don’t hold your breath. (milaby #2)

ce n'est pas la première fois qu'on sort de los angeles pour une compétition. non, pas la première. pourtant cette fois ci quelque chose est différent. je sais qu'il y a toujours la possibilité que des parents accompagnent, que des proches viennent. c'est même ce qu'on demande, c'est plus facile ainsi de gérer le groupe. mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne. dans le bus, assise devant bien sur, j'ai le regard fixé sur elle. rétroviseur trop bien placé pour que je la loupe. je ne dis rien, je détourne juste le regard au moment où le sien bouge. j'ai pas envie de me faire prendre en train de la regarder. c'est juste trop compliqué. surtout maintenant que rafael est arrivé à los angeles. c'est vrai que jusqu'à présent ma vie ici était simple. tu parles d'un renouveau. c'est un beau bordel ouais...

la première journée s'est bien passé, les répétitions impeccables et mes filles sont vraiment en forme. je ne connais pas le niveau de toutes les autres équipes mais je sais qu'on a nos chances si elles nagent aussi bien demain. en attendant il faut se reposer. première nuit sans encombre, un peu de stress mais du bon stress, prête à attaquer la journée.

on a gagné ! c'était dingue. je crois que j'ai jamais autant serré les mains sur ma feuille que aujourd'hui. d'ailleurs elle est écrasée mais je m'en fiche. elles étaient parfaites ! tout était parfait ! et cette fête d'après victoire également. je sais que ça nous a rapproché. toutes ensemble. quelques cocktails plus tard et la fatigue qui me gagne, je remonte vers ma chambre. prête à me coucher pour récupérer. enfin c'était ce que je croyais. un soucis de climatisation, une odeur étrange, une chaleur intenable. impossible pour moi de dormir ici. j'appelle l'accueil, ils envoient quelqu'un en urgence mais rien à faire. et pour parfaire le tout, l'hôtel est complet à cause de la compétition. " je... je vais me débrouiller merci. si vous pouviez juste amener ma valise devant la 2563, je vous suis. " une idée qui me vient, une idée surement stupide mais on va mettre ça sur le compte de l'alcool. alcool qui d'ailleurs ne m'a pas fait oublier le numéro de sa chambre visiblement. l'homme s'en va, me laissant devant cette porte à laquelle je frappe jusqu'à ce qu'on vienne m'ouvrir. " j'ai plus de chambre. tu m'laisses entrer ? " un coup d'oeil vers ma valise pour lui faire comprendre que y'a tout le package. et qu'en gros... elle n'a pas le choix.

Je sais pas si c’était une bonne idée d’accompagner Summer à cette compétition. J’étais libre, j’avais du temps, pas de tournage, et au fond de moi, l’envie aussi de voir Gaby. La dernière fois qu’on s’est croisée, je me suis pris un vent monumental. Mérité. Certes, mais vent quand même. Et même si je sais que je ne mérite que ça, il n’empêche que ça fait mal. J’ignore si je dois persévérer, je laisse faire la vie aussi, je me dis que si je dois voir des signes, ça m’aidera sans doute. La compétition se passe à merveille, c’est une bonne entraîneuse, je n’en doutais pas, et les filles gagnent. J’adore lire la joie sur leurs visages au moment de n’annonce du podium. Je frappe si fort dans mes mains que j’en ai mal dans le bout des doigts, et le sourire qui illumine mon visage est fait de fierté et de réel bonheur. Summer est heureuse, ça se voit. Pour fêter ça, on se retrouve tous dans le bar de l’hôtel pour boire quelques cocktails. Je me familiarise un peu avec le milieu, discute avec des parents, avec des nageuses danseuses. Tout se passe à merveille et je garde l’air de rien un oeil sur Gaby, tout au long de la soirée. Quand je vois qu’elle remonte dans sa chambre, j’en fais de même. Je ne restais là que pour elle, si elle s’en va, je n’ai pas le courage de rester, surtout que beaucoup sont déjà partis se coucher.

Une fois dans ma chambre, je sors ma trousse de toilette de ma valise et vais me laver les dents. C’est à moitié déshabillée, prête à aller prendre une douche brûlante que j’entends qu’on frappe à la porte de ma chambre. Ça doit être Summer, alors je ne prends pas la peine de reboutonner ma chemise sous laquelle je ne porte rien. Mais lorsque j’ouvre la porte pour découvrir qui se trouve derrière cette dernière, je tombe des nues. Gaby. Instinctivement je récupère les deux pans de ma chemise pour les serrer l’un contre l’autre d’une seule main, l’autre étant tétanisée sur la poignée. « j'ai plus de chambre. tu m'laisses entrer ? » Quoi ? QUOI ? Elle me montre sa valise d’un regard et je suis ce dernier. Elle plaisante pas. Elle a bu ? Bordel il se passe quoi exactement là ? « Euh je.. oui. Oui bien sûr entre. » J’ouvre un peu plus grand la porte et récupère sa valise, la laisse entrer et refermer la porte derrière elle. Je comprends rien à ce qu’il se passe, y’a qu’un lit dans cette chambre, c’est quoi le plan ? « T’as eu un souci avec ta chambre ? » Et puis pourquoi avoir choisi de venir dans la mienne au juste ? Alors qu’elle m’a bien fait comprendre que je n’ai pas de question personnelle à lui poser étant donné notre ‘passif’. « Enfin tu fais comme chez toi. J’allais prendre une douche, si tu veux en prendre une aussi je te laisse y aller d’abord. » La galanterie, un minimum. Et puis je crois que si je devais ramper pour elle, j’en serai bien capable.

