into the fire (jalice)

Comme souvent les jours de semaine, la soirée est relativement calme au Planet. Évidemment, il y a du monde – il y a toujours du monde par chez vous – mais vous êtes loin de vous laisser déborder. Tu bavardes avec légèreté avec les serveuses et barmaid du jour, ou plutôt tu les écoutes parler et ne contribues que très rarement. Non seulement tu n’as jamais été quelqu’un de très loquace, mais en plus tu es d’une extrême possessivité vis-à-vis de ta vie privée, refusant catégoriquement de mêler travail et perso. Il a fallu plusieurs années pour que tu fasses suffisamment confiance à Loan pour lui révéler l’existence de Zara, encore plus longtemps pour que le reste de l’équipe comprenne que c’est la casquette de maman que tu renfiles immanquablement à la fin de ton service.

Des soirs comme celui-ci, tu n’as que rarement besoin de jouer la carte ‘patronne’. Les filles savent toutes ce qu’elles font, tu as confiance en elles, alors tu te contentes simplement de garder un œil attentif sur tout le monde, anticipant d’éventuelles difficultés. Tu campes fermement derrière le bar, bien trop contente de ne pas avoir besoin de déambuler un peu partout. Lorsqu’une brune s’approche de toi, il ne te faut que quelques secondes pour t’activer et lui servir ce qu’elle te demande. Tu ne crois pas l’avoir déjà vue, ou plutôt tu es certaine de ne l’avoir jamais vue ici. Elle n’est définitivement pas une habituée. Tu l’observes discrètement et n’arrives pas à mettre les mots sur ce qui te déroute dans son attitude et ce qu’elle dégage. Elle respire l’assurance et la sérénité, mais semble un peu perdue, comme déstabilisée.

« See the redhead over there ? Three tables over ? » D’un signe de la tête, tu lui indiques la table en question. Sur tes lèvres nait un sourire malicieux. Si elle n’étais déjà pas à l’aise, tu t’apprêtes à la pousser sans filet très loin de sa zone de confort. « You’ve got a shot. Can’t take her eyes off of you. » Ponctuant ta phrase d’un clin d’œil, tu baisses le regard vers le comptoir que tu essuies, l’air de rien. « Go ! » Tu la pousses d’un geste rapide de la main, décidée à jouer les cupidons pour la soirée. Tu dois avouer que c’est l’un de tes passe-temps favoris. Forte de ton sens de l’observation et d’un instinct à toute épreuve, tes collègues t’ont baptisée the matchmaker. Et tu viens de trouver ton petit projet du jour.

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Un dernier mot. Une main ferme sur l’épaule de la jeune femme pour lui faire comprendre que tu arrêtes là cette conversation. Un sourire qui se fane dès le dos tourné. Et déjà tu te demandes si ta présence ici est une bonne idée. Tu es à peine entrée. 10 ou 15 minutes, tout au plus. Tu es seule. Tu n’en as pas vraiment parlé à quiconque. Personne ne t’a forcé ou suggéré de te replonger dans le bain de la sorte. Tu as juste pesé le pour et le contre. Tu te rappelles de ta dernière soirée avec Chris, ses mots, ce que tu avais pu ressentir. Tu te rappelles aussi du dernier week-end avec Nereida et à quel point tu avais perçu que la dynamique de votre équilibre en prenait un coup depuis que celle-ci était à L.A. Par ta faute. Tu t’étais peut-être trop attachée, bercée d’illusions, que cette open relationship était plus facile à vivre qu’imaginée. Pas vraiment. Ou plutôt, si. A l’autre bout de la terre, tout était plus simple. Mais sous ton nez … ce n’était pas pareil. Tu étais sincèrement attachée à ta sirène. Amoureuse, même. Et l’idée de la perdre ne t’était pas concevable. Alors tu allais jouer le jeu. Donner une véritable chance à votre accord.

Tu rejoins le bar, poses une fesse sur l’un des hauts tabourets et passes commande. Ton regard glisse sur l’assemblée derrière toi. Tu n’y cherches rien de particulier. Tu évalues avec un certain détachement. Simplement bien qu’un peu déstabilisée. Tu te retournes lorsque le bruit de ton verre sur le comptoir t’indique qu’il vient de t’être servi. “Thanks” Tu ponctues d’un sourire en coin et trempes tes lèvres dans la liqueur. « See the redhead over there ? Three tables over ? » Tu redresses le regard dans un long battement de cil. Tu soutiens celui de ton interlocutrice avant de suivre son signe de tête. La barmaid continue : « You’ve got a shot. Can’t take her eyes off of you. » Elle termine par un clin d’oeil enthousiaste et se re-concentre un instant sur son bar qu’elle essuie. Tu grognes de manière à peine audible : “She’s twelve !” Venant de ta part, on aurait presque pu croire que l’hôpital se foutait de la charité. Mais bon … « Go ! » Elle insiste et te pousse rapidement de sa main libre. Son sourire semble à toute épreuve et, contre toute attente, le tien s’élargit. C’est un peu le genre de jeu et de challenge que tu aurais toi-même pu lancer. Après tout, tu étais là pour tester de nouvelles choses.

