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(LASZLO) LES RETROUVAILLES

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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Dim 14 Fév - 12:34
Lors d’une soirée à laquelle une amie m’a emmené de force afin de me « sociabiliser un peu » et parce qu’elle estimait qu’il était temps que je « je rencontre l’homme de mes rêves, même si c’est juste pour une nuit », j’ai fait la connaissance de Darren. Il était surexcité, jovial, dynamique ; à agiter les bras dans tous les sens, à exposer trois idées en même temps, laissant quand même quelques pauses pour que son interlocuteur intervienne. Un instant, je l’ai comparé à une fusée. Il n’avait pas compris que je préférais rester dans mon coin. Il était venu créer le contact, échanger avec son enthousiasme évident, semblait même s’intéresser sincèrement à ce que j’accomplissais au quotidien. Je pensais que notre conversation ne mènerait à rien de plus, que nous en serions restés là après notre soirée.
Quelques jours plus tard pourtant, je reçois un message de sa part m’indiquant qu’un de ses amis recherche activement une personne ingénieuse, fiable, s’y connaissant en code, pour développer une idée qui nécessite les compétences de diverses personnes. Je ne veux pas forcément en apprendre davantage sur l'investigateur avec lequel je m’apprête à travailler, c’est plutôt le projet qui m’intéresse. Je pose alors les interrogations à Darren pour en connaître les lignes directrices. Les éléments qu'il me fournit en guise de réponse me permettent de trancher : j'accepte de prévoir une éventuelle collaboration avec cet inconnu, qui, je l’espère, sera aussi doué qu’il le prétend. Sans tarder, Darren me propose un rendez-vous avec le type dans un café le soir même, ne me donnant pas vraiment l'occasion de me poser mille questions comme je pourrais le faire en temps habituel. J’ignore si je peux faire entièrement confiance à Darren, s’il ne m’attire pas plutôt vers un plan foireux. La rencontre ne m’engageant à rien, je décide de les rejoindre simplement au lieu indiqué.

Devant le bâtiment aux baies vitrées, je repère Darren, seul, en train de manipuler son téléphone portable. Je me déplace jusqu’à lui, m’assois à côté et le laisse guider la conversation, tandis que j’ôte mes protections d’hiver. Alors que j’en arrive à dénouer l’écharpe, je sens l’énergumène à côté de moi remuer sur son siège.

— Ça y est, il arrive, c’est lui là-bas ! s’enthousiasme-t-il en scrutant dans une direction bien précise.

Au moins, nous n’aurons pas d’altercation par rapport à la ponctualité. J’essaie de capter la personne qu’il toise, ce qui est particulièrement difficile avec toutes les personnes qui circulent dans le café. Il n’existe plus aucun doute quand l’homme avance vers notre table. Et plus il avance d’ailleurs, plus je remarque que ses airs me sont bien familiers. Sa silhouette longiligne, ses cheveux châtains en pagaille, ses yeux sombres de corbeau pointés vers les miens… Laszlo. Il n’y a que le regard de Laszlo pour me foudroyer de cette manière, pour faire réagir mon cœur par quelques battements irréguliers – d’angoisse, de notre amour perdu, de surprise ? – et pour me faire baisser la tête de honte. Cette fois, ce sont mes yeux qui le fuient.

Je me suis souvent demandé si j’allais le recroiser un jour dans cette grande ville, comment j’allais réagir face à lui. J’avais rêvé d’une étreinte affectueuse, en souvenir de notre relation d’antan, qui ne pouvait véritablement se concrétiser. C’était le but d’un rêve : être inaccessible. Je m’étais imaginé courir lâchement aussi, pour le semer, pour éviter toutes les questions qu’il voudrait me poser. Je n’avais pas pensé que nos retrouvailles seraient causées par une simple coïncidence, comme je ne me serais jamais cru capable de rester aussi inerte et silencieux face à lui ; à ne savoir quoi dire, quoi faire. Je ne peux même plus bouger ou parler, je sens mon corps se tendre, ma gorge se serrer, mes mains se crisper sur le bout d’écharpe que je retirais. Je le laisse parler en premier, il mérite que je respecte s’il a envie de m’aborder ou non. J’aurais pu m’intéresser à lui directement, tenter une touche légère pour commencer : « Alors tu fais du code maintenant ? » mais rien de ce que je pourrais dire rendrait l’ambiance plus légère. Rien que ma présence fait renforcer la colère dans ses yeux et nous enfoncer dans un torrent de sentiments dont je ne sais plus reconnaître la nocivité ou le bienfait.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Dim 21 Fév - 18:45



les retrouvailles
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A quoi reconnait-on une bonne journée ? Au soleil qui brille, peut-être ? Il y a toujours du soleil à Los Angeles, même losqu'il est caché (enfin ça c'est comme partout tu me diras) et les hivers sont tellement doux que Laszlo a depuis longtemps oublié à quoi ressemble de la neige. Pas que ça l'empêche de mettre une couche de plus hein, mais on est loin de l'ambiance idyllique et d'un blanc éclatant que beaucoup aimeraient avoir à cette période de l'année. Alors, au bruit de la foule qui fourmille dans les rues au gré des mélodies et des décorations de Noël ? Laszlo n'est franchement pas branché par le concept de Noël sincèrement, ça l'émeut autant qu'un Pépito dans une armoire et les mélodies, toujours les mêmes, ont souvent vite fait de lui malmener le petit pois. Non, on reconnait une bonne journée au très léger sourire avenant au coin des lèvres de Laszlo qu'il offre sans vergogne à qui croisera son regard. On la reconnait aussi grâce au fait qu'il ait choisi de zigzaguer dans les rues sur son skateboard plutôt que de prendre la moto, profitant de l'air frais et vivifiant, bien emmitouflé dans sa longue veste couleur caramel. Et plus important encore, on la reconnait parce que Laszlo est de couleur vêtu aujourd'hui ! Si si, il porte un t-shirt rose pâle des plus dandy ! Le rose c'est le signe d'une bonne journée. Et accessoirement d'un regrettable accident de lessive. D'un heureux accident de lessive en fait parce que ça s'est tellement bien passé qu'on pourrait franchement croire qu'il l'a acheté de cette couleur. Il aurait pu être bon à jeter, nous allons donc considérer tout ceci comme une petite victoire. Quant à savoir ce qu'il s'est passé, Laszlo est encore perplexe à ce sujet parce que s'il y a bien une couleur qui ne fait pas partie de sa garde robe, c'est bien le rouge, ça ne lui va pas au teint. Il cherche encore l'élément coupable de ce merdier. Sans grand résultat jusqu'ici.

Bref c'est donc de rose vêtu et monté sur roulettes que Laszlo prend la route du quartier des affaires. Il est frais comme un gardon le bougre, bien reposé par ces deux derniers jours de congé. Pas qu'il ait franchement pris le temps de glander, mais le dernier projet en date au boulot étant fraichement remis, enfin se délester de tout le stress que ça avait engendré, c'était déjà bien assez reposant à son goût. Il aime les plaisirs simples le gars, il en demande pas beaucoup. Et puis ces quelques jours de congé lui avait permis de se replonger dans son projet de studio de création de jeux vidéo. Un projet en très très lente progression, tellement lente parfois qu'il se demande s'il ne devrait pas laisser tomber. Pas que ce soit franchement son genre cela dit. D'autant moins que la veille, il avait passé un peu de temps avec de vieilles connaissances dont un vieux copain, Darren. Il ne se souvient plus vraiment comment ils se sont connus, pas que ça ait une grande importance dans le contexte, mais il fut quand même plutôt surpris quand celui-ci lui parla soudainement d'un type qui pourrait l'intéresser pour monter son projet, un codeur. Enfin surpris qu'il se souvienne de la teneur de son projet surtout, parce que sinon pour papoter de tout et de rien Darren est un vrai chef hein. Développeur web si les informations sont justes. Laszlo n'en sait pas franchement plus. Pas qu'il ne veuille pas en savoir plus, mais Darren ayant la mémoire d'un cochon d'inde, les infos qu'il lui avait fourni étaient vagues dans le meilleur des cas et limite douteuses dans le pire. Mais bon ça part d'un bon sentiment, il veut lui filer un coup de main et vu l'avancement du truc, Laszlo allait certainement pas cracher dessus. Alors il s'était contenté du "C'est un mec que je viens de rencontrer, mais il a l'air sympa. Il a étudié dans un truc, je sais plus quoi, ça avait l'air compliqué et il a l'air calé. Enfin j'en sais rien, j'y connais rien, il m'a posé des questions j'ai pas tout compris, mais ça avait l'air de l'intéresser en tout cas." Heureusement que Darren n'est pas marieuse, on ferait grimper le taux de rendez-vous foireux et le nombre de divorce dans la foulée. Lorsque son ami lui propose une rencontre dans un petit café dans la soirée, Laszlo est un peu pris au dépourvu niveau temps de réflexion, mais réserve sa soirée sans faire d'histoire. Ce n'est pas comme si cette rencontre l'engageait à quoi que ce soit et dans le pire des cas, il aura juste passer une bonne soirée avec un ami.

Toi aussi tu sens la couille arriver je suis sur. Parce que qui ? Qui aurait pu prévoir que le pire des cas, allait littéralement être LE pire qu'il puisse exister dans le pire des mondes ? On ne veut pas en faire des caisses, c'est de toute évidence pas notre genre, mais là ça serait un véritable complot planétaire, ça ne surprendrait personne. C'est le retour de karma de 6 vies antérieures passées à arracher les ailes aux mouches et cuire des canetons à la friteuse. Il ne manquerait plus qu'il se vautre de son skateboard, tombe sur la route et se fasse écraser par un camion poubelle et le tableau serait complet. Peut-être que dans quelques minutes, Laszlo se dira qu'il aurait préféré le camion poubelle, mais en attendant c'est en toute insouciance qu'il arrive au café. Il passe à peine la porte, ne se formalisant pas le moins du monde de la file qu'il semble encore y avoir malgré l'heure, lorsque son téléphone sonne. En parfait ministre toujours accroché à son téléphone, il décroche et discute distraitement avec son interlocuteur en essayant de voir par delà le monde présent dans le café pour apercevoir son ami. Le couillon lève le bras tellement haut et avec une tête de golden retriever ayant retrouvé la baballe si mignonne que Laszlo en rirait presque alors qu'il lui lance un petit signe de tête pour lui signaler qu'il l'a bien vu et qu'il peut se rassoir avant d'avoir éborgner quelqu'un de ses petits poings agités. Laszlo n'a pas vraiment l'occasion de prêter attention à la personne assise à ses côtés pour le moment. Il a un type qui s'impatiente au bout du fil et il est arrivé au comptoir où une jeune femme apparemment surmenée lui demande sans trop de forme ce qu'il prendra. Instinctivement il aurait envie de lui répondre "un bonjour pour commencer et un thé s'il vous plait.", mais il est de bonne humeur et est bien conscient qu'on a tous de mauvaises journées, ce n'est pas la peine d'être un connard et d'en rajouter une couche juste pour le plaisir du geste. Oui il sait se montrer aimable, lui. C'est même son attitude par défaut l'amabilité pour tout ceux qui en douterait.

Une autre donzelle, apparemment plus sereine que sa collègue, lui apporte son infusion bien chaude au moment même où il raccroche enfin. La remerciant d'une voix douce, il prend alors la route d'un pas léger vers la table où était installé son ami. ET BARDAF C'EST L’EMBARDÉE ! Il a pas fait trois mètres qu'il comprend soudainement intimement le ressentit d'un ordinateur en erreur 404. Pour ceux qui seraient étrangers à cette sensation, grosso merdo, c'est l'équivalent de te manger une poutre dans la gueule en plein milieu d'un incendie de forêt en période de mousson. Tu sais pas d'où ça vient, tu sais pas trop comment c'est possible, mais tu ne peux pas renier le fait que t'as l'estomac tellement haut dans la gorge qu'à la moindre respiration tu risque de gerber tes trois derniers repas d'un seul coup. T'as les yeux qui piquent, mais tu retiens les larmes parce qu'il pleut déjà assez fort comme ça et tu ne sais pas trop si t'as envie de te jeter sur les flammes pour te sécher ou si rester sous la pluie est une meilleure idée. Bref t'es bloqué là comme un con. Comme Laszlo qui se met à trembler sans même s'en rendre compte alors qu'il dévisage cet être du passé comme si c'était la réponse à toute la connerie de l'univers. Paralysé sur place par un fantôme. Il a l'habitude de son cerveau qui court parfois trop vite pour qu'il puisse suivre le rythme, mais là c'est arrivé à un niveau qu'il n'avait plus connu depuis très longtemps. C'est presque pire que les cris de toute la population de l'enfer lui criant dans le crâne le jour où il avait tenté de mettre fin à ces jours. Sauf que cette fois, la tristesse et le désespoir ne sont que deux infimes émotions dans un océan d'une autre émotion bien plus corrosive. Parler de colère serait un doux euphémisme et lorsqu'Oscar a le culot de baisser honteusement les yeux, parler de rage en devient un aussi.

Toujours coincé à sa place, en plein milieu du champs de tir comme une connard, Laszlo est en pleine bataille intérieure entre l'envie de hurler, de pleurer et d'aller éclater la tronche de son ex à coups de pied de chaise juste pour leur rappeler de bons souvenirs. Sincèrement, ses poings le démangent à un point tel, que dans son état normal, il aurait été impressionné par sa propre capacité à tenir sa tasse de thé sans en foutre partout ou l'avoir fait péter en mille morceaux. Impressionné par le temps qu'il est capable de rester sans respirer aussi parce qu'il n'est pas certain qu'il ait pris la moindre bouffée d'air depuis que le visage d'Oscar était arrivé dans son champs de vision et c'était déjà y a un moment maintenant. Je crois que ça ne surprendra personne si je te dis que Laszlo n'est plus d'aussi bonne humeur que lorsqu'il était arrivé. Envolé son léger sourire, la douceur des traits fins de son visage et la lueur amicale dans ses yeux. Le froncement de ses sourcils, pourtant déjà prononcé de manière générale, prend des proportions presque légendaires et il a la mâchoire si serrée qu'il en grincerait presque des dents. Il n'est pas certain qu'il pourra faire le prochain pas, pétrifié et subjugué et pourtant il arrive à la hauteur de la table sans même s'en rendre compte. Sans même qu'il ait son mot à dire à ce sujet parce que dans le bordel qui habite désormais son cerveau, il y a quand même une voix qui lui gueule de foutre le camp de là à toute vitesse et si son cœur, qui fait de la dubstep dans sa cage thoracique avait son mot à dire, il serait probablement déjà en route pour les îles Caïmans à l'heure qu'il est. Néanmoins il se retrouve là, sans avoir lâché Oscar des yeux une seule seconde comme s'il avait peur qu'il ait disparu s'il ne faisait que cligner des yeux, à surplomber la table de tout son long sans oser ouvrir la bouche pendant une longue minute. Une longue minute qui est apparemment trop longue pour son pote Darren qui semble avoir compris qu'il y a un truc qui cloche et ouvre la bouche, probablement pour demander si tout va bien. Laszlo ne lui laisse pas le temps de placer sa phrase, ne le regarde même pas lorsqu'il s'adresse à lui d'une voix rauque et mal assurée.

« Le prend pas mal mec, mais tu peux nous laisser s'il te plait ? »

Parce que même hors de lui, Laszlo a encore juste assez de décence pour ne pas s'en prendre à un pauvre homme qui n'a rien fait. Il ne va pas non plus se montrer super sympa, c'est beaucoup lui en demander à ce stade, mais il ne va pas l'envoyer chier comme un mal propre. C'est d'ailleurs à contre cœur qu'il détourne son regard d'Oscar, qui n'a toujours pas levé les yeux vers lui, pour le poser sur son vieux copain. Darren est confus de toute évidence, on le serait probablement tous dans cette situation, mais Laszlo n'est pas doté d'une patience infinie et il sait que si Darren se braque et insiste pour rester là à lui demander ce qu'il lui arrive, il va devenir gratuitement méchant. Il voit bien l'inquiétude et l'incompréhension, il serait même prêt à parier qu'il peut discerner comme une légère peur dans les yeux de son ami. Est ce parce qu'il sent que Laszlo est à deux secondes de l'explosion et qu'après détonation il risquait de ne pas rester grand chose de son ami ou est-ce parce qu'il comprend soudain que Laszlo ne déconnait par lorsqu'il parlait d'une adolescence un peu bagarreuse et que s'il restait dans le chemin, le prochain gnon serait pour lui ? Peu importe. Laszlo n'a pas la présence d'esprit d'y réfléchir. Il sait qu'il ne pourra pas retenir très longtemps le dégueulis de rancœur qui allait probablement se déverser de sa bouche au moment même où il s'adresserait directement à Oscar et très franchement, il n'a pas envie que Darren soit là pour voir ça. Pas envie qu'il soit là pour entendre ça. Par respect pour Darren et par respect pour Oscar. Pas qu'il admettra jamais à qui que ce soit qu'il ait eu une quelconque pensée pour l'intégrité d'Oscar à ce moment là. Nope, certainement pas. Les habitudes ont apparemment juste la peau dure, même après 5 ans...

