the most dangerous lies are the lies you tell yourself. (cora/rayan/eden)

C’était une opportunité en or que de quitter Los Angeles quelques jours. Cette avant première de ‘For some reasons’ tombait à pic. Rayan m’a demandé de prendre du temps pour moi, c’est ce que je fais, quatre jours loin des studios, de la production, quatre jours pour ne rien faire, à l’autre bout du pays. Enfin, ne rien faire sauf l’avant première du film dans lequel  a joué Rayan et sur lequel je travaille comme une acharnée depuis que j’ai repris le flambeau de la boîte. C’est ma fierté, mon premier bébé, je l’ai mené du début à la fin et je le défends becs et ongles. Tout en sachant que Rayan ne serait pas du voyage, j’ai proposé à Cora de m’accompagner à New York. Ça a été chez moi si longtemps, et elle connaît très bien les environs elle aussi, ça nous a au moins permis de prendre quelques jours juste nous deux. Quatre pour moi, deux seulement pour Cora qui a été retenue à L.A. et ne m’a rejoint qu’avant-hier. Mais ça me fait du bien, peut-être que Rayan avait raison, c’est ce dont j’avais besoin, un peu de temps en dehors de mes habitudes et de mes certitudes. Certitudes qui se sont bien fait la malle ces derniers mois. Je viens de m’acheter une robe magnifique exprès pour ce soir, et une fois enfilée, je sais que je n’ai pas à regretter mon choix. Je remonte la fermeture éclair et rejoins Cora dans la pièce principale de notre suite, dans un palace dans lequel est logé toute l’équipe pour deux jours. « Alors, elle te plait ? » Je vois son regard pétiller et ça me fait du bien. Je lui souris largement et lui tends un collier que je voudrais qu’elle attache dans ma nuque, me tournant et décalant mes mèches blondes pour lui laisser la place de le faire. « Ça fait longtemps qu’on a pas fait une soirée de boulot comme ça toutes les deux. Je suis sûre que certains se demandent si on est encore ensemble… » Sauf Oliver mon assistant, qui a assisté au grand retour de Cora il y a quelques jours. Je suis fin prête et laisse Cora finir de se préparer. Nous montons dans la voiture d’un chauffeur venu exprès nous chercher, et ne descendons qu’une fois sur le tapis rouge du plus grand cinéma de New York en plein Time Square. J’adore cette ville. Les flashs crépitent même si nous ne sommes pas des actrices, c’est toujours comme ça que ça se passe. Une fois à l’intérieur nous retrouvons quelques membres de l’équipe technique, des acteurs principaux et Cora retrouve même quelques uns des agents qui sont ses concurrents. Peu importe, c’est la meilleure, et c’est pour ça que c’est avec elle que je vis depuis sept ans. Tout se passe à merveille, je flirte ouvertement avec Cora, joueuse, mutine, de bonne humeur, jusqu’à ce que mon regard  accroche une silhouette, de dos, un peu plus loin. Je connais ces formes parfaitement pour les avoir très longuement regardées, et quelques fois même touchées, embrassée. J’ai un coup de chaud. Est-ce que c’est vraiment elle ?

