troublemaker (kylea 4)

J’ai bien senti que quelque chose n’allait pas après cette intervention musclée. Au moment de me mettre au dessus de cet abruti ventre à terre, poignets en mains pour lui enfiler les menottes, il a donné un grand coup et a bien failli me retourner comme une crêpe. Mais j’ai tenu bon et ai fini mon boulot. Sauf que mon épaule a pris cher. Elle avait été fragilisée au lycée lors d’un match de rugby en cours d’EPS, une belle luxation. Et là, même douleur. Même tourner le volant sur le chemin qui me ramène au QG me fait un mal de chien. Je grimace et encaisse le choc jusqu’à la fin de mon service.

Deux choix s’offrent à moi : le premier serait l’hôpital, ce qui insinuerait un arrêt de travail sur du plus ou moins long terme. Pas question. Je suis sur une grosse affaire, un gros dossier qui demande tout mon temps et mon implication. Impossible d’imaginer rester chez moi en convalescence pour une putain d’épaule à peine déboîtée. J’ai beau essayer de bouger pour la remettre en place, j’ai le sentiment que c’est pire. Bordel ce que ça fait mal. Le second choix serait de trouver quelqu’un capable de remettre mon articulation en place. Quelqu’un en qui j’ai confiance, qui ne fera pas n’importe quoi, et qui comprendra surtout que je n’ai pas envie d’aller à l’hôpital. Elle est toute trouvée : Kylian. Il est pratiquement 23h quand j’arrive devant chez elle, hésitant encore un court instant. Je n’ai jamais mis le pieds ici, j’ai trouvé son adresse en fouinant dans les fichiers. Je souffle un coup et sors de ma Jeep, suivie de près par Cobain qui renifle déjà un peu partout. Je l’engueule quand je le vois commencer à pisser pour marquer son territoire, c’est pas le moment de faire la guerre avec Kurt. Mon doigt presse la sonnette, et il ne faut que quelques secondes pour que la porte s’ouvre sur le visage étonné de Kyle. Je tente alors un sourire. « Salut ! » Oui, va falloir que je lui dise pourquoi je suis là quand même. « J’te dérange pas ? J’ai besoin d’un service. Un gros service. Je peux entrer ? ». Plus qu’à espérer qu’elle accepte…

” kurt, assis. “ ça n’a pas été évident mais il a finit par m’obéir au doigt et à l’oeil. lorsque je l’ai récupéré ce n’était pas gagné. mais c’est bon. et face à mon chien assis, glisse sa dose de croquettes dans sa gamelle. il me regarde, regarde sa bouffe et attend le signal de départ. un mouvement de tête de ma part et le voilà à l’assaut. c’est un véritable goinfre. je ne peux pas le blâmer je suis pareille. ce qui a toujours eu le don d’étonner les gens autour de moi. je mange beaucoup trop et vraiment à des horaires improbables. pour preuve, le carton vide de la pizza que j’ai terminé à seize heures. le reste de la soirée se passe tranquillement, rien de prévu. à part les sushis en tout genre et les desserts japonais qui arrivent vers vingt-et-une heures, quand mon estomac se remet à gargouiller. l’avantage des grandes villes comme new york ou los angeles, tu trouves ce que tu veux à n’importe quelle heure. netflix devient la toile de fond de mon dîner tardif qui s’éternise quelque peu. un dossier dont je regarde les détails d’un côté de la table, la bouffe de l’autre, kurt sous mes pieds à l'affût de la moindre miette qui pourrait tomber. une soirée banale. du moins jusqu’au moment où mon chien se redresse et se dirige vers la porte en grognant. il a fait ça quand le livreur est passé, il fait ça dès que quelqu’un s’arrête devant ma porte. rien de surprenant pour un chien mais pour moi, l’humaine, l’heure me fait tiquer. onze heures et on sonne chez moi. c’est improbable que ce soit le livreur qui ait oublié quelque chose donc il ne reste que l’option de quelqu’un volontairement là. et en effet, andrea est postée devant chez moi. la porte ouverte je la regarde donc alors que kurt trépigne d’impatience derrière mes jambes en voyant cobain être là aussi. nos chiens sont beaucoup trop proches c’est bien drôle. ” salut. “ que je lance à la maîtresse du curieux à quatre pattes. ” salut ! j’te dérange pas ? j’ai besoin d’un service. un gros service. je peux entrer ? “ je me décale, kurt fait de même pour laisser nos visiteurs pénétrer dans notre chez nous. ” en même temps tu m’aurais dit que tu passais par hasard dans le quartier et que tu passais simplement nous dire bonjour, je ne t’aurais pas cru. “ dit sur le ton de la rigolade bien sur alors que je referme la porte derrière elle. kurt et cobain se mettent à jouer ensemble et j’ai bien l’impression que mon chien veut faire la visite de l’appartement à son nouvel ami. qu’ils s’amusent ces deux là, ça n’est pas bien dérangeant. ” qu’est ce qu’il t’arrive ? “ que je demande à la brune, plutôt curieuse de savoir ce qu’est ce gros service.

