it's too hard to say goodbye (maia #3)

C'est aujourd'hui que l'échange scolaire touche à sa fin. Les correspondants italiens reprennent l'avion en fin d'après-midi. Deux semaines, c'est beaucoup trop court quand on y pense. En vrai j'ai l'impression que Gioia est là depuis trois jours à peine. C'est de la folie comme le temps passe vite avec elle. A croire que c'est jamais dans le sens que l'on voudrait ce genre de choses. Et en même temps on a tellement vécu de bons moments ensemble en si peu de temps que… mon dieu, trop d'émotions. Mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin. Pourquoi d'ailleurs ? Est-ce qu'on en parle ou pas ? Ouais non vaut mieux pas en parler en fait. Clairement là, j'ai même pas envie de me lever. Si c'est pour attendre toute la journée l'échéance redoutée, la boule au ventre, non merci. J'ai toujours détesté les derniers jours. Que ce soit les dimanches, ou les derniers jours de vacances. Peu importe la raison qui suit, ça finit toujours par être une bonne vieille journée de merde. C'est un principe à la con aussi. Enfin bref, j'ai juste pas envie qu'elle parte quoi. Pourquoi faut-il qu'elle habite à plus de dix mille kilomètres aussi ? On est extrêmement proches l'une de l'autre, encore plus depuis cette soirée où nous nous sommes embrassées. Et ça complique encore un peu plus les choses. Ça fait mal surtout. Je me réveille une nouvelle fois dans ses bras, sentant le corps de la brune m'enlacer par derrière. Je ne peux m'empêcher de sourire, pour moi-même, me retournant délicatement pour lui faire face. J'essaye de ne pas la réveiller pour autant, restant quelques longues minutes à simplement la regarder dormir. Elle est tellement belle comme ça. Mais la tentation est trop forte, et mes doigts viennent inconsciemment caresser son bras. C'est un peu notre truc à nous les papouilles. Je crois même que j'en suis devenue accro mais chut. Gioia finit par se réveiller, laissant échapper un petit grognement trop mignon d'entre ses lèvres. Cette dernière journée risque vraiment de me briser le coeur. « Tu crois qu'on peut rester là indéfiniment ? » Ne plus jamais se lever, rester toutes les deux sous la couette jusqu'à la fin de notre vie. J'envisage concrètement toutes les solutions possibles. « Les autres n'y verront que du feu si t'es pas là à l'aéroport. » Je ris un peu, mais c'est plus nerveux qu'autre chose. Rien que de voir sa valise au pied de mon dressing ça me donne des bouffés d'angoisse. Note à moi même ; m'en débarrasser discrètement quand elle aura le dos tourné. Bah quoi ? Si elle n'a plus de valise, elle ne peut plus vraiment partir n'est-ce-pas ? Si seulement c'était aussi simple… « Et puis si je te kidnappe, c'est pas comme si t'avais vraiment le choix. » En disant ça, je viens volontairement me positionner au dessus d'elle pour l'empêcher de bouger, laissant échapper un léger rire d'entre mes lèvres. Pourquoi mon coeur s'affole tout d'un coup ?

On arrive à la fin des deux semaines. Ça m’a paru tellement court, j’ai l’impression que je suis ici que depuis trois jours c’est dingue. Pourtant, on a bien profité, mais c’est passé beaucoup trop vite. J’ai pas envie de partir, c’est toujours pareil quand je quitte cette ville, mais là c’est pire, parce que je dois quitter Maé. Je sens des caresses sur mon bras qui me réveillent doucement et je grogne un peu, pas parce que c’est désagréable, toute manière mes frissons me trahissent. Mais c’est souvent comme ça que je me réveille, en grognant. Mais quand j’ouvre les yeux juste un peu et que je vois qu’elle me regarde, je peux pas faire autre chose que sourire. Elle est trop mignonne. Ça va tellement me manquer, c’est un truc de fou, je suis pas prête à partir. Clairement pas. « Tu crois qu'on peut rester là indéfiniment ? Les autres n'y verront que du feu si t'es pas là à l'aéroport. » Je souris encore plus et me décale un peu pour venir me blottir contre elle. « T’as raison, on va sécher l’avion. » Je ris un peu et enfouis mon nez dans le cou de ma correspondante. J’ai tellement pas envie de rentrer. Mais d’un autre côté, je sais que je vais revenir, et ça ça me soulage un peu. Et puis, j’ai comme un pressentiment en ce qui concerne l’état de santé de mon père. « Et puis si je te kidnappe, c'est pas comme si t'avais vraiment le choix. » Je ris cette fois. « Je suis consentante. » Notre relation a évolué depuis quelques jours, depuis la soirée chez Tom. Je sais pas trop si on peut mettre un mot dessus ou pas, je sais pas si on peut considérer qu’on est ensemble, on en a pas vraiment reparlé, c’est plutôt basé sur le feeling en fait. Mais je peux pas mentir, j’aime trop être dans ses bras, ou la prendre dans les miens. Et puis merde, j’adore l’embrasser aussi. Maé bouge un peu et vient se mettre au-dessus de moi, à califourchon. Naturellement mes mains se posent sur ses cuisses, et je la bouffe des yeux. « On doit y être qu’à seize heures, on a encore le temps d’en profiter… » Je tends la main et remets une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « On peut rester au lit toute la journée, ou on peut aller se promener juste toutes les deux. T’as envie de faire quoi ? » Moi j’ai juste envie d’être avec elle et juste avec elle, pour profiter de nos derniers moments ensemble. Parce que je sais qu’après ça va être dur, la distance et tout, j’ai même pas envie d’imaginer comment ça pourrait se passer…