J’avais presque oublié combien la vie à Los Angeles était grisante. Même si à Paris, l’aventure a été passionnante, tant bien niveau professionnel que privé. J’ai reçu un message de Fauve après que je sois rentrée à Los Angeles. Elle me souhaitait juste une bonne continuation. C’est mignon, je lui ai répondu de même pour elle. De toute façon ma vie est avec Eden maintenant que je suis de retour. La vie reprenait son rythme et même Alicia est rentrée. Même si elle est étrange je trouve en ce moment. Enfin bon, ce soir c’est le grand soir. Une avant première à New York, j’accompagne la femme qui partage ma vie depuis sept ans. Je sais que c’est important ce soir là. Et puis bon fouler le tapis rouge à New York et me pavaner avec une robe somptueuse aux bras d’une femme comme Eden, je n’aurai jamaiiis dit non à sa proposition ! « Alors, elle te plait ? » je me retourne vivement dans ma robe noire, moulante mais élégante. Mes cheveux sont montés en un chignon gracieux. De mes hauts de quinze centimètres de talons – c’est que je suis petite sans ça – je regarde ma compagne, avec des yeux qui transpirent d’émerveillement. Elle est sublime. Et même sept ans après ! « Tu es magnifique. » dis-je avec tendresse dans ma voix. Elle me tend son collier que je lui enfile volontiers. « Ça fait longtemps qu’on a pas fait une soirée de boulot comme ça toutes les deux. Je suis sûre que certains se demandent si on est encore ensemble… » je ris avec légèreté. « Tu m’étonnes. Ils n’ont jamais compris notre fonctionnement de toute façon. » ce qui est vrai. Le nombre de fois où on me prenait en photo avec une conquête n’était plus à calculer ! Faisant jazzer la presse people. Mais entre Eden et moi, c’est clair. C’est pour ça qu’on tient en même temps malgré les obstacles qui sont survenues dans le passé. Elle qui a ressenti de l’amour pour une autre femme. Selena qui a ré apparue dans ma vie mais qui n’est plus présente à L.A. C’est sûr qu’on a eu pas mal d’épreuve à surmonter. Autant bien personnellement que dans notre couple. Elle est prête, je me regarde une dernière fois devant le miroir. Ma coiffure, ma tenue, mes accessoires. Tout est bon et on part. Enfin le tapis rouge. Je pose aux côtés de ma femme. Parce que j’adore ça de toute façon et puis je suis fière d’être aux bras d’une productrice comme Eden. Je le montre sans problème ! Mais bon je dois avouer, j’adore avoir les photographes sur moi. Après s’être montrées comme de vraies stars, je retrouve des agents que je connaissais très bien. Avec qui je me suis battue mainte fois pour avoir une star dans sa panoplie  à New York. C’est bon enfant, on se remémore nos anciens conflits. Parfois mon regard pleins d’envies attrape celui de Eden, histoire de faire comprendre qu’on est toujours ensemble même si ça jazz. Jusqu’à ce que ma blonde semble s’être attardée sur une femme – que j’ai suivi de son regard – qu’elle semblait reconnaître. Je m’approche légèrement d’elle « Cette femme a l’air si intéressante que ça ? » dis-je avec malice. Pour qu’elle s’arrête de me regarder, ça doit être le cas. Mais je ne vais pas faire tout un foin, ce n’est pas parce qu’on est au régime qu’on ne doit pas regarder le menu, comme on dit ! Mais bon, faudrait pas qu’elle bave sur elle longtemps quand même !

Depuis ma dernière discussion avec Eden je me suis efforcée de me convaincre qu’elle marquait un point final à toute cette histoire. Je dois avancer, elle me l’a fait comprendre, et certes c’est vrai je l’ai embrassé ce soir là, mais c’était comme le symbole d’une sorte d’adieu. Car évidemment nous sommes amenés à nous voir, ma carrière naissante d’actrice me faisant évoluer dans le même domaine qu’elle. J’aime à croire que nous puissions enfin travailler sans accrocs, être des adultes responsables et raisonnables. Je tente de m’en persuader, pourtant quelques uns de ses mots tournent parfois en boucle dans ma tête, c’est plus fort que moi. Heureusement j’ai pu compter sur la promotion du film pour me tenir occupée. Entre interview et avant-premières, j’ai retrouvé un rythme de vie plus intense, de quoi m’éviter de trop cogiter. Je n’ai pas un des