je ne sais pas si c’est l’alcool ou de la voir dans cette tenue mais j’ai comme une douce chaleur qui grimpe en moi. je pense qu’on va mettre ça sur le compte de l’alcool, c’est moins dangereux pour ma santé mentale. j’ai quand même bien eu le temps de la dévisager et de la reluquer surtout avant qu’elle ne referme sa chemise sur elle. je lui présente brièvement la situation, j’ai besoin d’une chambre et elle en a une. donc voilà, je viens dans la sienne et c’est tout. elle me regarde surprise forcément. mais en même temps qui ne le serait pas. ” euh je.. oui. oui bien sûr entre. “ parfait ! j’esquisse un sourire et roule de manière à ne pas bloquer la porte. je l’entends rentrer ma valise et je souris un peu plus toujours dos à elle. même pas besoin de lui demander qu’elle s’exécute. ” t’as eu un souci avec ta chambre ? “ ça arrive à m’amuser qu’elle pose cette question. comme si j’aurai pu venir dans cette chambre pour une autre raison… en fait j’aurai pu. mais je ne sais pas si j’en aurai eu le courage. ” un soucis avec la clim qui génère de l’air chaud… il fait une chaleur à crever dans ma chambre et en plus y’a une odeur bizarre. “ je hausse les épaules avant de tourner mon fauteuil de manière à lui faire face. ” enfin tu fais comme chez toi. j’allais prendre une douche, si tu veux en prendre une aussi je te laisse y aller d’abord. “ j’aurai bien besoin d’une douche oui. mais mes affaires sont toutes dans ma valise et j’ai toujours du mal à demander de l’aide. cependant ce n’est pas n’importe qui. et elle a l’air un peu trop disposée à m’aider. c’est amusant. ” je veux bien merci. tu peux m’attraper ma trousse de toilette dans ma valise s’il te plait ? et ma chemise de nuit. c’est la rouge à dentelles. “ bah quoi… j’ai toujours aimé ça. et puis rafael aussi alors bon… j’ai pas vraiment réfléchi au moment de partir. j’ai juste pris ce dont j’avais besoin. sans penser qu’on pourrait me voir avec. je me dirige vers la salle de bain et m’arrête net en voyant la douche à l’italienne. autant dire quelque chose de peu pratique lorsqu’on est en fauteuil. ” milan ? tu peux m’amener la chaise qui est dans la chambre ? “ je sens que ça va être acrobatique tout ça encore. mais ça nous connait… enfin nous connaissait. je commence à me déshabiller tant bien que mal en attendant ma nouvelle monture. je suis débrouillarde et j’ai l’habitude mais avec un peu d’alcool dans le sang je sens que tout ça va être sportif. je suis motivée. surtout à la taquiner encore un peu.

Elle est là. Elle est là sur le pas de ma porte et mon coeur batifole dans ma poitrine comme dans celle d’une adolescente de quinze ans qui se trouve face à ce qu’elle croit être l’amour de sa vie. J’ignore si Gaby est l’amour de ma vie, mais une chose est sûre, je n’ai jamais aimé jusque là une autre femme, ni un autre homme d’ailleurs, comme j’ai pu l’aimer elle. Peut-être que la culpabilité m’empêche encore de passer à autre chose, je l’ignore. Toujours est-il que la voir devant ma porte me procure un sentiment aussi étrange qu’agréable. « un soucis avec la clim qui génère de l’air chaud… il fait une chaleur à crever dans ma chambre et en plus y’a une odeur bizarre. » Je grimace instantanément, la description de l’état de sa chambre n’augure rien de bon c’est vrai. Je me dis qu’elle aurait pu demander à la réception une autre chambre en échange de celle-ci, qui était défaillante. Mais à la place, elle est là. Remarque, elle a peut-être demandé, je l’ignore. Peu importe. Je la laisse entrer, m’occupant de sa valise, et lui propose d’occuper la salle de bain si elle le souhaite avant que je ne prenne la place. « je veux bien merci. tu peux m’attraper ma trousse de toilette dans ma valise s’il te plait ? et ma chemise de nuit. c’est la rouge à dentelles. » A ces derniers mots mon coeur s’emballe d’un seul coup. Bordel. Une chemise de nuit rouge à dentelles. Rien que ça. Et moi je dors à poil, je sais pas ce que je vais mettre. Je secoue la tête pour éloigner cette pensée et soulève sa valise pour la mettre sur le lit, et l’ouvre pour chercher la chemise de nuit dont elle parle. Nouveau coup de chaud. Je souffle un peu pour me calmer et récupère sa trousse de toilette avant de la rejoindre dans la salle de bain, quoi que légèrement hésitante. « milan ? tu peux m’amener la chaise qui est dans la chambre ? » Pas le temps de pousser la porte que je fais demi-tour pour aller chercher ladite chaise. Cette fois je la rejoins dans la salle de bain, les mains chargées de tout ce qu’elle m’a demandé. Je pose la chaise dans la douche italienne, c’est vrai que ma chambre n’est pas faite pour accueillir quelqu’un dans sa situation, j’imagine que la sienne l’était, ou peut-être pas après tout. J’ignore comment elle se débrouille. Je pose finalement sa trousse de toilette et sa chemise de nuit sur le rebord du lavabo et la regarde se battre avec son haut, visiblement coincé quelque part. « Attend ne tire pas tu vas le déchirer. » Je la contourne et mes mains frôlent la peau de son dos un instant. Je jurerai y sentir un frisson. « Voilà. Si tu as besoin d’autre chose, n’hésite pas, je suis.. pas loin. » Je lui offre un léger sourire et quitte la salle de bain en laissant la porte à peine entre ouverte, que je puisse l’entendre si elle a besoin de moi - ce que j’espère en secret.

