Let your hopes, not your hurts, shape your future. (jaymeen 3)

<blockquote>Si je me concentre, j’arrive encore à me souvenir des fourmillements dans le bout de mes lèvres au moment où Sameen m’a embrassée, avant de fuir, la dernière fois que nous nous sommes vues. Ça m’a perturbée, je ne peux pas le nier, même si j’avais eu envie de ça depuis le début de notre rendez-vous. Mais le fait qu’elle fasse elle-même le premier pas m’a pas mal bouleversée. Avec Bailey à la maison, c’est le calme plat, il ne se passe rien, personne ne parle. Elle me laisse le temps dont j’ai besoin, et je la remercie d’au moins respecter ça. Pour le moment, je ne ressens pas l’envie de faire un pas vers elle, j’ai encore du mal à m’imaginer pouvoir lui faire confiance à nouveau. Et je ne vais pas mentir, mes retrouvailles avec Sameen me font du bien, parce qu’elles sont grisantes et qu’elle me renvoient plusieurs longues années en arrière. J’ai quelque chose à apprendre auprès d’elle, je le sens, et ma psy est du même avis que moi. C’est d’ailleurs en sortant de ce rendez-vous que je tombe sur une affiche, placardée à un arrêt de bus. Un film sur le patinage artistique. C’est marrant, j’ai regardé tous les films qui traitaient du sujet, regardé toutes les séries connues, lu les livres qui en parlaient, et à chaque fois je laissais mon esprit divaguer à des pensées pour mon ancienne entraîneuse. Il est évident qu’il y a toujours eu quelque chose entre nous, et j’ai eu la preuve que c’était encore le cas, pour elle aussi.
Sans vraiment réfléchir, je sors mon téléphone de ma poche et prends une photo de l’affiche, l’envoyant à Sameen sans plus tarder, accompagnant la pièce jointe d’un petit message : ‘ [font=Courier New]Je compte aller le voir ce soir, au Grand Ecran de Westside, près de l’université. Si tu as envie de te joindre à moi, la séance est à 21h10. Je t’embrasse. J.[/font]’
Je prends le risque de me retrouver seule et de me nourrir d’un espoir vain. Mais tant pis, j’avais envie d’essayer.
Je repasse par la maison, prends une douche et me change, enfilant une tenue un peu plus passe partout : un jean slim noir, un t-shirt basique un peu ample gris, et une veste en jean. Une paire de converse basses pour finir le look un peu teenage. Tant pis.
Je croise ma femme sur le pas de la porte alors que j’allais sortir, et elle rentrer. Je lui offre un léger sourire. Je sais qu’elle n’aime pas quand je sors le soir, que ça la blesse. Mais j’ai le droit de continuer à vivre, et je la remercie de ne pas poser de question. [color=#cc6666]« Bonne soirée. »[/color] Je n’ajoute rien de plus et grimpe dans ma voiture pour me rendre à West Hollywood, au complexe de cinéma. Je suis un peu en avance, ma place est prise, maintenant, il ne reste plus qu’à attendre. Au fond, même si j’essaie de garder espoir, j’ai peur qu’elle ne vienne pas. Ça ne serait pas dramatique, mais ça me serrerait un peu le coeur quand même, par déception plus qu’autre chose.

<blockquote>Puissance des souvenirs ? Nostalgie ? Doutes ? C’est sans doute un mélange de tout ça qui m’a fait en arriver là, à ce geste que je ne parviens pas à sortir de mon esprit. Pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il représente. La traduction de mes questionnements, déjà là il y a des années alors que Jaymes était trop jeune pour envisager quoi que ce soit. Je l’étais aussi de toute façon, bien que mature et responsable, sentimentalement je n’étais pas prête à m’engager dans quoi que ce soit et encore moins à remettre en doute certaines pseudos certitudes sur mes préférences sexuelles ou romantiques. Aujourd’hui les choses sont différentes, mais pas plus simples. Le temps c’est chargé de dresser de nouveaux obstacles entre nous, si tant est qu’il y est un “nous“ autre que ce qu’il a été par le passé. Peut-être est-ce l’approche de la quarantaine, ou tout ce bordel dans ma vie qui alimente mon état d’esprit enclin au doute. La pression que je ressens, l’adultère de mon mari, cette sensation de vivre à cent à l’heure pour rien ou presque. J’étouffe et Jaymes a été l’espace d’une après-midi une vraie bouffée d’air fraiche. J’avais retrouvé une forme d’insouciance, de légèreté et surtout j’ai pensé à moi, pris plaisir à faire quelque chose qui ne soit pas nécessairement utile, juste plaisant. Un sentiment qui me semblait presque oublié. Cette parenthèse devait être refermée, sans doute pas comme ça, pas avec ce baiser. Je n’ai pas recontacté Jaymes depuis, je ne l’ai même pas croisé à l’entrainement de boxe, peut-être parce que je n’y suis pas allée pour le créneau habituel, pas volontairement mais j’avoue que ça m’arrangeait aussi. J’appréhende de la croiser autant que j’aimerais la revoir…
Lorsque je reçois son message, il déclenche ce dilemme. Accepter son invitation au risque que les choses soient un peu gênantes, bizarres ? Ne pas répondre et agir de manière ridicule ? Décliner son offre poliment et potentiellement le regretter ensuite ? Le message en lui même n’attend pas de réponse, je ne prends donc pas la peine de le faire pour me laisser un peu le temps de la réflexion. Je reste indécise jusqu’au dernier moment, lorsque je quitte le boulot j’ai tout juste le temps de repasser chez moi me changer. J’hésite encore une fois rentrée, mon mari est là, il travaille sur de nouveaux morceaux et si avant j’aurais pris plaisir à l’écouter ce soir mon envie est ailleurs… Le timing est plus que serré, je suis même presque en retard. 21h07, je suis à la limite mais la séance n’a pas commencé. Je prends ma place, et c’est en rejoignant la salle indiquée que je vois Jaymes marchant devant moi [color=#6699cc]« Désolée. J’ai faillit être en retard. »[/color] dis-je à son intention, elle se retourne et j’esquisse un léger sourire en accélérant le pas pour me retrouver à sa hauteur. Nous entrons dans la salle et trouvons facilement de la place. Je m’installe à côté de la blonde [color=#6699cc]« Je ne savais même pas qu’un film sur le patinage devait sortir. »[/color] à vrai dire je ne prends plus trop le temps de me renseigner sur les sorties ciné.</blockquote>