premiers rôles du film, je ne suis donc pas sollicité pour tous les évènements, l’équipe est partie pour New York et je ne suis pas du voyage. En tout cas c’était ce qui était prévu jusqu’à ce que mon agent m’appelle. Annulation de dernière minute d’une autre actrice qui a dû annuler sa présence à l’avant-première. Tout s’enchaine et je finis dans un avion pour être à la présentation le soir même. Arrivée à l’aéroport à peine deux heures avant de fouler le tapis rouge je ne passe même pas par le palace où est logé le reste de l’équipe du film, pour filer directement me préparer pour l’événement. Tenue, maquillage, coiffure, tout est prêt en temps et en heure, la voiture qui me conduit en plein Time Square s’arrête devant le cinéma où se passe la soirée. Crépitements des flashs, la foule, je retrouve le reste du casting en me demandant si j’arriverais un jour à me faire à tout cela. J’imagine que oui, après tout c’est encore trop récent pour que je me sois déjà habituée à un truc aussi fou auquel je ne m’étais même pas autorisée à rêver. Dans ces moments là j’ai toujours l’impression que le temps passe à une vitesse folle, dans une dynamique presque surréaliste que j’arrive néanmoins à apprivoiser un peu plus à chaque événement, chaque interview. J’apprends, tout simplement. L’étape du tapis rouge est passé, une fois à l’intérieur l’ambiance est un peu différente, c’est comme une soirée au bureau entre collègues… Non définitivement rien ne ressemble à ça, et je crois que j’y prends goût malgré tout. J’étais parmi les premières à être arrivée, je retrouve d’autres membres du casting avec qui j’ai tissé des liens au fil du temps. Nous discutons quand une des actrices semble intéressée par se qui se passe derrière moi, nos regards intrigués la font réagir « Lewis vient d’arriver. Et elle n’est pas seule. Ça faisait un bail qu’on l’avait pas vu accompagnée… » l’autre acquiesce et moi je reste silencieuse, sentant mon cœur se serrer un peu alors que je jette un coup d’œil en direction de la productrice. Elle est effectivement en compagnie d’une brune perchée sur des talons pour lesquels le qualificatif “échasses“ serait plus juste. Non Rayan, ne sois pas mauvaise, la page est tournée rappelles toi. Je prends soin de continuer à leur tourner le dos, espérant qu’Eden ne m’a pas vu, peut-être qu’en m’y prenant bien j’arriverai à l’éviter encore un moment. Je suis si naïve parfois. Quelques minutes plus tard alors que je tente de rejoindre l’autre bout de la salle je me retrouve face à face avec la productrice et la femme qui l’accompagne, j’affiche un sourire de circonstance, poli et neutre « Ms. Lewis, bonsoir. » je lis dans son regard qu’elle se demande ce que je fais là, je me pose la même question.

Tout se passe à merveille jusqu’à ce que mon regard accroche la silhouette de Rayan, je suis presque sûre que c’est elle. Elle se passe la main dans les cheveux, il n’y a plus aucun doute, même de dos. « Cette femme a l’air si intéressante que ça ? » Je sursaute presque, prise en flagrant-délit par Cora qui a intercepté mon regard et cherche à trouver sur qui j’ai pu poser mon dévolu. « Non c’est… juste… quelqu’un qui ne devait pas être là. » Semi mensonge. C’est une réalité qui cache autre chose, autre chose que je ne dis pas, bien sûr. Lorsque Cora est rentrée et que je lui ai dit que j’avais fait une légère rechute, rapport à mon coeur, elle a voulu savoir pourquoi, et je ne me suis pas sentie de lui mentir. J’ai parlé de Rayan, ou en tout cas du fait que j’avais eu une aventure avec elle, et que Maé n’avait pas apprécié. Evidemment, je me suis bien gardée de lui dire que j’avais développé des sentiments pour l’irlandaise. C’est hors contrat, et ça m’est déjà arrivé une fois, ça a bien failli tout foutre en l’air. J’aime Cora et je n’ai aucune envie de lui causer du tort, même si c’est déjà trop tard. Quoi que… ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal, n’est-ce pas ? Je reporte mon attention sur Cora, j’avais prévu d’être naturelle et me voilà en train de faire attention à chacun de mes faits et gestes. Ne pas regarder trop souvent vers Rayan, ne pas me montrer