Who let the dogs out ? Ft. Eddy

C'était une journée tranquille. Will n'avait pas fait le fou pour te réveiller en sautant sur toi, Moon avait dormi comme un loire sans même tenter d'emmerder Drago qui restait toujours sur ses gardes avec ce chasseur né. Une matinée comme tu en aimerais plus, sans travail, après presque une nuit à jouer, et des animaux en paix, dormant. Le bonheur absolu d'être dans ton lit couvert et découvert découvrant les joies de la grasse matinée.
Tu n'avais pas à quitter ton lit par obligation, pas à réfléchir à quoique se soit. En fait non c'était trop beau pour être vrai. Tes yeux, encore rouge de la veille passée sur l'ordinateur, s'ouvrirent en pensant à un million de choses. Pourquoi personne ne te réveillait ? Est ce que le bug du jeu avait été résolu ? Est ce qu'il y avait un passage secret dans le passage trois du bloc deux de ton nouveau jeu ? Non en fait tu n'avais aucun moyen de déconnecter.
Sauf ces boules de poils qui venaient dès ton réveil apprécier ce moment avec toi. Une vingtaine de kilos sur le bras gauche, et une truffe mouillée sur la tête contre une petite crotte poilue et touffue sur le ventre, ton coeur balançait. Mais c'était à ce moment précis que tes soucis te quittaient, que tu te sentais bien.

Les caresses interminables terminées, sûrement à cause de leur ventre qui criaient famine, tout comme le tien, et de cette envie urgente de vider ta vessie tu te levas enfin passant par la case toilette avant de préparer un petit déjeuner de roi. Yaourt, avoine et banane. Et quelques croquettes, non pas pour toi mais pour les deux mendiants bientôt rejoins d'un rapide éclair qui venait se faufiler partout.
Oui aujourd'hui tu avais le temps, et quand tu avais le temps tu partais avec Will t'amuser. Parce qu'il en avait besoin ce fou. Il devenait marteau de temps en temps et tu le savais plein d'énergie. Alors pour éviter d'avoir un lit défait, une maison saccagée, un chien déprimé tu te préparais rapidement et surtout vêtu de tes pires vêtements pour l'emmener dehors. Bien sûr tu avais dit au revoir aux autres membres de la famille comme si tu partageais ta maison avec des humains. Sinon ce n'était pas drôle.

Ce n'est qu'une fois dans le parc que tu lâchais la fusée qui fit au moins trois fois le tour du parc comme un idiot couplé avec un fou sorti d'asile. " ... Le taré " Une simple observation les bras croisés. Mais ton sourire témoignait de tout ton amour pour ce fou. Enfin avant que l'inquiétude ne prenne le dessus. Les sourcils froncés tu passais autoritaire, chose qui arrivait rarement. " .Doucement Will. " Oui, le prédateur qu'il était avait vu un de ces congénère non loin et comptait bien le saluer à sa manière, non sans que tu ne sois très loin.

L’eau chaude s’écoula dans la tasse avec lenteur, éclaboussant légèrement autour d’elle. L’odeur du café artificielle remplie la petite pièce. Eddy avait les yeux cernés. Hier encore, il avait travaillé tard et son corps en était encore courbaturé. Pourtant, il ne se plaignait pas vraiment. Il avait amassé assez d’argent pour tenir jusqu’à la fin du mois. Son regard se posa sur les partitions à côté de lui, avec lassitude. Cette mélodie qu’il adorait commençait à le rendre malade tellement il l’avait répété et répété. Il voulait que tout soit parfait, que sa représentation avec Shinji soit mémorable. Il voulait être capable d’obtenir sa bourse de mérite et de monter en classe, voir de pouvoir participer à une audition d’orchestre. Même s’il ne devait être que troisième violon, il s’en moquait. Ce n’était pas une vie qu’il menait maintenant. Mais lorsqu’il aura réalisé son rêve, il est sûr qu’il pourra enfin sortir d’ici et qu’il n’aura plus à souffrir. Ses lèvres prirent une gorgée de la boisson amer alors qu’il détournait les yeux, ne supportant pas la vue des notes noires aujourd’hui. Il n’avait pas cours, pas envie de sortir faire le trottoir et encore moins envie de rester dans ce minuscule appartement à attendre que les heures passent. C’est bien pour cela qu’il était totalement habillé, avec des vêtements sobres, camouflant le plus possible son corps pour ne pas attirer l’attention. De petits bruits sourds derrière lui, le firent se retourner. Rain était assis à l’entrée de l’appartement, sa laisse dans la bouche, l’air tout aussi prêt que lui à aller s’aventurer dehors. Souriant véritablement, le jeune homme finit sa tasse, avant de l’abandonner dans l’évier, se rapprochant pour l’attacher et mettre ses chaussures. Après avoir vérifié qu’il avait tout ce qu’il lui fallait, il sortie, refermant la porte sur son ennui.

Dehors, il prit son temps pour arriver jusqu’au parc, Rain marchant mollement à côté de lui. Sans doute que la grosse bête poilue savait parfaitement qu’une fois arriver, il pourrait courir autant qu’il le voulait et se rouler partout à loisir. Alors, pour le moment, il restait calme. Le temps que son maître épuisé lui laisse enfin l’accès à sa liberté. Les barrières du parc franchit, Eddy s’accroupie pour défaire l’attache, allant tout de même flatter la tête adorable de son chien d’amour, ce qui lui valu un coup de tête affectif en retour. Riant au petit geste, il finit par le laisser se balader, gardant tout de même un œil sur lui au cas où. Après tout, Rain avait beau avoir un caractère calme et agréable, toujours dans la douceur, il n’en restait pas moins un énorme chien qui ne maîtrisait pas totalement sa force. Il était encore jeune et n’avait pas fini sa croissance pour le moment. Lorsque le violoniste l’avait récupéré, il n’était qu’un chiot dans un carton abandonné un jour de pluie. Et alors qu’il revenait du luthier, il n’avait pas pu ne pas faiblir pour ses yeux perdus posés sur le monde. Il l’avait adopté, se rajoutant une responsabilité aux siennes déjà un peu trop importantes. Mais il avait un cœur sensible. Et Rain était devenu son compagnon de route. Celui pour qui il rentrait le soir. Certain trouvait du réconfort dans les bras d’humains, lui il le trouvait contre la fourrure de son chien. Un jappement le sortie de ses pensées. Ses yeux coururent autour de l’endroit pour trouver Rain en pleine… rencontre ? bagarre ? avec un autre chien. Une voix retenti un peu plus loin et il remarqua un homme de très grande taille se rapprocher, l’air autoritaire. Un peu trop distrait par les traits de l’individu, il ne remarqua pas que le duo s’était rapproché de lui. Et ce ne fut que lorsque Rain percuta ses jambes comme pour se cacher qu’Eddy comprit qu’il aurait dû faire attention.

« Rain ! » s’exclama-t-il en se retenant à ce qui lui passa sous la main.

Ce qu’il n’avait pas prévu, ce fut que ce quelque chose en question s’avérait être le haut de l’homme à qui devait appartenir l’autre chien. Ce ne fut que lorsque ses pieds reprirent équilibre, empêchant son corps de basculer, qu’il osa relever les yeux. Ses paupières s’ouvrirent en grands, alors qu’il le relâchait avec empressement, bégayant des excuses tout en faisant attention à ne pas écraser son chien qui tentait toujours de fuir… ou alors jouait-il ? Pour le moment, il n’en savait rien, mais il était gêné. Très gêné même. Alors qu’il ne devrait pas. Autant finir nu devant des individus ne le dérangeait pas plus que cela. Autant faire ce simple petit geste un peu déplacé le rendait tout mou. C’était totalement idiot. Tout à fait hors propos. Mais c’est aussi comme ça que l’on fait les meilleures rencontres, non ?

Rarement on te voyait flâner dans les allées des boutiques , des centres commerciaux ou tout lieu qui était bondé de monde. Tu n'aimais pas tant que ça la foule, ça t'angoissait plus qu'autre chose. Toi tu aimais être avec tes animaux, des gens que tu connaissais et ta tranquillité. Sauf quand tu allais faire tes expérience en plein milieu de rue. Tu ne savais d'ailleurs pas pourquoi tu te mettais dans de telles situations alors que tu n'aimais pas ça de base. Mais l'injustice prenait le dessus et te rendait insensible aux autres choses. Ce qui te donnait cette impression d'être là sans être là.
Mais il t'arrivait bien plus souvent de passer tes jours off avec ton meilleur ami, ou chez toi à jouer ou réfléchir à de nouveaux jeux. Tu avais déjà une tonne de dossiers et sous dossiers remplis pour d'autres jeux. Et c'était plaisant que quand tu pouvais les boucler. Mais ce n'était pas tous les quatre matins.
Alors tu t'accordais parfois une pause, une réelle pause loin de l'ordinateur. Allant alors profiter de l'air frais et laisser ton chien gambader librement.

