New start - Ft. Cameron

Il y a quelques temps, j’ai reçu un appel plutôt étrange. C’était mon oncle. On se parle rarement puisqu’il habite loin, ce qui ne facilite pas la proximité familiale. Pourtant, au contraire de la famille de ma mère, j’ai toujours apprécié la famille de mon père. Très sympathique et simple, je les adore. Je les voyais un peu plus souvent lorsque papa était toujours en vie puisque, avec deux salaires, on réussi plus facilement à faire des économies.  Alors après sa mort, maman a commencé à avoir de plus en plus de problème d’argent et elle ne pouvait pas prendre des vacances sans solde comme ça. J’ai fini par m’éloigner de cette famille pour n’être que tous les deux. Ce n’était pas plus mal. Bref. Cet appel m’a fait plaisir. Il a pris des nouvelles de ma petite famille et de moi. J’ai résumé rapidement ma situation professionnelle, ce qui l’a beaucoup peiné. Malgré tout, j’ai senti un certain soulagement dans sa voix. Soulagement que j’aie compris quelques instants plus tard. En fait, il m’appelait pour me demander si je voulais héberger son fils pendant un certain temps. J’ai été surpris de sa demande dans un premier temps et, dans un deuxième temps, je lui ai affirmé qu’il ne devrait pas avoir de problème, mais qu’il fallait tout de même que je demande à Anna pour être sûr que ce soit ok pour elle aussi. Bien sûr, je lui ai demandé pourquoi cette demande, ce à quoi il m’a répondu brièvement. Juste assez pour que j’aie le topo de la situation. Le soir même, je lui disais que c’était correct et qu’on allait déjà préparer sa chambre. Chose qui a été fait dans les deux jours qui ont suivis.

Aujourd’hui, je suis à l’aéroport, à peine quelques jours après ce fameux téléphone, à attendre Caleb. Ça ne fait que deux minutes que je me trouve dans ce hall remplis de voyageurs pressés ou perdus et j’ai déjà hâte de sortir loin de cette foule. Je n’aime pas les aéroports. C’était toujours là que je devais dire au revoir à ma fiancée et à ma petite sœur – et même au début à ma mère – alors qu’elles étaient en larmes ne sachant pas si j’allais revenir dans quelques mois. Et à chaque retour, je les retrouvais là en pleure encore, mais de soulagement et de joie ces fois-là. C’est aussi dans ce genre d’endroit qu’on en apprenait sur notre prochain mission et ce souvenir est vraiment douloureux sachant que je ne vais plus jamais revivre ce genre de moment où l’adrénaline monte et que tu te sens d’attaque à protéger ceux qui sont sans défense. En sommes, que des souvenirs durent à revivre. C’est pour ça que je suis rentré dans la bâtisse lorsque j’ai vu l’avion atterrir. Au moins comme ça je n’allais pas m’y retrouver trop longtemps. Comme de fait, je n’ai qu’à attendre quelques minutes de plus avant de voir Caleb à quelques pas de moi. Je lui offre un beau et doux sourire avant de lui prendre un sac pour le soulager un peu avec ses bagages.

- Salut Caleb. J’espère que ton vol a été bien ? T’as tellement grandi depuis la dernière fois, c’est fou !

Je m’exclame en même temps que je pose la ganse du sac sur mon épaule.

- Tu as faim ? On peut arrêter dans un resto en chemin ou on peut attendre à la maison aussi. Anna a fait un succulent souper hier et il en reste alors on pourrait se manger ça devant la tv si ça te dit.

Je lui propose tout ça tout en commençant à marcher vers la sortie avec mon cousin.

Je suis un peu mal à l’aise face à Caleb. Ça fait tellement longtemps qu’on ne s’est pas vu que c’est presque comme si on était deux inconnus. Mon dernier souvenir de lui remonte à il y a tellement d’années que je peux presque dire que je le connais plus. Tout comme lui, si du moins il a encore des souvenirs de moi, ce qui me surprendrait. Avec mon enrôlement, j’avais déjà peu de temps à consacrer à ma sœur et à ma fiancée alors au reste de ma famille, c’était presque impossible. Je crois que le fait que Caleb et son père se trouvaient dans une autre ville loin de L.A n’aidait en rien à ce qu’on se voit plus régulièrement en plus. Mais, bon, je fais de mon mieux pour refouler ce malaise puisque je me doute que Caleb doit être perdu par tout ce changement dans sa vie. Et ce n’est pas qu’un petit changement quand même.

En le voyant gesticuler à côté de moi, je me demande pourquoi un instant avant de me rappeler qu’il signe depuis une opération à la gorge où quelque chose comme ça. Alors je porte un peu plus attention sur ses signes pour le comprendre en croisant les doigts pour que mes cours de langage des signes se soient bien intégrés dans ma tête.

- Les voyages ne sont jamais les meilleurs, ils sont toujours corrects en fait.

Je lui réponds avec un petit sourire amusé pour essayer de mettre un petit peu de joie dans notre conversation essayant d’enlever cette atmosphère bizarre.

- Ça n’aurait pas été pour rien, mais d’accord ce n’est que remis à plus tard.