« Je suis sérieux Darren, dégage de là. Je t'appelle en rentrant, promis, mais là... juste... va-t-en, s'il te plait. »

Si sa voix était maitrisée sur les 10 premiers mots, on ne peut clairement pas passer à côté des légères tonalités suppliantes dont se colorent ses derniers mots. Il faut que Darren s'en aille, c'est impératif et le concerné, après de longues secondes à le regarder sans un mot, semble enfin comprendre à quel point la situation a viré à la catastrophe. Il n'a jamais vu Laszlo dans un tel état et rien que ça, ça peut te secouer un gars, on sait de quoi on parle. Après un hochement de tête incertain, Darren attrape sa veste et son café et s'en va, heureusement sans demander son reste et probablement sans les quitter des yeux. Laszlo pensait pouvoir respirer un peu plus facilement une fois son pote parti, mais rien à faire, il a toujours le palpitant logé derrière la glotte et lorsqu'il s'assied face à Oscar, c'est presque pire. La seule chose sympa avec sa nouvelle localisation c'est que ses jambes ne pourront pas se dérober sous son poids plume et qu'il peut poser son thé sur la table avant de réellement le renverser à terre ou l'envoyer dans la tronche de son ex. Au choix.

Son ex. Jamais il n'aurait cru le revoir. Encore moins comme ça. Et pourtant il est bien là, assis sur cette chaise, son joli minois penché vers le sol comme si ne pas avoir Laszlo dans son champ de vision pouvait soudain le faire disparaitre. You wish bitch ! Laszlo serait incapable de se relever là toute de suite de toute façon et il observe Oscar sans dire un mot pendant de longues et agonisantes minutes. L'atmosphère est chargée, électrique et lorsque Laszlo trouve enfin la force d'ouvrir la bouche sa voix est basse et rauque, chargée d'un orage tout proche. Un orage tout juste contenu car les mots qui lui échappent sont presque dits sur le ton de la conversation et avec le sourire. Un sourire mauvais et sardonique certes, mais faut pas trop en demander là tout de suite.

« Tu sais, durant toute ces années qu'on a passé ensemble, il y a un terme que je n'aurais jamais cru utiliser pour te décrire: lâche. Jamais. Et puis un beau jour tu disparais de la surface de la terre, sans trouver bon de me tenir au courant de ce qu'il se passe et lorsque j'apprends que ce n'est même pas parce que on t'a retrouvé crevé dans le caniveau, j'ai bien du me rendre à l'évidence que j'avais eu tort. »

Ici, Laszlo fait une légère pause, pas pour donner dans le dramatique, mais tout simplement parce qu'il tremble sur sa chaise et qu'il lui faut une seconde pour reprendre le contrôle.

« Je suppose que du coup je ne devrais pas m'étonner que tu n'aies même pas la décence de me regarder mmh ? »

Il y a une demie tonne de trucs qui ne demande qu'à sortir de sa bouche, tellement qu'il ne sait même pas par où commencer alors Laszlo use de ses dernières forces pour se retenir juste encore un peu. Juste quelques secondes, juste assez pour donner à Oscar le choix. Le choix de l'affronter comme un homme, ou de rester caché derrière ses mèches de cheveux comme un gamin apeuré à qui il refusera tout simplement d'avoir à faire. C'est l'heure de régler des comptes, mais Laszlo ne le fera pas avec cet inconnu. S'il doit régler ses comptes, c'est avec le Oscar qu'il a connu. Celui qui savait lui tenir tête, celui qui méritait son respect et son admiration. Pas cet inconnu apparemment incapable de le regarder dans les yeux.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Mar 2 Mar - 18:12
Musique inspiration : In This Shirt - The Irrepressibles

C’est sans grande surprise que j’observe l’étonnement de Laszlo et l’hésitation qui l’anime un instant. Il reste bloqué en plein milieu d’une rangée sans réussir à quitter cet état d’immobilité. Il ne cesse de me toiser, laissant doucement les émotions le gagner. Je sens qu'il aimerait lui aussi se dissimuler parmi la foule, fuir avant que les tremblements ne fassent exploser sa tasse de café sur le carrelage. Il redoute sans doute autant que moi l’altercation qui va en découler. Ses yeux de corbeau témoignent de l’agitation de son petit cœur que je surmène ces dernières années. Il n’a aucun plaisir à me retrouver et je ne peux que comprendre son pas traînant jusqu’à notre table.

Plus il s’approche, moins je suis capable de croiser son regard noir. Je baisse naturellement la tête, sans me rendre compte que je ressemble à un petit garçon apeuré, froussard. Aujourd’hui c’est moi qui n’ai plus le choix de l’affronter, de sentir la boule de nervosité comprimer ma gorge, au point qu’aucun des mots que je voudrais dire ne parvient à s’extirper. Je préfère de toute façon laisser le soin à Laszlo d’entamer cette conversation qui s’annonce douloureuse, de balancer sa rancœur longtemps contenue, que je ne lui ai pas donné le choix d’enfouir au plus profond de lui car je ne voulais pas m’y confronter.

Quand notre pote commun Darren regarde dans nos directions pour mieux saisir ce qu’il se passe, complètement perplexe face à cette situation inédite, c’est Laszlo qui insiste longuement pour lui demander de partir. Intérieurement je le remercie, parce que je n’en avais pas la capacité et n’avais pas envie non plus qu’il assiste à notre querelle. Une fois l’intrus disparu, de longues minutes s’écoulent avant que l’un de nous parvienne à prononcer un mot. Je relève seulement de temps en temps la tête pour évaluer où en est sa colère, mais elle ne semble pas s’atténuer. Il balance finalement les mots d’une voix basse ; j’apprécie la discrétion dont il fait preuve pour que nos voisins de table ne soient pas au courant de notre histoire. Je n’échappe pas par contre au sourire mauvais et sarcastique qui rend l’ambiance tendue et étouffante. Il donne l’impression de se moquer de moi. Quand il termine par le fait que je manque aussi de courage pour l’observer dans les yeux, je relève machinalement la tête sans répondre quoi que ce soit. Je ne peux que reconnaître qu’il a absolument raison. Même si j’ai tout de même de la difficulté à affronter son regard empli d’animosité et de ressentiment, je tente de bien le croiser lorsque je lui réponds.

— Lâche, je ne sais pas si c’est exactement le mot, en revanche je n’ai pas été très malin pour une fois, je le reconnais.

Pas malin de l’avoir laissé.
Pas malin d’avoir décidé à sa place.
Pas malin de ne lui avoir rien dit pour lui permettre de se détacher de sa douleur.
Pas malin de l’avoir laissé croire que ça pouvait être à cause d’un manque d’amour.
Pas malin de n’avoir jamais réussi à le recontacter, à m’expliquer.

Ma réponse résonnerait presque comme de l’orgueil et de la prétention, mais Laszlo saura que c’est un simple constat. Je m’exprime avec franchise pour qu’il comprenne bien qu’il est certainement mon plus grand remords, après le fait d’avoir repris les drogues. Les deux sont de toute façon liés. D’une certaine manière, j’admets la culpabilité et les regrets qui me pèsent, le mauvais choix réalisé. Les regrets de l’avoir laissé dans un silence perturbant, mais surtout, de l’avoir laissé tout court. La culpabilité n’en est que plus brutale face à la douleur et colère qui s’imprègnent de son visage. La déception qu’il énonce me confirme que je l’ai brisé en deux, comme je l’avais craint.

— J’aurais dû, je le sais. J’aurais dû tout t’expliquer, te rappeler, te faire comprendre que c’était mieux que je m’éloigne avant de t’étouffer aussi. Même si j’avais déjà commencé à le faire.

Après tout, il était parti respirer auprès de sa famille pour cette raison. Il avait de la difficulté à se remettre des épreuves que je lui avais fait traverser. Il avait toute une carrière, toute sa vie devant lui ; c’était injuste qu’il ait à me gérer alors que lui avait tout à construire.

— Mais tout ça, on sait bien que c’est très théorique, qu’entre ce qu’il faudrait et la réalité, entre la raison dictée par le cerveau et le poids du cœur, il y a tout un monde ; et que se dire adieu, ça ne faisait pas partie des options, ce n’était pas envisageable. C’est bien une des rares choses que je ne suis pas capable de faire dans la vie.

Et quelque part au fond de lui, je suis persuadé qu'il le sait. J'essaie de défendre ma vision des choses à une période où tout me dépassait, mais je sais que chacun de mes choix et cette lâcheté qu'il met justement en évidence, revenaient au même problème qui me bloquait : je n’avais pas eu le cœur de lui dire adieu, c’était hors de mon champ de compétences. Laszlo, ça n’a jamais fait partie de l’histoire ancienne. Cela aurait été pourtant plus simple pour lui de rebondir, de m’oublier, si j’avais mis fin à notre relation de manière directe et cadrée, comme je menais ma vie en général d’ailleurs. Mais Laszlo avait toujours été une exception. Quand mon regard croise le sien, je me rends compte que cette vérité n’a pas changé. Malgré les années qui se sont écoulées, je suis toujours électrisé par ses yeux. Autant effrayé que perturbé. Toujours amoureux, sans doute. On essaie juste d’oublier avec les années, en se mettant la tête dans autre chose pour ne pas voir la vérité en face, pour chasser tous les ressentis qui tordent le cœur. Force est de constater que mon esprit et mon palpitant qui prend un rythme endiablé ne l’ont pas éliminé des souvenirs. La réalité est dorénavant bien solide et évidente : jamais plus je ne rencontrerai quelqu’un que je pourrais aimer aussi fort que j'ai pu aimer Laszlo, avec qui je me sentirai aussi complet que quand j'étais avec lui. Ce sont toutefois des certitudes que l’on ne peut pas vraiment souligner quand l’amertume et la rancune sont les sentiments premiers de la conversation.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Mer 17 Mar - 0:29



les retrouvailles
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Terreurs nocturnes, syndrome de stress post-traumatique, dépersonnalisation, dépression, raptus suicidaire, crises d'angoisse,... Niveau états émotionnels chaotiques, Laszlo il a déjà vu du paysage sur ses 28 années de vie. Il pourrait te réciter la roue des émotions tout en écrivant un bouquin sur chacune d'elles. Il serait peut-être même capable de pointer du doigt la moindre petite réaction physique liée à chacune de ses émotions. Il a 15 ans d'analyse dans les pattes, on pourrait croire qu'il est passé professionnel médaillé en gestion de crise. Puis il a aussi passé plus de cinq ans à s'imaginer ce qu'il ferait, ce qu'il ressentirait, ce qu'il dirait, le jour où il reverrait Oscar. S'il revoyait Oscar. Autant dire que des scénarios, il en avait une putain de chiée en tête ! Du plus triste: s'écrouler au sol, remué par des sanglots immondes, incapable de dire ce qu'il a sur le cœur, partagé entre tristesse trop longtemps contenue et soulagement. En passant par le plus mièvre: incapable de continuer à se voiler la face et à jouer les nonchalants, se jeter à son cou et le supplier de ne plus jamais disparaitre. Au plus triomphant: droit au but, sans un mot plus haut que l'autre, en total maitrise de ses émotions, juste assez pour faire comprendre à Oscar qu'il est passé à autre chose et ne plus jamais le revoir ni y repenser. Il en avait même un pour si jamais il ne le revoyait jamais: ignorer sa douleur l'espace d'une vie et mourir en la compagnie de son ressentiment.  Bref, on pourrait croire que ses retrouvailles étaient suffisamment anticipées, mentalement préparées, pour que ça se passe vite et bien. Pas nécessairement indolore hein, ça serait presque contreproductif, mais que ça avance quoi. Sauf que le seul truc qui tourne en boucle depuis qu'il est assis face au fantôme de son passé, c'est qu'il est complètement largué. La roue des émotions, il se la mange en entière dans la tronche et c'est parfaitement indigeste.  

C'est pas que les scénarios préparés ont soudainement disparus. C'est plus que dans l'océan désordonné de ce qu'il ressent, il ne sait absolument pas quelle voie choisir pour mener à bien ces retrouvailles. Genre, comment tu dis à ton ex que c'est un connard finit, lorsqu'en voyant ses yeux t'as le souvenir des soirées passées à les regarder se plisser d'amusement, de malice ou de bonheur et que ce simple souvenir te donne à la fois envie de gerber et envie sourire comme un lunatique ? Comment tu lui dis que tu lui en veut à mort, à en hurler, lorsqu'il y a un petit bout de ton cerveau qui danse la Cucaracha parce qu'il est en vie bordel ! Pardon, en ville on voulait dire, il est en ville. En vie, on le savait déjà. Comment tu lui demandes ce qu'il s'est passé dans sa tête pour qu'il estime être une bonne idée de se barrer sans un mot, lorsque rien que l'idée d'entendre sa voix à nouveau te donne à la fois envie de l'étrangler sur place et l'envie de le faire hurler de plaisir en plein milieu d'un café bondé ? Tu peux pas cogner un mec et lui ramoner les molaires avec ta langue en même temps, ça fait désordre. Sauf si le but est l'homicide un peu glauque, mais on en est pas là encore.

Il n'a pas vraiment l'occasion de dépatouiller ce bazar et il improvise, lance un truc dégueulasse avec un air entre le je m'en foutisme et la bataille de gnons pour finalement avoir une réaction en face. Pas qu'il ne s'attendait pas à une réaction de la part d'Oscar, mais de là à dire qu'il était prêt à la gérer une fois venue, c'est encore un autre bordel. Même en se focalisant le mieux possible sur l'instant présent, lorsque son ex relève machinalement les yeux lorsqu'il lui reproche d'être un lâche, Laszlo bug une fois de plus. Ces yeux, putain, ces yeux ! On en parle deux secondes de ce bleu qui le hante ? Non ? Ok, pas tout de suite, mais ça va venir...
S'il ne savait pas à quelle réaction s'attendre, c'était celle qu'il espérait au plus profond de lui et malgré qu'elle soit là devant lui, ces yeux bleus dans les siens, il ne sait pas quoi en faire. Une partie de lui jubile de voir que cet Oscar ressemble toujours à celui qu'il a connu, capable de courage, de relever la tête, même dans les situations où il aimerait mieux se faire tout petit. Une autre voudrait lui cracher à la gueule d'oser même exister dans sa périphérie avec ce qui pourrait être considéré, par toute personne qui n'est pas Laszlo, beaucoup d'impertinence. Sa situation s'empire drastiquement lorsqu'Oscar ouvre finalement la bouche. Cette voix, mais cette voix putain ! Non ce coup-ci on va en parler. S'il avait été honnête sur le sujet, il avouerait volontiers qu'il lui arrive régulièrement d'en rêver de cette voix. De l'imaginer la nuit lorsqu'il cède à une énième crise d'angoisse venue de nulle part. Toujours douce, pas nécessairement grave, mais chaude, un peu grinçante sur certains mots et qui aujourd'hui lui fait l'effet d'une douche froide pour la première fois de sa vie. Il était bien obligé de s'y résoudre, il avait passé tellement de temps à imaginer en secret qu'Oscar était toujours là dans un coin, qu'il avait même été incapable d'oublier sa voix. Il aurait presque préféré qu'elle ait changé, juste assez pour lui rappeler qu'ils venaient de passer des années loin de l'autre plutôt que de le replonger dans celles qu'ils avaient passées ensemble.

Littéralement estomaqué par l'effet que cette voix si familière a sur lui, Laszlo peine un peu à enregistrer réellement les premiers mots d'Oscar et lorsqu'ils font enfin sens dans sa caboche malmenée, il ne trouve rien à répondre. Il ne semble pas qu'Oscar ait besoin d'une réponse de toute façon et c'est tant mieux. On enchaine, allez hop. Cette fois, il n'y a plus la surprise de réentendre sa voix pour de vrai dans la réalité réelle, du coup les prochains mots d'Oscar s'impriment beaucoup plus facilement et ceux-ci lui soutire une réaction viscérale bien malgré lui. Il sert les dents pour ne pas hurler à l'outrage et il lâche sa tasse pour pouvoir serrer les poings sans casser quoi que ce soit. Partir avant de l'étouffer ? Si le mot "bullshit" ne lui pendait pas des lèvres, il serrait en train de rire. Qu'est ce qu'il faut pas entendre comme connerie. Le pire c'est que Laszlo sait, sans trop savoir comment d'ailleurs, il sait qu'Oscar y croit dur comme fer à ce raisonnement débile. Que pour lui ça constitue réellement une bonne raison de disparaitre. Il aura probablement passé des années à se dire qu'à défaut de pouvoir se sauver lui-même, il l'aura sauvé lui et peu importe que Laszlo ait demandé à être sauvé ou non. Laszlo fulmine, sur le point de gueuler lorsqu'Oscar le prend de vitesse et reprend la parole. Aussi vite ses poings s'étaient serrés de colère, qu'ils se relâchent. Ça n'a pourtant jamais été un problème auparavant, mais pour une fois il est pris de court par la sincérité d'Oscar. Il ne sait pas quoi faire de ce qu'il vient de lui avouer, que les adieux lui étaient et lui avaient toujours été inenvisageables, impossibles. Une petite voix exaltée lui souffle dans le creux de l'oreille que ça c'est bien le Oscar qu'il connait et il sent un truc tout au fond de lui, bien caché, s’apaiser, même s'il ne comprend pas trop quoi ni pourquoi. Oh il est toujours fulminant hein, il n'y a pas de doute là-dessus. Il suffit de voir ses mains toujours tremblantes posées sur la table et ses sourcils toujours coincés dans un froncement des plus spectaculaires, mais il y a dans un coin, sous tout un fatras de débris, cette sensation qu'on a lorsqu'on vient de commencer un puzzle et trouve enfin deux pièces qui s'imbriquent parfaitement l'une dans l'autre. Il n'est pas prêt d'en laisser paraitre quoi que ce soit et continue de toiser Oscar d'un regard noir.