Car oui une fois dans le parc tu lâchais le fou qui parlait énormément pour rien dire même quand personne n'était autour, qui se roulait et faisait les yeux du fou tandis qu'il dépensait simplement son énergie. Tu savais qu'il en avait besoin et parfois tu l'emmenais la nuit pour être tranquille mais tu ne le voyais que peu alors tu préférais tout de même la journée. Et puis cela permettait à Will de trouver d'autres petits camarades pour jouer. Rare étaient ceux qui prenaient part à son jeu, puisqu'il était gros et brut , les petits chiens n'étaient pas le bienvenu dans son monde fou et coloré. D'ailleurs il avait trouvé sa prochaine victime ou plutôt ami et courait vers lui après un long moment d'observation. Tu décidais alors de te rapprocher et montrer que tu étais là, que tu étais autoritaire et qu'il n'avait pas intérêt à déconner.

Tes yeux rivés sur les deux chiens tu remarquais le maître du second qui arrivait. Il était rapidement prit à parti pour protéger son chien ou du moins le cacher, une forme de jeu pour les deux qui n'avaient pas l'air de se détester au contraire. Peut être que le nouvel ami de Will était un peu timide mais tu savais qu'il n'allait jamais lui faire du mal. Tu allais rappeler Will quand tu te sentis accroché les yeux grandement ouvert. Ta main venait automatiquement rattrapé l'homme qui avait failli tomber par deux molosses. " Vous allez bien? Je suis désolée Will ne contrôle pas sa force. " Tu le regardait un moment détaillant quelques peu ses traits parfaitement dessiner avant de sourire doucement à ses excuses. " Will vient là " Ordonnais tu toujours autoritaire mais dans une voix calme. Ton chien se calmait alors tout en retenant une excitation certaine. " Il est très joueur mais pas méchant pour un sous. Vas y doucement Will. " Tu informais le propriétaire qui avait toute raison de se méfier alors que tu tenais ton chien pour qu'il renifle son nouveau copain et fasse connaissance de manière plus douce et posée. Riant un peu quand les deux chiens commencèrent à jouer tu te redressas alors pour regarder le maître. " Il s'appelle Rain alors ? Moi c'est Matthew et mon chien c'est Will. " Comme ça les présentation étaient faites. Avoir des chiens rapprochait.

« J-Je vais bien, merci, répondit-il, le rouge de ses joues s’évanouissant doucement. Ce n-n’est rien. »

Les gros chiens trouvaient souvent difficilement des amis avec qui jouer dans les parcs. Les gens, surtout dans les villes, préférant les petits chiens moins brouillant et moins salissant. Alors, pour une fois que Rain pouvait s’amuser avec un molosse de sa taille, cela ne dérangeait absolument pas Eddy. Ce dernier observa d’ailleurs le maître de l’autre chien le tenir pour permettre une rencontre plus douce. Il est vrai que le bouvier bernois était d’une nature protectrice et maternelle, calme et tendre. C’est comme s’il avait pris un caractère de figure parental pour protéger son maître. Même si Eddy le voyait plus comme son meilleur ami d’ailleurs. Lui, l’enfant que l’on disait fils du diable, incarnation de l’enfant de satan d’après sa propre mère, à la peau si blanche qu’il en ferait jalouser les vampires, devait se réfugier avec un animal abandonné, recueillis sous la pluie, dont il porte le nom. Appréciant le petit geste de l’autre homme, Eddy hocha doucement la tête, se penchant à peine pour caresser doucement le museau de Rain en l’invitant à sympathiser avec le petit fou en face d’eux.

Lorsque les deux chiens s’enfuirent pour aller jouer, Eddy se détendit, heureux de voir Rain aussi actif. Vivre dans un appartement si petit pour lui devrait être un calvaire. Pourtant, il n’aboyait que très rarement, et uniquement en cas de réelle nécessité. Comme cette fois où le voisin du jeune homme avait voulu entrer dans l’appartement. Eddy n’avait pas réussi à le retenir à temps. Rain s’était déjà jeté sur l’individu, lui mordant la main jusqu’à quasiment l’arracher. Heureusement, aucun membre d’un quelconque corps ne fut arraché durant la bataille. Mais Eddy dût laver son entrée d’appartement pour faire disparaître les éclaboussures de sang. (Il aurait pu les laisser pour Halloween, mais c’est beaucoup trop creepy comme concept.) Alors oui, voir son chien s’amusait dans une atmosphère beaucoup plus sereine que son quartier pauvre et désœuvré, ravissait le violoniste qui souriait tendrement en regardant les deux nouveaux amis se défoulaient. La voix de l’homme le sortie alors de ses pensées, l’obligeant à relever les yeux vers lui pour le regarder. Il était vraiment grand. C’était impressionnant. Un sourire s’étala sur le visage de l’étudiant qui lui tendit alors la main.

« Enchanté Matthew, appelle-moi Eddy ! »

Ce n’était pas son vrai prénom, un surnom qu’il préférait à ce dernier d’ailleurs. Il ne le donnait jamais à personne, son vrai prénom. Seul ceux qui avait accès à ses pièces d’identité officiel pouvait savoir. Même si, évidemment, ce n’était pas si difficile à deviner, si l’on cherchait un peu. Sans lâcher son sourire, il regarda de nouveau son chien, le surveillant au cas-où. Il devait toujours avoir les yeux sur lui. Il savait que Rain ne contrôlait pas sa force, ne l’utilisant que très rarement. Même si les feuilles d’automne n’allaient pas être des adversaires coriaces pour lui, il se doutait que s’il donnait un coup par inadvertance à un petit chien qui passait pas là, ce dernier puisse survivre au choc. Pauvre petit chihuahua. Eddy retint un rire néanmoins en imaginant la scène. Puis il se redressa doucement, se resserrant dans sa veste discrètement.

« Ils ont l’air de s’amuser, commenta-t-il tendrement. Je suis content. Rain n’a pas beaucoup d’amis. (Il jeta un regard vers son compagnon.) Et Will le motive à bouger. Je devrais peut-être le remercier de nous avoir bousculés ? »

Will, donc, le chien, avait permis à Rain se sortir de sa zone de confort et de calme. De quoi se déchaîner un bon moment avant de rentrer et de dormir non-stop pendant douze ans. Et en plus de cela, il avait permis une nouvelle rencontre. Même si Eddy était comme gêné. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il s’était retenu à Matthew. Et que ce dernier l’avait relevé aussi. Comme une scène romantique clichée nulle. S’il avait pu, il se serait enterré six pied-sous terre, dans un cimetière lambda, pour être sûr de ne jamais être dérangé. Il lui devait sans doute quelque chose. Comme un verre ou de la nourriture pour chien ? Même s’il essayait de ce la jouer cool et de ne pas perdre ses moyens. Au travail, il était confiant, car il devait donner l’impression d’être celui qui menait la danse, même lorsqu’il était dominé. En dehors de ce cadre, il n’était plus qu’un étudiant en musique ordinaire, au visage particulier et aux yeux un peu trop grands. Mais cette double personnalité, Matthew n’avait pas besoin de la voir. Elle était comme un secret qu’il gardait dans une crypte au fond de son être.

Est ce qu'il avait chaud ? Se sentait il gêné d'avoir failli tomber ? Tu n'expliqueras pas ce rouge à ses joues. Mais pourquoi pas. Au moins il ne s'était pas fait mal et c'était la chose la plus importante à tes yeux.
Will était heureux de voir un de ses compères dans les parages. Il s'était déjà sûrement fait plusieurs films dans la tête à se voir jouer avec lui comme un fou. Mais tu devais calmer ses ardeurs un peu trop intense. Sauter dans les feuilles d'automne c'était bon, mais sauter sur le premier chien venu, non. Tu avais tout de même fait une sorte d'éducation à ton chien, ton ami, ton confident. Même si, il était clairement posséder. Peut être même que c'était une sorte de Gobelin qui se transformait de temps à autre. En le regardant tu avais cette impression que toute l'intelligence partait pour faire naître une pénombre étrange dans son cerveau le faisant déraillé. De temps à autre du moins. C'était drôle à voir, mais dur à contrôler, alors tu lui en étais reconnaissant de t'écouter pour faire plus doucement avec ce nouvel ami. Tu le retenais dans un premier temps observant les comportements diamétralement opposé avant de lâcher la bête, et de les voir joyeusement se courir après et se rouler ensemble dans un petit sourire bienveillant de ta part, un regard couvant et une douce chaleur.

Chaleur qui contrastait avec ce temps devenu plus frileux, donnant quelques frissons au passage d'une brise plus fraîche. Mais cela ne dérangeait en rien les deux poilus qui reviendraient de leur bagarre bien sales et épuisés. Tu te tournais alors vers le maître de ce nouvel ami de Will afin de faire connaissance. Toi et la société, les gens ce n'était pas ton fort. Tu avais même désiré plus qu'hardiment la cape d'invisibilité d'Harry Potter. Mais revenant à la réalité tu avais compris qu'il fallait faire des efforts, comprendre les autres, essayer. Pas de secret, que des expériences à enchaîner le pires du mieux. Pas d'amulette magique qui te protègerai des autres, rien qu'une carapace et une taverne, une grotte où tu avais établie ton QG, ton espace de vie, ton havre de paix. Mais tu ne pouvais pas toujours t'y trouvé, faisant donc un pas vers l'autre pour ne pas passer pour un rat de laboratoire, enfermé.

