confidence pour confidence (lioan)

La journée a été longue et je me sens épuisée. En général dans ce genre de situation, j’ai tendance à enchaîner les cafés - défaut de pouvoir boire un peu d’alcool au boulot - mais je suis du genre à ne plus trouver le sommeil et ça finit par me porter préjudice a long terme. Depuis quelques jours je tente de trouver un nouveau rythme, même si j’ai un peu de mal à m’y tenir, j’ai un ange gardien démoniaque que me surveille, en la personne d’Alice. D’ailleurs, cette dernière est en train de prendre la poudre d’escampette. « T’as un rendez-vous galant, que tu fuis comme ça ? » « Non j’ai fini mon service. » Elle m’adresse un petit sourire moqueur avant de passer la porte de service. Saleté. Je me retrouve avec les deux petites nouvelles qui n’ont fait qu’une fermeture avant ce soir. Ça va être génial. J’ai hâte ! Un soupire et je jette ma cigarette à mes pieds avant de l’écraser. Je passerai un coup de balai demain. Peut-être. Cette cour est réservée au personnel, personne ne viendra me faire chier si quelques mégots traînent au sol, et je préfère encore ça plutôt qu’un mégot mal éteint jeté dans une poubelle par mégarde. Bref. Retour à l’intérieur, et je raccompagne les dernières clientes qui connaissent bien la maison, et qui savent que même si elles pourraient traîner, nous aussi nous avons une vie. Mais alors que je vais pour pousser la porte de l’entrée du Planet, une bouille apparaît, manquant de me faire lâcher un cri de surprise. « Putain tu m’as fait peur ! » Je soupire, posant ma main sur ma poitrine, et adresse un sourire aux clientes avant de leur souhaiter une bonne nuit. Puis, mon attention est de nouveau reportée sur ma meilleure amie. « Si tu cherches Alice, elle est déjà partie. » Et elle avait l’air pressée de partir. Je sais qu’elle papillonne, j’espère au moins que Liv n’est pas trop attachée à ma co-gérante.
Sans attente de réponse de la part de mon amie, je me décale pour la laisser entrer, et referme la porte à clé derrière elle. « Installe-toi, je vais briefer les filles je reviens. » Ni une ni deux je rejoins mes deux employées et leur explique ce que j’attends d’elles pour ce soir. Il n’y a pas eu de soirée, le bar n’est pas particulièrement mal, ça devrait aller vite si elles se débrouillent bien. « Si vous avez besoin, je serai juste là » dis-je en pointant du menton la table à l’entrée où se trouve Olivia. Je me saisis de deux verres et nous sers deux verres de mon meilleur whisky, et rejoins mon amie à la table où elle m’attend. « Je sais pas pourquoi, je me suis dit qu’on aurait besoin de ça ! Qu’est-ce qui t’amène ? »

« Ma parole, mais tu veux ma mort. » Eh ! c’est elle qui débarque à l’heure de la fermeture et qui me fait flipper, et c’est moi qui veut sa mort ? C’est le monde à l’envers ! Mais ça me fait rire. Je propose à ma meilleure amie de s’asseoir avant que je ne la rejoigne, deux verres de whisky à la main. Les petites nouvelles vont se débrouiller et je serai dans les parages si elles ont besoin. Une fois en face de Liv, je lui tends son verre et lui demande ce qui l’amène - à une heure aussi tardive. Elle se plaint de la fac et ce qu’elle a à gérer dans son boulot. Je sais que pour Ellen c’est la même chose, il y a des périodes de l’année plus difficiles que d’autres, avec les examens et toutes les corrections qu’elles doivent se coltiner. Je n’aurai jamais pu faire un boulot pareil. « Ça fait une semaine que je suis pas montée sur une planche. T'imagine? » Ah. Oui, quand même ! Je grimace un peu, lui faisant comprendre qu’effectivement, ça doit pas être joli joli. Liv qui ne vit quasiment que pour le surf, là, ça devient problématique. « Il faut que tu te dégages du temps chérie sinon tu vas péter un plomb ! » Parce que je connais le phénomène, pousser pousser et finir par exploser. Et je sais ô combien ce n’est pas la meilleure solution. « Et puis y a ma fille. » Ah. Nous y voilà. On avait pas vraiment eu l’occasion d’en discuter, c’est un peu particulier tout ça. C’est vrai que ça fout le bordel dans notre trio, un peu. Le fait qu’Ellen sorte avec une fille plus jeune, c’est pas tant le problème. C’est surtout qu’on ait appris que c’est la fille de Liv, qui retourne le cerveau. Evidemment Ellen ne pouvait pas deviner, et ses sentiments étaient déjà bien trop présents. Je grimace à nouveau, parce que je sais que ça perturbe Liv tout ça, et y’a de quoi. Si j’apprenais par exemple que Liv sortait avec ma fille, je pèterai un plomb. Bon c’est sûr c’est différent surtout que Liv connaît Sonny. Mais bref. « Tu l’as revue depuis ? » Depuis qu’elle sait, c’est sous entendu, mais elle se doute bien l’orientation de la question. Je suis là pour elle, si elle a envie d’en parler, j’espère simplement qu’il n’y a pas d’animosité envers Ellen… « Et toi alors? Comment ça va de ton côté? Ça peut difficilement être plus le bordel que du mien... » Je lâche un rire amusé. Si elle savait. C’est vrai que sa situation est cocasse, mais j’ai pas mal à gérer aussi de mon côté, surtout depuis le retour de Marlo à Los Angeles. Alice m’a bien fait comprendre que je devais arrêter de me jeter sur la boisson. Sur l’alcool, j’entends. « Oh bah écoute, tu sais j’ai pas mal à faire ici, Sonny a rencontré quelqu’un, un garçon, que je trouve pas très bien mais je peux rien faire, ça me fait un peu chier. » Je hausse les épaules, et choisis de ne pas encore parler de Marlo, peut-être parce que j’ai surtout envie de la virer de ma tête, cette conne. « Bon elle se finit quand cette période de merde à ton boulot, qu’on puisse aller surfer ensemble ? »