I'm late, i'm late, a very important date. [ft. terri]

Quoi? Mais comment est-ce réellement arrivé? Je viens de donner mon adresse à cette femme que je connais à peine et avec qui j'ai discuter quelques heures sur le net... Ce n'est tellement pas moi ça. Je ne suis pas si désinvolte habituellement. Je ne donne pas ce genre d'information pour un rendez-vous, un premier qui plus est, chez moi! Mais lorsque je vois le statut de connexion de mon interlocuteur passer de "en ligne" à "déconnectée" je comprends qu'elle m'a prise très au sérieux et qu'elle est déjà en route pour venir me retrouver. Ici. Dans mon appartement. Maintenant.

Je réalise l'étrangeté de la chose et je saute de ma chaise de bureau d'un coup. Mon Dieu, mais si elle vient... Je me retourne lentement pour donner une ambiance dramatique, les yeux grands ouverts. Je suis face à mon salon. Le tout est un bordel sans nom. Je me plaque les mains sur les joues et avec une grimace déconfite, je fonce pour commencer à ranger les affaires qui traînent, les verres sales qui s'accumulent, les paquets de bonbons qui sortent de sous le canapé. Puis une fois le rangement terminé, je regarde ma montre et je me rends compte qu'il reste encore grosso-modo vingt minutes. Mais le temps est quelque chose de volage, il s'envole rien qu'en le regardant passer.

Je file à la salle de bain histoire de me rendre un tant soi peu présentable. Je me peigne ma longue crinière brune, je check si mon maquillage tient toujours la route, puis après m'avoir rappliqué un peu de gloss, je file me changer pour enfiler quelque chose de pluuuuus... Seyants. Ce sera une petite robe noire cintrée, des collants par dessous, et bien sûr avant... Je m'assure malgré tout d'avoir des dessous adéquates à ce genre de première rencontre intime. Je remonte ma poitrine face en faisant face au miroir. Et alors que je me trouve correcte, je quitte ma chambre lorsque la sonnette de l'interphone retentit. J'appuie sur le bouton pour lui ouvrir sans même m'assurer de qui cela peut bien être, puis je file en cuisine pour préparer de quoi grignoter et j'ouvre une bouteille de vin blanc. J'espère qu'elle en boit, je ne voudrais pas passer pour une ivrogne en lui proposant un verre dès son arrivée... « Ah tiens, salut. » Dis-je surprise et pourtant pas tant que ça. J'ai laissé la porte ouverte comme précisé dans mon message. La belle -magnifique- est entrée et se trouve maintenant là face à moi, silencieuse. J'ai deux secondes pour l'observer de bas en haut. Elle est encore plus belle que lors de cette soirée...