<blockquote>Les minutes me semblent des heures. Je porte un regard à ma montre, parfois en ne voyant même pas l’aiguille des minutes avoir bougé d’un pouce. Je me maudis presque d’avoir acheté une montre sans trotteuse. Pourquoi je me mets autant la pression ? Pourquoi j’ai autant envie qu’elle vienne ? Je lui ai laissé le choix, ne lui ai pas posé réellement de question. C’était une proposition, elle n’avait même pas à répondre à mon message. Et elle ne l’a pas fait. Dans ma tête, ça tourne à plein régime, je n’arrive pas à savoir si c’est une bonne chose ou non, de replonger dans ce passé. Pourtant, c’est grisant, malgré tout. Et le fait même que ce baiser soit cette fois de son initiative, me pousse à croire qu’il y a quand même quelque chose, pas seulement de la nostalgie due à notre passé commun. Ce soir, je ne pense pas à Bailey, à mon mariage en suspens. J’ai juste besoin de me sentir plus légère. Alors je souffle un bon coup, dernier regard sur ma montre. 21h07, il est temps de me diriger vers la salle. Elle ne viendra pas. Il n’y a rien de grave à ça, mais je sens quand même une petit vague de déception m’envahir. Quand soudain j’entends une voix dans mon dos. Je sais que ces mots me sont destinés, comme une intuition. [color=#6699cc]« Désolée. J’ai failli être en retard. »[/color] Je m’arrête alors et me retourne, le coeur battant plus rapidement qu’un peu plus tôt. Le léger sourire qu’elle m’adresse me fait lui rendre la pareille. Je ne lui réponds pas, même si l’envie me brûle les lèvres de lui dire que le plus important c’est qu’elle soit là. Une fois dans la salle, nous trouvons une place plutôt vers le haut, côte à côte. Il n’y a pas forte affluence, c’est tant mieux, je n’aime pas qu’il y ait trop de monde. [color=#6699cc]« Je ne savais même pas qu’un film sur le patinage devait sortir. »[/color] Je la regarde en lui souriant, et lui réponds avec sincérité. [color=#cc6666]« Moi non plus. »[/color] Un léger rire franchit la barrière de mes lèvres avant que je n’ajoute. [color=#cc6666]« J’ai juste vu l’affiche que je t’ai envoyée, je suis allée directement voir la bande annonce et j’ai eu envie d’aller le voir. Je prends pas assez le temps de venir au cinéma. »[/color] C’est quelque chose qui me manque. A San Francisco, j’avais une carte de cinéma illimité, et je m’en servais beaucoup. Aujourd’hui, avec mon poste important et cette nouvelle vie, je ne prends plus le temps, à regret.[color=#cc6666] « Ça me fait plaisir que tu sois venue, j’ai vraiment cru que tu ne viendrais pas. »[/color] Il faut dire qu’elle s’est faite désirer jusqu’au dernier instant. [color=#cc6666]« Tu veux que j’aille nous chercher du pop corn et quelque chose à boire, pendant les bandes annonces ? »[/color]

<blockquote>Et si j’avais besoin de ça ? Sortir, revoir Jaymes et me laisser porter par cette légèreté ressentie en sa compagnie. Relâcher la pression, tout simplement. Pourquoi m’en priver ? La peur de l’embrasser à nouveau ? La gêne ? Je décide de passer outre et la rejoins au cinéma, in extremis. Elle s’apprête à entrer dans la salle quand je l’intercepte, elle me sourit et ça m’aide déjà à moins douter. Nous prenons place et je lui avoue avoir découvert ce film à l’instant même où elle m’a envoyé le message. Pareil de son côté, avant de tomber par hasard sur cette affiche, Jaymes n’en savait rien non plus. Mon rire accompagne le sien [color=#6699cc]« Heureux hasard. »[/color] déclaré-je dans un haussement d’épaules. Il arrive parfois qu’il honore son dicton comme quoi il fait bien les choses. Nous avons des rythmes de vie un peu similaire, elle est à la tête d’une entreprise et j’évolue dans un milieu très chronophage. [color=#6699cc]« Je comprends, c’est presque un miracle que j’ai réussi à sortir du boulot assez tôt pour passer me changer chez moi. »[/color] la blonde a d’ailleurs douté que je vienne, à raison. Mais je ne fais pas mention de mon hésitation, je suis là, c’est ce qui compte. Elle propose d’aller nous chercher de quoi grignoter et à boire pendant les bandes annonces, j’acquiesce [color=#6699cc]« Oui. »[/color] je me lève à sa suite [color=#6699cc]« Je t’accompagne. »[/color] répondis-je face à son regard surpris [color=#6699cc]« Il y a toujours au moins dix minutes de publicité et bande-annonce et personne ne va prendre nos places. »[/color] je suis confiante, et la salle est loin d’être pleine nous en trouverons d’autres si besoin. Nous ressortons pour aller aux distributeurs les plus proches, je choisis le plus gros format de pop corn [color=#6699cc]« Ne me juge pas. Je n’ai pas mangé depuis ce matin et c’est probablement tout ce que je mangerais ce soir. »[/color] je hausse les épaules [color=#6699cc]« Je sais, mon hygiène de vie est déplorable. Je t’inviterais bien à aller porter réclamation auprès de ma patronne, mais c’est un monstre. »[/color] je lâche un soupir [color=#6699cc]« Tu n’as pas ce problème là. »[/color] mais elle en a pleins d’autres, parce que diriger une entreprise n’est pas un mince affaire, c’est beaucoup de responsabilités. [color=#6699cc]« Bref ne parlons pas boulot. »[/color] je suis là précisément pour penser à autre chose.</blockquote>

