L'amitié est une âme en deux corps (thissim 01)

La soirée s’annonce décontractée en compagnie de Nessim. Les occasions se font plutôt rares depuis qu’ils sont rentrés dans la vie active, car ils ont des plannings décalés l’un de l’autre. Cela ne les empêche pas pour autant de se retrouver autant qu’il leur est possible pour profiter de la compagnie de l’autre. Ils se connaissent depuis le début de l’adolescence, ont appris à se connaitre par le biais d’Ethan, qui est à l’origine de leur rencontre.  C’est malheureusement sa disparition qui a scellé leur rapprochement. Nassim a été un soutien inestimable lorsque la drogue lui a arraché Ethan. Tout comme Thiago s’est montré présent lorsqu’Isaac est tombé après cette agression infâme. Les deux amis, devenus frères d’armes et de douleur, sont devenus le ciment des fondations de l’autre. Aujourd’hui, ils forment un duo infaillible. Leurs différences font leur force et permettent à l’un comme à l’autre d’avancer dans cette existence qu’ils ont eu tant de mal à appréhender après tant de souffrances dues à ce sentiment de perte qui oppressait leurs poitrines. Une déchirure qui ne cicatrise jamais réellement. Ces épreuves ont marqué leurs âmes et forgés leurs caractères. Cela les a fait grandir, voir le monde sous un autre angle. Leurs larmes ont fini par se tarir, des sourires ont fini par venir se figer sur leurs lippes avant d’expulser des sourires. Ils ont pansé les blessures de l’autre pour lui permettre de reprendre le cours de son existence, mais jamais seul. A la vie, à la mort, amis pour toujours. Ils se le sont promis lorsque les mains liées, ils ont abandonné les carcasses sans vie de leurs premiers amours à tour de rôle. Des souvenirs anciens, qui sont imbibés dans son âme, mais avec lesquels il a appris à vivre. Son âme est beaucoup plus sereine désormais. Il s’est construit de nouveaux souvenirs, s’est ouvert à la vie et à ses beautés pour se détacher du spectre de la dépression. Il est renait de ses cendres, tel un Phoenix. Il s’est également offert de nouveau à l’amour ou du moins il s’en donne l’illusion, car en réalité il fuit tout sentiment s’en approchant ou n’ose pas se l’avouer. Après une bonne journée de boulot, il retrouve l’appartement de son meilleur ami, un pack de bière à la main et des snacks qu’ils pourront savourer devant la console de jeux. Une soirée pas prise de tête, qui lui permettra de fuir l’attraction enivrante de Basilio sur son être. Un combat qu’il mène de manière permanente au sein de leur colocation, car Basilio semble déterminé à le faire languir, le faire tourner en bourrique ou est-ce lui qui ne désire pas embrasser ce désir qui assaille ses tripes. Une ambition qui ne se tarit pas, surtout lorsque son regard glisse sur son corps aphrodisiaque et que ses yeux se perdent dans ses prunelles ambrées. Ce serait une mauvaise idée. Il n’a pas envie de se sentir aussi fébrile que lorsqu’ils avaient passé leur été contre la chair de l’autre. On n’est pas sur la même longueur d’ondes. Laisses tomber Thiago. Il soupire alors que son poing vient frapper le bois de la porte de son ami. Il se fait connaitre de son ami, ayant profité de la sortie d’une personne du bâtiment pour y pénétrer sans devoir sonner. Rapidement la peau halée et le visage doux et familier de son ami apparaît dans le chambranle de la porte. « Salut bro ! » Il déclare en venant se rapprocher pour l’enserrer dans une étreinte fraternelle. Un sourire brillant vient ourler ses lippes. « Je nous ai amené de quoi boire et manger. » Il ajoute en entrant dans l’appartement de son ami. « Pas trop fatigué pour une soirée jeux ? » Il le questionne pour prendre de ses nouvelles et se laisser gagner par l’euphorie de le retrouver. Il compte bien passer une bonne soirée en sa compagnie.

