Happy birthday (ft. Illan)
Ven 23 Oct - 22:37
Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'Aedan avait terminé sa tournée. Il avait fait un carton plein, à tel point qu'ils ajoutèrent des dates supplémentaires. Et le fait que l'artiste intègre une chanson live sur ses concerts, inédite, ça avait emballé la presse. La chanson, elle parlait de lui. De la drogue, de l'alcool, des soirées de solitude après le concert. Un morceau de blues parfait, sauf qu'Aedan en avait fait une chanson à capella, sans aucun instrument. Juste sa voix, juste le frémissement du public. C'était son moment à lui, le plus intense, avec ses fans. Parce qu'une fois la scène quittée, il se refusait désormais à prolonger l'état de transe dans sa loge. Il prenait direct une douche, se cramait quand même un petit joint, pour la forme, et sélectionnait les plus belles photos pour les poster sur les réseaux sociaux. Ensuite, il coupait tout, il s'isolait et il laissa son esprit divaguer, chercher l'inspiration. Il se rendait compte que finalement, la solitude était bonne conseillère, elle lui évitait de se laisser influencer, de déborder, de faire des conneries. Finie la coke... finies les drogues dures et les champignons hallucinogènes. De temps en temps ça lui manquait, mais il résistait à la tentation. La présence d'Illan et ses précieux conseils y furent pour beaucoup. Grâce à lui, Aedan avait ouvert les yeux. Bon, ça n'était pas encore parfait, parce qu'il restait l'alcool, beaucoup plus compliqué à retirer. S'il s'était calmé sur les doses et les mélanges particulièrement dangereux, McFinley n'en restait pas moins un buveur. A force d'amour, Illan parviendrait surement à y remédier aussi.
Quand il n'était pas sur scène, Aedan passait son temps à être créatif. Il avait déjà pratiquement bouclé son prochain album. Tellement bien que son agent lui-même lui demanda de lever le pied. Devant le succès des chansons déjà diffusées et de la tournée où il était prévu un DVD d'un des concerts, il valait mieux attendre pour que les gens profitent de sa musique. Le problème c'est que depuis que Hopkins faisait partie de sa vie, tout venait de façon naturelle et prolifique. Avec son agent, il commençait à y avoir quelques points de frictions, parce que le chanteur était têtu. Et aussi parce qu'il refusait d'enregistrer sa chanson a-capella en studio. Pour lui, elle était uniquement live, parce qu'il fallait l'incarner sur scène pour en retranscrire l'intensité. Le débat divisait ses fans d'ailleurs. Mais la décision de l'artiste était prise. On pouvait le manipuler pour de nombreuses choses, pas pour la musique. Il savait ce qu'il faisait, c'était clair et limpide dans sa tête. Quand bien même il ne pouvait se concentrer très longtemps sur une seule tâche en raison de son manque de concentration. N'empêche, plusieurs critiques musicales l'encensaient pour son professionnalisme et la qualité de son travail. Bien qu'il n'y fasse pas trop attention, ça lui faisait plaisir, ça le flattait. Soyons honnêtes, ce genre de compliments dithyrambiques, ça restait bénéfique pour l'égo, même quand on en possédait peu, comme lui !
Illan et Aedan ne vivaient pas encore ensemble. Mais ils se voyaient tous les jours, chez l'un ou chez l'autre. Depuis l'arrêt de la tournée, ils avaient pris l'habitude de manger le soir ensemble, de passer leur soirée tous les deux voire la nuit. Leur vie de couple avait été exposée par des paparazzis, qui avaient titré "McFinley, en couple avec un marchand de sandwich : tout sur la déchéance du junkie". Certains furent néanmoins plus gentils et se contentèrent d'un "McFinley, entre lui et le gérant de son food-truck préféré, c'est le parfait amour". Aedan essayait de ne pas trop exposer Illan. Mais il s'agissait hélas d'une démarche vaine... Parce qu'à mesure qu'il gagnait en notoriété et qu'il se confirmait sa place dans le monde de la musique, il attirait l'attention de tous, même de ceux qui adoraient faire les fouille-merde... Combien de fois étaient-il sortis pour se rendre au cinéma ou au restaurant, épiés par des types avec des appareils photos ? Un site avait même vu le jour sur la toile, avec des images moches d'Aedan. Du genre quand il grimaçait avant d'éternuer, quand il se remettait son service trois-pièces en place dans son pantalon ou encore quand il allait jeter ses poubelles. Lui, ça ne le dérangeait pas, il s'en foutait même. Mais il essayait d'épargner Illan au maximum. Pas simple de voir sa tronche dans de grands encarts publicitaires, sans avoir rien demandé... encore moins avec des titres peu flatteurs, puisque la presse people pointait du doigt son "manque de classe" face à Aedan.
Sauf que pour celui-ci, le jeune homme était l'élu de son coeur. Son rayon de soleil, sa muse. Et par conséquent, tous les défauts qu'on lisait dans ces torchons faisaient office de qualités à ses yeux. Il ne manquait pas de le lui dire, sans forcément chercher à le rassurer, simplement parce qu'il aimait être franc avec lui et se dévoiler. Déjà, là, rien que le fait de lui cacher qu'il organisait une fête d'anniversaire surprises, ça le mettait mal à l'aise. Il profita de l'absence d'Illan pour décorer son appartement en son absence. Ils s'étaient échangés un double de leurs clés, un peu par hasard, dans le cas où l'un ait besoin de l'assistance de l'autre. Aedan prit soin de tout bien préparer. Il avait acheté des lanternes festives en papier, en grand écolo qu'il était. A l'intérieur des bougies pour mettre de l'ambiance. Il fabriqua lui-même la banderole, récupéra la commande chez le traiteur, mit le couvert. Puis il se rendit au travail d'Illan, pour l'attendre à la sortie, planqué dans un coin. Dès qu'il le vit sortir, il s'approcha discrètement en arrivant par derrière. Quand il fut suffisamment proche, il plaça ses mains sur ses yeux et murmura à son oreille :
- Surprise, surprise, qui est-ce ?