C'est l'angoisse, j'ai déjà la boule au ventre. Et dire que dans quelques heures je vais devoir lui dire au revoir. C'est un putain de crève coeur. Mais c'est pas comme si on avait vraiment le choix. C'est ça le problème. Il y a des milliers de kilomètres qui va brusquement nous séparer, alors que nous venons de passer deux semaines H24 ensemble. C'est juste… ouais ça va être dur. Et encore le mot est faible. Mais je ne veux pas non plus que notre dernière journée soit trop déprimante non plus. J'ai envie de profiter d'elle le plus possible, de nous, et de nos moments de complicité. Ouais "nous". Même si je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ni ce que ça entraine exactement. Mais j'ai pas envie d'y penser pour le moment. « T’as raison, on va sécher l’avion. » Si seulement. Bah ouais l'espoir fait vivre comme on dit. Je propose un kidnapping de force pour ne pas lui laisser le choix mais elle est apparemment entièrement consentante. Ça me fait sourire bêtement, alors que je ne peux m'empêcher de me perdre dans son regard. Ses yeux… mon dieu, je crois que j'en suis déjà dingue. « On doit y être qu’à seize heures, on a encore le temps d’en profiter… » Il nous reste du temps, et c'est précieux. « On peut rester au lit toute la journée, ou on peut aller se promener juste toutes les deux. T’as envie de faire quoi ? » L'option numéro 1 est tentante, et je crois que je donnerais tout pour pouvoir passer l'éternité dans ses bras. Mais je veux aussi pouvoir partager des choses avec elle, nous créer encore des souvenirs. Quitte à me faire encore un peu plus de mal. Parce que le retour à la réalité risque d'être douloureux, ça, j'en ai malheureusement déjà conscience. « Alors déjà, j'ai envie de commencer par ça. » Et je viens tendrement déposer mes lèvres contre les siennes sans lui laisser le temps de réagir. Un baiser furtif mais appuyé avant de lui sourire, comme s'il s'agissait là du geste le plus naturel du monde qui soit. « Maintenant on peut se préparer pour aller se promener quelque part. » Il y a bien un endroit où j'ai envie de l'emmener. Un endroit où j'ai l'habitude d'aller et qui me correspond totalement. Ce vieux terrain de basket sur les hauteurs près du Griffith Park, avec une vue improbable sur L.A. Je ne pense pas qu'elle connaisse cet endroit. Généralement les gens connaissent le côté "touristique" du lieu mais pas les alentours qui gagnent pourtant à être connus. Mais ça m'arrange, parce que c'est mon coin à moi, l'un de mes endroits fétiches. « Bon allez, debout. » Je la libère enfin de mon emprise, me levant du lit d'un bond. Qu'est-ce qui me donne autant d'énergie d'un coup ? Je me surprends presque moi-même. « Tu veux pas que je t'aide à te lever quand même ? » Je ris un peu la taquinant pour qu'elle se dépêche. Ok je suis chiante, mais en même temps on a plus vraiment de temps à perdre.

Je sais que je ne pourrai de toute manière pas rester là indéfiniment. Mais je sais aussi que je reviendrai, sans doute plus vite que prévu. Et ça, c’est vraiment super cool. Maé est au courant, elle sait que j’ai de la famille ici et que je peux revenir un peu quand je veux. Peut-être aux prochaines vacances, il faudra prévoir ça. Mais en attendant, j’ai envie de profiter de mes dernières heures avec ma correspondante. Si j’avais du qu’on en arriverait là, franchement je l’aurai même pas cru. Je fais quelques propositions à la blondinette, attendant sa réponse. « Alors déjà, j'ai envie de commencer par ça. » Elle se penche et dépose ses lèvres sur les miennes. Ça me fait toujours autant chelou, mais c’est loin d’être désagréable, au contraire. Je réponds à son baiser, j’me sens même un peu perdante vu qu’elle s’éloigne trop vite à mon goût. « Maintenant on peut se préparer pour aller se promener quelque part. » Donc c’est son choix. On va bouger. Ouais bah j’avais pas vraiment envie de bouger en fait, surtout après ce qu’elle vient de faire. Maé se lève d’un bout, en essayant de me motiver avec sa petite voix trop mignonne. Ça marche qu’à moitié. « Tu veux pas que je t'aide à te lever quand même ? » « Si. Carrément. » Je fais une petite moue et croise mes bras comme si je boudais, mais j’suis sûre que mon sourire me trahit. « J’veux un bisou sinon je sors pas du lit. » Eh ouais, j’en redemande. Ecoute, on n’abuse jamais trop des bonnes choses. J’ai droit à mon baiser, même s’il est aussi court que celui de tout à l’heure, je ferai avec. Pour le moment en tout cas. Je me lève à sa suite et file rapidement à la douche. Je sors en serviette et m’amuse à me pavaner un peu, je sens bien le regard de Maé, en même temps, c’est un peu le même depuis que j’ai débarqué ici, c’est juste que maintenant elle assume. Enfin quand on est que toutes les deux en tout cas, et j’en demande pas plus. Pour le moment. Je m’habille et suis finalement prête. « Alors, tu veux qu’on aille ou ? J’ai besoin de quelque chose en particulier ? » Je crois que je suis excitée comme une puce moi aussi, même si y’a toujours dans un coin de ma tête cette petite voix qui me dit que c’est le dernier jour. Trop l’angoisse.