Ce soir, Nessim allait pouvoir se détendre et oublier un peu le boulot ne serait-ce que quelques heures. Ouvrir sa propre boulangerie et la faire tourner demandait un travail considérable. Heureusement, elle fonctionnait déjà plutôt bien et il avait pu engager une vendeuse. Mais il n’en restait pas moins que le boulot était encore bien soutenu. Il n’avait pas encore assez de rendement et de liquidité pour pouvoir prendre un apprenti. Il était seul à s’occuper de la confection du pain, des viennoiseries. Il aimerait bien pouvoir faire des pâtisseries mais il n’avait pas encore assez d’expertise dans le domaine et surtout, il n’avait pas le temps pour ça. Il le savait, d’ici quelques mois, il pourrait donner sa chance à quelqu’un qui avait de la bouteille à ce niveau-là ou bien un petit jeune qui avait envie d’apprendre et qui suivait donc des cours de pâtisserie. Aujourd’hui avait été son jour de fermeture, il en avait donc profité pour se ressourcer à peu et pour penser un peu à lui. Depuis la perte d’Isaac, de l’homme de sa vie, il avait du mal à vivre pour lui. Mais heureusement, il pouvait compter sur Thiago, son meilleur ami, le frère qu’il n’avait jamais eu. Il fallait tout de même dire qu’un bon nombre de choses les liaient, notamment sur cette épreuve tragique qu’ils avaient pu vivre l’un l’autre. Son ami avait également perdu son petit-ami, les circonstances n’étaient pas les mêmes mais la perte était la même. Depuis, ils passaient le plus de temps possible ensemble, à tenter d’oublier le temps d’un moment, la difficile vie qu’était la leur. Les deux jeunes hommes se refusaient à ouvrir à nouveau leur cœur. Pour le boulanger, c’était tout à fait logique, son amour était encore présent et il était destiné à son défunt petit-ami. Cela faisait plus de deux ans et il souffrait encore. Il ne se passait pas un jour sans qu’il ne pense encore à Isaac. Il ne l’oublierait jamais, il le savait. Il savait une chose, il se sentirait coupable de tomber amoureux de quelqu’un d’autre.

Pour l’heure, il travaillait énormément et profitait de la vie en s’abandonnant dans les bras de quelques hommes de passage. Cette soirée serait salutaire pour lui, il était toujours content d’avoir la visite de son meilleur ami. D’ailleurs, lorsqu’il entendit les coups sur la porte, il se leva rapidement de son canapé pour se rendre vers celle-ci. Thiago c’était annoncé, mais en même temps, Nessim n’attendait personne d’autre. Le jeune boulanger ne put que sourire en le voyant, fermant la porte derrière lui pour finir par prendre part chaleureusement à cette étreinte amicale. « - Salut vieux, si tu savais comme je suis content de te voir ! » Ils marchèrent vers le salon. Son meilleur ami était enthousiaste ce qui faisait plaisir au jeune boulanger. Il n’était clairement pas fatigué. Et en plus, Thiago avait ramené de quoi boire et s’empiffrer, ils allaient donc pouvoir passer une super soirée entre meilleurs potes. Pour l’instant, le jeune homme ne savait pas s’il allait lui confier ce moment si particulier au spa. Nessim avait été se faire masser, une idée d’une amie, mais en se rendant là-bas, il avait littéralement craqué pour un joli masseur. Il en était persuadé, ce type était gay et à dire vrai, il se serait bien amusé avec lui. Mais pour l’instant, rien ne s’était passé. Il était frustré mais il espérait pouvoir arriver à ses fins. Allait-il se brûler les ailes ? Peut-être, mais c’était plus fort que lui… « - Moi fatigué ? Tu me connais, je suis prêt à te mettre une raclée jusqu’au bout de la nuit. » Le boulanger lui avait fait un clin d’œil tout en rigolant. Ils s’installèrent finalement sur le canapé. La télévision était déjà allumée. Il attendit que Thiago sortent les bières et la bouffe pour prendre deux bouteilles et les ouvrir. Il en tendit une à son meilleur pote. « - Et toi ? Comment ça va ? »