elle s’exécute sans aucun soucis. elle fait ce que je lui demande. elle m’apporte mes affaires, repart, revient. l’idée de base n’était pas de la faire tourner en bourrique mais je dois bien avouer que cette nouveauté m’intrigue. m’intrigue et m’intéresse. ou alors c’est que j’ai envie de la faire réagir. elle n’est pas la milan que j’ai connu alors je n’arrive pas vraiment à savoir qui est face à moi. ou peut être qu’elle a juste pitié de moi après tout. dans l’idée pour ce soir ça m’ira, j’ai besoin d’aide et elle est totalement à même de le faire. les mains chargées de ce que je lui ai demandé, elle vient déposer mes affaires ainsi que la chaise selon mes désirs. oui, elle s’est exécutée, encore. moi en attendant je tente de me déshabiller mais la journée a été longue et la soirée quelque peu aussi. fatigue et alcool ne font pas bon ménage et j’en ai encore la preuve. je ne suis pas bourrée non plus mais légèrement atteinte tout de même. elle arrive à ma rescousse pour m’aider à retirer mon haut. ” attend ne tire pas tu vas le déchirer. “ je la laisse faire et surtout laisse ma peau réagir lorsqu’elle entre en contact avec la sienne. je ne suis plus maître de mes réactions, c’est de sa faute à elle. entièrement de sa faute. ” voilà. si tu as besoin d’autre chose, n’hésite pas, je suis.. pas loin. “ lorsqu’elle s’éloigne, je laisse enfin l’air sortir de mon corps. je ne m’étais même pas rendue compte que j’étais en apnée. et surtout j’ai tout à coup très très chaud. bon cette douche ne sera pas de trop. je me débarrasse du reste de mon linge et me sors du fauteuil pour me placer sur la chaise qui m’attend dans la douche. je sais que je peux marcher quelques pas mais alors ce soir je ne suis pas en état. je me sers juste de mes jambes pour faire le transfert. j’allume l’eau, me savonne, me rince dans un temps quand même assez long faut pas se mentir. je soupire au moment d’éteindre l’eau et tente de me relever pour aller chercher la serviette mais impossible, je manque de me casser la gueule. ” aïe ! “ je retombe sur la chaise fort heureusement parce que si j’étais arrivée sur le sol ça aurait rendu la tâche encore plus ardue. mais faut bien que je me rende à l’évidence, je ne vais pas y arriver seule. je pense que je pourrai mais alors j’ai la flemme et puis elle m’a bien proposé de m’aider si j’avais besoin. et là j’en ai besoin. ” milaaaaaan ? “ d’une voix mielleuse je l’appelle et attends qu’elle arrive. ” tu peux m’attraper ma serviette et m’aider pour la suite ? ça glisse un peu trop. “ faut que je me sèche que je me rhabille et oui je suis à poil sur cette chaise. j’ai conscience de la situation mais… c’est milan après tout donc ça ne risque rien non ?

