and i can take you for a ride (rainny #1)

Les horaires de merde, les vacations qui s'enchaînent, et tout ce qui s'en suit. Bienvenue dans la police qu'ils m'ont dit. Mais c'est positif, j'ai enfin trouvé quelque chose pour canaliser mon énergie. Ça a le don de rythmer mon quotidien, et de me permettre de me défouler. Je râle juste pour la forme, parce que sinon c'est pas vraiment moi. Madame la chieuse de service. Ouais ça me va plutôt bien en fait de porter l'uniforme, et de faire chier le monde. Britt avait raison finalement, même si je vais éviter de lui répéter. Je n'ai pas envie de lui faire ce plaisir. Et puis quoi encore ? En parlant d'elle, elle est justement en train de m'appeler en Facetime. En ce moment on a même plus le temps de se voir, c'est quand même de la folie. Mais c'est peut-être pas plus mal. Ça m'évite de penser à des trucs un peu trop chelous. Ouais parce que ces derniers temps c'est un peu le bordel dans ma tête. Quand je suis avec elle, je suis un peu bizarre. Comme la dernière fois quand je me suis énervée pour un rien juste parce qu'elle me racontait un truc avec une pote. Mais on va faire comme si de rien n'était hein. Comme d'habitude. Son sourire affiché sur l'écran de mon téléphone me fait déjà tout oublier. Rhaa... qu'est-ce qu'elle me rend faible aussi. On discute de tout et de rien pendant presque une demi-heure, jusqu'à ce que je me décide de venir à sa rescousse. Sa mère est en train de lui taper sur le système, et si j'ai bien compris elle est à deux doigts de finir hystérique. J'ai pas envie d'aller lui rendre visite en HP. En même temps sa situation est quand même particulière. Vivre avec sa mère et sa copine qui a genre le même âge que nous ou presque, c'est glauque un peu. Ok, pas un mot de plus, j'ai compris. Aujourd'hui je suis en repos, et c'est assez rare pour le souligner. Alors ni une ni deux je coupe court à notre appel, faisant mine d'être débordée et d'avoir des millions d'autres choses à faire. Je la sens déçue, mais je tente de ne pas en faire cas. La vérité est toute autre, et je file à la salle de bains me préparer pour aller la rejoindre. Mon plan ; passer la récupérer chez elle pour qu'on passe la journée ensemble. Je ne vais même pas lui laisser le choix. Elle me suivra, ou rien. Arrivée devant sa maison, je me mets sous la fenêtre de sa chambre essayant de sauter comme une gamine pour qu'elle me voit. Ouais je fais pas les choses à moitié pour voler à son secours. Elle finit par ouvrir sa fenêtre en rigolant. Je lève les mains au ciel en lui adressant mon plus beau sourire. « Tadam ! Je suis venue te kidnapper. » Je ne peux m'empêcher de sourire, parce que ça me fait plaisir de la voir. Malgré tout, malgré que je sente mon coeur battre un peu plus fort dans ma poitrine à cet instant. « On bouge ? » Si elle est pas prête, c'est pas mon problème.

Allongée sur mon lit je regarde le ventilateur au plafond, immobile. C'est comme ça que ça s'appelle non, un ventilateur ? Y a pas un autre terme ? Merde je me souviens plus, tant pis. Bref, je m'ennuie sévère. J'ai un bouquin de psycho ouvert à côté de moi, d'autres bouquins sur mon bureau, la musique à fond sur Spotify, et je reste là immobile, allongée sur mon lit, dans un vieux jogging, à fixer le plafond. J'ai disons plus ou moins élu domicile ici. Je parle de ma chambre. J'en sors plus. Du moins pas quand je sais que je peux croiser des gens. Je veux pas tomber sur sa mère et sur son adolescente de copine. Ou femme d'ailleurs. Je crois qu'il y a eu demande en mariage, ou même carrément mariage cet été ! C'est un peu pour ça que j'évite tout le monde, j'ai un peu peur de découvrir la réalité, je veux pas savoir. Peut-être qu'il vaudrait mieux que je me trouve mon propre appart. Enfin, en tant qu'étudiante sans emploi ça va être compliqué mais bon… je peux sûrement compter sur papa chéri. En attendant je me sens comme en prison, comme exclue dans ma propre famille. Et je déteste ça. Je décide d'appeler Rain, d'abord pour me plaindre telle la malheureuse que je suis, mais quand j'aperçois son visage sur l'écran je me sens aussitôt mieux. J'ai l'impression d'avoir une alliée avec moi et ça fait du bien ! On parle de tout et de rien, perso je parle surtout de rien. Il se passe pas des masses de trucs dans ma vie donc bon… Pourtant je fais pas rien ! Je suis étudiante, je vais à la fac, et j'ai des activités du genre le patin à glaces, j'adore aller à la fête foraine ou au centre commercial, et faire de la cuisine, et puis j'ai un blog et un compte insta que je remplis régulièrement. Et avec tout ça je rencontre quand même personne et j'ai jamais rien à raconter. Comment c'est possible ? Doit y avoir un truc qui cloche chez moi. Rain me sort qu'elle a des trucs à faire, "on s'rappelle". Ouais, doit clairement y avoir un truc qui cloche chez moi. Mais en toute humilité j'ai du mal à voir quoi. Ok, je sais que je peux être une chieuse, un peu caractérielle et têtue, m'enfin ça empêche quand même pas de rencontrer des gens quand même, merde ! Puis maintenant même Rain m'abandonne. Ça m'soule. Voilà, j'vais encore traîner sur Netflix, ou Disney+ si ma mère a enfin pris l'abonnement, et regarder des séries nulles toute seule dans mon lit.