C’est ma seule et unique chance avant l’hôpital. Et cette option n’est absolument pas envisageable. Je m’y refuse complètement. Alors je range ma fierté au fond de ma poche, et sonne à la porte de chez Kylian. C’est osé je sais, mais c’est mon seul espoir. Je suis rassurée qu’elle ouvre, et je vois déjà Cob remuer la queue en voyant son compagnon. Pourquoi s’entendent-ils si bien tous les deux ? C’est dingue ça ! En plus, Cobain étant un mâle alpha, il a généralement du mal à s’entendre avec les autres mâles. Je ne cherche pas à comprendre. « en même temps tu m’aurais dit que tu passais par hasard dans le quartier et que tu passais simplement nous dire bonjour, je ne t’aurais pas cru. » Je ris un peu et entre une fois qu’elle m’en donne l’autorisation en se décalant de la porte. Je la laisse refermer derrière moi et lâche un léger soupire. « qu’est ce qu’il t’arrive ? » demande-t-elle finalement. Oui, parce que je ne suis pas là pour une visite de courtoisie, elle s’en doute. Je plonge mon regard dans le sien et grimace légèrement. « Intervention musclée, j’me suis luxé l’épaule. » C’est la première information. Vient alors la demande. « C’est pas la première fois que ça arrive, je peux pas la remettre toute seule, mais si je vais à l’hosto ils vont me forcer à m’arrêter et il en est pas question. » Je sais que pour ça, elle est un peu comme moi, peut-être un peu moins pire, quoi que. Je n’ai pas détourné le regard une seule fois, attendant peut-être d’y lire quelque chose. « Tu veux bien m’aider ? Je connais les gestes mais je peux pas les faire toute seule, il faut deux mains, et j’en ai plus qu’une… » Si je lui explique, je sais qu’elle peut y arriver, je lui fais confiance. Evidemment il y a un risque qu’elle me pète aussi un truc, mais je suis sûre qu’elle s’en tirera bien. Je crois la voir hésiter, je penche un peu la tête sur le côté. « Tu vas pas me laisser dans la merde hein !? » Non quand même ! J’ai pas envie d’être venue là pour rien. J’ai déjà eu du mal à mettre ma fierté de côté…