Me retrouver dans une chambre d’hôtel avec Gaby, ça me rappelle des souvenirs. Enfin, c’est franchement différent. Déjà parce qu’elle est coincée dans un fauteuil roulant, et puis aussi parce que nous ne sommes plus ce que nous étions, nous ne partageons plus ce que nous partagions. C’est comme ça, c’est la vie. La culpabilité m’a longtemps rongée à son propos, c’est encore le cas aujourd’hui, mais ce soir elle me laisse l’opportunité de lui venir en aide. Et je ne compte pas passer à côté de cette chance. Je vais lui chercher sa trousse de toilette, sa nuisette, une chaise, tout ce qu’elle voudra. Une fois fait, je la laisse seule, lui proposant de lui venir à nouveau en aide si elle en a besoin. Assise sur le rebord du lit, je reste immobile, les yeux dans le vague, le coeur battant rapidement et mon ouïe concentrée sur les bruits provenant de la salle de bain. C’est idiot. Elle doit bien savoir se débrouiller seule maintenant. L’eau s’arrête de couler et je me remets aux aguets. Je l’entends dire aïe et d’un coup je me lève. « Tout va bien ? » Je n’ose pas entrer, j’attends un signe de vie. Ce n’était pas un gros bruit, je ne pense pas qu’elle soit vraiment tombée, j’espère ? Et puis je l’entends m’appeler et je ne peux m’empêcher de sourire. « tu peux m’attraper ma serviette et m’aider pour la suite ? ça glisse un peu trop. » « J’arrive. » J’entre alors dans la salle de bain, elle est nue sur cette chaise et j’essaie d’y faire abstraction. C’est pas simple. J’attrape rapidement sa serviette et l’approche d’elle pour qu’elle s’entoure avec. J’en dépose une autre petite sur le sol pour éponger l’eau et qu’elle puisse prendre appui de ses pieds, je sais pas trop comment elle se débrouille. « T’as quelqu’un pour t’aider aussi chez toi, ou c’est les quelques verres que tu as bu qui t’empêchent de le faire toute seule ? » Je lui adresse un petit sourire taquin, lui tendant la main pour l’aider à passer de la chaise à son fauteuil sur lequel j’ai déposé ma serviette. Je m’approche et glisse mon bras sous le sien, le laissant faire le tour de son buste, prenant appui à sa taille de l’autre côté. « Quoi que… tu sais quoi ? » On ne va pas passer par la case fauteuil. Je me penche et fais passer mon bras libre sous ses genoux pour la porter comme une princesse. « Tu t’habilleras sur le lit pendant que je prendrai ma douche. » Au moins ça fait une étape en moins. Enfin même si je ne pense pas au fait qu’elle puisse vouloir se laver les dents ou se démaquiller ou ce genre de truc. J’ai l’esprit un peu embrouillé je dois dire…

appeler son ex pour qu’elle vienne vous aider alors que vous êtes à poil dans une salle de bain, franchement c’est une mauvaise idée. y’a peut être un peu d’alcool qui se mêle à mes pensées et ne me facilite pas la tâche. mais je ne sais pas. j’ai envie de la confronter comme ça, voir ce qu’elle dit, comment elle réagit. sans même m’inquiéter de mes propres réactions à moi parce que je n’y pense pas et je n’ai pas pris le temps d’y réfléchir. c’est un peu con mais c’est trop tard. j’ai lancé l’appel, je l’attends. ” j’arrive. “ elle ne tarde pas en effet. je ne me cache mais et remarque bien vite qu’elle ne me regarde pas forcément. elle évite mon regard, mon corps. je récupère la serviette qu’elle me donne et la pose sur mes épaules avant de m’aider de mes mains pour soulever mes pieds afin qu’elle y place la seconde. c’est qu’elle est organisée et minutieuse. ” t’as quelqu’un pour t’aider aussi chez toi, ou c’est les quelques verres que tu as bu qui t’empêchent de le faire toute seule ? “ je pourrai lui dire la vérité mais ça ne veut pas sortir. ” ça doit être l’alcool, j’y arrive bien habituellement. “ puis y’a aussi rafael. mais rafe il est dans un coin de ma tête, un coin que j’ai tenté de fermer à clé pour ce week end mais visiblement il y a quelques fuites. elle m’aide à me lever et je suis prête à rejoindre mon fidèle destrier. ” quoi que… tu sais quoi ? “ non j’en sais rien mais je ne peux m’empêcher de laisser échapper un cri de surprise quand tout à coup je me retrouve dans les airs. portée par elle comme j’ai pu l’être il y a des années de ça. une bien étrange sensation que voilà. et pourtant, je suis bien là. mes mains entourent son cou ce qui me rapproche encore un peu plus d’elle. ” tu t’habilleras sur le lit pendant que je prendrai ma douche “ hochant la tête, je resserre ma prise alors qu’elle sort de la salle de bain. ” attends ! ma nuisette. “ forcément posée dans la salle de bain, si je ne l’ai pas je vais avoir du mal à m’habiller. elle m’en rapproche et je tends le bras pour l’attraper. on repart et je l’arrête de nouveau. ” j’ai besoin de ma brosse à cheveux. “ sourire légèrement amusé, je l’observe faire demi tour de nouveau pour que je récupère l’objet. on repasse la porte et je fais mine d’avoir autre chose à lui demander. ” non en fait c’est bon j’ai tout. “ je sais je suis une gamine mais contrairement à la dernière fois, l’ambiance est légère et est bien plus agréable. j’ai envie d’en profiter avant qu’on ne se réveille toutes les deux et que le reste nous reviennent en tête. déposée sur le lit je la laisse aller se doucher. ” merci co-pilote ! “ le temps qu’elle se lave, je m’habille et me démêle la tignasse. ça fait un moment que je n’ai pas vu le coiffeur alors je les ai longs maintenant. je me les sèche un peu, repasse un coup de brosse jusqu’à ce que je n’entende plus l’eau couler. elle doit avoir fini. j’attends quelques minutes de plus avant de l’appeler, encore. ” tu pourras me ramener mon fauteuil ? j’ai besoin de me laver les dents. “