Il retrouve son ami dans un enthousiasme nullement feint. Cela fait un petit moment qu’ils n’ont pas pu se revoir et pour une fois que leurs emplois du temps respectifs se coordonnent, il compte bien profiter de cette soirée jusqu’au bout. Nessim est le détenteur de l’ensemble de ses secrets de son passif, celui qui est capable de lire dans ses propos pour y puiser la vérité. Les années passées près de l’autre ont forgé cette amitié sincère où ils s’efforcent de veiller l’un sur l’autre et inciter l’autre à avancer malgré leur passé bouleversant. L’étreinte qu’ils s’offrent est empreinte de cette complicité fraternelle. Leurs sourires sont sincères alors qu’ils retrouvent le cœur de l’appartement de son ami. Il rit spontanément à la boutade du magrébin alors qu’ils se dirigent vers le salon. « C’est ce qu’on va voir. Je ne compte pas te rendre la tâche facile, bro. » Il réplique avec amusement alors que ses prunelles brillent de malice. Il est satisfait de retrouver cette ambiance bon enfant entre eux alors qu’ils viennent prendre place sur le canapé. En invité généreux, il a ramené un pack de bière et des snacks pour satisfaire l’appétit vorace de son ami puisque lui mange très peu. Il n’a malheureusement pas perdu son anorexie même s’il la combat tous les jours en s’efforçant d’apprécier certains mets. Il peut compter sur son père pour veilleur au grain même si ça a le don de le mettre sur les nerfs. Il sait malheureusement qu’il fait ça pour son bien et comme il ne veut pas l’inquiéter plus qu’il n’a pu le faire, il s’applique à suivre ses recommandations. « Je nous ai pris des snacks et des légumes. » Il lui indique en sortant les différents sachets de son sachet qu’il dispose sur la table. Les légumes sont généralement pour le photographe puisqu’il mange plutôt sainement lorsqu’il a assez d’appétit pour avaler autre chose que les plats de sa belle-mère. Il sait pertinemment que son ami ne se formalisera pas de ce choix peu orthodoxe comme la plupart de ses amis. En plus avec une sauce cocktail les légumes passent comme une lettre à la poste. Il finit par tendre deux bouteilles de bière à son ami qui comme à ses habitudes, l’ouvre bouteille à la main les décapsulent d’une main de maître. « Merci. » Il indique à son ami en lui montrant la bouteille avant de s’asseoir confortablement sur son canapé. « Je vais bien. La routine au travail. On est en train de monter un projet photographie avec les petits résidents. J’ai hâte de les amener découvrir mes coins préférés en ville pour qu’ils puissent s’éclater. » Il lance avec un sourire enthousiasme sur les lèvres. Thiago apprécie énormément son travail auprès de ses enfants magnifiquement différents et l’idée de mêler son travail à sa passion l’enchante grandement. « Sinon à la colocation cela se passe bien. Orlando, un gars que j’ai rencontré en voyage va venir occuper la troisième chambre laissée vacante en mai. Pour l’instant avec Baz, ça se passe bien. » Il se pince la lèvre sur sa dernière déclaration. Il a déjà parlé subtilement de Baz à Nessim, sans rentrer dans les détails de leur histoire durant cet été au Brésil. Sans doute parce que c’est un souvenir magique pour le photographe qui désire le garder aussi secret que possible. Un moyen également pour lui de ne pas faire face à l’évidence que le Brésilien a son cœur entre ses mains. Ne pas parler de leur relation, la faire passer pour une aventure, même auprès de son meilleur ami lui évite de faire face à la vérité, même si elle menace de surgir à chaque fois que ses prunelles s’ancrent à ces ambres qui lui retourne le ventre, le cœur et l’esprit, quotidiennement. Après tout, il s’était promis de ne plus jamais s’enliser dans une histoire compliquée. C’est mieux ainsi. « Et toi ? Tout se passe bien à la boulangerie ? » Il le questionne à son tour alors qu’il vient boire une gorgée de sa bouteille en plongeant son regard dans le sien, résolument attentif à sa réponse.

Thiago, il l’aimait comme un frère. Il fallait tout de même avouer que la vie ne les avait pas épargnés et que ce genre d’épreuves et bien ça rapproche. Le jeune homme était un peu le pilier du boulanger. Sans lui, il n’en serait très certainement pas là où il en était aujourd’hui. Il avait pu se relever assez rapidement parce que son meilleur ami était là pour lui. Perdre Isaac avait été l’épreuve la plus dure que la vie avait pu lui faire subir. Il le savait, le jeune homme avait emporté un morceau de son cœur en passant de l’autre côté. Il était persuadé d’une chose également, c’était qu’il l’aimerait toujours. D’ailleurs, il s’était mis comme point d’orgue de ne jamais ressentir de sentiments pour quelqu’un d’autre. Il ne voulait pas que son défunt compagnon puisse penser qu’il le trahissait ou bien qu’il puisse l’oublier. Il avait une vision sûrement trop étriqué de la vie d’une personne endeuillée après la mort de la personne dont elle pouvait être éperdument amoureuse. Certains se diraient, je dois avancer et il voudrait me voir heureux. Pour Nessim, il en était autrement. Il ne se refusait pas aux plaisirs de la chaire, mais pour le reste, ce n’était pas possible. Isaac serait son unique amour. Les taquineries allaient déjà bon train et c’est ce qui faisait du bien au jeune homme, pouvoir rire avec Thiago sans prise de tête. Il savait très bien qu’il ne lui faciliterait pas la tâche, il était intraitable en ce qui concernait les jeux vidéo.

« - Je sais que tu es intraitable, je ne me fais pas de soucis là-dessus. Mais tu sais aussi que je ne suis pas du genre à lâcher. Alors prépare toi à de la résistance. »

La soirée allait être sous le signe de la joie et de la bonne humeur. Cela ferait le plus grand bien au jeune boulanger. Une fois installés sur le canapé, il lui tendit une bière tout en prenant de ses nouvelles. Il allait bien et était sur un projet photographie avec ses résidents. Thiago faisait un magnifique travail. Être éducateur spécialisé pour des personnes handicapées était une occupation plus que louable. En tout cas, Nessim était plutôt admiratif face au métier de son ami. Il avait le sourire aux lèvres en parlant de ce projet. On sentait bien qu’il donnait son maximum pour faire plaisir à ses résidents.

« - Je suis sûr que ça va leur plaire. Tu fais toujours ton maximum pour leur donner le sourire. C’est tellement beau ce que tu fais. Tu peux être fier de toi mon vieux. »

Nessim sirotait tranquillement sa bière, écoutant attentivement son meilleur ami. Il était vraiment content de le voir et de passer la soirée avec lui. Il espérait ne pas sombrer et se sentir fatigué à un moment donné. La boulangerie lui prenait pas mal de son énergie. Mais il était jeune et par conséquent, il arrivait tout de même à tenir surtout lorsqu’il pouvait avoir un semblant de vie sociale. Du coup, il comptait bien profiter de cette soirée entre potes pour s’amuser. L’arabe ne savait pas trop s’il devait lui parler de cette rencontre avec Medhi, un masseur des plus mignons et qui lui faisait tourner la tête bien plus que les autres hommes qu’il avait pu rencontrer depuis la perte d’Isaac. La soirée ne faisait que débuter, il verrait bien s’il se confiait ou non. Pour l’instant, la conversation tournait autour de leurs occupations professionnelles et par conséquent, son ami venait de lui demander si tout se passait bien à la boulangerie.