La seule chose qui me rassure, c'est que je sais que nous allons nous revoir. Gioia a de la famille ici, ses sœurs, et elle peut revenir plus facilement. Il y aura aussi l'échange scolaire retour l'année prochaine, ça sera à mon tour d'aller en Italie. Enfin j'espère qu'on se reverra avant quand même parce que ça va faire long sinon. Peut-être aux prochaines vacances scolaires si ça peut le faire pour elle ? On en est pas encore là mais j'y pense déjà. Je crois que ça m'aide à tenir. A me dire que ce n'est pas réellement notre dernier jour. Qu'il y en aura plein d'autres encore. Peut-être que je tente de me rassurer un peu aussi mais bon. Allez, stop, j'ai plus envie de penser à ça. Je veux profiter des dernières heures. Je me motive d'un coup, et essaye d'entrainer ma correspondante dans cet engouement. Mais elle joue un peu à la larve et je la taquine. A croire qu'elle veut que je l'aide à se lever. « Si. Carrément. » Elle fait mine de bouder et je fais celle qui est choquée. « J’veux un bisou sinon je sors pas du lit. » Là, je souris un peu bêtement. « Genre comment tu profites de la situation toi ! » Mais elle a gain de cause, et je viens lui déposer un nouveau baiser sur les lèvres. Bon en même temps il a pas fallu qu'elle bataille trop longtemps non plus pour que je lui fasse. C'est pas comme si je profitais pas non plus un peu de la situation. Bah quoi ? J'aime trop lui faire des bisous. Elle file se préparer à la salle de bains, pour revenir quelques minutes plus tard en petite serviette. Elle défile sous mes yeux, et je ne peux m'empêcher de la regarder. Mon regard sur elle est différent, ou en tout cas il est plus assumé. Parce que je n'ai plus besoin de me cacher pour la mater. En même temps c'est un peu ce qu'elle cherche à faire en se pavanant juste sous mes yeux comme ça. Je la laisse s'habiller, et nous sommes finalement prêtes à partir. « Alors, tu veux qu’on aille ou ? J’ai besoin de quelque chose en particulier ? » Je secoue la tête à la négative, elle n'a besoin de spécial pour l'endroit où je veux l'emmener. « Tu verras bien. » Je prends juste un sac à dos, avec une bouteille d'eau et quelques affaires avant de filer. On croise ma mère en bas et je lui murmure quelques mots à l'oreille pour la prévenir. Elle nous laisse y aller toutes les deux, me rappelant juste à quelle heure nous devons nous rendre à l'aéroport pour le vol de Gioia. Ouais, ça, je sais. On prend la direction du Griffith Park à pied, c'est pas très loin de la maison. C'est pas comme si je le faisais tout le temps mais presque. Une fois arrivées sur les hauteurs, je prends la main de la jeune fille pour la guider jusqu'au vieux terrain de basket. Comme toujours il n'y a personne, l'endroit est un peu isolé du reste. « Je te présente mon repère secret. » Je suis super contente d'être là avec elle, parce que cet endroit représente vraiment beaucoup pour moi. C'est là que j'ai commencé à jouer au basket. Et que je suis tombée amoureuse de ce sport. « Je kiffe trop venir ici ! » La vue sur la ville de L.A. est magnifique, et le terrain a vraiment quelque chose d'authentique. Je me dirige vers le fond du terrain pour récupérer le ballon qui est toujours coincé sous le banc. Et comme un réflexe, je le fais directement rebondir sur le bitume.

« Genre comment tu profites de la situation toi ! » Eh, pas folle la guêpe ! Autant en profiter, c’est notre dernière journée. Et comme depuis la soirée chez Tom les choses sont un peu différentes, je préfère encore en profiter plutôt que de regretter de n’avoir pas vécu à mille pour cent mes derniers moments avec elle. Avant la prochaine fois je veux dire. On va pas mourir d’ici là ! On est trop jeunes pour ça. Maé dépose un baiser sur mes lèvres et je la laisse faire en souriant. Ok. Bon cette fois, faut que je me lève. Je vais prendre une douche et en sortant, je profite un peu du regard de la blonde sur moi. Parce que ça me fait du bien autant que ça m’amuse. Elle ne se cache plus pour le faire, et c’est encore plus excitant. Une fois prête, je la suis. En réalité, je crois que je pourrai la suivre n’importe où, jusqu’au bout du monde. C’est con de dire un truc pareil nan ? Mais en même temps, c’est tellement une évidence…
On marche tranquille en discutant, je fais même pas gaffe par où on passe, je profite juste d’être avec elle. Mais Maé sait très bien où elle va vu son allure décidée. Et quand on arrive, elle me dit que c’est là. « Je te présente mon repère secret. » Je fais un tour sur moi-même et regarde les environs. Un terrain de basket, un peu vieux mais qui a son charme. Y’a personne, et ça a un côté presque un peu apocalyptique. « Je kiffe trop venir ici ! » « En journée j’pense, parce que là nuit ça doit faire flipper un peu nan ? » J’enfourne mes mains dans mes poches pour regarder la vue que la ville. C’est juste super beau, je comprends pourquoi elle aime cet endroit. « Au moins, quand tu m’diras que tu viens là, je pourrai t’imaginer. » J’aime bien imaginer les gens dans les endroits qu’ils ont l’habitude de fréquenter, ou chez eux. Maintenant, quand Maé me dira qu’elle est dans sa chambre chez sa mère, ou chez son père, je saurai exactement comment c’est. En plus des souvenirs que j’ai créé avec elle pendant ce séjour. Je m’en souviendrai toujours. Si j’avais su quand j’suis montée dans l’avion franchement…
J’entends des bruits de ballon qui rebondit et je sors de mes rêveries, pour regarder Maé et son grand sourire, en train de dribbler. Je l’ai encore jamais vue jouer la comédie, mais ça doit être un peu pareil, elle a l’air juste trop épanouie, et ça fait plaisir à voir. « Je sais même pas jouer au basket. » Je fais une p’tite moue presque un peu boudeuse et m’approche d’elle. Je me place dans son dos et la chatouille un peu pour qu’elle lâche le ballon, et en riant je récupère la balle pour m’éloigner comme je peux tout en la faisant rebondir sur le sol. « Tu m’donnes quoi si j’arrive à le mettre dans le panier ? » Voyons voir..

