retour dans le passé | anka

« Vous pouvez avancer s’il vous-plaît ? » l’homme derrière moi, pressé, me fait légèrement sursauter. J’étais complètement obnubilée par la jeune femme qui est à deux personnes devant moi. Son visage m’a tout de suite frappé. C’est la fille bourrée du dimanche. Je l’ai vue il y a quelques mois de ça et je n’ai même pas couché avec elle alors qu’elle avait le fric qu’il fallait. Je n’ai juste pas pu. Son visage me rappelle tellement Iris… Alors j’ai bugué sur elle et je me rends compte que la personne devant moi dans la file d’attente de la caisse était déjà en train de payer. Je reprends mes esprits et c’est mon tour. J’ai juste un soda énergisant, histoire de me remettre de ma nuit très mouvementée hier. Je n’ai pas arrêté de bosser. Pleins de clients se sont ramenés d’un coup comme ça sans qu’on ne comprenne pourquoi. Bah, je ne me suis pas tant posée de questions que ça moi. C’était comme cette file, je les ai enchaînés sans m’arrêter. Je paye mon soda et remarque un portable qui est resté vers le rebord en fin de caisse. Je reconnais ce portable. J’ai une bonne mémoire et j’ai tendance à observer mes client.e.s sous toutes les coutures. Ce qu’ils portent sur eux, leurs bijoux, leur montre et bien sûr leur portable. Et celui-là, il ne m’a pas échappée. En même temps elle l’avait posé sur la table de la chambre d’hôtel où je l’ai conduite. Maintenant une question se pose. Je dois la lui rendre ou pas ? Je soupire et prends le téléphone. Elle n’est pas encore sortie du supermarché. Elle s’est arrêtée et semble chercher quelque chose dans son sac. Je n’ai pas eu du mal à la rattraper même si je n’ai pas couru. « Hey, tu cherches ça ? » je lui montre son portable qui est dans ma main. Je m’avance et la lui tends. « Tu l’avais oublié à la caisse. » je ne sais même pas si elle se souvient de moi tout compte fait. Elle était tellement bourrée ce soir là. Enfin bon, je m’en fous un peu en fait si elle se souvient de moi. Elle a été une cliente comme une autre…même si on n’a rien fait au final. J’observe les traits de son visage et comme dans un flash, je revois Iris dans son regard. Ce qui me rend pas à l’aise du tout. Après qu’elle ait repris son portable, je ne dis rien de plus et commence à la devancer pour partir.

si elle avait su...
ce n'était qu'une journée comme les autres, il n'y avait rien de particulier. elle avait rendez vousavec lenny un peu plus tard dans la semaine, alors elle ne faisait que se préparer, s'était mise en tête de lui offrir une bouteille de vin, et de la glace. non pas qu'elle avait rompu - elle espérait bien que lenny n'était avec personne - mais elle trouvait cela amusant, de boire en mangeant de la crème glacée, de se laisser prendre par de simples plaisirs, pour ensuite glisser ses doigts sous son haut, et laisser le vrai désir s'emparer d'elle, d'elles.
ce n'était qu'une journée comme les autres. mais une fois à la porte du supermarché, elle remarqua qu'elle avait perdu quelque chose, son portable. le cherchant dans son sac, elle avait d'un coup super peur. où l'avait-elle oublié ? qu'en avait-elle fait ? avec elle, c'était presque possible qu'elle l'ait égaré sur venus, en se rendant sur mars. elle ne savait pas faire attention à ses affaires.
si elle avait su...
peut-être serait-elle partie sans se soucier de son téléphone. mais non. elle fut interpellée par une voix, se retourna pour accueillir la personne qui lui rendait son portable, et fut figée. parce que son regard plongea dans celui de cette prostituée. et elle se souvenait. se souvenait de n'avoir pas pu... se souvenait d'avoir été jetée... par une pute. et c'était peut-être horrible, de penser ainsi, mais son ego en avait pris un sacré coup. n'était-elle pas assez bien ? pourtant, la pute ne recevait-elle pas des clients pires que des porcs ? pourquoi n'avait-elle pas pu ?
des questions d'ego.
merci... dit-elle, sans oser parler plus. sans oser, glissant son téléphone dans son sac. mais lorsque la prostituée initia le départ, elle ne put s'empêcher de la retenir, n'hésitant même pas à lui attraper le bras pour la forcer à rester. dites ! vous avez un sacré culot, quand même ! oui. bon. elle s'énervait. elle s'énervait de n'apporter aucun intérêt, apparemment, à cette femme. elle avait été jetée, elle était presque ignorée, fuie par cette beauté. bon sang, mais qu'est-ce qui clochait, chez elle ? entre le rejet et la fuite... c'est quoi la suite ? elle la regardait... mais elle n'était pas furieuse. elle se sentait mal. dans sa peau. quand elle était en la présence de cette femme. comme si elle devenait repoussante. quoi, c'est parce que je suis une femme ? demanda-t-elle, doucement. peut-être que cela avait à voir avec le genre. et si les prostituée ne faisaient généralement que coucher avec des hommes ? peut-être qu'elle était hétéro, purement, et qu'elle était désormais gênée, après avoir rembarré anka ? et puis, sans ce rejet, la jeune volf n'aurait sans doute jamais été chercher lenny... elle devait peut-être la remercier, alors ?
mais elle voulait comprendre. c'est quoi ? j'comprends pas. j'avais l'argent, j'suis pas hideuse... alors quoi ? j'dégoûte quand même pas tant que ça, si ?
elle espérait que non.
sinon elle allait se demander si lenny s'intéressait vraiment à elle, ou juste à son argent...