Quand soudain quelque chose attire mon regard à la fenêtre. Je fronce les sourcils, j'attrape mécaniquement le premier objet que je pourrais utiliser comme une arme (ouais bon avec une brosse à cheveux j'irais pas loin) et je m'approche doucement de la fenêtre jusqu'à découvrir la tête de Rain, tout sourire. « Mais... qu'est-ce que... » « Tadam ! Je suis venue te kidnapper. » s'exclame t-elle avant même que j'ai fini de poser la question. « Je croyais que t'étais occupée ! Espèce de sale petite menteuse ! » je m'exclame avec un grand sourire. Pour le coup je l'avais pas vu venir là ! « On bouge ? » « Là, maintenant, de suite ?... Une seconde ! » je m'exclame en me rushant dans ma chambre. Je me regarde une seconde dans le miroir en pied. Jogging violet, tee-shirt jaune, bon ça va y a pire. J'enfile des baskets, j'attrape une sacoche dans laquelle je fourre des élastiques, mon téléphone, et ma carte bleue. Je réfléchis une seconde, mais je crois pas avoir besoin de quoi que ce soit d'autre. Alors je retourne à la fenêtre, je l'enjambe, saute sur le petit muret, puis de là je saute à terre. Nooooon c'est pas du tout quelque chose que j'ai fait mille fois dans ma vie. « Alors, où est-ce qu'on va ? » je demande alors à Rain, un grand sourire sur mon visage. J'adore qu'on parte à l'aventure comme ça, c'est cool, j'aime trop ! Ça casse la monotonie un peu et franchement ça fait du bien. « N'empêche j'hallucine que tu sois là. Tu sais, j'étais presque en colère contre toi tout à l'heure quand tu m'as limite raccroché au nez ? Vilaine ! » Mais comment je pourrais rester en colère contre elle franchement hein ?

J'aurais pu me déguiser en Supergirl que ça aurait fait le même effet. Le sourire qui apparait instantanément sur son visage vaut clairement tout l'or du monde. Qu'est-ce que j'aime la voir sourire, c'est dingue. « Je croyais que t'étais occupée ! Espèce de sale petite menteuse ! » Mon stratagème a plutôt bien fonctionné, et rien que pour ça, je suis plutôt fière. Il m'en faut pas plus pour être heureuse. Surtout quand la blonde fait partie de l'équation. C'est là toute la différence en fait. Avec elle, j'ai toujours l'impression d'être sur un nuage. D'être exactement là où je devrais être. Bon allez, on décolle maintenant. Je ne suis pas venue là pour rester toute seule en bas de sa fenêtre à lui chanter la sérénade. Quoique... la scène pourrait vraiment être épique. Mais ne nous enflammons pas non plus. « Là, maintenant, de suite ?... Une seconde ! » Je lève les yeux au ciel comme par réflexe. « Mais c'est bon, t'es déjà parfaite. » Que je lâche à la volée alors que ma meilleure amie s'est déjà volatilisée. Mais heureusement elle ne se fait pas attendre très longtemps, et je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je la vois enjamber sa fenêtre pour atterrir sur le muret avant de sauter jusqu'à moi. « Alors, où est-ce qu'on va ? » Je m'empare de sa main pour la guider jusqu'à ma voiture. « Fais-moi confiance. » Je sais exactement là où je devrais l'emmener. A force de l'entendre se plaindre de sa mère et de son adolescente de copine, il serait temps que Britt prenne son indépendance. Encore faut-il qu'elle saute le pas une bonne fois pour toute. « N'empêche j'hallucine que tu sois là. Tu sais, j'étais presque en colère contre toi tout à l'heure quand tu m'as limite raccroché au nez ? Vilaine ! » Je pouffe un peu de rire. Comment peut-elle être aussi mignonne franchement ? Rhaa ça m'énerve. « 'Presque'. » Que je mine entre guillemets de mes mains pour la taquiner. « Tu es incapable de me faire la gueule de toute façon. » Je joue un peu de la situation. Faut dire que depuis que notre amitié existe, il n'y a pas vraiment eu de véritables conflits entre nous. Des petites broutilles par-ci par là, oui évidemment, mais rien de jamais trop sérieux. Comme si nous ne pouvions pas rester trop longtemps éloignées l'une de l'autre. Nous deux comme une évidence. Le trajet en voiture est rapide, et