trop affectueuse avec Cora. Toute une discipline. Et quand je m’y attendais le moins, Rayan se retrouve devant moi, même si visiblement elle n’est pas venue pour ça, elle se trouve juste bloquée par un couple sur notre droite. « Ms. Lewis, bonsoir. » Je tente de la sonder, de comprendre ce qu’elle fait là. Pourquoi ce revirement de situation ? Moi qui cherchais à m’éloigner de Los Angeles, entre autre pour être loin d’elle. Raté. « Bonsoir Rayan. » De toute manière, les faits sont là, ça ne sert à rien de chercher à les éviter. Cora connaît le prénom de la jeune femme puisque j’en ai souvent parlé, depuis le début de sa carrière naissante. C’est l’inverse qui n’est pas réciproque. « Cora, je te présente Rayan, l’ancienne prof de Maé que j’ai vue jouer au théâtre, et pour qui j’ai provoqué le destin. » Maintenant, dans l’autre sens, c’est plus compliqué. Et d’ailleurs, je ne m’y attelle même pas. Cora s’en chargera toute seule, puisque je la connais par coeur, elle sera la première à dire tout haut que nous sommes en couple depuis plusieurs années. Je ne peux la blâmer, ça veut dire qu’elle est fière de ce que nous représentons, mais dans la situation actuelle, ce n’est pas ce que j’attendais de cette soirée. Tant pis, je me laisserai porter, je n’ai plus vraiment le choix…

« Non c’est… juste… quelqu’un qui ne devait pas être là. » je ris doucement à son sursaut. Prise la main dans le sac en train de lorgner sur une autre femme que moi. Mais bon, je ne vais pas lui en vouloir pour si peu hein. Je tourne mes pupilles une nouvelle fois sur cette silhouette que je ne connais pas et qui ne devait pas être là apparemment. Je ne sais pas trop si c’est une bonne surprise ou pas mais on dirait bien que Eden a rivé toute son attention sur moi à nouveau. Ce qui m’enchante finalement. L’idée que ça soit une de ses conquêtes me traverse l’esprit. Et bien elle n’a pas de chance car je suis là et quand je fais face à une autre femme avec qui ma compagne a froissé les draps, j’ai tendance à montrer que le territoire est déjà bien conquis par moi. Ce qui arrive assez vite puisque la jeune femme en question se retrouve devant nous, par hasard. « Ms. Lewis, bonsoir. » hm, elle salue juste Eden et me regarde à peine, ça commence bien. Mais mes griffes ne sont pas encore de sorties. Je souris et je l’observe sous toutes les coutures. C’est une belle femme, je dois l’avouer. « Bonsoir Rayan. Cora, je te présente Rayan, l’ancienne prof de Maé que j’ai vue jouer au théâtre, et pour qui j’ai provoqué le destin. » je sourcille légèrement. C’est elle Rayan. Mon flair ne m’a pas trompée. Une de ses conquêtes. Alors là, elle est bien tombée. J’ai presque un sourire carnassier qui s’étire sur mes lèvres. J’avance ma main vers Rayan tandis que l’autre prend en otage le bras de Eden. Marquant bien mon territoire. « Oh c’est vous. J’ai beaucoup entendu parler de vous. » dis-je toujours le sourire aux lèvres. « Je m’appelle Cora Lorenzini, je suis la compagne de Eden depuis sept ans et je suis agent artistique depuis bien plus longtemps que ça. » je ne m’empêche pas du tout de glisser le fait que Eden et moi, ça fait sept années qu’on est ensemble. Je sais très bien qu’elle a couché avec elle alors du coup je ne me prive pas de lâcher cette information. Je regarde Eden, « Tu m’avais cachée qu’elle était sublime amore ! » sortis-je d’un air enjoué. Cette situation m’amuse en fait. Mon iris retombe à nouveau dans celui de Rayan. « Vous avez de la chance d’être tombée sur une productrice comme Eden qui prend soin de ses actrices. – mes phrases sont très nuancées, je le fais exprès évidemment – Enfin quand elle n’est pas de glace bien sûr. » je continue à lui sourire sans être fausse parce que de toute façon je sais ce qu’il y a savoir. Je ne suis pas jalouse non plus parce que je fais confiance à Eden. Elle m’a dit la vérité, du moins sur leur relation d’un soir. « Eden m’a dit que vous ne deviez pas être présente tout à l’heure mais ça aurait été dommage de rater cette première. J’ai hâte de vous voir à l’écran. » j’engage la conversation naturellement, toujours ma main sur le bras de ma compagne.

