Le ciel bleu avait disparu pour laisser place à un ton plus grisâtre, des nuages remplissant l’espace alors que des gouttes de pluie commençaient à tomber doucement sur la ville. Il ne pleuvait pourtant pas souvent en cette saison mais aujourd’hui semblait être une exception. Sortant d’un magasin, Isaac avait machinalement tendu sa main à l’extérieur pour sentir l’eau s’écraser sur sa paume alors que son regard contemplait le ciel. Il n’était pas un grand amateur de la pluie, cette dernière ayant le don de le rendre plus mélancolique même si son visage ne l’exprimait pas forcément. Un soupir discret s’échappant de ses lèvres, le jeune homme n’avait pas eu d’autre choix que s’arrêter pour s’acheter un parapluie… Il était à pied et s’il ne souhaitait pas tomber malade stupidement, c’était la meilleure chose à faire.
Aujourd’hui était son jour de repos et s’il était resté malgré tout à l’orphelinat pour passer un peu de temps avec les enfants, il avait tenu à sortir dans l’après-midi afin de faire quelques courses. Ce n’était pas comme si ses placards étaient capable de se remplir tout seul après tout. Curieux, il avait parfois cessé sa marche devant quelques vitrines et lorsqu’un produit attirait son attention, il n’avait pas résisté à entrer à l’intérieur. Au bout du compte, tout ce qu’il avait dans ses sacs étaient principalement des choses qu’il avait acheté pour les enfants et rien pour lui. C’était toujours comme ça parce qu’ils passaient avant tout le reste, parce qu’il avait envie de leur faire plaisir et la simple idée d’imaginer leurs réactions suffisait à étirer ses lèvres dans un doux sourire.
Et quand il s’apprêtait enfin à se motiver à faire ses propres achats, ses pas furent interrompus une nouvelle fois. Ce n’était pas une nouvelle boutique qui avait attiré son regard mais cette jeune femme un peu plus loin, assise sur les marches d’une bâtisse et qui lui semblait vaguement familière. Abrité sous son parapluie, Isaac se pencha légèrement comme si effectuer un tel mouvement lui permettrait de mieux voir puis finalement, il la reconnut. Aestra, la petite amie de Mike… Un garçon qu’il pensait apprécier à une époque mais dont il ne savait plus vraiment quoi en songer à présent. Hors, il n’était pas le sujet aujourd’hui mais sa copine qui n’avait pas l’air d’être en bonne forme… Elle paraissait triste et de là où il se tenait, il lui semblait même qu’elle pleurait. Les traits de son visage se transformèrent machinalement, affichant une mine désolée et compatissante alors qu’il ne pouvait s’empêcher de s’en inquiéter. Il ne la connaissait pas vraiment personnellement, ils ne s’étaient croisés que quelques fois et toujours en présence de Mike donc autant dire qu’ils n’avaient pas eu de larges occasions de discuter. Aestra ne lui avait pas laissé une mauvaise impression ceci dit et lui avait d’ailleurs paru bien différente de son « ami » mais certainement que s’ils étaient heureux tous les deux, c’était le plus important.
Farfouillant dans ses sacs, il sortit un jus qu’il avait normalement acheté pour l’orphelinat puis s’avança en sa direction, déplaçant aussitôt le parapluie au-dessus de la jeune femme, sans se soucier d’être mouillé à son tour. « Vous ne devriez pas rester là, vous allez tomber malade. » Il lui offrit un sourire rassurant avant de lui tendre la boisson qu’il tenait dans sa main libre. « Prenez, ça vous fera du bien. » Evidemment qu’il avait repéré ses larmes mais pour ne pas l’embarrasser, il avait jugé mieux de ne rien dire sur le sujet pour l’instant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - « Je sais que demain ça ira mieux, mais aujourd’hui, ma vie c’est de la maaaarde. » Chanson éponyme du jour pour la jeune femme, la voix de la chanteuse québécoise sonnait en boucle dans sa tête. Pourquoi fallait-il que les choses ne se passent comme ça ? Pourquoi fallait-il que tout ne s’accumule ? Mais surtout, pourquoi Mike ne répondait-il pas à son stupide téléphone ?! Aestra avait besoin de lui, besoin qu’on ne l’écoute et qu’on ne la rassure. Bien sûr qu’elle a d’autres amis, d’autres proches qu’elle pourrait contacter… mais n’est-ce pas la personne qui partage sa vie qui est sensée être là pour l’épauler ? Il ne lui avait pas dit avoir quelque chose de particulier de prévu, aujourd’hui. Elle était même plutôt sûre qu’il lui avait dit qu’il ne faisait rien et donc, qu’elle pouvait l’appeler si jamais elle avait besoin de lui. Il devait être occupé à lire ou peut-être même à dormir, faire n’importe quoi sauf… répondre présent, tel qu’il avait dit qu’il le ferait. La jeune femme avait donc dû se rendre toute seule à l’hôpital. Certes, sa mère ne souffre de rien de grave et les médecins ne cessent d’insister pour dire qu’il n’y a rien d’alarmant, mais les angoisses rongeant Ae ne se calmaient pas pour autant. Mike le sait bien, puisqu’elle ne lui en cache rien. Il lui répète encore et toujours qu’elle ne s’inquiète pour rien, lui donnant l’impression de la prendre à la légère… parfois même la faire sentir idiote de craindre ainsi pour la santé de sa mère. Elle ne serait pas étonnée qu’il ait oublié que sa petite amie devait aller à l’hôpital aujourd’hui, tant il insiste sur le fait qu’elle ne devrait pas le prendre comme ça.