nous arrivons déjà à notre destination. IKEA bonjour. « Allez viens, on va faire des repérages. » La jeune femme n'a pas l'air de comprendre là où je veux en venir. « Bah ouais, va bien falloir que tu équipes ton appartement. » Futur appartement, parce que ce n'est pas encore d'actualité mais je vais clairement lui donner envie que ça le soit. Si elle y pense sans oser, avec moi, elle n'aura plus le choix. Je suis là pour l'aider à ouvrir les yeux. Et sa vie toute entière sera plus facile si elle s'éloigne des parasites qui lui pourrissent son quotidien depuis des mois. « Et en tant que future squatteuse de ton lit, je crois que j'ai mon avis à donner. » Oups. Ça devait pas sortir exactement comme ça de ma bouche mais tant pis. 'Squatteuse de canapé' aurait peut-être été un moins ambigu comme terme. Trop tard.

« 'Presque'. » Je lève les yeux au ciel, faussement agacée. Faussement parce qu'un sourire s'étale sur mon visage. Bah ouais, j'peux pas être en colère contre elle ! Je fais la tête à tout le monde et pour vraiment n'importe quoi, je le reconnais bien volontiers. Mais elle a raison je suis incapable de lui faire la gueule à elle. Sur le trajet je joue avec le volume de la musique et les différentes stations. Je sais pas quoi faire de mes mains. J'suis à peu près sûre d'être hyperactive. Je passe mon temps à faire mille trucs à la fois, et pourtant ne rien faire, jamais avancer, jamais terminer quoi que ce soit, j'suis toujours trop distraite par une chose ou une autre, et puis j'oublie souvent mes affaires aussi. Genre là je crois que j'ai oublié mes clés. Merde. Ça veut dire qu'il va falloir que je sonne et que je parle à ma mère ou à sa copine. Pitié que Joyce soit à la maison... Au pire je lui enverrais un message en rentrant. Ou alors je me planterais à côté de la porte en mode embuscade et hop dès que quelqu'un ouvre la porte je bondis ! J'ai pris mon téléphone ? Ouais c'est bon, encore heureux ! Je devrais peut-être faire une story ou un truc du genre. Flemme. Je disais quoi déjà ? Peu importe, apparemment on est arrivées. « Ikea ? Tu m'emmènes dans un magasin de meubles ? » J'avoue je suis pas trop sûre de suivre pour le coup. Qu'est-ce qu'on fout là ? Bon après je vais pas ma plaindre, j'ai toujours voulu tester les boulettes de viande avec la sauce cranberry qu'ils font. Ouais je sais que c'est pas le but premier d'un magasin de meubles, et alors ? « Allez viens, on va faire des repérages. » « Des repérages ? » Non mais c'est moi qui suis con où c'est pas clair l'histoire ? « Bah ouais, va bien falloir que tu équipes ton appartement. » Ok. Je lâche un petit rire entre l'incrédulité et la nervosité. Je sais même pas quoi dire. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? « Et en tant que future squatteuse de ton lit, je crois que j'ai mon avis à donner. » Je lève à nouveau les yeux au ciel. « T'es complètement folle. » je lâche d'une voix monotone, mais je suis déjà en train de me résigner et de me rallier à son avis. « T'es au courant que je n'ai pas encore d'appart à moi hein ? » Je soupire. Ok, elle a gagné, et le pire c'est qu'elle le sait. « Bon ok, mais j'exige de goûter toutes les spécialité culinaires qu'ils ont. Allez on y va. » je lâche finalement en attrapant sa main et l'entrainant vers l'entrée.  Quelques minutes plus tard on a monté tous les escaliers, on se retrouve en haut, là où il y a toutes les maquettes de pièces. C'est comme ça qu'on dit ? Ça me paraît bizarre. Bref on s'en fout. Je m'arrête devant un [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. « Wow. Ouais ça fait très... catalogue. Propre. Rangé. Ennuyeux. Ou c'est moi qui suis folle ? Fin après le plateau est cool. Les jeux de société aussi ! Mon père m'en avait filé un comme ça, je crois que c'était de famille ou je sais pas quoi et je l'ai paumé. Ou cassé ? Je sais plus. Bref, ça ferait un cadeau cool pour la fêtes des p-... sorry je m'égare. » Quand je disais qu'un rien me distrait...