je ne sais pas trop ce qu’elle fait là mais je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose. enfin je ne vois pas pourquoi elle débarquerait chez moi à cette heure ci avec son chien juste pour papoter. surtout qu’elle semble avoir besoin de moi. adossée à la porte je la regarde après lui avoir demandé ce dont elle avait besoin. on a beau avoir une relation… compliquée, ça n’en reste pas moins euh.. une amie ? enfin en tout cas si je peux l’aider je le ferai. ” intervention musclée, j’me suis luxé l’épaule. “ aie ça fait mal ça oui. ça m’est déjà arrivé quelques fois mais en même temps, ce sont les risques du métier. ” boulet. “ je lâche ça doucement en rigolant. parce que je vois qu’elle va bien quand même, qu’elle est toujours debout, qu’elle marche, qu’elle respire. ” c’est pas la première fois que ça arrive, je peux pas la remettre toute seule, mais si je vais à l’hosto ils vont me forcer à m’arrêter et il en est pas question. “ je lève à moitié les yeux au ciel mais en même temps je peux la comprendre. j’aurai fait exactement la même chose dans son cas. hors de question de me faire arrêter. ” tu veux bien m’aider ? je connais les gestes mais je peux pas les faire toute seule, il faut deux mains, et j’en ai plus qu’une… “ je croise les bras sur mon ventre et la regarde en souriant. donc la voilà la demande, voilà ce qu’elle veut. ” tu vas pas me laisser dans la merde hein !? “ je pourrai mais au final ce serait stupide. déjà elle est venu chez moi de son plein gré alors qu’elle aurait pu aller ailleurs. je trouve ça… intéressant. ” tu dois être vraiment emmerdée pour être venue me voir moi. “ je souris mais me décalle finalement de la porte. ” allez va t’asseoir j’arrive. “ je la laisse prendre place sur une chaise et me dirige vers la cuisine. j’attrape un pack de glace que j’ai toujours en réserve - oui, je suis assez douée pour me blesser hein - et un anti inflammatoire ainsi qu’une bouteille d’eau. faudra un truc pour lui mettre le bras en écharpe surement mais on verra ça plus tard. pour le moment le plus important c’est de remettre tout ça en place avant que ça ne s’aggrave. ” t’es sure que tu me fais confiance hein ? “ sait on jamais… qu’elle ne se rétracte pas au dernier moment.

Elle me traite de boulet. Elle me traite vraiment de boulet là ? Comme si ça lui était jamais arrivé. J’arque un sourcil alors qu’elle se met à rire. C’est de bonne guerre. On va dire. Je mets mon ego de côté en venant ici lui demander de l’aide, c’est pas facile pour moi, faut pas qu’elle se foute trop de ma gueule non plus. Je lui explique alors que j’ai pas envie d’être en arrêt de travail, j’ai pas non plus envie de donner mon dossier actuel à quelqu’un d’autre pendant mon convalescence. Pour le repos, on verra ça une fois le dossier bouclé. Une fois ma tirade terminée, je suis presque obligée de lui faire des yeux de chat potté, tout en lui demandant si elle compte me laisser dans la merde. « tu dois être vraiment emmerdée pour être venue me voir moi. » Je sais pas trop bien comment répondre à ça. Je n’ai pas trop envie de lui dire qu’en réalité elle est la première personne à qui j’ai pensé. Ce serait faire aveu de faiblesse, non ? Je la regarde sourire, préférant ne pas répondre, et elle s’approche finalement. « allez va t’asseoir j’arrive. » Je me contente d’un hochement de tête pour acquiescer et vais prendre place sur une chaise, grimaçant légèrement sous la douleur. « t’es sure que tu me fais confiance hein ? » me demande-t-elle en revenant avec tout ce qu’il faut pour me soulager. « Je serai pas là si c’était pas le cas. » Je ne lui dis pas pour autant qu’elle a été mon premier choix. Disons que le fait qu’elle puisse comprendre que je ne veuille pas aller à l’hôpital, ça a pesé lourd dans la balance. Je retire mon t-shirt, en galérant un peu quand même parce qu’avec une épaule en moins c’est pas la joie - autant dire que l’habillage c’est la même histoire - et abaisse la bretelle de mon soutien-gorge pour dénuder totalement mon épaule et qu’elle puisse avoir le champs libre. Après tout, c’est pas comme si elle m’avait jamais vue nue, et puis là je suis pas nue. Y’a pas si longtemps elle m’a vue en petite tenue pour le bien d’une mission d’infiltration. J’en ai un peu joué c’est vrai. Bref. Je soupire un peu comme pour prendre une dose de courage - dont je ne manque pas habituellement, mais le contexte est un peu différent. « Tu sais comment t’y prendre ? » Je lui fais confiance c’est vrai, mais je préfère poser la question au risque qu’elle ne sache pas du tout comment faire, et dans ce cas je lui expliquerai. Est-ce que j’ai plutôt hâte qu’elle pose ses mains sur moi, ou est-ce que j’ai plutôt peur ? Un savant mélange des deux je crois.

