Do you want to do some improvisations ? (Finn & Klara)

La nuit. Tous les chats sont gris, parait-il. Finn n'était pas le genre de personne à aller vérifier ces allégations, ces proverbes, par lui-même. Toutefois, le plus agréable après le crépuscule, finalement, se nommait le calme, le silence. Alors que minuit approchait, la circulation avait diminué en intensité. Les voitures, moins nombreuses, laissait l'espace sonore aux grillons. Il adorait les écouter. Cela faisait partie des petites choses simple de sa vie, des plaisirs quotidiens qu'il n'hésitait jamais bien longtemps à s'offrir. Marcher dans la rue alors que tout le monde rentrait chez soi pour s'y cloisonner, apportait un côté jouissif. Finn eut un sourire amusé, alors qu'il se disait qu'il aurait bien volontiers crié, les bras en l'air dans un moment d'extase : "Je suis le roi du monde !!!". Il possédait beaucoup de respect pour Leonardo di Caprio et espérait pouvoir, un jour, tourner avec lui. Mais quand même, ce film Titanic, qu'est-ce qu'il avait pu le détester ! Si l'histoire pouvait avoir un côté intéressant, il n'avait pas accroché à l'ensemble. Et dire qu'il gagna un oscar ! Comme quoi...

Assez peu enthousiaste à l'idée de jouer dans des films parlant de catastrophes, Finn refusait les éventuels contrats de ce type qu'on lui proposait. La vie était déjà suffisamment angoissante comme ça, pas besoin de montrer des images de phénomènes incontrôlables où la plupart des faits scientifiques données et des réactions étaient un bullshit pur et absolu. Lui, il préférait incarner son personnage et le faire interagir avec d'autres, sur des scénarios qui avaient du sens, qui apportaient quelque chose de positif au téléspectateur ou d'intense. Les comédies, les films d'action, d'espionnage, les thrillers, les drames... l'émotion était la clé de l'âme, le seul moyen de toucher celles et ceux qui regarderaient le long métrage où il participait. Et de l'émotion, ça tombait bien, il en avait plein à revendre ! Finn avait pris l'habitude de répéter son jeu, auprès d'un petit groupe de personnes, des acteurs amateurs, plutôt jeunes et inexpérimentés. Il travaillait avec eux dans l'idée de leur enseigner toutes les techniques qu'il connaissait et d'apprendre également de leur nouveauté, de leur fraîcheur. Ce soir, les "répétitions" s'organisaient chez Tim, un étudiant sympa qui habitait du côté dans le quartier de Silverlake. Après un trajet de bus plutôt rapide, Finn avait marché jusqu'à chez Tim.

Le groupe l'attendait, autour de quelques bières et de biscuits apéritifs, à peine entamés. Les retrouvailles, après deux semaines de pause liée aux différents agendas chargés, furent amicales. Accolades, sourire, bises, la bande de copains se retrouvait. Sur un tableau blanc, près de la fenêtre, Finn écrivit les différentes idées du soir. A tour de rôle, ils se succédèrent pour interpréter leur rôle. Vint le tour de Finn et de Tim, avec le thème "violence". Il proposa de jouer la victime, afin de voir comment Tim allait incarner son personnage. La scénette prit un peu de temps à démarrer. Mais assez vite, une complicité naquit et rendit tout le reste possible. Après des éclats de voix visant à simuler une dispute, Tim adressa un coup de poing (fictif) à Finn, qui tituba jusqu'à la fenêtre. Enchainant l'improvisation, l'étudiant fit mine de fracasser sa tête plusieurs fois contre la vitre avant de lui tirer le cheveux pour le mettre au sol et lui donner de faux coups de pied. Réaliste à s'y méprendre, l'interprétation fut applaudie par les autres. Finn et Tim se firent une accolade et retournèrent s'asseoir. Place aux autres ! Quelques minutes passèrent, puis quelqu'un se mit à tambouriner à la porte.

- Merde... à tous les coups c'est la voisine du dessous qui vient se plaindre du tapage !

Finn regarda Tim et lui répondit :

- Quel âge, ta voisine ?

- Euh... j'en sais rien, 50/60 ans peut-être ?

- Haha ! Parfait ! Alors t'en fais pas je m'en occupe !

Les yeux brillants, il se leva et se dirigea vers la porte d'entrée. Il profita du miroir à l'entrée pour remettre ses cheveux courts en place et vérifier qu'il n'ait pas de bout de nourriture sur les dents. Il savait que les femmes d'un certain âge le trouvaient beau et séduisant. Si par chance cette voisine faisait partie du lot, alors c'était tant mieux ! Il n'aurait aucun mal à la calmer et à la convaincre éventuellement de venir les rejoindre. Quand il ouvrit la porte il tombe nez à nez avec une femme. Tim était rude ! Elle n'avait pas 50 ans ! Et encore moins 60 ! Bon, peut-être qu'elle le connaissait. Il l'accueillit par un ton calme et doux, très important pour prévenir tout excès de colère chez l'autre :

- Bonsoir !