On est d'accord, c'est plutôt original comme occupation que de venir zoner dans un magasin de meubles. Mais en même temps, l'originalité, c'est nous. C'est ce qui nous a toujours défini. Impossible pour nous de faire comme les autres. Et une simple journée shopping dans les magasins, c'est du déjà vu. Les trucs réchauffés comme ça, très peu pour moi. Et puis Ikea quoi, je suis juste trop fan de ce magasin. Je crois que tous les meubles de ma chambre à la coloc' sont signés "fabrication suédoise". La base. Et si cette petite escapade peut l'aider à se projeter un peu et lui donner envie de prendre son indépendance, ça serait tout bénef. Elle a vingt-quatre ans quand même, faut qu'elle se bouge. Bon ok, ça fait juste un an que j'ai pris mon indépendance à moi. Mais j'avais son âge du coup, alors maintenant c'est son tour. « T'es complètement folle. » Ça, j'ai l'habitude qu'elle me le dise et j'assume entièrement. Je sais que c'est ce qu'elle adore chez moi. Ce grain de folie qui l'a toujours fait rire. « T'es au courant que je n'ai pas encore d'appart à moi hein ? » Et alors ? « C'est un détail ça. » Ou juste une question de temps d'ailleurs. « Bon ok, mais j'exige de goûter toutes les spécialité culinaires qu'ils ont. Allez on y va. » Je lève instinctivement les yeux au ciel. L'estomac sur pattes a parlé. Elle m'attrape la main et nous rentrons dans le hall d'entrée pour rejoindre la première partie du magasin, ma préférée. Je crois que dans une seconde vie j'aurais aimé être vendeuse à Ikea, mais genre juste pour faire la décoration du magasin. Changer la disposition des pièces exposées, jouer avec les fruits en plastique, les faux décors, et tout ce qui s'en suit. Ouais... un peu étrange comme délire. « Wow. Ouais ça fait très... catalogue. Propre. Rangé. Ennuyeux. Ou c'est moi qui suis folle ? Fin après le plateau est cool. Les jeux de société aussi ! Mon père m'en avait filé un comme ça, je crois que c'était de famille ou je sais pas quoi et je l'ai paumé. Ou cassé ? Je sais plus. Bref, ça ferait un cadeau cool pour la fêtes des p-... sorry je m'égare. » Je ne peux m'empêcher de rire en la voyant partir dans son monologue. C'est ça qui est bien avec elle, elle parle d'un truc et d'un coup elle dérive sur un autre truc qui n'a plus rien à voir. Brittany est capable de passer du coq à l'âne sans que personne n'est le temps de comprendre ce qu'il se passe. C'est vraiment drôle, et je m'en lasserai jamais. Ça fait partie de son charme. « Ça va, faut juste imaginer un peu plus de vie. » En disant ça, je retire ma veste pour la balancer sur l'un des fauteuils. Je m'installe sur le canapé, récupérant le magazine Ikea et faisant mine de le feuilleter comme si c'était un magazine people. « Genre comme ça. » Je lui tends la main pour qu'elle s'en saisisse, la faisant volontairement tomber comme une merde sur moi pour lui faire une petite place sur le canapé. Mon rire se mélange au sien dans une mélodie qui ravit complètement mes oreilles. J'adore tellement la faire rire, je crois que c'est mon passe temps préféré. « Tu t'imagines pas faire une soirée Netflix avec moi là ? » Ouais bon, il y a d'autres gens autour de nous, certains nous regardent d'un mauvais oeil d'ailleurs, mais on s'en fout. Il faut juste essayer de faire abstraction des autres. Il n'y a qu'elle et moi, ici, maintenant. « Je sais pas toi, mais moi je suis à deux doigts de quitter mes pompes pour me sentir un peu plus à l'aise. » Et tendre mes jambes sur elle pendant qu'on y est. « Bon ok, je suis sûre que tu te projetteras mieux dans une cuisine. » Je me lève, et la guide jusqu'à la première cuisine qui s'offre à nous. « T'as plus qu'à me faire des cookies maintenant. » J'y peux rien si je suis amoureuse de ses pâtisseries hein.

