You feel like home to me feat. Chris

La dernière soirée passée avec Chris tournait en boucle dans ta tête. Comment en étiez-vous arrivées là ? Après tout ce temps … Comment diable vous étiez-vous retrouvées en telle position ? Tu avais beau retourner le scénario un million de fois dans ton esprit, aucune logique particulière ne semblait pointer le bout de son nez. Rien d’autre que … l’envie. Une fenêtre momentanément ouverte sur un passé révolu. Les jours suivants n’avaient pas été aisés. Chris était et restait la femme qui avait le plus compté. Un tel dérapage avait des conséquences. Tu ne pouvais empêcher tes pensées de se projeter, d’en vouloir plus. Mais à force de travail mental bien rôdé, tu avais fini par accepter que vous n’auriez pas pu échapper à cette incartade et qu’elle ne portait en elle aucune lourde signification. Elle avait juste été, le temps d’un soir, un petit extra agréable qui serait aussitôt rangé dans les dossiers des affaires classées. Les mots lancés à la volée par Chris à ton départ ne l’avaient surement été que par frustration de l’instant et enivrement alcoolisé.
Ainsi, lorsque tu reçois le message de relance de ton ex-femme, ton cerveau bug un instant … Avais-tu lu correctement ? Te faisais-tu des films toute seule ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir : rentrer dans son jeu. A ta plus grande surprise, aucun stop ne s’érige. Bien au contraire. Décidant de te laisser aller à la frivolité, tu finis par lui emboiter le pas et acceptes de la retrouver le week-end suivant.

Tu as coupé le moteur depuis quelques minutes mais tu n’es pas encore sortie de la voiture. Tu observes la devanture de la maison comme si celle-ci allait pouvoir te donner une réponse ou un signe auquel tu aurais pu te fier. Rien. Tu es seule. Plus pour longtemps. Tu inspires profondément dans une tentative de chasser la petite angoisse qui te chatouille le ventre. C’était un peu bête, non ? Allez Jay ! On se bouge ! Tu finis par sourire toute seule face à l’étrangeté de la situation et sort du véhicule avec assurance. Apres tout, tu en avais envie et jusqu’à preuve du contraire : Chris aussi. Tu te passes une main dans tes cheveux légèrement ondulés alors que dans la seconde se trouve un sac en papier bien rempli. Devant la porte, tu sonnes. Tu as les clés mais il ne s’agit pas d’une urgence, tu n’es pas avec les filles et - techniquement - tu n’as pas prévenu de ton arrivée. Chris savait que le week-end était propice à te voir débarquer mais elle ignorait jusque là que tu avais opté pour le dimanche matin. Lorsque la porte s’ouvre, tu décroches un sourire à toute épreuve en brandissant le sac en papier. “J’ai apporté le petit-dej !” Chris est là, devant toi, toujours aussi belle qu’à son habitude. Et en ce jour, tu t’octroies le plaisir de le reconnaitre. De l’apprécier. Un luxe jusqu’alors révolu puisque tu avais bien entrainé ton cerveau à ne plus se focaliser sur ce genre de détails. Il ne restait plus qu’à espérer ne pas perdre les bons réflexes de protection si les choses finissaient par ne pas tourner aussi bien qu’imaginé …


Tenue du jour : robe estivale volante,
dans ce cas-ci, accompagnée de converses blanches.

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Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’a pris de relancer mon ex-femme. Cette soirée la dernière fois aurait pu être simplement un dérapage dû à l’alcool, rien de plus. Deux anciennes amantes qui se retrouvent et succombent presque à l’appel du passé. Mais j’ignore pourquoi j’ai ressenti le besoin de remettre les pieds dans le plat. Je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée, peut-être même en est-ce une très mauvaise, mais je me sens guidée par mes envies. Elle pourrait me mettre un veto - même si je ne l’imagine pas très bien faire une chose pareille - je l’accepterai, même si je ne l’espère pas. Elle entre dans mon jeu, et la proposition est lancée. Elle peut passer quand elle veut, je suis seule ce week end. Le samedi se passe normalement, je reste attentive aux allers-venus dans la rue, espérant au fond de moi entendre la voiture de Jay, mais rien. Je me concentre sur mon boulot, mes compte rendus, la paperasse, tout ce que je déteste.

