Compromised future | Chulizy

Encore aujourd’hui, tu es sonnée par ce que tu viens de découvrir il y a deux semaines de ça. En plus d’avoir un gros retard dans tes règles, d’autres symptômes comme des nausées sont apparues. De quoi te mettre un gros doute et te pousser à aller à l’hôpital. Un test de grossesse n’est pas fiable à cent pour cent et tu ne voulais pas te faire de fausse frayeur. Pourtant… Pourtant si. C’est bien réel. Sous ton petit nombril, un petit être est en train de grandir. Tu es enceinte d’un mois. Et tu es sûre que le père se trouve être le professeur Lim. Tu n’avais pas eu de rapports sexuels avant lui, ni après. Enfin, juste avec lui, depuis votre première fois. Tu t’es souvenu que ce jour, l’excitation et l’envie étaient tellement grandes que vous n’aviez pas fait attention et aucune protection n’a été mise. Soupirant un coup, arrivée devant l’université, tu te demandes comment tu vas le lui dire. Du moins, comptes-tu vraiment lui dire ? Déjà que votre relation n’est pas censée être bien vue au regard des autres, étant son étudiante, alors si on apprenait qu’un enfant allait naître de part votre relation… Non. Tu as trop peur des jugements, surtout celui de Chulhei. Pire, tu as peur qu’il finisse par te jeter. Tu as donc pas le choix de continuer, de faire comme si de rien était, et prendre tes distances avec lui. Comme tu le fais depuis quelques jours. Tant pis s’il remarque ce truc qui cloche. Tu as réussi à le fuir, tu peux le faire jusqu’au bout. Jusqu’à ce que tu arrives à prendre ton courage à deux mains pour le quitter totalement. Tu ne peux pas lui imposer cette vie. Tu ne comptes pas avorter, encore moins l’obliger à élever un enfant qu’il n’attendait pas.

En entrant dans la classe d’anglais, tu ne regardes pas le professeur et file rapidement au fond, place inhabituelle, toi qui aimes être devant pour pouvoir l’observer avec tes yeux d’amoureuses. Un peu barbouillée, tu frottes ton cou après avoir déposer tes affaires sur le bureau, puis écoute sagement le cours qui commence enfin. Les trente premières minutes se passent plutôt bien, tu notes à ta manière et te concentre sur la voix du professeur. Voix qui s’atténue petit à petit, ton envie de rendre ton petit-déjeuner copieux de ce matin grandissant soudainement. Ta voisine remarque sûrement la pâleur de ton visage puisqu’elle lève la main pour interpeller monsieur Lim. « Professeur, je crois qu’Iseul ne va pas bien. » Grimaçant quelque peu, tu prends le temps de te reprendre et secoue la tête, tentant de sourire doucement. « Non non, tout va bien. Ne vous en faites pas… » dis-tu d’une petite voix, avant de lancer un regard vers cette voisine. Quelle idiote. Tu croises le regard du professeur Lim et abaisse vivement les yeux sur ton cahier. Résiste… Tu t’entêtes à te dire ça en boucle, dans ta tête, mais au bout de quelques minutes, c’est trop. Tu poses une main sur ta bouche en sentant que ça va sortir d’un moment à l’autre. Tu te relèves soudainement et dans la précipitation, ta chaise tombe au sol. Tu arrives à courir et sortir de la salle pour piquer un petit sprint dans les toilettes qui, heureusement, ne sont pas loin. Tu entres dans une cabine et finit par vomir tout ce que tu peux, retenant tes cheveux par l’une de tes mains, tandis que l’autre s’accroche au rebord. Les larmes aux yeux, tu tousses et crache ce qu’il te reste dans ta bouche, presque essoufflée. Bordel… Reniflant un coup, tu te redresses avec difficulté et tire la chasse d’eau pour évacuer tout ça. Quand tu te tournes vers le grand miroir des toilettes des filles, tu te fais peur toi-même. Tu fais littéralement peur à voir. T’es pâle, et tes cernes se voient encore un peu malgré le maquillage que tu as mis ce matin.

