à ceux qui devaient investir. Les autres étaient un facteur que tu aimerais complètement effacer malheureusement tu devais construire ton monde avec eux. On ne faisait rien complètement seul. ainsi tu supposais que la compétition que le Snow vivait était aussi négative qu'elle n'allait jouer positivement sur sa vie, développant un caractère compétiteur et sans relâche. Il n'allait pas abandonner facilement et tu lui souhaitais simplement de réussir sans voir ses rêves brisés en morceaux par certains avec plus de chance, plus de travail, de connexion. Car s'il y avait bien une chose que tu ne supportais pas c'était "'les connexions". la naissance belle et bonne. Ces gens aux bras longs. Le talent, le travail, eux seuls devaient décider.

" Hmmm hmmm " Riais tu doucement en le regardant, faisant semblant de le croire. " C'est vrai, et ce jour tu pourras dire: je l'ai fait. Mais en attendant tu peux déjà être fier de toi de t'accrocher, et finalement, il faut apprécier le chemin aussi.  "

Une fois sur la ligne d'arrivée on se sent heureux, mais si vide. Quand on a loupé tout le chemin. Quand on a loupé de profiter du processus lui même. Même si souvent ce chemin était plein de stress et d'embûches. La fin, cette ascension n'était pas non plus de tout repos. Il fallait s'attendre à des bas, pour ne pas descendre de trop. Ne pas se sentir duper par un rêve qu'on avait eu. TU étais heureux de ta vie à présent, mais tout n'était pas encore rose et jamais tu n'aurais cette paix que tu cherchais sûrement, car le monde n'était pas parfait. Mais en prévoyant l'imprévisible tu te sentais plus confiant. Tu savais que des centaines de choses pouvaient se produire dont tu n'avais aucune idée. Mais c'était le jeu.

Tout comme ceux que tu faisais, prenant garde à y mettre des surprises comme la vie elle même. Tu voulais des scénarios différents, tu voulais que les joueurs ne se sentent pas épuisés en jouant toujours au même jeu, tu voulais leur faire découvrir et re-découvrir leur moment de détente. Même si ton résumé était des plus trivial et que tes mains bougeaient bien trop pour expliquer comme si tu sculptait le jeu, tu avais foi lorsque tu regardait le regard du maître de Rain qui semblait se perdre dans tes paroles mais se tenir fortement à la barre. Il ne te trouvait sûrement pas embêtant à parler de jeu aussi passionnément. Mais ses questions étirèrent tes lèvres dans un esprit fier et heureux de l'entendre ainsi changer d'avis sur les jeux.

" N'est ce pas ? C'est des serveurs. Après on divise mais j'aime ça. Qu'on réunisse pleins de gens pour jouer ensemble, des gens du monde entier comme si la langue, les frontières rien n'existait. Ahh je me perds un peu. Mais bien sûr que tu pourras tester ! Quand tu veux. J'ai plusieurs options: chez moi, au bureau, ou même chez mon ami bubble tea. Je peux ramener un ordinateur sinon dans un cyber café ... comme tu veux.  "

Trop excité on voyait directement d'où venait l'énergie de Will qui attendait ses bouts comme un bon chien habitué à beaucoup trop de traitement de faveurs. Et tu mangeais traquillement partageant sans mal, que se soit avec ton compagnon de route ou ton ami du jour. Tu voulais qu'Eddy puisse goûter aussi à ton plat afin de lui donner encore plus de saveurs d'un coup. Après tout il était rare de manger dans un restaurant tous les jours. Tu oubliais ton ami Haru qui était ton guide culinaire chaque midi mais .. c'était exceptionnel. Du moins tu l'imaginais. Partageant bien trop de tes passions tu fus ravi de voir que Eddy avait envie de tester de nouvelles choses mais tu avais peur d'avoir bien trop parler, et d'avoir conduit le jeune homme dans ton monde sans s'intéresser au sien. Tu fus donc rassuré et ravi lorsqu'il proposa lui même de faire des balades ensemble hochant alors la tête.