je dois arrêter de me foutre de sa gueule parce que je vais finir par me prendre une droite. enfin si elle y arrive. mais bon dans tous les cas je sens bien à son petit air pincé que ça l’agace un peu. elle a cet air sur le visageque je connais parfaitement. c’est dingue comment je peux retenir ce genre de choses. revenue vers elle, je poste tout mon matériel de fortune sur la table et lui demande si elle est sure d’elle. si c’est vraiment ce qu’elle veut. et surtout si elle me fait confiance. parce que oui c’est important. ” je serai pas là si c’était pas le cas. “ elle marque un point. elle peut ne pas avoir eu d’autre choix mais quoiqu’il en soit, c’est le même résultat, elle est chez moi. ” je prends. “ je me contente de ça oui. de toute façon on ne va pas épiloguer, il y a plus important pour le moment. ” tiens avale ça avant tout. “ je lui tends l’anti inflammatoire et l’eau. ça ne va pas soulager sa douleur au moment de remettre en place l’épaule mais ça l’attenuera par la suite. je la regarde se déshabiller et la laisse faire. j’aurai pu l’aider mais miss-je-me-débrouille-toujours-toute-seule n’aurait surement pas appréciée. mais maintenant il est temps que j’entre en jeu. ” tu sais comment t’y prendre ? “ c’est peut être un peu tard pour s’en assurer ça quand même mais je me retiens de rire. j’hoche simplement la tête. ” tu n’es pas ma première luxation. j’vais meme finir par faire payer mes prestations. “ je pose doucement ma main derrière son épaule, juste un léger contact. comme si j’avais besoin de m’y habituer. de m’habituer au contact de sa peau. ” procédé habituel, je vais te demander d’inspirer et puis d’expirer. je bougerai quand tu expireras. “ rien de nouveau comme méthode mais c’est aussi pour lui montrer que je maitrise. ” prête ? “ une main qui tient fermement l’épaule, l’autre qui tient son bras, je lui indique d’inspirer, chose qu’elle fait en suivant mon propre rythme. un signe de tête pour qu’elle expire et c’est à ce moment là que je pousse son bras dans un mouvement sec. le bruit significatif que ça a bougé correctement tranche le silence jusque là présent. je relache doucement son bras et l’observe pour voir si ça va. alors ? “ bon déjà elle ne hurle pas à la mort, ne me jette rien dessus, on peut dire que c’est pas si mal. j’espère. je m’en voudrai de l’avoir cassée.

Elle prend ce que je lui donne, à savoir le fait que si je ne lui faisais pas confiance, elle ne serait pas là. Sous ses ordres, je prends le verre d’eau et avale le médoc qu’elle me donne en prévision de la douleur. C’est pas la première fois, je sais ce que ça fait. Je m’assure seulement qu’elle sait comment faire, faudrait pas qu’elle me fasse plus mal. Enfin j’imagine que si elle ne savait pas, elle ne m’aurait pas dit oui. « tu n’es pas ma première luxation. j’vais meme finir par faire payer mes prestations. » Je ricane un peu, ça m’étonne pas tant que ça. Elle a beau être flic, elle est quand même plus délicate que je ne peux l’être en général. « procédé habituel, je vais te demander d’inspirer et puis d’expirer. je bougerai quand tu expireras. » « Oui docteur. »[/color] Je lui souris et me concentre pour contenir la douleur que je vais probablement ressentir. Inspiration, expiration et clac ! J’encaisse en grognant un peu, tout en serrant la mâchoire. « Bordel… » Ça fait vraiment mal cette connerie. « Alors ? » qu’elle demande pour être sûre que ça va. Tout en grimaçant légèrement, je bouge doucement mon épaule, lui faisant faire un rond lent. « Ça a l’air d’aller. » Il va falloir que je la laisse un peu au repos quand même, mais au moins, elle est remise dans son axe. « Merci. »[/color] Je me tords un peu dans tous les sens comme si j’essayais de remettre mon corps entier d’aplomb, un ostéopathe tomberait dans les pommes en me voyant je pense. « T’as une sous-formation de kiné ? Parce que si c’est ça j’te file un billet, j’ai plein de trucs à faire craquer ! » Je lui souris. Evidemment, c’est une blague, quoi que si elle disait oui je n’en serai pas moins agréablement surprise, et j’en profiterai sans aucune hésitation. « Bon, qu’est-ce que j’peux faire pour toi en retour, pour te remercier ? »