Elle m’appelle à l’aide, je ne vais pas l’ignorer. Et puis, je crois que ça me fait plaisir aussi de pouvoir l’aider, comme si j’apaisais un peu la culpabilité que je ressens encore vis à vis d’elle. L’air de rien, je lui demande si elle a quelqu’un pour l’aider, dans le doute, peut-être qu’elle me donnera une information que j’ignore ? « ça doit être l’alcool, j’y arrive bien habituellement. » Pas vraiment. Enfin, je n’ai pas vraiment de réponse. D’un hochement de tête je lui donne une sorte de réponse, et décide finalement de la porter jusqu’au lit pour éviter de lui faire faire des efforts supplémentaires. Gaby entoure ses bras autour de mon cou, et je dois dire que la sensation est vraiment agréable, est-ce qu’on aurait pas un détour à faire par le hall de l’hôtel, histoire que je la porte un peu plus longtemps ? Et comme si elle m’avait entendue, elle me fait faire demi-tour pour récupérer sa nuisette. Je souris et repars en sens inverse mais cette fois, il lui manque sa brosse. C’est un rire amusé qui franchit alors la barrière de mes lèvres. Elle se joue de moi, me faisant croire qu’elle a encore oublié quelque chose. « Tu m’as prise pour ton chevalier servant ? » Peut-être bien, et j’ai peur que ça ne me dérange même pas à vrai dire. Elle préfère le terme de co-pilote. Ça me va. C’est un peu ce qu’on était avant, si on y réfléchit bien. Je la laisse finalement sur le lit et file prendre ma douche. Pas longtemps, j’ai comme l’impression qu’elle ne va pas tarder à me demander quelque chose. « tu pourras me ramener mon fauteuil ? j’ai besoin de me laver les dents. » Bingo ! « J’arrive ! » J’enfile mon débardeur pour la nuit - sans rien en dessous - et un shorty en coton. C’est tout ce que je peux faire puisque je n’ai déjà pas pour habitude de dormir habillée. Je pousse le fauteuil de la demoiselle jusque dans la chambre et la laisse s’installer dessus. La voir dans sa jolie nuisette me rend toute chose, mais j’essaie de faire comme si de rien n’était. Je la suis jusque dans la salle de bain et récupère aussi ma brosse à dents. « Ça te dérange pas si je le fais en même temps que toi ? » Comme avant. Mais je ne vais pas rajouter ça. Je plonge juste mon regard dans le sien, et me laisse électriser.

" tu m’as prise pour ton chevalier servant ? " à deux doigts de lui tirer la langue, je me retiens néanmoins. je la remercie et mes fesses atterrissent sur le lit. je me prépare rapidement pour être totalement opérationnelle lorsqu'elle sortira de sa douche. la tenue c'est fait, les cheveux c'est fait, ne manque que les dents. et je ne peux pas y aller comme si de rien n'était. même si j'ai assez de force dans les jambes pour tenir debout en ayant un appui avec les mains, me balader comme ça ce n'est pas possible. même alcoolisée. je balaye de ma tête les paroles de ma foutue kiné qui me dit que je pourrai essayer de faire quelques pas. non, j'ai pas envie. nah. je n'entends plus le bruit de l'eau, signe que milan a du finir de se doucher. je lui passe commande pour le rapatriement du fauteuil et j'entends sa voix au loin. " j’arrive ! " bon d'accord, ça m'amuse toujours autant qu'elle soit prête à faire n'importe quoi pour moi. je ne sais pas jusqu'où je pourrai en abuser avant de me sentir coupable. mais j'ai encore quelques idées en tête. là où il y a quelques années, voir quelques mois, je me sentais mal d'être dans ce fauteuil, aujourd'hui c'est presque comme si je n'avais plus envie de quitter mon fidèle destrier. trop habituée. peut être un de mes blocages d'ailleurs, qui sait. pas moi en tout cas. milan ne tarde pas à revenir, habillée - si on peut dire ça comme ça - pour la nuit. elle a mon fauteuil qu'elle positionne à côté de moi et je m'y glisse avec une certaine aisance. direction la salle de bain ! qu'est ce que j'en aurai fait d'allers retours entre ce lit et ce lavabo c'est dingue. " ça te dérange pas si je le fais en même temps que toi ? " question à laquelle je ne m'attendais pas. pas parce que ça me dérange mais plus parce que c'est... nous deux. bizarre. " non non pas du tout. " je récupère ma brosse, le dentifrice, toujours le même qu'avant. toujours le même quelle. ça me fait doucement sourire et en relevant les yeux je croise son regard dans la glace. " y'a des choses qui changent pas faut croire. " le reste du brossage de dents se fait dans le silence. en même temps, c'est pas facile de parler avec de la mousse dans la bouche. " 'u me 'aches pas de'chu hein ? " comprenez donc, "tu me craches pas dessus hein ? " que je lui demande avant de moi même le faire et d'attraper le verre d'eau pour me rincer la bouche. bon... je crois que tout est fait maintenant... reste plus qu'à se coucher non ? je crois...