Une demi-heure passe, et tu profites du fait que c’est la fin des cours pour aller récupérer tes affaires. T’avais trop honte pour revenir en cours et faire comme si de rien était. Tu essaies de faire vite, te faufile entre tes camarades en évitant élégamment leurs questionnements. Sac en main, tes pas te mènent de nouveau en dehors de là. T’es stressée de devoir croiser de nouveau le regard de ton prof. Fuir n’est que la seule solution. Et ta fuite s’arrête lorsque tu trouves un coin calme, proche du terrain de sport. Tu grimpes sur les gradins et t’assois doucement, prenant ta bouteille d’eau et buvant de grandes gorgées pour t’hydrater correctement. Tu es vraiment dans une merde pas possible. Comment l’annoncer à ta famille, tes parents, sans qu’ils le prennent mal ? C’est clair, ils vont te tuer.

Heureusement pour toi, le professeur n'était plus dans sa salle. De quoi te permettre de t'en aller sans risquer de te faire prendre et de subir un interrogatoire. Installée dans ces gradins, tu prend le temps de boire et de te poser pour réfléchir à tout ça. De réfléchir ton avenir légèrement -beaucoup- compromis avec l'arrivée de ce bébé. Tu te mords fortement la lèvre en pensant aux conséquences, plus qu'au bonheur que ce petit être pourrait te procurer. Et tu ne peux t'empêcher de pleurer silencieusement, baissant la tête, l'une de tes mains caressant ton ventre délicatement. Oui... Avorter n'est pas une bonne idée. Tu ne peux pas tuer un bébé qui vient à peine d'être conçu. Tu te verrais comme une meurtrière. Puis, tu rêves toujours de construire ta propre famille. Tu ne pensais pas que ça arriverait si vite. Et que ça tomberai sur le professeur Lim. Ce dernier risque fort de te rejeter en sachant la vérité de ton silence et de tes fuites à répétition. C'est un professeur de l'université. Bien que tu sois majeure, cette relation n'est pas si bien vu par la société. Il reste ton supérieur. Alors, avoir un bébé avec lui... Il risquerait d'en pâtir et de se faire juger par la plupart de son entourage. Tu ne peux pas infliger ça à l'homme que tu aimes. Passant le revers de ta main contre tes yeux, tu sursautes en le voyant s'installer à tes côtés. Il ne te regarde pas tout de suite et finit par se rapprocher de toi.  « O-Oui, ça va.. Ne vous en faites pas... » que tu dis la voix tremblante, préférant repartir sur le vouvoiement que sur le tutoiement. Par la suite, tu te mords fortement la lèvre et tente de ne pas craquer face à ce qu'il te dit. Tu secoues plusieurs fois la tête. Non, tu refuses qu'il puisse s'en vouloir pour quelque chose. Pour quelque chose qu'il ne sait toujours pas. Les larmes aux yeux, tu attrapes ses mains et les serre délicatement. « N-Non... Vous n'avez rien fait. Je... C'est moi... Je n'ai rien à faire avec vous. » dis-tu à contre cœur. Tu t'apprêtes à t'en aller encore une fois mais la force n'est pas avec toi. Aussitôt tu te relèves, aussitôt tu te rassois pour éviter de tomber. Tu ferais mieux de rentrer chez toi aujourd'hui. Tu n'arrives pas à suivre les cours et en plus de ça tu ne tiens pas debout. « Il faut que je rentre chez moi... Ne ratez pas vos cours à cause de moi. » Tu attrapes ton sac et finit enfin par arriver à descendre des gradins. Mais tu le sens, tu l'entend qu'il te suit. Le professeur Lim ne compte pas te laisser partir ainsi. Et ça te tue. Si vous devez vous séparer, autant le faire le plus rapidement possible. Et taper là où ça peut faire mal.