« T'imagines pas que je passe au-dessus, on reviendra sur tes conneries de noble chevalier qui se sacrifie dans l'honorable tâche de me préserver de la décrépitude qu'est sa vie, mais il y a un truc que j'aimerais savoir avant ça. »

Il y a même beaucoup de trucs qu'il aimerait bien savoir et d'ailleurs il aurait peut-être du préparer une liste un jour, dans toute sa préparation scénaristique, parce qu'il enchaine direct sur une question qu'il s'était juré de ne jamais poser.

« Après tout ce qu'on a vécu ensemble, qu'est ce que j'ai fait pour te faire penser, ne serait-ce qu'un instant, que t'en aller comme ça était la solution ? »

La question est à peine sortie de sa bouche, que Laszlo s'en veut déjà et grince des dents d'énervement, mais contre lui-même cette fois. Non, non, non ! C'est Oscar le fautif dans l'histoire, c'est ça qui devrait être souligné en triple lignes fluorescentes. Il devrait être en train de lui demander pourquoi il n'avait pas appelé plus tôt, qu'est ce qu'il avait bien pu foutre ces 5 dernières années, qu'est ce qu'il devait faire de ses affaires qu'ils avaient laissé là en plan dans l'appartement qu'ils partageaient,... Lui demander si ça lui avait effleuré l'esprit de l'appeler lorsqu'il avait remis les pieds à Los Angeles ou s'il espérait juste l'éviter jusqu'à son prochain départ soudain. S'il avait eu une pensée un jour pour le genre de souffrance dans laquelle il l'avait plongé en partant comme un voleur. S'il avait vraiment aussi peu d'estime pour lui, cet homme qu'il disait aimer, pour décider qu'il ne méritait même pas une explication. Il devrait être en train de lui cracher rancœur et dégoût au visage et au lieu de ça, pauvre con décide de poser une question qui laisse très clairement entrevoir que si Laszlo lui en veut à mort, ce qui le torture là tout de suite c'est l'idée que peut-être c'était de sa faute si Oscar était parti. Alors comme ça, ça semble un peu égocentré comme réflexion, mais ce n'est pas réellement ce que demande Laszlo et si Oscar est encore familier avec le Laszlo qu'il a toujours connu, il le comprendra probablement très vite. Ce qui le taraude depuis 5 ans, ce n'est pas l'idée qu'il ait fait une connerie, c'est l'idée qu'Oscar ait eu l'impression, peut-être, ne serait-ce qu'une demie seconde, qu'il l'avait laissé tomber, qu'il était capable de l'abandonner. Qu'il ait pu penser un seul instant que Laszlo ne l'aimait pas assez, n'était pas prêt à tout et n'importe quoi pour vivre à ses côtés et l'épauler dans les pires situations qu'une vie puisse vous envoyer dans la tronche. Qu'il ne s'était jamais montré assez présent, assez fort, assez aimant pour qu'Oscar puisse lui faire confiance pour l'aider à se sortir, à les sortir tous les deux, de cette situation qui l'avait poussé à prendre ses jambes à son cou et à disparaitre purement et simplement.

Le regard orageux toujours posé sur Oscar, Laszlo se rend vite compte qu'il y a peu de chance que ce dernier passe à côté des mots qui se cachent réellement sous cette question et un soupir sans fin s'échappe de ses lèvres alors qu'il détourne enfin le regard pour aller perdre son visage dans ses mains. Déjà épuisé par cette bataille acharnée qui opposent ses plus violentes émotions, ses pensées les plus profondément enfouies, Laszlo contrôle difficilement sa voix lorsqu'il ouvre une fois de plus la bouche, le visage toujours caché dans ses mains.

« J'ai cru que t'étais mort putain ! »

Sa voix est basse, presque un murmure et se brise sur l'avant dernier mot. A deux doigts de sombrer dans une sorte de morne lassitude, comme prêt à se laisser renoncer, à s'éteindre. Mais s'entendre craquer de la sorte ravive sa colère d'un seul coup et l'une de ses mains vient malgré lui taper sur la table alors qu'il relève soudainement les yeux vers Oscar d'un air furibard. Il fait aussi sursauter sa tasse de thé et trembler les gens aux alentours. Ou inversement, on sait plus, il s'en fout. Très franchement c'est le cadet de ses soucis là tout de suite. Toute personne dans un rayon de 20 mètres devraient déjà s'estimer heureux qu'il n'y ait pas des chaises qui volent.

« J'ai cru que t'étais mort putain ! Tu t'es déjà demandé ce que ça m'a fait de rentrer chez nous et de ne pas t'y trouver ? Après des mois de cure ? La panique, l'angoisse, après plusieurs jours sans nouvelle ? Les cauchemars ? J'ai fait tous les hôpitaux des alentours, j'ai harcelé tout les gens qu'on avait en commun, j'ai laissé un bon milliard de messages sur ton téléphone et à chaque fois que le mien sonnait je me disais "ça y est quelqu'un l'a retrouvé crevé dans un fossé avec une aiguille plantée dans le bras". Tu as la moindre idée de ce que j'ai ressenti le jour où j'ai appris que tu n'étais pas mort, tu étais juste parti ? Comme ça, sans un mot, sans un regard en arrière, en me laissant toutes tes affaires, toutes tes merdes non finies à gérer ? Entouré quotidiennement par les preuves que tu as existé, que nous avons existé, mais que je ne méritais pas plus que ça ?  »

Les tables alentours sont plongées dans un faux silence, une sorte de malaise, depuis qu'il a maltraité cette pauvre table, ce qui ne fait qu’amplifier les mots qui dégoulinent des lèvres de Laszlo sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit. Lorsqu'il reprend son souffle, un peu difficilement d'ailleurs, la gorge serrée de toutes ses émotions qui se chamaillent, il lance un regard noir aux gens autours, les sommant d'un air mauvais de s'occuper de leurs culs et il se remet à déblatérer d'une voix plus basse cette fois.  

« Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, mais j'aurais pu tout entendre Oscar. J'aurais voulu tout entendre... Et tu le sais très bien. Si les adieux t'étaient impossibles, t'aurais au moins pu te fendre d'un au revoir. Même deux mois, ou trois mois après ton départ, peu importe, juste un message s'il le fallait. Mais là ça fait cinq ans Oscar. CINQ ANS ! Cinq putain d'années. Combien d'années supplémentaires j'aurais pu attendre si on ne s'était pas tombé dessus comme ça ? Cinq de plus ? Dix ? Une vie entière ? Combien de temps t'étais prêt à attendre pour pouvoir te dire: "okay maintenant ça fait assez longtemps, ça ne devrait plus faire mal." ? »

Parce que attention, spoiler alert, ça fait un mal de chien ! Cinq ans n'y auront rien changé. A son plus grand désarrois et malgré tout ses efforts pour se convaincre du contraire. On l'avait réconforté en lui disant que le temps guérit toutes les blessures. Force est de constater que le temps n'avait fait qu'approfondir les siennes.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Dim 21 Mar - 12:47
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J’écoute, j’encaisse. C’est son moment, pas le mien ; celui que Laszlo n’attendait certainement plus : cette occasion inespérée de pouvoir se dégager d’un poids. Je le laisse exploser, je n’interviens pas dans son monologue destructif. Tous les mots qu’il utilise, la hargne dont il use pour me les balancer à la figure, heurtent mon esprit avec douleur. Il fait preuve de cynisme pour contrer la justification que je tentais de développer, ne lui accordant aucune crédibilité ou validité. Après l’emportement, s’en suivent la culpabilisation et la tristesse. Je sens à quel point je l’ai fait souffrir, combien il m’en veut de l’avoir laissé derrière moi. C’est une explosion d’émotions qu’il laisse éclater au fil de ses phrases, un discours partagé entre amertume et chagrin. J’entends sa douleur, je la perçois. Il y a la colère évidente qui se manifeste dans le ton qu’il emploie, mais elle ne fait que camoufler la profonde peine qui le submerge encore. Il tente tant bien que mal de la chasser, de la cacher, de la rendre moins perceptible, s’aidant d’un coup contre la table pour rétablir cette aigreur qui s’était dissipée un instant. Comme sa tasse de thé, je sursaute d’étonnement, me faisant la réflexion que Laszlo n’avait sans doute jamais été aussi énervé contre moi.

Je ne quitte pas ses yeux une seconde, même s’ils sont noirs et empreints de cette animosité qui se renforce au fil des reproches. Je sens pourtant les miens être inondés par des larmes que je ne contrôle plus. Elles restent bloquées, semblables à des lueurs de désespoir. Je me mordille les lèvres, l’intérieur des joues ; je tripote mes doigts pour en écorcher les bouts, retirer des parcelles de peau pour mieux vivre l’angoisse du moment. Je veux surtout retenir les larmes, je refuse de me morfondre ou d’éclater en sanglots devant lui. Ce n’est pas à moi de pleurer comme un môme, par respect pour lui je ne veux pas craquer. Alors je prends des respirations plus profondes pour tenter de débloquer la pression qui me pèse au niveau de la poitrine. Avec ce trouble qui m’agite, je suis encore moins capable de prendre la parole. Je le laisse naturellement terminer, me fracasser au passage. J’étais conscient de certains faits qu’il souligne, mais d’autres me terrassent complètement.

Laszlo pensait que j’étais mort. L’idée qu’il puisse imaginer ce pire scénario, je ne l’avais pas envisagé. J’étais pourtant habitué en tant que scientifique de songer à toutes les éventualités et hypothèses. Laszlo avait déjà suffisamment souffert avec la mort de ses parents quand il était plus jeune. Il contenait son lot d’angoisses que je tentais chaque fois de canaliser quand elles revenaient plus fortes. J’avais ajouté un autre sentiment d’abandon, marquant son esprit une nouvelle fois. En voulant le protéger et ne pas l’étouffer, j’étais parvenu à ajouter une douleur à son lot de contrariétés. Le chevalier servant qui devient le bourreau. Son naturel anxieux avait forcément ressurgi dans des circonstances pareilles. Il s’était angoissé à mon sujet, sans savoir où j’avais pu disparaître, si j’avais fini sous un pont, la seringue plantée dans le bras. Certainement que je n’avais pas voulu penser à cette éventualité que Laszlo ne puisse pas se remettre de mon départ, ne pas passer son temps à se questionner, à se demander où j'avais pu partir. C’était plus simple de croire qu’il était capable de rebondir, de m’effacer rapidement, de ne pas s’épuiser – encore – à s’inquiéter pour moi. Tout ce que je lui avais accordé, c’étaient des cauchemars, des angoisses et des pensées obsédantes, à n’en plus pouvoir dormir. Tous ces mots sont poignants. Toutes les vérités qu’il me fait entrevoir le sont tout autant. J’imagine mieux le Laszlo courir à droite à gauche, avec cette peur au ventre, cette peur qui donne envie de vomir et mourir en même temps. À travers son récit, je comprends l’étendue des dégâts et ce qu’il voulait dire sur le fait que j’étais « un lâche ». Je pourrais aussi rajouter égoïste à la liste. Mon état d’esprit complexe m’avait enfermé dans cette idée que cela serait mieux pour lui, c’était devenu une conviction de laquelle je ne parvenais plus à me détacher. Et si je reprenais contact avec Laszlo pour simplement lui expliquer et clôturer la relation correctement, je serai bien incapable de lui dire adieu ou au revoir. Avec ce que me décrit Laszlo, toutes les évidences s'écroulent.

Des regards curieux nous inspectent quelquefois depuis le coup porté contre la table de Laszlo. Je n’observe que lui, mais je les sens, ces gens qui nous toisent pour capter notre altercation. Laszlo s’est appliqué à garder la voix basse, même si, inévitablement, il a augmenté le niveau sonore pour prononcer certains mots empreints de colère. Ce manque d’intimité rend le tout plus inconfortable et renforce cette envie de me retrouver seul avec Laszlo, pour pouvoir discuter plus librement de notre relation brisée. Je ne veux pas qu’il retienne cette agressivité qu’il a maintenue tout au long de notre échange ; et qu’il puisse exploser et gueuler s’il en éprouve le besoin. Quant à moi, j’ai tant de choses intimes à lui expliquer que je préférerais que personne d’autre que lui ne puisse entendre ce que j’ai à dire – à lui dire. Je ne voudrais pas qu’il pense que c’est un énième plan pour m’échapper et ne pas l’affronter. Toutes ces remarques balancées sont de toute façon marquées dans un coin de mon crâne, je n’en ai oublié aucune et je compte bien revenir sur chacune d’elles.

— Est-ce que ça te dérangerait si on continue dehors ? je demande d’une voix neutre, en croisant son regard pour m’assurer que l’idée lui convient bien.

Même si j’ai l’impression de créer une coupure nette dans cette conversation endiablée, Laszlo semble réceptif à ma demande. Tous deux réservés, nous connaissons l’importance d’avoir un climat serein et intime autour de nous, pour que nous nous sentions plus libres de nous exprimer. Je n’ai jamais aimé être le centre de l’attention, à part dans mes cours universitaires pour partager « ma science », mes connaissances… et ça ne m’a pourtant apporté que la déchéance.

Une fois à l’extérieur, je commence à marcher sur le trottoir, m’assurant que Laszlo suit bien le mouvement. Je nous guide vers des ruelles moins bondées, en gardant un rythme lent pour bien montrer que nous ne sommes pas pressés pour terminer cet échange, que nous pouvons prendre notre temps. Laszlo a sans doute encore des rancœurs à exprimer et moi beaucoup de justifications à donner. L’air frais me permet déjà de mieux respirer, d’en finir avec les larmes qui restaient logées dans mes yeux. J’ai tous ses reproches en tête, mais je ne sais pas par quoi commencer. J’entame avec logique : lui expliquer le contexte, le commencement, qui a ensuite entraîné cette idée de le quitter sans rien lui expliquer ; pour qu’il comprenne peut-être un peu mieux tout ce qui m’est passé par la tête. Puisqu’il m’a confirmé qu’il aurait pu et voulu tout entendre, je me dis que ça doit être toujours valable. Alors je me lance à mon tour dans mon récit.

— Après ma cure, quand t’es parti chez ta famille pour te ressourcer un peu, le manque est revenu brutalement. J’ai réussi à gérer au début : je lisais, me documentais, mettais tout en œuvre pour penser à autre chose et me relever. Chaque fois qu’on se téléphonait, je ne voulais pas que tu sentes que c’était compliqué pour moi, je ne voulais pas que tu reviennes parce que j’étais juste devenu trop faible quand tu n’étais pas là. Je sentais que j’allais tenir et réussir à vraiment m’en sortir, même quand tu n’étais pas avec moi ; même si je ne pensais qu’à ça. Je crois que je tenais pour toi plus que pour moi, je voulais que tu sois fier de moi en rentrant. Alors je tenais. Jusqu’à ce que ma mère me téléphone en milieu de semaine pour m’annoncer que mon père était mort en mission. Je me suis pris un flot d’émotions en pleine figure. Tu sais qu’avec lui, ça a toujours été particulièrement compliqué. On n’était pas proches et pourtant, ça m’a complètement dévasté. Toute la pression, la culpabilisation, ces sentiments toxiques qu’il m’infligeait, que je tentais vainement d’éloigner au quotidien, se sont de nouveau installés, quand j’ai repensé à toutes les fois où il a été indifférent, où mes résultats prometteurs ne lui semblaient même pas satisfaisants ou qu’il a montré sa déception. Cette envie d’être le meilleur, cette idée d’avoir été très peu compétent cette année-là, ont empoisonné mon cerveau et j’ai replongé. Totalement, pleinement, je n’avais jamais autant consommé en si peu de temps. Sauf que la descente a été encore plus violente : j’ai tout de suite pensé à la déception que tu allais ressentir, au poids que j’étais devenu, à la cure qui nous attendait, encore. Ta déception, c’était ce qu’il y avait de pire pour moi, je ne voulais pas l'affronter. Je voulais partir. M’enfuir.

Malgré tout, je l’avais quand même déçu. J’aurais voulu lui raconter le reste : ce que j’étais devenu, le chemin que j’avais parcouru, mais je n’étais pas certain qu’il veuille l’entendre. Je voulais également qu’il mette en avant son évolution, le positif qu’il avait pu en tirer, peut-être. Sans moi pour épuiser son ambition et ses compétences, est-ce qu’il avait terminé son master et était devenu ce qu’il voulait être ?

— J’ai lu tous tes messages, entendu tous les vocaux. Tous. Je les relis encore, parfois. Et je suis toujours à deux doigts de te téléphoner, je lui avoue pour lui préciser qu’effectivement il avait tenté de garder le contact avec moi. Tu as raison : j’ai été lâche, de ne pas avoir réussi à te dire adieu pour te permettre de faire le deuil. Mais si je revenais vers toi, je n’aurais plus été capable de repartir, je réponds à sa dernière question, laissant entendre qu’il valait mieux rester chacun de son côté encore longtemps, parce que si je reprenais contact avec lui, c’était pour ne plus le lâcher.

Maintenant que je suis près de lui, je me rends encore plus compte de cette réalité, de ce désir de ne plus le quitter. Maintenant que je le retrouve – ou plutôt que je l’ai face à moi, j'aimerais qu’il ne disparaisse plus jamais de mon horizon. Qu'il redevienne l'étoile filante de mon ciel étoilé.

