let's check that ! | sola

« Alleeeez Soso ! Ce n’est rien une échographie ! Juste pour checker que tout va bien pour le bébé. » Nala la regarda, dans ses yeux on pouvait voir toute la détermination qu’elle faisait preuve pour que Solène fasse cette foutue écho’. « Ce n’est pas la mort tu sais. » elle prit le bras de son amie, la guidant en dehors de la salle commune où elles étaient seules pour l’instant. Parce que c’était sûr que Nala n’allait jamais dire ça haut et fort s’il y avait des collègues à côté. Bras dessus, bras dessous, elle la fit sortir de la salle, commençant à marcher vers l’ascenseur de l’hôpital. « De toute façon, tu sais très bien que je ne lâcherai pas l’affaire. » Elle sourit en la regardant. Oui, Solène savait que Nala n’allait pas la laisser tranquille comme ça. Elles se retrouvèrent devant l’ascenseur, Nala appuya sur le bouton. Direction le service pédiatrique. « Et c’est moi qui te ferai cette écho’ donc tu n’as rien à craindre que ça s’ébruite ! Il n’y a que moi qui le sais que tu es enceinte. Je ne vois pas où est le problème, vraiment. » Elle l’avait senti quand même que Solène ne voulait peut-être pas garder cet enfant qui était en train de grandir en elle. Cependant, Nala allait essayer de lui en dissuader… Même si bon, cet enfant était le fruit de sa relation passée avec ce chirurgien marié ou pas d’ailleurs, elle ne savait pas trop. Pour elle, c’était un enfoiré. Dr. Enfoiré ou Dr. Tue-l’amour. Les surnoms qu’elle aimait lui donner en tout cas. Du coup, elle comprenait quand même un peu pourquoi son amie était réticente. Mais bon… c’était un bébé. Et les bébés pour Nala, ils étaient sacrés. Ce n’était pas pour rien qu’elle était spécialisée dans la chirurgie fœtale. C’était grâce à l’amour de sa mère qu’elle s’était dirigée vers la chirurgie pédiatrique d’ailleurs. Elle aussi, elle voulait que les enfants connaissent le bonheur comme elle, malgré qu’elle ne connaisse pas son père biologique. Elle voulait tous les sauver même si le fantôme de cet adolescent qu’elle avait perdu sur la table il y a un an de ça, prénommé Dan, était toujours dans ses pensées. Heureusement que Médusa aka Dr. Hill, sa titulaire, l’avait tout de même requinqué après cette épreuve. Ça lui avait permis de redoubler d’efforts dans son travail. Alors oui, elle voulait peut-être sauver ce bébé qui était là dans le ventre de son amie.

Ce matin devant mon miroir je me suis longuement arrêtée. Ce matin je me suis détaillée. Ce matin j'ai pris conscience que ma grossesse commence à se voir. Mon ventre commence doucement à s'arrondir et j'avoue que ça me fait paniquer. Je n'ai toujours pas pris de décision quant à... la suite des événements. J'ai peur. Peur de le garder, peur de l'abandonner. Je ne sais pas quoi faire, je suis complètement paumée. Comment j'ai pu être aussi inconsciente ? Comment j'ai pu me mettre dans cette situation ? Je le mérite après tout. Je suis sortie avec un homme marié, je suis tombée amoureuse d'un homme mariée, je croyais pouvoir vivre une histoire avec lui... Ce que j'ai pu être stupide ! En attendant ce... je suis enceinte, et il va bien falloir que je prennes une décision. Parce qu'il ne reste plus beaucoup de temps avant qu'il ne soit trop tard. A l'hôpital, Nala me pousse à la garder, même si elle ne le dit pas vraiment, je le sais bien. D'ailleurs elle insiste pour que je fasse une échographie. "Non je sais que c'est pas la mort mais... tu ne comprends pas, je..." Je ne veux pas que ce soit réel. Je veux me réveiller en me rendant compte que tout ça n'était qu'un terrible cauchemar. Je la laisse m'entraîner dans l'ascenseur, de toute façon il faut que je rejoigne mon service. Et puis c'est surtout qu'elle ne lâchera pas l'affaire, je la connais depuis assez longtemps pour le savoir. "Et si quelqu'un l'apprends ? Je ne peux pas..." Je lève les yeux alors qu'elle me