" Avec grand plaisir, les deux loulous seront contents. Oh si jamais un jour tu as besoin, quand tu me connaîtras mieux, je pourrai garder Rain si tu as quelque chose d'urgent à faire ou quoi.  " Pet sitter à tes heures perdues tu étais prêt à aider tes amis les animaux et leur maître. " Oh ? Pourquoi?  "

Se sentir perdu pouvait arriver, tout le monde se sentait éclipser à un moment ou se perdait, mais il fallait croire en soit, comprendre ce qu'on aimait, qui on était, et maintenant tu refusais de jouer un autre rôle que le tien. Ne voulant même plus faire semblant d'être un maître intransigeant avec son animal tandis qu'il venait réclamer doucement un dernier bout d'une patte lourde sur ta cuisse. L'expression choquée face à la terre sur ton pantalon aurait pu en faire rire plus d'un. "Will t'abuse, il est tout propre ! .. était.  " Et pourtant il eut son dernier bout. Pourri gâté, et tu l'assumais. Cependant ton inquiétude revenait, tu étais trop expansif, trop toi et tu avais peur d'effrayer ton ami.

"  Bon ça me rassure alors.. Hmm.. Oui ? Comme dans la cour de récré. On partage des bonbons et hop on est amis. Je suis comme ça. "

A défaut d'avoir eu des amis dans la cour de récré tu t'en faisais maintenant. Et partager ce restaurant improvisé était une belle preuve que tu pouvais tout faire. Tout comme Rain et Will, les amitiés n'avaient pas besoin de se faire dans un cadre précis. Il n'y avait besoin que de la compression du respect et un sentiment d'égalité. Tu souriais donc en finissant ton plat et regardant ces deux êtres innocents liés une amitié toute aussi innocente. Tu voulais faire de même.

" Je ne prends pas trop de ton précieux temps j'espère. N'hésites pas à me dire si tu es pressé hein ?  "

Tu savais que les entraînements étaient primordiaux alors tu ne voulais pas trop le retenir, même si les deux bêtes à poil semblaient avoir trouvé un partenaire digne de ce nom. Tu savais qu'ils se reverraient.

Il n’était pas une exception. Beaucoup de personnes subissent du stress, si ce n’est tout le monde d’une certaine manière, et qu’il fallait apprendre à vivre avec pour ne pas se laminer la vie. Eddy était anxieux, toujours. Il le savait, lorsque son cerveau recevait trop d’informations, dans une bousculade d’émotion, que son cœur tambourinait jusqu’à ses tempes, faisant trembler ses mains. Ce n’était pas rare de le voir cacher ses vibrations en pressant ses paumes entre elles, tentant de faire passer les montées d’angoisse qui lui embrouillaient les sens. Son mensonge, Matthew l’avait bien capté, mais il s’agissait d’une bonne blague, car tout le monde pouvait voir qu’il était loin d’être l’individu calme que l’on imagine d’un musicien. Ses paupières se plissèrent, heureux de l’entendre dire qu’il fallait être fier. Il y arrivera. Ce n’était qu’une question de temps. S’il y avait bien une justice cosmique, elle finira par lui rendre quelque chose, après tout ce temps à tout lui prendre. Il avait un but, qu’il savait, n’était que le début d’une vie qu’il rêvait. Parfois, il se démoralisait en se disant que les rêves ne sont que la nuit. Et puis, il relevait les yeux et se rappelait de tout ce qu’il avait fait. Ce serait du gâchis de s’arrêter maintenant. Tout ce chemin, dont il sera fier plus tard, le poussera à toujours être la meilleure version de lui-même.