Je commence par me remettre en question pour entamer la seconde partie, et présente le constat évident qui m’est venu en entendant cette explosion d’anxiété et de chagrin. Le deuil. En le prononçant, je me rends compte que le mot était peut-être trop durement choisi. Je ne cherche pas à le corriger, je pense qu’il comprendra l’idée – et puis, c’est exactement ce qu’il a ressenti, en pensant que j’étais mort. Je suis de toute façon obsédé par un point crucial évoqué par Laszlo : celui qui m’a surpris avec violence et qui a ramené un peu de sensibilité dans la conversation. Après tout ce qu’on avait vécu ensemble, qu’est-ce qu’il avait fait pour me faire penser que m’en aller était la solution ? C’était ce questionnement qui me posait le plus de souci pour répondre. Parce que Laszlo n’avait pas compris qu’il n’y était pour rien, justement. Que c’était tout ce qu’il représentait pour moi ; c’était tout ce qu’il était, tout ce qu’il est, tout ce qu’il m’avait apporté, et même l’amour indestructible qu’il ressentait pour moi, le problème. Ou plutôt le fait que je ne voulais pas que cela devienne des raisons justifiables pour qu’il gâche volontairement sa vie à cause de moi.

— D’ailleurs tu n’as rien fait Laszlo, rien. Tu ne pouvais rien faire non plus pour cette pensée insistante que tu serais mieux sans moi. Tu as tellement donné de toi, de ton temps pendant ma cure, et tu sais combien je t’en suis reconnaissant... Alors quand j’ai repris, je me sentais tellement coupable de t’imposer ça une nouvelle fois. C’est justement parce que je savais que tu étais capable de tout lâcher, de penser plus à moi qu’à tes cours – parce que ça allait être la rentrée et qu’il fallait que tu reprennes à fond ; de te perdre dans cet amour et nos épreuves, que je ne voulais pas, ne pouvais pas, te laisser faire. Je ne vais pas te culpabiliser d’avoir été présent ou formidable, c’est seulement cette personne que tu étais, je ne voulais pas l’écraser ou lui faire plus de mal. C’était ce que je pouvais faire de ton dévouement qui était le problème. C’était ma manière de te protéger. Mal, je le sais maintenant. Parce que je n’avais pas évalué que de te priver de moi ça pouvait être pire encore. Je sais maintenant, avec du recul, que j’étais idiot de choisir pour toi, de rien te dire. J’essaie seulement de t’expliquer mon ressenti à l’époque, sans pour autant dire qu’il est justifiable.

Les mots que nous nous ne sommes jamais dits sont enfin révélés. Ce n’était encore une fois pas de l’égocentrisme, seulement la vérité : nous nous étions aimés très fort, aucun de nous ne peut le nier – la rancune ne pouvant rien y changer. J’ai conscience qu’il a souffert de mon absence, de mes silences. Ma culpabilité n’en est que plus accentuée dorénavant.

— Je suis profondément désolé Laszlo. Je sais que ce ne sont que des mots, que j’aurais dû agir avant, mais c’est tout ce que j’ai pour le moment, je prononce avec la plus grande sincérité, en tournant le visage vers lui pour croiser son regard.

Pour le moment, cela laisse sous-entendre que je n’en ai pas tellement fini avec lui… que je compte bien, petit à petit, trouver le moyen de réparer tout ce que j’ai brisé.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Mer 24 Mar - 0:51



les retrouvailles
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Est ce que les mots ont encore du sens lorsqu'ils sortent malgré lui, avant même qu'il les ait pensé, les ait agencé ? Ou ne sont-ils devenus que des émotions qui débordent, déferlent et inondent ? A ce stade Laszlo n'est même pas vraiment certain de ce qu'il dit ou de ce qu'il tait. Il élève un peu la voix, mais ça reste dans le domaine du décent, il est encore loin de crier et pourtant tout semble résonner dans son crâne alors que face à lui Oscar garde le silence, rendu muet par cette confrontation à laquelle il n'était probablement pas plus préparé que lui au final. Il ne sait pas si ça lui plait ou pas ce silence, ce manque de répondant, ce mur en face qui encaisse sans bouger. Aurait-il préféré qu'Oscar s'énerve en retour, le coupe, se justifie, le défie, le contredise ? Qu'il fasse s'enflammer cette conversation qui, pour l'instant, est à sens unique ? Le Oscar dont il a encore un souvenir si vivant, malgré ces années passées à essayer de l'oublier, l'avait toujours suivi au front avec sa verve et son esprit vif qui l'avait toujours enjaillé, pas que les engueulades aient jamais réellement été leur style cela dit. C'était presque perturbant, déroutant, de le voir aussi passif. Et d'un autre côté, peut-être n'est-ce pas plus mal qu'il garde le silence. Laszlo ne sait déjà pas quoi faire des pensées qui se bousculent dans sa tête et au creux de ses lèvres, que pourrait il bien faire de celles de quelqu'un d'autre si ce n'est couler qu'un peu plus dans le marécage de ses propres émotions en vrac ? Et puis qu'aurait-il pu dire ? Il y a t-il ne serait qu'une seule chose qu'Oscar aurait pu dire pour calmer les vents violents qui malmènent son corps, son cœur et son esprit ?

Lorsqu'il donne un coup sur la table, Oscar sursaute et Laszlo a le cœur qui dérape, l'espace d'un dixième de seconde, il s'en veut de l'avoir effrayé. Sa gorge se sert alors qu'il l'observe se mordre la lèvre et se triturer les doigts, manies qui témoignent du tumulte qui l'habite lui aussi. Une partie de lui, celle qu'il avait tant bien que mal essayé d'étrangler ces dernières années, lui hurle de lui attraper les mains pour qu'il stoppe avant de se faire mal. Même après cinq ans, cette idée, qu'il souffre, lui reste insoutenable et ce constat ne fait qu'attiser sa colère. Pourquoi est-ce qu'il ne pourrait pas simplement plus rien en avoir à foutre sérieusement ? Ça serait tellement plus simple. Ça serait tellement plus simple s'il pouvait juste devenir un bulldozer, tout dézinguer sur son passage, sans remord, sans compassion. S'il pouvait faire taire ce bout de lui qui respire encore, ce petit bout de lui qui l'aime encore, qui espère encore, qui continue à aspirer à son bonheur, à son bien être. Rien n'est aussi simple, rien depuis qu'Oscar a disparu n'a plus jamais vraiment été simple en fait.  

Finalement, il semble qu'Oscar ne supporte pas beaucoup mieux que lui le poids des regards curieux posés sur eux et lui demande s'il veut bien continuer tout ça dehors, Laszlo ne peut que hocher de la tête et soupirer de soulagement. Lorsqu'il se lève, c'est comme si le poids du monde s'était accroché à ses épaules et il est à deux doigts de chanceler sur place. Il se reprend rapidement, avant qu'Oscar puisse le voir s'affaiblir à vue d’œil, croulant sous le poids de tout ce qui est resté en suspend entre eux. Il n'aura pas touché à son thé, en fait, il l'a oublié bien avant même de franchir la porte. Il prend quelques profondes respirations une fois dehors, mais l'air frais ne lui fait pas autant de bien qu'il l'aurait souhaité, n'apaise pas le moins du monde ses pensées frénétiques. Alors il emboite le pas à Oscar sans un mot, le skateboard sous le bras et ses mains tremblantes cherchant presque désespérément son paquet de tabac dans les poches de sa veste. C'est à peine s'il arrive à se rouler une clope, lui qui d'habitude est presque capable de le faire les yeux fermés et la tête en bas. Il galère, manque de tomber du trottoir au moins deux fois, heurte une ou deux personnes sans être capable de desserrer les dents pour s'excuser et moins ses doigts coopèrent plus il cède à la frustration de son état. Lorsque Oscar ralentit et s'arrête finalement dans une petite ruelle déserte, qui de nuit passerait volontiers pour un peu glauque, mais qui a au moins le mérite d'être relativement tranquille, il ne sait pas s'il bouillonne, à deux doigts de l'explosion ou s'il coule, à deux doigts de la noyade. Et comme de toute évidence, cette conversation est loin d'être terminée, saches que ça ne va pas aller en s'arrangeant mon coco.

Il réussit enfin à rouler sa clope et à l'allumer lorsque Oscar entame enfin, ENFIN, le récit de sa décision, merdique jusqu'à preuve du contraire. Et franchement, Laszlo n'est pas mécontent d'avoir quelque chose à faire de ses mains, la bouche occupée et les poumons dûment hors d'usage pour la parole parce qu'Oscar n'en est pas à six phrases qu'il a déjà envie de l'incendier sur place. Au briquet s'il le faut. Il retient les mots, relâche la fumée et tire à nouveau sur sa cigarette comme si c'était la seule chose qui le maintenait en vie. Alors que quelques minutes plus tôt il tenait à peine sur ses jambes, elles sont désormais habitées par une énergie malsaine qui l'empêche de rester tranquille. Il marche lentement d'un mur à l'autre de la ruelle, n'osant pas un seul regard vers Oscar, mais tendant l'oreille pour ne pas rater une miette de cette explication qui aura mis des années à lui arriver. Maintenant qu'elle est là, il semble incapable de l'entendre tout un restant stoïque, il tourne tel un lion en cage, on dirait même qu'il est le plus nerveux des deux. Ce n'est qu'arrivé au cœur même de l'intrigue, attention plot twist, qu'il s'arrête net et relève un regard abasourdi vers Oscar. Son père est mort. Putain.

Il en oublie la clope entre ses doigts qui se consume allègrement alors qu'il peine à faire le tri dans ce qu'il ressent face à ce dur état de fait. Son père est mort. Si déjà lui ça lui fout un choc, il peine à imaginer ce que ça avait du être pour Oscar sur le moment même. A l'ouragan de son million d'émotions contradictoires, il rajoute soudainement la compassion et, comme un con, son premier réflexe sera de faire un pas vers Oscar, comme prêt à l'étreindre, à le réconforter. Il ne s'en rend même pas compte, mais il s'arrête plus vite encore qu'il ne s'était lancé, subitement terrifié par l'idée même d'entrer en contact avec l'homme qui lui fait face. Son père est mort. Il s'était raconté des milliers d'histoires tout au long de ces années d'absence, essayant tant bien que mal de remplir les blancs, de donner du sens à ce départ soudain, mais il n'aurait jamais parié sur ce scénario là. Il avait rencontré le bonhomme plus d'une fois, ne l'avait jamais trop apprécié, déjà même étant enfant. Il ne s'était jamais caché du léger dédain qu'il avait pour cet homme dur et froid qui ne semblait jamais accorder le moindre égard au bonheur de son propre fils. Pour tout ce qu'il ne pouvait pas piffer le mec et aussi toxique pouvait être cette relation profondément inégale, il n'empêche que ça restait son père.
Laszlo ne quitte plus Oscar des yeux bien qu'il ait du mal à digérer l'information. Partagé entre chagrin, confusion, déception et colère une fois de plus. Il aurait du l'appeler, à l'instant même où il avait reçu la nouvelle, il aurait du l'appeler. Alors bien sur, Laszlo est furtivement conscient qu'il est toujours plus facile de dire aux autres ce qu'ils auraient du faire, comment ils auraient du réagir, mais malgré tout, il n'arrive pas à chasser cette pensée de sa tête. Oscar aurait du l'appeler. Des jours avant même, lorsqu'il se sentait fébrile, il aurait du lui dire plutôt qu'essayer de jouer au dur pour le rendre fier. C'est ça qui l'aurait rendu fier, qu'il ait tenu sa promesse, qu'il ait le courage d'appeler à l'aide, mais c'est encore un autre débat, on le garde pour plus tard. Il l'avait fait promettre en partant qu'il l’appellerait au moindre petit plat, à la moindre petite contrariété. Et lui, il lui avait promis de revenir aussi sec s'il en ressentait même l'infime besoin. Et peut-être est-il désormais aussi en colère contre lui-même qu'il ne l'est contre Oscar. Peut-être n'aurait-il jamais du partir pour commencer ? Pas qu'il soit retourné chez ses parents de gaité de cœur ou l'esprit tranquille, mais il était pourtant certain qu'Oscar était prêt à rester seul quelques jours. Peut-être s'était-il trompé. Ou peut-être pas. Oscar était prêt à vivre quelques jours tout seul, pas à perdre son père. Ça, aucun des deux n'auraient pu le prévoir. Oscar termine son explication sur le fait qu'il n'aurait pas su gérer sa déception, que c'était ce qui l'avait poussé à fuir et Laszlo soupire à s'en fêler une côte. Une partie de lui comprend, l'autre cherche encore la bagarre, cherche toutes les bonnes raisons d'exploser et Laszlo lui, il est définitivement épuisé. Drainé de cette agressive énergie, comme un soufflé qui retombe, il jette la cigarette qui s'est consumée sans lui avant d'aller se poser contre un mur et se laisser glisser au sol.

Les genoux repliés, les bras tendus posés dessus, il laisse tomber sa tête entre ses clavicules et ferme les yeux alors qu'Oscar reprend la parole. C'est presque plus facile comme ça, de l'entendre sans le voir, comme ce fut si souvent le cas ces dernières années. C'est presque comme si ce n'était que son imagination. Encore une fois. Sauf que cette fois-ci c'est bien réel, aussi réel que la boule d'émotions qui vient se loger dans sa gorge lorsque Oscar lui avoue avoir lu et entendu tout ses messages. Qu'il lui arrive même encore de les relire parfois. Si Laszlo semble impassible face à cette déclaration et ne fait que se vouter un peu plus, c'est avant tout pour lui cacher son visage alors qu'il lutte maladroitement contre les larmes qui lui montent aux yeux. Il ne sait pas si ce sont des larmes de rage ou des larmes de peine, tout ce qu'il sait c'est que depuis cinq ans, Oscar a toutes les preuves matérielles de sa peine, de son angoisse, de son inquiétude et qu'apparemment ce n'avait jamais été suffisant pour qu'il décroche enfin de téléphone et mette fin à son calvaire. Peut-être que lorsqu'il avait arrêté d'appeler, arrêté d'envoyer des messages, Oscar s'était convaincu qu'il avait aussi arrêté d'en avoir quoi que ce soit à faire et n'avait donc plus trouvé utile de lui fournir la moindre explication. Quoi qu'il en soit, alors qu'Oscar semble prendre quelques secondes pour remettre de l'ordre dans ses idées, Laszlo lui commence à avoir du mal à respirer et sert les poings à s'en enfoncer les ongles dans la paume dans un ultime effort pour ne pas s'effondrer pour de bon. En vain.

Oscar entame une nouvelle partie de son récit, une partie qui commence tout doucement à ressembler à des excuses, à une réelle explication quant au pourquoi il avait été condamné à souffrir dans le noir. Et ça va paraitre con, tellement con au vue des griefs énoncés jusque là, au vue des années de douleur et de rancœur accumulée, mais c'est la partie qu'il lui faisait présentement le plus de bien. Pourtant, comme le dit Oscar après quelques minutes de monologue, ce ne sont que des mots, mais ce sont ceux qu'il avait eu besoin d'entendre toutes ces années. Au delà de l'explication de faits, il avait besoin d'entendre qu'Oscar regrettait et que d'une certaine manière, il assumait la responsabilité de cette souffrance dans laquelle il l'avait forcé à vivre. Qu'il la voyait, la comprenait et la validait enfin, cette souffrance qui l'avait bouffé plus qu'il ne l'a jamais avoué à qui que ce soit. Peut-être même pas à lui-même pour une fois. Ce coup ci, Laszlo peut bien serrer des dents et des poings tout ce qu'il veut, quelques larmes s'échappent silencieusement de ses paupières toujours closes. Il garde la tête baissée et le menton fermement ancré contre le torse et les larmes vont délicatement s'échouer sur son t-shirt rose. Il n'a pas honte de ces larmes qui coulent, certainement pas devant Oscar, pas plus qu'elles n'ont réellement un goût amer. Elles sont plus le fruit de l'épuisement émotionnel que de l'animosité. Ça ne l'empêche pas de les essuyer d'un revers de manche lorsqu'il relève finalement la tête, quelques secondes après qu'Oscar ait terminé sa tirade. Il perd son regard dans le vide un bon moment, il cogite en silence, tente d'emmagasiner toutes ces nouvelles informations. Il n'a pas la moindre idée de ce qu'il est censé faire de tout ça et abandonne assez rapidement l'idée de le savoir incessamment sous peu. Il lui faudra probablement des semaines pour que tout prenne enfin sa place dans ces cinq années de vide. Lorsqu'il ouvre finalement la bouche, sa voix est rauque et humide d'émotion, mais calme et sincère. A l'image du regard qu'il pose dans les beaux yeux bleus d'Oscar.

« Je suis désolé. »

Pour ton père, mais surtout pour toi. Pour ce que tu as vécu, pour ce que tu as perdu.

« Vraiment. »

Il en reste là, n'en dis pas plus et retourne chercher son paquet de tabac dans sa poche. Ces mouvements sont lents, presque las, mais cette fois il parvient à rouler sa clope sans encombres majeure et retourne son regard dans le vide alors qu'il l'allume distraitement. En deux lattes il est complètement plongé dans ses pensées, toujours occupé à digérer, à trier, à analyser. En recevant des réponses à ses questions, beaucoup d'autres ont vu le jour et il ne sait pas trop par où commencer. Il ne sait même pas s'il a vraiment la force de commencer en fait. Dans ce silence presque religieux, les secondes s'écoulent sans qu'il ne s'en rende compte.