Je l'emmène dans un endroit qui me tient à coeur, un endroit où j'aime venir pour jouer. Mais aussi pour me retrouver un peu seule, me poser. C'est un endroit qui arrive à m'apaiser. La vue est époustouflante, et je sais pas ça me fait du bien, ça me calme. Et honnêtement pour ne pas penser aux prochaines heures qui s'annoncent déchirantes, il n'y avait pas meilleur endroit à mes yeux. Je ne veux tellement pas être tout à l'heure... ouais non, stop. On repense pas à ça. « En journée j’pense, parce que la nuit ça doit faire flipper un peu nan ? » Je ne peux m'empêcher de rire en tournant la tête vers elle. « Ne me dis pas que tu aurais peur ! » Je ne suis jamais venue là en pleine nuit, mais au soleil couchant, oui. Et la vue est encore plus belle. Il n'y a pas de quoi avoir peur. Et il y a quelques lampadaires un peu plus loin quand même. « Au moins, quand tu m’diras que tu viens là, je pourrai t’imaginer. » Mon coeur se serre légèrement contre ma poitrine. Je suppose que nous continuerons à s'appeler en visio, à s'écrire des messages, tout ça, mais franchement, après les deux semaines qu'on vient de vivre c'est du pipi de chat. Non mais franchement, j'sais pas comment je vais faire pour gérer la distance. Ça me fout le coeur en vrac, la tête à l'envers mais je garde tout pour moi. Je ne veux pas lui faire part de mes peurs. Surtout pas. Pour penser à autre chose, je m'empare du ballon de basket coincé sous le banc pour faire quelques dribbles. C'est immédiat, je retrouve tout de suite le sourire. Meilleur remède de tous les temps. Après la bouffe, je crois. « Je sais même pas jouer au basket. » Elle me chatouille pour récupérer le ballon, et je ne résiste pas bien longtemps. C'est pas de ma faute si je suis chatouilleuse. Encore plus quand c'est elle en plus. « Tu m’donnes quoi si j’arrive à le mettre dans le panier ? » Je ris un peu avant de répliquer. « Tu vas jamais le mettre ! » Je suis joueuse, et je la provoque un peu. Si elle le met du premier coup alors qu'elle ne sait pas jouer, ça serait un coup de chance quand même. « Vas y, je risque rien, je suis sereine. Demande-moi ce que tu veux ! » En vrai j'ai absolument pas peur. « Par contre si tu rates, c'est toi qui me devra un truc. » Eh, c'est donnant-donnant avec moi. C'est ça le game. « Tu crois que t'as les épaules assez solides ? » Je suis en train d'en faire des caisses pour lui foutre la pression. C'est stratégique de ma part, vous croyez quoi ! On va voir ce qu'elle a dans le ventre. Je mets les mains sur mes hanches, penche la tête légèrement sur le côté sans la lâcher du regard. Autant mettre toutes les chances de mon côté pour la déstabiliser.

L’endroit est vraiment canon, ça m’étonne même pas qu’elle aime se retrouver ici. Mais en même temps, la nuit ça doit faire un peu flipper. « Ne me dis pas que tu aurais peur ! » Je la regarde tout en arquant un sourcil légèrement. « Toute seule j’pense que j’ferai pas la maligne. Mais si t’es là ça va. » J’suis pas du genre peureuse, mais j’ai conscience du danger. Et Los Angeles, c’est pas Milan. Mais je suis contente de découvrir cette endroit, au moins je pourrai l’imaginer quand elle me dira qu’elle vient ici. Je soupire un peu après avoir dit ça, parce que ça me rappelle que je vais bientôt devoir rentrer, partir loin d’elle, et ça m’enchante pas du tout. Je sais pas trop ce que ça deviendra tout ça avec la distance, mais j’essaie de pas trop y penser, j’ai pas envie de casser l’ambiance. Je sais qu’elle doit avoir les mêmes questions que moi qui lui passent dans la tête, mais vaut mieux pas en parler, ça servirait à rien.
Mais heureusement Maé récupère une distraction ronde, et je vois son sourire qui revient, et qui me rassure. Je la chatouille et lui pique le ballon. Qu’est-ce qu’elle me donnerait si j’arrivais à mettre un panier ? « Tu vas jamais le mettre ! » Je lui fais un regard presque un peu dédaigneux, genre elle a si peu d’estime de moi ? Ok, je suis nulle, mais il me reste la chance. « Vas y, je risque rien, je suis sereine. Demande-moi ce que tu veux ! Par contre si tu rates, c'est toi qui me devra un truc. Tu crois que t'as les épaules assez solides ? » Pour qui elle me prend ? Je sais bien qu’elle est joueuse, mais je le suis au moins autant, peut-être même plus encore. Elle essaie de me déstabiliser, je la connais maintenant. Je place le ballon sur ma hanche, ma main sur mon autre hanche, un sourcil toujours relevé. « Ok tu veux jouer. Fais gaffe, j’suis p’t’être nulle, mais j’ai de la chance. Tu devrais pas parier comme ça avec moi. » Si elle essaie de bluffer, je peux aussi. Mais ça me fait rire. « Si je le mets, tu me laisses repartir avec ta veste. » Celle qu’elle a sur le dos, une veste couleur camouflage avec quelques décos. Elle sait que je l’adore, je sais qu’elle l’adore. Mais j’ai envie de repartir avec un truc à elle j’crois. J’peux toujours essayer. « Et si je rate alors ? Tu veux quoi toi ? » Je lui fais un petit sourire dont j’ai le secret, je sais que ça a tendance à la faire craquer, autant jouer jusqu’au bout.