coupe encore une fois la parole. D'un côté ça m'énerve, mais je ne peux pas m'empêcher de sourire. "T'as toujours réponse à tout hein ?" je réplique avec une moue boudeuse. Je me laisse une nouvelle fois entraîner, je réfléchis. De toute façon pour avorter il me faut une échographie... Il va falloir que je passe par là dans tous les cas, que je le garde ou non. "J'ai peur Nala." je lui dis, quand on est de nouveau seules où personne ne peut nous entendre, où personne ne peut nous surprendre et connaître mon secret. "J'ai... je ne sais pas ce qu'il faut que je fasse. Je ne sais pas si... Comment je pourrais élever cet enfant ? L'enfant d'un homme marié ! Je... je ne peux pas... Je..." Et je craque... Je n'arrête pas ces derniers temps, je pleure sans arrêt. Et le pire c'est que ça m'énerve, et plus je suis énervée, plus je pleure. Un véritable cercle vicieux. "Foutues hormones..." je marmonne entre deux sanglots.

Elle voulait être là pour son amie. La soutenir dans tout les cas et dans toute les décisions qu’elle allait prendre. Même si Solène ne voulait pas garder l’enfant. Nala le savait très bien qu’elle ne voulait pas le garder. Et pourtant, elle essayait tout de même de l’aiguiller sur un autre chemin. Celui de pouvoir porter cet enfant jusqu’à son terme et peut-être de devenir maman. Pour elle c’était tellement beau. Elle l’enviait, même si elle-même, elle n’était pas prête encore à avoir cette responsabilité là vu l’instabilité qu’elle faisait preuve dans la vie de tout les jours. Peut-être lorsqu’elle sera titularisée, elle s’y penchera plus. Enfin bon, ce n’était pas encore le cas dans le présent. Il faudrait peut-être déjà qu’elle se pose avant et rien que de penser à cette idée là… En fait, non. Elle n’était vraiment pas prête pour tout ça pour l’instant. Solène, elle, avait peur. Cela se voyait dans son regard et puis elle fondit en larme dans l’ascenseur. « Oh mais Soso... » elle la prit dans ses bras. Nala était plutôt tactile comme fille. Elle la regarda en essuyant ses larmes qui coulaient à flot sur ses joues et sourit quelque peu. « Ouais les hormones c’est la merde je sais. Mais bon si tu ne veux pas que tout le monde le sache, il faut se contrôler un peu ma chérie. » elle le disait pour elle parce que Nala le savait très bien que Solène n’avait vraiment pas envie que tout l’hôpital le sache. « Écoutes, je sais que tu es perdue pour l’instant et que Dr. Fourre-là-et-puis-tant-pis-si-toi-tu-en-pâtis n’est pas l’homme que tu pensais mais il n’a rien fait ce bébé tu sais, il n’y est pour rien… » ouais à chaque fois Nala aimait bien lui donner des surnoms juste pour le mettre plus bas que terre ce Dr. Enfoiré ! Elle souffla « Tu sais quoi, on va juste faire une écho, juste pour voir si tout va bien. Tu n’es pas obligée de prendre ta décision maintenant et quoi que tu décides je suis là Soso. » elle lui fit un sourire rassurant tandis que l’ascenseur s’arrêta, pas à leur étage, faisant entrer un docteur et un infirmier du service cardio et qui regardaient un peu Solène. Nala leur jeta un regard réprobateur. « Quoi ? Vous n’avez pas vos menstruations vous, vous ne pouvez pas comprendre ! » lança-t-elle à leur attention, ce qui les gêna quelque peu et puis décidèrent de sortir pour prendre l’ascenseur d’à côté tout compte fait. Une fois que les portes se fermèrent, Nala rit légèrement. « Désolée, je ne pouvais pas m’en empêcher et puis faut bien te couvrir. » elle lui fit un clin d’œil et lui fit un bisou sur la joue. « Allez ma chérie, je suis là tu n’as rien à craindre mais faudrait se reprendre, on va arriver dans... » les portes se rouvrirent à nouveau, à leur étage. «… maintenant. » elle prit son bras et l’entraîna en dehors de l’élévateur. Elle fit des sourires aux différentes personnes qui étaient dans le service, essayant de couvrir Solène dont les hormones lui jouaient des tours.