Tu te retourne vivement vers lui, tes hormones t'aidant à te sentir plus à vive et à cran. « Vous voulez tout savoir c'est ça ? N'est-ce pas ? Très bien. Je vais vous le dire. » lances-tu sèchement, voix nerveuse avant de reprendre tout aussi durement. « Je suis enceinte. Oui... Il y a un bébé dans mon ventre. C'est pour ça que je suis partie de la classe et que j'ai vomi dans les toilettes si vous voulez les détails. » Au vu du ton que tu prends, on pourrait croire que tu regrettes ce qu'il s'est passé entre vous et ce qu'il se passe actuellement. Mais non... T'es juste réaliste. Autant le quitter plutôt que te faire jeter comme une vieille chaussette. Tant pis s'il prend tout ça dans la tronche. Au moins, il te détestera et ce sera plus simple pour lui de prendre de la distance. Du moins c'est ce que tu penses. « C'est... Fini entre nous. » Tu ne donnes aucun de détails du pourquoi du comment. Tu te retiens de pleurer devant lui, ce serait bien trop cruel. Et sur ces derniers mots, tu t'en vas, te dirigeant vers le parking de l'université. Clé sortie de ta poche, tu ouvres ta voiture et entre dedans, soupirant un coup. Tant pis pour les cours. Tu démarres rapidement et tu roules jusqu'à arriver dans ton quartier, ton appartement toujours aussi magnifiquement moisi. Une quinzaine de minutes seulement de route, certes, mais ce n'est pas la maison de rêve que tu avais imaginé quand tu étais encore en Corée du Sud. Mais passons. Tu te gares sur le trottoir, et créneau réussi haut la main, tu montes dans l'ascenseur qui te mène au sixième étage. Les grincements stridents t'empêchent de penser correctement et ce n'est qu'une fois posé dans ton canapé du salon que tu décide enfin de jeter un œil à ton portable. Aucune réponse envoyée aux tonnes de messages de la part de Chulhei. Tu te sens terriblement coupable de lui faire subir ça. Égoïste en plus de tout. Enfin... Peut-être. Même si tu as mis fin à cette relation pour ne pas te faire jeter et souffrir, tu souffres. Jamais tu n'aurais pensé que ta vie aurait pris un virage aussi radical. Il va pourtant falloir que tu l'acceptes. Tremblant un peu, tu relâche la pression en soupirant longuement et pleurant comme une madeleine. Tu te recroqueville sur toi-même, ferme les yeux et tente de te calmer le plus rapidement possible. Cependant c'est le sommeil qui te prend de court, et tu t'assoupi sans t'en rendre compte.

T’enfuir comme ça n’était peut-être pas la meilleure solution. On pourrait clairement te considérer comme une lâche, un enfoiré qui aime jouer avec les sentiments de celui qu’elle aime. Mais tu n’y peux rien. Dans ce genre de situation, des situations critiques, tu ne sais pas comment réagir correctement. Tu fais de la merde, et tu fais du mal à ceux qui t’entourent sans le vouloir. Durant tout le trajet qui te mène jusqu’à chez toi, tu t’insultes mentalement, et encore même arrivée chez toi, tu le fais. T’hésite à envoyer un message à Chulhei, à t’excuser et essayer d’avoir une seconde chance pour t’expliquer, mais… Non. C’est trop tard. Actuellement il doit te détester bien fort et sûrement même planter des aiguilles dans une poupée vaudou qui te ressemble. Tu entends encore sa voix tremblante et désespérée qui t’appelle, en te voyant fuir. Essuyant tes dernières larmes, tu laisses le sommeil prendre la suite et tu t’endors. Tu ne sais pas combien de temps tu dors. Une demi-heure, une heure, voire plus. Tout ce que tu sais, c’est que c’est une sonnette qui te réveille. Enfin… une sonnette qui se répète plusieurs fois de suite et qui te fait ouvrir totalement les yeux. Encore un peu dans les vapes, tu arrives à entendre la voix de ton professeur. Il t’a suivi. Tu voulais le faire s’éloigner le plus loin de toi, mais là, c’est tout le contraire. Avec lenteur, tu lèves tes fesses du canapé et avance pour lui ouvrir la porte à moitié. « Je t’ai dit de me laisser. J-Je n’ai plus rien à te dire… » dis-tu sans conviction. Tu refermes la porte, mais il t’en empêche, son pied se calant dans l’entrebâillement. Tu le laisses rentrer puisque tu n’as pas assez de force de toute manière pour le repousser physiquement. Encore moins mentalement depuis ce que tu as osé lui sortir tout à l’heure. Tu l’écoutes parler, et tu marches dans ton salon, passant une main dans tes cheveux. Le ton qu’il prend, ce ton triste et désemparé, ça te fait mal. Ta poitrine se resserre et tu te forces à ne pas verser de larmes. « O-Oui… C’est ton bébé. » Tu soupires et t’appuie dos contre le mur, en croisant les bras. « J’en suis sûre… Parce que tu es le seul avec qui je... Tu es le seul avec qui j’ai fait l’amour depuis ces dernières semaines… » Tu laisses un petit blanc s’écouler, et l’observe alors. Est-ce qu’il comprend vraiment ce que ça veut dire ? Tu n’en as pas l’impression. Tu avances vers lui, secoue la tête, et te mords doucement la lèvre. « Je n’ai pas envie que tu fiche ta vie en l’air à cause de moi… Qu’est-ce que vont dire tes collègues ? Et le directeur ? Tu ne peux pas mettre ta carrière en danger juste pour moi. » Tu lèves la tête vers lui, et avec le peu de douceur qu’il te reste, tu viens déposer un chaste baiser sur ses lèvres. Tout ça avant de venir t’asseoir sur le canapé, de nouveau, attrapant un coussin que tu gardes dans tes bras. Comme un moyen de te rassurer et te détendre un minimum. « Je ne compte pas avorter, Chulhei… Et je ne veux pas te forcer à… à élever cet enfant. » Après tout, tu doutes qu’il en ait envie, qu’il en ait le temps. Ce n’était pas prévu. « Mais je n’ai pas envie non plus que tu me jettes à cause de ma grossesse… » lances-tu, avant de laisser quelques larmes s’échapper de tes yeux, cachant ton visage contre ce coussin. Tu renifles d’une manière peu élégante, n’osant plus le regarder du tout. « Je t’aime… Tellement… »