Une version qui pouvait même devenir un avatar dans un jeu vidéo. Avec un réel intérêt, il s'intéressa au discours de Matthew. Même si certains mots lui échappaient - serveurs ? il y a vraiment des gens qui servent d’autres gens en jouant ? - il comprit l’ensemble du propos, ce qui ne le rendit que plus curieux encore. De plus, l’énergie que déversait Matthew dans son explication montrait bien son excitation et son amour pour son travail. Cela termina de le convaincre alors qu’il était dans l’optique d’y donner un coup d’essai. Qui sait ? Peut-être en deviendra-t-il accros et ne pourra plus s’en passer ? Nous ne sommes jamais à l'abri d’un peu de changement. Et même s’il ne pouvait pas se le permettre financièrement maintenant, ce n'était que temporaire. Mais de nouveau, il ne savait pas ce qu’était un cybercafé. Bon, le nom lui indiqua très clairement qu’on pouvait y boire des boissons chaudes et autres, mais il avait un peu de mal à imaginer un endroit dédié avec des ordinateurs. Pour lui qui n'empruntait que ceux de la bibliothèque, il les voyait comme de la technologie précieuse. Mais, évidemment, ce n'était que son point de vue. Pour beaucoup, le jeu vidéo devait être très important et comme Matthew, une source de revenus et de passions. Un nouvel univers dans lequel il n’était pas encore investi.

« Désolé c’est… C’est un peu beaucoup là, le stoppa-t-il avec un sourire. Donc, si je résume, il y a beaucoup de gens qui jouent ensemble à des jeux via des serveurs ? Ce sont des gens du monde entier, sur le même jeu. (Pour le moment, il ne pensait pas se tromper.) Je ne pense pas que tu laisserais un inconnu à peine de rencontrer rentrer chez toi comme ça… Et même, je préférais à ton bureau. Voir même au… cybercafé ? Désolé, vraiment, j’ai l’impression d’être le parfait imbécile à ne pas savoir ! »

Après tout, un jeune homme de son âge devait bien avoir d’autres passions et connaître autre chose que les joies de la corne sur le bout des doigts après de longues heures d’entraînement. Il devait avoir l’air d’un extraterrestre, tout juste arrivé de l’espace et essayant de communiquer avec le premier humain qu’il rencontrait. Après tout, ça pourrait marcher en soi… Rain n’était qu’un alibi. En parlant de ce dernier, il semblait bien apprécier ce moment, même à l’arrêt, comme s’il rechargeait ses batteries après avoir couru aussi longtemps. Alors, c’est tout naturellement qu’il fit une proposition à Matthew pour qu’ils se revoient, que leurs chiens respectifs puissent profiter l’un de l’autre. C’était peut-être le début d’une superbe amitié canine et il était hors de question de l'empêcher sous prétexte qu’ils avaient perdu contact.

« Vraiment ? Tu feras ça ? Oh wow, merci ! Je sais pas comment je pourrais te remercier, mais merci ! (Puis son sourire se fana.) Oui en fait, j’ai juste l’impression que ma vie est divisée entre mes cours et mon chez moi. J’ai rien d'autre... »

Pour l’illustrer, il avait fait un mouvement de carrés avec ses mains, créant deux boites virtuelles devant lui. Parce qu’il se sentait idiot, à ne pas s’être ouvert à autre chose, jusqu’à son âge actuel, obnubilé par une seule chose. Oui, il se sentait bête et cela ne lui plaisait pas du tout. Surtout devant quelqu’un qui semblait aussi intellectuel que Matthew en face. Avoir une discussion avec des gens de son âge semblait plus compliqué qu’il ne le pensait. Mais, heureusement (pour lui), Will intervint en plaçant sa patte sur la cuisse de son maître. Devant l’air outré de Matthew, Eddy ria attirant aussi l’attention de Rain qui alla pour renifler la scène du crime. Comme si la discussion était devenue trop profonde de nouveau et qu’il ne voulait pas que cela continue plus longtemps, le chien avait décidé d’y mettre un frein en plus d’avoir une récompense. Pour le violoniste, tout avait été méticuleusement calculé. Le rouge arriva sur ses joues en l’entendant de nouveau.

« Oh… Alors ravi d’être ton ami ! Vraiment ! » répondit-il avec un réel sourire, rempli de sincérité.