C'est pas du jeu. Elle me subtilise le ballon en me bombardant de chatouilles. Ça ne devrait même pas être autorisé de faire ça. Et en plus elle me lance un défi. Enfin c'est elle-même qu'elle met au défi plus exactement, mais en moyennant une récompense. Encore faut-il qu'elle le mette. Et ça, c'est encore une autre histoire. Je la charrie parce que c'est plus fort que moi, et que je suis joueuse. Et ouais, on parle à une fille qui adore le basket et surtout la compétition alors forcément. Mais elle est joueuse aussi, et je le sais. J'ai pu avoir le loisir de le découvrir pendant ces deux semaines avec elle. C'est ce que j'aime chez elle, parce qu'on est un peu pareilles sur ça elle et moi. En réalité on a quand même beaucoup de points en commun. Je crois que c'est pour ça que le feeling a été immédiat. Même s'il y a forcément autre chose encore derrière tout ça. « Ok tu veux jouer. Fais gaffe, j’suis p’t’être nulle, mais j’ai de la chance. Tu devrais pas parier comme ça avec moi. » Je hausse les épaules dans un réflexe, comme si ce n'était pas si important. Que je gagne ou que je perde, avec elle, ça revient presque au même. « Si je le mets, tu me laisses repartir avec ta veste. » Ah ouais elle rigole pas, c'est genre ma veste préférée quoi. Je fais mine de réfléchir quelques secondes avant de donner mon accord. « Ok deal. » Je suis confiante, elle va pas le mettre de toute façon. Et au pire des cas, si elle a vraiment un coup de chance, je veux bien faire un effort pour lui laisser. C'est bien parce que c'est elle hein. Je ne donnerais ma veste à personne d'autre. « Et si je rate alors ? Tu veux quoi toi ? » Ce que je veux ? Je crois que c'est pas quelque chose qui soit possible. Parce que ce que je veux par dessus tout, c'est qu'elle puisse rester. Mais on va pas reparler de ça... ouais non. « Si tu le rates, tu me laisses ton parfum. » J'ai déjà pu me faire la réflexion que sa bouteille était au trois quart vide. Donc si elle me laisse la fin, c'est pas non plus un drame en soit. Et puis c'est pas comme si je lui laissais le choix. Je pourrais mettre son odeur de partout comme ça, pour qu'elle reste un peu avec moi. Est-ce que je suis déjà accro ? Je crois bien oui. C'est trop tard. « A toi de jouer maintenant. » C'est elle qui a les cartes en main - en l'occurrence le ballon. Je croise les bras sur ma poitrine, curieuse de voir ce que son lancer va donner. Est-ce que c'est moi ou elle est vraiment belle à jouer les basketteuses ? Elle fait presque illusion, on dirait pas comme ça qu'elle ne sait pas jouer. Gioia s'élance, plus déterminée que jamais. A croire qu'elle a vraiment envie de repartir avec ma veste. Le ballon tourne autour du panier, le suspens est à son comble et...

Je mise gros. Si je garde, je veux repartir avec sa veste. Je l’aime trop, elle le sait, j’ai déjà essayé de lui piquer une fois, je l’ai mise pour la soirée chez son pote, et elle m’a dit qu’elle m’allait bien. Mais je pensais pas qu’elle accepterait de me la laisser si je marque ce foutu panier. Je sais que j’ai de la chance et que si je me concentre un peu ça peut le faire. Faut y croire. En échange, je lui demande ce qu’elle veut si je rate. Faut bien une contrepartie, c’est comme ça que marchent les paris, nan ? « Si tu le rates, tu me laisses ton parfum. » Est-ce que j’ai le droit de trouver ça absolument trop adorable ? Je souris, un peu comme une cruchonne, et hoche la tête. « Même si je réussis j’te le laisserai. » Elle pourrait acheter le même dans le commerce, j’ai pas un parfum super original non plus. Mais c’est chou qu’elle veuille le mien. Sa veste elle, je sais que je pourrai pas la trouver, puis c’est la sienne. Bon. Il parait que c’est à moi de jouer. Je me place bien, me concentre. Je me demande si elle va pas essayer de me faire perdre. Je dribble un peu, la regarde du coin de l’oeil, elle me surveille. J’ai regardé One Tree Hill, je sais comment ils lancent le ballon. Puis ça va hein j’en ai fait un peu au collège et un peu au lycée aussi. J’étais pas si nulle. Pas trop. On va dire. Bon je lance le ballon, et il rebondit, tourne autour de l’anneau pendant que je grimace, croisant les doigts pour qu’il rentre. Bingo. Je saute les bras en l’air et fais un petit cri de joie. « YES ! » A moi de me pavaner « Hannn t’as cru que j’y arriverai pas heiin ! » Je me rapproche d’elle et entoure sa taille de mes bras. « Je suis pas si nulle en fait. Et j’ai gagné une jolie veste. » Je lui fais un bisou au coin de la bouche, pour jouer. « Si tu veux, je t’en laisserai une à moi en échange, en plus de mon parfum. Je sais que tu l’adores, je peux bien faire ça. » Je pourrai aussi renoncer à mon gain, mais c’est mort. J’ai trop envie de me la péter avec sa trop belle veste. Et puis c’est la sienne. « Je te la rapporterai la prochaine fois où on se verra… » Cette fois, c’est sur ses lèvres que je dépose un baiser. « Bon, tu me montres ce que tu sais faire ? J’suis sûre que t’es grave canon en mode basketteuse. » Ok elle a pas besoin de ça, mais je suis sûre que ça lui va trop bien. C’est une passion donc forcément… ça peut que lui aller bien…

