Please, listen first, hate me after... ~ EliJin

Elle avait passé la journée chez ses parents, non pas par plaisir mais principalement par obligation. Le matin elle avait été briffé par son frère ainé et ses parents puis l’après-midi ils avaient rencontrés des clients, ou des investisseurs ou des…. En fait Soojin n’en savait trop rien et elle n’en avait pas grand-chose à faire. Ses parents l’avaient invité à assister à cette rencontre simplement pour qu’elle fasse bonne figure. Soit belle et tais-toi, voilà en quoi consistait son job. Alors elle venait et faisait acte de présence. Elle s’habillait bien, souriait au client et pouvait rentrer chez elle. Et c’est ce qu’elle était entrain de faire lorsqu’elle l’aperçu. Ses talons claquant sur le béton, approchant son immeuble à Bel Air, elle n’avait pas pu le rater. Il se tenait là, un bouquet de fleur coloré à la main. Elle n’avait pas vraiment envie de le voir, pas après ce qui c’était passé entre eux, après son comportement étrange. « Attends, s’il te plaît… Je… J’aimerai m’excuser et m’expliquer et ensuite… tu pourras dire et penser ce que tu veux sur moi. » lâchait-il alors qu’elle lui passait devant en l’ignorant. A ses mots, elle s’arrêta net avant de se retourner vers lui, lui lançant un regard à moitié convaincu. « va y, parle. » Son ton est glacial, lui parler était la dernière chose qu’elle avait envie de faire, surtout après cette longue journée passer à faire semblant. Allait-elle devoir jouer les hypocrites avec lui aussi ? « Fait court par contre, j’ai entendu assez de baratin pour aujourd’hui. » ajoutait-elle, venant croiser ses bras sur sa poitrine.

Elle s’attendait à tout sauf à ça. Vraiment. Elle avait repensé longuement à la soirée, avait étudié sa salle de bain, comme pour s’assurer qu’il n’y avait pas quelques chose s’étrange dans cette dernière qui aurait pu faire peur à Elio. Est-ce qu’il avait une phobie du maquillage de marque ? n’avait pas aimé l’odeur de propre de son appartement ? avait une sorte de traumatisme en rapport avec la sexualité ? ou alors lié au fait que quelqu’un ose déboutonner son pantalon sans lui demander ? Non, la réalité était tout autre. Elle qui pensait avoir réfléchit à toutes les possibilités voilà qu’elle tombait des nues en entendant l’explication de Elio. Un trouble de l’identité, un alter égo qui débarquait dans les moments de stresse… elle restait bouche-bée. Est-ce que c’était le mensonge le plus élaboré du monde, ou simplement le mec le plus étrange qu’elle ait rencontré ? Elle ne savait plus trop. Elle l’observait de haute en bas. « Pourtant il a l’air normal comme ça. » pensait-elle alors qu’elle l’écoutait qui expliquait sa condition. Puis il lui tendit son téléphone et un bout de papier. Un mot de son psychiatre, signé et tamponné. C’était très officiel. Saeho, alors c’était dont le prénom de son… alter ego ? elle était totalement perdue, regardant la vidéo sur le téléphone du jeune homme, les sourcils froncés, alors qu’elle voyait Elio sur l’écran. Pourtant il n’avait pas vraiment la même, voix, pas du tout la même gestuelle, ni même la même intonation. Ça faisait beaucoup à encaisser d’un coup. Trop peut-être. Elle rendait le téléphone et le papier à Elio, sans savoir quoi dire. C’était toujours lui, le même qu’elle avait rencontré dans ce salon de thé, celui qui lui avait rapporté son téléphone, celui avec lequel elle avait longuement flirter après un film et un bon repas… Seulement maintenant elle ne pouvait s’empêcher de se poser tout un tas de question et de s’imagine que dans sa tête, un autre type attendait son tour pour prendre le contrôle de son corps. Le silence s’éternisait alors qu’elle ne le quittait pas des yeux. C’était certain maintenant que ce n’était pas un mensonge, mais elle n’avait jamais rencontré quelqu’un avec cette condition avant. Elle pensait d’ailleurs que ce n’était que de la fiction, inventé par hollywood pour vendre des films. « ….Je….  » elle ne savais pas par où commencer et passait nerveusement une main dans ses cheveux. « … donc c’était lui, l’autre soir ? » demandait-elle enfin. « T’es partie dans la salle de bain et… après c’était plus vraiment toi ? » Elle lâchait un rire nerveux, passant de nouveau ses mains dans ses longues mèches brunes, avant de venir s’assoir sur le muret, à côté du bouquet de fleur. « Je vais devenir folle. » souffla t-elle. « En même temps je te crois, parce que, qui irait inventé ça comme excuse ? … Mais… » elle cherchait ses mots, sans vraiment savoir comment s’exprimer. Même son coréen lui faisait d’défaut face à cette situation. « C’est fou. » L’idée allait probablement la garder éveillé toute la nuit, ça et le fait que Saeho ne l’aimait visiblement pas trop, pas comme Elio en tout cas. Et ça, ça blessait son égo.