Je n'arrive pas à croire que je pleure là. C'est ridicule. Je me sens ridicule. Foutues hormones vraiment... Certes j'ai toujours été quelqu'un de romantique et de sensible, quelqu'un de très empathique, qui compatie et tout... mais ce n'est absolument rien en comparaison de ça. Un déversement d'hormones, une sorte de tsunami. Je me suis occupée de pas mal de femmes enceintes dans ma carrière, j'ai étudié ça à l'école aussi, le système reproductif et les étapes d'une grossesse etc, mais ce n'est que maintenant que je comprends réellement tout ce que ça implique. Tout ce qu'on ne nous dit pas, qu'on ne nous apprends pas. Et putain je n'en suis même pas encore au troisième mois. Enfin... semaine 12, on est vraiiiment pas loin. Je prends sur moi, j'essaie d'écouter Nala et de me calmer, ce que je fais, presque. J'essuie mes larmes et j'essaie de respirer profondément. "Justement il n'a rien fait cet enfant, il n'y est pour rien dans ces histoires de merde dans lesquelles je me suis fourrée ! Est-ce que tu crois vraiment que ce serait mieux que cet enfant naisse pour se retrouver avec une mère célibataire, un père marié à une autre femme, un père qui ne sera probablement pas là pour lui d'ailleurs... Est-ce que je peux vraiment le mettre au monde dans ces conditions ? L'élever seule ? Et je lui dirais quoi quand il me demandera qui est son père ? Que j'étais la maîtresse d'un homme marié et qu'il est le résultat d'un simple oubli de contraception ?" Je sais bien que Nala ne cherche qu'à m'aider, j'en suis consciente, elle me le montre encore en tentant de me rassurer et en me répétant que je n'ai pas à prendre de décision dans la minute. Même si bon, soyons lucides je n'ai pas franchement beaucoup de temps devant moi. Mais y a des fois comme ça où j'ai l'impression qu'elle ne me comprends pas, qu'elle ne voit pas les conséquences que cette naissance pourrait avoir, pas seulement sur moi, ni sur "Dr Enfoiré" comme elle aime à l'appeler, mais aussi sur ce bébé... Parfois j'ai l'impression qu'elle croit que j'ai déjà fait mon choix et que je veux interrompre la grossesse. Mais la vérité c'est que je suis complètement paumée. Parce que jamais de ma vie je n'aurais pensé devoir recourir à une IVG, jamais je n'aurais imaginer ne serait-ce qu'y penser. Et j'ai toujours voulu fonder une famille. J'aime les enfants, j'en veux, et... Rah toute cette situation est si compliquée...