Sauf qu’elle, ça la rend malade. Les médecins ont été adorables, comme toujours, rassurant au mieux la jeune femme et son père. Tout s’est bien passé, il ne devrait pas y avoir de dangers. Hélas, Aestra sait bien que la santé de sa mère n’est plus trop ce qu’elle est. Il y a aussi beaucoup de stress, en ce moment, puisque la jeune femme travaillait sur l’expansion de l’affaire familiale avec sa mère. Toutes deux chérissant l’idée d’ouvrir des bureaux en Corée du Sud, pays natal de la femme qui lui a toujours servi de modèle. Elles devaient s’y rendre ensemble, mais avec la tournure des événements… le voyage fut repoussé et Ae devra sûrement s’y rendre toute seule. En attendant, elle doit faire au mieux pour gérer les bureaux ici, les rendez-vous téléphoniques ou sur skype avec les possibles associés, artistes et investisseurs coréens… Mike ne semble pas se rendre compte de l’ampleur de toute la situation, de tout ce que cela veut dire pour la jeune femme. Il lui répète qu’elle y arrivera, qu’elle réussit toujours tout et ne semble pas réaliser tout le travail que cela demande. Certes, c’est gentil et flatteur, mais il est parfois lourd d’être ainsi idéalisée. Aestra aimerait qu’il ne reconnaisse qu’elle aussi aurait bien besoin d’une épaule pour se reposer ou d’une main tendue, de temps en temps.
Puis voilà que la vie en rajoute une couche et qu’elle casse le talon de sa chaussure favorite. Ae savait bien que cette paire commençait à avoir la vie dure et qu’elle devrait bientôt laisser ses talons hauts à un cordonnier bien intentionné… mais déjà ? Elle soupire et râle en s’arrêtant, retire ses chaussures et reprend son chemin à pieds. Son regard quitte à peine le sol, s’assurant de ne pas marcher dans quelque chose de sale. En un sens, ça l’arrangerait presque… L’asiatique n’a pas envie de croiser le regard des autres, morose, elle a l’impression que le monde est contre elle et qu’elle risque de craquer. La fatigue, l’angoisse, le stress… Le ciel décida de s’en mêler, commençant à se couvrir alors que le vent se leva. De petites affiches publicitaires en tout genre virevoltèrent ; un spectacle d’une petite troupe de théâtre, une vente dans une supérette, des prix réduits pour un voyage en Corée du Sud… Aestra râla de nouveau, serrant les poings et balança ses chaussures par terre, avant de taper des pieds, se frustrant contre la vie. Ça ne changerait rien, mais fallait bien qu’elle vente, non ? La température n’apprécia guère cette réaction gamine et lui répondit par : une averse. Parce qu’elle avait besoin de ça… ouais. Ce fut de trop. Aussi con que cela ne soit, elle sentit que ce fut la goutte de trop. Ses épaules se mirent à trembler, sa gorge se serra et elle abandonna, tout simplement. Ae n’eut même pas la motivation de se trouver un abri et s’assit simplement dans les escaliers les plus proches. Les chaussures brisées à ses côtés, les coudes sur ses genoux, le visage dans les mains, elle craquait. C’était trop tout ça. Pourquoi Mike ne répondait pas ? Pourquoi se sentait-elle si seule quand elle avait besoin d’aide ? Le temps défila, la pluie commença à tremper ses cheveux, sa chemise claire… mais Aestra s’en fichait, elle n’y pensait pas. Elle était simplement exténuée, à bout, en pleurs…
La pluie cessa ? Non, pas vraiment, ce fut plutôt un parapluie accompagné d’un visage familier qui vint l’abriter. La jeune femme sursauta en posant les yeux sur lui, ne s’y attendant pas du tout. Elle détourna rapidement les yeux, honteuse d’être prise en flagrant délit de faiblesse et passa ses mains délicates sur ses joues pour effacer ses larmes.