Il faut attendre le dimanche matin pour entendre la sonnerie de la maison. Mon coeur s’emballe. Merde, je ne m’attendais pas à ce qu’elle arrive si tôt. Il n’est pas si tôt ? J’ai traîné au lit, je n’aurai pas dû. Simplement vêtue d’une nuisette en soie noire, j’enfile mon kimono de la même matière, et trottine jusqu’à la porte d’entrée. Je glisse une main dans mes cheveux pour tenter de leur redonner une forme ou quelque chose qui s’y apparenterait, et ouvre la porte, le coeur battant. Mon sourire s’étire en voyant le visage de mon ex-femme, rayonnant sous le soleil californien. « J’ai apporté le petit-dej ! » Affirme-t-elle, toute guillerette. Elle est magnifique. « Tu tombes à pic, j’ai traîné ce matin, j’ai même pas encore bu de café ! » Je me décale sans tarder pour la laisser entrer et ferme la porte derrière elle. « Je suis désolée pour l’accueil, je m’attendais pas à te voir si tôt. » Mais ce n’est pas pour me déplaire, il faut bien l’admettre. « Café ? » Je pose la question même si je connais la réponse. En direction de la cuisine, je fais couler deux tasses de café, et sors les douceurs qu’elle a achetées pour le petit déjeuner. Je place tout sur une assiette, puis sur un plateau, avec nos deux tasses. « Ça te dit de déjeuner sur la terrasse ? » Profiter du soleil qui n’est pas encore étouffant à cette heure-ci. Nous nous dirigeons donc vers l’extérieur, je la laisse ouvrir la baie vitrée et pose le plateau sur la table avant de m’asseoir sur une des chaises en soupirant de bien-être. « Tu es radieuse. Comment tu fais pour être aussi fraîche à une heure pareille ? » Et pour être aussi magnifique, encore aujourd’hui ?

Vos sourires se répondent l’un à l’autre. Vos yeux se saluent avec un plaisir non dissimulé. « Tu tombes à pic, j’ai traîné ce matin, j’ai même pas encore bu de café ! » Et alors que Chris se décale pour te laisser entrer, tu t’exécutes, le pas léger et la bonne humeur rayonnante. Tu en profites au passage pour déposer un bisous sur sa joue, comme il vous arrivait encore parfois de le faire. Simplement. Gentiment. Mais ce matin, ton cerveau t’autorise à sentir la douceur de sa peau ainsi que la chaleur émanant encore de l’oreiller. « Je suis désolée pour l’accueil, je m’attendais pas à te voir si tôt. » A ces mots, tu ne peux t’empêcher de pouffer. Pas en ce qui concerne l’heure de ton arrivée mais bien évidemment pour l’accueil - soit-disant - laissant à désirer. “Je n’ai clairement pas à me plaindre …” T’oses-tu à ponctuer avec une étincelle dans le regard et un rictus amusé. Très clairement, la vue était agréable. Des plus agréable même. Tu n’avais plus vraiment l’habitude de croiser Chris en telle tenue et ce flashback avait des airs de douce nostalgie. Alors qu’elle te tourne le dos pour vous préparer le café, ton regard dévie sur ses jambes et remonte lentement le long de sa silhouette. En optant pour une visite ce dimanche matin, tu n’avais pas imaginé ce scénario, mais maintenant que tu y étais, tu ne le regrettais aucunement. Bien au contraire.

Ton ex vous sort des assiettes, un plateau et tu l’aides à vider le sac de viennoiseries. Quelques unes vegan et d’autres que tu sais faire partie des petits pêchers mignons de Chris. « Ça te dit de déjeuner sur la terrasse ? » Tu n’as pas besoin de beaucoup de mots, pour approuver. Très vite, vous voilà en extérieur, sur la large terrasse, légèrement en hauteur. En contre-bas, l’imposant jardin et la piscine. Le tout, toujours aussi impeccable. Les fleurs de ce début de belle saison pullulent. Les couleurs se mélangent. C’est beau. Agréable. Doux. Ta présence ici est douce. Assise aux côté de Chris pour un petit déjeuner. Tu es juste bien. Le soupir de Chris t’indique que le sentiment est partagé et ton visage s’illumine un peu plus. « Tu es radieuse. Comment tu fais pour être aussi fraîche à une heure pareille ? » Ton sourire gagne un cran supplémentaire. “Tu sais bien que je suis un oiseau du matin. Il fait magnifique, je suis de bonne humeur, en bonne compagnie. Ça fait pas mal de raisons, non ?” Tu termines par un clin d’oeil avant d’attraper ta tasse et d’en boire une bonne gorgée. Tu tends la main vers un croissant respectueux de ton régime alimentaire et en rompt le bout. Tu le grignotes aussitôt et t’amuses à proposer le reste à Chris avec insistance, sachant parfaitement bien qu’elle ne supporte pas les “faux croissants”. Elle te repousses en riant avant de finalement jeter son dévolu vers ce qu’elle aime. Venant toucher le bout de la nuisette de Chris contre sa cuisse, comme pour en évaluer la texture, tu demandes presque innocemment : “C’est nouveau ?” Tu ne te rappelais pas l’avoir jamais vue dans cet ensemble en particulier. “C’est très joli”. Reportant ton attention au loin, tu laisses enfin ton dos se reposer sur le dossier de ton siège et inspires profondément. “J’ai vu la pile de dossiers sur la table du salon. Tu t’en sors avec le boulot ? Tu arrives à t’accorder un peu de temps pour toi ?”

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