Depuis toutes ces années qu’elle était avec Cameron, Anna n’avait jamais été exigeante face à sa présence auprès d’elle. Elle comprenait dans quoi elle s’engageait en acceptait de partager sa vie avec un militaire, et n’avait jamais tenu rigueur à son fiancé pour ses absences répétées. Surtout parce qu’ils compensaient largement le temps perdu lorsqu’il rentrait en Amérique. Plus amoureux que jamais, ils devenaient alors inséparables durant le temps que duraient ses permissions, jusqu’aux adieux déchirants qui le renvoyait vers une mission quelconque. Si elle avait peut-être naïvement cru que sa retraite de l’armée équivaudrait à une synergie renouvelée entre eux, voilà qu’elle était de retour à la réalité. Cameron n’avait été que le fantôme de lui-même durant des mois, encore trop hanté des causes ayant mené à sa retraite. La perte de ses collègues, particulièrement de son meilleur ami, avaient laissé des traces indélébiles dans son esprit. Encore une fois, elle ne pouvait lui en tenir rigueur, souffrait uniquement de ne pas avoir les capacités de l’aider autrement que par sa présence constante et son amour inconditionnel. Elle avait au moins réussi à le convaincre d’aller chercher de l’aide professionnelle, et c’est à ce moment qu’elle avait cru que Cameron lui reviendrait enfin pour de bon. Mais voilà que la vie s’était chargée de compliquer les choses, une fois encore.
Lorsque Cameron lui avait annoncé qu’il s’était trouvé un boulot, Anna avait explosé de joie. C’était un bon signe, preuve qu’il remontait doucement la pente, qu’il était prêt à avoir de nouvelles responsabilités, à voir vers l’avant. Le seul souci, c’est que leurs horaires de travail étaient complètement à l’opposé. Alors qu’elle travaillait d’environ 10h à 19h, Cameron travaillait en soirée, jusqu’aux petites heures du matin. Avec les embouteillages caractéristiques de la ville, ils avaient à peine le temps de se croiser lors du retour à la maison d’Anna avant que Cameron quitte à son tour. Et lorsque celui-ci rentrait aux aurores, Anna était déjà bien confortablement installée dans les bras de Morphée. Un rythme de vie peu sain pour un couple qui tente de se retrouver.
Encore une fois, Anna n’en veut à personne, sinon à ce destin qui semble vouloir s’acharner sur eux. Elle se sent vide d’énergie, comme blasée de la situation, morose dans l’âme. Parce que la vérité, c’est que son fiancé lui manque plus que jamais, même s’il est tout près d’elle. Et ce soir-là, lorsqu’elle arrive et qu’elle voit que sa voiture est déjà partie, elle n’y tient plus. Comme si l’inquiétude et le découragement accumulés depuis des mois s’affaissaient d’un coup sur elle. Encore dans sa voiture, elle ne peut s’empêcher d’éclater en sanglots, ayant bien conscience du pathétisme de la chose. Elle doit d’ailleurs se ressaisir, il faudra qu’elle passe un peu de temps avec Lena, qu’elle retrouve sa bonne humeur habituelle qui la caractérise si bien. Elle s’accorde cinq minutes pour vider son trop plein d’émotion, puis renifle un bon coup avant de se jeter un coup d’œil dans le rétroviseur. Ça la ferait presque rire, de voir son mascara dramatiquement étalé sur ses joues, si elle n’avait pas le cœur si lourd. Elle ne prend même pas la peine de se débarbouiller, se disant qu’elle filera sous la douche sitôt à l’intérieur. Et c’est d’un pas lourd qu’elle entre enfin dans la maison, essuyant ses larmes avec les manches de sa veste.
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We're walking a tightrope ▼ Cameron
Mar 18 Mai - 19:31
Aujourd’hui, j’étais supposé travailler toute la nuit, mais comme j’avais déjà travaillé énormément pendant les deux dernières semaines, Demetra, ma patronne, m’avait proposé de faire que l’ouverture du night-club, ce que j’avais immédiatement accepté puisque j’allais pouvoir passer la soirée avec ma fiancée. Je savais que Lena ne sera pas là de la nuit puisqu’elle dort chez une amie, donc on aura la maison à nous tout seul. J’étais trop heureux de cette chance et opportunité. J’adorais mon nouveau boulot, ça oui. En plus, j’étais officiellement dans l’équipe puisque ma période d’essaie était terminé et que Demetra m’avait engagé officiellement. Alors, oui, j’adorais partir travailler. Je me sentais à nouveau utile et pas comme une vieille chaussette sale qu’on laisse de côté parce qu’elle est trouée, comme l’armée avait fait à cause de ma blessure à la main. C’est tout aussi vrai que le fait que je travaillais de soir et de nuit me déplaisait relativement beaucoup puisque je n’avais plus vraiment de temps de qualité avec Anna. Et je pensais que maintenant que j’étais à la retraite de l’armée, on allait pouvoir vivre une vie de vrai couple fiancé, mais ce n’est pas pour tout de suite faut croire. Je sais, je le vois surtout, que ça commence à peser sur les épaules d’Anna. À mon retour, je n’étais que l’ombre de moi-même et maintenant que je commence à aller mieux… j’ai ce nouveau boulot. Mais qui sait, ce n’est peut-être que pour me remettre sur le marché du travail et que je vais trouver un boulot dans peu de temps avec un horaire plus normal, conventionnel. Peut-être. Pendant ce temps, ce nouveau job me fait du bien, surtout mentalement alors c’est une bonne chose non ? Il faut juste trouver un nouvel équilibre dans tout ça, mais c’est faisable non ? Je le crois. Après tout, notre couple est solide et il en a vu d’autres. Des bien pire. À moi que ça soit celle de trop ? Non je ne crois pas, on s’aime d’un amour véritable, on va être capable de de surmonter cette épreuve. J’y crois. Je crois en autre amour.