-« Vous ne devriez pas rester là, vous allez tomber malade. »
-« Hein ? Ah… » fit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, se rendant compte de combien sa chemise était trempée. « Ça m’apprendra à essayer de prendre une douche et faire la lessive de la manière la plus écologique possible… » dit-elle avec un petit sourire forcé.
Elle n’avait pas envie de s’apitoyer sur elle-même et d’ennuyer l’ami de Mike avec tout ça. La jeune femme préférait donc dire des bêtises comme elle en disait toujours devant Isaac.
-« Prenez, ça vous fera du bien. »
Un sourire délicat s’esquissa sur ses lèvres, alors qu’elle tendit la main, non pas pour prendre le jus, mais bien pour repousser doucement le parapluie.
-« Il ne faudrait pas que vous tombiez malade aussi, Isaac. Je vous proposerais bien de vous asseoir à mes côtés pour partager le parapluie, mais… c’est un peu mouillé… » commenta-t-elle avec une petite moue désolée.
Aestra prit ensuite délicatement le jus, le levant en hochant doucement la tête pour le remercier.
-« Vous allez bien ? Mike me dit que vous êtes toujours affreusement débordé… j’ai l’impression qu’il veut vous garder pour lui seul ! » admit-elle avec un petit rire nerveux.
La jeune femme restait honnête, alors qu’elle tentait d’avoir l’air bien… tout en tendant une perche afin de prolonger leur rencontre fortuite. Ça avait quelque chose de rassurant, étrangement, de ne pas être toute seule… Isaac lui avait toujours paru gentil et elle trouvait dommage qu’il ne soit toujours trop occupé pour accepter les invitations du couple. Enfin, c’était ce que Mike lui disait.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Bien qu’il ne la connaissait pas vraiment, Isaac ne pouvait s’empêcher de se tracasser pour la jeune femme et se demander ce qui avait pu lui arriver pour se retrouver dans un tel état. Ils n’étaient pas proches certes hors ce n’était pas une raison pour la laisser se morfondre toute seule dans la rue et sous la pluie. Avait-elle conscience de l’eau qui la trempait un peu plus et risquait de la rendre malade ? Probablement pas et c’était le pourquoi le jeune homme n’avait pas hésité longtemps avant de se rapprocher puis d’arriver à sa hauteur. Où était Mike dans un moment comme celui-là ? Sa petite amie était en larmes au beau milieu de la rue, cela aurait dû être son « camarade » qui la consolait et non lui. Certainement d’ailleurs que si ce dernier apprenait qu’ils s’étaient croisés, il ne serait pas très content, toujours réticent à l’idée qu’ils se rencontrent… Isaac n’avait jamais compris pourquoi, enfin il n’avait pas réellement cherché non plus, cependant Mike faisait toujours en sorte de le mettre de côté lorsqu’il voyait ses proches et encore plus quand il s’agissait de sa petite amie. Lui ne souhaitait pas l’offenser, il n’éprouvait plus vraiment l’envie non plus de passer du temps auprès de lui donc il n’insistait pas, contrairement à autrefois où il n’hésitait jamais à lui proposer de sortir sans arrêt.
Ne se souciant pas de ce que pouvait penser l’autre garçon, il avait abrité la demoiselle sous son parapluie et lui avait souri avec douceur, espérant la rassurer ne serait-ce qu’un petit peu. Elle n’avait pas besoin de faire semblant face à lui, il avait bien réalisé que quelque chose se passait mais avait trouvé plus judicieux de ne pas le brusquer. Il comprenait qu’elle essaye de se réfugier derrière un masque, qui ne le faisait pas après tout, hors sincèrement, ce n’était pas nécessaire… elle ne lui devait rien et n’avait pas à expliquer ou se confier si elle n’en éprouvait pas l’envie. Isaac ne lui avait pas répondu, se contentant d’une faible esquisse avant de lui offrir une de ses boissons afin de l’aider à se détendre puis se calmer. Hors sa réaction le surprit, ne s’attendant pas à ce qu’elle repousse le parapluie mais plus que l’offenser, ça le fit sourire de plus bel. Est-ce qu’il l’avait laissé faire ? Non. Sa main s’était machinalement replacée au-dessus de la jeune femme, ne s’inquiétant pas d’être mouillé, ce n’était pas ce qui importait pour l’instant… « Ne vous en faîtes pas pour moi, j’ai connu bien pire que quelques gouttes de pluie. » Quand on travaillait avec des enfants, on était confronté à des milliers de situations donc le concernant, il n’y avait réellement aucun souci à se faire.