Je suis joueuse, et plutôt mauvaise joueuse même pour être totalement honnête. J'ai jamais aimé perdre, et ça, depuis que je suis toute petite. Au basket, la compétition me transcende. Et je peux devenir une véritable teigne quand je m'y mets. Mais là, étrangement, ça m'est complétement égal de gagner ou de perdre ce pari. Parce que le contexte est différent, évidemment, et parce que c'est elle surtout aussi. Alors oui, c'est ma veste préférée mais je kiffe l'idée de savoir que c'est elle qui l'aura à l'autre bout du monde si elle met ce panier. « Même si je réussis j’te le laisserai. » Je me console avec son parfum qu'elle me laissera apparemment quoi qu'il arrive. En fait, c'est comme si j'étais gagnante à tous les coups maintenant. Ça me va. Elle s'élance et je ne perds pas une miette de la scène, alors que le ballon finit bel et bien par rentrer dans le panier. « YES ! » Je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je la vois aussi heureuse d'avoir réussi. On dirait presque qu'elle jouait sa vie avec ce panier. « Hannn t’as cru que j’y arriverai pas heiin ! » C'est vrai que j'étais plutôt sereine, mais elle m'a surprise sur ce coup-là. « Bon ok, j'avoue. » Elle se rapproche, et je fais semblant d'être déçue, la mine boudeuse. « Je suis pas si nulle en fait. Et j’ai gagné une jolie veste. » Ah ça, je compte sur elle pour ne pas l'oublier. Elle me vole un baiser au coin de la bouche, et je continue de bouder un peu, juste comme ça.  Finalement l'italienne me propose une veste à elle aussi, en échange, en plus de son parfum. Quand je vous disais que je gagnais à tous les coups à ce jeu-là. « Je te la rapporterai la prochaine fois où on se verra… » Elle dépose un baiser sur mes lèvres cette fois-ci, et je sens mon cœur se serrer à nouveau dans ma poitrine. C'est le "la prochaine fois qu'on se verra" qui me tord le bide. Je ne sais pas combien de temps ça sera... deux mois, six mois, un an. Mais c'est déjà horrible rien que d'y penser. Je reste silencieuse, me renfermant même un peu sur moi-même. J'essaye de ne rien lui montrer mais je crois que je suis nulle pour ça. « Bon, tu me montres ce que tu sais faire ? J’suis sûre que t’es grave canon en mode basketteuse. » Bonne idée, ça me fera du bien de me défouler. Je dribble un peu, et enchaine plusieurs paniers l'air de rien avant de jouer avec elle pendant un moment sans voir le temps défiler. C'est la sonnerie de mon téléphone qui me fait revenir à la réalité. Ma mère. Elle s'inquiète qu'on ne soit pas encore de retour à la maison. Je raccroche, une grimace figée au coin des lèvres. « J'crois qu'il va vraiment falloir qu'on y aille. » Il faut encore que Gioia finalise sa valise, même si je pense encore à un moyen de lui cacher pour ne pas qu'elle puisse partir. Toutes les idées sont bonnes à prendre non ? « Il nous reste... » Je regarde ma montre un court instant. « Genre 15 minutes maximum. » Ça me fait chier, parce que je sais que tout à l'heure à l'aéroport je ne pourrais pas lui dire au revoir comme je le voudrais vraiment. Il y aura tous les autres correspondants, les élèves, les parents et les profs aussi. Vous imaginez bien que ça risque d'être un peu... bizarre. En vrai je me demande même si je vais avoir la force d'y aller avec elle. Ça serait peut-être moins douloureux si je restais dans la voiture, ou carrément à la maison tiens.