Je suis devant les fourneaux lorsque j’entends la voiture de la femme de ma vie s’arrêter dans l’entrée, ce qui me fait sourire. Je sais déjà que le fait de ne pas voir ma voiture, malgré le fait qu’elle savait que je travaille ce soir, va la décevoir. Pas que je m’en réjouie. Oh ça non ! C’est bien le contraire. Ça voudra juste dire que ma surprise sera encore plus grande ! J’ai laissé ma voiture à Lena pour qu’elle puisse se rendre chez son amie sans prendre le bus, donc j’en ai profité pour en rajouter sur ma surprise. Le souper est presque prêt lorsque la porte d’entrée s’ouvre pour se refermer aussitôt. Shadow, notre chien maintenant, mais qui était anciennement celui de Mitch, accueille joyeusement ma très chère Anna. Je peux l’entendre d’ici. Je ferme le rond, laissant le tout finir de mijoter, puis je pointe le bout de mon nez dans l’entrée avec un grand sourire. Sourire qui se fane très rapidement lorsque je vois l’amour de ma vie si triste avec son mascara qui a coulé. Elle a pleuré ? Mon cœur se brise à cette constatation. Je m’approche alors rapidement pour la prendre dans mes bras et la serrer fortement, mais doucement. J’embrasse le dessus de sa tête avant de prendre paroles dans un murmure.
- Oh mon amour… Mais qu’est-ce qui se passe… ? Pourquoi tu as pleuré ?
Lui demandé-je en caressant son dos et toujours en train de la serrer contre moi. La savoir si triste me brise vraiment le cœur et me rend triste moi aussi. Même si j’ai ma petite idée du pourquoi elle a pleuré, je préfère lui demander parce que j’ai un minime espoir que ce ne soit pas ça parce que si c’est ce que je pense, je suis prête à tout laisser tomber pour qu’elle retrouve sa bonne humeur et sa joie de vivre. Je serais prêt à tout pour qu’elle ne pleure plus et qu’elle ne soit plus triste. Moi qui voulais lui faire une belle surprise, ça commence bien…
Si elle a le cœur bien lourd en entrant dans la maison, Shadow arrive à lui arracher un sourire sincère. Anna a toujours adoré les animaux, et maintenant qu’un chien égaie leur quotidien, elle se demande bien pourquoi elle n’a pas cherché à adopter une boule de poil des années plus tôt. Sans doute le fait de devoir s’occuper d’une adolescente à temps plein, en plus de son boulot. Le pauvre chien aurait passé la plupart de son temps seul, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Avec leurs horaires incompatibles, il y avait presque toujours quelqu’un à la maison pour jouer avec Shadow, lui gratouiller les oreilles, le faire sortir lorsqu’il demandait la porte. Laissant tomber son sac à ses pieds, Anna s’agenouille devant le chien pour lui chatouiller les côtes, fourrant son nez sur le dessus de sa tête pour laisser la chaleur de l’animal la submerger. Puis, elle se redresse et fait quelques pas, avant de poser le regard sur Cameron.
Le regard encore humide, elle sent son cœur qui fond à la vue de son air inquiet, et elle se sent aussitôt coupable de son mascara ruiné qui la trahit. Cameron commence à peine à remonter la pente, elle s’en voudrait de lui mettre des bâtons dans les roues, de rendre les choses encore plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. « C’est rien… », dit-elle à voix basse, le serrant contre elle. Dans ses bras, elle se sent en sécurité. C’est l’endroit au monde où elle a l’impression d’être totalement à sa place. Dans un geste naturel, ses lèvres viennent se poser sur la peau du cou de son fiancé, et elle y déposer un baiser, en profitant pour humer son odeur qui la réconforte immanquablement.