« Je comprends. Je te jure que je comprends ton raisonnement, si on peut vraiment parler de raisonnement dans un tel contexte. Je sais ce que c'est de perdre complètement pied, je sais ce que c'est d'en arriver à des mesures catastrophiques pour fuir, tu le sais très bien... mais j'arrive pas... j'arrive pas à l'avaler. J'arrive pas à... »

Les mots se bloquent dans sa gorge et Laszlo grogne dans sa barbe inexistante face à son incapacité à être aussi articulé qu'Oscar. La sincérité, la vulnérabilité, l'intimité, ça n'a jamais été quelque chose de compliqué avec Oscar, mais il faut bien avouer que ça fait longtemps qu'il n'a plus pratiqué, ça ne vient désormais plus tout seul et ça le saoule un peu. Il grince des dents, tire sur sa clope quelques fois avant de prendre sur lui et forcer les mots hors de sa bouche d'une voix qui dégouline à la fois de colère et de frustration.

« J'arrive pas à ne pas t'en vouloir. J'arrive pas à passer au-dessus. Je t'en veux à mort Oscar et je ne comprends pas comment c'est possible. Comment je peux intimement comprendre et compatir à ce que tu as vécu et en même temps avoir envie de te décrocher la droite du siècle et te hurler d'aller te jeter sous un bus pour me faire de l'air ? Est ce que c'est parce que je ne parvient pas à cesser de me dire que je n'aurais jamais agi comme ça si j'avais été à ta place ? Est ce que c'est parce qu'au contraire j'aurais peut-être fait la même chose à ta place ? Est ce que c'est parce que ça fait si longtemps ? Est ce que c'est parce qu'au fond je ne t'en veux pas d'être parti, mais de m'avoir laisser dans l'ombre tout ce temps ? Est ce que c'est parce que pour chaque raison que tu m'as donné, j'arrive encore à me refaire l'histoire avec dix raisons de ne pas faire ce que tu as fais ? Est ce que c'est parce qu'au fond j'espérais qu'en ayant une explication satisfaisante tout le reste disparaitrait, que ça serait plus facile à encaisser ?  J'en sais rien. Je sais plus... Tout ce que je sais c'est que l'instant où tu as pris ta décision de partir, tu l'as prise pour nous deux et ça me fait rager à un point que t'imagine même pas. Et le pire c'est que je sais parfaitement que tu as fait ce que tu croyais être le mieux pour moi, mais ce n'est pas à toi de choisir ce qu'il y a de mieux pour moi. C'est pas comme ça que ça fonctionne, on a jamais fonctionné comme ça... »

Tout recommence à s'embrouiller dans sa tête, pas que ça se soit franchement beaucoup débrouillé ces dernières minutes soyons honnêtes, son train de pensée décousu en est certainement la preuve, mais c'est suffisamment le bordel à nouveau pour qu'il s'arrête là dans sa réflexion, dans son questionnement. Il termine sa cigarette en silence, toujours sans quitter le vide des yeux.

« Qu'est ce que tu leur à raconté à ta mère, à ta sœur ? A propos de la drogue ? A propos de... »

Nous. Voilà un mot qu'il avait balancé sans s'en rendre compte dans un moment de colère quelques minutes plus tôt, mais qui désormais ne franchira plus consciemment le barrage de ses lèvres. Pas même s'il le voulait.

« A propos de toi et moi ? »
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Mar 13 Avr - 21:45
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Je m’étais préparé au discours à entreprendre, aux faits sur lesquels m’appuyer, mais je n’avais pas prévu que ce serait aussi éprouvant de trouver les bons termes à employer, de me confier sur des réalités que j'avais pris l'habitude d'oublier. J’ai cette émotion qui ne me quitte pas, qui rend la prononciation particulièrement difficile, mais j’essaie de ne pas le laisser transparaître.

Au fil de mon long discours, j’observe Laszlo pour détecter une réaction. Il ne capte pas tellement mon regard, il gravite autour des murs – il fait des ronds au travers de la ruelle que l’on a élue lieu plus intime pour être plus libres de nous exprimer. Moi je le contemple, me faisant la réflexion que le gars longiligne que j'avais aimé n'a pas tellement changé – si ce n'est cette nouvelle passion pour le  rose ? Pendant que j’expose ma vision et sentiments de l’époque, je le vois peu à peu s’écrouler contre une des façades. La position dans laquelle il se met – replié sur lui-même, la tête entre ses bras – rompt tout contact visuel que nous aurions pu avoir, mais je continue à lui expliquer mon point de vue pour que mes décisions soient plus claires pour lui ; et surtout, qu’il chasse l’idée de porter une responsabilité qui n'est pas sienne. Je ne parviens pas à deviner les émotions qui l’animent, si je dois poursuivre sur cet éclaircissement pour lui éviter trop de peine, mais je choisis d’être le plus franc et de tout lui raconter. Tout ce que j’aurais voulu lui dire, s’expose, explose enfin. C’est seulement lorsque Laszlo relève la tête que je perçois l’impact que mes vérités énoncées peuvent susciter sur lui. Des larmes sont coincées dans ses yeux. J’ignore si c’est la douleur, la colère, la mélancolie ou le mélange d’émotions néfastes que le fait de me revoir peut produire, mais ça m’arrache le cœur. Je sens une pression me comprimer les poumons, et bien que l’affection ne soit pas toujours mon fort, j’ai cette envie soudaine de le serrer dans mes bras. La raison m’en empêche, je la contiens tant bien que mal pour me concentrer plutôt sur les réponses de mon corbeau.

Ses yeux noirs ont perdu en hargne ; il retrouve son calme et il me présente ses excuses par rapport à la mort de mon père. Le fait qu’il parvienne à mettre de côté notre querelle, toutes ces années de silence et d’absence, de vide total, pour faire preuve d’empathie et de douceur, me comble d’un bonheur inouï que je n’aurais osé espérer dans de telles circonstances. En cet instant, mon admiration pour cet homme grandit au stade de la reconnaissance. J’apprécie cet instant d’apaisement entre nous, cette bulle de douceur dans laquelle on s’enferme. Pendant laquelle Laszlo entrevoit également que j’ai traîné mon lot de douleurs ; moins que lui, je lui concède.

Merci, je réponds simplement en plongeant mon regard sincère dans le sien.

C’est un mot que je ne dis pas forcément souvent, mais j’ai besoin de le prononcer. Je crois que ce n’est pas seulement pour son émotion par rapport au décès de mon paternel, ça englobe tout : toutes nos années d’amour, chaque fois qu’il a été présent pour moi. Tout ce qu’il était, tout ce qu’il est, tout ce qu’il… sera ?

Immanquablement, la bulle de douceur nous éjecte promptement. Elle laisse d’abord place à un silence pesant et allongé, créant encore un véritable fossé entre nous. Je n’en suis pas pour autant mal à l’aise, le silence devient indispensable pour assimiler tout ce que je viens de lui révéler et les émotions qui l’animent. Il reprend la parole quand sa réponse s’établit dans son crâne, quand les interrogations reviennent de plein fouet. Naturellement, sa compréhension se manifeste dans les premiers mots qui s’expulsent de sa bouche. Je le sens vraiment sincère quand il m’explique que même s’il me comprend, il ne parvient tout de même pas à avaler ma disparition. Ce constat me paraît plus réaliste, l’amertume est toujours ancrée même si l’empathie s’y mêle.

Je comprends, je lance à mon tour, avec la plus grande franchise.

J’ai conscience que les épreuves traversées et les émotions qui m’ont terrassé, ne justifient en rien mon comportement et les décisions prises. Même si j’ai été plus bas que terre, que je me suis écroulé, je n’ai aucune excuse pour avoir entraîné Laszlo dans ma chute. J’en avais pas conscience, ce n’était pas volontaire, mais cela ne retire en rien ma culpabilité. Strictement rien ne peut expliquer la déception cuisante et la souffrance profonde que je lui ai causées. Il a plongé dans les angoisses et la douleur, sans que je lui donne le moyen de se raccrocher, de comprendre. En cet instant, alors que nous réalisons le bilan de ma responsabilité, je me sens déjà chanceux qu’il m’accorde un tant soit peu de sympathie – ou en tout cas, de compassion. Il comprend ma fuite, moins le fait qu’elle ait duré. J’aurais pu revenir au bout d’un moment, le temps de remettre ma tête en ordre, de me débarrasser de l’addiction que je traînais comme un poids. Mais je ne l’ai pas fait pour un tas de raisons idiotes dont je peine à me défendre, parce que je n’arrive pas à expliquer pourquoi j’ai attendu qu’une coïncidence nous rassemble.

Je le laisse reprendre son explosion d’interrogations, qui ne me sont pas forcément destinées comme je m’y attendais. Il fait le vide dans sa tête, tente de se dépêtrer des pensées obsédantes et de ce flot d'émotions qui le submerge. Laszlo est tiraillé entre différents ressentis, entre l’envie de m’en foutre une et s’autoriser la compréhension. Je le sens complètement bousculé au fil de sa réflexion, à éclater toute la rancune qu’il peut ressentir à mon égard. Je sens dans ses mots à quel point il est perturbé par les vérités que je viens d’énoncer, qu’il ne sait plus quoi en penser, qu'il est perdu. Je n'ai pas tellement les pistes pour l'accompagner dans son cheminement, mais je tente une approche de consolation pour le conseiller.

Laisse-toi un moment pour repenser à tout ça, tu y verras sans doute plus clair et tu trouveras certainement pas mal de réponses à tes questions au fil du temps.

La seule réalité qui semble bien incrustée dans sa tête, c’est le fait que même s’il en comprend la genèse, je n’avais pas le droit de décider pour lui.

— Je suis le premier à dire que je n’aurais dû en aucun cas choisir pour toi. Je me rends compte que c’était une des plus mauvaises décisions que j’ai pu prendre. C’est vrai que très sincèrement, de tout mon cœur, j’ai cru que cela pouvait être bénéfique pour toi. J’ai été bête de le croire, vraiment. On s’en rend pas compte quand on est au fond du trou et que nos choix ne font que le creuser un peu plus. Pourtant maintenant, je te rejoins sur le fait que je pourrais trouver dix autres bonnes raisons de ne plus m’enfuir et je m'en veux de ne pas les avoir vues à l'époque.

J’essaie toujours de capter son regard, de rétablir le contact, mais vraisemblablement, Laszlo préfère garder cette distance entre nous. Ses yeux restent rivés sur le sol, dans le vide. Je tente de ne pas en être bousculé, de continuer à lui répondre avec cette même franchise – sans que l’émotion ne vienne rendre la prononciation trop difficile. Je garde la tête froide pour encaisser au mieux cette conversation qui met autant de désordre dans la tête de Laszlo que dans la mienne. Enfin, dans mon cœur surtout, parce qu'il alterne entre des boum boum irréguliers, d'un rythme cadencé, et des douleurs lancinantes.

Quand il me pose finalement des questions plus intimes sur le discours que j’ai fourni à ma mère et à ma cadette, il prononce ce toi et moi brutal, alors que le nous aurait été plus court, plus rapide à prononcer.

Toi et moi ; deux entités bien distinctes qui étaient autrefois indissociables.

La gorge se noue instantanément. J’ai le cœur qui picote de douleur, je sens que ça terrasse cet entrain qui me caractérisait ; que j’ai plus de peine à trouver mes mots, à me lancer. Ce toi et moi m’a pris de court, me laissant ce goût amer que je chasse tant bien que mal pour lui apporter une réponse.

— À ma sœur, un peu la vérité. Au début, j’ai menti, je lui ai dit qu’on s’était séparés d’un commun accord. Ma mère croit toujours à cette version, d’ailleurs. Je pense qu’elle était plus préoccupée par mon sevrage. Parce que pour la drogue aussi, je ne lui ai pas raconté tout de suite. C’est petit à petit, quand je rentrais complètement arraché, que mes propos étaient incohérents, euphoriques, que je parlais de toi à tout bout de champ comme si on était encore ensemble, alors que je leur tenais un tout autre discours la veille ou que je m’emportais à la moindre remarque et contrariété… qu’elle a compris que je n’étais pas dans mon état normal. Elle m’a contraint et forcé pour la cure, mais c’est grâce à elle que je m’en suis remis.

Mon discours n’est pas des plus clairs et construits, j’enchaîne comme je peux pour lui expliquer ce qu’il a besoin d’entendre.

— Pour ce qui est de nous, Charlotte m’a vu trop souvent pleurer, elle a vite compris qu’il n’y avait eu aucun accord entre nous, que je n’étais pas vraiment d’accord avec cette séparation, et qu'en fait, il n'y avait pas eu de séparation. C’est la seule à savoir, ce n’est pas des décisions dont on se vante en général. Elle a plusieurs fois essayé de me convaincre de te rappeler, tu sais combien elle t’aimait ; mais je n’ai pas pu, j’étais toujours bloqué. Mais si ce que tu veux savoir, c’est est-ce que je t’ai fait passer pour le méchant, celui qui m’a abandonné ? Non, jamais je n’aurais pu mal parler de toi ou entacher nos souvenirs. Je n’ai seulement pas expliqué en profondeur, ça ne m’empêchait pas de continuer à dépeindre de toi le plus beau portrait.

J’ignore ce qu’il recherche à travers ses interrogations, ce qu’il veut m’entendre dire exactement, alors je balance comme ça vient. Je raconte presque mécaniquement des faits qui me paraissent lointains, qui ne sont pas une partie de plaisir, mais qui sont si nécessaires pour la reconstruction de Laszlo et peut-être de nous, que j’essaie de n’omettre aucun détail et de faire preuve de cette sincérité qu’il attend de moi. Peu à peu, je retrouve ma facilité à parler, j’en évoque certainement plus qu’il ne faudrait ; et avec lui, c’est facile de mettre cette intimité émotionnelle au cœur du sujet, de parler sans penser, sans être rouillé. Comme si on ne s’était jamais quittés, finalement.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Dim 18 Avr - 2:36



les retrouvailles
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Aucune conclusion satisfaisante n'est en vue, c'est bien l'amer constat auquel Laszlo parvient tout doucement alors qu'il tente tant bien que mal d'assimiler un peu tout ce qu'il vient de se dire. Il ne fait pas grand chose du merci d'Oscar, pas plus qu'un haussement de sourcil. Un petit de rien un peu mal venu. Deux fois rien au vue de cette révélation. Désolé avait déjà semblé si pauvre comparé à la perte qu'il avait subit. Cela dit c'est toujours un peu le soucis lorsqu'on est confronté à la mort d'un être cher, peu importe les circonstances, les mots n'effacent rien, n'arrangent rien. On dit que le temps aide, Laszlo n'est pas vraiment certain de croire à cette belle histoire et quand bien même Oscar a eu des années maintenant pour se faire à cet injuste état de fait, il se doute bien que ce n'est pas suffisant pour une telle blessure. Il ne sait pas trop à quel point cela le travail encore, s'il en souffre toujours comme au premier jour, tout ce qu'il sait c'est qu'il devait dire quelque chose, même si ça pouvait sembler désuet. Le sentiment était sincère malgré tout et c'était aussi une façon de valider sa douleur et l'état émotionnel dans lequel il était le jour où leurs vies avaient pris un tournant. De lui montrer qu'il était désormais à mille lieux de croire qu'il avait été le seul à souffrir ces dernières années. Il n'excuse rien, ou presque rien, pas encore en tout cas, mais il comprend. Il est capable de se mettre dans ses baskets et d'entendre qu'il n'y avait rien qu'il aurait pu faire pour l'aider à cet instant là, peut-être pas même s'il avait été présent, aussi dégueulasse soit le goût laissé par cette triste vérité. Que cette histoire ne tournait pas autours de lui, pas autours d'eux, que tout ça les avait complètement dépassé. Bien que lui n'en avait jamais rien su jusqu'à ce jour. Ce n'est pas une histoire d'égo blessé, c'est l'histoire d'une incompréhension trop grande, c'est l'histoire d'années passées dans le noir à remettre en question leur vie ensemble. Chaque moment, chaque souvenir, chaque valeur partagée. A se demander si les piliers de leur relation avait été torpillés du jour au lendemain ou s'il avait vécu tout ce temps dans une illusion confortable et qu'au final peut-être ne s'étaient ils jamais vraiment aimé comme lui avait cru le faire tout ce temps. Il sait maintenant que ce n'est pas le cas, mais ça ne rend pas pour autant les choses faciles. Pas après autant d'années passées à colorier leur histoire avec des couleurs teintées de chagrin et d'amertume. Laszlo allait devoir repeindre le tableaux de leurs vraies couleurs, mais ça n'allait pas être simple après autant de temps à le voir en noir et blanc. Il ne sait même plus qu'elles étaient les couleurs d'origine à ce point.

Lorsque Oscar lui assure qu'il comprend ce flot incongru d'interrogations et de sentiments diamétralement opposés, Lazslo aurait presque envie de rire. Il est bien le seul à y comprendre quoi que ce soit. Pas que cela soit particulièrement déroutant, Oscar avait toujours été le plus cartésien des deux. Là où Laszlo n'était certainement pas en reste au niveau intellectuel, il avait malgré tout passé sa vie tiraillé entre son côté rationnel et son émotionnel en vrac, Oscar l'avait toujours suivi, quel que fut son état. Peut-être ne devrait-il donc pas être surpris qu'Oscar le comprenne mieux que lui-même en est capable parfois. Encore même après tout ce temps. Mais peu importe, l'instant n'était pas au sentimentalisme à deux balles, ou du moins Laszlo ne se laissera pas aller par là pour le moment. Il continue de cogiter tout haut et tente de faire sortir tout ce qui encombre sa tête, comme si faire résonner les mots sur les murs de cette petite ruelle pouvait l'aider à démêler sa pensée. Il parle probablement plus pour lui-même que pour Oscar et lorsque celui-ci lui conseil de se laisser un peu de temps pour emmagasiner tout ça, Laszlo sait que ce raisonnement se vaut pleinement, mais il ne peut s'empêcher de lui lancer un regard un peu mauvais. C'est pas comme si après cinq ans, il avait envie que cette histoire soit enfin pliée pour de bon, mais c'est tout comme. Il ne fait pas la moindre remarque pour autant, il reconnait que c'est de la bête colère qui le pousse a vouloir lui bouffer le nez comme ça pour un oui pour un non. La colère et ce ridicule espoir de mettre tout ça derrière lui le plus rapidement possible qui se désagrège petit à petit devant ses yeux. Foutu naïf que tu fus mon coco.

