upside down. (espalon)

Lorsqu’elle avait pris l’avion pour Paris, Avalon avait laissé en plan un certain nombre de choses. Rien d’assez important pour venir la hanter au cours de son échappée européenne, mais suffisamment sérieuses pour qu’elle ait à tout régler à son retour. C’était ce qui l’avait amenée à récupérer ce sachet de cocaïne, six mois plus tard. Soigneusement planqué sous la latte du parquet d’une toilette publique, le sachet était resté intact et Avalon l’en avait sorti avec un air triomphant. Elle n’aurait pas de problème. Il lui suffisait de ramener cette merde à son dealer pour qu’enfin, elle soit libre. Ainsi, elle pourrait commencer sa nouvelle vie sans un regard en arrière. Elle pourrait repartir du bon pied, aux côtés d’Ella, sans avoir à se prendre la tête avec des éléments qui n’appartenaient qu’au passé. Elle avait donc glissé le sachet dans sa poche, puis s’était présentée face au lavabo pour soigneusement se laver les mains. Avalon avait alors fait appel à un Uber afin de rejoindre Crenshaw, croisant les doigts pour y retrouver ceux qu’elle y avait toujours connus. Et au pire des cas, cela ne serait pas bien grave. Du moins, c’était ce qu’elle se répétait, grâce à son relativisme légendaire. En sortant de la voiture, le chauffeur lui annonça que la course coûtait dix-sept dollars. Pas mal. Avalon hocha la tête sans rien dire avant de s’éloigner vers le hangar où elle avait pris l’habitude de retrouver son patron et ses collègues – il fallait dire que ça payait quand même bien mieux que le Planet. Un visage connu se trouvait devant l’entrée. Esper. « Mais, qui vois-je ? » s’en amusa Avalon tandis qu’elle approchait, un grand sourire plaqué sur le visage. « Esper ! Tu m’as manquée. » Et elle était sincère, quand bien même cette séparation était exclusivement de sa faute. Mais elle n’allait tout de même pas s’empêcher de suivre Ella à Paris juste pour un petit job de dealeuse de rien du tout. Avalon était bien décidée à vivre sa vie à fond. « Enfin, je dis ça comme si je revenais. Enfin. Je suis revenue aux US, ouais. Mais va falloir qu’on trouve d’autres façons de se voir. » Elle réfléchissait en même temps qu’elle parlait, n’ayant pas réellement conscience du fait qu’elle était en train de perdre Esper dans ses explications. C’est en voyant son visage confus qu’Avalon ajouta, à voix basse, comme une confidence : « Je suis venue rendre la marchandise. Cette fois, c’est fini pour moi. »