Je demande à Gaby si ça la dérange que je vienne me laver les dents en même temps qu’elle. J’imagine que la réponse sera à mon avantage mais je préfère demander la permission plutôt que d’imposer ma présence. Et comme je m’y attendais, elle accepte. A travers le miroir, mon regard alterne entre mon reflet et le sien, et chaque fois que nos regards se croisent et dévient, je me mets à sourire. L’avoir ici si près de moi c’était inespéré. Elle fait même une remarque sur ce dentifrice que nous n’avons changé, ni elle ni moi. C’est vrai, il y a des choses qui ne changent pas. « 'u me 'aches pas de'chu hein ? » Je met mets à rire et manque de cracher ce que j’avais dans la bouche, si. Alors je crache dans le lavabo, c’est mieux. « Si tu me fais rire comment tu veux que je fasse ? » Je finis alors de me rincer la bouche et elle en fait de même.

De retour dans la chambre, je la laisse se débrouiller pour grimper sur le lit, je n’ose pas lui proposer mon aide, j’imagine que depuis le temps elle sait se débrouiller seule. Et c’est le cas. Elle avait déjà les bras musclés mais là c’est encore plus impressionnant. J’ai toujours adoré ses bras. Faut que j’arrête de la regarder comme ça, elle va me prendre pour une folle. Je m’allonge sous la couverture, me dandine un peu pour trouver une place convenable, n’ayant vraiment pas l’habitude de dormir habillée. Enfin, en pyjama quoi. Je laisse échapper un long soupir, les yeux rivés sur le plafond, et tourne finalement la tête sur le côté pour la regarder. « Est-ce que je dois m’en vouloir d’être contente que ta chambre soit défectueuse ? Je précise que j’y suis pour rien, mais remarque si j’avais su que tu viendrais te réfugier dans la mienne, j’aurai bien pu y être pour quelque chose. » Je ris un peu et me pince les lèvres juste après. Un aveu ? Peut-être bien.

” si tu me fais rire comment tu veux que je fasse ? “ c’est vrai que ce n’était pas judicieux que de lui dire ça. j’aurai pu prévoir que ça allait la faire rire. mais au moins il n’y a pas eu d’accident. et une fois les dents propres, nous voilà en route pour la suite. le lit. bon d’accord j’avais bien compris au moment d’entrer ici qu’on dormirait ensemble mais maintenant que je suis devant le fait accompli c’est plus compliqué. mais je garde la tête haute et fais comme si de rien n’était. je place le fauteuil du côté du lit où elle n’est pas supposant que ce sera ma place. au final, on a gardé les mêmes places que quand on dormait ensemble. vraiment, les habitudes ont la vie dure. en quelques mouvements je me hisse sur le matelas que j’ai découvert pour pouvoir m’y installer. bougeant légèrement mes jambes et m’aidant du reste avec les mains, j’arrive à m’allonger sans trop de mal même si ce lit est plus haut que le mien. je remonte le drap sur moi et tourne la tête pour l’observer alors qu’elle a repris la parole. ” est-ce que je dois m’en vouloir d’être contente que ta chambre soit défectueuse ? je précise que j’y suis pour rien, mais remarque si j’avais su que tu viendrais te réfugier dans la mienne, j’aurai bien pu y être pour quelque chose. “ je me mets à rire avant de reporter mon attention vers le plafond. ” t’aurais totalement pu le faire oui. “ à nouveau je rigole. ” définitivement t’aurais pu le faire. “ je ne me moque pas d’elle, c’est juste la vérité. elle aurait pu le faire. ” dis, j’ai une question. “ ce mystère que je laisse plâner alors qu’il n’en est même pas un. ” tu dors habillée maintenant ou tu as fait un effort pour ce soir ? “ je tourne de nouveau ma tête pour croiser son regard avec un air amusé sur mon visage. voilà une habitude qui aurait changé.