J’essayais d’éviter Eden, c’est raté. Je me retrouve face à elle et la brune qui l’accompagne, pas tout à fait comme un lapin pris face à des phares, mais pas loin. Petit sourire poli, je salue la productrice et pose seulement un bref regard sur l’inconnue qui l’accompagne. La blonde fait rapidement les présentations, enfin plutôt me présente à Cora puisque c’est son prénom, laquelle esquisse un sourire dont je ne peine pas à interpréter la signification, aidé sans doute par le fait qu’elle s’accroche au bras d’Eden comme une moule à son rocher. C’est quoi la prochaine étape ? Elle va lui lever la patte dessus pour marquer son territoire ? Merde, ça me ressemble pas de penser des trucs pareils, de réagir ainsi. Je me saisie de la main qu’elle me tend, lui adressant un sourire de circonstance, façade parfaite, ça aide d’être actrice. Beaucoup entendu parler de moi ? Je ne peux pas en dire autant « Vraiment ? En bien j’espère ? » plaisanté-je en adressant un regard à la blonde. Elle se présente officiellement, assois son statut d’agent mais surtout de compagne de la productrice depuis sept ans. On en apprend tous les jours. « Ah c’est vous. » dis-je sur un ton enjoué, ne manquant pas de glisser un regard vers Eden, elle sait que je joue la comédie étant donné qu’elle ne m’a absolument jamais parlé de cette Cora. Ah si ! Quand j’ai choisi mon agent je crois qu’elle était dans la liste, je comprends mieux pourquoi elle m’a dit qu’elle était beaucoup trop occupée… Moment gênant numéro un, ou deux si on compte le simple fait de me trouver là comme étant gênant, la brune s’adresse directement à Eden pour faire une remarque me concernant, comme si je n’étais pas là. Ok, je prends la fuite comment ? J’essaie d’y réfléchir mais elle revient à la charge, je hoche la tête avec un nouveau sourire « Oui, en effet. » putain mais qu’est-ce que je fous là ? Je ne sais pas si elle sait ce qu’il y a eu entre Eden et moi, en toute honnêteté je me sens comme une conne et je déteste ça. « C’est vrai, j’ai compris rapidement que c’est plutôt rare quelqu’un qui se soucis autant du respect des actrices et plus généralement de ses employés. Mais ça demande une certaine fermeté, j’imagine. » cette fois j’adresse un léger sourire à directement à la concernée cependant croiser son regard dans cette situation est comme prendre un coup de poignard dans le cœur. Je ne laisse rien paraître, ça n’en est pas moins douloureux. C’est fou comme Eden est plus bavarde à mon sujet qu’à celui de sa compagne… « Non effectivement, une autre actrice a dû annuler sa venue, on m’a demandé de venir à sa place. J’ai atterri à New York il y a deux heures à peine. » je vais finir par avoir mal à force de sourire comme ça, c’est pas franchement naturel « J’espère que le film vous plaira en tout cas. Je suis presque étonnée que vous ne l’ayez pas encore vu. » elle est agent, LA compagne de la productrice, ça aurait dû suffire « Mais vous êtes très occupée c’est vrai. C’est ce que Ms Lewis m’a dit quand j’hésitais à vous solliciter lorsque je cherchais un agent. » petit regard vers la blonde, elle s’est bien payée ma tête.