Tu te redresses sur tes deux pieds, avales ton verre cul sec - non sans une légère grimace - et lances un regard de défi à ton acolyte de la soirée. “Ok. Let’s try this then … !” Tu t’éloignes, le pas assuré et rejoins la rouquine en question. Elle est plutôt mignonne et ne se fait pas prier pour t’accueillir à sa table. Vous échangez de longues minutes et sans prendre conscience du temps passé, tu finis par rejoindre le bar à nouveau. Accoudée, tu captes l’attention de ta serveuse : “She’s cute but that’s clearly not enough for me” Tu pouffes avant de recommander, l’exact même verre. “I bet half of this club is filled with babies, the other half with collectors and maybe one or two lost souls like myself. Am I wrong ?” Nouveau rire léger et déjà ton verre est posé devant toi.

“She’s twelve !” Ta mâchoire tombe légèrement et c’est avec une bouche tordue dans une moue en coin que tu rétorques : « ‘ Didn’t seem to mind last time… » Tu mords ta langue à défaut de rattraper les mots qui viennent de t’échapper, surprise toi-même par ce souvenir inconscient. Tu ne sais pas d’où elle vient, cette image vive de la brune flirtant avec une jeunette dans un coin de ton bar. Tu es d’ordinaire observatrice, c’est une évidence, mais tu as plutôt tendance à trier les informations que tu retiens. Tu fais attention à certaines choses, certains gestes, certaines paroles, qui ont un sens ou qui pourraient s’avérer cruciales par la suite, pas des instants sans intérêt… “Ok. Let’s try this then … !” Tu la pousses dans la gueule du loup avant de te perdre complètement dans tes pensées et l’observes du coin de l’œil en continuant à servir d’autres clientes. Quand l’une d’entre elles, bien trop éméchée pour son propre bien, renverse son verre de vin blanc sur le comptoir et brise son verre dans un éclat cristallin, ta concentration te revient. C’est en maugréant dans ta barbe que tu nettoies tout, lâchée salement par les autres serveuses du soir qui font toutes mine d’être occupées.

“She’s cute but that’s clearly not enough for me” Tu pinces les lèvres, amusée, en lui servant un second verre, et prétends ne pas remarquer la mine déconfite de la rousse. “I bet half of this club is filled with babies, the other half with collectors and maybe one or two lost souls like myself. Am I wrong ?” Levant les yeux au ciel d’un air faussement vexé, tu réponds : « You’re forgetting the broken hearts and the odd straights. » Distraitement, tu bois quelques gorgées d’eau de ton verre planqué derrière le bar en scannant la pièce du regard. « Alright… We want brains » Tu passes en revue les visages, les silhouettes que tu reconnais ou non, avant d’avoir un flash. « Oh, I know. By the door, with the green skirt. That’s Rebecca, she’s a lawyer. » Rebecca, qui ne réussit jamais à faire durer la moindre relation et vient inlassablement se consoler au Planet. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est que c’est avec toi qu’elle finit le plus souvent, après avoir fait fuir ses conquêtes du soir à grands coups de simagrées. Elle plait à ton lit et à ta peau de velours et sait disparaître dans la nature avant le lever du jour, alors tu t’en contentes.

Ta petite protégée retrouve le chemin de ton comptoir et tu fais comprendre tacitement à Emily que tu t’occupes d’elle. Son air malicieux en dit long sur ce qu’elle pense, mais tu l’ignores d’un revers de la main. « No ? She wasn’t the Cinderella to your lost shoe ? » Tu pouffes, consternée par ta blague, alors que tes doigts s’affairent à la création d’un cocktail. « Sorry. Terrible analogy. » Tu mélanges les alcools à l’instinct, te fiant à la vague d’inspiration que te souffle les traits de la brune. C’est quelque chose que tu as toujours fait et qui te vaut une petite réputation de magicienne. « On the house. »