Il aurait voulu rester ainsi aussi longtemps que possible profiter d’un bel après-midi ensoleillé pour discuter avec quelqu’un, comprendre et découvrir de nouveaux horizons et pourquoi pas en offrir aussi. Malheureusement, à la phrase de l’autre jeune homme, il se redressa, comme piqué par une réalisation soudaine. Avec empressement, il ouvrit son téléphone à l’écran fissuré, clignant des yeux en faisant le calcul des horaires dans sa tête. Il n’était pas en retard, mais il est vrai que ce petit contretemps avait bousculé son planning. Il était rare qu’il oublie un rendez-vous. Alors, ses épaules se raidirent contre son gré. Il avait quelque chose à faire, oui. Son plat était terminé, mais il ne voulait pas partir comme ça. Ce n’était pas bien, d’agir comme un presque voleur. Alors, avec toute la tristesse du monde, il reposa son téléphone.

« Tu n’aurais pas dû me dire ça, j’aurais oublié et je serais resté, dit-il en fronçant du nez. Mais bon, il semblerait que oui, je dois y aller… »

Cela le peinait réellement. Alors qu’il leva la main pour demander l’addition à un serveur, Rain se releva à son tour, en position assise, presque comme s’il avait senti que la fin arrivait. Il n’avait plus que quelques minutes avec son ami, autant en profiter pour lui faire une dernière bousculade de camarade avant que son maître ne reparte vers d’autres aventures.

Malheureusement personne ne vivait heureux à tout jamais sans connaître le stresse, l'angoisse. Sans que son rythme cardiaque ne s'accélère. Sans tout ce qui composait la vie finalement. Chacun la gérait comme il l'entendait, comme on le pouvait mais il y avait toujours une solution. Plaisante ou non. Tu avais bien dû te résoudre à t'éloigner, à garder tes distances des autres, pour ne plus les écouter, les oublier, tentant de faire ce que tu aimais sans frein. Parce que plus important que les autres: c'"était toi même. Personne ne vivrait sa vie à ta place et tu l'avais compris bien tôt. Te battant alors pour toi tu espérais que Eddy puisse faire pareil. Allant jusqu'au bout de ses envies. Une fois commencer on ne pouvait plus reculer de perdre de perdre tout ce qu'on avait accompli presque tristement gâché. Mais quand on ne commençait pas on regrettait amèrement. Une solution : tout donner, tenter et voir.
Chose que tu avais faite des années auparavant et qui t'avait conduis à parler comme de ton bébé à un inconnu. Te lever tous les matins pour travailler sur un projet qui avait du sens. Venir chaque matin avec plus d'idées encore, avec des envies et pouvoir les mettre à exécution. Bien sûr la chance t'avait souri mais tu avais drôlement travailler pendant des années pour surpasser celui que tu étais. Ignorant les moqueries de tes camarades pour t'améliorer et jouir d'un sourire débile lorsque tu parlais de ce monde qui t'appartenait presque. Certes tu n'en étais pas le créateur originel mais tu faisais tes propres mondes, tes personnages, tes règles. Pour combler d'autres personnes sûrement toutes aussi perdues que toi. Oui tu voulais partager, faire rêver, loin de l'égoïsme dont on affublait.

Même si dans tes paroles ta passion arrivait à monopoliser la conversation. " Ah sorry sorry  " Le silence te prenant alors hochant la tête à chaque réponse. " T'as tout compris. Et c'est trop bien.. enfin en tout cas j'aime beaucoup. C'est vrai que ... c'est pas très sécure ... mes animaux me bouderaient en plus. Mais on peut aller dans un cybercafé ! T'en fais pas c'est normal. Je suis un noob dans la musique. Si tu commences à me parler technique je vais froncer les sourcils comme ça "

Et une démonstration s'imposa faisant froncer tes sourcils comme un idiot. Qui étais tu pour le juger? Pour dire qu'il n'y connaissait rien et que c'était grave ? Pour venir lui faire la morale ? Qui étais tu pour dire aux autres ce qui était bien, pas bien, normal ou idiot? Certes les idées de merde du style de sauter d'un pont sans élastique on pouvait émettre un avis, hors tu ne pouvais juger le jeune homme qui se présentait à toi comme une personne sincère et adorable. Lui et son chien avaient refait votre journée, et Will semblait avoir trouvé en ce chien un compagnon digne de confiance. La proposition d'une prochaine rencontre te ravissant alors tu n'étais pas prêt de faire faux bond à ce nouvel ami, au contraire, tu voulais l'aider sans le connaitre plus que ça. Ce qu'on t'avait tant reproché se retournait parfois contre toi: cet égoïsme inexistant était remplacé par une naïveté presque dangereuse.