La réponse positive t'entraîna dans un élan de sociabilité qui t'était assez rare, allons l'avouer. Tu étais bien plus du genre à rester reclus, seul. D'ailleurs, cette interaction était agréable, et tu osais l'avouer. Comme une belle transformation, telle la citrouille dans Cendrillon qui donna ce beau carrosse tu voyais cette rencontre hasardeuse comme une belle occasion de discuter, de relâcher la pression. Toujours en surveillant les deux petits diables, comme ton acolyte du jour tu tentais une conversation, une forme de sympathie envers lui. Eddy.

" C'est compliqué pour les gros chiens d'avoir des amis. Un peu comme les gens différents dans la société. Ils sont un peu brusques, bousculent, mais sont en fait de très gentils et fidèles compagnon. Un peu comme le crapaud et la princesse? Un baiser, et hop ils se transforment. Je pense qu'on peut se remercier chacun, Will n'a pas beaucoup d'amis non plus. "

Toi non plus d'ailleurs. Autant le dire clairement tel un hibou tu préférais la nuit, difficile donc de communiquer la nuit, la journée tu travaillais comme une fourmis. Où avais tu le temps de trouver des gens ? Surtout que la plupart ne te comprenait pas. C'était compliqué de faire comprendre à des gens dont la société poussait à faire des études, à vivre le jour, à faire quelque chose d'utile, que les jeux vidéos n'étaient pas qu'une partie de plaisir. Qu'il fallait être acharné au travail, vivre comme une chauve-souris sans répit. Il fallait bien du courage pour leur apprendre que toute chose avait un coût et que ton savoir n'était pas plus un don qu'une malédiction. Tu étais intelligent, tu avais pu te pencher sur ces jeux bien tôt, mais cela faisait il de toi un homme si différent? Encore aujourd'hui tu étais hanté de leurs dires, de leurs regards, de ce rejet qu'ils avaient conservé, parfois. Parfois tu ne cherchais pas une potion magique pour être plus fort physiquement mais psychologiquement. Etre tombé dans la marmite petit aurait alors été la plus belle chose qui te soit arrivé.
Mais dans le vrai monde pas de solution abracadabrantesque, on vivait, on souffrait, on riait. Et tu gardais cette façade peut être un peu froide; limite lugubre quand tes pensées t'emmenaient un peu trop loin, mais toujours un petit sourire pour ceux qui prenaient la peine d'être agréable, compréhensifs et joyeux.

" Vous venez souvent ici ? On pourrait peut être se voir chaque semaine pour qu'ils puissent jouer.  "

Une idée comme une autre que tu n'imposais bien sûr pas, mais qui pouvaient être intéressantes pour les deux partis. Comme ça Will arrêtera peut être de chasser les corbeaux et moineaux qu'il trouvait sur sa route et se concentrerait plus sur des jeux plus sains. Ne demandant pas de récupérer un corps, ou même un squelette. Il avait le don de chasseur alors tu t'attendais à tout. Tu n'tais pas du tout pour la mort animale alors tu allais éviter gracieusement tout meurtre, même "naturel'.

"Après ça peut être tous les mois ou quoi mais se serait bien qu'on garde contact.  " Surenchérissais tu content de toi.

Cette comparaison fit quelque chose à Eddy. « Un peu comme les gens différents dans la société. Ils sont un peu brusques, bousculent, mais sont en fait de très gentils et fidèles compagnon. » Il ne la comprenait que trop bien, un semblant de sourire se dessinant sur ses lèvres en écoutant la suite de la discussion. Si Eddy et Rain avaient bien quelque chose en commun, c’est qu’ils n’avaient, ni l’un ni l’autre, leur place ici. Rain était un chien de montagne, que le petit appartement de l’étudiant ne pouvait pas satisfaire. Il était devenu craintif, de plus, n’aimant pas rester trop loin de son maître trop longtemps, un peu trop habitué à la proximité. Et Eddy, il n’en pouvait plus. Il voulait vivre, librement, ne plus avoir peur de ne pas pouvoir manger ou de ne pas pouvoir assister à ses cours. Il ne voulait plus avoir peur. Il voulait pouvoir être lui-même et exprimer sa passion, son art. Mais la société était tellement injuste. Tellement qu’elle avait mis un chiot dans un carton sous la pluie sur la route d’un prostitué sans argent mais avec un trop grand cœur.

« Alors, faisons en sorte qu’ils le restent, qu’il sourit alors. Ils se sont plutôt bien trouvés. »

Deux chiens de grandes tailles, qui, certes, n’avaient pas le même caractère, mais qui semblaient aussi joueur l’un que l’autre. Cela faisait sourire Eddy, qui continuait de les surveiller, ne souhaitant aucun dérapage. Il savait que Rain ne gérait aucunement sa force, qu’il était même plutôt patate par moment, résultat d’une vie d’appartement sans doute. Si Eddy en avait la possibilité, il lui aurait bien offert un jardin, une maison où il pourrait courir jusqu’à s’épuiser, se coucher, et dormir, sans avoir peur qu’on ne lui marche sur la queue. Malheureusement, il ne le pouvait pas, pas encore en tout cas. Un nouveau projet, qui ne verra sans doute jamais le jour, mais qui s’ajoutait à tous les autres. En plus, le chien était frileux des aboiements colériques de ses compagnons. On pouvait dire, il était une crème dans un corps d’ours. Tout le contraire de son maître, qui avait le visage d’un ange mais le caractère aussi empoisonné que la fameuse pomme de Blanche Neige.

Les bras croisés, son corps était légèrement pencher en arrière, ses talons retenant le plus de son poids. Une position détendue et droite, qui ne permettait pourtant pas à sa taille de combler l’écart avec celle de son acolyte du jour. Eddy n’était pas ce que l’on pouvait dire petit, il était dans la moyenne et il aimait bien sa taille qui rivalisait avec celle de Shinji, son partenaire pianiste. Mais il avait désormais le chic pour tomber sur des êtres plus grands en ce moment. Que ce soit Alan ou Matthew, il le dépassait tous les deux, faisant chauffer son égo. C’était plutôt avantageux d’être grand, il ne fallait pas se le mentir. Même si parfois cela pouvait aussi devenir pénalisant. Il n’y avait pas de taille parfaite de toute manière. Mais tout de même, on fantasmait plus souvent sur ceux qui avaient la tête dans les nuages que ceux qui regardaient les pâquerettes de près. Alors bon, même si Eddy n’était pas regardant, autant pour Alan que pour Matthew, il était perturbé. Mais il fallait lui pardonner aussi. Qui ne le serait pas devant ce visage ? Sursautant en l’entendant de nouveau, sortant brusquement de ses réflexions, il se redressa, hochant la tête rapidement.

« Pourquoi pas ? Cela pourrait leur faire du bien et puis, ils se sociabiliseraient peut-être plus facilement comme ça. En plus, ça pourrait devenir notre rendez-vous ! »

Poursuivant dans son hochement de tête à la proposition de garder contact, Eddy sortit alors son téléphone de sa poche, s’alluma pour ouvrir les contacts et le donner à Matthew pour qu’il y inscrive son numéro. Le jeune violoniste n’avait rien à cacher, alors donner son téléphone ainsi lui était tout à faire normal. Il n’avait pas non plus peur qu’on le lui vole, car l’appareil était plutôt vieux, casser à certain endroit, il était lent et de décharger vite. Non, réellement, si on lui volait, on irait même jusqu’à le lui redonner avec de l’argent en plus tellement cette chose n’étaient d’aucune utilité. Mais pour lui, tant qu’elle fonctionnait et qu’il pouvait recevoir des messages et des appels, il n’y avait aucun problème. Un jappement interrompit l’échange avec que Rain revenait en trottinant vers le duo, alors s’asseoir aux pieds d’Eddy pour lui donner un bout de bois qu’il avait trouvé. Evidemment, comprenant la volonté du chien de jouer avec son maître, Eddy ramassa l’objet, le jetant le plus loin qu’il le put avant de voir son compagnon se jeter à la suite de la trajectoire. Un court instant, il se demanda si Will allait suivre. Après tout, les chiens étaient fous de ce genre de jeu.

Tu étais comme ton chien. Tu bousculais parfois, pas forcément compris on te rejetait sans même te connaître, mais tu n'étais pas méchant. Alors oui, tu ne pouvais qu'aimer ces grosses bêtes qui demandaient énormément d'amour et d'attention, tout comme ils dérangeaient par leur taille. C'était épuisant de combattre le regard des autres mais c'était votre vie. Tu te fichais si on avait peur de Will, si on pensait qu'il n'était pas à sa place dans ce grand parc, tu le ferais venir, tu prouverais à tout le monde qu'ils avaient tord, car il était celui que tu aimais le plus après ta famille. C'était dur d'entendre les critiques, mais tu les supportais bien plus lorsqu'elles venaient pour toi. Les langues se déliaient lorsque ton dos se tournait , et même si les adultes te voyaient comme un génie, ils n'en étaient pas moins durs avec toi sur ton incapacité à "grandir" selon eux. Mais tu avais, grandi. Et pas qu'en taille. Tu avais monté ton business, tu avais prouvé à ceux qui n'y croyaient pas que les jeux vidéos n'étaient pas qu'une passion d'enfant, mais un vrai marché en essor.