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« ‘ Didn’t seem to mind last time… » Tu hausses un sourcil en te reculant légèrement, le regard appuyé dans celui de ta comparse de soirée. Pourtant, sur ton visage, un sourire piqué au vif et plutôt amusé se dessine. Sans avoir réellement l’occasion de lui répondre, la brune enchaine et te pousse dans les bras d’une nouvelle potentielle conquête. Les minutes s’égrainent et ton retour se fait plus rapide que prévu. Cette fois, tu poses le bout de ton derrière contre le rebord d’un tabouret haut. Tu questionnes la barmaid avec amusement, te demandant surtout ce que - toi - tu faisais là toute seule. Ce n’était pas le malaise ou la timidité qui te gênaient (il n’y en avait pas) mais plutôt cette drôle d’impression de ne pas être à ta place. Pas ta scène, pas ton environnement. ‘Not your crowd’ comme on dit. Mais qui sait ? Tu étais malgré tout prête à donner à cette soirée une chance un peu plus longue.
« You’re forgetting the broken hearts and the odd straights. » Tu inclines la tête, une petite moue prenant naissance sur ton visage. Un sourire aussi. Car tu préfères y apporter un peu d’humour. “In that case, I’m checking more boxes than I thought.” Tu attrapes ton verre, avales une nouvelle gorgée et précises, bien que le doute soit peu probable : “I mean, nothing’s straight about me but I can be odd sometimes” Tu lâches un petit rire entrainant ton acolyte dans le mouvement mais celle-ci s’empresse surtout de reprendre son rôle avec enthousiasme. « Alright… We want brains » Son regard s’illumine et tu comprends vite que tu vas devoir retourner dans l’arène. « Oh, I know. By the door, with the green skirt. That’s Rebecca, she’s a lawyer. » Tu te retournes discrètement et observes ce qui t’es présenté. Jolie. Peut-être un peu trop maquillée à ton gout mais tu acceptes la proposition. La blonde en question est effectivement plutôt intéressante et intelligente. Echanger avec elle te semble plus naturel qu’avec les deux précédentes. Pour autant, ça ne clique pas. Elle t’informe de but en blanc être plutôt jalouse et t’en donne beaucoup trop rapidement les preuves. De plus, il ne te semble pas que tu sois tout à fait son genre. Enfin bref : nouvel échec.

Ton retour au bar se fait sans tarder et tu retrouves ta comparse dans un certain soulagement. « No ? She wasn’t the Cinderella to your lost shoe ? » Ton regard se fronce. Elle pouffe et toi-même te laisses aller à la gentille moquerie. « Sorry. Terrible analogy. » Alors que ses mains terminent un cocktail plutôt sophistiqué, tu te laisses happée par sa dextérité et observes, captivée, ses gestes précis. « On the house. » Le verre est déposé devant toi. Ta mine surprise, la remercie d’un large sourire. “Is this a pity drink ?” Nouveau rire avant de plonger tes lèvres dans le mélange de nectar. “Thank you ! This is really good. I love it !” A croire que la femme te faisant face savait parfaitement quelles étaient tes préférences. Cette fois, tu prends place de manière correcte sur le tabouret, prête à restée là un petit moment, le temps de - au moins - savourer ton verre offert. “I’m Jay by the way. Nice to meet you.” Tu lèves ton verre à son attention. “Althought, apparently and technically, I understood you saw me before, …” Tu ponctues d’un clin d’oeil “Do you remember everything and everyone like that all the time ? ‘Cause it’s pretty impressive.”

“Is this a pity drink ?” Tu réponds à son sourire par un qui, s’il n’est pas aussi large et étincelant que le sien, n’en est pas moins sincère. « It’s an ‘I want to’ drink. » Les avantages d’être la patronne, c’est que tu as le loisir d’offrir des verres à qui te chante, sans que tu n’aies à te poser mille questions. Tu as envie de le faire, et c’est ainsi. “Thank you ! This is really good. I love it !” Tu observes ses traits qui étudient la boisson. « I knew you would. » On pourrait te traiter d’arrogante, mais ça fait partie de ton caractère d’être sûre de toi et de tes qualités. Tout comme tu n’as aucun problème à avouer – des années plus tard – que tu n’étais finalement pas une comédienne hors pair. Tu n’es pas un Jack of all traits, tu as quelques talents, précis mais rares. Tu es douée dans ton travail, tu sais te servir de tes mains, et tu es une bonne mère. Quoique, ce dernier point fait débat… Mais c’est tout.