Ça fait désormais quelques jours que je me suis inscrite sur l’application The Chart, curieuse de voir à quoi ça ressemblait et de voir qui je pourrais y croiser. Un moyen aussi de m’occuper, parce que L.A c’est peut-être grand mais je m’y sens à l’étroit. Oh c’est psychologique je sais, la faute à ce bracelet électronique à ma cheville. Comme ça il passe plutôt inaperçu, heureusement qu’ils ont un peu modernisé les anciens boitiers énormes. C’est juste un traqueur GPS qui m’interdit de sortir de la ville. Le seul moment où je peux l’enlever c’est pendant quinze minutes quand je prends une douche. Même pas possible de prendre un bon bain pendant une heure ! Vous voyez quel enfer je vis ? Une chance que j’ai malgré tout la possibilité de sortir et mener une vie presque normale, c’est déjà assez chiant comme ça de se savoir surveillé à chaque instant. Autant dire qu’il vaut mieux pour moi ne pas aller trainer du côté de South L.A au risque de déclencher des soupçons. Ça impose que je fasse attention à qui je fréquente, alors une application de rencontre n’est peut-être pas le plus indiqué mais je m’en fous, j’ai envie de m’amuser. Mon attention s’arrête sur plusieurs personnes, j’entame des discussions, cependant il y a rapidement l’une d’elle qui sort du lot, et pour cause nous nous sommes déjà vues. Une jolie brune au regard bleu profond, croisée lors d’un gala. Une cible que je m’étais choisie pour la soirée, me mettant au défi d’en savoir plus sur elle et pourquoi pas tenter une approche plus tactile. L’intrigante jeune femme c’était avérée un peu sur la retenue, éveillant un peu plus ma curiosité en me laissant sur ma faim quand elle avait quitté la fête. La voir sur l’application ne peut-être qu’un signe, non ? Un coup de pouce du hasard, pour que je complète mon challenge. La discussion prend une tournure des plus intéressantes et lorsque j’obtiens une invitation à la rejoindre chez elle de la part de mon interlocutrice, je la saisie sans hésitation.
Il me faut un petit peu plus de vingt minutes pour rejoindre l’adresse indiquée par la trentenaire. Je sonne à l’interphone la porte se déverrouille peu de temps après, c’est bon signe elle n’a pas changé d’avis. Je me rends au 2ème étage et la porte de l’appartement 8 est entre-ouverte comme convenu. Je souris et entre sans frapper, refermant derrière moi lorsque je me retourne la propriétaire des lieux apparaît. C’est amusant, elle a l’air surprise. Peut-être croyait-elle que j’allais me défiler ? Je ne peux pas lui en vouloir, elle ne me connaît pas. Un silence s’installe, nous nous observons mutuellement et je souris. Elle est belle dans cette petite robe noire qui met sa silhouette en valeur « Salut. » dis-je à mon tour, mon regard perçant se plantant dans le sien « Tu as pensé que je ne viendrais peut-être pas, je me trompe ? » demandé-je en m’avançant dans la pièce de ma démarche souple et féline « C’est joli chez toi. » dis-je en jetant quelques coups d’œil autour de moi avant de m’arrêter à hauteur de la table basse sur laquelle elle a eu le temps de déposer de quoi grignoter et une bouteille de vin blanc. Je retire ma veste et la dépose sur le dossier du canapé « Très bonne idée le vin. » je m’assoie, attendant qu’elle m’en serve un verre que je récupère en frôlant volontairement la main de mon hôte « A cette soirée ? » dis-je avec une lueur particulière dans le regard, celle de l’envie.

La fille de. Ce doit souvent être comme ça qu'on l'appelle. Elle doit d'ailleurs se sentir réduite à une simple fille de star sans personnalité propre qui n'est que la suiveuse de ses parents. Je n'aimerais pas être à sa place. Sans la connaître, je sais grâce à la presse qu'elle est au cœur de diverses frasques mais je ne m'y fie que peu. On sait que ces feuilles de choux sont bien souvent remplies d'inepties qui ne cherchent qu'à vendre un scoop inexistant. Je vais de toute façon avoir bientôt l'occasion de me faire ma propre idée du personnage ce soir.

Alors que Terri vient à peine d'arriver, elle instaure déjà un climat chaud par sa prestance, son charisme, et sans parler de son physique avantageux. Il est vrai que même si je me préparais pour son arrivée, j'ai cru qu'elle ne tiendrait réellement l'engagement qu'elle avait pris sur la toile. Et pourtant, elle est ici. Je lui souris et décide d'être honnête : « Beeen, c'est vrai que vue l'invitation un peu impromptue, j'avais des doutes... Mais c'est quand j'ai vu que tu t'étais déconnectée que j'ai compris que tu étais en route. » Avoué-je enfin. La belle complimente mon intérieur je lui rends par un petit signe de tête. J'apprécie moi aussi la vue, la dévisageant d'abord pour ensuite la passer au radar de bas en haut en délimitant les lignes de son corps, sa cambrure de rêve, ses formes délicates... Bref! Je retrouve mes esprits lorsque je la vois s'installer sur le canapé. Je m'assoie non loin d'elle, mais laisse une courte distance pour ne pas paraître trop familière. Après tout, elle ne me connaît pas tellement et je ne voudrais pas passer pour celle que je ne suis pas. Je sers le vin dans un verre approprié que je lui tends délicatement. Ses doigts viennent frôler les miens et c'est tout mon bras qui réagit. Je sens mes petits poils se dresser, jusqu'aux petits cheveux dans ma nuque. Ceci me tire un sourire et je pense qu'elle s'en aperçoit elle aussi. Je m'empare ensuite de mon propre verre et nous trinquons à cette charmante soirée en divine compagnie.