Les mots de ton interlocuteur te firent sourire. Il n'était pas rare de voir des maîtres affolés par le grand chien qui jouait avec le leur. Mais ici tu rencontrais quelqu'un comme toi, qui faisait face aux critiques, aux peurs et aux regards insistants des gens. Tu faisais face à un chien pataud qui ne mesurait pas sa force.

"Très bien même. C'est parfait ça leur fera le plus grand bien.  "

Et tu n'allais pas lui enlever cette joie. Les observant un instant tu ne pus t'empêcher de glisser ton regard sur le possesseur du chien. Il était clairement quelqu'un de bon, ça se voyait dans son regard, dans cette appréciation qu'il avait pour son ami poilu. On disait souvent que les animaux sentaient tout. Impossible donc qu'il soit quelqu'un de mauvais. Décidément tu rencontrais beaucoup de personnes en ce moment, toi qui vivais reclus avec un seul ami pour partager tes aventures, il semblerait que la vie t'apporte quelques contacts. Tu reprenais alors ton observation des deux molosses qui s'amusaient toujours avec gaité. La scène était attendrissante et réconfortante, faisant naître un sourire sur ton visage concentré sur ton chien. Le sentiment devait être semblable à ceux des parents qui observaient leurs enfants joués avec de nouveaux camarades.
D'ailleurs tu te perdais dans ce nouveau tableau tout nouveau oubliant qu'à tes côtés se trouvaient un homme qui attendait peut être qu'on converse avec lui. Et puis même s'il ne l'attendait pas ce n'était pas très gentil de ta part de le laisser de côté. Tu faisais beaucoup d'effort de communication en ce moment, et ça payait. Même si ta maladresse restait légendaire et passait sûrement pour une sorte d'idiotie ou d'innocence. Allez savoir.

Hochant doucement la tête dans un sourire tu fus rassuré de la réponse de ton interlocuteur. Oui vous pourriez socialibiliser comme ça. Enfin , les chiens. Bien que toi aussi. Par la même occasion. Prenant doucement le téléphone qu'il te tendait tu tapas ton numéro non sans apercevoir les quelques rayures, fissures et autre indications que son téléphone avait vécu. Enregistrant alors ton numéro et ton nom tu lui redonnas pour sortir le tien à ton tour.

"Vous pouvez m'envoyer un message j'enregistre. "

Continuant de sourire tu préparais déjà une fiche complète pour ce nouvel inconnu. Un sursaut et tu regardais les deux grands gaillards venir vers vous Will te regardant comme s'il était lésé dans ce jeu. Il devait sûrement rêver d'avoir ce bâton pour lui mais attendit patiemment. Sauf quand ce même bâton fut lancé bien loin. Les deux se mirent à courir comme deux fous et tu ne pus t'empêcher de rire comme un idiot. Ce chien. était aussi bête que toi. On lançait quelque chose et il courait pour l'avoir.

"  Ils sont mignons. "

et puis tu réagissais parfois comme un vrai enfant. Enregistrant enfin le numéro d'Eddy tu te mis à participer au jeu de lancer de bâton. Le relançant de suite après. Tu en connaissais deux qui dormiront comme des bébés ce soir. Vu l'énergie qu'ils mettaient à courir.

"  Rain a quel âge ? Il semble adorer ça comme un chiot. "

Ils étaient sur la même longueur d’ondes. Vivre en décalage, aimer les chiens, profiter d’une sortie au parc. Ce duo asymétrique était incongru, mais ils se complétaient, s’enfouissant dans une douceur tranquille et une innocence appropriée. Cela changeait Eddy, de ces nuits brusques et folles ou de ses journées longues et éreintantes. Le soleil irradiait sa peau palie par la fatigue, le vent rafraichissait l’air qu’il respirait, la compagnie adoucissait ses mœurs. Il était heureux, réellement heureux, ressentant cette simplicité comme un petit cadeau. Un moment de répit, un interlude. Il venait de faire une rencontre, quelqu’un qui n’était pas biaisé par une connaissance approximative de lui. On ne pouvait pas dire cela pour tout le monde. Rain était bien le seul qui l’avait immédiatement accepté comme un ami, alors qu’il n’était qu’un chiot abandonné. C’était plutôt triste à remarquer. Le jeune homme avait des difficultés avec les gens en général. Seul son chien le comprenait, jusqu’à lui tenir chaud au cœur et lui donner une raison de rentrer le soir.

Récupérant son téléphone, Eddy hocha la tête à sa remarque, le faisant immédiatement. Il écrivit un message banal, relevant du très simplissime « c’est Eddy » qu’il gérait à peu près. Parfois, il avait peur d’écrire à quelqu’un, ne serait-ce qu’un message pour les études. Shinji ne se recevait que des messages timides, presque en morse parfois. Eddy n’aimait pas particulièrement son téléphone (et ce dernier le lui rendait bien), alors si Matthew voulait commencer une relation textuelle, il allait devoir être patient et altruiste envers lui. Ou en tout cas, ne pas s’attendre à des réponses dans la seconde ou la minute. Même l’heure… Parfois il lisait, se disait qu’il devait répondre, et oubliait aussitôt. Un professionnel du « vu ». Lorsque son chien revint vers lui pour jouer au lancer de bâton, il se prêta à la manœuvre. Sans grand étonnement, Will suivit le mouvement, ce qui, tout comme pour Matthew, arracha un rire à Eddy. Les chiens étaient bourrés d’une naïveté si enfantine, qu’ils en devenaient des êtres purs. Après tout, les chiens sont les seuls qui aiment plus leur maître qu’eux-mêmes.

« Oui, ils le sont ! Le voir courir avec un ami comme ça, ça me fait du bien… »

De le voir gambader et se dégourdir les jambes, en cette journée, lui donnait presque l’impression de vivre une vie… normale. Même s’il ne se voilait la face que pour quelques minutes. Matthew, en plus, lui était agréable et même, il rajoutait encore plus à la tendresse du moment. Une rencontre fructueuse, comme on disait. Peut-être allaient-ils réellement devenir amis ? Ou tout simplement vieux contact dans leur réseau ? Ce serait dommage. Car Eddy avait cru percevoir en lui ce qui manquait dans sa propre personne : un cœur palpitant de couleur généreuse. Le Snow voyait son monde en gris, ne percevant plus le mal ou le bien, un flou, des gens toujours plus pervers et narcissiques, qui l’enfermaient dans un dégoût terrible. Alors que Matthew n’avait rien de tout cela. Il était clair, presque fluorescent dans tout le reste. Cela lui changeait et le rassurait. Lui donnait l’impression que peut-être, tout n’était pas aussi terrible et que la chance avait réellement décidé de venir déposer sa bonne étoile sur sa tête. La question soudaine du plus grand le sortie de ses pensées, alors qu’il détournait les yeux pour voir Will et Rain se courser à la suite du bâton de bois.

« Hum… Il va avoir trois ans dans quelques jours, répondit-il alors. Lorsque je l’ai trouvé, il était si petit… (Avec ses mains, il montra à peu près la taille.) … il a grandit beaucoup trop vite… »

Maintenant, c’était un souvenir agréable. La panique lorsqu’il avait dû apprendre à s’occuper d’un animal alors qu’il sortait à peine de l’école et qu’il commençait tout juste à vivre seul. Mais il s’en était plutôt bien sorti. Il aimait Rain de tout son cœur, et lui avait offert tout ce qu’il pouvait. Entre son chien et son violon, l’amour d’Eddy ne laissait pas beaucoup de place aux autres. Même s’il essayait, bien sûr. Parce qu’il fallait de la sociabilité. Enfin… C’est ce qu’on lui avait dit en tout cas. Alors que le duo infernal revenait vers eux, Eddy jeta un coup d’œil à Matthew, prêt à récupérer le bâtonnet avant lui. Ce qu’il réussit, tout fier, comme s’il s’était lancé un jeu à lui tout seul. Il relança alors l’objet, aussi fort qu’il put, pour voir les deux nouveaux meilleurs amis se mettre à se bousculer pour le récupérer.

« Rain est encore jeune… Et Will ? Il semble ne jamais être à court d’énergie. » remarqua-t-il en le suivant des yeux.

Les deux toutous s’amusaient, les deux maîtres discutaient et l’après-midi se transformait calmement pour arriver au soir. Il y avait encore quelques heures avant que le soleil ne se couche. Ils avaient encore du temps pour se connaître. Et même, pour s’apprivoiser.