Ah Rain, contrairement à ce qui est suggéré par son nom: le rayon de soleil dans ma vie. Elle trouve toujours le moyen de me faire sourire, mieux encore de me faire rire. Elle est juste toujours là quand j'en ai le plus besoin, peu importe ce qu'il m'arrive, elle est là pour moi, elle me soutiens, elle est tout simplement géniale. Je sais pas ce que je ferais sans elle ! « J'imagine toujours faire des soirées netflix avec toi évidemment ! Avec les copains Ben&Jerry et tout et tout, mais sérieux ce salon est immonde ! » Je suis chiante je sais, mais Rain le sait aussi, elle doit être habituée à force, et ça doit pas la déranger plus que ça si depuis tout ce temps elle est restée avec moi aloooors... « Bon ok, je suis sûre que tu te projetteras mieux dans une cuisine. » Ni une ni deux elle m'entraîne à sa suite et on cours jusqu'à la première cuisine sur notre chemin. « T'as plus qu'à me faire des cookies maintenant. » Je pouffe de rire. Ah oui, c'est pour ça qu'elle reste: je la soudoie avec mes petits gâteaux. Le petit atout dans ma poche. Dans ma manche. Merde je sais plus c'est poche ou manche l'expression ? Bref, on s'en fout. « Ah c'est donc ça ! Tu veux simplement que je me prennes mon propre appart' pour me transformer en usine à cookies !! J'accuse ! » Je suis pas sûre que ma phrase ait un sens mais je m'en fous. « Après pour l'usine à cookies, le plus simple serait une coloc'... je dis ça, je dis rien ! » je lance en repartant à l'exploration. Je m'arrête devant un autre [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. « Un peu kitsch mais j'adore ! C'est tellement trop parfait ! Bon manque la télé mais ça s'arrange vite ça. » Et je continue d'avancer comme si de rien n'était. J'adore tellement IKEA ! C'est comme si on était dans une maison de poupée géante, c'est génial ! Je poursuis donc ma route jusqu'à ce qu'on arrive devant une [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. J'adore le look de la chambre mais ça on s'en fout, l'important c'est le lit. Ce lit gigantesque qui a l'air d'être moelleux et confortable à souhait ! Je lance un petit regard complice à Rain. « Tu penses à la même chose que moi ? » je demande avec un large sourire plaqué sur mes lèvres. Si elle pense pas pareil que moi alors elle risque d'être surprise dans quelques secondes, quand je la prendrais par la main et que je me mettrais à courir, l'entrainant dans ma suite, juste pour sauter sur ce lit qui a l'air tout bonnement merveilleux.

Notre escapade dans les allées du magasin continue, et cette fois c'est avec une cuisine toute équipée que j'essaye d'attiser son envie de liberté. Je profite de la situation pour lui quémander des cookies, l'une de ses spécialités. Autant ne pas se faire prier. Et rien que de penser à ses pâtisseries, j'en ai déjà l'eau à la bouche. « Ah c'est donc ça ! Tu veux simplement que je me prennes mon propre appart' pour me transformer en usine à cookies !! J'accuse ! » Je lève les mains au ciel comme si c'était une évidence. « Bah ouais, tu croyais quoi ? » Je plaide coupable en laissant un rire s'échapper d'entre mes lèvres. « Après pour l'usine à cookies, le plus simple serait une coloc'... je dis ça, je dis rien ! » Pourquoi l'idée de vivre avec elle ne me laisse pas totalement indifférente ? En vrai je n'y ai jamais pensé, mais l'avoir sous le même toit que moi, ça serait peut-être encore plus dur. Je crois que mon coeur n'est pas prêt pour ça. « Mes colocs risquent d'être jaloux, ils sont pas trop du genre à partager tu sais. » Répliquais-je dans un léger clin d'œil. Elle s'arrête devant un autre salon, dans un tout autre style, qui, pour le coup, lui convient parfaitement. Ça y est, elle commence à se projeter un peu là non ? Vous voyez, on fait des progrès. Je ne peux m'empêcher de sourire en ne la lâchant pas du regard. Je me perds même quelques secondes dans mes pensées, me surprenant à la trouver vraiment très belle comme ça, au naturel. Je me ressaisis très vite, pour éviter qu'elle me grille ou qu'elle me trouve brusquement bizarre. Heureusement pour moi, Brittany est obnubilée par les pièces qui