« M-Mais... Je sais... Je veux juste dire que.. Je 'e veux pas que tu regrettes... » Cette situation n'était pas prévue et bien qu'il semble prêt à vivre cette vie avec toi, qui peut dire qu'il ne va pas t'en vouloir plus tard ? Tu sanglotes encore un peu et renifle par moment, restant dans ses bras. Ses gestes te rassurent, et les mots qu'il utilisent encore plus. Dingue de toi. Il est dingue de toi. Tu le regardes, des étoiles dans les yeux presque. Tu ne pensais pas tomber amoureuse comme ça oui. Pas d'un homme plus âgé que toi, ton professeur qui plus est. Comme quoi... Tout peut arriver. L'amour n'a pas de barrières. Tu souris légèrement pour répondre à son sourire aussi, laissant tes mains se poser sur ses épaules. Tu te retiens de pleurer, et vient te coller délicatement à lui. « V-Vivre avec toi ? » tu répètes, incrédule. Non tu ne t'y attendais pas. Certes ce n'est pas le meilleur quartier de Los Angeles, et tu peux être la première à dire ça vu que tu t'es déjà pris une balle perdue. Mais bon. Tout quitter ainsi, ça te ferait tellement bizarre. Et vivre avec Chulhei, ton prof... T'es un peu paumée là. Mais comment refuser ? Avec sa bouille. Et surtout, mine de rien, ça ne te déplairait pas de te réveiller tous les matins dans ses bras et pouvoir l'observer dormir. Tu te mordille doucement la lèvre et finit par hocher la tête. « D'accord. Mais.. Laisse-moi juste le temps de m'organiser. Je dois prévenir le propriétaire pour rendre les clés, et préparer les cartons. » Tu as du mal à croire ce qu'il se passe. Ça y est. Tu es déjà projeté dans la vie adulte. La VRAIE vie adulte. Et pas n'importe comment. Machinalement, tu viens doucement caresser ton ventre, baissant les yeux. « Désolée... De t'avoir tout balancé comme ça tout à l'heure. Je ne savais pas comment réagir avec tout ça. » Tu as fait une belle connerie en lui crachant la vérité à la tête. Il va falloir que tu essaies de te calmer par moment, et d'apprendre à gérer ton trop plein d'émotions. Plus facile à dire qu'à faire. Tu te relèves du canapé et avance doucement vers ta cuisine pour aller vous servir deux verres d'eau. Tu en tend un vers Chulhei, tandis que tu bois le tien d'une traite. Pendant un petit instant, tu ne dis rien. Tu ne sais pas trop quoi dire au final. Tu le regardes simplement, lui et sa beauté fatale. Tu tritures tes mains, et te vient la bonne idée d'aller fouiller dans ton sac qui se trouve non loin de là. Tu y sort une petite pochette en plastique, et la pose sur le plan de travail, face à ton petit-ami. « C'est... Les premières images du bébé. Enfin.. C'est encore tout petit.. Je n'en suis qu'à mon premier mois. »