Je lui relance un sourire avant de m’arrêter subitement, les sourcils froncés lorsqu’il se place devant moi. Puis, je me détends en le rassurant d’un sourire. Du moins, c’est mon but.

- Je me débrouille. Ton père m’a averti pour la langage des signes lorsqu’il m’a demandé de t’héberger chez moi et j’ai tout de suite pris des cours. Heureusement que j’avais beaucoup de temps libre malgré ma recherche d’emploi et mes différents rendez-vous. Je te dis pas que je suis un expert, mais je me débrouille. Je fais de mon mieux en tout cas. Alors pardonnes moi si je n’arrive pas toujours à te comprendre. Je vais continuer les cours pour m’améliorer et parler avec toi va m’aider à progresser je suis sûr. Ça va juste nous demander un temps d’adaptation à tous.

J’espère que ça va le rassurer et le faire se sentir mieux parmi nous ces informations. Je veux que son intégration parmi notre famille se passe le mieux possible.

Je suis soulagé de le voir se détendre un peu, surement soulagé lui aussi. Une de mes craintes s’évapore. Tout ce que je veux, c’est que Caleb soit bien parmi nous et je suis soulagé de voir que j’arrive à le comprendre. Je n’aurais pas bûcher comme un con à apprendre ce langage pour rien. Toutes ces heures consacrées auront été utiles finalement. Ça fait vraiment du bien de sentir que ce que tu as fais n’est pas vain. Se sentir utile aussi. Chose que je ne ressens plus vraiment depuis que je suis à la retraite. Même pas 40 ans encore et je peux déjà dire que je suis à la retraite… Ça fout un coup dure. Surtout que je m’imaginais l’être dans plusieurs années avec Mitch à faire les cons comme on l’a toujours fait ensembles. Il aurait peut-être fini par trouver une femme qui voudrait bien supporter ses jokes plates le restant de sa vie et nos femmes auraient été amies, peut-être même meilleures amies. On aurait fait des BBQ toutes les semaines où on aurait raconté les mêmes anecdotes à nos femmes qui auraient simplement ris, même si elles connaissaient déjà toutes ces dernières par cœur. Il aurait été mon témoin à mon mariage. Il aurait vu Selena grandir, avoir son diplôme, se marier. Mais non. Tout ça, tous ces projets exploser en même temps que Mitch par cette mine. Il n’y a plus de futur avec lui. Il n’y a même plus de présent. Il n’y a plus que des souvenirs. Ses anecdotes, je serai le seul à les raconter encore et encore. Mais, bon, je ne peux pas me laisser aller dans ma tristesse alors que Caleb vient d’arriver. Alors je me reprends, repousse ses pensées un peu plus loin et me reconcentre sur mon cousin. Après tout, j’ai besoin de toute ma concentration pour comprendre ses signes.

- C’était la moindre des choses Caleb. Tu vas habiter avec nous alors on se devait de pouvoir communiquer avec toi. Selena et Anna ont aussi appris, mais avec leur horaire respective, elles y ont passé moins de temps que moi. Puis, on ne voulait pas que tu te forces à parler alors que ça te fait mal. On veut que tu te sentes bien avec nous.

Je lui offre un sourire sincère tout en continuant d’avancer parmi toutes ses personnes. J’ai hâte de regagner ma voiture et mon chez moi. Je n’aime plus les aéroports maintenant. Ils me ramènent à des souvenirs trop douloureux. À ses paroles, je pose ma main sur lui et serre un peu son épaule.

- C’est chez toi aussi maintenant. Tu as ta propre chambre et tu pourras la décorer comme tu veux. Ça nous fait tous plaisir de t’accueillir parmi nous.

On sort enfin de cette bâtisse à notre plus grand bonheur faut croire. Je le guide jusqu’à l’endroit où j’ai stationné ma voiture après quelques instants. Je rigole même à ses paroles en hochant la tête pour affirmer ses dires.

- Je te l’accordes. Mais, ce n’est pas partout comme ça. Je veux dire certains quartiers de L.A sont bien mieux. Tu vas voir, on a une cours assez grande. Anna a décidé d’acheter cette maison parce qu’on avait une cours pour qu’un chien puisse y jouer avec nos futurs enfants entre autres. Elle s’imaginait déjà regarder nos enfants jouer avec le chien dans la cours alors qu’elle lirait un livre non loin. En tout cas, tu vas voir qu’il n’a pas juste du béton et qu’il y a du charme à certain endroit.

Je rigole moi aussi malgré la petite pointe de tristesse qui traverse mon cœur à la penser que Anna ait dû mettre son rêve d’avoir des enfants, d’avoir sa propre famille de côté pour ma carrière. Et je me rends compte que j’aurais voulu moi aussi avoir ma propre famille avec elle. Il n’est pas trop tard si ?