“I’m Jay by the way. Nice to meet you.” Tu ouvres une petite bouteille en verre de coca-cola light pour trinquer avec elle, un nouveau privilège de patronne. Tu refuses de boire le cola au robinet pression du bar qui sert à composer les cocktails, coupé à l’eau et aux bulles trop rares. « Alice. » Comme d’habitude, tu prononces ton prénom à la française, ne cédant pas à la pression de l’accent tonique américain sur la première syllabe. “Although, apparently and technically, I understood you saw me before, …” Tu pensais qu’elle aurait oublié cette remarque que tu aurais peut-être préféré taire mais qui t’est venue si naturellement. « I did. » Tu ne saurais, en revanche, pas vraiment dire quand. Tu as des flash, des scènes que tu te remémores. “Do you remember everything and everyone like that all the time ? ‘Cause it’s pretty impressive.” Ton sourire en coin est effacé par le goulot de la bouteille que tu portes à même tes lèvres. « I wish I could say that I do.  » Quoiqu’en disent les hypermnésiques, ça aurait un avantage non négligeable. Ta mémoire est plus sélective que ça. Tu dirais même qu’elle est plutôt ordinaire, comparé à ton sens de l’observation. « I don’t remember everything and everyone. But there are things… and people… that I don’t forget.  » Juste comme ça, nonchalamment, tu avances quelques pions l’air de rien. « Some because I have to. » Les visages des ivrognes qu’il vaut mieux refouler à l’entrée. Les voix de celles qui ont l’habitude d’être généreuses sur les pourboires. Les mots qui sonnent le glas de la détresse. « And some because I want to. » Comme elle, sans autre raison que l’envie. Et un peu d’attraction, peut-être. Tu jettes un coup d’œil autour de toi, prenant soin d’analyser les alentours pour vérifier que tu es en mesure de te lancer dans une conversation. Les serveuses sont calmes, les clientes aussi, le bar a trouvé son rythme de croisière. « So… ‘odd’ Jay, … » Tu reprends ses propres mots. Tu ne la trouves pas si étrange toi. Pas pour l’instant, du moins. « Who are you ? »

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« It’s an ‘I want to’ drink. » Suivit d’un franc « I knew you would. » La brune a réponse à tout. Facilement. L’assurance qu’elle dégage est impressionnante. Sans prétention ni arrogance. Une alliance plutôt rare et - tu le constatais ce soir - assez agréable. Tu te présentes enfin, ce à quoi elle te répond dans un accent que tu ne connais que trop bien : “Alice”. Ton sourire en coin s’étire. Si même tu avais deviné ses origines dès les premiers mots, elle ne venait là que confirmer le tout. Plus de doute possible. A croire que la France était greffée à ton histoire. Que tu ne pouvais réellement t’en défaire. Pour l’instant, tu ne relèves pas et te contentes de mettre l’accent sur sa mémoire te concernant. Elle confirme. « I don’t remember everything and everyone. But there are things… and people… that I don’t forget.  » Tu hausses un sourcil, intriguée. Qu’avais-tu pu bien faire de si mémorable ce soir là ? « Some because I have to. And some because I want to. » En quelques phrases et une présence, ton acolyte et ta wing-woman de la soirée devient - l’air de rien - la personne la plus intéressante que tu aies côtoyé depuis ton arrivée. “I hope I didn’t do anything to label me as a ‘I have to” one” affirmes-tu, un petit air enjoué dans le ton de ta voix. Tu de doutes de sa réponse, mais il te plait de jouer le jeu.

Le courant passe bien, la présence d’Alice t’est plus qu’agréable et, soudainement, partir courir les jupons de potentielles amantes n’est plus aussi attractif. « So… ‘odd’ Jay, … » Tu souris, amusée. « Who are you ? » Tu t’assures d’être bien installée sur ton tabouret et pivotes légèrement sur ta gauche afin de pouvoir croiser tes jambes. Tu avales une nouvelle gorgée de ton verre avant de répondre, accoudée au bar fraichement essuyé. “Well that’s a very existential question … don’t you think ?” Tu lâches un petit rire franc. “Let’s say I’m a life and ocean enthusiastic, figuring a lot of new things out and mother of 2 wonderful young women” Tu esquisses un rictus, incertaine de la valeur de ta réponse. “And I’m also really bad at answering this question. Who knew ?!” Nouveau rire empli de bonne humeur avant que tu n’articules en un bon français, bien que teinté d’un petit accent dont tu ne peux te séparer malgré les années : “Et toi ? Un secret derrière ce regard si mystérieux ?” Tu aurais pu être accusée de flirter grossièrement, d’essayer de trouver une décente pick-up line mais … un véritable élan de sincérité ponctue ta question. C’est assez indescriptible. Une envie. Simplement. De savoir. D’apprendre. De connaitre.

“I hope I didn’t do anything to label me as a ‘I have to” one” Tu hausses les épaules, joueuse, et lui retournes la question : « I don’t know… Did you ? » Tu serais de toute façon bien incapable d’en dire beaucoup plus. Ton soda à la main, tu décides de l’interroger sur elle, sur sa vie. D’ordinaire tu n’es pas si directe, choisissant plutôt d’écouter ce qu’on décide de te livrer, ou de poser des questions beaucoup plus précises. “Well that’s a very existential question … don’t you think ?” Tu plisses les lèvres. « Only if you want it to be… » Ce n’est pas dans tes habitudes de te lancer dans des considérations métaphysiques. C’était donc une interrogation empreinte de naïveté que tu lui posais. “Let’s say I’m a life and ocean enthusiastic, figuring a lot of new things out and mother of 2 wonderful young women” Hochant silencieusement la tête, tu ne peux t’empêcher de te demander quel âge elle peut bien avoir puisqu’elle te révèle être mère de deux grandes filles. Quelle que soit la réponse, tu lui donnais moins. Tu te dis aussi que vous avez l’air de mener des existences opposées, elle au grand air et toi au milieu des vapeurs d’alcools. Deux trajectoires parallèles qui n’auraient jamais dû se croiser. “And I’m also really bad at answering this question. Who knew ?!” L’ongle de ton index tapote le verre épais de ta petite bouteille, faisant retentir un sourd cliquetis cristallin. « That’s not for you to decide.  » Au contraire, toi tu trouves qu’elle a dit juste ce qu’il fallait. Suffisamment pour piquer ta curiosité, mais assez peu pour ne pas t’ennuyer.