<blockquote>Heureux hasard. C’est vrai. Et puis, j’aurai pu vouloir aller seule à cette séance, pour voir ce film. Mais maintenant que nos chemins se sont recroisés, ça me semblait évident de lui proposer de m’accompagner, même si je m’attendais à un potentiel refus. Après tout, elle a une vie, un emploi du temps, un mari à la maison, elle aurait pu avoir autre chose à faire ce soir et je ne lui en aurai pas voulu. Elle appuie mes pensées d’ailleurs. [color=#6699cc]« Je comprends, c’est presque un miracle que j’ai réussi à sortir du boulot assez tôt pour passer me changer chez moi. »[/color] Je lui offre un sourire entendu, je comprends ce que c’est, pareil pour moi, mais j’ai l’avantage de pouvoir gérer seule mes horaires puisque je suis mon propre patron. Je propose à Sameen d’aller nous chercher des pop corn, et elle décide de m’accompagner. Je ne vais pas l’en empêcher, au contraire.
Une fois devant le guichet, je la laisse commander ce qu’elle a envie, et elle choisit un gros format de pop corn. Ah oui ! [color=#6699cc]« Ne me juge pas. Je n’ai pas mangé depuis ce matin et c’est probablement tout ce que je mangerais ce soir. »[/color] Je me mets à rire en secouant la tête. [color=#cc6666]« Je ne juge pas. »[/color] Elle me dit avoir une hygiène de vie déplorable, et m’annonce que c’est en partie à cause de sa patronne qui est un monstre. A ce point ? [color=#6699cc]« Tu n’as pas ce problème là. »[/color] Je ris à nouveau et hausse les épaules. [color=#cc6666]« Pas celui là non. »[/color] Encore heureux. Mais j’ai d’autres choses à régler, et l’un dans l’autre, je ne sais pas ce qui est le plus facile. Avoir de grandes responsabilités ou avoir un patron qui fait chier. Je commande pour moi un moyen pop corn et une bouteille d’eau aromatisée, et paye le tout. Si, j’insiste. Ne parlons plus de boulot, c’est sa requête. [color=#cc6666]« Ça me va. »[/color] Je lui tends son énorme pot de pop corn et récupère le mien pour que nous repartions dans la salle.
Une fois installées à nouveau, je commence à piocher dans mon paquet de pop corn. Je décide de lui faire un aveu, en espérant que ça ne la fasse pas fuir. [color=#cc6666]« C’est marrant, chaque fois que je regardais un film, une série ou n’importe quoi qui parlait du patin, je pensais à toi. Et là on va en voir un ensemble. La boucle est bouclée je pense. »[/color] Je lui adresse un sourire un peu timide, et me planque finalement en mettant quelques maïs éclatés dans ma bouche. Je me demande si j’aurai pas dû me taire, j’ai juste peur de la faire fuir. Mais je me souviens que c’est elle qui m’a embrassée la dernière fois, et puis elle est là par choix, pas par dépit, alors je tente de calmer mon esprit…

<blockquote>Ma patronne est un monstre, je le pense vraiment et au moins à Jaymes je peux le dire à voix haute. Rien que ça, ça me fait du bien ! Encore une preuve que la rejoindre ici est une bonne chose. Ai-je encore besoin de me justifier mon propre choix ? J’avais envie de la voir, passer du temps en sa compagnie pour fuir mon quotidien. Est-ce mal ? Non. Tant que je garde mes lèvres loin des siennes, pas comme l’autre fois. J’étais juste perturbée je crois, trop de choses étaient remontées. Il faut que j’arrête de trop penser, relâcher la pression, je suis là pour ça. Je choisis le plus grand format de pop corn pour palier à ma faim. On a vu mieux niveau équilibre alimentaire, mais ce soir j’ai l’impression de redevenir, en quelque sorte, une adolescente. Raison de plus pour laisser de côté le sujet du boulot. C’est avec des ravitaillements conséquents que nous retournons dans la salle. Nous reprenons nos places, les bandes annonces ne sont même pas encore terminées. Je grignote déjà quelques pop corn j’en aurais largement de quoi durer tout le film, pas de soucis là dessus. Jaymes m’avoue alors que chaque film ou série en rapport avec le patinage lui a toujours fait inévitablement penser à moi. Etre là ce soir, toutes les deux est une manière de boucler la boule. Je la tourne la tête dans sa direction pour la regarder, je perçois sa légère gêne liée à cet aveu. Elle a un vrai charisme, une posture de femme accomplie et pourtant à cet instant je revois l’adolescente qu’elle était à l’époque, dans ce que j’ai l’impression d’être une autre vie. [color=#6699cc]« En bien j’espère. »[/color] dis-je avec le sourire, la manière dont je me suis comportée, la façon dont je l’ai laissé tomber, elle avait des raisons de m’en vouloir et nourrir de la rancœur à mon égard.
Le film commence [color=#6699cc]« Bon, nous allons voir s’ils ont bien bossé le sujet ou pas. »[/color] je lui adresse un regard complice. C’est toujours délicat d’aller voir un film sur un domaine dans lequel on est ou a été expert. C’est prendre le risque d’être déçue, de voir chaque erreur et incohérence. Je suis là sans a priori, je n’ai même pas eu le temps de regardé la bande annonce, tout ce que je connais de ce film c’est son affiche. Mais j’aime assez être dans l’inconnu, ne pas savoir à quoi m’attendre, hormis bien sûr qu’il soit question de patinage artistique. Il n’est pas question que de ça, il y a évidemment une histoire s’articulant tout autour, je me laisse embarquer sans difficultés tout en piochant régulièrement dans mon pop corn. Nouvelle scène de patinage, je me penche un peu vers Jaymes pour chuchoter [color=#6699cc]« On parie qu’elle va tomber en tentant la nouvelle figure ? »[/color], c’est un classique et pas forcément loin de la réalité, ils oublient seulement un peu la progressivité de l’apprentissage de ce genre de mouvement. Même les mouvements maitrisés peuvent un jour nous faire défaut, la blonde en est un exemple. [color=#6699cc]« Si elle réussit, tu me donneras un gage. »[/color] après tout je peux me tromper.</blockquote>