A nouveau, l’éducateur lui avait arboré un autre sourire à son remerciement mais son expression s’était rapidement changé dans un petit rire nerveux, assez discret. La mention de Mike ne l’étonna pas vraiment, celui-ci devait raconter des milliers de mensonges à son sujet cependant plutôt que l’énerver et lui donner envie d’aller secouer cet imbécile, ça le blessait. Parce qu’il ne comprenait pas ce qu’il avait pu faire pour mériter tant d’indifférence et c’était vrai qu’au fil des années, il avait fini par se remettre en question. Mike n’était pas le seul à réagir de cette façon alors oui, Isaac avait commencé à se dire que c’était lui le problème et même s’il souriait, même s’il ne disait rien, cela ne signifiait pas que tout ça ne le touchait pas. « Le travail me demande beaucoup de temps. » Ce qui en soit n’était pas un mensonge toutefois s’il le voulait réellement, il pouvait toujours trouver un moyen pour se libérer, s’arranger avec d’autres éducateurs de l’orphelinat. « Mais je vais bien, merci. » Il n’avait pas cherché à se justifier ni à dénigrer Mike qui racontait n’importe quoi à son sujet et qui déclarait cela simplement pour l’éloigner. Trop gentil, oui, sûrement qu’Isaac l’était un peu trop néanmoins il ne s’imaginait pas dire du mal de son ami et encore moins à sa copine. « Il y a un café pas loin, on peut y aller si vous voulez. Ce sera toujours mieux que rester sous la pluie. » Ca ne le rassurait pas de la voir trempée et il préférait la savoir dans un endroit au chaud que sous une averse qui ne paraissait pas vouloir s’arrêter.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Aestra était habituellement une femme forte. Une femme de tête qui ne se laisse pas abattre, qui n’a pas peur de retrousser ses manches afin de travailler pour mieux réussir. Or, même ce genre de personne a parfois besoin de pouvoir se reposer sur une épaule réconfortante, se retrouver dans des bras chaleureux, se faire dire qu’elle n’est pas seule… Elle avait Mike, oui, mais il était plus du genre à lui dire de continuer à travailler dur et qu’elle réussissait tout. Il balayait d’un sourire tout ce que la jeune femme essayait de lui dire, semblant la croire surhumaine. Pour lui, les tracas de sa petite amie n’étaient jamais rien de bien grave et il lui disait sans cesse de ne pas y penser plus que ça. Bien que ses intentions n’étaient sûrement pas mauvaises, sa maladresse ne cessait d’heurter la coréenne. Ça aussi, elle le lui disait, mais rien ne changeait jamais. Il se montrait un semblant plus à l’écoute pendant quelques jours, puis le naturel revenait. Au final, Aestra n’était jamais sûre de pouvoir compter sur lui… Pourtant, à chaque fois, c’est vers lui qu’elle se tournait, l’espoir au ventre… pour mieux voir ses illusions être mises en boule et balancées à la poubelle. C’était encore le cas aujourd’hui, alors qu’elle craquait, carrément. Pas n’importe où en plus, elle qui naturellement garde toujours cette image composée. La voilà qui pleurait, sous la pluie, dans les escaliers d’un immeuble inconnu. En plein sous le regard de tous les étrangers qui, heureusement, ne lui portaient nullement attention. Tous étaient trop occupés par leurs téléphones, par leurs discussions, leurs pensées… Jusqu’à ce qu’un parapluie ne vienne l’abriter, l’obligeant à relever les yeux sur ce visage à la fois familier et étranger. Isaac, l’ami de Mike, qu’elle connaît à peine puisque son petit ami prend un point d’honneur à ne jamais les laisser seuls et à ce que la discussion ne dure jamais bien longtemps. Bien qu’elle avait apprécié l’intention, Ae avait trouvé plus logique de continuer à l’abriter lui de la pluie. Après tout, la jeune femme est déjà bien trempée… quelques gouttes de plus ou de moins. Le jeune homme n’avait pas paru en accord, ramenant tout de même son parapluie au-dessus d’elle. Geste qui l’avait surprise, de nouveau. Ses traits l’avaient doucement exprimé sur son visage.
-« Ne vous en faîtes pas pour moi, j’ai connu bien pire que quelques gouttes de pluie. »
-« Oui, mais… vous êtes encore sec, donc c’est plus logique, non ? » commenta-t-elle avec douceur, ses doigts revenant doucement pousser le parapluie.
Elle ? Bah elle avait déjà gagné son concours de t-shirt mouillé, là. Aestra savait qu’elle devrait en être gênée, mais au point où elle en était… c’était le dernier de ses soucis ! Entre sa mère, le travail, Mike absent… Le fait que son chemisier n’en dévoile trop n’était pas ce qui lui posait le plus de problèmes. Puis, Isaac ne semblait pas en profiter pour regarder, donc, la jeune femme ne s’en rendait pas exactement compte non plus. Elle n’était pas consciente à ce point de sa propre personne et de ce qu’elle avait l’air. Pour le moment, elle était plutôt concentrée sur l’idée de ne pas montrer qu’elle n’allait pas bien et… sur le fait qu’il était étrangement rassurant de ne pas être seule, même si elle ne parlait pas de ses tracas.