Nous voilà finalement allongées l’une à côté de l’autre, dans le même lit. Même si j’avais voulu le prévoir je n’aurai pas pu. Je trouve ça absolument hallucinant, et même si j’ai très envie de voir là un signe de l’univers, je préfère de loin de pas m’emballer au risque d’être vraiment déçue. Je n’ai jamais réussi à oublier Gaby, et ce n’est pas seulement à cause de la culpabilité énorme que j’ai toujours ressentir. C’est surtout l’amour que je lui ai porté pendant tout ce temps, qui n’a jamais fané. Je lui fais un aveu concernant sa chambre. Ce n’est pas de ma faute, mais ça aurait pu. « t’aurais totalement pu le faire oui. définitivement t’aurais pu le faire. » Je ris avec elle, mon regard alternant entre son visage lorsque je tourne la tête vers elle, et le plafond quand la regarder devient trop insoutenable. Dans le même lit. Holy shit. « dis, j’ai une question. » Cette fois je tourne la tête vers elle un peu plus longuement, le temps qu’elle pose la question. Elle se fait désirer en plus de ça. « tu dors habillée maintenant ou tu as fait un effort pour ce soir ? » Je ne peux m’empêcher de sourire à sa question, qui est légitime. « Hum. Joker ? » Je me mets à rire légèrement avant de répondre à sa question avec sincérité. « Disons que je me suis posé la question. Est-ce que si je dors quand même nue elle va bien vouloir rester…? » Je n’arrive pas à me défaire de ce sourire presque idiot. « C’est une question de respect. J’aurai pas pu dormir nue dans le même lit que toi. Donc oui, je fais un effort pour tes beaux yeux. Ne me remercie pas. » Même si franchement là, je me sens pas du tout à mon aise. Ok j’ai juste un boxer et un débardeur mais c’est du tissus superflu. On est bien assez habillés la journée pour nous obliger à être serrés dans des vêtements la nuit en plus de ça. « Gaby…? » A son tour de me regarder puisque je tente de poser une question, même si j’ai peur de la réponse. « Tu m’en veux toujours ? » J’ai besoin de savoir, c’est plus fort que moi.

je sais que cette question n’est pas anodine. mais je ne sais pas… il y a l’euphorie du moment, peut être l’alcool englouti pour fêter la victoire, un subtil mélange des deux ? je sais juste que je n’ai pas envie de me prendre la tête. pas ce soir. alors oui cette question sort naturellement. elle me sourit, signe qu’elle ne le prend pas mal. ce qui m’aurait étonné cela dit. je ne vois pas pourquoi elle l’aurait mal pris. elle aurait pu être un peu gênée mais même ça ce n’est pas dans ses habitudes. quoiqu’elle aurait pu changer avec les années, c’est possible aussi. ” hum. joker ? “ elle rigole mais je sens que la réponse va arriver par la suite. elle a toujours ce petit air sur le visage quand elle va prendre la parole. c’est marrant que je m’en souvienne. il y a des choses comme ça qui ne peuvent s’effacer visiblement. ” disons que je me suis posé la question. est-ce que si je dors quand même nue elle va bien vouloir rester…? c’est une question de respect. j’aurai pas pu dormir nue dans le même lit que toi. donc oui, je fais un effort pour tes beaux yeux. ne me remercie pas. “ je ne comprends pas trop la question de respect là dedans à moins que ça ne soit mes neurones qui ne veulent pas se connecter pour y réfléchir. ” tu sais ton corps je pense le connaître encore par coeur alors ça ne m’aurait pas dérangé. si tu dois mal dormir ça ne vaut peut être pas le coup. “ je hausse les épaules et retourne à la contemplation de ce plafond dans un sourire. c’est marrant quand même, la vie. si on m’avait dit ne serait ce que ce matin ce qui allait se passer ce soir, j’aurai pu rire jusqu’à m’en bousiller les côtes. tellement improbable cette situation. c’est vraiment digne d’un de ces films qui passent l’après midi à la télévision. les situations cocasses dans lesquelles se retrouvent les héros pour se rapprocher. enfin avec milan on ne peut pas dire qu’on ait besoin de se rapprocher ou quoi… ça n’arrivera pas, plus. c’est comme ça je suppose. ” gaby…? “ sa voix transperce l’air de nouveau et je laisse tomber ma tête pour apercevoir ses yeux, ses lèvres, son visage. ” oui ? “ elle a l’air sérieuse. j’aime pas cette tête là. parce que la soirée aussi bizarre soit elle était plutôt agréable. et les questions sérieuses ça vient toujours tout briser généralement. ” tu m’en veux toujours ? “ j’aurai pu lui demander pourquoi. parce que ça aurait pu être pour plusieurs choses mais je pense que c’est évident qu’elle me parle de l’accident. ” non. “ c’est vrai, je ne lui en veux pas. pas pour ça. ” enfin pas pour m’avoir laissé tomber ce jour là. c’était un accident… “ c’est vrai. enfin à moins qu’elle n’ait réellement voulu me laisser m’écraser par terre mais dans ce cas là je ne suis pas au courant. ” par contre pour la suite je t’en ai voulu. t’as juste… disparu. peut être que ouais, m’avoir laissé tomber au sens figuré a été plus dur à encaisser que de m’avoir laissé tomber au sens propre. “ comprendra qui pourra. ” mais bon c’est comme ça que veux tu… “ je n’ai pas l’air défaitiste ou peut être un peu. je ne sais pas trop. les choses auraient pu être autrement c’est certain. ce handicap n’est censé être que passager et pourtant il m’habite encore. on me parle plus de dégâts psychologiques que physiques. sauf que le psychologique je n’ai pas envie de me pencher dessus. parce que j’ai beaucoup trop peur de ce que je pourrai découvrir. alors tant pis, mon fauteuil est devenu mon allié, mon armure. pour l’instant ça me va bien. je crois.