<blockquote>[color=#6699cc]« En bien j’espère. »[/color] me demande-t-elle lorsque je lui avoue avoir pensé à elle à chaque fois que quelque chose tournait autour du patin.[color=#cc6666] « Evidemment. »[/color] Comment aurait-il pu en être autrement. C’est vrai que la fin de notre histoire commune a été un peu… écourtée. Mais je n’ai pas de regrets. Le film commence, et Sameen espère que le sujet a été bien travaillée. Je hoche alors la tête en souriant, récupérant quelques pop corn pour les enfourner dans ma bouche. Le film se poursuit, l’intrigue est plutôt bonne, le jeu également, et ce qui touche au milieu du patinage fait assez réaliste, même si c’est un peu saupoudré de paillettes, et qu’il n’y a pas que ça. Sameen se penche à mon oreille pour murmurer quelque chose. Elle prend les paris, la patineuse va tomber en tentant la triple boucle piquée dont elle parle depuis quelques minutes déjà. Je ris en presque silence et hoche la tête. [color=#6699cc]« Si elle réussit, tu me donneras un gage. »[/color] ajoute-t-elle, joueuse. [color=#cc6666]« Deal. »[/color] Je reporte mon attention sur l’écran, la bouche ouverte, les pop corn à quelques centimètres de mes lèvres, mais figés dans l’attente du dénouement, comme si j’avais été mise sur pause. Elle réussit la figure mais l’atterrissage n’est pas optimal. Je grimace un peu, et mange mes pop corn en attente. [color=#cc6666]« Ça compte comme réussi ça, on est d’accord… »[/color] Je tourne la tête pour la regarder, un peu plus malicieuse. Pour des compétitions professionnelles, ce genre d’atterrissage peut compter comme une figure ratée.[color=#cc6666] « Je vais réfléchir à ton gage… »[/color] La patineuse finit par chuter, comme prévu par Sameen, mais un peu plus tard que sa prévision initiale. [color=#cc6666]« Merde, j’aurai dû parier qu’elle allait se rétamer à ce moment là. »[/color] Normal, son ancien entraîneur pour qui elle avait le béguin venait d’entrer dans la patinoire. Décidément, il faudrait pas que ce soit trop près de ma vie, non plus… Le film se poursuit, heureusement ça ne finit pas en mode comédie romantique, pas que je n’aime pas ça, mais parce qu’elle aurait fini avec son entraîneur, et ça aurait été bizarre. Au lieu de ça, le scenario fait place à une fin ouverte, libre à toute interprétation. Ça m’arrange, je préfère ne pas penser à ce qu’aurait pu être l’histoire si elle avait dû se terminer. [color=#cc6666]« C’était pas trop mal, disons que la discipline était plutôt bien dépeinte. »[/color] Même si ce n’est pas toujours le cas dans les films, livres ou séries que j’ai pu voir et lire. [color=#cc6666]« Ça t’a plu ? »[/color] Immersion totale dans un milieu qu’on a adoré, autant elle que moi. Et je suis heureuse d’avoir pu partager ça.[color=#cc6666] « Je t’offre quelque chose à boire ? »[/color] Je n’ai pas envie de rentrer tout de suite, j’ai envie de passer un peu de temps avec elle. [color=#cc6666]« Ce n’est pas ça, ton gage. J’y réfléchis encore. »[/color]

<blockquote>Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas été au cinéma que je ne me souviens même plus du dernier film vu à cette occasion. J’avais presque oublié combien c’est agréable et permet de déconnecter d’avec le quotidien. La compagnie de Jaymes renforce cette impression de parenthèse, de moment appartenant presque à une autre temporalité, une réalité parallèle. Le film est plutôt bien pensé, crédible, bien qu’un peu prévisible. D’ailleurs je pimente un peu notre visionnage en posant un pari sur ce qu’il se passera ensuite. Finalement je me trompe, la blonde aura donc la possibilité de me donner un gage. Je ne me suis qu’à moitié plantée à vrai dire, c’est juste le timing qui n’était pas exact, mais j’accepte ma défaite sans broncher [color=#6699cc]« Oui, moi aussi j’aurais mieux fait de parier sur ce moment là. »[/color] dis-je en riant légèrement. Il y a dans le film quelques similitudes avec notre propre histoire. Dans ce milieu les liens d’entraineur à athlète sont souvent complexes, étroits, forts, parfois même jusqu’à en devenir malsains malheureusement. Jaymes et moi étions très surtout très complices, je favorisais la confiance, que ça soit entre nous mais aussi et surtout en elle, en ses capacités. La fin du film sort un peu du cadre habituel du genre, c’est une bonne chose. Le générique défile, la blonde me donne ses impressions et je partage le même avis « C’est vrai, ils ont bossé sur le réalisme et c’était crédible. » bien sûr certains détails n’ont pas échappés à mon œil d’experte, mais globalement rien qui ne m’ai fait hérisser le poils. [color=#6699cc]« Ça m’a plu. »[/color] répondis-je dans un sourire tout en me levant, emportant avec moi mon paquet de popcorn vide pour le jeter dans la poubelle à la sortie de la salle. Nous sortons du cinéma, Jaymes me propose d’aller boire un verre et comme si elle lisait mes pensées, elle s’empresse de m’indiquer qu’il ne s’agit pas de mon gage. Je hoche la tête en riant [color=#6699cc]« Ça n’aurait rien eu d’un gage. J’accepte que tu m’offres un verre avec plaisir. »[/color] prolonger la soirée, la passer à autre chose que bosser ou voir toujours ces mêmes personnes qui pour la plupart gravitent dans le même milieu que moi. J’ai réellement besoin de m’en éloigner, souffler, voir autre chose, je m’en rends compte un peu plus chaque jour. Pour le moment ça ne m’inquiète pas, c’est sans doute juste une phase. Nous trouvons rapidement un bar dont l’ambiance nous plait à toutes les deux, ça n’a rien de compliqué dans le coin, ce n’est pas le choix qui manque. [color=#6699cc]« Surtout ne me laisse pas boire d’alcool fort. Je n’ai mangé que du pop corn et crois moi tu ne veux pas me voir saoule. »[/color] plaisanté-je, à moitié. Pour le moment j’ai suffisamment les idées claires pour ne commander qu’une bière, mais je me connais bien, parfois je me laisse un peu emporter. Peut-être une petite contrepartie d’avoir été si disciplinée pendant de nombreuses années. Je n’ai rien d’une alcoolique, je bois peu, mais lorsque ça me monte à la tête j’ai du mal à m’arrêter, grisée par la sensation d’ivresse. [color=#6699cc]« Ça ne t’a pas rendu trop nostalgique ce film ? »[/color] pour le patinage, bien sûr. Le reste mieux vaut ne pas y penser, je m’y efforce et surtout ne pas repenser non plus à mon dérapage de l’autre fois.</blockquote>