" oui docteur. " on détend l'atmosphère comme on peut je suppose. il est temps de passer aux choses sérieuses. j'attends qu'elle commence à inspirer, me tiens prête et enclenche enfin le moment tant redouté, celui où je replace son bras. le bruit ne me surprend pas vraiment mais ce n'est pas un son que j'aime entendre. mais c'est fait. " bordel... " j'aurai pas dit mieux. donc maintenant il est temps de savoir si tout est bon, si c'est bien remis en place et si elle est réparée. " ça a l’air d’aller. " elle peut la bouger doucement, je suppose aussi que c'est bon. je suis rassurée. au moins je ne l'ai pas plus amochée qu'elle ne l'était en arrivant. " merci. " je souris et m'assieds face à elle en continuant de l'observer bouger. " t'as une sous-formation de kiné ? parce que si c’est ça j’te file un billet, j’ai plein de trucs à faire craquer ! " pas de kiné non. je rigole légèrement et me relève pour ouvrir le frigo. " pas de kiné non, mais je suis plutôt douée de mes mains tu sais. une bière ? " je change un peu de sujet mais j'ai soif. puis bon faut bien qu'elle atténue sa douleur elle non ? et c'est toujours plus facile de faire passer un sous entendu rapidement. " bon, qu’est-ce que j’peux faire pour toi en retour, pour te remercier ? " je lui tends la bière et fais mine de réfléchir. en vérité j'ai une question à lui poser mais je ne sais pas comment présenter les choses. ça me trotte juste en tête depuis la discussion que j'ai eu avec meylin. je n'ai pas eu l'occasion de reparler à andy depuis ou du moins pas eu le temps d'aborder ce sujet. " tu pourrais répondre à une question alors ? " je bois une gorgée de la bouteille et la repose sur la table. " tu la trouves comment meylin ? " oh je suis certaine qu'elle sait de qui je parle. par contre je ne sais pas si elle est au courant que mey me connait. je vais vite le savoir je pense.

« pas de kiné non, mais je suis plutôt douée de mes mains tu sais. une bière ? » Oui, je sais. Enfin je savais. J’imagine que c’est comme le vélo, c’est quelque chose qu’on n’oublie pas. Je ne relève pas cette information, volontairement, et aussi parce qu’elle a immédiatement proposé une bière, comme pour clore sans attendre la parenthèse. « Ouais, avec plaisir. Merci. » Je soupire un peu et bouge mon épaule doucement, pour vérifier qu’il n’y a rien qui bloque, malgré la douleur, qui est tout à fait normale. Il ne faut pas que j’y aille trop fort de toute manière. Pour la remercier, je lui demande si elle a une requête particulière. Je suis sûre qu’elle peut être inventive. Alors quand elle me demande si elle peut me poser une question, je me contente dans un premier temps d’arquer un sourcil. « Hum, dépend de la question. » Je m’attends à tout avec elle. Ça ne date pas d’hier. Je récupère la bière qu’elle me tend et la porte à mes lèvres. Mais je n’aurai décemment pas dû prendre une première gorgée avant d’avoir entendu la question. « tu la trouves comment meylin ? » Je manque de m’étouffer. J’essuie mes lèvres, le temps de calmer un peu ma toux. « Wow… attends… » Je secoue la tête, j’essaie de connecter mes neurones. « Tu connais Meylin ? Ou tu me suis pour voir qui je fréquente ? » Oui, fréquenter est un peu le mot, si on compte les quelques fois où Mey et moi avons fini la nuit ensemble. J’ai du mal à comprendre la question. J’essaie de sonder son regard, il y a quelque chose que j’ai vraiment du mal à comprendre. « C’est quoi cette question Kyle ? C’est qui Meylin ? » Pour elle, je veux dire. Ou est-ce qu’il y a quelque chose que je dois savoir sur la blonde ? La dernière fois que je l’ai vue, y’avait un truc pas net, mais j’ai du mal à imaginer qu’elle soit du genre à faire des conneries, avoir un casier etc… Bon, elle va me dire ce que je dois savoir ou pas ?