Je réponds à sa question le plus naturellement possible. Je ne compte pas mentir. Si j’ai enfilé un t-shirt c’est surtout par respect pour elle. J’allais pas li imposer ma nudité ou presque. J’estime que ça ne se fait pas. « tu sais ton corps je pense le connaître encore par coeur alors ça ne m’aurait pas dérangé. si tu dois mal dormir ça ne vaut peut être pas le coup. » Je ne m’attendais pas du tout à cette réponse, et clairement elle me donne chaud. Elle vient vraiment de dire qu’elle connaît encore mon corps par coeur ? Je reste bloquée mon regard ancré dans le sien, mais elle détourne le regard pour regarder le plafond. J’hésite un instant, mais choisis de garder ce t-shirt, au risque de partir en vrille. Etre quasi nue dans le même lit qu’elle, c’est pas le bon plan je pense. Finalement, après un long silence, je me lance et lui pose LA question. Est-ce qu’elle m’en veut toujours ? J’ai besoin de savoir. « non. » J’ai l’impression que mon coeur est sur le point de sortir de ma poitrine. « enfin pas pour m’avoir laissé tomber ce jour là. c’était un accident… » Ok. Il y a un ‘mais’. J’aurai dû m’en douter. A vrai dire, je m’en veux autant de l’avoir laissée tomber, que de ne pas être allée la voir à l’hôpital en suivant. « par contre pour la suite je t’en ai voulu. t’as juste… disparu. peut être que ouais, m’avoir laissé tomber au sens figuré a été plus dur à encaisser que de m’avoir laissé tomber au sens propre. mais bon c’est comme ça que veux tu… » La boule dans ma gorge s’est épaissie, elle est devenue douloureuse. Je serre les mâchoires et détourne le regard un instant pour essayer de ravaler mes larmes. Foutue fierté. « Je sais pas si ça pourra changer quoi que ce soit, mais sache que y’a pas eu un seul jour sans que j’ai regretté. J’ai essayé de venir te voir à l’hôpital, plusieurs fois, mais je suis restée bloquée devant la porte de ta chambre, j’arrivais pas à me dire que j’allais te voir sur ce lit d’hôpital, par ma faute et… » Ma voix n’est plus si assurée. « Je m’en veux autant de l’accident, que du reste. Je suis désolée Gaby… j’aurai tellement aimé que les choses se passent autrement… » Je soupire pet passe mes mains sur mon visage, dans mes cheveux, pour finir par la regarder. « Est-ce que je peux faire quelque chose pour me faire pardonner ou est-ce que ce sera toujours trop tard ? »

les choses sont ce qu'elles sont. peut être un peu douloureuses, peut être un peu étranges. disons que déjà de base, être dans ce lit avec elle, est étrange. mais parler de ça n'arrange pas la situation. je suppose qu'elle a besoin d'une réponse mais j'ai besoin d'explications également. ça arrive un peu tard c'est sur mais quoiqu'il en soit, c'est toujours intéressant de savoir. " je sais pas si ça pourra changer quoi que ce soit, mais sache que y’a pas eu un seul jour sans que j’ai regretté. j’ai essayé de venir te voir à l’hôpital, plusieurs fois, mais je suis restée bloquée devant la porte de ta chambre, j’arrivais pas à me dire que j’allais te voir sur ce lit d’hôpital, par ma faute et… je m’en veux autant de l’accident, que du reste. je suis désolée gaby… j’aurai tellement aimé que les choses se passent autrement… " donc visiblement c'était bien un accident, j'ai au moins ça comme information pour me réconforter, je pense. en tout cas j'ai décidé que j'allais le prendre comme ça. je repenche la tête sur le côté pour la regarder de nouveau. " est-ce que je peux faire quelque chose pour me faire pardonner ou est-ce que ce sera toujours trop tard ? " je soupire légèrement. " j'aurai aimé que ça se passe autrement aussi tu sais. " je souris avec un peu de mélancolie en imaginant comment les choses auraient pu se passer si elle était venue, si elle ne m'avait pas juste abandonné comme elle l'a fait. " pourquoi ? pourquoi t'es pas venue ? " j'ai besoin de réponses précises, savoir si... " c'est parce que j'étais devenue paralysée ? tu ne voulais pas... " et comment formuler ça maintenant. " être avec quelqu'un d'handicapé ? " finalement ça a réussi à sortir. à peine audible mais vu le silence autour de nous, ça n'est pas difficile d'imaginer qu'elle m'a bien entendue.