“Et toi ? Un secret derrière ce regard si mystérieux ?” Ton intérêt est définitivement titillé lorsque tu entends Jay parler ta langue maternelle. C’est idiot mais tu ne t’y attendais pas du tout. Il faut dire que les américains et américaines t’ont plutôt habituée au fameux I took French in high school but can’t remember a thing ! Et ça, c’est dans les situations les plus favorables. Le reste du temps, on essaye de bafouiller quelques mots avec une syntaxe douteuse. Sans surprise, ça a le don de t’agacer. La surprise est donc très bonne cette fois ci, et c’est avec un sourcil arqué, répondant à ton sourire, que tu lui dis : « Moi ? Je suis juste une fille, derrière un bar… » Un cop out ? Oui, probablement. La muraille invisible qui t’entoure à toute heure du jour et de la nuit est évidemment toujours là. Tu détestes parler de toi, te livrer, et ce soir ne fera pas exception. Tu joues alors la carte de la figure ténébreuse et énigmatique, confortant la brune dans son impression.

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Vos échanges sont uniques. Etrangement différents de ce dont tu as l’habitude. Tu sembles soudainement prendre conscience que tout le monde parle beaucoup trop. Tout le temps. Peut-être même toi la première. Alice n’est pas comme ça. Elle pose ses mots. Avec soin. Parcimonie. Juste ce qu’il faut. Sans éclat. Sans fioriture. C’en est presque apaisant. Oserais-tu dire attirant ? En tout cas, le personnage te titille. Tu n’as pas envie de retourner dans la fosse aux lions. Tu es bien. Là. Sans les autres.
Ta main droite joue sur le verre travaillé de l’alcool qu’il contient. Ton regard est aux aguets. Sur sa gestuelle, ses mimiques, ce qui l’entoure. Tu te laisses envahir par l’atmosphère de son espace à elle. Un monde à part. Si loin du tien.

Elle te questionne, tu réponds. Tu t’amuses de ta piètre répartie, ayant clairement l’impression d’avoir perdu tout ‘game’ qui soit ou du moins toute originalité. L’heure tardive n’aidait surement pas. « That’s not for you to decide. » Tu hausses un sourcil à ce petit côté bossy qu’elle venait de laisser échapper. Ce n’est pas désagréable. Alice ne se montre pas irrespectueuse ou insolente, ce qui en fait tout l’intérêt de la personne et t’évite de te braquer pour rien. “I see … Not used to not be the one in charge, am I right ?” Tu ponctues d’un simple clin d’oeil furtif. Une question comme une affirmation. Tu n’attendais pas vraiment de réponse. Tu pouvais le sentir. C’est tout.

Lorsque tu lui offres tes quelques mots de français correct, son attention est piquée au vif. Son oeil ton sonde. Un peu plus encore. Tu n’es pas peu fière de ton petit effet de surprise. Son sourire en coin est aussitôt suivi d’une réponse dont tu devinais qu’elle seule avait le secret : « Moi ? Je suis juste une fille, derrière un bar… » Pourquoi diable prenais-tu tant de plaisir à jouer ce jeu d’ores et déjà trop compliqué ? Pourquoi fallait-il que ton attention et ton intérêt soient éveillés par la ténébreuse tenancière de bar ? Il t’aurait suffit de pivoter sur toi-même, de jouer du regard avec l’une ou l’autre âme esseulée et tu t’assurais de rencontrer et d’échanger avec une femme qui ne demandait surement que ça. Peut-être même (surement) pouvais-tu te trouver une compagne de jeux nocturnes. Mais non … Tu restais inlassablement et étrangement collée à l’intérêt de cette française. “Well that girl got me intrigued … Is that a bad thing ?”