« - Et bien écoute tout se passe à merveille. J’ai une bonne clientèle d’habitués. Je suis content. Le bouche à oreille fonctionne bien aussi. Je suis même en train de me dire que je vais sûrement embaucher. J’espère qu’Isaac est fier de moi, de là où il est. »

Nessim n’avait pas peur de parler d’Isaac devant Thiago bien au contraire. Il savait très bien que son ami ne le jugerait pas, bien au contraire. Il but une nouvelle gorgée de sa bière.

« - Tu veux grigoter quelque chose ou bien on débute les festivités ? »

Le jeune boulanger lui fit un petit sourire mesquin en arquant un sourcil. Il était déjà prêt à en découdre.

L’ambiance bon enfant s’immisce naturellement dans les propos des deux meilleurs amis qui sont déterminés à passer une soirée détente en compagnie de l’autre. Des petits moments qui se font rares du fait de leurs activités professionnelles et de leurs loisirs personnels, mais qui demeurent précieux. Le lien qui unit leurs deux âmes est singulier et ne peut être altéré par la vie quotidienne. Il peut compter sur son soutien, tout comme Nessim peut compter sur le sien. « Merci, vieux. » Il déclare dans un sourire attendri. Nessim reste le gardien de ses secrets même s’il ne lui dit pas tout. Sans doute parce qu’il a peur que son ami visualise à travers lui et lui dévoile des choses sur lui-même. Des sentiments dont il se voile la face sans réellement en prendre conscience. Pourtant, ils sont bels et bien présents dans sa poitrine et ne cesse d’enflammer sa poitrine d’un feu incandescent à chaque fois qu’il fait face à la figure de ce rêve d’été qui lui a permis de gouter de nouveau à la vie en pleine dent. C’est tellement plus simple de se voiler la face, de ne pas prendre réellement conscience de l’ampleur de l’affection qu’il porte au Brésilien qui lui retourne les trippes avec la même puissance que lors de leur rencontre. La magie peut-elle s’opérer dans le présent et perdurer dans l’avenir ? Il a tellement peur de cela. Le pire dans tout cela est qu’il n’embrasse pas ces émotions, pour lui et non par égard à Ethan. Ethan aurait-il voulu ça pour moi ? Il s’efforce de le croire, mais alors les images des derniers mois de leur relation lui rappelle à quel point, celui qu’il aimait avait sombré dans des abimes de plus en plus aliénantes. La culpabilité du photographe s’est effritée avec le temps, mais sans doute qu’une part de lui se ferme à la perspective d’être heureux. Arrête de te prendre la tête, de toute manière rien ne peut me dire si Basilio veut de moi. Les signaux envoyés par le Brésilien sont si contradictoires au quotidien qu’il se rend compte à quel point ce jeune homme est bien plus complexe qu’il ne lui a semblé durant cet état. Un peu comme s’il y avait deux facettes qui se bat pour avoir le contrôle : le romantique et le cynique. Deux personnalités de cet homme qui l’ébranlent comme jamais. Il se rend compte qu’il est obsédé par Basilio, encore plus qu’à son retour du Brésil. Quelle idée de lui avoir proposé la colocation ! Pourtant, il ne le regrette pas. Il préfère l’avoir à ses côtés que dans sa ville, mais il ne sait où. Il s’efforce de s’échapper de ses réflexions, se concentrer sur son ami, son quotidien. « Je suis sûr qu’il est fier de toi. C’est vraiment extraordinaire que tu aies pu réaliser ce projet à ton âge. » Il comment en venant doucement presser son avant-bras de sa main bienfaitrice. « N’en doute pas une seule seconde. » Il ajoute avec douceur en venant boire une gorgée de sa bière. Il devrait sans doute avaler quelque chose, car il n’a pas déjeuner depuis ce matin. Son anorexie demeure présente, mais l’appétit n’y est pas. Il n’arrive pas à retrouver ce plaisir qu’il avait par le passé. « Oui, je vais prendre quelques tomates. » Il déclare pour se donner bonne conscience alors qu’il vient glisser une tomate cerise entre ses lippes. Le geste est mécanique malgré la saveur appréciable du fruit. « Mais on peut jouer tout en grignotant. Comme ça, j’aurai facilement l’avantage. » Il déclare dans un petit sourire en coin alors qu’il vient glisser une nouvelle tomate entre ses lippes pour croquer dedans. Et si je lui en parlais ? Cela pourrait lui épargner de se tourmenter toute la soirée avec ça. « Dis-moi, tu penses qu’Ethan aurait voulu que je refasse ma vie avec quelqu’un ? » Sa voix lui semble lointaine alors que ses prunelles se perdent dans sa bouteille de bière qu’il fixe avec intensité. « Parce que j’arrête pas de me poser cette question et ça m’obsède depuis… » depuis que Basilio est arrivé. Au brésil, c’était simple d’embrasser ses sentiments. Ils étaient dans une petite bulle intemporelle, mais désormais que leur relation s’implique dans leur trajectoire personnelle, il a du mal à accepter les choses. Peut-être que son ami pourrait l’aider à y voir plus clair. Il en aurait bien besoin.