-« Le travail me demande beaucoup de temps. Mais je vais bien, merci. »
Ae sourit, rassurée qu’il n’aille bien. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est comme ça, elle se sent mieux quand les gens sont heureux. N’est-ce pas pour ça qu’elle a choisi de continuer dans le domaine de ses parents ? Pour aider des gens à réaliser leurs rêves, pour en voir d’autres être transportés par des univers qui les sort de leur quotidien, les aide à aller bien, à rêver, à avancer…
-« D’ailleurs ! Je peux vous demander ce que vous faîtes ? Mike ne veut jamais me répondre… Il est très secret à votre sujet… Un peu comme si vous lui étiez si précieux qu’il ne veut vous partager avec personne… » commenta-t-elle, très sincère, peut-être un peu trop naïve.
Quand il s’agissait de son petit ami, Aestra avait cette tendance à se voiler un peu la face. Elle voyait bien que tout n’était pas parfait et qu’il y avait des ambiguïtés, mais elle l’aimait et voulait le croire… Croire à leur petit bonheur. Ce n’était pas l’Amour, mais ça restait un amour qu’elle vivait depuis longtemps… Leur couple était connu dans leur univers, ils partageaient de bons moments et il la faisait sourire, quand il était là…
-« Il y a un café pas loin, on peut y aller si vous voulez. Ce sera toujours mieux que rester sous la pluie. »
-« Le jus est bon, mais… ce serait peut-être mieux, oui. » répondit-elle en hésitant quelques secondes, regardant le jus qu’il lui avait donné.
Pouvait-elle vraiment se permettre d’ainsi s’imposer à lui ? Le déranger dans sa journée, alors qu’ils ne se connaissaient pas vraiment ? C’était lui qui avait proposé… et Ae n’avait pas le cœur à rentrer toute seule chez elle, à déprimer et harceler sa cousine, par textos pour se plaindre. Isaac venait donc la sauver… sans même le savoir. La jeune femme se releva délicatement, prenant ses chaussures brisées dans ses mains. Elle lui montra que le talon de sa chaussure avait décidé de foutre le camp, un sourire forcé aux lèvres. Explication silencieuse pour le fait qu’elle ne les remettait pas et marchait donc pieds nus, sous la pluie. Vraiment, elle avait la classe aujourd’hui. Plus de chaussures, trempée comme un rat, surprise en train de pleurer… [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Aestra croisa ses bras sur sa poitrine, ayant un minimum de pudeur tout de même.
-« Je ne savais pas qu’il allait pleuvoir aujourd’hui… Enfin, peut-être que je le savais et que ça m’a sorti de la tête, j’avoue que je ne le sais plus. » admit-elle avec un petit rire nerveux. « Vous tombez donc comme un sauveur avec votre parapluie et votre gentillesse. » ajouta-t-elle, le remerciant de nouveau ainsi.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] || Peut-être aurait-il mieux fait de s’orienter dans une carrière de psychologue au vue de comment il se retrouvait toujours au milieu des histoires et faisait de son mieux pour consoler les uns les autres. Isaac ne pensait jamais à lui-même et était incapable de détourner le regard devant une personne en difficulté ; encore plus lorsqu’il connaissait un minimum la concernée. Son cœur s’était machinalement serré en remarquant la jeune femme assise sur les escaliers et qui semblait évacuer toutes les larmes de son corps… Il n’avait pas besoin d’être proche de cette dernière pour être affecté et c’était la raison pour laquelle il s’était approché, pour laquelle il avait tenté de la réconforter à sa façon puis lui apportait un semblant de compagnie. Aestra préférait peut-être être seul hors s’il la dérangeait, elle le lui aurait probablement dit et lui ne s’imaginait pas l’abandonner à son triste sort quand il constatait l’état dans lequel la jeune femme se trouvait. Le pourquoi même si elle avait repoussé son parapluie, l’éducateur n’avait pas attendu pour le lui replacer au-dessus de sa tête. Si la demoiselle était bornée, contrairement à ce qu’on pourrait croire, Isaac était capable de l’être aussi. Qu’est-ce que ça changeait qu’elle soit déjà trempée et que lui était sec ? Si elle pouvait l’être un peu moins que ce qu’elle était déjà, ce serait ça de gagner non ?