" Oui vraiment j'adore les animaux, j'ai tous mes bébés à la maison, alors garder celui d'un ami ne me dérange pas, et puis il s'entend bien avec Will tout ira bien. Pas besoin de me remercier.  " Ajoutais tu plus heureux que jamais.

L'observant un instant tu imaginais ces deux boîtes, ce parcours qu'il faisait chaque jour entre les cours et son domicile. Tu ne pouvais t'empêcher de te sentir proche de lui malgré ce qu'il pouvait imaginer. Connaissant très peu de sa vie peut être que tes pensées étaient fausses mais tu n'y voyais pas un enfant ennuyeux et dénué de tout intérêt.

" Parfois il faut se concentrer très fort sur quelque chose, ce qui nous laisse peu de temps pour d'autres hobbies, mais tu as Rain, tu m'as moi maintenant et je suis sûre que tu as quelques personnes dans ton répertoire qui n'attendent que  tu les appelles pour y remédier, à ce train-train "

Mais toute chose demandait du temps, et son but était grand, prenant et compliqué, il lui fallait être concentré, loin des distractions. Sauf que les distractions arrivaient vites et souvent ,comme la patte de Will qui vous sortaient de cette conversation ,Rain rejoignant la danse pour ton plus grand bonheur et sourire. La vie n'était pas toute rose mais tu savais une chose: elle était plus facile et plus douce entourée de ces adorables petites bêtes. Personne ne disait le contraire et tu serais prêt à en mettre ta main à couper. Tes yeux les couvant de tendresse tu souriais simplement et purement à ce nouvel ami dont les joues avaient pris une teinte rosée.

" Ravi également.  "

Et un ami se devait d'être prévenant, de faire attention à l'autre. Notamment à son temps. Si tu ne connaissais pas grand chose du violoniste tu savais une chose : son emploi du temps était serré. Cette après midi tu lui avis pris du temps qu'il n'avait peut être pas, piquant surement la file d'attente d'amis voulant lui rendre visite. Alors tu préférais vérifier avec lui, que ta grande bouche ne le rende pas muet. Et la réaction du plus jeune trahissait son empressement, te confortant dans ton choix. Certes tu aurais aimé passer plus de temps avec les deux mais tu savais qu'il était important de savoir laisser partir. Riant doucement tu secouais lentement la tête.

"Il ne vaut mieux pas, ou tu m'en voudras après. Ne t'en fais pas je suis joignable au numéro dessus. Je t'ai donné mon numéro de toute façon non? "

Un doute planais en toi mais tu donnais poliment ta carte de visite. Les deux chiens se réveillant de nouveau pour s'amuser une dernière fois, avant la prochaine. Pour ta part tu finissais ton verre d'eau d'une traite. Tu avais soif à force de parler.

" Ah que penses tu de ça ? Je paie comme je suis celui qui t'as invité. Et la prochaine fois on verra hm on échangera ? Comme ça tu peux partir, je vais rentrer tranquillement ne t'en fais pas.  "

Ton rôle tu l'assumais auprès de peu de personnes de celui du plus vieux. Toujours le plus petit tu avais appris à vivre dans un monde où on te chouchoutait, à moins de vouloir ton argent. Mais ça ne te dérangeait pas d'avancer ce repas à Eddy. Tu comptais sur lui et sa droiture pour te retourner l'appareil, même avec un bubble tea. Peu importe. Tu ne voulais pas le mettre en retard et le saluais donc avec un grand sourire, Will osant pousser la voix qui te fit rire.

" Rentrez bien !  "