que les choses sérieuses commencent [rayden #8]

Je ne céderai pas, j’ai déjà trop joué, dépassant largement les limites que je m’étais fixées. Ma volonté a fondu comme neige au soleil face au charme d’Eden, à la force de cette attirance qui nous pousse l’une vers l’autre. Mes interrogations ne se sont pas effacées, je suis encore perturbée par ce que je ressens à l’égard de la productrice mais la différence est que je l’accepte, aussi effrayant que cela puisse l’être de me lancer ainsi dans l’inconnu. Et si dans le passé je m’étais sentie honteuse de cette attirance pour une autre jeune femme, aujourd’hui les choses ne sont plus les mêmes. Au contact de la quadra je me sens portée par une force inconnue et surtout je ne me sens pas jugée. Au contraire, Eden est un peu l’avocate du diable, elle n’a cessé de me tenter et la seule fois où elle a pris drastiquement de la distance avec moi je l’ai mal vécu. Je ne peux affronter sa personnalité glaciale, pas en sachant désormais ce qu’abrite cette façade. Elle est là sa plus grande réussite, me donner envie de voir plus loin, en laissant libre cours à ce désir trop longtemps enfoui dans mon être. Si cette fois je ne prends pas l’initiative de l’embrasser, je ne mets néanmoins aucune barrière. L’attente devient grisante et quand enfin ses lèvres rencontrent les miennes c’est un peu comme une délivrance. Ma mains se glisse sur sa nuque, l’autre au creux de ses reins et je réponds sans retenue à ce baiser tant désiré. Je sens ses mains parcourir mon corps dans une hâte trahissant son envie. Je suis plus tempérée, mes gestes mesurés et pourtant je sens une vague de chaleur irradier dans ton mon corps. Mon souffle se coupe légèrement en sentant ses doigts courir à même ma peau. La sensation est plaisante,  mais je sais qu’elle n’est pas vouée à durer. « Probablement pas, non… » dis-je dans un souffle en fermant les yeux, savourant le contact de ses lèvres dans mon cou, lui facilitant l’accès en penchant la tête. Qu’est-ce que tu fais Rayan ? Nous n’avons pas assez de temps. Les relations entre femmes sont une nouveauté pour moi, mais certains codes restent les mêmes quelque soit le sexe des protagonistes. Je sais à quoi elle fait allusion, je sens son désir au travers chacun de ses gestes, la chaleur de son corps et ses baisers fiévreux. « C’est pour ça qu’il vaudrait mieux arrêter. » je me mords les lèvres, je n’en ai pas envie, mais il le faut. Eden se décide finalement à se redresser et je lui souris « Tu as décidément le chic pour me faire replonger à l’adolescence. » je ris légèrement « L’interdit a quelque chose d’excitant. Mais il faut savoir être raisonnable… » dis-je en venant récupérer sa main qui errait encore sous mes vêtements. « Tu mets combien de temps à redevenir la reine des glaces ? » je me redresse et me lève, réajustant ma tenue, puis remettant un peu d’ordre à mes cheveux « Ça va être difficile de me concentrer sur l’interview après ça… » dis-je en lui adressant un regard complice. Surtout ne pas penser à l’embrasser à nouveau.

C’est un réel plaisir que de ne sentir aucune réticence de la part de Rayan. Elle se laisse faire, me laisse faire. Le démon du désir frappe à ma porte et j’ai la sensation qu’il a également frappé à la sienne. Mais le temps nous manque, je le sais. L’attirance a été plus forte et je n’ai pas résisté à fondre sur elle, mais je savais déjà d’avance que ça s’arrêterait là. Un baiser prolongé, une envie non dissimulée, mais c’est tout. Fait chier. « C’est pour ça qu’il vaudrait mieux arrêter. » Je grogne en mordant sa lèvre inférieure alors que je la sens se redresser un peu, me poussant à faire pareil. J’ai pas envie, mais je m’y résous, parce que je n’ai pas d’autre choix. Je ne réprime pas pour autant un soupir tout en retrouvant ma position assise. « Tu as décidément le chic pour me faire replonger à l’adolescence. L’interdit a quelque chose d’excitant. Mais il faut savoir être raisonnable… » Je lève les yeux au ciel d’un air faussement indigné. « Pitié. La raison c’est pour les faibles. » Et d’un côté c’est pas totalement faux. C’est une manière de penser comme une autre. « Tu mets combien de temps à redevenir la reine des glaces ? » J’arque un sourcil en la regardant se relever pour remettre ses vêtements en place. « Ça va être difficile de me concentrer sur l’interview après ça… » Je souris et me lève à mon tour, lissant les plis de mon pantalon à l’aide de mes mains. « Je suis sûre que tu sauras être professionnelle. » Je louche sur sa bouche et remarque que je lui ai un peu mis du rouge à lèvres sur le côté. « Viens là. » Je l’attire à moi, planquant à nouveau mes lèvres sur les siennes dans un baiser plus simple que ceux qui l’ont précédé. Une fois ma bouche éloignée de la sienne, je fais glisser mon pouce sur cette dernière pour retirer le rouge que j’ai pu laisser trainer. « Si tu sors comme ça, c’est clair qu’on pourra plus faire semblant. » Je lui adresse un sourire et laisse traîner sur elle mon regard gourmand, de haut en bas. « Tu es parfaite. Ça va bien se passer. »[/color] Je glisse ma main dans son dos pour la faire passer devant moi et nous quittons mon bureau alors que je reprends instantanément mes grands airs, droite comme un i, le pas assuré et le regard froid. Nous rejoignons la salle d’interview, le journaliste ne tarde pas à arriver et Rayan s’en sort à merveille. Je n’ai même pas besoin d’intervenir, je reste en retrait dans un angle où je sais que Rayan ne pourra pas me voir, pour ne pas la déstabiliser. Une fois l’interview terminée je raccompagne le journaliste à la porte et, laissant cette dernière ouverte pour être sûre de ne pas être tentée de sauter sur l’actrice, je m’approche d’elle. D’une voix plus basse je m’adresse à elle pour être sûre que personne ne nous entende. « Tu as été très bien. Félicitations. Je dois retourner bosser, j’ai pris du retard avec nos bêtises. » Je lui offre un sourire complice et reprends. « Le tournage commence dans moins d’une semaine. Loin de moi l’envie de te mettre la pression… mais du coup je te laisse te concentrer. On essaiera de se voir plus tard. Travaille bien. » Dernier sourire, je tends ma main pour la serrer légèrement sur l’avant-bras de Rayan dans un geste tendre et affectif, avant de sortir et la saluer avec plus de froideur, dans mon rôle.