Je n’ai pas caché à Cora ma liaison avec Rayan. Mais évidemment, elle n’est pas au courant que j’ai eu aussi des sentiments pour elle, et encore moins que ces sentiments sont encore présents. De l’autre côté, Rayan elle, n’était pas au courant que j’avais quelqu’un dans ma vie. Cora se lance à corps perdu dans cet échange, l’inverse aurait été étonnant. Elle dit avoir beaucoup entendu parler de Rayan. Super. Et voilà qu’elle se présente avec plus de précision, donnant le chiffre fatidique, celui qui noue lie. Sept ans. Rayan acquiesce, je vois dans son regard qu’elle est mal à l’aise, comment ne pas l’être. « Ah c’est vous. » dit-elle en tentant de masquer tout ce qu’elle voudrait masquer. Mais je la connais mieux qu’elle l’imagine, et si Cora n’y voit que du feu, moi je sais qu’elle est blessée, et ça me fait mal de le sentir. « Tu m’avais cachée qu’elle était sublime amore ! » J’esquisse un léger sourire mal à l’aise. Je déteste cette situation. Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même après tout. Cora est joueuse, elle l’a toujours été, et là d’autant plus qu’elle peut montrer l’étendue de ses talents. « C’est vrai, j’ai compris rapidement que c’est plutôt rare quelqu’un qui se soucis autant du respect des actrices et plus généralement de ses employés. Mais ça demande une certaine fermeté, j’imagine. » Je n’ai même pas envie de prendre part à cette conversation qui pourtant me concerne. Je reçois le sourire de la brune en face de moi et tente un juste retour mais je n’y parviens qu’à moitié. De ce demi-sourire je lui montre seulement que je suis désolée, même si je sais que ça ne suffira pas. Cora en rajoute une couche, expliquant que je venais de lui dire ma surprise quant à la présence de l’actrice. De mieux en mieux. Rayan se justifie, ça me fait mal qu’elle ait besoin d’en arriver là. « J’espère que le film vous plaira en tout cas. Je suis presque étonnée que vous ne l’ayez pas encore vu. » Allez, c’est reparti dans le sens inverse. J’ai envie de trouver un trou de souris pour m’y terrer quelques semaines. « Mais vous êtes très occupée c’est vrai. C’est ce que Ms Lewis m’a dit quand j’hésitais à vous solliciter lorsque je cherchais un agent. » Voilà le vrai début des emmerdes. Quand j’avais commencé à parler de Rayan à Cora, elle m’avait proposé d’être son agent, parce que si j’y croyais, elle y croirait aussi. Et j’ai fait en sorte qu’elles ne se rencontrent pas, égoïstement, parce qu’au fond j’avais seulement envie de vivre ce que j’avais à vivre avec Rayan. Je tente un demi-sourire en regardant Cora. « C’est vrai, tu avais déjà beaucoup de projets, et j’avais de quoi aider un peu Rayan le temps que sa carrière décolle. » Je sais pas ce que je vous encore ici. Il est rare que je me sente aussi mal à l’aise au milieu d’une conversation. « Mais maintenant tu peux choisir l’agent qui te conviendra le mieux. » Cette fois c’est à Rayan que je m’adresse, j’espère seulement qu’elle ne me fera pas, ou qu’elles ne me feront pas, l’affront de travailler ensemble…

Elle a le sourire en me prenant la main. En tout cas, je trouve qu’elle cache bien le fait qu’elle s’est envoyée en l’air avec ma compagne. Elle est douée pour jouer à la comédie, ça c’est sûr. « Oh oui, ne vous en faites pas. Rien en tout cas qui laisse présager que vous soyez une mauvaise comédienne. » je continue un peu sur ma lancée. Ça m’amuse beaucoup tout ça, c’est vrai. Je me présente. Marque bien mon territoire. Alors que je jette un coup d’œil à Eden qui semble me laisser prendre la main. Parfait. En même temps, j’adore ça. Je souris d’autant plus lorsque Rayan semble me connaître. Eden a du parler de moi, j’en suis sûre, ma confiance envers elle est comme une citadelle imprenable. Personne ne peut la détruire, à part Eden elle-même, c’est vrai. Mais bon, c’est fini tout ça, les doutes que