L’amitié qui liait les deux jeunes hommes était forte et singulière. Elle leur appartenait et n’était clairement pas la même que l’amitié qu’ils avaient pu construire avec d’autres personnes. La vie les avait rapprochés, les liant avec un destin des plus difficile. Perdre un être cher n’est jamais facile mais lorsqu’il s’agit d’une personne que vous aimez d’un amour inconditionnel, c’était encore plus difficile. Nessim comme Thiago avait dû affronter cette difficile épreuve. Les circonstances n’étaient pas les mêmes, mais il n’en restait pas moins qu’ils étaient à présent intimement liés. Le jeune boulanger le considérait comme un frère. Ils ne se voyaient pas assez souvent à son goût mais ce n’était pas de leur faute, les obligations professionnelles prenaient souvent le dessus. Il allait donc profiter pleinement de sa soirée avec son meilleur ami, oubliant le quotidien parfois difficile, ne pensant qu’au bonheur d’un moment passé avec son fidèle ami. Les taquineries étaient toujours de mise entre les deux jeunes hommes. Ils aimaient se charrier et puis, comme le disait l’adage, « qui aime bien châtie bien » et dieu seul sait à quel point le jeune Massoud aimait particulièrement son ami. Il n’y avait jamais eu d’ambiguïté entre eux. Non pas que le bonlanger ne trouvait pas son meilleur ami à son goût. Mais avec leurs cicatrices communes, il n’avait jamais vu Thiago comme une conquête potentielle. Non, cette idée ne lui avait jamais traversé l’esprit. Le jeune arabe le savait, il allait bien s’amuser ce soir. Leurs taquineries en étaient la preuve. Même s’ils se charriaient assez souvent, ils savaient aussi parler de choses sérieuses, notamment de leur boulot respectif. Nessim avait toujours été fier de Thiago et du travail qu’il faisait. Il ne manquait d’ailleurs pas de lui dire. Il fallait savoir parler de ce genre de choses aussi. Il ne put que sourire amicalement lorsque son ami le remercia. Bien évidemment, le boulanger avait parlé de son travail lui aussi. Il était content de lui et du fait que la boulangerie fonctionnait plutôt bien. Il avait à présent sa clientèle d’habitués qui en parlaient autour d’eux. Comme il venait de le confier à son meilleur ami, il songeait même à embaucher. Thiago était sûr d’une chose, c’était que son défunt compagnon était fier de lui. Il ne devait d’ailleurs pas en douter une seule seconde.

« - Tu as raison. Qui peut se vanter d’avoir ouvert un commerce à l’âge de vingt-trois ans et qu’en plus il fonctionne plutôt bien. Mais j’ai toujours peur de mal faire et qu’il puisse être déçu. Je devrais arrêter et me dire qu’il m’aime et qu’il est sûrement content de voir que je fais avancer son projet. »

Ils avaient commencé à boire quelques gorgées de leur bière. Nessim le savait, il allait devoir manger en même temps s’il ne voulait pas se retrouver alcoolisé rapidement. Thiago lui annonça qu’il allait prendre quelques tomates cerises pour commencer. Le boulanger fit de même, en prenant une pour la mettre dans sa bouche et la déguster. Elles étaient très bonnes. Le jeune homme à ses côtés avait repris la parole en disant qu’ils pouvaient très bien grignoter tout en jouant. Il était intraitable, se disant qu’il pouvait avoir l’avantage dans ces conditions.

« - Monsieur est donc un petit tricheur, était prêt à être malhonnête en profitant du fait que je gobe quelques tomates cerises tout en jouant ? Mais tu sais bien que je suis bien meilleur que toi au jeu du « je sais faire deux choses en même temps » pas vrai ? »

Nessim n’eut pas le temps d’allumer la console et de lui filer la manette puisque son meilleur ami avait repris la parole pour lui poser une question bien trop importante pour se dire qu’il pouvait jouer en même temps. Thiago se posait une question cruciale que le boulanger se posait aussi depuis quelques jours voir semaines. Il se demandait si son petit-ami décédé aurait voulu qu’il refasse sa vie. Cette question l’obsédait et il n’y trouvait aucune réponse. La question était délicate et la réponse qu’allait lui donner le jeune arabe ne l’aiderait très certainement pas. Mais en tout cas, il aimait pouvoir discuter de ce genre de choses avec son ami.