s'enchainent jusqu'à s'arrêter devant ce qui ressemble à une chambre. Très jolie au passage, et le lit donne clairement envie. Je croise alors son regard pendant une seconde. « Tu penses à la même chose que moi ? » Un large sourire vient se dessiner sur mes lèvres. On se connait depuis tellement longtemps qu'on a même pas besoin de dire quoi que ce soit pour se comprendre. Un seul regard suffit. Nos mains se trouvent alors, et nous nous élançons toutes les deux en sautant sur le lit comme des gamines de douze ans. Il avait l'air si confortable qu'il était obligatoire de le tester. J'en profite pour chatouiller ma meilleure amie sans aucun scrupule, venant me positionner sur elle pour la surplomber. Je finis par la laisser respirer avant de m'écrouler sur le côté, dans un rire non dissimulé. « Il est parfait celui-là, j'approuve. » J'avais bien dit qu'en tant que future squatteuse de son lit, j'avais mon mot à dire. « Par contre tu me réserves direct le côté gauche. » Que j'ajoute en tapotant un peu sur le lit. Je marque déjà mon territoire, normal non ? « M'en fous, je suis prioritaire sur n'importe qui d'autre. » Je lève les yeux en disant ça, comme par réflexe. Est-ce que ça se voit tant que ça que l'idée qu'elle puisse avoir des prétendants m'agace complètement ? « T'en es où d'ailleurs de ce côté là ? » Je sais pas pourquoi je pose la question. Faut être un peu conne quand même pour s'auto faire du mal. Mais en même temps il faut bien que je me renseigne un peu. C'est un moyen comme un autre de savoir s'il y a potentiellement quelqu'un qui s'immisce dans sa vie en ce moment.

« Mes colocs risquent d'être jaloux, ils sont pas trop du genre à partager tu sais. » Je ris. « Alors on a déjà un truc en commun ! » que je lâche avant de m'élancer de nouveau à la recherche de mon futur appart de rêve. Je valide mon futur salon en un coup d'oeil. J'adore le mélange "modern-kitsch". Je sais pas si c'est un truc ou quoi mais en tout cas ça me ressemble. Un peu fou, un peu classique, très contradictoire. Moi. Je continue ma route, je m'arrête devant une chambre et ni une ni deux j'entraîne Rain dans mon sillage. On s'élance alors en courant vers le lit, on saute, l'espace d'une seconde c'est comme si on volait, comme si j'avais des ailes. Avant de tomber dans le lit, un lit moelleux, confortable, une sorte de gros nuage géant. Est-ce que mon cerveau va trop loin ? Probablement. Mais j'm'en fous totalement. Je suis contente, heureuse même, je ris. Rires qui se transforment plus ou moins en cris quand elle se met à me chatouiller. « C'est pas du jeu ! T'es pas chatouilleuse toi, c'est pas juste je peux même pas me venger ! » je m'exclame, boudeuse, alors qu'elle me relâche enfin de son emprise et se laisse tomber à côté de moi. « Ouais, ouais, je vais surtout te réserver le tapis par terre si tu continues à me torturer avec tes chatouilles hein! » Je ne vois pas ses yeux, mais je la sens déjà lever les yeux au ciel. Quoique, c'est plus mon truc ça. « M'en fous, je suis prioritaire sur n'importe qui d'autre. » Je rigole. J'adore être avec Rain. Je me sens toujours joyeuse, pleine de vie, légère, comme si tous les maux du monde avaient disparus. « En général je dors au milieu du lit. Je partage pas. Mais écoute, je peux éventuellement te faire une petite place s'il le faut vraiment ! Façon c'est pas comme si je partageais mon lit avec qui que ce soit... » Je réplique en soupirant. C'est vrai que côté coeur c'est pas ouf. C'est lassant à force qu'il m'arrive rien. Quoique ! C'est vrai que j'ai eu des trucs qui me sont arrivés ! « Han mais je t'ai pas raconté ! » Je m'exclame en me redressant. « Ah bah attends, on va aller au resto manger un bout, je te raconterais en mangeant, on fait ça ? » Puis façon je crois qu'un employé du magasin se dirige vers nous pour nous réprimander, alors vaut mieux qu'on bouge avant de se faire jarter du magasin. Ce serait con de partir avant d'avoir goûté les boulettes de viande à la sauce canneberge. « Oui, je sais, je fais une fixette sur la bouffe, mais tu me connais... » je la regarde avec un grand sourire pour l'amadouer.