“I see … Not used to not be the one in charge, am I right ?” Elle n’a pas tort. Fièrement indépendante, tu contrôles toute ta vie avec une prétendue nonchalance qui t’est propre. En apparences, tu prends les choses avec philosophie et détachement, mais si on creuse un peu c’est un savant moyen d’auto-défense. Si on ne prend rien à cœur, rien ne nous atteint, n'est-ce pas? Comme on aurait pu le prédire, tu esquives sa question, comme tu en esquives des dizaines tous les soirs. Pour être honnête, même si tu avais voulu lui répondre, tu n’aurais probablement pas su quoi dire de plus. Alors oui, tu te défiles, mais avec une certaine franchise tout de même. “Well that girl got me intrigued … Is that a bad thing ?” Généreuse, tu lui accordes un sourire. « It’s not, » et ajoutes, fixant son regard, « not at all. »

Tu attention est attirée par une main qui se lève et te réclame une nouvelle bière. Sans quitter la brune des yeux, tu sers une pression dans un grand verre que tu fais ensuite glisser habilement sur le bar, jusqu’aux mains mal assurées de ta cliente. « But… that’s breakfast talk. » Les doigts mouillés par la condensation sur la chope, tu essuies machinalement tes paumes sur le tissus de ton jean. « And it’s not breakfast yet. » Ton clin d’œil est furtif, presque imperceptible, mais il est bien là si elle veut le voir. Pour la première fois, tu laisses entrevoir des intentions tout sauf chastes, à condition qu’elle ait envie de comprendre tes insinuations. Ce que tu ne dis pas non plus c’est que le petit déjeuner n’arrive jamais avec toi. Tu es toujours partie bien avant, disparue avec l’orée du jour, sans même laisser un mot ou un numéro de téléphone. « The night is young. » Pleine de promesses, de défis et de mystères à percer. Pleine aussi de routines et d’habitudes qui ne demandent qu’à être rompues, si seulement on décide de prendre le bon détour. « Will you let me have one last shot at matchmaking ? » Il n’y a rien à faire, tu ne peux pas rester bien loin d’un challenge très longtemps. Quand tu as une idée derrière la tête, impossible de t’en défaire, et cette mission ne fait pas exception. Quelque chose te dit toutefois que Jay risque de ne plus coopérer, après tes multiples échecs. Mais tu ne lui demandes qu’une dernière tentative. Une seule et unique, et tu t’avoueras vaincue.

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Pause. Petit silence. Mais surtout : sourire. « It’s not, » Son regard s’ancre dans le tien avec une assurance non feinte. « not at all. » Ca te plait. Tu la regardes évoluer derrière son bar. Ses mouvements sont aussi fluides qu’une danse bien rodée. A force d’analyse, cette manière qu’elle a de se mouvoir en devient presque doux et artistique à tes yeux. Ça, ou peut-être que le cocktail servi tout à l’heure est plus chargé que tu ne le croyais. « But… that’s breakfast talk. » Tu hausses un sourcil plutôt intriguée par cette annonce que tu devines clairement posséder un large éventail de sous-entendus. “Oh really ?” Laisses-tu échapper de tes lèvres sans vraiment y réfléchir. « And it’s not breakfast yet. » Son clin d’oeil est discret. Presque provocateur. Ton sourire s’élargit, clairement amusée par la dynamique en cours. « The night is young. » Tu termines ton verre, redresses légèrement ton dos et poses tes coudes sur le plan de travail te faisant face. Tu supposes sans grande difficulté qu’Alice faisait la fermeture ce soir. Peut-être tous les soirs d’ailleurs … Mais seul celui-ci t’intéressait. Du moins pour l’instant.

Toi qui, quelques minutes plus tôt, pensais déjà à bientôt rebrousser chemin, te surprenais à envisager les prochaines heures sur ce tabouret de bois. “I’ll need another one of these then” annonces-tu en remuant le verre vide te faisant face. “On me this time. And please get one for you too. Anything” Alors que la brune s’exécute et reprend le mouvement, elle te propose, la mine joueuse : « Will you let me have one last shot at matchmaking ? » Ton visage se chiffonne et c’est de manière presque enfantine que tu lui offres une grimace traduisant le fond de ta pensée. “Are you serious ?” Tu inspires et dégages ton visage d’une mèche brune rebelle. “Ok. I guess I have some time to kill until closing hour, right ?” Tu pivotes légèrement sur toi-même afin de poser un nouveau regard sur les silhouettes dansant ou se mélangeant de mille et une façons dans ton dos. “One last matchmaking now, for a breakfast with you later …” Ton regard se reporte dans le sien avec confiance. Ta main se tend vers elle dans un geste plus charmeur que tu ne l’avais imaginé dans ta tête. “Deal ?” Tout ceci te plait et te diverti bien plus qu'espéré. La situation, mais surtout elle. Cette femme intrigante ayant su piquer ton intérêt au vif. Ce petit déjeuner, tu ne voulais pas le voir te filer entre les doigts, comme pourrait le faire n'importe quelle proposition ou vide invitation dont regorge normalement ce genre de soirée. Alors peu importe l'issue des prochaines heures, tu n'avais pas envie de laisser filer Alice ....