<blockquote>[color=#6699cc]« Oui, moi aussi j’aurais mieux fait de parier sur ce moment là. »[/color] dit-elle à ma suite. Ça semblait assez évident, c’est vrai que le film reste prévisible, comme la plupart des comédies romantiques qu’on peut trouver sur le marché cinématographique. Mais c’est pour ça aussi qu’ils marchent autant, c’est que ça reste léger, et que ça ne prend pas la tête. Une fois le film terminé, et agréablement surprise de la fin, je donne mes impressions à mon ancienne entraineuse et lui demande si ça lui a plu. Visiblement, oui, et je suis contente que ça soit le cas. Ça n’aurait pas été de ma faute si elle n’avait pas aimé, mais ça m’aurait embêtée de l’avoir fait se déplacer ‘pour ça’. Je prends une dose de courage et d’audace pour lui proposer de lui offrir un verre, tout simplement parce que je n’ai pas envie de la laisser filer si vite. [color=#6699cc]« Ça n’aurait rien eu d’un gage. J’accepte que tu m’offres un verre avec plaisir. »[/color] Je souris de plus belle, ravie qu’elle accepte, et surtout qu’elle ne prenne pas ça pour une corvée. Nous sortons du cinéma pour trouver un bar sympa dans les environs, quelque chose de feutré et agréable, il y en a plein dans le quartier. [color=#6699cc]« Surtout ne me laisse pas boire d’alcool fort. Je n’ai mangé que du pop corn et crois moi tu ne veux pas me voir saoule. »[/color] Je me tourne vers elle avec un large sourire sur les lèvres. [color=#cc6666]« Attention, ne me provoque pas à ce jeu là. Maintenant j’ai envie de te voir saoule. »[/color] L’ambiance est bonne enfant, j’essaie de ne pas trop penser au baiser qu’elle m’a donné la dernière fois qu’on s’est vues, mais chaque fois que mon regard bifurque une fraction de seconde sur ses lèvres, c’est instantané, je ressens à nouveau ses lèvres sur les miennes. Une fois installées, Sameen me demande si le film ne m’a pas rendue trop nostalgique. Je hausse un peu les épaules, toujours souriante. [color=#cc6666]« Non, pas vraiment. Je crois que j’ai jamais eu trop de nostalgie de cette période, parce que j’aime à penser que les choses ne se font pas par hasard, et probablement que je ne me serai pas épanouie pleinement dans ce métier. »[/color] Et puis, on ne peut pas refaire le passé, on en a déjà parlé la dernière fois. [color=#cc6666]« La carrière du personnage n’avait rien à envier à la tienne, niveau nostalgie, je pense que tu as réussi à gérer, non ? »[/color] Je ris un peu, de manière légère, et lorsque le serveur arrive, je commande un cocktail alcoolisé, un truc qui passe tout seul et dont on ne sent pas l’alcool. Traitre en somme. [color=#cc6666]« Et puis j’y ai souvent pensé, mais je vois pas comment j’aurai pu gérer la suite de ma carrière si je n’étais pas tombée ce jour là. J’veux dire, avec toi dans les parages, et ce que je ressentais pour toi, l’échec était inévitable… »[/color] C’est un aveu que je ne lui avais jamais fait, mais elle me perturbait déjà beaucoup trop pour que ma santé mentale ne soit intacte. C’était peut-être un béguin pour certains, pour moi, c’était de l’amour, même si nous n’avons rien vécu de concret intimement parlant, à part ce baiser.