« Disons dans ce cas que je ne suis pas quelqu’un de logique. » Avait-il répliqué dans un sourire avant de ramener une nouvelle fois le parapluie au-dessus de son interlocutrice. Non, il n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire et ce peu importait qui avait raison, qui avait tort. Et non, il ne s’était pas soucié de sa tenue transparente à cause de la pluie, préférant poser ses yeux sur son visage peiné plutôt que sur sa poitrine. Quel imbécile serait-il s’il profitait du chagrin d’une jeune femme pour se rincer l’œil ?! Il admettait ne pas être un saint, il avait ses désirs comme tout le monde néanmoins il n’était pas désespéré à ce point non plus. « ahah, je doute que ça soit pour cette raison. » Un faible rire nerveux avait quitté ses lèvres à sa remarque alors que non, il était loin d’être une personne précieuse aux yeux de Mike. Si pendant longtemps il avait été assez naïf pour croire qu’ils s’entendaient et que leur amitié avait un sens, il n’était pas assez stupide pour penser encore aujourd’hui que c’était toujours le cas. Pourquoi ne pas tout révéler alors ? Parce qu’il était trop gentil, parce qu’il n’avait pas envie de se perdre dans des longs conflits inutiles et que ça ne lui apporterait rien… Ce n’était pas comme si de lui-même il aurait cherché à se faire connaître de toute façon, tant mieux si l’autre garçon était heureux comme ça. « Mais sinon je travaille dans un orphelinat. Je suis éducateur. » Il n’avait rien à cacher donc en soit, Mike était idiot de refuser de dévoiler une information aussi banale. D’accord, il avait peur que la vérité soit découverte… D’accord, il n’assumait pas l’amitié qu’il avait avec Isaac hors était-ce si difficile de parler ne serait-ce qu’un peu de lui ? Apparemment.
A cause de la pluie qui refusait de s’arrêter, le jeune homme n’avait pu rester ainsi sans rien faire et lui avait proposé de se réfugier autre part, dans un endroit plus confortable. « Allons-y alors. » Le sourire ne quittait pas ses lèvres tandis qu’il lui tendait la main afin de l’aider à se redresser ; une expression de surprise se traduit dans son regard à la vue des chaussures qu’elle portait entre ses doigts et non pas à ses pieds. Comme si elle avait compris ce qu’il pensait, l’éditrice lui désigna en silence son talon cassé et le garçon jugea plus judicieux de ne rien dire sur le sujet. Il y avait des journées comme celles-ci où il aurait mieux valu ne pas quitter son lit le matin. « Je ne savais pas non plus. » Expliqua-t-il avant d’ajouter aussitôt « Je n’ai pas eu d’autres choix que de m’acheter ce parapluie. » Il rît sur ses propos, faisant ainsi comprendre que lui aussi n’avait pas songé qu’il pleuvrait aujourd’hui ; ce n’était pas ce que la météo avait annoncé. « C’est normal. Vous n’avez pas à me remercier. » Abandonnant alors la petite ruelle, ils se retrouvèrent dans la rue principale où plus de personnes circulaient et où de nombreux magasins étaient encore allumés. « Attendez ici un instant. » Déclara l’éducateur chaleureusement, lui glissant le manche du parapluie dans sa main libre avant de s’aventurer à l’intérieur d’une boutique. Il fit un tour rapide, ayant vraisemblablement une idée de ce qu’il désirait acheter puis revint à l’extérieur quelques minutes plus tard, une paire de chaussures de plage entre les mains. « Cela sera toujours mieux que de marcher pieds nus. » Certes, elles semblaient un brin trop grandes mais c’était mieux que rien… Sur ses dires, il avait soigneusement posé ses achats à terre devant la jeune femme avant de récupérer son parapluie puis de les abriter tous les deux. Certains déclareraient sûrement qu’il exagérait, qu’il en faisait trop et qu’il n’avait pas besoin de s’occuper d’un tel détail cependant pour lui, ça le dérangeait… Il se doutait que ça ne devait pas être agréable pour Aestra donc s’il pouvait l’aider ne serait-ce qu’un tout petit peu, il le ferait… Lui savait ô combien de simples petites attentions pouvaient être précieuses et réchauffaient bien des cœurs, il le voyait tous les jours à son travail.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] - Il y a des jours comme ça où tout fait chier, où une simple goutte d’eau fait déborder le vase. Aestra joue peut-être les Wonder Woman, mais elle n’en est pas une pour autant. Mike est bien mignon à la croire à l’épreuve de tout, lui répéter qu’elle n’a besoin de rien ni personne. Sauf que c’est faux. Elle aurait parfois besoin qu’il ne soit là, comme il l’avait pourtant promis. N’est-ce pas ironique que ce ne soit son ami dont il ne veut jamais lui parler, plutôt que lui, qui soit devant elle ? Ce n’est pourtant pas à défaut d’avoir tenté de le contacter. Imbécile. L’éditrice apprécie la gentillesse d’Isaac, mais elle s’inquiète à l’idée qu’il n’attrape froid. Elle, elle est déjà trempée. Si ça se trouve, elle a déjà attrapé la crève aussi. Une goutte de plus ou de moins, au point où elle en est… Vaut mieux que le jeune homme ne garde le parapluie pour lui. Cependant, il se montre aussi têtu qu’elle, la couvrant encore une fois pour la protéger.
