Karaoké géant (sujet commun)

Il fit claquer sa langue contre son palet. Bon, c’était mort… Shinji ne lui répondait, certainement occupé à se débattre avec Tian ou alors à fuir les bus. Eddy soupira, rangeant son téléphone avec une moue. C’était pourtant le japonais qui lui avait proposé de sortir, lui disant que « ce sera un bon moyen de te changer les idées ! Loin de l’orchestre et du travail ! Allez ! ». Il faudrait qu’il soit là pour ça. Eddy se retrouva donc seul, au Planet, alors qu’il y avait foule et qu’il était de la team des introvertis. Dû à sa si petite tolérance en alcool, il avait commandé un cocktail sans, qui reposait devant lui comme pour le narguer de s’être fait avoir. Ce n’était pourtant pas dans les habitudes du Ito de l’abandonner. Peut-être qu’il était réellement occupé. M’enfin, il aurait pu lui envoyer un message quoi. Il allait porter son verre à ses lèvres lorsqu’un homme s’accouda près de lui. Le Planet était réputé pour être uniquement dédié aux femmes, alors cela le surprit légèrement. Certes, la porte était ouverte à tout le monde, mais peu étaient ceux de la gente masculine qui avaient le courage de venir s’aventurer ici. Eddy lui jeta un coup d'œil avant de prendre une gorgée, s’occupant comme il le pouvait. Il n’allait sans doute pas rester très longtemps, si son meilleur ami avait décidé de jouer aux morts. Et il allait partir lorsque la voix de l’inconnu le retint. Roof-top ? Qui était ce mec ? Enfin, Eddy lui jeta un réel regard. Effectivement, d’accord… A côté, le jeune homme ressemblait à un enfant. Même s’il avait toujours été classé, rien ne rivalisait avec les costumes comme celui qu’avait l’individu. Malheureusement, il avait piqué son attention.
« Ça vous arrive souvent de parler de roof-top à des inconnus ? » demanda-t-il, ne voulant pas paraître totalement acerbe.
C’était un peu prétentieux, il fallait dire. Eddy avait l’habitude de parler aux gens riches. Il n’y avait qu’à voir Miles et son appartement si luxueux. Mais cela ne venait pas de son rang social. Oh ça non ! Plutôt d’un travail dévergondé dont on ne parlait jamais en bien. Ses yeux n’identifièrent pas l’homme. Il semblait propre sur lui. Vraiment, pourquoi Shinji n’était pas là ?
« C’est toujours plein ici. Il n’y a pas beaucoup d'endroits dans cette ville où on peut se sentir en sécurité. Et surtout pour les femmes queer. »
En tant qu’homme, il avait le privilège de ne pas subir tout ce qu’elles endurent. Mais il était asiatique, pansexuel à tendance gay, travailleur du sexe, étudiant et pauvre. Chacun portait son fardeau. Heureusement que ce genre de lieux existait, sinon le monde serait en proie aux flammes. Quoi que, ce ne serait pas si terrible. Il y avait encore un peu de liquide dans son verre. Alors il se donna un ultimatum : parler jusqu’à ce que son verre soit vide. Si Shinji n’était toujours pas là, il partirait sans plus de cérémonie.

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Son sourcil se haussa à cette remarque. Ah, donc il était sobre et il parle de roof-top à des inconnus. Eddy fit une petite moue, pouvant presque dire, avec ironie « évidemment ! mais moi aussi je fais ça ! rien qu’hier j’étais à une petite fête d’anniversaire dans une ville de Beverly Hills ! ». Ce qui était totalement faux, entendons-nous bien là-dessus. Non hier, sa petite soirée, c’était de dormir avec son chien en ignorant la musique électro-punk de son voisin qui traversait les murs. Deux salles, deux ambiances. Mais l’homme en face de lui ne semblait pas être de mauvaises intentions. Alors il laissa couler, buvant une nouvelle gorgée de son cocktail. Sa langue se délia pour parler des femmes et du bar. Avant de doucement rire en l’entendant.
« Oh non ! J’évite de prendre de la place où je ne suis pas invité, répondit-il en toute honnêteté. Et d’ailleurs, même si nous avions raté quelque chose, cela ne nous était sans doute pas destiné...  » ajouta-t-il avec un clin d'œil.
L’inconnu avait l’air de vouloir parler. Bien ! Qu'à cela n’en tienne, Eddy venait de se faire poser un lapin par son meilleur ami. Il pouvait très bien faire ami-ami avec quelqu’un d’autre, pourquoi pas ? Ainsi, il accepta le nouveau verre, terminant le sien d’une traite pour le redonner à la barwoman. De nouveau, ses yeux clignotèrent en l’entendant. Hein ? Son t-shirt était à l’envers ? Baissant les yeux sur l'habit, il tira dessus pour voir. Il n’aurait pas porté un t-shirt retourné toute la journée en cours… Si on oublie la fois où il y était allé en pyjama, faute de vêtements propres, le Snow avait toujours fait preuve de style. Après quelques secondes à se débattre avec son t-shirt, un peu trop emmailloté dedans, il sourit, secouant la tête avant de regarder Finn.
« Raté ! Il est fabriqué comme ça, regardez ! »
Sur ses mots, il se retourna, montrant l’étiquette du vêtement qui se trouvait bien vers l’intérieur, sur sa nuque. En se retournant, il lui donna une petite tape sur le bras, comme pour le rassurer que ce n’était pas grave de ne pas comprendre les trends à la mode. D’ailleurs, il ne s’était pas présenté en retour.
« Moi c’est Eddy. Enchanté ! »
Et il allait pour tendre la main vers lui afin de finaliser les présentations. Seulement son bras se retrouva sur le chemin du verre qui venait d’arriver. « Oh shit ! » Le contenu se déversa sur le bar, la surface se faisant rapidement barbouillée de bleu et de vert. Le jeune homme s’excusa immédiatement auprès de la femme qui travaillait derrière l’établi, lui promettant de ne plus le refaire. Sauf que, dans la bousculade du moment, il marcha sur le pied de Finn. Aussitôt, il s’excusa de nouveau. Dans le même temps, une salve d'applaudissements dû à la fin de passage d’un petit groupe d'amies s’éleva dans la pièce, rendant la situation encore plus embarrassante. Vraiment, merci Shinji ! La prochaine fois, Eddy le laissera en plan !