<blockquote>Je n’ai pas envie de rentrer chez moi, pas encore. C’est un fait et je ne tente même pas de me persuader du contraire, acceptant volontiers l’invitation de Jaymes à aller boire un verre. Je la mets néanmoins en charge de m’éviter tout excès au risque qu’elle se voit infliger de devoir me supporter quand je suis saoule. J’ai l’ivresse plutôt joyeuse et extravagante, je peux être difficile à suivre. Ma remarque attise sa curiosité, aurait-elle en tête de me pousser au vice ? Je ne sais pas, mais je vais tacher de rester raisonnable. Nous avons déjà un peu abordé le sujet l’autre fois après notre séance de patinage mais je demande à la blonde si le film n’a pas raviver une certaine nostalgie. Revoir le contexte des compétitions, l’ambiance des entrainements. Personnellement j’ai pu clairement m’identifier dans cette représentation de la discipline. Jaymes a pris beaucoup de recul sur cette époque, jusqu’à se rendre compte que finalement la carrière de patineuse professionnelle n’était probablement pas pour elle. La question m’est retournée, je hoche la tête [color=#6699cc]« Oui, c’était y’a longtemps. »[/color] alors je gère la nostalgie mais elle est bien présente [color=#6699cc]« En revanche je sais que j’étais faite pour ça. »[/color] dis-je dans un sourire tout en haussant les épaules. Le destin en a décidé autrement et on ne refait pas l’histoire. A l’inverse de mon ancienne athlète, je ne me suis pas blessée sur la glace et de là vient probablement cette frustration que j’ai toujours un peu gardée. Nous passons commande, deux cocktails, élément incontournable de ce genre de soirée détente. Jaymes poursuit sur sa carrière écourtée, m’avouant avoir souvent repensé à ce qu’était notre relation et les conséquences que ça avait sur elle. Mon influence, ses sentiment difficiles à gérer. Je n’en savais rien. Bien sûr il y a eu ce baiser et je l’avais mis en partie sur le compte de la pression qu’elle avait évacué comme ça. Je me voilais la face, j’en ai pris conscience plus tard. Des signes il y en avait eu d’autres, moi-même j’avais sans doute encouragé la jeune femme, croyant que notre complicité la porterait plus loin. En vérité je ne voulais pas voir en face mon propre trouble, parce qu’il était inapproprié du fait de nos statuts respectifs et de son âge. Je me suis déjà excusée auprès d’elle pour mon attitude après son accident, ma fuite et cet honteux silence radio qui a suivit. Dois-je aussi lui présenter des excuses pour tout le reste ? [color=#6699cc]« J’étais plus âgée que toi, mais finalement nous étions toutes les deux très jeunes. J’avais le bagage technique, l’envie et la motivation pour entrainer quelqu’un mais sans doute pas la maturité nécessaire. »[/color] ça je ne l’ai compris que plus tard, en acquérant de l’expérience et en prenant du recul. [color=#6699cc]« Comme tu dis, les choses n’arrivent sans doute pas par hasard. »[/color] nos verres arrivent, je prends le mien que je lève pour que nous trinquions [color=#6699cc]« Aux secondes chances. »[/color] dis-je en lui adressant un sourire complice. Qu’est-ce que je mets exactement derrière cela ? Peut-être simplement de profiter de l’opportunité qui nous est donné de renouer contact. Bien sûr nous avons chacune nos vies, mais si nos retrouvailles ont un sens, j’ai envie de savoir lequel. [color=#6699cc]« J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas fait ça. Une discussion juste à deux dans un bar. »[/color] mon mari est toujours très entouré, nous ne sortons jamais vraiment seuls ou si c’est le cas il y a toujours quelqu’un qui fini par se joindre à nous. [color=#6699cc]« C’est plaisant. »[/color] ajouté-je après avoir siroté une gorgée de cocktail. Surtout avec elle, hors du tourbillon infernal que me semble être actuellement ma vie. [color=#6699cc]« Tu es du genre fêtarde ? »[/color] demandé-je, curieuse.</blockquote>

<blockquote>Je réponds à la question de Sameen avec sincérité. Je ne me sens pas nostalgique de cette période, ou en tout cas, je n’ai pas de regret, on en avait déjà parlé. Pour elle, c’est autre chose. Elle sait qu’elle était faite pour ça. Ce sont ses mots. Et je fais une petite moue, presque un peu désolée, parce que je sens de l’amertume dans sa voix, elle a des regrets, elle aurait voulu une carrière plus longue, et je peux le comprendre. Elle a ça dans le sang. Et puis je lui confie mon sentiment le plus profond, je ne vois pas comment j’aurai pu continuer tout en ayant ces sentiments pour elle. [color=#6699cc]« J’étais plus âgée que toi, mais finalement nous étions toutes les deux très jeunes. J’avais le bagage technique, l’envie et la motivation pour entrainer quelqu’un mais sans doute pas la maturité nécessaire. »[/color]  Je secoue un peu la tête, je ne suis pas vraiment d’accord avec elle.[color=#cc6666] « Non, je ne crois pas que c’était un manque de maturité de ta part. Si tu avais entraîné quelqu’un d’autre ça se serait passé autrement. »[/color] Je ne dis pas que c’est de ma faute non plus, les choses ont été ce qu’elles ont été, mais je suis certaine que ça ne venait pas d’elle. Si je suis tombée amoureuse d’elle à l’époque, ce n’était clairement pas de sa faute. Je veux dire, en dehors du fait qu’elle était déjà belle à se damner - et qu’elle l’est toujours aujourd’hui. Elle conclut sur le fait que rien n’arrive par hasard, et donc nos retrouvailles non plus. Nous trinquons aux secondes chances, ça me va très bien. Je lui offre un large sourire et lorsque nous sommes servies, nous pouvons trinquer. [color=#6699cc]« J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas fait ça. Une discussion juste à deux dans un bar. »[/color] m’avoue-t-elle. Je suis un peu surprise, n’a-t-elle pas des amis avec qui partager une soirée, un verre ? Ou même son mari, même si ça ne va pas trop bien entre eux ? Elle ajoute qu’elle trouve ça plaisant, et je ne peux me retenir de sourire plus largement. [color=#6699cc]« Tu es du genre fêtarde ? »[/color] me demande-t-elle finalement, me faisant rire légèrement. Je bois une gorgée de mon cocktail à la paille, et secoue un peu la tête. [color=#cc6666]« Je ne l’ai jamais vraiment été, j’ai toujours préféré les soirées plus calmes entre amis, plutôt que les sorties en boîte ou ce genre de chose. Je sais faire la fête, mais je ne me considère pas comme fêtarde. »[/color] Je hausse un peu les épaules. Je crois que ça, on l’a ou on l’a pas. Il y a des gens qui aiment sortir, rentrer au petit matin de manière régulière, profiter des nuits de débauche… Moi je n’ai jamais trouvé grand intérêt à ça. [color=#cc6666]« J’ai du mal à t’imaginer écumer les bars et les boîtes de nuit tous les week end, je me trompe ? Je te vois plutôt avec une vie saine, si on exclut les pop corn en guise de repas je veux dire… »[/color] Je ris à nouveau et lui adresse un sourire complice. J’aime cette ambiance, pas de prise de tête, juste une soirée en compagnie d’une personne qui a compté pour moi il y a longtemps.