-« Disons dans ce cas que je ne suis pas quelqu’un de logique. »
Encore une fois, elle tend sa main délicate vers lui. Toutefois, ses doigts se referment timidement sur le poignet d’Isaac. Hae Byeol l’invite à s’avancer, prendre un peu de place sous le parapluie avec elle. La jeune femme aurait bien pu repousser encore une fois le parapluie, mais ils sembleraient qu’ils pourraient passer une saison des pluies entière à le faire, ces deux-là !
-« Mettez-vous un peu à l’abri quand-même. Vous êtes tout aussi important. » expliqua-t-elle avec douceur, en relevant les yeux vers lui.
Sa main quitta lentement son poignet, mais son timide sourire sincère resta bien accroché à ses lèvres. Avait-elle encore l’air triste ? Ses sourires étaient-ils assez grands pour bien masquer le mensonge ? Aestra ne voulait pas faire pitié ou inquiéter. Ils ne se connaissaient pas, donc c’était d’autant plus gênant que d’être surprise dans un tel état de vulnérabilité ! Heureusement, Isaac se montrait doux et ne posait pas de questions embarrassantes. L’éditrice décida de profiter de l’occasion, autant pour changer de sujet que pour en savoir un peu plus sur ce mystérieux ami. Si la conversation tournait autour d’Isaac, elle ne penserait plus à ce qui la tourmentait et le jeune homme serait encore moins porter à lui demander ce qu’elle faisait là, non ?
-« Ahah, je doute que ça soit pour cette raison. »
La jeune femme fronça légèrement les sourcils, surprise par cette réaction. Elle a toujours eu la naïveté de croire qu’ils étaient proches tous les deux, même si elle n’a jamais vraiment compris pourquoi Mike tient tant à les garder éloignés… Isaac n’a pas l’air d’être une personne avec laquelle Hae Byeol ne s’entendrait pas. Elle a donc toujours pensé qu’il s’agissait d’une personne qu’il chérissait beaucoup et qu’il voulait garder pour lui. Après tout, ça arrive d’avoir des amis avec qui on a envie de passer des moments seuls, rien qu’à deux ? Elle ne pensait pas réellement qu’ils étaient amants, mais elle aimait bien taquiner l’américain en le disant ainsi.
-« Mais sinon je travaille dans un orphelinat. Je suis éducateur. »
-« Oh ! » s’exclama-t-elle, réaction toute simple, mais très spontanée. « Vraiment ? » ajouta-t-elle, toute aussi surprise qu’impressionnée. « Ce ne doit pas être facile tous les jours, mais ce doit être très gratifiant ! » commenta-t-elle avec une expression empreinte d’une sincère douceur.
Aestra ne faisait pas semblant d’apprécier son travail. Si cela ne l’avait pas intéressée, elle n’aurait pas vraiment fait de commentaires. Il faut admettre qu’elle trouvait ça mignon comme boulot et qu’elle pensait qu’il faut beaucoup de courage pour faire ça. C’est très humain et tout le monde ne peut pas se donner autant. Certains enfants restent plus longtemps que d’autres, mais on doit tout de même s’attacher à eux… Les voir être adoptés doit être doucereux ; il doit être heureux de les voir rejoindre une famille aimante, mais il doit être triste de s’en séparer, non ? L’éditrice n’ose pas le lui demander, ne voulant pas manquer de délicatesse et est plutôt surprise lorsqu’il lui propose d’aller prendre un café. Elle devrait sûrement refuser, mais elle ne se sent pas de rester seule et sa compagnie est agréable. La demoiselle s’en excusera et le remerciera plus tard…
-« Allons-y alors. »
Elle inspira et avala sa salive, cherchant à s’assurer qu’elle avait une certaine contenance. Son regard se posa une seconde sur sa main, hésitant, puis elle lui fit un petit sourire embarrassé en la prenant. Elle devait avoir l’air idiote, en larmes sous la pluie, assise dans un escalier avec ses chaussures à côté d’elle… Hae Byeol les avait d’ailleurs reprises et avait silencieusement expliqué pourquoi elle ne les remettait pas dans ses pieds. Non, ce n’était pas une rébellion contre les souliers. Elle aime bien ces accessoires, elle. C’était simplement parce que sa journée s’était acharnée sur elle ! Plutôt que de continuer à creuser son embarras, l’éditrice avait abordé le sujet anodin de la pluie.
-« Je ne savais pas non plus. Je n’ai pas eu d’autres choix que de m’acheter ce parapluie. »
-« Ah… » fit-elle avec un petit rire nerveux.