Le tapis, vraiment ? C'est tout ce qu'elle est capable de me réserver ? Ok, je retiens. Je fais mine d'être choquée et de bouder avant de mélanger mon rire au sien. Elle a de la chance que je ne sois pas cruelle au point de continuer à la chatouiller jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Mais là, j'ai autre chose en tête. Je profite de cette ouverture pour lui demander où elle en est sentimentalement parlant. Pas que ça m'intéresse mais presque. Ouais ok, un peu. Beaucoup même. Avec elle, j'ai toujours eu besoin de veiller au grain. Parce que Brittany, c'est ma meilleure amie. A moi. C'est pas vraiment une question de jalousie mal placée. C'est juste... normal, non ? Bah quoi ? « En général je dors au milieu du lit. Je partage pas. Mais écoute, je peux éventuellement te faire une petite place s'il le faut vraiment ! Façon c'est pas comme si je partageais mon lit avec qui que ce soit... » Un sourire vient alors se dessiner au coin de mes lèvres. Cette information ne passe pas dans l'oreille d'une sourde comme on dit, et je suis plutôt soulagée d'apprendre que la blonde n'a personne avec qui partager son lit en ce moment. « Han mais je t'ai pas raconté ! » Ah... mon visage se décompose brusquement sans que j'en prenne forcément conscience. Je me suis peut-être réjouie un peu trop vite sur ce coup-là. Finalement je ne suis plus certaine d'avoir envie de savoir la suite. Si c'est pour qu'elle me raconte qu'elle a eu un coup de coeur, ou que sais-je encore, merci mais non merci. Je peux aisément m'en passer. Mais en même temps, c'est moi qui lui ai posé la question donc... quelle idée aussi. « Non, quoi ? » Que je demande comme par réflexe sans nécessairement avoir envie d’entendre la réponse. J’évite de croiser son regard, trouvant la table de nuit à mes côtés étrangement intéressante tout d’un coup. « Ah bah attends, on va aller au resto manger un bout, je te raconterais en mangeant, on fait ça ? » Je hoche un peu la tête, contente de retarder en quelques sortes l’échéance. Et puis à priori c’est le moment parfait pour bouger avant de se faire virer par un employé du magasin qui semblait se diriger droit sur nous. C'était moins une. « Oui, je sais, je fais une fixette sur la bouffe, mais tu me connais... » Effectivement, je la connais mieux que quiconque, et je sais que la bouffe sera toujours au premier rang pour elle. Et ça me fait bien rire d'ailleurs. C'est un véritable estomac sur pattes je vous jure. « Mon dieu que tu es faible. » Nous poursuivons notre chemin jusqu'à arriver au restaurant du magasin. Je vois ses yeux pétiller, et je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Elle n'est pas difficile, un rien peut lui faire plaisir, c'est pratique. Elle serait limite du genre à apprécier un rendez-vous galant dans un fast-food. Ou ici même d'ailleurs, juste pour les spécialités culinaires d'Ikea. Quand je vous dis qu'elle est unique. « Allez, fais-toi plaisir, c'est moi qui régale. » C'est moi qui l'ai poussé à m'accompagner ici, c'est la moindre des choses. Nous passons alors commande avant d'aller s'installer sur une table libre nos plateaux entre les mains. Je lui laisse le loisir d'engager la conversation, même si mon coeur se serre déjà à l'idée que ses nouvelles ne me plaisent pas.

Rain est vraiment la meilleure. Elle sait toujours comment me faire plaisir, comment gérer mon caractère de merde, elle est géniale. Je suis tellement chanceuse de voir compter sur elle ! « T'es pas obligée ! » que je réplique quand elle propose de payer nos deux repas mais je la laisse pourtant faire, et on s'installe à une table pour déguster notre festin. J'enfourne une de ces boulettes suédoises à la sauce cranberry, putain c'est vraiment trop bon. « Ohmygod mais l'orgasme culinaire quoi j'te jure c'est trop bon ! » J'ai les yeux fermés, du moins pendant une longue seconde, mais je vois quand même Rain, je l'imagine, un grand sourire sur ses lèvres, se foutant légèrement de ma gueule. Faut dire que je suis un sacré numéro ! « Bon! Revenons en à nos moutons.» je me redresse sur mon siège, prête à me lancer dans les histoires. « Déjà j'ai rencontré ce gars au restaurant chinois. J'ai reçu un... merde comment ça s'appelle là, les cookies magiques ou je sais pas quoi, avec un message à l'intérieur. Bref ça me disait que mon âme soeur était à la table 4, et bim, c'était lui à la table 4. » Je fais une pause, pour manger, mais surtout pour ménager un peu le suspens. J'ai