<blockquote>Les sentiments ne se maitrisent pas, encore moins à l’adolescence, peu importe que Jaymes était presque une jeune adulte lorsque je l’entrainais, son cœur était plein de fougue, indomptable. Un retour en arrière est impossible, les choses sont ce qu’elles sont et la blonde ne semble nourrir aucun regret, au contraire de moi. C’est tant mieux, je me suis longtemps sentie coupable pour sa carrière avortée, en plus d’avoir eu une attitude lâche. De l’eau a coulé sous les ponts, pourtant nous sommes là et je vois ça comme une seconde chance. Pour quoi ? Je l’ignore. Passer du temps ensemble, être amies. Pour ça je dois mettre de côté ce baiser que je lui ai volé la dernière fois. J’étais sous le coup de l’émotion des retrouvailles, de ce moment passé à la patinoire. Trop de choses sont remontées et je me suis laissée dépasser, tout simplement. Je lui avoue qu’une simple discussion dans un bar, juste à deux ne m’est pas arrivé depuis longtemps. Je crois qu’il est là mon problème, être entourée par une multitude de personnes tout le temps me donne le tournis. J’ai besoin de me retrouver un peu. Je demande à Jaymes si elle est du genre à faire la fête, elle répond à la négative d’un geste de la tête avant de préciser ne l’avoir jamais vraiment été. Sa préférence va plus volontiers vers des soirées entre amis plutôt que des sorties en boites et elle a d’ailleurs du mal à m’imaginer en reine de la nuit rentrant au petit matin. Je hoche la tête en souriant, elle voit tout à fait juste, je suis plutôt du genre à faire attention à mon mode de vie et ce depuis plusieurs années maintenant. [color=#6699cc]« J’ai eu ma période fête. Quand ma carrière de patineuse s’est terminée, j’ai eu besoin de m’amuser. Mais tu as raison, je fais attention. »[/color] j’ai malgré tout gardé des habitudes de sportive, un certain cadre et une hygiène de vie. Je ris avec elle et ajoute [color=#6699cc]« Effectivement, les pop corn sont juste un petit écart. »[/color] je dois aussi faire attention à ne pas boire ce cocktail trop vite, je suis sûre qu’il est trompeur c’est toujours le cas des boissons  alcoolisées et sucrées. [color=#6699cc]« Mon mari est plus fêtard que moi. Il est toujours habitué à être entouré par pleins de gens. Il invite du monde souvent et quand nous sortons des amis nous rejoignent toujours. »[/color] je hausse les épaules [color=#6699cc]« Je l’ai toujours connu comme ça, je ne cherche pas à le changer. »[/color] ça serait impossible et il ne serait plus totalement lui, je l’accepte avec ses petits travers. [color=#6699cc]« Les défauts font partis du charme. »[/color] je ris [color=#6699cc]« Enfin jusqu’à ce qu’on ne les supporte plus j’imagine. »[/color] quand l’autre fini par vous agacer au point de vous indisposer, il faut se poser des questions. Je n’en suis pas là. Du moins je en crois pas.</blockquote>

<blockquote>La discussion se poursuit naturellement alors que nous sommes dans ce bar lounge, juste l’une en face de l’autre, comme deux amies que nous aurions pu être plus tôt si les choses avaient été différentes. Je ne l’imagine pas comme étant très fêtarde, mais elle m’avoue l’avoir été un temps, après que sa carrière de sportive se soit arrêtée brutalement. Et ça se comprend totalement. Comme une déception, elle a eu besoin de se changer les idées. Il n’empêche qu’elle a une vie saine, et elle me donne raison sur ce point là. [color=#6699cc]« Effectivement, les pop corn sont juste un petit écart. »[/color] Mon rire se mêle au sien et je hoche la tête, lui adressant un petit sourire amusé. La discussion se poursuit, elle me parle de son mari. Je l’écoute avec attention, ne la lâchant pas du regard. Ma paille entre mes lèvres, je bois de temps en temps quelques petites gorgées, pour éviter de ne pas boire ce cocktail trop rapidement. L’homme qui partage sa vie est plutôt fêtard, très entouré de ce qu’elle dit. Il sortent rarement seuls, et je comprends mieux sa réflexion sur le fait de se retrouver seule face à une seule personne, devant un verre. [color=#6699cc]« Les défauts font partis du charme. Enfin jusqu’à ce qu’on ne les supporte plus j’imagine. »[/color] Je ne sais pas vraiment comment analyser cet aveu, et j’hésite un instant au comportement à avoir. Ne pas appuyer dessus, ou poser une question.[color=#cc6666] « Si vous êtes encore ensemble, c’est que tu supportes encore. »[/color] Je lui adresse un sourire. Finalement, pas une question, plus une affirmation. C’est la même chose pour moi je crois, les défauts de Bailey font son charme, mais ils pourraient finir par m’insupporter. Quoi que. S’il y a toujours l’amour, j’imagine qu’on peut continuer à passer outre ? Tout ça, c’est encore tellement fou, j’ai du mal à y voir clair. Mais je n’ai pas non plus envie de penser à ma femme ce soir. Je n’ai pas à culpabiliser d’être ici, avec Sameen. Et je ne culpabilise pas, je crois. Une nouvelle gorgée de mon cocktail et je la regarde à nouveau, lui offrant un petit sourire.[color=#cc6666] « Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais chez lui ? »[/color] C’est intéressant comme question, pour l’instant, je ne me la pose pas, mais j’imagine qu’elle me sera retournée. En attendant, c’est sa réponse que j’attends avec impatience, si tant est qu'elle en ait une, et qu’elle veuille bien me la donner. C’est toujours pareil, il y a des choses qu’on ne voudrait pas admettre, et encore moins à voix haute.