Les portes s'ouvrent et des médecins entrent dans l'ascenseur. Nala les remballe de telle façon qu'ils prennent presque leurs jambes à leur cou. Au moins ça aura réussi à me faire oublier mes larmes, et même à me tirer un petit sourire. "Ok, c'est parti, entrons dans l'arène!" Et je me laisse entraîner par Nala dans les couloirs de l'étage. De toute façon j'ai bien compris que je n'ai pas le choix sur ce coup là. C'est qu'elle est féroce la Nala... mais en même temps c'est pour ça qu'on s'entends bien, on fait la paire toutes les deux. On finit par s'engouffrer dans une des salles d'examen. C'est tellement étrange de me retrouver ici, dans une salle d'examen, en tant que patiente... Bon, c'est vrai, on peut pas dire que j'y sois souvent allée même dans le cadre de mon boulot. Faut dire que c'est pas franchement mon job de faire des échographies, et même, c'est pas mon service à la base. Bref, tout est nouveau pour moi ici, et ça ne fait que décupler ma peur. Je n'ai pas peur d'avoir mal ou une idiotie du genre, certainement pas. Je redoutes simplement le moment où... où j'entendrais son cœur battre. Comment pourrais-je interrompre ma grossesse après avoir entendu son cœur battre ? Et puis quand je l'aurais vu sur le moniteur tout deviendra réel. Il sera là, vraiment. Je ne pourrais plus me rassurer en me disant que c'était peut-être un faux positif, que tous les symptômes de grossesse ne sont que psycho-somatiques, ou que je fais une grossesse nerveuse... "Je.. ça devient beaucoup trop réel d'un coup là... je... c'est... bon sang." J'essaie de me calmer, mais je sens la panique arriver. Je prends de profondes inspirations, j'inspire, j'expire. Je ferme les yeux comme pour occulter tout ça mais au fond je sais que je vais devoir y passer. Dans tous les cas il va falloir que je fasse une échographie. "Bon allez fais ça vite avant que je change d'avis." je lance finalement en m'allongeant et relevant mon haut. De toute façon quand il faut il faut... et puis, peut-être que je m'en fais pour rien après tout! Tout se passera bien.

C’était vrai que Nala ne voyait pas du tout de mal à ce que cet enfant naisse. Même si son géniteur était un bel salopard, aimant coloniser les jupes des femmes alors qu’il avait lui-même la corde au cou. Mais ce n’était pas bien grave pour elle, si Solène était là pour l’enfant, ce dernier serait le plus heureux du monde. Elle l’avait bien été avec sa mère même si elle ne connaissait pas son père biologique. Pourtant sa mère lui avait dit la vérité dès son plus jeune âge et ça ne l’avait pas trop atteint. Du moins, elle ne s’en rendait pas compte – cette peur de l’engagement n’était pas là pour rien - . La franchise de sa mère sur son géniteur lui avait permise de bien vivre la chose. D’ailleurs, de bien vivre sans présence masculin à la maison. C’était pour ça qu’elle lui disait tout ça sur le bébé mais il semblerait que son amie ne voit pas le sens de ses propos. Parfois elles ne pouvaient pas être d’accord sur tout. Et puis dans la tête de Nala, tout ça pouvait être surmonté si Solène prodiguait l’amour qu’il fallait à cet enfant.  Elle la voyait forte. Nala sentait qu’elle pouvait le faire. Mais bon Solène semblerait voir que le négatif dans tout ça. Bon en même temps, si Nala se retrouvait dans sa situation, elle ne savait pas trop ce qu’elle allait faire… Elle aurait peut-être trucider le géniteur en question de se comporter comme un vrai goujat ! Alors du coup, elle la rassura juste par la présence de sa main qui était sur son épaule. « Ok Soso… souffle un grand coup, il fallait que tu dises tout ça. Et puis oui dit comme ça, il y a de quoi paniquer, j’avoue… » c’était vrai que ce n’était pas très rassurant ses pensées. Elles arrivèrent enfin à l’étage une fois s’être débarrassée de médecins qui étaient entrés dans l’ascenseur un étage plus tôt. Nala l’entraîna dans le