Peut être que vous étiez ces deux vilains canards qui erraient et rencontraient un semblables. Peut être que vos deux personnes se ressemblaient plus qu'on n'aurait jamais pu le dire. Peut être que c'était simple de dire que tout le monde était différent, mais plus compliqué de voir les similarités. Et pourtant elles étaient là. Rejeté par les autres tantôt pour une origine que tu ne contrôlais pas, tantôt pour une intelligence que tu n'avais pas demandé qui te donnait cette capacité presque inutile à trop réfléchir et ne pas comprendre cet affect dont tout le monde parlait. Oui tu étais ce gars hautain et froid que tout le monde regardaient avec une grimace. pourtant tu n'avais jamais voulu faire de mal à une seule personne. Ironiquement tu étais celui qui avait fait le moins de mal dans ta vie. Tu n'avais pas cherché à rabaisser quiconque, à rejeter ceux qui venaient près de toi. Mais tu passais pour le méchant, pour ce cliché intéressant qui disait que l'intelligence vous élevait, elle vous rendait incroyablement individualiste. Tu trouvais qu'elle ne rendait que seul.

Lentement tu lui souriais en lui rendant son téléphone regardant le tien lorsqu'il sonna. Simple efficace, cet échange fut court mais tu étais content. Toi qui n'arrivait pas à parler aux gens tu te retrouvaient avec de bonnes rencontres, sauvant son numéro immédiatement. Tu le remercias d'avoir partagé son numéro rangeant alors l'object technologique dans ta poche. Ton regard se concentra de nouveau sur les boules de poils et de muscles qui s'amusaient d'un simple bâton. Le rire de ton acolyte du jour retentit en même temps que le tien te laissant une douce impression d'être dans une bulle particulière. Plus aucun de faux semblant, simplement vous, et les chiens. Qui avait besoin de jouer la comédie face à ces êtres ?

" Les animaux sont appréciés car ils sont innocents. On a l'impression qu'ils ne vivent que pour nous, surtout les chiens. Ils sont pures, et même si on leur fait du mal ils continuent de revenir. C'est comme un enfant qui ne grandit jamais. Alors les voir s'épanouir c'est souvent une source de bonheur. Mais je pense qu'on peut dire beaucoup d'un humain en le voyant se comporter avec eux. Ils n'ont pas de paroles, pas de moyen de réellement se défendre. Les plus protecteurs seront donc des gens doux.. généralement blessés, des gens perdus. Les plus fermes, et insensible, des gens peu digne de confiance par leur froideur. L'innocence révèle beaucoup de choses sur les gens non?  "

Avais tu dis tout ça tout fort ? Tandis que ton regard était tourné vers lui tu ouvris grand les yeux gêné. "  Désolé. " que tu ajoutas simplement en pinçant tes lèvres. Tu le savais, une fois parti dans un sujet qui t'intéressait on pouvait te perdre, mais à ce point, c'était grave. La main devant tes lèvres tu tentais de te taire et faire taire toutes ces pensées qui te traversaient laissant ton ami du jour avec les siennes. Tout ça pour changer de sujet et oublier cette erreur que tu avais faite. Tu étais bien trop simple. Si tout le monde pensait en complexité , en mélangeant toutes les couleurs de leur palette, tu prenais chacune séparément pour rester le plus vrai.

"  Oh oui ça grandi vite ces petites bêtes. Huit mois environ pour leur taille adulte. En tout cas il est jeune , il a besoin de jouer avec des amis ! "

Voilà pourquoi Will était un bon partenaire. Et qu'il ne fallait pas que Eddy manque ce rendez vous qui te rendait excité. Le rire qui t'échappait était un bon indicateur alors que vous jouiez au même jeu que vos chiens. Qui aurait le bâton en premier ? Qui allait devoir user toute sa force pour au moins les faire courir un minimum ?
"  Oui il ne s'arrête jamais au parc c'est parce qu'il est très calme à la maison. Je l'emmène au bureau alors... il reste calme toute la journée. Il a deux ans. Encore plus fou fou "

Voyant le soleil décliner durant votre conversation, durant ces exercices qui épuisaient de plus en plus les deux chiens tu te tournas vers le jeune homme dans un élan qui te ressemblait peu.

" Si tu as le temps on peut manger ensemble. Je connais un petit restaurant qui permet de manger en extérieur avec les chiens !  "

Tu pointais du doigt un chemin un peu flou mais tu te comprenais et ça c'était le principal.

L’écoute était un atout incroyable. Surtout lorsqu’il s’agissait d’une tirade pleine de sens que pour ceux qui le vivent. Or, tout ce que dit Matthew, Eddy le comprit. Rain avait été le premier à lui faire confiance, à ne pas le traiter comme un objet ou un enfant, mais plutôt comme un réel être humain. Ironique lorsqu’on savait qu’il n’était qu’un chien. Enfin non. Pas « qu’un chien ». Il était « son chien ». Il hocha la tête, se perdant dans ses songes. Innocence, naïveté, douceur, tendresse. Le Snow avait été la première victime de toutes ses qualités. Mais pourtant, il n’en restait pas moins particulièrement enfantin par rapport aux autres. Quand il n’adossait pas son rôle de la nuit, il était calme et souriant, légèrement mélancolique, mais qui ne l’était pas un peu dans le fond ?

« Ne soit pas désolé, répondit-il, les yeux légèrement dans le vague. Je comprends. J’aime me dire que s’il y a bien un individu sur cette Terre qui ne me mentira jamais, c’est mon chien. Les humains, eux… me dépriment un peu plus chaque jour. »

Et il s’incluait dans le lot. Parce qu’il faisait partie de cette chaîne sans fin. Il était celui avec qui les hommes mariés s’amusaient, il était celui contre lequel on oubliait les tracas de la vie. Si Matthew savait, il ne réagirait peut-être pas de la même manière. Comment le traiterait-il ? Mais il n’avait pas besoin de le découvrir. Il ne devait se baser que sur la tendresse avec laquelle Eddy traitait Rain. Ce gros toutou qui courait comme un fou, se salissant plus qu’il ne se dépensait. Au moins, il s’amusait. Ce que venait de dire Matthew le fit réfléchir. Si réellement les gens ne se basaient plus sur l’aspect superficiel d’un travail ou d’une situation financière, quel serait le nouveau facteur de distinction sociale ? Car, il y en aura toujours un. Toujours. Le cerveau de l’être humain est fait pour stigmatiser et mettre dans des cases. Ou alors, était-ce la société qui l’avait poussé à être ainsi ? Effrayé de l’inconnu, refusant l’imprévisible. Eddy était tout cela. Inconnu, imprévisible. Il n’aimait pas tourner en rond dans la cage en forme de boîte qu’on lui avait inculqué depuis le début de son existence. Il voulait sortir de là et vivre pleinement ses rêves. Mais la route était plus difficile qu’il ne le pensait. Un futur, il en voulait un. Mais il n’était même pas sûr d’avoir les épaules pour le supporter.

A la remarque de Matthew, Eddy hocha vivement la tête, les yeux en formes de cœur en repensant à ce petit chiot de quelques jours qu’il avait trouvé un jour de pluie. Et maintenant, il resplendissait. Passer d’un bébé apeuré et trempé à un magnifique chien robuste et propre qui courait avec un nouvel ami. Que demander de plus ? Deux ans donc… Ils avaient presque le même âge, fascinant ! S’ils pouvaient encore se voir – ce qui semblait se profiler aux vus des échanges de numéros – ce serait une belle aubaine pour les deux. Rain aussi était calme. Mais, comme tout le monde, un peu de jeu et d’amusement, était toujours bon à prendre.

« Rain reste la plupart du temps seul à mon appartement vu que je ne peux pas l’emmener à la fac, avoua Eddy. Mais il ne m’en tient pas rigueur. C’est pour ça qu’on sort beaucoup tous les deux. Donc, je serais surement dehors si tu me cherches ! »

Matthew proposa un repas alors que les deux chiens revenaient, Rain allant s’asseoir non loin de son maître, attendant caresses et autres flatteries pour avoir était un gentil garçon. Aussitôt, Eddy obtempéra, s’accroupissant pour gâter la fourrure de son compagnon préféré. Rain raffolait de l’attention que lui portait le musicien, tellement qu’il se collait à lui lorsque ce dernier travaillait sur son lit, montant dessus et de s’allongeant autour de lui. Et lorsqu’Eddy jouait, il écoutait respectueusement, comme un réel spectateur qui lui donnait de réelles indications de musical. Ce qui amusait le Snow en tout point.

« Pourquoi pas ! répondit-il tout en continuant de câliner son chien, se retournant juste pour observer l’autre. Je te suis ! »

Il était heureux. Réellement heureux. Comme si la simple présence de quelqu’un qui comprenait le fait d’être inclus et rejeter en même temps le libérait d’un point immense. Laissant Rain libre le temps qu’ils étaient dans le parc, il suivit Matthew, rappelant son chien lorsqu’il s’éloignait un peu ou effrayer les autres de son espèce d’un plus petit gabaries. Il était massif et prenait de la place. Mais ne ferait jamais de mal à une mouche. Preuve ultime, il répondait à chaque appel de son maître, revenant immédiatement près de lui. Une confiance un peu sortie de nulle part mais qui les comblaient tous les deux. Ses gardes n’étaient pas complètement baisser face à la proposition de Matthew (au moindre truc suspect, il courait dans le sens opposé sans poser plus de questions), mais il le suivait quand même. Peut-être était leurs similitudes qui lui faisaient prendre confiance et lui donner l’impression qu’il pouvait être quelqu’un de bien pour une fois.