<blockquote>J’apprécie réellement ce moment en compagnie de Jaymes. C’est agréable pour moi d’être simplement face à une seule personne et de pouvoir discuter sans vraiment de filtre. J’ai des amis, mais pas dont je sois réellement proche. Je crois n’en avoir jamais vraiment eu. D’abord très prise par ma carrière de patineuse en devenir, puis quand j’étais pro à passer mon temps en déplacement, puis enfin jeune adulte engagée auprès d’athlète, et ensuite être celle que je suis aujourd’hui. Femme épanouie professionnellement, personnellement, mais j’ai tout de même la sensation que mon équilibre est bancal, surtout depuis que mon mari m’a trompé. Je me questionne sur mon mariage, je pense que c’est légitime et je ne sais trop comment interpréter que nous nous retrouvions la jolie blonde et moi à un moment similaire de notre vie. Dois-je y voir un signe ? Et si oui lequel ? Mon mari est une sorte de grand ado, il adore être entouré, être le mec cool du groupe et c’est aussi ce qui m’a plu chez lui. Ses défauts font partis de son charme, je n’en suis pas encore à les avoir en horreur, c’est bon signe, je crois. Jaymes me pose alors une question intéressante, qu’est-ce que je changerais chez lui si j’avais une baguette magique. J’accueille la question avec une moue perplexe et cherche une réponse dans quelques gorgées de cocktail. [color=#6699cc]« Je pourrais directement dire son côté bordélique, mais c’est finalement assez surfait. »[/color] je réfléchis encore quelques secondes de plus avant de me lancer [color=#6699cc]« Son besoin de plaire. D’être le centre de l’attention. Il donne, sans penser aux conséquences. »[/color] comme le fait de coucher avec ma patronne pour m’avoir une place dans une boite réputée. Je ne lui ai rien demandé et à l’écouter je devrais presque le remercie pour ce don de lui qu’il a fait. Il y a pris du plaisir, je le sais très bien, parce qu’il ne fait jamais rien sans envie. Mais m’a t’il déjà trompé avant ? Recommencera t’il ? Je lève les yeux et secoue la tête [color=#6699cc]« Je l’aime comme ça malgré tout. »[/color]. Je fais tourner ma paille dans mon verre, remuant ce qu’il reste de liquide dedans alors que les glaçons s’entrechoquent doucement [color=#6699cc]« Et toi ? Si on t’offrait une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais ? »[/color] je ne précise rien, peut-être parlera t’elle de sa femme, peut-être pas. Je crois qu’inconsciemment j’ai décidé de lui laisser l’opportunité de virtuellement changer ce qu’elle voudra. Je ne crois pas attendre quoi que ce soit de sa réponse, et pourtant mon regard se fait plus intense sans que je ne le maitrise vraiment. Je me sens perdue face à elle, la retrouvée à secouer un peu plus mon équilibre déjà un peu précaire, j’ai comme un pied dans le vide, je ne sais pas si j’aime ça ou non.</blockquote>

<blockquote>J’ignore pourquoi j’ai cette envie d’en savoir un peu plus sur son couple, savoir s’il est solide malgré tout, peut-être essayer de comprendre comment elle a pu s’en sortir après avoir appris qu’il l’avait trompée. Est-ce que je réussirai à pardonner à ma femme son écart de conduite ? Je sais que certaines y arrivent et d’autres non. Dans mon cas, je ne sais pas encore, alors je tente de comprendre du mieux que je peux, même s’il s’agit de manière détournée, comme face à Sameen, quand je lui demande ce qu’elle changerait chez son mari si elle en avait l’opportunité. Son côté bordélique, et son besoin de plaire. Nous y voilà. [color=#6699cc]« Je l’aime comme ça malgré tout. »[/color] conclue-t-elle finalement, me faisant hocher légèrement la tête. Parce que malgré tout, je pense qu’il n’y a que l’amour qui peut sauver un couple de la noyade après ce genre d’écart. [color=#6699cc]« Et toi ? Si on t’offrait une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais ? »[/color] la question me semble plus vague, moins précise, mais puisque mon interrogation portait sur son couple, il me parait logique d’en rester sur ce même pied d’égalité. En réalité, je n’y réfléchis même pas, c’est juste le chemin logique de mon cerveau. Je hausse un peu les épaules, avant de replonger mon regard dans le sien, sentant ce dernier avoir davantage d’intensité. Mon coeur s’emballe légèrement sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit. [color=#cc6666]« Je… je sais pas si je changerai quoi que ce soit. »[/color] Bien sûr j’aurai aimé qu’elle ne me trompe pas, c’est une évidence. Mais est-ce que les choses auraient été mieux pour autant ? Ça aurait fini par nous tomber sur le coin de la gueule. Bailey avait des choses à régler avec elle-même, et c’était inévitable. Il lui fallait un évènement de ce genre, être sur le point de me perdre, pour avoir conscience qu’elle devait travailler sur elle. Je suis un dommage collatéral, c’est vrai, mais il y a une vraie raison derrière, et je sais qu’elle travaille, je lui fais confiance, au moins sur ça. Alors changer le passé, pour au final avoir à vivre ça sans doute quand même à l’avenir, à quoi bon ? [color=#cc6666]« Et puis, si elle avait été irréprochable, je t’aurai probablement jamais invitée au cinéma, et on ne serait pas ici, en train de boire ces merveilleux cocktails. »[/color] Je lui offre un petit sourire et attrape ma paille entre mes lèves pour terminer mon verre. Un signe au serveur pour commander la même chose. Tant qu’à être ici, autant en profiter pleinement. [color=#cc6666]« Si. Si j’avais une baguette magique, je crois que j’aimerai pouvoir m’en servir de temps en temps pour faire taire mon cerveau. Me contenter de simplement suivre mon coeur, sans penser aux représailles, ou à ce que je peux être en train de faire de bien, de mal. juste vivre pleinement chaque instant sans penser à hier, à demain… »[/color] Parfois, ça me serait bénéfique, je pense.