« - Et bien tu vois Thiago, je me pose exactement la même question pour Isaac. Je me dis qu’ils ne voudraient pas qu’on finisse notre vie seul. Mais en même temps, j’ai peur qu’ils puissent se sentir trahis. Et puis, personnellement, j’ai peur de ne plus l’aimer, de l’oublier et je n’arrive pas à m’y résoudre… C’est tellement compliqué comme situation. S’il pouvait y avoir un moyen de communiquer avec l’au-delà, ça nous aiderait grandement tu ne trouve pas ? »

Nessim avait pris une nouvelle tomate cerise, ne sachant pas quoi lui dire de plus.

« Tu fais toujours de ton mieux, Nessim. Il ne pourra jamais être déçu. Tu vas sans doute faire des erreurs, mais qui n’en fait pas ? Personne n’est parfait, mais tu y mets tout ton cœur dans ce projet, alors cesse d’avoir ces pensées parasites. Tu gères, bro. » Il ne peut rester muet face à la remarque de son ami. Il est idiot de croire qu’il puisse décevoir Isaac alors qu’il se donne tant de mal. En conséquence, sa menotte se fait plus ferme sur son avant-bras mais sa voix garde ce ton calme et doux. Il espère qu’il parviendra par prendre suffisamment confiance en lui pour éviter de s’obscurcir le cœur de pensées infondées. Ils reprennent la dégustation de leur bière et Thiago s’oblige à avaler quelques tomates cerises natures pour distiller l’alcool dans son corps. Il demeure particulièrement sensible à cette substance même lorsqu’il mange, car ses antécédents ont affaibli sa tolérance. Il mange pour se donner bonne conscience, mais le geste est mécanique, réalisé sans aucun appétit, mais uniquement parce que c’est nécessaire. Inconsciemment, il espère qu’un jour, il parviendra à reprendre plaisir à se sustenter, mais le chemin est encore long. Peut être lorsque j’aurai vraiment fini par tourner la page ? Qui sait ? Ses pensées s’emmêlent dans son esprit au point où il formalise cette question qui tourne en boucle dans son esprit au point de ne pas réellement entendre la remarque taquine de son ami. Il a besoin d’avoir son point de vue, parce qu’ils vivent la même situation, sans doute avec des différentes, mais ils en sont au même point : accepter ou non de tourner la page. Sans sa rencontre avec Basilio, cette question ne lui serait pas venue à l’esprit, mais désormais qu’il a pu découvrir le plaisir à nouveau d’avoir quelqu’un avec lui, sa chaleur contre la sienne au point de sentir son myocarde battre contre le sien, ce besoin se fait plus dévorant. Même si ce n’était qu’un rêve merveilleux, Basilio lui a permis de s’ouvrir de nouveau aux rencontres et aux histoires d’amour, même si elles étaient toutes vouées à l’échec, car malgré la beauté des âmes rencontrées, il n’y avait qu’une attirance et une affection subtile, mais pas assez suffisante pour le faire flancher et baisser les armes. sauf LUI. Cette astre solaire qui a envahit son quotidien, qui s’est matérialisé, tout en demeurant inaccessible. Ais-je envie de prendre le risque de tout perdre ? « Sans doute, mais je crois que j’aurai peur d’entendre la réponse d’Ethan. » Il soupire en venant glisser une de ses mains dans ses cheveux. « Il avait tellement changé les derniers mois. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’espérer qu’il aurait voulu que je ne sombre pas dans toute cette merde à son décès, que malgré ses pensées noires, il aurait privilégié mon bien-être et mon bonheur. N’est-ce pas ce qu’on peut espérer de mieux à l’être aimé ? » Il murmure faiblement avant de prendre une grande inspiration pour plonger ses iris larmoyantes d’émotion dans celles de son ami. « Je pense qu’ils auront toujours une place dans notre cœur. Ils ont façonné les hommes que nous sommes devenus. Et je pense qu’on peut être fier de nous, Nessim. Nous sommes des gens bien et je pense qu’on mérite de pouvoir avoir quelqu’un à nos côtés, qu’il est possible d’aimer quelqu’un sans les trahir. On ne peut pas oublier un amour comme on leur a porté. Il sera à jamais ancré en nous. » Il conclut alors qu’il vient glisser sa menotte contre son cœur. « Je crois que j’ai juste peur d’aimer à nouveau, d’accepter de nouveau ce sentiment dans ma poitrine, parce que ça m’a détruit la première fois et que les contes de fée, comme les happy end, n’existent pas. Mais est-ce une vie de dormir dans des draps seuls, sans chaleur ou avec des aventures d’une nuit ou pour quelques semaines, mois comme je le fais ? » Il expulse ces pensées qui ont tournoyées dans son esprit depuis ces derniers mois, débridées par l’effet embaumeur de l’alcool auquel il est si sensible. Il se sent résolument perdu.    