Si elle avait été un peu plus intelligente – ou moins dépassée par tout – elle aurait pu aller s’en acheter un, elle aussi. Encore une fois, la jeune femme le remercie, tentant de couvrir son embarras face à toute la situation. Peut-être devrait-elle se sauver chez elle, aller se cacher sous une couette et ne pas en sortir. Hélas, elle n’a absolument pas envie d’être seule et Isaac a quelque chose de rassurant avec sa douce personnalité. Sans parler du fait que c’est enfin sa chance de connaître cette personne que son petit ami garde jalousement pour lui !
-« C’est normal. Vous n’avez pas à me remercier. »
-« C’est normal pour vous… mais… tout le monde ne le ferait pas pour autant… » répondit-elle avec un sourire triste, en baissant les yeux.
Mike l’aurait-il fait, lui ? Elle n’en était pas certaine. Après tout, il n’avait même pas la décence de répondre au téléphone, alors qu’il avait dit qu’il serait là. Aestra était sûre qu’il n’aurait même pas une bonne excuse. Il n’en avait plus depuis longtemps déjà… La jeune femme gardait les yeux au sol, à présent, faisant attention à où elle mettait les pieds et à éviter de se faire marcher dessus aussi. La pluie nettoyait peut-être le trottoir, mais il restait dégoûtant par endroits quand-même.
-« Attendez ici un instant. »
S’étant arrêtée, elle replia les orteils vers la plante de ses pieds, cherchant ainsi à les protéger des autres passants. La jeune femme avait relevé les yeux, se demandant pourquoi il voulait s’arrêter ici et l’avait regardé, clignant des yeux. Ses doigts s’étaient refermés sur le manche du parapluie, continuant de se demander pourquoi ils s’étaient arrêtés. Peut-être qu’il avait encore des courses à faire et qu’elle le dérangeait. Aestra se sentit mal en envisageant cette possibilité. Elle se mit à fixer le manche du parapluie, ses doigts s’agitant nerveusement autour de ce dernier. La jeune femme passa sa main libre sur son épaule opposée, couvrant ainsi sa poitrine avec son bras, essayant de se faire petite et plus facile à ignorer. Encore une fois, elle avait l’air stupide et vulnérable. Trempée, ses chaussures dans sa main, pendantes sur son épaule, la chemise transparente, les cheveux collés contre ses tempes et sa nuque. À quoi lui servait son parapluie alors hein ? Elle se mordilla les lèvres, se disant que la plupart des gens étaient trop occupés à penser à leurs nombrils pour la remarquer et la juger. L’éditrice espérait toutefois qu’Isaac reviendrait vite, puisqu’elle avait un peu froid et qu’elle sentait son mal-être revenir la menacer.
Peut-être avait-il entendu son silencieux appel à l’aide ? Mais le voilà qui revenait avec… des chaussures ? Son sourcil s’arqua en une fine arche pleine de questions. Des chaussures de plage ? Il avait prévu une sortie avec les enfants de son orphelinat, bientôt ?
-« Cela sera toujours mieux que de marcher pieds nus. »
Elle cligna plusieurs fois des yeux, s’attendant visiblement à tout sauf à ça. La jeune femme avait reculé d’un pas, gênée par si peu. Pourtant elle prend soin de ses pieds comme de ses mains, aimant faire des sorties manucures-pédicures – qui restent toujours discrètes – avec ses amies. Hae Byeol se pencha légèrement pour le remercier. C’est avec une ombre d’hésitation qu’elle glissa ses pieds dans les souliers, une expression de soulagement timide se dessinant sur ses traits. Il faut dire que c’était beaucoup plus confortable que le trottoir dur et humide !
-« M.. merci… Je vous dois combien ? » demanda-t-elle tout naturellement, essayant de contenir sa surprise et son embarras.
Elle lui était énormément reconnaissante, ne s’attendant certainement pas à autant de gentillesse de la part de personne. L’éditrice avait les joues toutes roses, même si elle tentait de le cacher derrière sa main qui dégageait cette mèche de cheveux qui la gênait. Marcher était à présent plus agréable et elle n’avait plus autant à regarder le sol, même si elle devait faire attention à ne pas perdre ses souliers. Son regard revenait donc plus souvent sur son sauveur.
-« Les enfants doivent beaucoup vous aimer… » commenta-t-elle avec un sourire doux.
Il ne lui devait rien, ils se connaissaient à peine, et pourtant il était si attentionné avec elle. Isaac devait être le plus adorable des éducateurs, non ? D’ailleurs, peut-être qu’elle le retenait et qu’elle le dérangeait ? C’est en pensant aux possibles enfants qui pouvaient avoir besoin de lui qu’elle se sentit un peu coupable de s’imposer ainsi à lui. Aestra se mordilla légèrement les lèvres et inspira, cherchant le courage d’affronter sa solitude.
-« D’ailleurs… j’ai accepté le café, mais… ça ne vous dérange pas ? Vous n’étiez pas occupé…? » demanda-t-elle sur un ton contrit.