j’avais eu il y a deux ans de ça sont passés. Alors oui, j’ai une confiance aveugle en ma compagne. On continue à échanger et je prends plaisir à être là devant cette femme qui a partagé un moment qui doit être inoubliable pour elle aux bras de ma compagne. Elles le pensent toutes, j’en suis sûre, qu’elles soient si spéciales à ses yeux. Je la connais par cœur, je suis exactement comme Eden. Mais bon Rayan sourit toujours. Me répondant avec aisance. « Hm oui, Eden sait très bien gérer ses employé.e.s. Ce n’est pas comme si elle en avait pas l’habitude. » mes phrases sont toujours ponctuées de subtilités. Quoi que si Eden n’avait pas couché avec Rayan, j’aurai répondu de la même manière. Parce que c’est la vérité en même temps vu ses antécédents professionnels. Je me sens comme un poisson dans l’eau. La gêne ne fait pas partie de mes émotions à cet instant précis. Je ne manque pas de lui souligner qu’on a discuté sur sa présence avant de la rencontrer. Qu’on l’a remarquée bien comme il fallait. Je suis honnête et je ne vois pas pourquoi j’aurai caché cette information là. Je me laisse souvent guider par mes envies et c’est vrai que là, je suis très joueuse. Et non, je ne me dis pas du tout que ça pourrait gêner qui que ce soit d’ailleurs. C’est clair et limpide dans mon esprit. Je ne suis pas prête à me retirer du jeu. Rayan se justifie avant de m’envoyer en pleine face le fait qu’elle soit étonnée que je n’ai pas vu le film bien avant. Je tique légèrement. C’est vrai ça d’ailleurs. « Mais vous êtes très occupée c’est vrai. C’est ce que Ms Lewis m’a dit quand j’hésitais à vous solliciter lorsque je cherchais un agent. » je pose mon regard sur Eden, je me souviens parfaitement que je lui avais proposé d’être l’agent de Rayan. Et maintenant j’entends que cette dernière m’a sollicitée et que Eden ne m’en a pas touché un seul mot. « C’est vrai, tu avais déjà beaucoup de projets, et j’avais de quoi aider un peu Rayan le temps que sa carrière décolle. » mes pupilles observent minutieusement le comportement de ma compagne. Elle a l’air… moins sûre d’elle tout d’un coup. « Mais maintenant tu peux choisir l’agent qui te conviendra le mieux. » je suis encore dans mes pensées, en observant ma compagne. C’est vrai que ces temps-ci j’étais pas mal occupée mais bon elle aurait pu me dire que Rayan a pensé à moi ! Je reporte assez rapidement mon attention sur l’actrice montante. « Et bien pourquoi pas ? J’ai proposé d’être votre agent à Eden la première fois qu’elle m’a parlée de vous. » je n'ai pas oublié, je rappelle juste à Eden que cette proposition n'est pas tombée dans les oubliettes. Et oui, pourquoi pas ? Il n’y a rien de toute façon entre elles. Rien de plus qu’une histoire de fesses, juste une fois. Même si je comprends pas qu’elle ne m’ait pas tout dit non plus sur Rayan. Franchement pourquoi elle m’a cachée le fait que son actrice voulait peut-être que je sois son agent ? Je ne comprends vraiment pas. « Maintenant que je suis revenue de voyage, je suis totalement disposée à vous décrocher les meilleures contrats sur le sol Hollywoodien. Je suis la meilleure pour ça. Eden le sait très bien que je ne peux être que du pain béni pour vous. » je tourne cette fois-ci mes pupilles d’un noir profond dans le regard de ma compagne « N’est-ce pas amore ? » je ne me venge pas et quand ça parle de boulot, je suis très sérieuse. La carrière naissante de Rayan peut prendre encore plus de l’ampleur si j’étais à ses côtés pour la propulser, Eden le sait très bien. Enfin je joue peut-être trop près du feu en proposant ça. Mais bon, je ne vois pas le mal, ça va, elles ont juste couché une fois. La mince affaire, Rayan n’est pas la seule à avoir couché avec sa productrice. A Hollywood, ce genre de choses arrive. Mais ce n’est pas une histoire importante, alors je ferai sans problème la part des choses.