Elle avoue qu’elle croyait pas en mon potentiel chance. Et bien il fallait y croire. En attendant, c’est moi qui rafle la mise, même si elle n’est pas tout à fait perdante non plus. Quand je me rapproche de miss boudeuse, je lui propose de lui laisser une veste à moi en échange, et lui promets de lui ramener la sienne la prochaine fois qu’on se verra, même si pour le moment on ne sais pas quand ça sera. Ça craint, mais on a pas trop le choix en même temps. Mais j’ai pas envie de foutre une sale ambiance, alors comme je sais bien faire, je retourne un peu la situation. J’ai envie de la voir jouer. Je sais qu’elle est douée, mais je l’ai jamais vue à l’oeuvre. Alors on joue un peu toutes les deux, ça fait du bien de rire, et elle se fout bien de ma gueule parce que je suis vraiment pas très douée, mais ça me fait rire, j’exagère même un peu. Et puis comme un rappel à la réalité, le téléphone de Maé se met à sonner. Vu sa manière de parler, je comprends que c’est sa mère. Chier. « J'crois qu'il va vraiment falloir qu'on y aille. » Je tire la même gueule qu’elle. Il nous reste 15 minutes. Ok. Bah on va prendre les 15 minutes on a pas trop le choix en même temps. Et puis d’ailleurs, c’est même plus la même énergie, plus la même envie. On a pas envie d’aller à ce putain d’aéroport, et j’ai pas envie de rentrer. D’un côté, mes parents me manquent, je sais que je dois profiter de mon père, mais j’aurai envie de mettre Maé dans ma valise et partir avec elle.
Le retour est un peu lourd, on a pas trop envie de partir d’ici, pas trop envie de rentrer chez elle, et surtout pas envie de repartir de chez elle. Une fois seules dans sa chambre, je regarde ma valise. Elle est presque finie, reste que ma trousse de toilette. Je vais dans la salle de bain pour la récupérer et en sors mon parfum. De retour dans la chambre, je lui tends la bouteille avec un petit sourire. « Tiens. Cadeau. » Je m’approche d’elle et récupère finalement la bouteille pour la jeter sur le lit, histoire qu’elle ait les mains libres pour me faire un câlin. Je la serre contre moi, respire son odeur pour la garder avec moi le plus longtemps possible. « J’espère que tes parents diront oui pour que tu viennes pendant les vacances après ton stage à Paris. » J’aimerai rester là indéfiniment. « On s’appellera tous les jours hein ? » Je crois que j’ai un peu besoin d’être rassurée. Je m’écarte un peu pour la regarder et lui fais un petit sourire, même si j’ai plutôt envie de pleurer. Je caresse sa joue et l’embrasse tendrement. On pourra pas le faire à l’aéroport, mais je voulais l’embrasser une dernière fois.

Le temps défile à une vitesse folle, et la réalité finit très vite par nous rattraper. En l’occurrence par cet appel de ma mère. Fais chier. Elle est spécialement douée pour tout gâcher ou bien ? Bon ok, elle n'y peut rien sur ce coup-là. Mais je suis en colère. Pas contre elle, mais contre cette foutue distance qui risque de tout foutre en l'air. Je sais pas vraiment ce qu'il va advenir de nous, de notre relation. En réalité je ne sais même pas ce que ça peut bien faire de nous. Je sais juste qu'elle me manque déjà alors qu'elle n'est même pas encore partie. La distance, très peu pour moi. Et si j'arrivais à faire plus ou moins semblant depuis ce matin, là, ça devient plus compliqué. Je reste silencieuse sur le trajet du retour, la boule au ventre. A chaque fois que je croise le regard de Gioia, j'ai envie de pleurer. Pourquoi est-ce que c'est aussi difficile ? J'en viens presque à regretter tout ce qui a pu se passer. Enfin pas totalement, mais disons que les choses auraient sans doute été plus simples à gérer si nous nous étions pas autant rapprochées. C'est un peu tard maintenant. Bref. Nous voilà de retour à la maison, dans ma chambre, alors que l'italienne doit finir de boucler sa valise. Je reste assisse sur le bord de mon lit à la regarder s'agiter, légèrement absente. Comme si un énorme vide s'était déjà immiscé dans ma poitrine. Elle s'éclipse dans la salle de bains avant de revenir pour me tendre son parfum. « Tiens. Cadeau. » J'esquisse un semblant de sourire et viens me blottir dans ses bras. Son parfum est une maigre consolation mais c'est toujours mieux que rien. J'aurais l'impression de la sentir encore près de moi même après son départ. « J’espère que tes parents diront oui pour que tu viennes pendant les vacances après ton stage à Paris. » C'est le cadeau qu'ils m'ont offert pour mes quinze ans. « Il y a plutôt intérêt ouais ! » Je vais tout faire pour ne pas leur laisser le choix. Quitte à sortir mon regard de chien battu, ou mes réserves de caprices. Je suis une bonne manipulatrice quand je veux. « On s’appellera tous les jours hein ? » Je hoche vivement la tête. Même si ça risque d'être compliqué avec le décalage horaire pour se capter, mais on s'adaptera. Pas le choix de toute façon. « Promis. » Ma correspondante vient alors réduire l'espace qui nous sépare pour m'embrasser alors que je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine. Ce baiser a un goût amer, parce qu'il ressemble à des adieux. « Est-ce que tu m'en voudrais si je ne t'accompagne pas à l'aéroport ? » A sa place, oui, je lui en voudrais mais bon. C'est peut-être égoïste de ma part, mais cette option serait un bon moyen pour moi de fuir le problème. Je renchéris rapidement sans lui laisser le temps de répondre. « Enfin c'est pas que je veux pas venir, c'est juste que... il y aura tout le monde, et ça va être encore plus dur. » Je n'ai pas spécialement envie de craquer devant les autres. C'est déjà assez douloureux comme ça. « Ouais non, oublie. Laisse tomber. » Si je n'y vais pas avec elle, je vais sans doute le regretter. Et c'est pas franchement cool de penser qu'à moi. Je viens à mon tour m'emparer de ses lèvres, m'imprégnant au maximum de leur goût et de leur douceur comme s'il s'agissait là de la dernière fois. Mes doigts viennent s'entrelacer dans sa main, alors que je pose finalement mon front contre le sien tout en fermant les yeux. « Tu me manques déjà... » Je crois que ça se voit.