Tu avais laissé les mots sortir sans qu'ils ne puissent réellement finir. C'était comme déversé sa colère, sa tristesse tout en gardant son sang froid. Ce n'était pas si compliqué de comprendre les autres, beaucoup d'égoïsme, beaucoup de négatif finalement, c'était ce que tu avais appris. Appris à force de les regarder, les observer, ces gens qui t'avaient pointé du doigt, laissé de côté. Mais lorsque tu regardais ces animaux, peu importe lesquels tu y voyais l'honnêteté que tu aimais, tu y voyais la tendresse que tu cherchais, ces esprits sans arrières pensées. Ton regard c'était posé sur Will et tu avais compris qu'il serait ton meilleur allié. La preuve il ne te quittait jamais et tu ne le quitterais jamais aussi.

" C'est vrai que les humains sont désespérants, mais il reste encore quelques bonnes personnes. Sinon ce serait tout simplement invivable. Il faut juste les trouver, c'est un peu plus compliqué .. mais ça arrive.  " Riant doucement tu te remémorais ces gens que tu appréciais, qui venaient et que tu trouvais fort sympathiques. C'était une grande première pour toi d'apprécier autant de gens. Tu découvrais des gens bons, mais des gens un peu perdus dans une société qui les pointait du doigt. C'"était presque décevant de voir que ton cas n'était pas isolé, que l'avis des autres brisait tout autant de personne, triste de devoir avoué qu'on faisait notre vie en fonction de ce que les autres penseraient. Mais les sentiers in-empruntés, ceux rejetés étaient des plus beaux une fois à l'arrivé.

Ca t'avait mis du temps de comprendre que dire les choses n'étaient pas bon. Que de venir ailleurs pouvait avoir des désavantages, d'être différent n'était pas un atout pour la société. Et pourtant aujourd'hui, avec tous ces facteurs "handicapant " dans ta vie sociale tu menais une vie que tu aimais. Certes elle n'était pas partagé avec une autre personne, pas pour le moment, mais est ce que cela était si important pour détruire complètement ton rêve? Non. Tu comprenais cependant que les autres étaient une bonne influence parfois, te laissant l'occasion de goûter à la vie plus commune et sociale. Les rires se mêlant aux conversations plus basiques.

Les deux boules de poils jouant vous parliez de ce temps révolu où les deux devaient ressemblé à des petits êtres sans défense, maintenant ils faisaient peur au voisinage rien qu'avec un son. Will était le parfait exemple. Tout le monde le trouvait beau, tout le monde voulait un bébé Will,mais peu s'en approchait et avait réellement el courage de jouer avec lui. Parce qu'il faisait peur, parce qu'il était grand , puissant. Parce que les autres adoraient avoir le contrôle et qu'il semblait demander plus de fermeté. Mais jamais tu n'avais démontré la force avec Will. Il comprenait votre place à chacun et l'importance de tes mots par le ton que tu employais. Tout comme devinais ses regards ou ses couinements dès que c'était possible.

"Oh alors tu es à la fac ? Tu étudies quoi ? D'accord alors je viendrais ici pour venir te chercher  " Riant doucement ça ne te dérangeait pas. On pouvait voir l'adaptabilité des chiens rien qu'avec ces informations. Chacun avait besoin de se dépenser, mais choisissait de rester calme et sage.

Lorsque Will revint il renifla quelque peu son compagnon qui semblait avoir perdu l'intérêt pour lui , lui permettant de revenir à tes côtés et s'allonger comme la patate qu'il était. Tu aimais bien le voir comme un tapis qui aimait se rouler à peu près partout où il le pouvait. Et sous les caresses du jeune homme à son chien Will émit un son de jalousie, cherchant alors ton attention que tu lui donnas quelques secondes plus tard embrassant sa truffe sans aucune gêne. Après ces démonstrations d'affection tu te tournais vers les deux te relevant également.

" Parfait allons y alors.  " Tu ouvris la marche content de pouvoir continuer cet échange en ne perdant aucun temps et profitant pour manger. Une sortie une fois de plus, quelque chose de récent mais d'agréable.

Sortant du parc tu demandais à Will de rester contre tes jambes ne s'éloignant alors jamais laissant les deux autres vous suivre. TU ne lui mettais que rarement la laisse mais si besoin tu la tenais toujours en main. Tu ne pouvais nier que Will était curieux, parfois têtu mais il savait que les limites ne devaient pas être dépassée, et avoir la laisse était une punition qui le faisait bouder bien souvent. Heureusement il ne s'éloignait réellement jamais, même une fois près du restaurant. Saluant le serveur tu demandas alors une table en extérieur pour avoir les deux chiens. Le regard peu rassuré te laissa un goût entre l'amusement et la lassitude. Attachant alors Will a sa laisse tu montrais au serveur votre sérieux pour ensuite vous installer. Bien sûr la tête de mule que tu avais s'allongeait comme si la fin de sa vie s'était approchée.

"Arrête Will... tu abuses. C'est juste au restaurant.  " Quelques tapes affectives contre son ventre entre deux gratouilles et tu regardais la carte. " J'espère que ça te va. En fait je l'ai découvert il y a peu et ils ont accepté Will alors .. je reviens de temps en temps.  "

Une nouvelle fois, il était d’accord avec lui. Il existait des êtres humains sur cette Terre qui rendait la vie beaucoup plus agréable. Que ce soit par de petites attentions ou de grandes impressions, elles ne donnaient pas totalement envie de lâcher l’affaire. Sauf que de toute sa vie, Eddy avait plus souvent été confronté à des gens qui lui voulaient du mal ou qui n’en avaient tout simplement rien à faire de lui. Sa vision était donc devenue beaucoup plus sombre. Peut-être même qu’elle l’avait toujours été. Surtout lorsqu’il avait cru en l’amour pour la première fois et qu’on lui avait brusquement retiré tout espoir. Tout avait volé en éclat si rapidement, qu’il avait dû mal à trouver se trouver de bonnes raisons de ne pas voir les choses aussi obscures. Rain était sa principale source de bonheur actuellement, avec la musique. Ce n’était pas grand-chose, mais juste assez pour qu’il ne se foute pas une balle dans la tête.

« Je fais de la musique, répondit-il. Du violon, plus précisément. »

Pour la musique, il avait autant souffert qu’adoré la vie. Il avait pris un premier souffle en découvrant l’instrument, avant de se noyer lorsqu’on lui cassa, pour finalement ressortir la tête de l’eau en s’en rachetant un par ses propres moyens et en rentrant au conservatoire. Il avait réussi à avoir une bourse pour sa première année, et avait rentré des personnes incroyables dans sa promotion. Particulièrement Shinji, devenant son partenaire favori de duo. Enfin, bref. Shinji faisait parti des gens qu’il considérait comme un nouveau rayon de soleil dans sa vie. C’était un moyen de souffler un peu comme on dit. Même s’il avait toujours la légère peur qu’il lui fasse du mal finalement. C’était comme un mécanisme de défense. S’il finissait par souffrir, il ne pourra que s’en vouloir à lui-même pour s’être attaché.

Après avoir salué et félicité Rain une fois revenu vers lui, il se redressa en suivant Matthew. Ne retenant pas Rain lorsque ce dernier se baladait dans le parc, il finit tout de même par lui remettre sa laisse autour du cou, lui laissant tout de même assez de matière pour ne pas l’étrangler. Le truc, avec ce chien, c’était qu’il pouvait très bien l’entraîner à tout moment, sans qu’Eddy ne puisse le retenir. Mais Rain était un amour et il préférait rester collé à Eddy que d’aller s’enfuir après n’importe quelle voiture. Seulement, il ne pouvait pas le laisser sans laisse à l’extérieur d’un parc. Car il savait qu’au moindre problème, Rain attaquait tous ceux qui menaçaient de prêt ou de loin son maître. C’était pour protéger les autres mais aussi son chien. Il ne supporterait pas que le moindre individu daigne, ne serait-ce, que s’approcher de l’animal, dans l’intention de lui faire du mal. C’était une relation qui allait dans les deux sens. Et qui nécessitait de la précaution. Lorsqu’Eddy promenait Rain très tôt le matin, il ne se mettait pas autant de pression. Car il n’y avait personne dans ces moments-là. Au plus grand plaisir du toutou.