“I’ll need another one of these then” Tes lèvres dessinent un fin sourire en coin. Tes mains avaient déjà commencé à t’affairer, écrasant au mortier quelques baies pour un nouveau cocktail, en voyant que le sien arrivait en bout de course. “On me this time. And please get one for you too. Anything” Tu hoches la tête doucement. Elle t’a titillé, mais tu ne peux décemment pas lui offrir des verres toute la soirée dans l’espoir de t’assurer une happy end. Ce n’est pas comme ça que ça marche, et puis Loan n’approuverait pas. « Thanks. I’m on the clock though, so soda it is. » Tu agites ta bouteille de coca pour illustrer tes propos et gager ton sérieux. « I can make it fancy if you want. Put it in a glass with ice and a slice of lime, stick a little umbrella in it. »

Alors que tu fais justement tourner entre tes doigts une petite ombrelle en carton colorée, tu décides de pousser ta chance un peu plus loin, de faire durer un peu le jeu en lui proposant une nouvelle tentative de matchmaking. “Are you serious ?” Sa moue boudeuse t’amuse, et te fait hésiter un instant. Es-tu allée trop loin ? “Ok. I guess I have some time to kill until closing hour, right ?” Bouche bée en la regardant se retourner vers la salle, tu finis par rire de bon coeur. Elle n’a pas fini de te surprendre. “One last matchmaking now, for a breakfast with you later …” Là, les yeux de la brune dans les tiens, tu es bien embêtée. Non seulement elle réduit à néant le plan qui se dessinait dans ta tête, mais en plus elle cherche à te faire faire une promesse qui ne te ressemble pas. Et le pire c’est que tu es tentée. “Deal ?” Tes prunelles tombent sur sa main tendue, désireuse de sceller un pacte. « Hm… » Tu pinces les lèvres, hésitante. « You know… » Prenant appui sur tes mains qui reposent de ton côté du comptoir, tu te hisses sur la pointe des pieds. « I don’t do breakfast. » Lentement, tu fais basculer le haut de ton corps pour te rapprocher d’elle. Au lieu d’attraper sa paume, c’est son poignet que tu saisis pour trouver un semblant d’équilibre, la jambe droite ballante dans le vide. « You’ll have to keep me awake so I can pretend it’s dinner. » Tu pronounces finalement ces derniers mots tout près de son visage. Dangereusement près, suffisamment pour sentir son souffle sur ta peau, et qu’une mèche de cheveux vienne chatouiller ton cou.

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Ta main tendue flirte avec le vide un instant. Ton regard insiste. Elle n’allait tout de même pas te mettre un vent de telle taille ? « Hm… » Sa moue hésite, lèvres pincées. « You know… » Tes sourcils se haussent légèrement en signe d’intérêt. “Yes …” l’incites-tu à continuer. « I don’t do breakfast. » Elle fini par se rapprocher, se hisse à bout de bras de son côté du bar et vient enfin à la rencontre de ton membre esseulé. Sa main n’attrape pourtant pas la tienne mais bien ton poignet. Signe de compromis peut-être. Un petit souffle amusé s’échappe de tes lèvres. “Uh. Don’t you know it’s the most important meal of the day ? … It’s a shame for your health.” Le ton légèrement taquin, tu préfères te concentrer sur l’entrebâillement de la porte qu’elle garde malgré tout légèrement ouverte : « You’ll have to keep me awake so I can pretend it’s dinner. » Son visage se rapproche dangereusement, frôle le tien, juste assez pour venir te souffler ces quelques mots à l’oreille. L’espace d’une seconde, un vent de désire vient te chatouiller le ventre. La proche chaleur, l’accent, son assurance et puis cette odeur de shampoing à peine perceptible qui te rappellent les jardins d’été. Ce sont des détails. Rien de plus. Des détails qui font plaisir. Des détails qui éveillent et appellent à plus. Les questionnements de début de soirée semblent s’être évaporés. Tu n’as plus envie de te poser mille et une questions. Plus envie de faire demi tour non plus. “Oh that I can do. Believe me”. Ta réponse est pleine d’assurance sans pour autant dégouliner d’égo mal placé ou de vanité.