Je lui souris, tout en lui signant « de rien » en apportant mon pouce sous ma gorge que je glisse contre ma mâchoire. Il y a bien quelques signes qui se font bien d’une main, même avec une main maganer. Je trouve ça logique qu’on ait appris le langage dans lequel mon cousin parle pour qu’on puisse communiquer facilement. Après tout, il va vivre avec nous pendant un moment alors c’est juste normal qu’on ait fait en sorte de pouvoir se comprendre facilement. Si Caleb avait parlé français, espagnole, allemand ou peu importe la langue, on aurait appris les bases de cette langue pour qu’on puisse communiquer. C’est donc la même chose pour le langage de signes. En plus, c’est quand même marrant à apprendre. En bref, ça m’a posé aucun problème à l’apprendre. Au contraire, ça occupait quelques heures de mes journées et c’était très bien comme ça puisque ces quelques heures passaient plus vite et que j’oubliais tout le reste.

Je lui souris grandement en hochant la tête. Je le comprends à avoir hâte que les restes de ses affaires arrivent. Moi aussi à sa place je serais impatient puisque j’aurais l’espoir de me sentir un peu plus chez moi avec une chambre décorer avec mes choses.

- C’est ton frère, c’est ça, qui va venir te porter tes choses ? Tu sais quand il va venir ? Il pourra rester dans la chambre d’ami lorsqu’il viendra pour ne pas payer d’hôtel en plus de tout le reste. Il est le bienvenu chez nous ! Puis, s’il te manque quoique ce soit d’ici là, on ira les acheter, il n’y a aucun problème à ça. Même que je crois qu’Anna serait ravis de faire les boutiques avec et pour toi.

Je dis en rigolant. C’est peut-être cliché comme réflexion, mais c’est vrai. Anna a ça en elle. Elle aurait fait une mère super et je m’en veux de l’avoir priver de tout ça. J’espère tellement qu’il n’est pas trop tard pour remédier à ça. Je veux ma propre petite famille moi aussi. Alors que je referme la valise pour gagner le siège conducteur, je vois Caleb signer pour me demander si nous avons un chien. Je hoche doucement la tête avec un petit sourire.

- Oui on a un chien. Un beau berger-allemand du nom de Shadow. Il appartenait à mon meilleur ami, mais il est décédé il n’y a pas si longtemps en mission alors c’est moi qui ai hérité de son chien. On a un chat aussi, Némo. C’est le chat de ma sœur en fait et elle adore tellement l’océan que même le chat a un nom en lien avec ça.

Je lui fais un dernier sourire avant d’embarquer dans la voiture et de mettre le contact une fois Caleb embarquer. Pourtant, je ne démarre pas directement puisque j’ai besoin de voir ses mains pour pouvoir savoir ce qu’il dit, ce que je ne pourrais pas faire en conduisant.

Finalement, toutes ces heures à galérer à apprendre ce langage fut une bonne chose puisque je vois bien que ça fait plaisir et que ça rassure mon cousin. Mais, c’était la moindre des choses non ? C’est mon cousin et il vient habiter chez moi, c’est juste normal que je m’arrange pour pouvoir communiquer facilement avec lui. Du moins, dans ma tête, ça l’ait. Je hoche la tête pour lui signifier que j’ai bien pris en note que c’est bien son frère qui va venir, mais que le quand reste encore à être déterminer. Je prends alors une note mentale pour prévoir du temps pour aller acheter ce qui lui manque d’urgent rapidement.

- C’est juste normal voyons. En plus, ça me fera plaisir de le revoir et de l’avoir sous mon toit pendant quelques temps. Tu vas voir, elle est merveilleuse. Elle est juste parfaite.

Dis-je complètement niais et où mon amour pour ma future femme ne fait que transparaître. Je suis tellement heureux et chanceux de l’avoir dans ma vie et que notre relation soit toujours aussi belle qu’au premier jour malgré les nombreux haut et bas que cette relation a dû traverser par le passé. Je rigole doucement en voyant le grand sourire de Caleb sur les lèvres à la mention de Shadow. Je crois bien qu’il est très heureux de cette nouvelle.

- J’en doute pas. Bien sûr que tu peux mettre ta musique, tu peux connecter ton portable à la radio sans aucun problème.

Je lui réplique en lui lançant un grand sourire. Sur ce, je démarre réellement la voiture et me mets en route alors que Caleb met sa musique. Il a du goût quand même mon cousin en termes de musique. Je dois avouer que j’avais une petite peur, mais finalement c’est bien correct. Ça fait même passer le trajet plus vite qu’en réalité, tellement que je suis presque surpris lorsque je me stationne dans le stationnement.

- Et voilà ! Nous sommes arrivés. Tu vois, beaucoup plus de vert et bien moins de béton, comme je te l’avais dit.

Je lui lance en riant et en coupant le contact d’une main. De l’autre, je me détache près à sortir pour prendre les valises et rentrer dans la maison pour une visite des lieux. Je commence donc par ouvrir la valise pour y sortir les sacs de Caleb. Je lui laisse alors l’un des sacs et prend l’autre avant de me rendre à l’entrée pour ouvrir la porte et ainsi Shadow se fait déjà remarquer attendant ses caresses de bonjour.

- Caleb, voici Shadow.

Dis-je en rigolant lorsque le chien vient lécher la main de mon cousin en même temps qu’il le sent.