Une fois arrivé au restaurant, le regard du serveur fit légèrement tiquer Eddy, mais il ne dit rien, laissant Matthew montrer qu’ils étaient des êtres responsables et bien pensant. Rejoignant une table, Eddy s’assit en soupirant légèrement, ravi d’enfin se posé. Il était fatigué et rester debout longtemps pouvait devenir compliqué pour lui par moment. Rain posa immédiatement sa tête sur la cuisse d’Eddy, attendant déjà la nourriture lorsque toutes les odeurs du restaurant excitaient ses papilles. Avec affection, le jeune homme lui caressa la tête, lui promettant implicitement de lui donner deux ou trois petits bouts. Ce n’était pas forcément très healthy pour Rain, mais une fois de temps en temps, ce n’était pas ce qui allait le tuer. Observant Matthew et Will par-dessus la carte du menu, il sourit en voyant leur complicité et le jeu d’acteur du chien. Ils étaient vraiment mignons tous les deux. C’était relaxant à voir, ce genre de relation inter-espèce.

« Oh, ça me va ! dit-il doucement, en lisant les propositions. A vrai dire, ça me fait un peu bizarre de manger comme ça avec quelqu’un que je viens de rencontrer... Mais c’est sympathique. »

La tête de Rain se retira de sa cuisse, alors qu’il s’allongeait, le museau redressé pour observer autour d’eux avec curiosité. Pendant ce temps-là, Eddy choisit une boisson et un plat, pas trop cher, qui lui plaisait bien. Lorsque le serveur vint prendre leur commande, il choisit, et laissa Matthew faire de même. La journée était agréable et la situation, quoi que nouvelle, rendait le tout un peu plus léger. Eddy sirota l’eau qu’on leur avait apportée, Rain en proie à l’inspection du dessous de table avec des reniflements. Tout était nouveau et une découverte. Chaque fois qu’il sortait était le départ de quelque chose qu’il ne connaissait pas. Que ce soit en allant en cours, ou alors pour rencontrer des personnalités. Aujourd’hui, il avait rencontré Matthew. Une bonne journée en somme. Même si elle n’était pas finie.

Les autres étaient doués pour briser les espoirs, brisés les gens mais tu étais là pour rappeler à quelques âmes perdues que tout n'était pas is noir. Quand toi même tu voyais ce monde extérieur flou et sombre tu avais appris à connaître de nouvelles personnes, toujours aussi gentilles. Tu en étais étonné d'être à ta troisième rencontre, et de voir que les gens étaient bons, certains. Même si tu ne pouvais pas parler de toute le monde, il était bon de voir et d'entendre que tout n'était pas perdu n'est ce pas ?

" Oh c'est vrai ? Wahhh trop bien !!! Tu étudies la musique donc.. et .. heu.. comment ça se passe après ?  " En fait quels étaient le métier d'un violoniste ? Enfin, il faisait des représentation? Il était engagé par des boîtes ? T'en savais sacrément rien.

Mais curieux tu l'étais prêt à poser une tonne de questions tu te ravisas préférant le laisser tranquillement finir de répondre. Mais dans ta tête le bonhomme courait à cent à l'heure tentant de comprendre tout le processus qu'il avait fait pour se retrouver à mouver ses bras dans un flux poétique où le son transportait chacun. D'ailleurs, comment étaient faites vos musiques à vous ? Pourquoi le travail te revenait en tête ? Tu ne semblais pas avoir tout en main à ce moment et cela te fit légèrement stressé. Toi qui aimait tout contrôler de A à Z. Comprendre chaque processus afin de le vérifier tu te rendais compte de quelques zones d'ombres où tu pouvais t'améliorer au lieu de trainer à l'appartement à développer dix milles idées en même temps. C'était ça grandir ? C'était ça dont parlait ton meilleur ami quand il te parlait de maturité dans ton travail?

Votre approche avec les chiens étaient à la fois similaire et différente. Le parc était une sorte de terrain de jeu qui vous permettait d'être libres, ou presque, tu gardais toujours un oeil vigilant sur Will, qui n'hésitait pas à voler les jouets d'autres chiens ou des enfants. Tu avais eu quelques problèmes au début de son éducation, mais maintenant il écoutait plus. S'il suivait tes ordres sans trop se rebeller c'était parce qu'ils étaient rares et justifiés. Toutefois avoir la laisse apportait plus de confort au maître et surtout une sécurité que tu ne te sentais pas toujours dans l'obligation d'avoir. Toutefois dans l'endroit où tu allais tu savais très bien que tu allais devoir lui mettre cet objet de torture. C'était un bien grand mot mais Will adorait jouer la comédie lorsque tu voulais lui mettre en pleurant comme un acteur de très mauvaise qualité. Ca te faisait toujours doucement rire.

Bien sûr ce n'était pas au goût de tous mais tu avais pris l'habitude d'ignorer les regards curieux ou désapprobateur. Ce n'était pas leur vie, alors tu ne leur devais rien, et si Will se montrait si théatrale tu avais bien appris que la race le voulait. Un vrai plaisir d'avoir un Husky n'est ce pas ? C'était intéressant de l'autre côté de voir la douceur des deux ensemble. Et ton sourire restait bien ancré sur ta peau, le meilleur ami de l'homme était bien un chien, un affectueux, vif et doux. Riant doucement tu secoues doucement la main en te rapprochant un peu.

" C'est la première fois que je fais ça. La première j'ai juste pris un café. En fait.. je suis quelqu'un qui n'a pas beaucoup d'amis, mais depuis quelques temps je rencontre des gens sympathiques alors...je pense qu'on ne doit pas s'arrêter à quelques chose qui s'appelle temps. Et puis après tous ces efforts ça creuse.  " Lançais tu en tapotant ton propre ventre. Will te regardant avec amour et pitié en même temps. " Oui tu vas avoir quelque chose.  "

Commandant à ton tour tu t'installais un peu plus confortablement en regardant autour de vous Will s'amusant à se rapprocher de son nouvel ami du jour. Tu espérais vraiment revoir les deux. Cette journée était belle, remplie de rebondissement et de repos, quoi de mieux pour repartir du bon pied ? Sirotant ton coca tu profitas du calme pour parler plus tranquillement à cette connaissance intéressante.

" Du coup tu aimes la musique et tu joues du violon. C'est trop bien ! JE trouve ça vraiment impressionnant. Ca doit te prendre beaucoup de temps non ?  "

Rain devait donc rester seul ? A moins qu'il vivait toujours chez ses parents, là il était plus facile de garder son chien. Tu te souvenais quand tu avais pris ton indépendance, et que tu avais voulu des animaux, tu ne voulais pas les laisser trop longtemps seul. Alors tu emmenais Will partout.

Répondre à ce genre de questions ne le dérangeait pas. Il aimait ses études, son instrument et la musique en général. Sans elle, sa vie n’aurait plus eu de sens depuis longtemps. Loin de lui l’idée du simple adolescent accroché à son groupe de musique préféré ou d’une chanson qui faisait résonner certains sentiments en eux. Si Eddy n’avait pas découvert le violon à un si jeune âge, il n’en mènerait pas large aujourd’hui. Sans doute n’aurait-il jamais trouvé sa voix en réalité. Il aurait traîné là où ne faut pas. Souriant en le regardant devenir aussi surpris par cette révélation, c’est presque avec la même candeur, qu’il lui répondit :

« Après être diplômé, on a plusieurs possibilités. On peut rejoindre les professeurs du conservatoire, on peut auditionner pour rentrer dans un orchestre, national par exemple, ou alors créer son propre groupe. (Se mordillant alors la lèvre, il hésita avant de dire son propre rêve.) J’aimerais bien rentrer dans un orchestre d’opéra en fait. Je trouve que c’est beaucoup plus… magique. »

Seulement, il ne fallait pas avoir peur de la compétition pour cela. Les places étaient difficiles à dégoter en musique, surtout pour les violonistes et les pianistes, instruments les plus convoités et joués. Dans la division d’un orchestre, il y avait une hiérarchie stricte. Le chef d’orchestre avait le pouvoir, les premiers violons étaient les meilleurs, les seconds violons en soutient et les troisièmes violons en renforts. Et ainsi pour tous les instruments. Le piano, quand à lui, avait une place bien plus particulière, étant souvent le seul et l’unique. Et puis, il y avait des grands matadors de la musique : les solistes. Celles et ceux que l’on idolâtre et regarde avec des étoiles dans les yeux à chaque fois qu’ils ou elles montent sur scène pour jouer leurs fabuleuses mélodies. Eddy avait rêvé et imaginé dix milles fois qu’il finissait à cette place. Seulement, il sentait étrangement, que cela ne lui allait pas totalement. Il aimait l’opéra. Et les salles pleines de gens prêt à écouter et regarder une histoire. Comme des conteurs des temps modernes retraçant dans une langue indéchiffrable, les rires et les pleures d’une diva amoureuse ou d’un baryton renié. Evidemment, il n’allait pas chipoté non plus. Il ira là où on veut bien de lui. Rien n’était joué et il pouvait très bien finir sans le sous après ses études. Le monde de la musique est cruel à sa manière.