« Je croyais que tu étais déjà parti pour le travail. », avoue-t-elle, faisant un petit geste vers l’entrée de la maison. L’idée d’inventer une raison débile pour expliquer son chagrin lui est passé par l’esprit, mais Anna a toujours préféré l’honnêteté. D’autant plus qu’elle a une confiance absolue en Cameron, ainsi elle n’hésite jamais à se montrer fragile ou vulnérable face à lui. Elle croit fermement que la communication est primordiale pour qu’un couple fonctionne, c’est sans doute ce qui leur a permis de surmonter toutes les épreuves qui se sont mises sur leur chemin au courant des seize dernières années. « C’est idiot, je ne sais pas pourquoi ça m’a affectée aussi fort… » Après tout, ce ne serait pas la première fois que Cameron quitte la maison avant qu’elle soit rentrée du boulot. Bien qu’elle ressente toujours un petit pincement au cœur, sa réaction n’a jamais été aussi forte. Mais, ce soir, la réalité semble la frapper de plein fouet. Et la raison de son surplus d’émotion est toute simple. Ainsi, c’est dans un soupir qu’elle avoue à Cameron : « Tu me manques. »
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We're walking a tightrope ▼ Cameron
Ven 11 Juin - 16:23
Anna. Ma fiancée. La femme de ma vie. L’une des deux femmes pour qui je pourrais faire tout et n’importe quoi juste pour voir leur sourire. Alors voir Anna dans cet état, ça me brise le cœur et me rend impuissant. Je crois que la belle soirée en amoureux que j’avais prévu va être quelque peu chambouler pour laisser place à une conversation importante. Peut-être que ce n’était pas la meilleure des idées de prendre ce boulot au Night-club. On aurait peut-être du en parler plus longuement et y réfléchir plus. Je serais prêt à laisser tomber le boulot pour Anna. Maintenant que l’armée ne veut plus de moi sur le terrain, Anna est tout ce qui est de plus important pour moi – sans oublier ma petite sœur évidemment, mais ça ce n’est pas pareil. J’ai atteint, en quelque sorte, mon but, donc je peux me consacrer totalement et entièrement à Anna. Alors la voir dans cet état, c’est comme si j’avais échoué à la rendre heureuse et ça me rend tellement triste.
La voir comme ça, je n’ai qu’une envie et c’est de la serrer contre moi, ce que je fais sans hésiter. Mes bras autour d’elle, je me sens déjà un peu mieux puisque c’est comme si mes bras allaient pouvoir la protéger du reste du monde. Évidemment, son « c’est rien », je n’y crois aucunement. Elle ne serait pas dans cet état s’il n’y avait rien. Et mes soupçons sont de plus en plus confirmer. C’est bien moi, nous la cause de ses larmes. À cette constatation, un soupire franchi mes lèvres alors que j’enfouis mon visage dans ses cheveux. Elle sent les huiles de massages, mais entre ces odeurs, j’arrive à sentir l’odeur de son shampoing. Elle sent bonne. Elle sent elle et c’est tellement réconfortant. Un frisson me traverse lorsque je sens son baiser contre la peau de mon coup. Ça me fait toujours le même effet. Elle me fait toujours le même effet. Comme si nous étions encore deux simples adolescents.
- Je n’ai fait que l’ouverture, je suis rentré il y a à peine heure… Ma patronne m’a laissé le reste de ma soirée puisque j’avais déjà travaillé beaucoup les deux dernières semaines… Je voulais te faire une surprise, mais… j’aurais dû t’appeler en rentrant…
Je lui réponds pratiquement en soupirant. Je m’en veux de ne pas lui avoir dit plus tôt, vraiment. J’aurais dû le voir que tout ça commençait à peser sur les épaules d’Anna. J’aurais dû être plus attentif à elle pour le deviner.
- J’ai laissé ma voiture à Lena…
Je laisse échapper pour expliquer l’absence de ma voiture dans la cours. L’une de mes mains, pendant que je lâche cette phrase, se glisse dans les cheveux de ma belle aimée que je caresse tendrement, comme l’autre qui caresse tendrement son dos.
- C’est pas idiot, amour…
Je murmure, le nez dans ses cheveux. Puis, bien vite, la vrai raison de tout sort. Je lui manque, surement autant qu’elle me manque. Je me recule légèrement, juste assez pour pouvoir poser mes mains sur ses joues que je caresse tendrement de mes pouces.
- Tu me manque aussi ma chérie. Terriblement.
Je dépose un doux baiser sur lèvres, puis je reprends la parole.
- On a la maison à nous tout seuls jusqu’à demain. Le souper est prêt. Alors ce soir, on fait tout ce que tu veux. On peut manger en discutant ou en regardant une série ou un film, puis on peut aller prendre un bon main en parlant et après on pourrait parler de notre nouvelle réalité pour trouver une solution pour ne plus qu’on se manque autant, qu’en penses-tu ? C’est toi le maître de la soirée, je suis à tes ordres.
Je termine avec un petit sourire en coin amusé avant de lui voler un nouveau baiser.
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Mar 18 Mai - 15:34