Finalement Oscar reprend la parole et semble même presque se rallier au point de vue de Laszlo sur son départ. Il aurait du être content qu'ils se soient mis d'accord sur au moins un truc et pourtant, là où ça aurait fonctionné quelques instants plus tôt, lorsque Laszlo était encore aveugle des événements, ça tombe à plat désormais. Il n'en a pas encore pleinement conscience, mais une partie de lui sait déjà que la seule colère encore logique à entretenir désormais était les cinq années de silence qui ont fait suite au départ. Il ne peut pas en vouloir à Oscar d'avoir foutu le camp comme ça, de ne pas avoir agi avec la tête froide, avec logique et pragmatisme dans une situation où il ne pouvait tout simplement pas l'être, dans une situation qui les dépassait tous les deux. C'était hors de son contrôle, son côté rationnel le sait. Ce qui était à sa portée par contre, c'était de revenir vers lui une fois la situation calmée. S'enfuir n'avait pas vraiment été un choix au final, juste une sorte de mesure de survie mal foutue et guidée par sa douleur, mais garder le silence tout ce temps, ça c'était un choix qu'il avait fait de son plein gré. Et c'est bien ça, si rien d'autre, qui le met en rogne. Une partie de lui a commencé à assimiler ce fait, mais il y a encore trop de choses qui tourbillonnent dans sa tête pour qu'il y prête attention pour le moment et préfère enchainer sur d'autres questions, peut-être un peu plus intimes cette fois. Il sent bien qu'il n'a pas encore pleinement dépassé sa colère et son dégoût lorsqu'il remarque d'un coup d’œil furtif qu'Oscar a du mal à encaisser l'utilisation du toi et moi et que le voir chercher ses mots lui fait plaisir l'espace de quelques secondes. C'est mesquin, il en est pleinement conscient et s'en voudra certainement d'ici quelques heures de s'être abaissé à ce genre de chose, lorsqu'il aura eu le temps de se repasser le film quelques fois en boucle, mais l'espace d'une minute il se donne le droit d'être le plus vil des deux et de prendre un certain plaisir à le voir patauger dans le tajine. Si ça peut lui faire un peu mal au passage, tant mieux. C'est pas glorieux, mais tant mieux. C'est le côté revanchard, celui dont il est le moins fier, mais avec lequel il faudra malheureusement composer dorénavant.

Oscar finit par lui avouer avoir jouer la carte de la séparation de commun accord et Laszlo aurait très franchement du s'y attendre, c'était très probablement l'un des scénarios qu'il avait un jour envisagé et pourtant ça lui scie les jambes d'entendre ces mots sortir de la bouche d'un Oscar en chair et en os. Au point qu'il a soudainement le retour d'une très franche envie de gueuler un coup. Séparation de commun accord ? Si seulement ! Rien que le mot séparation était suffisant pour remettre un peu d'huile sur le feu et le faire fulminer au point qu'il rate presque les informations qui suivent. Oscar parle de son addiction, de cure, de sa mère et Laszlo perd ses mains dans ses cheveux et ses doigts s’agrippent aux mèches rebelles qu'ils croisent, tirant dessus hargneusement pour tenter de contenir cette nouvelle vague de colère. Séparation, mon cul ! Puis arrive le sujet de Charlotte et la colère se mélange une fois de plus à la tristesse. Pour ce qu'il ne connaissait que peu la grande sœur d'Oscar, il était plutôt proche de la petite, assez pour s'être senti trahi lorsque même d'elle, il n'entendit plus jamais parlé. Ça n'avait duré qu'un temps, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'Oscar avait bien pu raconter, mais quoi qu'il lui ait dit, il ne pouvait pas lui en vouloir à elle de s'être montrée loyale à son grand frère. Encore moins que leur histoire ne la regardait pas vraiment au fond, aussi proches furent-ils à l'époque. Alors ça lui était passé. Pour ne laisser la place qu'à un petit manque bien enfoui sous tout le reste. Ce qui passe beaucoup moins bien, c'est lorsque Oscar termine son explication sur une petite caresse pour sa réputation, comme si c'était franchement le genre de truc qui allait lui plaire. Ce coup ci, il ne parvient pas à se retenir et échappe un rire jaune assez sec et bref. Un rire sans humour, un rire un peu malaisant, alors qu'il se relève enfin. Se relève de tout son long et fait quelque pas vers Oscar, juste assez pour ne plus ressembler à un gamin qui chouine dans son coin, juste assez pour pouvoir le regarder les yeux dans les yeux avec la tête haute et les épaules droites.

« Ouais t'as raison, tu te barres sans la moindre explication et ce qui m'inquiète en fait c'est que tu me fasses passer pour un enculé auprès de ta famille. Que tu te sois donné le beau rôle alors qu'in fine t'es le connard de l'histoire, c'est clairement ma préoccupation première. »

Le sarcasme dégouline de chacune de ses paroles et c'est gratuitement agressif, mais si le ton est dédaigneux, il n'en reste pas moins bien plus calme qu'il ne l'avait été la dernière fois qu'il avait laissé sa colère parler. Plus froid probablement aussi.

« Je cherche pas un putain de réconfort Oscar, encore moins venant de toi, tes beaux sentiments purs tu peux te les garder. T'avais pas besoin de parler mal de moi pour entacher nos souvenirs, tu l'as très bien fait en gardant le silence ces dernières années, crois moi. T'as peut-être eu la chance de vivre tout ce temps avec nos plus beaux souvenirs, mais pour ma part ils ont tous volés en éclats. J'ai passé des mois à essayer de tout recoller ensemble, mais au final je ne sais même plus ce qui était vrai et ce qui était faux. Je cherche pas à me faire plaindre ou dorloter, je cherche un sens à toutes ces conneries. J'essaie de comprendre comment on a pu en arriver là tous les deux et ce qu'on est supposé faire maintenant. J'essaie de comprendre comment le Oscar que... »

Il s'étrangle sur les mots qui ne parviennent par à sortir de sa bouche. Sur ces mots qu'il tente tant bien que mal de taire parce qu'ils le foutent en boule probablement beaucoup plus que tout le reste. Le Oscar qu'il avait aimé. Que de toute évidence il aimait encore, ne serait-ce qu'un peu, ou il ne se mettrait pas dans ce genre d'états. Il ne parvenait pas à réconcilier le Oscar qu'il avait aimé, celui qui s'était barré et celui qui se tenait face à lui et il était peut-être là le cœur du problème. Pour lui, c'était presque trois entités différentes et ça compliquait son discours. Parce qu'il y a des choses qu'il avait envie de dire à l'homme qu'il avait connu, des choses qui le mettraient certainement dans une position vulnérable et bien que ça ne fut jamais un soucis avec ce Oscar là, c'en était un avec celui qui lui faisait face. Parce que ce n'était pas le même, ça ne pouvait pas être le même. Il ne pouvait pas, ne voulait pas, se permettre de lui tendre son petit cœur déjà en charpies en sachant que cet homme là était capable de venir le piétiner pour terminer le travail. Coincé entre passé, présent et futur, Laszlo détourne le regard, frictionne son visage de ses deux mains, les perd une fois de plus dans sa tignasse en bataille, à deux doigts de s'arracher les cheveux. Lorsqu'il se retourne une fois de plus vers Oscar, il est clairement furax pour de bon et le ton monte sans qu'il ne parvienne à se contrôler. Cette fois Laszlo gueule pour de bon.

« Putain Oscar qu'est ce qu'on fout là tous les deux hein ? Qu'est ce qu'on est censé faire maintenant ?  Qu'est ce que tu veux que je te dise ? Je ne sais même plus qui tu es ! »

Il se remet à tourner comme un lion en cage, secoué par une agressivité, une énergie destructrice comme il n'en avait plus connu depuis déjà longtemps. Il avait appris à gérer sa colère lorsqu'il était rentré à l'université, lorsque Oscar était réapparu dans sa vie et pourtant, là tout de suite, il avait l'impression d'être à nouveau le Laszlo qui se laissait volontiers aller à la bagarre juste pour se défouler, juste pour avoir un moyen d'extérioriser ce truc innommable qui le bouffait de l'intérieur. Il est soudainement repris à la gorge par cette envie de frapper à ne plus en sentir ses phalanges et il n'est même pas capable de promettre que les coups ne seront pas pour Oscar cette fois.

« Tu dis que les adieux étaient impossibles, que tu étais incapable de me dire au revoir, mais tu m'expliques en quoi c'est différent de disparaitre comme ça ? C'étaient des adieux, que tu l'aies verbalisé ou non, on s'en fout au final ! T'as vécu sans moi pendant cinq ans et j'en ai fait de même et de ce que je comprends t'étais bien parti pour que ça continue comme ça encore bien longtemps alors elle est où la différence ? Qu'est ce que t'as gagné en te taisant tout ce temps si le résultat final est juste le même ? Tu t'es jamais dis que plus t'attendais, pire ça allait être ? Si t'étais prêt à passer ta vie dans ce non dit, sans que je fasse partie de ta vie, au final c'est quoi la différence avec le fait de me dire au revoir pour de bon ? En quoi est-ce plus facile ? C'est pas plus facile n'est ce pas ? C'est juste débile et cruel ! Quant à ce "si je revenais vers toi, je n’aurais plus été capable de repartir", j'ai un scoop pour toi mon grand: encore une fois ce n'aurait pas été ton choix. Ça aurait été le mien ! »

Ce qui le tue à petit feu, c'est que c'est d'ailleurs toujours son choix à lui. Sauf qu'il ne sait pas comment le faire ce choix, il ne sait pas s'il en est capable. Le laisser partir pour de bon, ou le lui permettre de revenir. C'est la version courte et ultra simplifiée bien entendu, mais il était un peu là le choix à faire et Laszlo est incapable de prendre une décision. Le constat il est là, tout dégueulasse, mais malheureusement bien réel: il a Oscar dans la peau, l'a toujours eu et l'aura probablement toujours. Maintenant qu'il se tient là, devant lui, dans cette petite ruelle où résonne sa colère, l'idée même de ne plus jamais le revoir lui donne envie de gerber presque autant que l'idée de le voir redevenir une part de sa vie, même une toute petite. Cet Oscar là devant lui ne mériterait même pas un regard, mais il serait prêt à souffrir mille tortures pour voir revenir celui qu'il avait aimé. Elle est là toute l'ignominie de sa position actuelle. Ils pourraient simplement partir chacun de leurs côtés et ne plus jamais se revoir, mais Laszlo sait très bien qu'il en est incapable.
Il bout, coincé face à une décision impossible, coincé face à ces beaux yeux bleus dans lesquels il avait toujours été facile de se perdre en tout sécurité. Il toise cet homme sans savoir ce qu'il cherche à voir réellement et tout d'un coup, c'en est trop. Il n'a même pas le temps de se rendre réellement compte de ce qu'il se passe lorsque ses poings se serrent et que l'un d'eux vient finalement s'écraser violemment sur le visage d'Oscar. Tiens, c'est gratuit ! C'est pour celui qu'il ne t'a jamais rendu il y a quelques années ! La seule chose dont il se rend compte alors qu'il prend ses distances avant qu'un autre coup parte malgré lui, c'est que ça n'a pas l'effet cathartique qu'il avait espéré tout ce temps. Loin de là même, il s'en veut déjà une demie seconde à peine après. Et ça ne fait que le faire enrager un peu plus.

« Ça fait combien de temps que t'es de retour en ville, mmh ? Une raison particulière pour être revenu à Los Angeles après tout ce temps ? Les dealers sont plus faciles à trouver ici ? Ou t'en avais marre de mentir à ta mère ?  »

Laszlo avait toujours su qu'il était du genre rancunier et revanchard, il avait appris à gérer ce plus vilain aspect de sa personnalité au fil des années. Pas que ça lui était arrivé très souvent cela dit, il était suffisamment dépourvu d'orgueil, suffisamment patient, tolérant et réfléchi comme personne pour qu'il faille passer par de sacrés extrêmes pour se le mettre à dos. Ce n'était pas cette difficulté à pardonner ou à octroyer de secondes chances qui l'empêchait de dormir la nuit, c'était ce dont il était capable lorsqu'il se retrouvait à bout, réellement blessé. C'était se savoir capable de cruauté, capable de cruauté même sur les gens qu'il aimait, capable de cruauté au point qu'il ne se reconnaissait plus, qu'il finissait par se détester. Mais c'était plus fort que lui, aveuglé par sa colère, sa rancœur, il était lancé pour faire mal coûte que coûte et le tout avec le sourire.

« T'es là pour combien de temps ? Il est prévu pour quand le prochain départ inexpliqué ? Pour notre prochaine dispute ? Pour notre prochain désaccord ? Oh non je sais, mieux, on recolle les morceaux et lorsque je te ferai à nouveau confiance et que je vivrai dans la douce illusion que tout va bien, là ça sera ton créneau ! C'est plus marrant comme ça c'est vrai. Je fais quoi en attendant ? Je te garde un sac dans un coin histoire que tu sois prêt la prochaine fois que te prend l'envie de m'effacer de ta vie pour les dix prochaines années ? Je note mon numéro dessus, histoire de te rappeler que ça coute pas grand chose de passer un coup de fil ou c'est pas la peine ? »
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Dim 25 Avr - 15:16



les retrouvailles
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Les réponses de Laszlo commencent par un rire sec et un regard mauvais qui manifestent une agressivité dont il a rarement fait preuve à mon égard. Vraisemblablement, j’ai très mal choisi mes mots et mes émotions de le retrouver ont dépassé le fil de mes pensées. Laszlo ne semble pas tolérer mes propos, m’accuse presque de vouloir jouer avec sa sensibilité déjà bien éveillée et d’abuser de sensiblerie pour le réconforter. Comme si mon discours délicat était calculé et programmé, pour profiter de sa possible naïveté, histoire d’en finir au plus vite avec cette querelle toxique. Par quelques mots, sa colère s’est exacerbée, qu’il étale cette fois avec plus d’intensité encore. Il s’approche même de moi avec cet air dédaigneux et supérieur, pour me montrer certainement qu’il n’a pas été touché, ne serait-ce qu’un peu, par mes déclarations. Cette fois, je ne lâche pas son regard ; je l’affronte et assume ma propre émotivité qui s’est un peu trop dévoilée. La condescendance qu’il emploie pour me toiser et rétorquer est vraiment déplaisante, ce côté rancunier est indéniablement l’aspect le plus détestable de sa personnalité. Laszlo explose, se perd dans ses questionnements et conclusions hâtives, et ses sarcasmes ont tendance à m’irriter. Parce que je m’exprime comme ça vient, qu’il souhaitait une conversation franche et que niveau sincérité, je pense m’être dépassé. Alors naturellement, je fulmine à mon tour.

— Tu veux choisir mes réponses maintenant ? je réponds du tac au tac pour ne pas me faire bouffer par cette arrogance. Je ne suis pas en train de te dorloter, ce n’est vraiment pas mon intention ! Ce n'est pas plus facile pour moi de trouver un sens à tous mes choix, surtout dans une période où j'étais complètement à la ramasse ! J’essaie seulement de t’apporter des éléments de réponse, de t’expliquer tout ce qui m’est passé par la tête, de t'éclairer au mieux ! Justement, te faire comprendre que TOUT était vrai entre nous ! Ces choix ne remettent pas en cause ce que l'on a vécu, même si je comprends que tu en aies douté.

Mes décisions n'ont plus aucun sens quand je suis devant lui. Il a beau être en colère contre moi, ne pas me rendre la tache facile, très légitimement, chaque fois que je le regarde, je me demande comment j'ai pu passer autant de temps loin de lui, sans lui. Pourquoi je me suis privé de lui, pourquoi j'ai été con à ce point. J'ai cette boule de regrets qui remonte, qui me donne envie de m'éclater la tête contre le bitume. Comment lui expliquer que je n'ai pas plus les réponses que lui, que je me retrouve aussi perdu que lui ? C'est une sorte de brouillard qui nous enveloppe ; plus on avance dans cette conversation, plus on s'y embourbe et moins cela devient clair. Pourtant, c'est à moi d'encaisser et d'expliquer, de trouver les réponses...

Dans ses réactions, j’ai surtout cette soudaine impression qu’il me méprise et je m’inquiète alors de la survie possible de notre relation – lorsque l’amour s’est transformé en mépris, reste-t-il encore une chance de le sauver ? Il ne termine finalement pas sa phrase, détourne le regard, perd ses mains dans sa tignasse complètement ébouriffée. Lorsqu’il revient vers moi, c’est pour décharger toute sa colère, d’un ton explosif, mais aussi s’interroger sur notre avenir. Je sens bien que plus de la hargne, c’est surtout le sentiment d’être perdu qui le domine. Une fois que j’ai éclairé mes intentions, ma voix s’adoucit ; parce que je réalise que j’aurais seulement dû m’arrêter sur les révélations qu’il souhaitait ou me préoccuper plus de la forme.