couloir, saluant au passage des infirmières par-ci par-là, pour la plupart, elle leur avait déjà montré le dortoir pendant les gardes. Arrivées enfin dans une des salles pour faire l’échographie, Nala sentit son amie son angoisse grandir. Nala l’étreignit machinalement. « T’inquiète pas, je suis là ma Soso, allez calme toi. » lui dit-elle d’une voix basse alors que Solène essaya de reprendre le contrôle de sa respiration. Nala se détacha d’elle, préparant le matériel et regarda la jeune femme enceinte s’allonger sur le siège. « Tu verras tu vas même pas sentir le temps passé ! » lança-t-elle, rigolant légèrement. Il fallait bien essayer de détendre l’atmosphère. Elle lui passa le gel froid sur le ventre qui permettait d’améliorer le contact avec la sonde et commença à la passer dessus. Son regard se fixa sur l’écran vidéo. D’ailleurs sur l’image, on vite très vite l’embryon de douze semaines. De toute façon, sa formation commençait à se concrétiser. « Regarde comment il a l’air paisible. » dit-elle sans réfléchir vraiment à la situation où Solène se trouvait. Enfin si elle savait mais Nala était du genre à ne pas trop avoir de filtres parfois. Avec son autre main elle lui montra la ligne cardiaque du cœur du bébé. « Il se porte bien, ses organes vitaux commencent à bien se former. » c’était plutôt positif. Elle tourna son attention sur son amie, voulant observer ses réactions. « Je sais que tu as peur, que tu penses au bébé aussi mais je suis sûre que tu ferais une maman d'enfer ! » lui dit-elle, souriant légèrement. « Mais bon c'est ta décision hein, je serai là pour te soutenir tu sais. »

Il était temps d'y passer. L'échographie. Cette étape obligatoire pour toute femme enceinte. J'avais repoussé le moment encore et encore. Mais voilà, je devais bien me rendre à l'évidence. J'en arrivais à la fin du premier trimestre. A la limite de la première échographie de contrôle. A la limite de la décision qui me taraudait depuis que j'avais vu ces deux petites bandes bleues sur ce test de grossesse. J'y étais. Je ne pouvais plus reculer. Je réprimais un petit frisson alors que Nala étalait le gel froid sur mon ventre qui avait déjà commencé à s'arrondir - bien que c'était encore très léger. Je sentais la sonde passer sur mon ventre, alors que je gardais les yeux rivés sur le mur, prenant garde de ne pas jeter un coup d’œil en direction du moniteur. Mais malgré toute ma bonne volonté, les mots de Nala me touchaient. Je me surpris à être heureuse de savoir que le bébé se portait bien, que la grossesse semblait suivre normalement son cours et qu'il ne semblait y avoir aucune ombre à l'horizon. J'étais heureuse. Et les mots de Nala étaient rassurants, quelque part ça me donnait de l'espoir. Je ne pus m'empêcher de regarder le moniteur, de voir ce bébé qui commençait à se former doucement, mais plus important encore ses battements de cœur... Sans avoir encore prononcé un mot je tendis la main vers le moniteur pour allumer le son. La pièce fut alors emplie des battements réguliers du bébé. Mon bébé. En tout cas c'est l'impression que j'en avais. Pendant une seconde je n'entendais plus que ça. Alors voilà que je souriais et que je pleurais à la fois. Des larmes de joies, des larmes de détresse, un savant mélange des deux. « Je peux pas... » J'essuyais mes quelques larmes avant de reprendre. « Je ne peux pas m'en débarrasser c'est... Je vais le garder. Je trouverais une solution, je me débrouillerais. » Je n'ai absolument aucune idée de ce que je vais faire, ni de comment. Mais je ne peux pas abandonner ce bébé, pas maintenant que j'ai entendu son cœur battre, pas maintenant que je l'ai vu sur ce petit moniteur. Maintenant c'était parfaitement réel, je vais porter ce bébé et dans quelques mois il pointera le bout de son nez. « Bon sang ça y est c'est... officiel. Bon en fait non vu qu'on est les seules à savoir mais... va falloir que je prévienne mes supérieurs. Mon dieu je... c'est vraiment réel maintenant. »