Petite balade dans les pattes, ils se retrouvèrent enfin à la terrasse du restaurant que Matthew voulait lui montrer. Eddy observa Will qui tentait une approche de Rain. Son chien avait déjà accepté l’autre, étant passé par-dessus la première approche brutalement adorable de l’husky. Dur de ce dire que ce grand chien qu’était Rain pouvait se montrer timide face aux autres. Ce minuscule être frigorifié qu’Eddy avait récupéré par amour pour ses grands yeux ouverts sur l’univers. Maintenant, il était vigoureux. Une réussite du jeune artiste, qui, malgré quelques difficultés, avait réussi à lui transmettre son affection. Son attention revint alors sur Matthew, qui s’était rapproché de lui, arrachant un nouveau sourire à Eddy alors qu’il lui expliquait la situation. Hé bien, ils étaient deux. Rencontres des gens merveilleux, après avoir passé autant de temps dans une latence sombre et fatigante de pénibles personnalités. On aurait presque dit qu’ils vivaient en miroir l’un de l’autre. Le Snow, croisa les bras sur la table, se penchant à son tour en le regardant dans les yeux.

« C’est un honneur d’être ton premier repas ici alors, dit-il en toute sincérité. On est deux alors… J’ai toujours été plutôt seul dans ma vie, mais étrangement, cela commence à changer. »

Ses yeux se posèrent alors sur Will qui suppliait du regard son maître pour recevoir un petit cadeau tombé de l’assiette. Il aimait leur dynamique. Il avait l’impression de se trouver devant deux meilleurs amis, qui vivait ensemble, connaissant tous leurs travers et leurs qualités. Attendant de recevoir leurs plats, il détacha légèrement la sangle de Rain, pour la poser sur le sol, lui permettant de s’allonger autant qu’il le voulait. Théoriquement, il était toujours relié à sa laisse. Mais bon… Personne ne verra la différence. A part peut-être son partenaire de table. A voir s’il voulait en garder le secret, évidemment.

« Merci, sourit Eddy en se redressant. Plutôt oui… Principalement parce qu’il faut toujours répéter et recommencer et recommencer et recommencer. Heureusement, ce gentil toutou aime bien la musique classique. » qu’il rajouta en tapotant légèrement le flan de Rain.

Avec calme, il finit son verre d’eau, soupirant légèrement en le reposant sur la table. Il n’était pas fan des boissons à bulles ou des jus trop sucrés. Peut-être avait-il trop l’habitude des cafés en poudre pour réellement apprécier les goûts délicats des sodas. Il se contentera d’eau fraiche et de soleil pour le moment. La meilleure combinaison pour faire pousser une plante. Secouant la main, il voulu coupé court à la discussion à son sujet. Il ne voulait pas déborder sur un territoire dangereux.

« Et toi ? Qu’est-ce que tu aimes dans la vie ? A part cette adorable peluche… » qu’il rigola en regardant Will.

Assez parler de lui, il voulait en apprendre un peu plus sur Matthew. La musique était certes passionnante et il pouvait en parler pendant des heures. Mais ce n’était pas le but d’une rencontre. Quitte à se couper la parole, il voulait aussi en découvrir un peu plus sur ce jeune homme qui vivait presque le même bouleversement de relations sociales que lui. Il ne devait pas avoir la même histoire que lui, ni le même point de vue. Alors, cela n’en était que plus intéressant.

L'univers de la musique était vaste et tellement connu dans son méconnu que c'était une réelle interrogation. On faisait quoi avec un diplôme de musique en poche ? On faisait quoi dans sa vie pour gagner et vivre de la musique ? comment ça se passait ? Chance, talent et travail se mêlaient pour créer une carrière. Mais tu te doutais qu'une voie plus scolaire existe, incapable pourtant de l'imaginer, sans dire d'innombrables bêtises. Tu apprenais donc avec Eddy qui était en plein dedans, qui avait surement un rêve plein la tête. Se renseigner était donc normal, bien que tu prenais quelques couleurs rosées de ne rien connaître en la matière. Et tu découvrais les différentes façon de percer dans la musique, plus nombreuses que tu ne l'aurais imaginé, surement qu'il ne te disait pas tout en plus. Ce qu'il voulait faire lui faisait pétiller tes yeux.

"Oh oui ! c'est fou ! Déjà rien qu'un groupe c'est super prenant alors un orchestre d'opéra.. waaww. On a travaillé avec quelques orchestres pour les musiques de jeu. Ca arrive de temps en temps mais en vrai Ouuh ça doit être encore plus impressionnant !  "

Tu imaginais la scène, les différents instruments se réunissant pour former une voix. Ca te faisait des frissons rien que d'y penser. La musique, c'était magique. Mais dans ce monde de douceur tu savais que d'en vivre était d'une dureté sans égal. Bien souvent l'étudier demandait déjà une aisance financière empêchant beaucoup de progresser. C'était éliminatoire, mettant à genoux beaucoup trop de personnes qui en avaient l'envie et le talent, mais pas l'argent. Tu trouvais ce monde impitoyable et pourtant si représentatif de votre société. Toi qui avait le sous tu voyais les yeux pétillés pour une faveur de ta part, pensant que tu pouvais sauver la veuve et l'orphelin, ou plutôt l'avide et le matérialiste. Une vie de strass et d'argent n'était pas celle que tu conseillais. Cependant tu ne te plaignais pas préférant cacher toute la vérité.

Qui avait besoin d'étaler sa situation financière quand on rencontrait quelqu'un pour la première fois ? Personne. Sauf ceux qui voulaient bien se faire voir, une arnaque à tes yeux habitué au paraître et souvent déçu de ces personnes. Préférant alors miser sur les amis des bêtes comme Eddy, et son adorable compagnon qui te faisait sourire. Il était fortement apprécié d'une autre boule de poil qui tentait des rapprochements concluant se faisant enfin un ami à sa taille. Pour te ravir et sûrement combler également le coeur du propriétaire de Rain. Trouvant encore des points communs vous ne vous arrêtiez plus sûrement d'une timidité semblable mais une envie de s'ouvrir similaire ? Tu riais doucement à l'aveu de ton voisin de table.

"Il faut croire que les temps changent. personnellement je trouve que le travail aide et enfonce en même temps. Les collègues c'est dur de communiquer avec eux .. mais on a plus autant de gamins prêts à taper sur la tête de l'autre.  "

L'école c'était effrayant. Cette compétition sortie de nul part, cette envie de rabaisser l'autre sans pour autant comprendre pourquoi. Devoir plaire, rentrer dans le moule. Il y avait tant de critères à remplir, tant de regards qui observaient , de bouches qui parlaient derrière le dos. L'école t'effrayait, et tu trouvais ta paix entre la nature et ton bureau. Ta vie se trouvait dans ce parc à veiller sur des êtres qui ne jugeaient pas, des êtres qui te regardaient avec amour, par pure bonté, ou parce que la nourriture était importante, tu ne lui en voulais pas riant même à son comportement presque boudeur de l'attente. Contrairement à Rain qui profitait de ce moment pour s'allonger sagement. Enfin un animal calme et attentif. C'était rare. et tu narguais presque ton chien de ne pas être si sage, boudant bien plus souvent qu'il n'y paraissait.

"Oh oui... répéter.. répéter, tu n'as pas mal au doigts et à la nuque ?  " Vu la position ça ne t'étonnerait pas. "  Ahh tant mieux, je pense que ça l'apaise non ? " Ajoutais tu en riant.

Les chiens étaient sensibles à beaucoup de sons mais Will se calmait assez souvent en présence d'une musique apaisante, type classique. Peut être étais tu un chien vu tes réactions. Sauf que tu préférais le sucré que l'eau plate comme ton homologue bien plus sérieux. Tu devais avoir un sang sucré comme un bonbon avec tous ces jus, et pourtant ton corps ne montrait aucun signe de cette mauvaise habitude. Pour le moment. Te redressant rapidement tu ne pouvais que remarquer se revirement sur ta propre situation. Tu ne parlais pas de toi avec facilité préférant parler des autres pour éviter de mettre ta profession à nue, surtout ton statut, bien mauvais menteur, c'était à ce moment que bien souvent tu te faisais avoir. Pourtant il était impoli de ne pas répondre sortant alors une carte avec ton numéro et ton nom, ta société, même si ta place n'était pas indiquée. Préférence personnelle.

" J'aime les jeux vidéos. Je travaille dans l'industrie d'ailleurs, je ne sais pas si tu joues mais en tout cas si tu veux tester de bons jeux, on en produit des très bons;  "

Sans te vanter, juste pour rire doucement et détendre une atmosphère déjà bien amicale. " J'adore ça les jeux, c'est très enfantin hein mais je trouve ça fascinant, la musique fait partie intégrante de l'univers alors .. je comprends totalement ton point de vue.  "

Tu avais le même sens du détail, cette même envie de sortir de l'ombre dans un autre domaine. Chacun avait son domaine de prédilection et le tien était rarement associé dans les grands noms de la société. Mais ça t'allait, rester avec tes animaux, tes bubble tea et ... Shay.

" Et j'adore les bubble tea.. j'en bois tous les jours. je devais me calmer mais .. c'est une drogue.  "

Ton rire résonnait une nouvelle fois, mais tu doutais qu'il s'agissait d'un aveu très intéressant lors d'une première rencontre. Mais figurez vous que tu avais fait plus d'amis en parlant bubble tea qu'en parlant de nombres et d'analyse, alors pourquoi pas.

" Tu as déjà goûté ?  "