— Bien sûr que tu sais qui je suis ! je m’emporte légèrement parce que pour moi c’est une certitude. Je n’ai pas tellement changé ; si ce n’est l’addiction en moins et les regrets en plus. Je suis toujours le passionné d’astronomie trop réfléchi qui n’est pas toujours très adroit quand on parle de sentiments ; la preuve.

Je tente un sourire pour souligner le fait que je venais de le titiller très intensément avec un élan de tendresse que je n’avais pas mesuré. J’essaie de créer le contact, cette sorte de complicité entre nous. Peut-être qu’on arrivera un jour à rire de nos erreurs ? Je sais reconnaître mes faiblesses et apparemment m’exprimer sur le passé houleux en est une, alors je n’hésite pas à me remettre en question devant lui, avec cette touche espiègle qui pourrait atténuer ce flot de colère. Même si je me doute qu’il faudra beaucoup plus pour en venir à bout de cette hargne bien incrustée en lui. Ce qu’il a peut-être oublié, c’est à quel point je peux me montrer persévérant… parce que je n’ai pas oublié combien il fallait l’être quand la rancune devient son armure de protection.

Il se remet à tourner inlassablement au sein de la ruelle, certainement pour encaisser et assimiler tout ce que nous nous sommes dit, toutes les interrogations et les doutes qui accentuent cette colère qu’il peine à contenir. Légitimement, il appuie sur des réflexions justes, sur le fait que je n’ai rien gagné en attendant pour le recontacter et qu’il aurait déjà fallu qu’il veuille bien de moi si j’étais revenu. Il a raison : les cartes sont désormais entre ses mains, le choix lui revient. S’il ne m’accorde plus une place dans sa vie, je n’aurais plus qu’à subir sa décision et ça ne serait qu’un juste retour des choses, puisque je lui avais imposé mes positions. Je m’apprête à lui répondre, sans chasser cette affectivité qui accompagne mes paroles, mais Laszlo ne m’accorde pas suffisamment de temps pour mettre mes idées en place. De toute façon, s’attend-il réellement à une réponse de ma part ?

Je le vois débouler vers moi. Au début je pense que c’est pour m’éclater à la figure comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt. Mais c’est plus précisément pour éclater ma figure. Quand je sens mon visage partir en arrière et une douleur lancinante au niveau du nez, je comprends que les ressentiments sont tels qu'il en vient à me frapper. Je n’ai même pas le temps d’en prendre conscience qu’il m’adresse un second coup de poing. Il semble prendre un certain plaisir à se défouler sur moi : il affiche un sourire satisfait, triomphant, sur son visage hargneux. Un instant, je le remercierais presque de m'en foutre une, parce que j'aurais bien eu envie de le faire moi-même. Mais le coup de poing qui me saccage au complet, qui serait capable de me mettre plus bas que terre en quelques secondes, parce que les propos viennent de lui, c’est son petit discours haineux qui suit la violence physique. Ces mots-là, je ne peux pas les tolérer.

Complètement décontenancé par cette brutalité, dont il use dans ses gestes et dans ses mots, je le regarde d’un air ébahi comme si je peinais à croire que cette scène venait de se dérouler. Alors que je tente d’essuyer du dos de ma main le sang qui est en train de couler, je sens une autre sensation d’humidité s’écouler sur mon visage. Des larmes. Celles que j’avais tenté de garder au fond de mes yeux, que j’avais contenues difficilement jusque-là. Elles s’écoulent doucement, tandis que mon regard stupéfiait devient larmoyant et menaçant. C’est une telle douleur quand quelqu’un qui nous a aimé, soutenu dans toutes nos galères, se sert justement de ces épreuves traversées pour attaquer et les retourner contre nous… Il utilise ma fragilité pour anéantir le peu d’enthousiasme qui me restait.

Subitement, j’ai envie de lui faire mal comme il vient de me trucider le cœur ; mais il est hors de question que je me batte avec Laszlo. Je ne suis absolument pas amateur de violence, et encore moins pour rendre des comptes. Un instant, je me dis qu’il vaudrait mieux que je reste calme parce que ça lui passera et qu’il réagit sous le coup de la colère, réalisant d’ailleurs qu’il a le droit d’être énervé. Mais est-ce qu’il a le droit pour autant de me malmener et de me manquer de respect, en me titillant sur ma vulnérabilité passée ? D’autant plus qu’il ne sait pas combien, encore aujourd’hui, c’est parfois difficile de ne pas replonger dans ces substances toxiques mais procurant un certain bien-être. Je ne parviens pas à laisser passer ses petits commentaires abusifs, je ne peux plus me retenir. La culpabilité que je ressens n’interfère pas dans cette colère que j’éprouve à mon tour vis-à-vis de lui. Il est parvenu à l'activer, et c’est sûrement ça qu’il recherchait ? À ce que je lui hurle dessus pour remettre en ordre ses pensées déchaînées, reprendre la posture de l’Oscar d’avant, celui qui gueulait un bon coup quand il dépassait les bornes ?

Je veux le ressaisir, lui faire un électrochoc pour que cette lancée destructrice se freine. Alors je me dirige vers lui, le pousse sauvagement jusqu’au mur derrière lui, contre lequel je l’écrase et le maintiens très fermement, un bras aplati emprisonnant son torse. Ma voix aussi est ferme, fracassante ; tandis que mon regard ombrageux et massacrant n’hésite maintenant plus à capter le sien. Je l’oblige à me regarder, à se confronter à la peine qu’il fait ressortir et à sa violence non essentielle.

— JE NE REPARS PLUS, j'en ai fini avec mes conneries ; tu vas finir par te le rentrer dans le crâne ?

Il a sans doute compris qu’à moitié ma phrase « si je revenais, je n’aurais plus été capable de repartir », la considérant comme une autre tentative de l’embobiner et de le « dorloter ». Pourtant, je n’aurais pas pu être plus sincère.

— Ça te plaît hein, de taper là où ça fait mal ? De te sentir plus fort tout d’un coup ? Au lieu de me donner des leçons, tu ferais mieux de penser à être plus honorable toi aussi : parce que se sentir plus fort en écrasant les autres, y'a pas pas non plus de quoi être fier.

J’ai la rage. Contre lui, contre moi surtout. C’est à cause de moi si on en est là, si on est plongés dans ce flou, ce brouillard permanent. Mais je lui en veux tellement des propos énoncés que je continue d’exploser.

— Pourtant on sait très bien tous les deux, que ce soir tu vas repenser à tout ça et que ça va déjà te plaire beaucoup moins. Alors pour ton bien et le mien, je te conseille de t’en arrêter là avec tes allusions idiotes et tes sarcasmes à la con ! je crache avec fureur, me contenant pour ne pas lui envoyer une droite à mon tour.

Je le relâche finalement, m’éloigne de lui pour m’appuyer contre le mur opposé, sans cesser de plonger mon regard clair dans le sien, plus sombre.

— Je ne suis pas certain que ce soit vers ça, que tu veux qu’on se dirige. Je comprends ta colère, ta rancune ; mais ça, tout ça là, ça part trop loin. Beaucoup trop loin, je mime des arrondis avec les mains pour englober toute cette situation dans laquelle la hargne semble dominer. J’ai fait mes choix et tu as le droit de m’en vouloir pour ça, ou de ne pas accepter que je revienne dans ta vie, je le comprendrais parfaitement. Mais ne remets pas en doute ma sincérité, le fait que je t’ai aimé très profondément et que ça n’est sans doute jamais vraiment dissipé ; même si je l'ai très mal prouvé et que je m'y suis mal pris avec toi. Dans tous les cas, je ne suis pas en train de te berner Laszlo.

Je ne veux pas terminer sur cet emportement, je voudrais ajouter une touche d’espoir, de positivité, pour que nos esprits bousculés puissent voir plus nettement le futur que nous pourrions avoir.

— Quant à nous deux, j’en sais rien de ce qu’on doit faire, on y verra plus clair avec le temps, en fonction de nos envies aussi. En tout cas, je voudrais savoir ce que tu es devenu, ce que tu as fait toutes ces années. Mais j’ai envie de croire qu’on aura tout le temps d’en discuter, plus tard, je fais référence à ses précédentes questions, baissant manifestement d’un ton ; ma voix est plus posée et rassurante.

Le temps ; l’ingrédient secret qui résout tout. Est-ce qu’il parviendra aussi à dissoudre nos différends ? En attendant, je laisse clairement sous-entendre que j’ai envie de le revoir. C’est une certitude. Malgré les doutes, cette altercation et les reproches qui marquent le cœur, je sais, je sens, que l'amour n'a pas vraiment péri... et ce n'est peut-être pas le temps qui sera notre allié, peut-être que ce seront les souvenirs recollés, retrouvés, qui nous donneront envie d'en créer d'autres.
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Lun 7 Juin - 4:49



les retrouvailles
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On ne va pas s'attarder plus longtemps sur Laszlo qui se la joue connard sarcastique parce que sincèrement, c'est même pas du bon niveau. Il n'y a aucun cœur mis à l'ouvrage, c'est de l'amateurisme pur et simple et la preuve c'est que lorsque Oscar le renvoi dans les cordes d'un simple "tu veux choisir mes réponses maintenant?" il aurait du lui rétorquer un truc dans sa lancée de grand monsieur fâché qui se donne un genre, sauf qu'il n'y a rien qui est venu. Décevant, vraiment. D'autant que quitte à ne lui retourner aucune réponse cinglante, il pourrait au moins prendre une demie seconde pour apprécier le tacle qu'il s'est mangé à sa juste valeur. Apprécier l'explication arrivée ensuite également, mais là encore, Laszlo est déjà parti trop loin dans sa tête pour trouver quoi que ce soit à y dire. On pourrait presque croire qu'il n'écoute pas réellement, mais ce n'est pas qu'il n'écoute pas ce que lui répond Oscar, c'est que la voix du jeune homme est, depuis quelques longues minutes maintenant, devenue partie intégrante du bourdonnement assourdissant qu'il a dans le cerveau. Une sorte de brouhaha sans les sous-titre à la Canal+ par jour de neige. Pas même Laszlo n'est désormais capable de discerner les mots qui viennent de lui et ceux qui viennent de ses démons intérieurs. A peine capable de discerner ce qui sort de sa bouche et ce qui sort de celle d'Oscar, de faire la différence entre ce qui est dit et ce qui n'est qu'énoncés par encore formulés. C'est souvent comme ça que commencent ses descentes aux enfers.

Oscar s'emporte très brièvement et lui affirme qu'il n'a pas vraiment changé et suit sa réponse d'un léger sourire qui aurait du faire tourner la tête de Laszlo en moins d'une demie seconde. Déjà parce qu'Oscar a un très joli sourire, mind you, et surtout parce que c'était l'effet que ça lui avait toujours fait, bien avant même qu'il ne comprenne réellement pourquoi. Mais encore une fois, c'est à peine si ça lui titille le système limbique, si ce n'est une petite seconde de latence où il semble brièvement avoir du mal a assimiler ce qu'il voit, Laszlo n'a aucune réelle réaction. Ce n'est pas faute de ne pas quitter Oscar des yeux depuis quelques minutes pourtant. Il te dirait même bien qu'il ne regarde que lui, mais il ne le voit pas. Pas vraiment. Alors il abandonne et se remet à tourner en rond. La voix d'Oscar s'éteint et la sienne se remet à ricocher sur les murs de la ruelle sans qu'il ne sache très bien où il trouve les mots par delà la cacophonie qui règne dans son esprit. Le tumulte prend de grands élans en bourrasques et le bruit est soudain poussé au maximum lorsque son poing vient finalement s'écraser sur le visage d'Oscar sans offrir la moindre satisfaction, le moindre apaisement. Ça ne fait qu'hurler un peu plus fort dans son crâne et Laszlo n'a même plus réellement conscience de ce qu'il dit, il laisse ses démons parler à sa place en espérant peut-être que si ce venin sort enfin de sa bouche, peut-être que tout le reste finira par se calmer un peu, juste assez pour qu'il reprenne le contrôle. Parce que c'est un peu ça qui a toujours précipité la chute de Laszlo, perdre le contrôle de ses émotions, perdre le fil de ses pensées. Dans ce genre d'état, il finit souvent par lâcher les rênes et les laisser dans les sales pattes de cette petite chose toute dégueulasse qui se terre tout au fond de lui depuis des années. Cette petite chose toute faite des débris de verre de son enfance qu'il n'a jamais réellement réussi à réparer et qu'il se contente d'enfermer dans un coin à double tour en espérant qu'elle finisse par arrêter de cogner à la porte un jour. Sans grand succès, de toute évidence.

Bref, la tempête hurle encore et toujours sur l'océan de sa psyché, tout va trop vite et Laszlo coule. Jusqu'à ce qu'il se retrouve violemment plaqué contre un mur, la voix furibarde d'Oscar explosant dans la ruelle, ricochant sur les murs avec hargne. Soudain, c'est comme s'il venait d'entrer dans l’œil du cyclone, le vent retombe à l'intérieur de son crâne et tout se tait. Le tapage diurne qu'on n'oserait même plus appeler son monologue interne tellement c'est le bordel est subitement mis sur pause et il n'y a plus qu'Oscar face à lui. Oscar et sa voix tonitruante, Oscar et son regard assassin. Cette fois Laszlo l'entend, cette fois Laszlo le voit. Il n'est ni assez stupide, ni assez culotté pour se débattre et encore moins pour lui faire l'affront de détourner le regard et pourtant, lorsqu'il voit du coin de l’œil le sang et les larmes qu'il a fait couler, la bile lui monte à la gorge aussi vite que la honte ne lui fait monter les larmes aux yeux. Certes, on ne va pas te dire qu'il est surpris de ce qu'il se passe hein, mais entre agir sans réfléchir, sur le coup d'une impulsion malsaine et être capable de gérer les conséquences de cette impulsion, il y a un monde. Un monde dans lequel il a longtemps tâtonné avant que la vie ne mette sur son chemin des gens capables de le guider. Un monde dans lequel il s'est remis à tâtonner de temps à autre depuis qu'Oscar est parti. Parfois, Laszlo se perd, mais il a toujours pu compter sur Oscar pour le remettre sur le bon chemin avant de se prendre un arbre en pleine face. Il faut croire qu'il y a des choses qui ne changent pas, même s'il était parvenu à se convaincre du contraire toutes ces années.

La situation lui est familière d'une certaine manière, loin de cette sensation de voguer vers l'inconnu qui l'avait pris à la gorge lorsqu'ils avaient entamé cette "conversation". Et en même temps, ce qu'ils vivent là est parfaitement inédit, probablement autant pour l'un que pour l'autre. Bien sûr qu'ils avaient leur lot de désaccords, de chamailleries et de tensions, mais jamais ça n'avait pris de telles proportions. Jamais Laszlo ne se serait cru capable d'un tel geste envers Oscar et jamais il n'avait cru apercevoir dans les beaux yeux bleus de son compagnon comme une réelle envie de lui rendre la pareille. Pas que Laszlo le blâmerait de lui en coller une en retour cela dit, des deux, il est probablement celui qui le mérite le plus dans la situation actuelle. Là où Oscar avait fait de son mieux pour s'exprimer avec sincérité et respect, et ce en dépit de la difficulté que ça devait être de s'exprimer sur de telles circonstances, il avait passé le plus gros de son temps à lui cracher dessus comme s'il était au-dessus de la mêlée, au-dessus de tout ça. Laszlo Gillian, grande âme, véritable exemple de bienveillance et d'humilité que veux tu. Il a toujours eu la rancune un peu vile, en a toujours été parfaitement conscient, mais jamais il n'aurait cru ressentir un jour cette pulsion ridicule de se venger d'Oscar et encore moins le faire de la sorte. Parce qu'au final, c'est un peu à ça que ça ressemble tout ce cinéma, une vengeance. Et ça avait commencé bien plus tôt que ça n'en donne l'air comme ça au premier regard. A l'instant même où Laszlo avait ouvert la bouche pour se montrer gratuitement fielleux là où Oscar n'avait été que sobre sincérité, c'était déjà un peu de la vengeance. La colère est une chose, la condescendance et le mépris en sont deux autres. Laszlo, probablement mieux que personne, sait que d'exprimer à haute voix ses sentiments et ses émotions n'a jamais été le terrain de jeu préféré d'Oscar. Et pourtant, jusqu'ici, il est le seul qui se soit réellement plié à cet exercice difficile sans jamais tenter de se cacher derrière des propos bateaux ou des excuses vaseuses. Et là où il aurait du apprécier cet effort considérable et honorable, il n'avait fait que lui bouffer le nez pour un oui ou pour un non et ne lui rendre la tâche que plus difficile encore. Tu ne peux considérer mériter des explications si une fois qu'on te les donne tu marches dessus juste pour le sport, ça n'a pas de sens. Et Laszlo s'en rend bien compte maintenant que les mots d'Oscar résonnent dans son crâne, là où le chahut de ses émotions s'est enfin tu. Maintenant que tout ce qu'il peut voir ce sont ces traits familiers déformés par la colère et ces deux flaques d'un bleu limpide se parer d'éclat de douleur et de peine. Laszlo ne détourne pas le regard un instant, fait face à l'explosion d'Oscar et s'il semble garder le visage fermé face à tout ça, il ne peut contrôler le rougissement honteux de ses joues lorsque ce dernier lui rappelle d'être honorable, lui rappelle qu'il le connait assez pour savoir que lorsqu'il aura deux minutes pour repenser à tout ça, Laszlo se détestera d'avoir agi avec tant de bassesse. Et il a raison, il a souvent raison d'ailleurs, aussi emmerdant cela puisse être. Alors Laszlo fait de son mieux pour ravaler les larmes qu'il ne mérite certainement pas de pleurer là tout de suite.