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Courir, et ne plus s'arrêter, à se retrouver si idiot entre les trottoirs mal arrangés, à pourtant fixer ses écrans de téléphones comme si de rien était. Ô mais il en avait vu les messages invitant les présences aux soirées animées, à ne que trop peu sortir à présent par rapport à ce qu'il faisait avant. Car il était devenu détenteur des myocarde fragile, à ne jamais trop se fatiguer à parler aux autres. Orchestre dynamique au bout des doigts, à simplement le faire se sentir en vie : comme il ne l'avait jamais été depuis si longtemps. Parcourir les lumières fébriles jusqu'à en arriver aux lieux : à vouloir surprendre celui qui l'avait si simplement invité à le rejoindre. Car le japonais était contraste, de ses tenues dévergondées et colorées, à sortir du lot, en contradiction à ces fois où il en semblait si sage. Mais il ne fallait pas oublier que lui aussi, aimait traîner de bar en bar à boire les liqueurs épousant les estomacs. Alors tout doucement, à se faufiler dans les lieux suintant les musiques modernes, à en passer les doigts dans ses cheveux ; il guetta, espionna, tenta d'en trouver les visages si connu : à finalement les retrouver à ces bars accosté d'une présence inconnue. Et c'est qu'il sourirait presque, à en voir le jeune homme ainsi abordé, à presque s'amuser, de son ami si social.

"Bah alors ? On s'amuse sans moi ici ?", qu'il s'amusa un instant, commandant alors un verre aux couleurs mystérieuses, à ne pas vouloir faire d'esclandre en restant les papilles à l'abris des doux poisons. "Tu me présentes ? A croire que je t'ai trop fait attendre.", rire léger, à pourtant venir saluer l'homme inconnu d'un doux sourire. "Shinji, enchanté. Je suis censé être celui qui ramena ce gamin quand il aura fini de boire." Epaules se haussant, à prendre place à leur côté sans réellement hésiter. A moins qu'il ne dérangeait, non car il pouvait parfaitement repartir de là où il venait, à simplement attendre dans les endroits plus calmes et intimes. "J'espère que j'ai rien manqué. Vous savez comment c'est, le boulot.", alors qu'il n'avait fait qu'être aspiré dans ses activités permanentes : à jouer jusqu'à ne plus en voir l'heure, foutaises qu'il venait leur raconter pour en faire là cinéma devant tous. Car il en deviendrait bien plus calme, sans doute, celui conservant entre ses paumes les nuits miraculées. Musée des illusions à faire pâlir les visages, alors il serait là celui qui en veillerait sur les douces présences, à peut-être se faire là nouvelle amitié, tandis que les poitrines rythmées sur le son des basses, se laissaient envoûter si facilement. Musique dans la peau, à ne jamais l'oublier, à être là pour s'amuser toujours plus.