Je sens bien que Maé est triste que je parte. En même temps, j’suis pas heureuse non plus faut bien le dire. J’ai pas envie de partir, je préfèrerai largement rester là avec elle. Mais y’a aussi ce petit truc en moi qui me donne aussi un peu envie de rentrer, pour profiter de mon père. Comme j’sais pas, genre une intuition. Même si ça pue, clairement. « Est-ce que tu m'en voudrais si je ne t'accompagne pas à l'aéroport ? » Alors ça j’aime pas. Je fronce un peu les sourcils en la regardant, j’essaie de la comprendre. Je vois bien qu’elle a du mal mais quand même, on pourrait juste profiter d’être ensemble jusqu’à la dernière minute nan ? « Enfin c'est pas que je veux pas venir, c'est juste que... il y aura tout le monde, et ça va être encore plus dur. » C’est clair y’aura tout le monde et on pourra pas vraiment se dire au revoir comme maintenant. Mais au moins on pourra se faire un câlin. Elle me demande de laisser tomber, et je hoche la tête. « Ouais, je laisse tomber. C’est mort, tu viens avec moi, et on va profiter jusqu’au dernier moment. » Je lui laisse pas trop le choix, puis merci l’angoisse de me retrouver juste avec sa mère qui m’emmène à l’aéroport. No way. Elle s’approche et m’embrasse à mon tour, et je la laisse faire, prolongeant un peu son baiser. Et puis elle finit par coller son front contre le mien et je ferme un peu les yeux en soupirant. Ouais, c’est grave dur en fait. « Tu me manques déjà... » Je souris, juste un peu et lui souffle en réponse « Toi aussi… » J’entends des pas dans le couloir et une voix qui nous dit qu’il est l’heure. Je me sépare de Maé et vais récupérer ma valise et mon sac à dos. J’ai mis sa veste dans mon sac, j’ai pas envie que sa mère voit que je la porte et qu’elle refuse que Maé me la laisse.
Dans la voiture, on s’est mises toutes les deux à l’arrière et discrètement j’ai été chercher sa main en prenant soin de pas me faire voir par sa mère. Elle est gentille, et même si elle aime les nanas, pas sûr qu’elle comprenne pour autant que Maé et moi on vit un truc fort. Une fois à l’aéroport, direction le point de rencontre avec tous les autres élèves. Il est l’heure de se dire au revoir. Je remercie Mme Lewis pour l’accueil et regarde finalement Maé. « Allez viens là. » Je l’attire à moi pour la prendre dans mes bras, un gros câlin serré comme j’en avais besoin. Et tout en enfouissant l’air de rien mon nez dans ses cheveux, je murmure à son oreille. « T’inquiète, on va réussir à se voir vite. Et on s’appelle. » Ça va être dur mais on va y arriver. J’y crois.

J'ai horreur de me laisser emporter par mes émotions, mais là, franchement, c'est trop. Y'a tout qui se bouscule dans ma tête et dans mon coeur aussi surtout. Je savais que ça allait être dur de lui dire au revoir, mais honnêtement, c'est encore pire que prévu. Je panique même un peu, essayant de chercher une alternative pour que son départ fasse moins mal. Mais ce n'est pas une bonne idée. Je n'ai pas envie de le regretter une fois qu'elle ne sera plus là. « Ouais, je laisse tomber. C’est mort, tu viens avec moi, et on va profiter jusqu’au dernier moment. » Je hoche un peu la tête, essayant de ne pas trop penser à tout à l'heure. Mais elle me manque déjà, et c'est un véritable crève coeur. Cette fois, c'est l'heure. Ma mère vient nous chercher à l'étage et nous prenons la direction de l'aéroport. Nous restons toutes les deux étrangement silencieuses dans la voiture, nos mains scellées ensemble sous nos vestes pour ne surtout pas perdre le contact. Je ne peux m'empêcher de repenser à son arrivée, à ce chemin inverse que nous avions fait dans la voiture de mon père. A ce moment là, avec le recul, je crois que je le savais déjà. Je l'ai senti dès que mon regard a croisé le sien à l'aéroport pour la première fois. Comme une évidence. Arrivées sur place, nous rejoignons les autres élèves au point de rassemblement. J'ai envie de pleurer, mais j'essaye de rester forte pour ne rien montrer. A personne. « Allez viens là. » Elle me prend dans ses bras, et je m'imprègne au maximum de son odeur pour ne surtout pas l'oublier. De toute façon, j'ai son parfum avec moi, je ne risque pas de l'oublier de si tôt. Mais entre son parfum et l'avoir avec moi en réel, il y a un monde. « T’inquiète, on va réussir à se voir vite. Et on s’appelle. » J'ai pas envie de la lâcher, pas envie que ce câlin se termine ni maintenant ni jamais en fait. Mais je dois malheureusement me contenter de ça. « Y'a plutôt intérêt. » J'essaye de rire un peu, mais clairement ça sonne faux. J'ai l'impression qu'on est en train de m'arracher le coeur, j'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie. L'étreinte se termine, et il est temps pour Gioia et les autres de passer la porte d'embarquement. Je me précipite sur mon téléphone pour lui envoyer un message, tant que je l'ai encore dans mon champ de vision. "Love [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]". Et nos regards se croisent une dernière fois.