« ouais, avec plaisir. merci. » une bière donc pour la demoiselle et une pour moi ce sera. je reviens vers elle avec les bières et lui tends la sienne. il faut que je lui pose cette question et cette demande de sa part de comment elle pourrait me remercier tombe à la perfection. oui je vais en profiter. « hum, dépend de la question. » ça va elle ne semble pas effrayée par celle là. faut dire qu’il y a une dizaine d’années je lui en ai posé une à laquelle il a été difficile pour elle de répondre. je garde d’ailleurs le vestige de cette soirée autour de mon cou. difficile d’oublier. mais voilà je me lance, rien à avoir avec le passé. c’est plutôt une sorte de présent étrange qui m’interpelle. une rencontre entre elle et meylin. quelque chose de bizarre mais bon connaissant mey ça ne devrait même pas m’étonner en vérité. elle est en train de boire lorsque je lui demande enfin et elle manque de s’étouffer. okay donc oui le prénom lui parle bien déjà. enfin mey ne m’aurait pas menti de toute façon. je ne pense pas. « wow… attends… tu connais meylin ? ou tu me suis pour voir qui je fréquente ? » je me mets à rire face à cette seconde question. c’est vrai que je n’avais pas pensé à ça. « je ne me suis pas reconvertie dans l’espionnage promis. » et oui je connais meylin mais j’attends d’en savoir un peu plus. et surtout parce que je ne sais pas comment présenter la blonde à mon ex. « c’est quoi cette question kyle ? c’est qui meylin ? » et visiblement je mets trop longtemps à réfléchir, je ressens bien son impatience dans sa voix. je reprends une gorgée de ma bière avant de me pencher en avant, la bouteille retenue par mes deux mains, mes coudes posés sur mes genoux. « meylin c’est… mon ex. plus ou moins. » plus que moins, moins que plus. c’est vrai que la blonde a soulevé un point important lorsqu’on s’est vues. la rupture n’a jamais réellement été actée. « disons qu’avant de quitter new york j’étais avec elle et je suis partie un peu précipitamment à cause de la mutation donc officiellement je crois qu’on est encore ensemble même si ça fait un an qu’on ne s’étaient pas vues ? » est ce qu’il y a une bonne façon de lui dire que la anderson a voulu savoir qui était andy vu que je lui en avais parlé et qu’elle ait commencé à la fréquenter pour ça ? non je ne pense pas. il n’y a qu’elle de toute façon pour se mettre dans ce genre de situation. et je n’ai aucune idée de ce que andy va en penser.

Je suis sous le choc. Comment le prénom de Meylin peut-il arriver dans ma conversation avec Kylian, ici, chez elle, maintenant ? J’ai du mal à suivre, et c’est naturellement que je lui demande si elle me suit. Ça a l’air de la faire rire, moi un peu moins. « Je ne me suis pas reconvertie dans l’espionnage promis. » Je réitère ma question, ou en tout cas je la reformule d’une autre manière. Ça commence à sérieusement m’inquiéter cette histoire. « meylin c’est… mon ex. plus ou moins. » Je fronce les sourcils. Elle se fout de ma gueule là ? C’est quoi cette putain de blague ? Je ne la lâche pas des yeux et tente de comprendre ce qu’elle peut bien essayer de me dire. Mais au lieu de chercher à la déchiffrer, j’attends surtout qu’elle m’en dise un peu plus. Elle a plutôt intérêt. « disons qu’avant de quitter new york j’étais avec elle et je suis partie un peu précipitamment à cause de la mutation donc officiellement je crois qu’on est encore ensemble même si ça fait un an qu’on ne s’étaient pas vues ? » C’est pas vrai… Je me laisse retomber dans le canapé en passant la main de mon bras valide dans mes cheveux. « J’ai du mal à comprendre. Enfin qu’elle ait quelqu’un ou pas ça change pas grand chose je m’en fous, j’ai jamais imaginé ou voulu vivre quelque chose de sérieux avec elle mais… » Je secoue la tête, un peu dépitée, et me souviens de la dernière fois que j’ai vu Mey chez elle, qu’elle a voulu cacher ses dessins. Est-ce que c’était ça qu’elle cherchait à me cacher ? Je l’ignore, mais ça pourrait être une des raisons effectivement. « C’est pas un hasard… hum ? » Je repose mon regard sur la brune pour plonger ce dernier dans le sien. « Et puis comment tu sais ça ? Elle te l’a dit ? » Et sans attendre, une autre salve de questions me vient en tête et je ne lui laisse même pas le temps de répondre aux premières que j’enchaîne. « Tu lui as parlé de moi ? Elle a cherché à me séduire pour te rendre jalouse ? » Ça me dépasse tout ça…