Je me serais volontiers passée de cette conversation, même si elle m’a permis une découverte intéressante sur la vie d’Eden. Je me sens stupide, tout le monde est au courant, sauf moi… Mais après tout, avec le numéro qu’elle m’a joué et les conquêtes qu’elle semble avoir eu, je ne lui ai pas imaginé un vie de couple. Pourtant ça fait sept ans que cette brune au tempérament affirmé et à la langue bien pendue partage sa vie. Je fais bonne figure, ne cessant de me dire que cette femme sait ce qu’il s’est passé avec la productrice pour me raviser l’instant d’après. C’est inconfortable et j’ai hâte de pouvoir couper cours à cette discussion. Je ne suis pas la seule si j’en crois l’attitude peu à l’aise d’Eden, et si je la connais assez pour le déceler, je pense que sa compagne aussi. Je ne peux pas me prétendre indifférente face à cette situation, j’ai la nette impression que l’on s’est payé ma tête et je déteste ça. Subtilement, je glisse quelques piques déguisées, sème des petites graines de potentielles discordes entre la productrice et sa sangsue. Ainsi avec l’air innocent, je m’étonne que Cora n’ai pas déjà vu le film, mettant ça sur le compte de son planning surchargé, raison même pour laquelle Eden m’a dissuadé de solliciter ses services en tant qu’agent. La blonde perçoit la petite attaque, se rattrape comme elle peut auprès de sa compagne, laquelle semble croire à cette excuse. Puis elle s’adresse à moi me renvoyant la balle pour sauver sa peau. Je peux toujours choisir de travailler avec Cora désormais. Mon regard trahit sans doute mon amertume. Sérieusement ? Elle joue cette carte là ? La brune en rajoute une couche, visiblement enthousiaste. Elle se vend à moi, se vante même d’être un des meilleures. Grand bien lui fasse, mais il est hors de question que je tombe là dedans. « Je ne doute pas de vos compétences, votre réputation n’est plus à faire. » je marque un petit blanc et poursuis « Mais j’ai trouvé un agent, nous nous entendons bien et même si elle est sans doute moins expérimenté que vous, c’est quelqu’un de très professionnel et doué. » mon regard passe de Cora à Eden alternativement « Et je suis quelqu’un de loyal. ». Je perçois du mouvement, je saisis l’opportunité dans faire mon issue de secours « Je pense qu’il est tant d’aller dans la salle pour la projection. Ravie de vous avoir rencontré Cora. » j’adresse un sourire poli à la brune avant de gratifier Eden d’un petit signe de tête « Ms. Lewis. » je tourne les talons et me faufile dans l’espace créé, j’avance un peu dans la foule, mon cœur bat beaucoup trop vite. Quelle merde ! Durant la projection j’ai la tête ailleurs, mes yeux rivés sur l’écran regardent pourtant dans le vide. Je fais un effort durant la conférence de presse afin de tenir au mieux mon rôle de remplaçante ce soir. Après une brève apparition au cocktail, je rejoins ma chambre à l’hôtel. Je suis exténuée, je prends un bain chaud pour me détendre, j’en ai bien besoin. Malgré la fatigue je peine à trouver le sommeil, heureusement la télévision est mon alliée.