Les liens tissés avec Thiago étaient forts et ils s’étaient d’ailleurs renforcés une fois cette épreuve tragique commune vécue. Nessim ne se voyait plus vivre sans le beau garçon à ses côtés. Il le considérait comme un véritable frère. Les choses avaient toujours été très claires entre eux. Il le trouvait attirant, comment ne pas le trouver attirant ? Il avait une belle gueule, des yeux de fou et un corps agréable à regarder mais il ne s’était jamais rien passé entre eux et il ne se passerait très certainement jamais rien. Bien entendu, il connaissait l’adage qui disait qu’il ne fallait jamais dire jamais, mais en même temps, si quelque chose avait dû se passer entre ces deux là et bien cela se serait passé depuis bien longtemps non ? En tout cas, cela n’avait jamais traversé l’esprit du boulanger. La conversation avait déjà pris une tournure des plus intimes et des plus profondes. Lorsqu’ils se voyaient, les deux jeunes hommes ressentaient toujours le besoin de se confier et de parler de leurs défunts petits-copains. En tout cas, le jeune arabe n’avait jamais eu de mal à parler de ça avec son meilleur ami. C’était du coup pour cette raison qu’il agissait si naturellement avec lui. Isaac avait été rapidement évoqué dans la conversation lorsqu’il parla de son travail à la boulangerie et le fait qu’elle marchait plutôt bien. Il s’était toujours imaginé ce que pouvait penser son amoureux parti trop vite de ce qu’il avait accompli. Il n’aurait bien évidemment jamais la réponse. Il avait déjà été tenté d’aller voir une médium pour tenter d’entrer en communication avec l’amour de sa vie. Mais il avait peur, peur de ce qu’il pourrait apprendre. La peur était bien plus forte que la curiosité pour l’instant, il n’en avait donc rien fait. Il écoutait attentivement son bestfriend lui dire qu’il n’avait pas à se parasiter par de telles pensées, qu’Isaac ne pouvait qu’être fier de lui et du chemin parcouru et que même s’il faisait des erreurs et bien ce ne serait pas si grave. L’important dans tout ça était qu’il y mettait son cœur et ses tripes. Thiago avait raison, il fallait qu’il arrête de se prendre la tête de la sorte.

« - Tu as raison bro’. L’important c’est l’amour et la passion que je mets dans tout ça. Et ça, je suis sûr que ça lui plait. »

Les taquineries entre meilleures potes étaient également présentes. C’était ça la forte de leur relation, ils pouvaient passer d’un sujet sérieux à des conneries en tout genre et revenir ensuite à des conversations bien plus sérieuses. C’était d’ailleurs le cas puisque les chamailleries d’enfants laissèrent rapidement la place à un tout autre sujet sérieux, le fait de savoir si leurs amoureux décédés se sentiraient trahis s’ils se trouvaient quelqu’un d’autre. En tout cas c’était la question que se posait Thiago et il en était tout de même pareil pour le jeune boulanger. Il se posait doublement la question depuis sa rencontre avec Mehdi, un jeune masseur à la peau tannée et aux yeux ravageurs. Est-ce qu’Isaac lui en voudrait s’il finissait par s’attacher à un autre homme ? Le prendrait-il mal ? C’était tout un tas de questions qu’il se posait et dont il n’avait tout simplement aucune réponse. Son meilleur ami était clairement en train de se livrer, les yeux mouillés et la voix tremblante. Il lui expliqua qu’il ne voulait très certainement pas savoir ce que pensait Ethan mais qu’en même temps, il se disait qu’il n’aurait pas voulu qu’il sombre après son décès. Il avait ensuite continué en disant que malgré tout, leurs défunts compagnons resteraient à jamais dans leur cœur, que les sentiments qu’ils avaient pu avoir pour eux ne s’effaceraient jamais et qu’ils resteraient ancrés en eux à jamais. Mais qu’ils étaient tout de même des gens biens, qui méritaient d’être aimés. En même temps, son meilleur ami avait peur, peur d’ouvrir son cœur, peur de souffrir à nouveau. Il le savait, les contes de fées comme les happy end n’existaient pas forcément. Cela se ressentait et se voyait, il était tiraillé entre plein de sentiments. Il exprimait d’ailleurs ses interrogations sur le fait qu’une vie sans personne dans un lit, sans chaleur n’était peut-être pas la meilleure chose, même si elle était agrémentée avec des aventures comme il le faisait. Nessim vint le prendre dans ses bras pour le consoler. A vrai dire, il ressentait les mêmes sentiments. C’est bien beau de s’amuser et de ne pas vouloir s’attacher mais finalement, il finit par ressentir un certain manque d’affection.

« - Je pense qu’Ethan serait fier de la personne que tu es et qu’il ne voudrait pas que tu sombres dans la noirceur d’une vie seule. Je pense qu’au contraire, tu mérites de retrouver l’amour et de t’y abandonner. Je pense qu’on le mérite. Mais je comprends aussi ta peur. C’est tellement compliqué pour nous avec ce qu’on a pu traverser. Je pense qu’on sera prêt quand on aura trouvé la bonne personne et je nous le souhaite. J’en viens aussi à me dire que les aventures d’un soir c’est bien, mais ça n’enlève rien à la solitude qu’on peut ressentir… »

Nessim avait laissé quelques larmes coulées, serrant bien fort son meilleur ami avant de venir déposer un doux baiser sur sa joue. Il fallait changer un peu d’énergie sinon il finirait par passer la soirée à pleurer. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Il prit donc une nouvelle tomate cerise, sécha ses larmes et tenta un timide sourire.