bon déjà, andrea va mieux. je suis contente surtout de ne pas avoir empiré son état. ça aurait été compliqué sinon à gérer. je n’avais pas vraiment de doutes ayant déjà eu à faire ça, mais on ne sait jamais. chaque personne est différente, chaque corps est différent. quoiqu’il en soit, elle va bien. et c’est bien pour ça que je viens lui parler de meylin. j’en profite. je lui annonce un peu la vérité, ce qu’il en est de meylin, de ma relation avec elle et du coup de ce que je sais un peu en règle générale. ” j’ai du mal à comprendre. enfin qu’elle ait quelqu’un ou pas ça change pas grand chose je m’en fous, j’ai jamais imaginé ou voulu vivre quelque chose de sérieux avec elle mais… “ elle ne m’apprend rien, je savais déjà ce qu’il s’était passé entre elles. enfin de la bouche de meylin mais je ne l’imagine pas m’avoir menti quoiqu’il en soit. elle peut être dans son monde mais ce n’est pas une menteuse, loin de là. au contraire elle peut être un peu trop honnête parfois. ” c’est pas un hasard… hum ? et puis comment tu sais ça ? elle te l’a dit ? tu lui as parlé de moi ? elle a cherché à me séduire pour te rendre jalouse ? “ elle a absolument tout enchaîné sans que je n’ai eu le temps de répondre malgré ma bouche entrouverte entre chaque question. je hoche la tête comme pour répondre un peu à tout. ” non ce n’est pas un hasard, je ne pense pas la connaissant. oui elle me l’a dit la dernière fois qu’on s’est vues, ou plutôt croisées. et oui je lui ai parlé de toi, elle sait tout de notre histoire. “ ça ne répond pas à sa dernière question mais j’avoue que celle là je n’ai pas vraiment la réponse. enfin j’ai une petite idée mais… ” non je pense qu’elle t’a vraiment apprécié même si de base ça devait être de la curiosité. elle n’est pas du genre à se servir des gens. plutôt à … profiter du moment présent. enfin t’as du le voir, elle est spéciale mey. “ et je souris parce que oui, elle l’est. pas forcément dans le mauvais sens du terme. je me rends compte quand même que je viens de lui avouer que j’ai parlé d’elle à mon ex et si meylin la reconnu entre autres choses, c’est que oui, j’en ai bien parlé… ” enfin bref… “ je ne sais pas si elle va s’éterniser, je ne sais même pas si elle en a envie. je ne la chasse pas bien au contraire mais je ne veux pas qu’elle se force à rester me faire la conversation simplement parce que je l’ai aidé. quoique andrea est libre, si elle veut partir, elle le fait. et ça je le sais mieux que personne.