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« Ah bon ? » demanda-t-il avec surprise. Il baissa les yeux sur ses propres vêtements. « Je dois avoir le style de la maison, je pense… » Après tout, ils étaient complètement opposés en termes de style vestimentaire. D’ailleurs, en parlant de cela, la confusion fit sourire Eddy, qu’il prit à la légère. S’il devait s’embêter de ce genre de choses, il ne s’en sortirait pas dans sa vie. Alors, le sujet dériva aussi rapidement qu’il était venu. Seulement, ce ne fut pas pour mettre en valeur le personnage. La chute d’un verre et l’écrasement d’un pied, suivis de plusieurs « désolé ! vraiment je suis désolé ! » qui mettaient bien dans l’ambiance. Ce qu’il aurait donné pour disparaître, quitte à se rouler en boule derrière le petit cactus en néon dans un coin du bar. La honte… Relevant les yeux vers Finn, ses pupilles ressemblaient plus à un chiot que l’on venait de gronder qu’à un jeune homme plein d’assurance. Il allait lui dire que c’était bon, qu’il n’avait pas besoin de faire ça, qu’il pouvait se payer son propre verre (même si ce n’était pas totalement vrai). Seulement, c’était sans compter sur l’entrée en scène de son meilleur ami.
Ito Shinji déboula de nul part, surprenant Eddy qui sursauta en entendant sa voix. Aussitôt, il lui jeta un regard qui voulait tout dire, oscillant entre le « tu as osé me faire attendre dans seul dans un endroit inconnu » et « heureusement que tu là, j’en peux plus d’être seul ouin ! ». Eddy ouvrit la bouche pour les présenter, mais trop tard, les deux hommes discutaient déjà. Ah d’accord… Soudainement, le Snow posa son index sur la poitrine de Shinji, le regardant en plissant les yeux. « Je suis plus vieux que toi, je te rappelle… Qui nous dit que c’est pas moi qui devra te ramener hein ? » De toute façon, le violoniste ne tenait pas l’alcool et se contentera de boisson qui n’en contenait pas. Rien que pour prouver au japonais qu’il était plus responsable que lui. Ses yeux revinrent sur Finn et il devança Shinji. « Oui ! En fait, c’est à cause de lui que je suis là, c’était son idée... » Nouveau regard. « On est dans la même classe, au conservatoire. » C’était même là-bas qu’ils s’étaient rencontrés. Même si Eddy était plus vieux, avec tous ses problèmes financiers, il avait fini dans le même cursus que Shinji. Coup du sort… Mouais bof, c’était autant de foutaises de destin que les théories sur les pyramides. Des gens applaudirent dans la salle, signalant la fin du passage d’un ou une chanteur.euse. Eddy regarda le bar pour voir que son verre n’était pas arrivé, mais celui de Shinji oui. Il le lui donna alors. « Quoi qu’il puisse te raconter sur moi dans le futur de cette conversation, ne le crois pas Finn. » prévint Eddy avec un sourire en coin, croisant des bras en s’adossant au rebord de l’ilot. A quelques incidents prêts, il serait déjà parti pour rentrer chez lui. Moralité : toujours attendre Shinji.

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Arrivée en trombe, à avoir fait du plus vite possible, car Shinji en était d'habitude des plus ponctuels, à se presser, se dépêcher, orner les yeux de tous comme illuminations subtiles. Car de ces quelques joies, à en avoir interrompu un instant les duos qui semblaient tant s'amuser, il souriait, de toutes ses longueurs, à jouer de ses doigts sur les bars, à en pencher la tête vers les deux visages qu'il avait rejoint comme épopée si périlleuse à poursuivre.  "Plus vieux, plus vieux..., qu'il s'amusa un instant avant de rire tout doucement. "Une expérience sur le renversement de liquides ? Et bien, il vous a bien accueilli de ce que je vois. Simples amusements, à en imaginer là les scènes des plus étranges, pour celui qu'il imaginait tout à fait pouvoir laisser les maladresses heurter les inconnus de soirées.  "Des camarades oui, monsieur est violoniste, moi pianiste. Mais ça ferait parler beaucoup de nous, non ? Tu fais quoi toi Finn ?", à l'interroger pour en savoir plus sur celui qui se présentait à ses côtés, comme pour ne pas être là celui qui ne faisait que s'incruster dans les discussion. A vouloir se faire souvent bien trop discret, alors que les paroles pouvaient s'en montrer bavardes quand les occasions s'affichaient au regard de tous. "D'ailleurs t'attends quelqu'un aussi ? Ou alors t'es venu tout seul ? Quitte à squatter une chaise, autant que je dérange pas non plus...Ou alors peut-être que vous aviez l'intention de rester en tête à tête ?" Et c'est qu'il les embêtait un peu le japonais, de son visage calme, de ses gestes posés, à ne jamais dire trop de mots, à simplement mesurer les ambiances festives les entourant.

Verre alors entre les mains, à tenter d'en attendre ceux de ses voisins qui ne firent que suivre que trop rapidement, il se laissa porter par quelques premières gorgées avant de manquer de s'étouffer en entendant le plus vieux. "Ah d'accord...Ca veut dire quoi ça...", qu'il haussa un simple sourcil, doigts passant entre ses cheveux. "Non mais c'est vrai qu'Eddy a beaucoup de secrets. Je suis pas sûr que de toute manière il pourrait dire grand chose dessus au bout de 3 verres mais...", qu'il le regarda un instant, reportant rapidement son attention sur Finn. "Par exemple...Il est amoureux en ce moment, mais tu vois il veut pas trop en parler.", épaules haussées, geste de la main léger pour ne faire que dire qu'il plaisait, et pourtant, tout était sans doute bien plus vrai que les airs qu'il ne prenait, à se caler dans son siège pour en déguster passivement son verre, à en écouter les bruits arrières et chants plus ou moins harmonieux. Car tout les changeait des environnements habituels, ceux où tout devait être parfaitement parfait. Sans accro, sans jamais de fausse note. Et peut-être en était-ce là le charme de la chose, à leur faire croire alors qu'ils pouvaient se détendre calmement de ces habitudes si passionnantes, autour d'un verre qui se retrouverait être l'unique de sa soirée sans doute.

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