« - Allez place au jeu ! Tu es venu pour t’amuser pas pour pleurer. Et puis j’aime pas te voir comme ça ! Si tu veux je te laisse gagner cette partie ? »

Il lui fit un clin d’œil chaleureux avant de lui tendre une manette de sa console de jeux vidéo.

Ce n’est pas dans les habitudes du Brésilien de s’exprimer de manière aussi claire sur ses émotions. Il en juste ressenti le besoin pour expulser des tourments qui envahissent si aisément son esprit. Ils le travaillent depuis tant de mois et le sujet est arrivé si naturellement dans la conversation qu’il n’a pas pu les contenir plus longtemps. Les exprimer est déjà libérateurs. Il a la sensation que le poids qu’il sent persistant dans sa poitrine s’est allégé et que son myocarde bat plus sereinement. Il n’attend pas à ce que son meilleur ami ait la réponse pour amoindrir, voir supprimer ses inquiétudes. Personne sur terre n’a la réponse. Il est le seul à détenir la véritable réponse, même s’il est encore incapable d’identifier laquelle. Peut-être qu’il a encore besoin d’un peu de temps, que ce blocage qui l’empêche de se plonger corps et âme dans ses relations amoureuses finira par se désamorcer et qu’il finira par s’embraser de nouveau aux affres de l’Amour. Peut-être un jour, il doit juste être patient. Il est encore en train de faire amende honorable de son passé, d’accepter qu’Ethan n’est plus et qu’il est temps pour lui de tourner la page malgré les inquiétudes qui ombragent son cœur. L’étreinte de son meilleur ami est réconfortante, ferme et chaleureuse. Il se laisse nourrir par ce contact innocent et empreint d’affection. Il lui rend naturellement son étreinte, ses bras musclés s’enroulent autour de son buste pour partager un câlin qui semble nécessaire pour les deux meilleurs amis. Ses paroles ne font qu’accentuer la dynamique que son esprit a engagée pour aller de l’avant. Il veut croire en tout ça, alors il s’intime à ne pas écouter ses sombres pensées. « Oui, cette question ne se posera pas quand on aura trouvé les bons, comme elle ne s’était pas posée avec Ethan… » Comme je ne me la suis pas posée avec Baz durant cet été. La signification lui échappe à cet instant, mais il a la preuve qu’il peut profondément s’attacher à quelqu’un sans se poser de questions lorsqu’il se sent réellement connecté à quelqu’un. Il doit garder ça en tête. « On doit juste accepter d’évoluer et s’efforcer de prendre les choses comme elles viennent, tout en se préservant un minimum. » Il indique dans un petit sourire alors qu’il caresse affectueusement le dos de son ami dont il sent quelques larmes s’écouler contre sa nuque. Thiago est ému, mais a trop pleuré par le passé pour s’épandre dans les pleurs qu’il a appris à maitriser. Ses prunelles brillent d’émotion et la proposition de son ami tombe à point nommé alors que leur étreinte se brise pour reprendre le cours de leur soirée détente. Il sourit sincèrement à son ami alors que ce dernier titille son esprit de compétition. « Même pas en rêve, bro ! Je veux gagner à la loyale. On sait très bien que je vais t’écraser. » Il lui indique en venant doucement lui donner un coup de poing contre le bras. « Allez, lance-nous ce jeu. » Il l’invite à agir alors qu’il s’extirpe de ses pensées pour se concentrer sur l’instant présent et profiter du moment comme il a appris à le faire pour trouver la force d’avancer. Se satisfaire des petits bonheurs de la vie pour ne pas laisser la douleur t’engloutir. Une fois le jeu lancé, Thiago s’immerge totalement dans la stratégie pour contrer celle de son ami. Ils se chambrent sur leurs joies, se confrontent dans la bonne humeur qui leur colle à la peau et qui les a toujours rendus compatibles. La lutte est acharnée alors qu’ils se donnent des coups d’épaules pour déconcentrer l’autre, prendre l’avantage lors de ce match de football qui est lancé. Il finit par gagner le match à quelques minutes de la fin réglementaire et s’assure de maintenir son avantage jusqu’à la fin. En conséquence, lorsque le coup de sifflet virtuel retentit, il lâche une forte exclamation. « Ouais !!!!!! Je t’ai eu à la loyale, bro ! » Il soulève son point en l’air, résolument fier de sa victoire, comme il pouvait l’être sur le terrain de tennis à chacun de ses matchs remportés. Il a la compétition dans le sang. C’est ce qui l’a toujours fait vibrer même si aujourd’hui cela est de l’histoire ancienne, mais il n’en demeure pas moins compétitif, d’autant plus dans les jeux.