Challenge gladly accepted. Le temps passe. Plus vite que tu ne l’aurais cru. Les heures défilent sur le cadran sans que tu n’y prêtes réelle attention. Alice travaille mais délègue de plus en plus. Tu t’amuses d’ailleurs à la distraire comme il se doit. Ton habilité à l’invention de jeux stupides est assez fascinante. Tu ne la laisses pas te filer entre les doigts. Peu à peu, le bar se vide. Les couples et les groupes s’éclipsent. Le ballet des taxis défilent à l’entrée. Tu te trouves près du jeu de fléchettes (que tu as mobilisé depuis un bon moment) lorsque tu comprends que la fermeture est toute proche. Alice enchaine les aller-retour entre l’arrière du bar et tes côtés qu’elle avait fini par rejoindre. Vous éclatez de rire à l’unisson lorsqu’une voix dans votre dos interpelle la française. “Alice, I’m so sorry, can I go for tonight ? The ‘sitter called, my son is really sick …” Un pas en arrière leur offre le semblant d’intimité que la politesse imposait en ce genre de situation. La scène est courte. Tu peux lire l’agacement sur le visage de la patronne mais devines tout autant une certaine sensibilité par rapport au sujet abordé. La serveuse file et ne laissant pas le temps à Alice de t’annoncer quoi que ce soit, tu te rapproches. Tu déposes spontanément une main sur son avant bras et articules : “Ok, I’ve been a distraction enough. Tell me what I can do to help and let's get out of here”

La soirée file à une vitesse grand v. Jay tient sa promesse, elle te distrait pour faire passer le temps jusqu’à la clôture. Progressivement, tu passes de moins en moins de temps derrière ton bar, t’appuyant sur l’expérience des filles qui t’assistent ce soir, et flirtes sans vergogne avec la brune. Tu te surprends à rire aux éclats, prise dans des jeux débiles qui t’auraient probablement ennuyée à mourir dans d’autres circonstances. Cette petite danse, l’attente interminable d’une fin de soirée qui tarde à arriver, tu la pratiques bien souvent avec tes conquêtes éphémères. Et généralement, tu as hâte de fermer le rideau, presque autant pour t’atteler à des activités bien plus jouissives que le service, que pour te débarrasser du small talk auquel tu es assujettie. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui, tu passes une soirée agréable. Qui êtes-vous, et qu’avez-vous fait d’Alice ? Malgré tout, tu n’es pas mécontente de voir le Planet se vider alors que l’heure de la fermeture approche. Tu annonces la dernière tournée et commences à ranger deux-trois trucs, sans oublier de faire des allers-retours pour mettre la pâtée à la biologiste aux fléchettes. Tu maitrises la situation.

“Alice, I’m so sorry, can I go for tonight ? The ‘sitter called, my son is really sick …” Tu te retournes aussitôt, interpelée par la serveuse. Du coin de l’œil, tu remarques que Jay disparaît, une attention délicate qui n’est pas donnée à tout le monde. Légèrement agacée, tu protestes : « Oh come on, Em ! There’s always something. » Une partie de toi est compatissante, évidemment. Un enfant malade ce n’est jamais marant, tu es la première à le savoir. Mais à 2h du matin passées, quelques minutes de plus ou de moins ne font pas une grande différence. Et puis, la jeune femme n’en est pas à son coup d’essai. « Nobody likes to close. » Tu soupires. Une fois les clientes envolées, la fermeture est probablement le moment le moins agréable. L’effervescence s’est évaporée, l’ambiance de fête, collée au sol avec la bière renversée. Mais tu n’as pas envie de te battre, et encore moins d’entâcher ta bonne humeur. « Go. Now ! But you owe me !» Elle fait quelques pas en arrière alors que tu l’autorises à s’en aller, parlant de plus en plus fort pour qu’elle puisse t’entendre. “I love you !” Tu lèves les yeux au ciel, notant dans un coin de ta tête qu’il faut que tu en parles avec Loan.

“Ok, I’ve been a distraction enough. Tell me what I can do to help and let's get out of here” La main sur ton bras te surprend, et tu te dépêches de retrouver tes bonnes vieilles habitudes. « You don’t have to. » Toujours aussi difficile pour toi d’accepter de l’aide, mais tu n’as pas besoin de bien longtemps pour comprendre que ta compagne du jour n’est pas prête à jeter l’éponge. Tu scannes alors la pièce, désormais presque vide, des yeux en contemplant ce que tu pourrais bien lui faire faire. « Could you, erm... » Tu pointes du doigt une jeune femme avachie dans un canapé. Tu la connais bien, elle termine souvent dans ce genre d’état, mise KO par l’alcool qu’elle ne tient pas. Ce n’est pas une mauvaise bougre, juste une fille un peu perdue qui a besoin qu’on veille sur elle. « Make sure she gets in a taxi safely ? » La tâche est un peu chronophage, car elle risque de résister, mais tu sais au moins qu’elle n’a pas l’ivresse mauvaise ou nauséeuse. Et pendant ce temps, tu pourras t’occuper du reste.

Bientôt, après avoir fait un crochet par ton bureau pour troquer ton t-shirt contre une chemise claire, tu rejoins Jay sur le trottoir, vos affaires entre les bras. La nuit bascule lentement, cédant à des promesses à peine voilées. Comme convenu, tu tolères un petit déjeuner, ou plutôt un café noir et quelques bouchées de pain qu’elle te forces à avaler, rechignant plus pour la forme que pour le fond.