Nala, elle, elle ne veut que le bien pour son amie. Elle ne veut pas qu'elle regrette ses décisions. C'est le pire de tout, ça. Ne dit-on pas qu'il valait mieux avoir des remords que des regrets ? Parce que regretter, c'est de ressasser toujours et toujours. Et si on avait pris une autre décision ? Et si... ? Ouais, c'est le "et si.." qui est un vrai poison tout compte fait. Parce que Nala le connaît trop bien ce Regret et sa copine Et si. Elle a tendance à se la poser beaucoup cette question là. Depuis la perte de cet adolescent sur la table il y a un an de ça. "Et si j'avais fait autrement ? Peut-être qu'il serait là en train de vivre sa vie de lycéen et pas six pieds sous terre..." ce genre de truc qu'elle ressasse dans son esprit. En plus de ça, c'est mélangé avec ses remords, sa culpabilité de ne pas avoir pu faire quoi que ce soit pour éviter ça. Heureusement qu'elle montre souvent ce côté jovial et rassurant de sa personnalité. Même si ça lui trotte l'esprit tout les jours tout de même. Alors oui, elle fait tout pour que son amie prenne la bonne décision. Évidemment qu'elle aimerait que Solène garde l'enfant. C'est pour elle la solution la plus évidente et elle n'hésite pas à l'aiguiller vers cette voie là tout en n'oubliant pas que l'infirmière peut très bien prendre un autre chemin et tout abandonner, laissant tomber les bras. Si Solène choisit cette route là, elle serait déçue, certes, mais elle la soutiendra. Toujours. Le battement de cœur du fœtus englobe totalement la salle d’échographie et un sourire apparaît sur ses lèvres tout en regardant Solène qui est émue même s'il y a toujours ce côté angoissé qui se lit dans ses pupilles. Lorsque cette dernière dit qu'elle ne peut pas abandonner cet enfant qui est en train de grandir en elle, Nala ne peut s'empêcher d'agrandir son sourire, le rendant rayonnant de bonheur. Elle enlace avec entrain son amie. « OH MON DIEU !!!! Je suis si contente Soso !!! » elle se détache légèrement d'elle avant de reprendre la parole « Et puis t'inquiète pas tu ne seras pas seule hein ! Si tu as besoin de quoi que soit je suis là ! Et puis ma mère fera une bonne baby sitter si jamais tu veux le faire garder ou quoi, je te promets, elle adore les gosses ! » Solène sait comment est la mère de Nala. Elle n'est pas comme les autres mères, certes, elle est tirée tout droit du film Bad Moms mais bon... Elle n'est pas dangereuse non plus et vu comment Nala a évolué dans sa vie, ce n'est pas non plus une diablesse. Elle secoue un peu la tête, émue elle aussi pour le coup par la décision de son amie. « Je suis contente ! Vraiment je suis fière de ta décision tu sais ! » elle la regarde et ose poser la question « Tu vas le dire à Dr. Enfoiré ? »

A cet instant précis non, je ne peux ne serait-ce que penser à avorter. Pas alors que j'entends les petits battements frénétiques d'un cœur en train de se former. Mais c'est peut-être dû aux hormones ? A mes sentiments toujours pas effacés pour "Dr Enfoiré" comme dit Nala ? Au fait que je ne sois peut-être pas très rationnelle ? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Je suis un peu perdue je l'avoue. J'ai toujours voulu fonder une famille, mais alors certainement pas de cette façon ! D'ailleurs c'est certainement pas la meilleure des situations mais bon... Je sais que je m'en sortirais dans tous les cas. Et je sais que je pourrais toujours faire marche arrière si jamais... je ne m'en sens pas capable. Mais pour le moment tout ce que j'entends ce sont ces petits battements réguliers, et je ne crois pas que quoi que ce soit ne m'ai déjà procuré autant de joie de ma vie. Je redescends sur terre quand Nala m'enlace avant de se montrer super excitée de la nouvelle. « Ouh, on en est pas encore là ! Je crois qu'on peut attendre un peu avant de planifier