sauvetage de nuit - libre

ivre. presque morte. elle ne savait plus où donner de la tête, elle ne savait plus à combien de verres elle en était. elle ne savait qu'une seule chose, elle en avait encore besoin. après tout, elle avait l'impression de tout perdre. sa femme, son amante, il n'y avait plus rien. tout était vide. elle se sentait vide, d'ailleurs. et elle buvait, pour oublier. et elle buvait pour s'en sortir. et elle buvait, se faisait mal. la barmaid hésitait à lui en mettre un autre, et iska gémissait, iska s'énervait, et iska l'obtenait, son shot. le shot de trop, apparemment. la tequila ne faisait pas bon ménage avec son estomac, et elle sortit en trombe pour arriver sur le trottoir, cherchant un coin sombre pour dégueuler. elle n'en pouvait plus. elle était à sec. elle était au plus mal. elle faisait pitié. comme la fois où elle avait débarqué chez sa femme. comme la fois où elle s'était ridiculisée, où elle s'était humiliée. de toutes façons, à quoi bon ? elle la perdait. elle les perdait. c'était toujours pareil. pourquoi continuer à se battre ? elle n'en avait plus la force, elle se sentait faible. elle n'aimait pas ce mot, elle n'aimait pas cette condition, mais elle ne savait plus s'arrêter, elle ne savait plus se relever. elle n'était qu'une épave, et ce fut forcément ce qui attira ce mec. un homme pas clean, et le visage d'une alcoolique au corps apparemment attirant. elle se retrouva bien vite abordée, des mots qu'elle ne comprenait qu'à moitié, avant d'enfin saisir ce qu'il lui demandait. il la draguait ? non. il s'en prenait à elle ? pas exactement. mais il cherchait à la dominer, à exprimer sa force, sa puissance, sa saleté de testostérone. et ça, iska n'aimait pas. les hommes, c'était pas son casse-croûte. elle ne supportait pas ce beauf, et elle se permit de l'insulter. grave erreur. elle se retrouva d'un coup bloquée contre le mur, l'homme se permettant de cracher, de son haleine putride, des mots qui la marquèrent. écoute, trainée. j'te demandais pas la permission, tu vois... et puis, tu vas pas m'dire que les minettes d'à côté te donneront plus de plaisir que moi, si ?
et elle avait peur, iska. elle avait peur, car c'était le passé qui remontait. l'agression. les pleurs. l'impression de revivre ce cauchemar, qui la tétanisait.
elle grimaçait. elle ne savait pas quoi dire. elle se sentait perdre pieds. et sans son intervention, elle se serait peut-être retrouvée avec plus que des bleus, un traumatisme en prime. elle avait les yeux fermés, et elle entendit le cri. de douleur. le connard qui la tenait, qui se retrouvait apparemment attaqué. une voix qui lui ordonnait de la lâcher. et une épreuve de force visiblement remporté par l'inconnu. iska ouvrit alors les yeux. ils étaient embués de larmes. aussitôt, on s'approcha d'elle, demandant si ça allait, et elle hocha la tête, un merci... effleurant ses lèvres, avant d'éclater en sanglots, la peur et la soirée se mélangeant pour la montrer dans un bien mauvais jour...
bordel, ce qu'elle avait eu peur... sans l'intervention de son ange gardien, elle n'aurait peut-être jamais pu se relever...

les sauveurs, elle connaissait... elle ne connaissait que trop bien, elle avait perdu son frère, cette nuit là... ou était-ce un jour ? son esprit était confus, elle ne se souvenait que de l'explosion, des larmes. elle ne se souvenait que de l'après, elle avait l'impression d'avoir oublié le pendant, et cela lui faisait bien peur.
les sauveurs, elle connaissait... mais elle n'aurait jamais cru qu'un autre viendrait à sa rescousse. cela lui fit plaisir, et son coeur sembla se réchauffer l'espace d'un instant. d'un instant seulement, car il ne lui fallut pas longtemps pour éclater en sanglots... c'était trop. beaucoup trop pour elle... elle avait l'impression de tout perdre, et peut-être qu'une petite partie d'elle avait souhaité mourir sous les coups de ce charognard. bien qu'elle se doutait que lui avait eu d'autres pensées, plus perverses... mais pourquoi continuer à se battre, hein ? alors que sa femme n'était plus, alors que willow était partie ? pourquoi continuer de se battre, avec un tel trou béant dans la poitrine, qui semblait s'ouvrir toujours un peu plus, la briser, toujours un peu plus. elle avait l'impression de ne plus être capable de rien, elle bâclait son travail, elle bâclait chaque aspect de sa vie, et se pourrissaittoujours un peu plus...
pourtant, lui, il était là.
pourtant, lui, il l'avait sauvée.
et il était gentil.
sa veste sur ses épaules, iska le regarda. bon sang qu'il était grand,pourtant il ne semblait pas avoir plus de vingt-cinq ans, à vu de nez. peut-être même moins. désolée... c'est... difficile de l'admettre, mais... tout part en vrille... il ne devait pas savoir de quoi elle parlait. elle seule le savait. pourtant, elle s'accrochait à lui comme s'il la connaissait depuis toujours, comme s'il était là pour remplacer son frère. même s'il ne lui ressemblait pas vraiment. il avait le même esprit, la même gentillesse... c'était comme le retrouver. vous êtes sûr ? il l'avait déjà sauvée, elle n'allait pas non plus exiger de lui qu'il la raccompagne, ou l'emmène à l'hôpital, ou au commissariat. pas le commissariat, ça sert à rien... je sais dejà plus à quoi il ressemblait... je vais dire quoi ? un ivrogne m'a agressée ? ouais..; elle reniflait, et détestait le son que cela faisait. mais pour calmer ses larmes, elle n'avait aucune autre idée. et je pense que... ça ira... elle sourit, doucement. je veux bien que vous me raccompagniez chez moi, du coup... si vous voulez hein... je ne vais pas vous forcer non plus... même si c'était lui qui avait proposé, à la base. au fait... je m'appelle iska. c'était la moindre des choses que de lui donner sonnom. après tout, il avait été son ange gardien, il avait fait fuir l'autre con avec force... il était comme son super héros, commele fantôme de son défunt frère... et elle avait beau se dire que ce n'était pas lui, quelque part, elle espérait que l'âme de son frère soit e réalité retournée dans le corps de ce jeune homme. je peux savoir comment vous vous appelez ? lui demanda-t-elle, curieuse, avant de rajouter j'espère que je ne gâche pas votre soirée, par contre... je m'en voudrais... terriblement. il fallait dire que toutes les émotions du monde semblaient passer par ses yeux, en cette soirée...
putain de soirée.