 J’enchaîne les questions. J’ignore si elle a la réponse à toutes, mais au moins une serait déjà une bonne chose. « non ce n’est pas un hasard, je ne pense pas la connaissant. oui elle me l’a dit la dernière fois qu’on s’est vues, ou plutôt croisées. et oui je lui ai parlé de toi, elle sait tout de notre histoire. » Je ne sais pas si ça me rassure, me fait du bien, ou si ça m’angoisse totalement. Kyle a parlé de moi à sa petite amie. Kyle a une petite amie. J’ai couché - plusieurs fois - avec la petite amie de Kyle. Oh mon dieu. C’est un cauchemar. « non je pense qu’elle t’a vraiment apprécié même si de base ça devait être de la curiosité. elle n’est pas du genre à se servir des gens. plutôt à … profiter du moment présent. enfin t’as du le voir, elle est spéciale mey. » Je lève les yeux au ciel en hochant la tête. Parce que oui, elle est vraiment spéciale. Aussi tarée qu’attachante, c’est ce qui rend les choses compliquée avec elle. nouveau soupire, et je passe ma main dans mes cheveux, le regard planté sur un point imaginaire au fond de la pièce. Elle lui a parlé de moi, je l’entends encore me dire ‘elle sait tout de notre histoire’. Mon coeur s’emballe légèrement et je pose alors les yeux sur ma bière, silencieusement, avant de porter le goulot à mes lèvres pour en boire quelques bonnes gorgées. « C’est quand même un truc de dingue. » Je lâche un rire un peu nerveux, je ne m’attendais pas à apprendre ça en venant ici pour me faire remettre l’épaule en place. « C’est qu’elle doit tenir à toi, si elle t’a suivie jusqu’ici… » Cette phrase n’était à la base pas une pique, mais je me rends compte qu’elle fait écho à notre histoire. A ce que je lui en ai voulu. Oui je suis partie, oui je lui ai demandé de me suivre, mais elle a préféré rester à New York. Peut-être que je n’aurai pas dû lui en vouloir, mais mon caractère fait que je n’ai pas pu faire autrement. « Remarque… elle avait peut-être rien qui la retenait là bas. » C’est comme un pas vers elle, à demi-mot. Comme pour lui dire que de l’eau a passé sous les ponts et que je ne lui en veux plus comme je lui en voulais auparavant. Et je lui offre même un petit sourire, avant de terminer ma bière. C’est une soirée surréaliste.

elle l’aurait appris un jour ou l’autre de toute façon. je ne vois pas comment ça aurait pu rester secret tout ça. mais bon visiblement elle n’en avait vraiment aucune idée. je ne voyais pas mey lui dire de but en blanc qu’on se connaissait de toute façon. mais je peux comprendre qu’andy soit surprise. ” c’est quand même un truc de dingue. “ qu’elle lâche après quelques secondes durant lesquelles son regard s’est perdu je ne sais où dans le mur. je hoche la tête sans faire plus de commentaire. disons qu’après quelques années de pratique de la blonde ce n’est plus si étonnant que ça. un peu surprenant mais c’est tout ? ” c’est qu’elle doit tenir à toi, si elle t’a suivie jusqu’ici… “ là pour le coup je pose le regard sur mon ex parce que cette phrase n’est pas anodine, pas besoin d’être einstein ou besoin d’un décodeur pour comprendre le fond de sa pensée et la référence qui s’y raccroche. ” remarque… elle avait peut-être rien qui la retenait là bas. “ qu’elle rajoute ensuite. oui, une suite à laquelle je ne m’attendais pas forcément. ” oui, enfin mey n’a jamais vraiment eu d’attaches nulle part. elle est… libre. c’est rafraîchissant. “ voilà, c’est une bonne définition de la demoiselle. elle nous sort d’un quotidien qui peut parfois devenir pesant, ennuyeux. elle est là, dans son sourire, son monde à part, sa bonne humeur. son envie d’exister et sa facilité à le faire. c’est ça, rafraîchissant. ” enfin… oui elle a pu partir facilement. “ je lui souris doucement à andy, quelque chose a changé. oui, quand elle parle de nous, de notre passé. même en gros sous entendus comme ses dernières phrases. ” voilà voilà… si tu veux partir je ne te retiens pas plus longtemps, faut que tu te reposes pour te remettre entièrement. une bonne nuit de sommeil et ça ira mieux ! “ super docteur kyle qui l’assure. mais du coup je pense qu’en effet elle a besoin de repos. et moi aussi je pense. peut être qu’on pourra se revoir à l’avenir. maintenant que ça a l’air d’aller un peu mieux entre nous.