le babysitting. » je réponds en esquissant un faible sourire. Je ne sais pas si je suis gênée, ou si c'est simplement le fait de revenir les pieds sur terre, ou si c'est parce que j'ai pleuré, enfin bref, je ne sais pas trop pourquoi mais je me sens un peu fatiguée, et irritée. Et la phrase suivante de Nala n'arrange rien. Comment ça elle est fière de ma décision ? Franchement je me sens vexée. « J'aime pas quand tu dis ça. C'est comme si tu disais qu'en prenant une autre décision j'aurais été une moins que rien à tes yeux... et puis je peux encore changer d'avis... » Je sais que je prends peut-être les choses un peu à cœur, mais merde à la fin ! Elle n'arrête pas de me prendre la tête avec la grossesse à me sortir des "je respecte ton choix et je te soutiendrais, mais surtout n'avorte pas". Bon ok, pas littéralement, mais c'est pas bien loin. Je sais pas exactement ce qu'il s'est passé dans sa vie - faut dire qu'au final on ne se connait pas non plus si bien que ça, après tout j'me suis barrée pratiquement cinq ans en Bolivie donc bon... Enfin bref, tout ça pour dire que franchement qu'elle projette ses traumatismes ou ses regrets ou je ne sais quoi d'autre sur moi, ça m'énerve au plus haut point. Après c'est peut-être les hormones aussi. J'avoue que j'ai du mal à tout différencier là de suite. « Je sais pas. Il est toujours en Bolivie je crois alors... je suppose que j'y réfléchirais quand la question se posera. » Enfin bon, c'est plutôt une grosse question quand même. Et évidemment qu'il va falloir que je lui dise. Ou pas. Si. De toute façon il va bien finir par rentrer et dans tous les cas, qu'il me voit avec un énorme ventre ou un bébé dans les bras, je pense qu'il est assez intelligent pour comprendre... Bref, je verrais, pas la peine de me rajouter une angoisse de plus pour l'instant.

Elle est tellement excitée par tout ce qui se passait là ! Franchement, elle était super contente qu'elle ait pris cette décision. Enfin, Nala ne tarde pas d'ailleurs à se dire que peut-être elle s'est trop vite emballée par le fait que Solène ait pris la décision de garder l'enfant. Elle hoche la tête. « Ok mais non c'est pas ça du tout Soso ! Si t'avais décidé autre chose, j'aurais été aussi là pour toi sans le sourire peut-être parce que ça ne doit pas être un moment très agréable à vivre ! » bon elle n'a jamais été confrontée à ce genre de décision mais étant donné qu'elle s'est spécialisée dans la chirurgie fœtale, elle a déjà pas mal vu de mères chagrinées par leurs pertes dû à une trop grande maladie incurable ou bien à des fausses couches. Bon ça ne devait être pas pareil pour Solène mais en même temps Nala est du genre à dire tout ce qui lui passait par la tête sans vraiment chercher des fois à filtrer ses dires. Et si ça avait été l'autre décision, non elle n'allait pas afficher un grand sourire et sauter partout de joie, c'est évident dans sa tête. Pourtant, ça ne veut pas dire non plus que Solène l'aurait déçue, loin de là. Enfin, elle sent quand même bien son amie légèrement irritée. Peut-être que c'est les hormones ou bien tout simplement toute cette situation qui doit pas mal lui prendre la tête. Et bien sûr, Nala en rajoute une couche avec Dr. Enfoiré. La réponse de Solène est presque évidente. « T'as raison, tu verras au moment venu ! » elle se lève de son fauteuil, commençant à ranger tout l'attirail pour l’échographie « Et puis bon ce n'est pas comme s'il allait revenir maintenant, depuis le temps qu'il est parti. » sort-elle, toujours sans filtre. Elle finit de ranger et laisse son amie se rhabiller. « Bon allez, je pense qu'il faut qu'on décampe de là avant que quelqu'un ne vienne ! » elle n'avait pas réservé la salle, pour ne pas qu'on lui pose des questions. Elle a juste checké l'heure où elle serait libre. Elle prend son amie par le bras et elles sortent de la salle d’écho, ni vu, ni vu.

FIN