Je croise son regard, et je pense y lire un sentiment que je n'ai pas l'habitude de voir. Son petit sourire malicieux, presque mutin, Miss Pepper n'est jamais en reste lorsqu'il s'agit de s'amuser. Sans doute souhaite-t-elle jouer ce soir aussi. Cette atmosphère un peu tendue m'étreint doucement. Je décide de reprendre la conversation : « Il fait chaud nan? Ou c'est moi...? » Dis-je sans arrière pensée pour savoir si elle souhaitait que j'ouvre un peu la fenêtre. Mais à bien y penser... Il peut y avoir un double sens...

J’ai vu juste, la jolie brune a eu un doute sur ma venue. C’est normal, certaines personnes se seraient dégonflées à mi-chemin. Mais pas moi, surtout pas en sachant que j’allais retrouver cette charmante jeune femme avec qui je n’en ai pas fini. Je n’aime pas vraiment l’inachevé et la frustration, or à la soirée où nous nous sommes rencontrées c’est exactement ces sentiments là qui me sont restés. Je n’allais pas laisser passer l’opportunité de corriger cela. Quoi qu’il en soit j’aime sa franchise, qu’elle admette avoir douté. Ça ne retire en rien le coté agréable de son accueil, elle a pris la peine de sortir de quoi grignoter, d’ouvrir une bouteille de vin et pour quelqu’un qui n’était pas si sûre de me voir débarquer c’est plutôt sympa. Je ne suis pas vraiment surprise que son appartement soit décoré avec goût, après le gala j’ai été fouiner un peu sur le net et voir quelques vidéos sur sa chaine… cette fille à bon goût. Je m’installe sur le canapé, une tension palpable règne dans la pièce, nous nous jaugeons chacune étant pour le moment dans l’observation. Ça me plait, j’aime quand les choses s’installent progressivement, que la tension monte jusqu’au point où il ne reste plus qu’à céder. Si mon regard brille d’une envie non dissimulée, je vois bien que mon hôte est tout aussi grisée par la situation. Nous trinquons, le vin est bon, ça ne gâche rien. Je ne quitte pas la belle brune des yeux, esquissant un léger sourire en coin visant à la troubler d’avantage. Ça semble efficace si j’en crois sa remarque sur la température ambiante. « Il fait chaud, c’est vrai. » j’échappe un rire « C’est parce que tu as tout ce qu’il faut pour faire grimper le mercure… » plaisanté-je avant de boire une nouvelle gorgée de vin puis de prendre une chips et la croquer délicatement.
Je la regarde se lever, sûrement pour aller ouvrir la fenêtre, ce qui ne changera sans doute pas grand chose à la sensation de chaleur qui règne ici. J’ai tout le loisir de me délecter de ses formes mais alors qu’elle fait un pas en avant j’attrape sa main pour la retenir et l’inviter à se rasseoir « Tu as parlé de main à saisir je crois… princesse perdue. » je lui adresse un regard complice accompagné d’un sourire mutin. Elle reprend place à côté de moi, je desserre ma prise mes doigts glissant lentement sur sa paume « Je ne crois pas qu’ouvrir la fenêtre sera efficace. » je hausse les épaules avec une mine amusée « A moins que tu sois au bord du malaise ? » demandé-je sur le même ton détaché « Si tu perds connaissance je te réanimerai. » je bois à nouveau, grignote une nouvelle chips et ajoute malicieusement « Mais ne prends pas ce prétexte pour que je te fasse du bouche à bouche, tu n’as pas besoin de te donner tant de mal. » je fixe mon regard dans le sien. Avec la discussion que l’on a eu sur l’application je n’ai clairement pas l’intention de tourner autour du pot, surtout quand ses lèvres deviennent presque une obsession tant j’ai envie d’y goûter.