pas beaucoup d'histoires à raconter alors quand j'en ai j'essaie de bien les raconter, c'est quand même la moindre des choses non ? « Et bref je vais à sa table, je lui montre le papier, il m'invite à le rejoindre et donc je m'assois avec lui. Et bon pour la faire courte on a fait connaissance, on a bien accroché je crois. Après rien de romantique ! Même si j'avoue ce serait cool, t'imagines la rencontre de folie quoi ? » Faut dire que si on était ensemble et qu'on raconterait notre rencontre ça claquerait de fou quoi. M'enfin c'est pas du tout le cas ici, alors bon va falloir que je calme mon petit côté rêveuse naïve et romantique. « Il a du partir parce que son manager l'a appelé pour des contrats je sais pas quoi. C'est un musicien et il va partir en tournée là.  En tout cas on a échangé nos numéros, peut-être on se reverra, peut-être pas. En tout cas j'ai osé aller lui parler ! » Ouais, je sais, on dirait pas comme ça mais j'ai un petit côté timide aussi. Je suis une timide qui, en public, fait semblant d'être extravertie. Et quand j'ai pas envie d'être extravertie, je fais comme si c'était le monde entier qui me repoussait. Tu parles d'une chieuse ! « Oh et puis y a eu cette nana à la patinoire ! Trop bizarre, elle arrêtait pas de me regarder, et puis ensuite elle est venue me voir mode pour me dire comment m'améliorer en patinage soit disant que j'avais du potentiel, que j'étais belle sur la glace et tout. M'enfin je crois pas qu'elle je la reverrais de sitôt ! » je m'esclaffe alors. C'est drôle ce qu'il s'est passé de trucs dans ma vie dernièrement !

Rappelez-moi pourquoi je lui ai posé la question en fait ? Non mais franchement, faut être un peu con sur les bords. Je me tire une balle dans le pied toute seule. Parce que je sais très bien que ce qu'elle s'apprête à me dire ne risque pas de me plaire. C'est simple, je ne supporte pas de savoir que Britt puisse avoir un crush ou pire encore, une histoire avec quelqu'un. C'est inenvisageable pour moi. Même si je suis un peu trop fière pour l'accepter. Encore plus de l'avouer. « Ohmygod mais l'orgasme culinaire quoi j'te jure c'est trop bon ! » La blonde se régale et je ne peux m'empêcher de sourire. « Ça va, t'es pas difficile à satisfaire toi. » Que je réplique dans un jeu de mot lourd de sens. La perche était trop grande pour que je n'en profite pas. « Bon! Revenons en à nos moutons.» Ah ouais, c'est moins drôle ça. Elle commence à me raconter cette histoire avec ce mec au restaurant chinois. Le mot "âme soeur" me fait discrètement lever les yeux au ciel. Des conneries. Je sens déjà une pointe de jalousie s'immiscer dans le creux de mon ventre, et cette sensation n'est pas vraiment agréable. En réalité je déteste me sentir piquée de cette façon. Mais je garde contenance et tente de faire comme si de rien n'était. J'arrive même à esquisser un semblant de sourire en l'écoutant déblatérer sur cette drôle de rencontre. « Et bon pour la faire courte on a fait connaissance, on a bien accroché je crois. Après rien de romantique ! Même si j'avoue ce serait cool, t'imagines la rencontre de folie quoi ? » Alors comme ça ils ont bien accrochés tous les deux ? « Il te plait ? » Ma question est peut-être un peu trop sèche balancée de but en blanc comme ça mais c'est un peut tard maintenant. Je ne suis pas certaine que le fait qu'elle ne réponde pas à ma question soit rassurant d'ailleurs. « En tout cas on a échangé nos numéros, peut-être on se reverra, peut-être pas. En tout cas j'ai osé aller lui parler ! » Pour le coup, j'aurais préféré qu'elle n'ose pas. Et alors que je pensais que ses révélations étaient terminées, voilà que la jeune femme renchérit. Et merde. « Oh et puis y a eu cette nana à la patinoire ! Trop bizarre, elle arrêtait pas de me regarder, et puis ensuite elle est venue me voir mode pour me dire comment m'améliorer en patinage soit disant que j'avais du potentiel, que j'étais belle sur la glace et tout. M'enfin je crois pas qu'elle je la reverrais de sitôt ! » Cette fois avec une nana à la patinoire. Je vous jure, on se croirait presque dans un film à l'eau de rose. « Ah ouais ça rigole plus là ! » Mon ton est ironique et foutrement amer aussi. « Ton potentiel séduction est à son maximum. » Je ris un peu, même si ça sonne un peu faux sur le coup. « Mais genre t'aurais envie de la revoir toi ? Et le musicien ? » C'est plus fort que moi, ça m'intéresse quand même de savoir si cette idée lui a traversé l'esprit ou pas.