Lorsque Oscar le relâche finalement et s'éloigne, Laszlo est tenté de fermer les yeux pour s'échapper l'espace d'une seconde, mais ce genre de lâcheté n'est pas vraiment le genre de la maison alors il soutient le regard d'Oscar, fait de son mieux pour lui octroyer toute son attention, se raccroche à cette voix qui aura chassé toutes celles qui lui hurlaient dessus jusqu'ici. Ce n'est que lorsque Oscar lui avoue d'une voix plus posée et sans le moindre sursaut de pudeur qu'il espère sincèrement qu'ils auront l'occasion de se revoir que Laszlo se permet de reprendre sa respiration. Il n'avait même pas remarqué à quel point il respirait mal jusqu'ici, il est même volontiers surpris de ne pas avoir terminé au sol pour une bonne séance d'hyperventilation. Il laisse les derniers mots d'Oscar virevolter dans le silence quelques secondes, le temps de prendre quelques profondes inspirations, le temps de laisser à son corps la possibilité de se défaire des tensions accumulées jusqu'ici. Oscar ne s'est certainement pas fait chier à lui remettre les idées en place pour qu'il enchaine sur une crise d'angoisse ou un nouveau débordement colérique. Il mérite mieux que ça. Laszlo commence à réaliser qu'ils méritent tous les deux mieux que ça. Aussi difficile que cela avait pu être, Oscar n'avait pas un instant reculé face aux situations ou aux mots qui pouvaient le mettre en réelle situation de vulnérabilité, peut-être était-il enfin temps que Laszlo lui rende la pareille.

Il pourrait commencer par s'excuser du coup de poing et des attaques venimeuses de ces dernières minutes, mais le timing ne lui plait pas des masses. Ça pue un peu le gamin qui s'est fait gronder et qui dit qu'il est désolé juste parce qu'on lui a appris que c'était la chose à faire. Dans le cas de Laszlo, ça ne manquerait pas de sincérité, certainement pas et Oscar le sait probablement déjà, mais ils ne sont pas dans une situation où Laszlo estime pouvoir y mettre les formes que cela mérite. Alors il se permet simplement de lui adresser un infime sourire en forme de calumet de la paix avant de se laisser glisser le long du mur et s'assoir, offrant ainsi un peu de répit à ses jambes qui flageolent depuis de longues minutes maintenant. Il attrape son paquet de tabac dans sa veste d'un geste lent, presque las et un léger rire dépréciatif lui échappe alors qu'il relève une moue nettement moins renfrognée vers Oscar, ses doigts désormais assez assurés pour pouvoir rouler sans la supervision immédiate de ses yeux.

« Je vais réellement finir par croire nos potes qui me charriaient en me disant que t'étais trop bien pour moi tu sais... »

Sa clope roulée, il la porte à ses lèvres et l'allume, tire une taffe et ne laisse pas au silence le temps de s'installer avant d'aller une fois de plus poser son regard, qui a enfin perdu un peu de son austérité, dans celui d'Oscar, reprenant d'une voix qu'il espère assez claire pour y laisser entendre sa sincérité.

« Je ne sais plus trop si je te l'ai déjà dit, mais merci d'avoir toujours été là pour faire le garde fou, pour avoir toujours réussi à te comporter en adulte lorsque je ne valais pas beaucoup mieux qu'un gamin perdu et méprisable... Et désolé de t'avoir obligé à reprendre ces bonnes vieilles habitudes aussi vite... Merci de l'avoir fait malgré tout, t'étais pas obligé. »

Laszlo lui offre un léger sourire, coince sa clope entre ses lèvres et cherche un instant dans ses poches pour y trouver son téléphone. L'appareil localisé, il le tend à Oscar avec un air sérieux.

« Tiens, entre ton numéro ou envoie-toi un message pour avoir le mien, j'aimerais avoir l'occasion de me comporter un peu moins comme un connard la prochaine fois... »

Parce qu'au fond, on ne sait pas bien qui il essaye de berner, bien sûr qu'il espère qu'il y aura une prochaine fois. Une meilleure prochaine fois. Certes, certains diront qu'il avait des "circonstances atténuantes" quant à la façon dont il s'était comporté aujourd'hui, mais Laszlo, pour toute la violence et la méchanceté dont il a déjà fait preuve dans sa vie, n'est malgré tout pas vraiment de ce gens là et il espère qu'Oscar ne le sera pas non plus. Il retourne à sa clope en silence, fait grincer le caoutchouc du bout de ses baskets l'un contre l'autre, attrape son skateboard oublié non loin de là et s'assied dessus, se fait rouler doucement de droite à gauche. Il tente de profiter que le calme soit de retour pour remettre un peu d'ordre dans ses pensées, pour digérer un peu tout ce qu'il venait de se passer. Il sait qu'il lui faudra du temps pour ça bien évidement, que ce n'est pas parce que l'orage est passé que les eaux se sont apaisées, mais s'il pouvait ne serait-ce que remettre suffisamment d'ordre dans sa tête pour enfin avoir une réelle conversation avec Oscar, ça serait pas mal. Ça serait un bon début. Ça serait un excellent début même, alors Laszlo se donne le temps. Le temps de savourer sa cigarette, le temps d'observer paisiblement les alentours, le temps de profiter un peu du silence, le temps de se défaire de ses émotions parasites. Sa clope est terminée depuis un petit moment déjà lorsqu'il ouvre finalement la bouche, la voix calme et posée.

« J'ai passé beaucoup de temps, plus que je ne veux bien réellement admettre sérieux, à imaginer le jour où je te reverrais. Après les scénarios catastrophes et les scénarios plausibles, je crois que j'ai envisagé tous les scénarios les plus rocambolesques possible. J'ai imaginé te voir à la télé dans une combinaison de cosmonaute, te retrouver sur les sites people au bras d'Elon Musk, ou aux infos dans une enquête policière qui cherche à appréhender un petit groupe de narcotrafiquants au Mexique. Je te jure, je suis devenu fou. Puis je me suis demandé ce que je ferais, ce que je te dirais si on se retrouvait de nouveau face à face un jour. Je crois que pour ça aussi, j'ai tout imaginé, j'avais probablement une quinzaine de discours tout prêts, mais j'ai toujours été incapable de choisir l'un d'entre eux. J'imagine que, du coup, je ne devrais pas trop m'étonner du résultat déplorable d'aujourd'hui... Cela dit jamais j'aurais imaginé que ça serait ce pauvre Darren qui nous "présenterait", franchement. »

Il termine sa tirade d'un léger rire et d'un regard amusé pour Oscar et reprend rapidement sur le même ton.

« Comment tu connais le gaillard ? C'est un mec vraiment sympa, mais bien plus exubérant que le genre de gens avec qui t'avais l'habitude de trainer à l'époque. Il a un petit côté Jack Russell surexcité qui est attachant cela dit. »

Et c'est dit avec tout l'amour du monde. Bien évidement.

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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
Mar 20 Juil - 12:53



les retrouvailles
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Après avoir explosé et exposé tout ce que j'ai sur le cœur, je me sens extrêmement tendu devant Laszlo qui accueille mes remarques avec beaucoup d'attention et de remord. C'est au moment où il comprend avoir dépassé les bornes, que je sens que la pression se relâche, que la respiration reprend un rythme régulier. J'attrape seulement un mouchoir dans ma poche pour faire tampon au niveau de mon nez. Je sèche le sang et les larmes qui ont coulé, je veux qu'ils disparaissent pour nous entraîner vers un climat plus serein et jovial. Maintenant que certains sujets nécessaires ont été remis au clair, que les ressentiments ont éclaté, nous pouvons tenter un échange plus enthousiasme. Je sens que Laszlo y est réceptif, que c'est également son désir de ne pas finir sur des cris et des souffrances partagées. Le calme adoucit peu à peu notre conversation qui devient plus posée et sentimentale. On dit adieu à la rancune et la colère, on les chasse très loin. Je dois dire que ça fait un bien fou d'entendre Laszlo se permettre un petit rire, de se laisser aller dans une ambiance plus chaleureuse, alors qu'il avait envie de m'anéantir et me haïr il y a quelques instants. Ce flot de pensées et sentiments négatifs est étouffé par notre volonté commune de ne plus se cracher injustement à la figure, de bien faire les choses, de reconstruire au moins un discours détendu. Pactiser même si notre amour est peut-être perdu ; pactiser même si nous sommes allés trop loin tous les deux ; pactiser en souvenir de ce lien qui nous unissait avec passion.

— C'est parce qu'ils n'avaient pas conscience de tout ce que je te faisais endurer... je réponds assez franchement avec un sourire complice dessiné sur les lèvres.

Le sevrage évidemment, mais aussi tous les moments de réflexion intense, durant lesquels j'étais tellement dans la lune que Laszlo devait capter mon attention et répéter une quinzaine de fois ce qu'il voulait me transmettre. Des semaines sans sexualité aussi, surtout lorsque j'étais sur de gros dossiers à gérer. J'avais une manière assez particulière de l'aimer, même si je le montrais à beaucoup d'occasions et que je rattrapais, compensais plutôt, ces silences passagers, mes instants d'introversion intense. Il a toujours su gérer comme il fallait ; il me poussait à arrêter de travailler quand cela devenait nécessaire pour ma santé physique et mentale, il avait une manière qui lui était propre de me détacher de mon travail et me faire regagner la réalité – je sens encore ses baisers dans ma nuque et son souffle contre mon oreille qui me disait des trucs comme « ici le commandant du vaisseau F488, nous partons en direction du lit, vous me recevez 5/5 ? » pour tenter de happer ma concentration. Il ne m'a jamais vraiment fait de crise par rapport à ma libido peu activée ou à mon attention un peu dissipée à certaines périodes. Parce qu'il y avait tous ces moments de bonheur à côté, ces rires, ces sujets abordés avec une telle passion qu'on pouvait finir d'en traiter à quatre heures du matin. C'est certain : personne d'autre est parvenu à se coltiner l'Einstein dans les étoiles, à avoir autant de facilité à me supporter et à me comprendre... et inversement pour moi à son égard. Bien sûr, tout ça, je le garde pour moi ; il comprendra ce qu'il voudra à travers cette phrase toute simple, pourtant si franche et représentative de ce que je pensais de nous.

— Tu me l'avais déjà dit ne t'inquiète pas, ça t'arrive parfois d'être quelqu'un de sympathique...

Je ris fort, je suis plutôt content de ma pique. Content surtout que notre complicité évidente puisse reprendre assez facilement, qu'on retrouve un peu ce qu'on était auparavant. Bien entendu, je ne pense pas une seule seconde ce que je viens d'énoncer. C'est vraiment ma manière de lui faire comprendre que notre dispute est derrière nous, enterrée, que je ne lui en tiens pas rigueur une seule seconde et que ses propos sont un véritable plaisir à entendre. C'est agréable de savoir que cette image qu'il dépeignait de moi ne s'est pas effritée.

— J'ai été un peu forcé de le faire, je crois qu'il y a des choses qui restent quand elles sont devenues une habitude... j'ai encore du mal à te laisser te faire bouffer par la rancœur à ce point, même si tu as le droit d'être énervé. J'aurais pu te laisser me cracher dessus, j'ai au fond de moi l'impression de le mériter. Mais je n'ai pas envie que toutes nos belles années et moments de bonheur soient bousillés, parce qu'il y en a eu. Beaucoup, j'expose mon ressenti sans la moindre animosité, avec cette sincérité dont je n'arrive plus à me dépêtrer maintenant qu'elle est ressortie. Mais sache que je ne t'ai jamais vu comme un gamin perdu et méprisable.

Qu'il m'en veuille est tout à fait compréhensible, mais qu'il me jette des phrases particulièrement dures qu'il présente comme des vérités, l'est moins. J'ai conscience que les circonstances sont tout de même contre nous : cinq ans sans s'être vus, cinq ans à être rongé par la colère de son côté. C'était plutôt logique qu'elle éclate sans filtre, sans réflexion aucune, qu'il laisse tout exploser alors qu'il a dû contenir ses ressentiments pendant tant d'années. Cela ne justifie pas pour autant son comportement ; mais je me sens tellement coupable à cet instant précis, alors que nos regards se croisent, et que ces deux petites étincelles noires mais lumineuses me reflètent toutes les années de galère qu'il a dû avoir sans moi. Toute sa souffrance passée, toutes ces inquiétudes accumulées par ma seule responsabilité. Alors oui, je peux bien passer outre et ignorer ce dépassement des limites, parce que je n'ai aucune légitimité à continuer ma leçon de morale. C'est quoi le pire entre éclater un peu trop violemment, quelques secondes, et abandonner celui qu'on aime, pendant des années ? Je me la ferme, j'oublie ces dernières minutes qui ont rendu nos cœurs lourds de douleur. C'est désormais un sujet clos. Je me contente d'attraper son téléphone sans me décharger de mon sourire conquis, parce que forcément je préfère ce climat serein qui s'installe entre nous, qui nous enveloppe peu à peu. Je m'envoie un message avec son appareil pour obtenir son numéro, avec la ferme intention de le contacter en fin de semaine.

— On aura d'autres occasions de rattraper tout ça, je lui indique avec cette touche d'optimisme quand je lui tends son portable, en lui adressant un sourire et regard complices.

Je me délecte de ses quelques mots prononcés – la prochaine fois –, signifiant qu'il envisage lui aussi que nous échangions de nouveau. Sait-il combien ces mots subtiles peuvent me soulager ? Cette éventualité me réconforte, me donne du baume au cœur, me fait gagner de l'enthousiasme, dont j'use pour répondre à ces interventions. Entendre les scénarios qu'il s'était dessinés dans sa tête m'amuse d'ailleurs assez, mon sourire ne cesse d'éclairer mon visage absolument plus fermé.

— Au bras d'Elon Musk, sérieusement ? J'étais promis à une belle carrière à la télé en tout cas, je vois que tu me prêtais un avenir sous les projecteurs ! je me mets à rire en imaginant les différents plans. Moi aussi j'y ai beaucoup réfléchi, à nos retrouvailles... à ce que tu étais devenu... et sans offense aucune, jamais je n'aurais pu imaginer que le brillant codeur dont me parlait Darren pouvait être toi ! Pas que je ne crois pas en tes compétences, bien entendu, mais il faut avouer que c'est une véritable coïncidence étrange... à croire qu'il y a des choses qui ne s'expliquent vraiment pas dans la vie... même si je pense que cela veut simplement dire que c'était le moment... notre moment, j'ouvre mon cœur et mon cerveau à Lazlo, j'étale comme je le ressens, chose inédite pour un réfléchi comme moi... je ne veux plus de barrière entre nous.

Je ne crois pas tellement au Destin, aux petits anges gardiens, mais nous avons une chance de nous retrouver et nous sommes, il me semble, tous les deux prêts à la saisir. Laszlo s'ouvre réellement à moi et échange ses pensées avec naturel. C'est plutôt agréable de ne plus être le seul à partager mes ressentis, de profiter des efforts qu'il accomplit pour éloigner l'animosité et la remplacer par une sensibilité et cordialité auxquelles je croyais ne jamais plus avoir le droit. J'avais oublié aussi à quel point Laszlo pouvait me faire rire et lorsqu'il compare Darren à un Jack Russel, je dois avouer qu'il n'est vraiment pas loin de la réalité.

— Il est fort sympathique Darren, mais il est un peu vif... un poil trop vivant... le Jack Russell surexcité, ça colle bien au personnage. Moi on me refait pas, j'ai vu en lui une fusée, je souris parce que décidément la passion de l'astronomie me domine incontestablement. Je me suis laissé bêtement entraîner par une amie à une soirée à laquelle je ne voulais pas participer à la base. Elle voulait que je me sociabilise et que je rencontre quelqu'un. J'ai été servi avec ce fameux Darren. Au début j'avais de la difficulté à le suivre et j'avais une envie folle de le fuir. Puis il s'est intéressé à ce que je faisais, avec beaucoup d'énergie et d'intérêt. Je me laisse tenter à la diversité comme tu vois... ça fait du bien parfois, d'autres fois ça me donne encore plus envie de rester cloitré chez moi.

Un besoin considérable de calme, de lenteur, de prendre le temps de parler, de réfléchir, de penser. Son élocution est si accélérée qu'il me faut un certain temps pour tout assimiler et construire une réponse qui me semble valable.

— Et toi alors, comment tu l'as connu, c'est un ami de longue date ? Même si toi tu ne faisais pas de discrimination de catégorie sociale, tu en ramenais déjà parfois des énergumènes pareils, je m'exclame en souriant.

Sans en prendre conscience, je lui révèle que je n'ai personne dans ma vie. J'en ai eu pourtant, des garçons de passage, mais rien de significatif. Je suis curieux de savoir si Laszlo a reconstruit sa vie sentimentale, s'il est resté coincé dans nos souvenirs, s'il a pu rebondir. J'ignore comment amener le sujet, il viendra bien un jour. Rien que l'idée envisagée qu'il puisse avoir quelqu'un me fait ressentir des drôles de picotements au niveau du cœur...
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(LASZLO) LES RETROUVAILLES
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