it was a lot to take in, c’etait rien de le dire. En même temps ce n’était pas tous les jours qu’on rencontrait quelqu’un qui avait deux personnalités. Soojin le dévisageait un peu, c’était plus fort qu’elle, ça lui semblait tellement improbable que dans ce même corps deux garçons coexiste. Elle esquissait un léger sourire alors que Elio tentait la carte de l’humour, malgré le sérieux de la conversation. Elle acceptait de poursuivre la conversation chez elle, comprenant, évidemment qu’il n’avait pas envie de parler de ça là où tout le monde pouvait l’entendre.
Une fois dans l’appartement, Soojin posait les fleurs sur la table à manger, alors que Elio reprenait, s’excusant de plus bel. Son alter ego était donc homo, amoureux et plutôt bon à être une copine de shopping. Rien à voir avec Elio, clairement, mais ça expliquait sa réaction de l’autre soir. Il n’y avait pas de quoi le prendre personnellement si elle ne faisait pas bander un homo. Ça la rassurait un peu. « Dit pas ça. » lâchait-elle alors que Elio semblait déjà près à tirer un trait sur leur relation, probablement habitué à ce que les gens arrêtes de le fréquenter une fois son secret dévoilé. « C’est… nouveau pour moi. J’ai besoin de prendre un peu de temps pour encaisser tout ça. Mais si tu partages ce corps avec un autre, alors j’apprendrais à m’y faire… » Ca devenait sérieux, pourtant Soojin n’était pas vraiment une grande adepte de ce genre de relation. Mais Elio était sympa, charmant, coréen et pour couronner le tout : il ne connaissait pas sa famille, sa réputation… rien. Il n’avait aucune idée de qui elle était, ni de qui elle devait être aux yeux des coréens. C’était comme un grand bol d’air frais. Il n’y avait pas la barrière de la langue et pas la barrière de la société. Alors elle avait bien envie que ça dure, ne serait-ce qu’un peu. « Peut-être que je ferai du shopping avec Saeho, qui sait. » Elle avait un compte en banque bien remplis et un gout pour la mode et les marque de luxe qui ne trompait pas, Saeho finirait probablement pas l’apprécier. « Et puis… on a tous nos secrets. Le tiens est vraiment…. Inattendu et spécial. Mais c’est ce qui te rend unique. » voilà qu’elle se la jouait philosophe, elle qui avait trop souvent tendance à juger les gens sans les connaitre. Peut-être qu’au fond elle était vraiment attaché à Elio.

Elle avait un peu de mal à comprendre ce qu’elle avait fait, ou dit, pour mériter une telle réaction de la part de Elio. Elle avait juste essayé d’être sympa et compréhensive face à la situation du jeune homme, face au fait qu’il lui confiait clairement quelque chose qu’il ne racontait pas à tout le monde. Si ça avait été quelqu’un d’autre peut-être qu’elle n’aurait pas été aussi tolérante, mais il s’agissait du seul coréen qu’elle avait trouvé qui ignorait tout de sa famille, autant dire une petite perle rare dans ce bas monde, donc il ne pouvait qu’accueillir la nouvelle avec bienveillance. C’était la moindre des choses. Et puis c’était aussi un bon moyen de préparer le terrain pour le jour où elle déciderait de lui parler un peu d’elle et de sa famille. Peut-être qu’il serait à son tour compréhensif, comme pour lui rendre la pareille. Quoi qu’il en soit, elle ne s’attendait pas a ce que ce petit geste de sa part soit accueilli de la sorte par Elio qui venait sans plus attendre l’embrasser avec fougue, avant de briser ce baiser pour mieux reprendre son souffle, la remercier puis l’embrasser une seconde fois, plus tendrement ce coup-ci. Soojin se laissait faire, elle n’allait pas s’en plaindre après tout, ce n’était pas souvent qu’on la remerciait comme ça… enfin qu’on la remerciait tout court d’ailleurs. « On va essayer. » confirmait-elle, sans pour autant lui dire ce qu’elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce moment-là, ce foutu mariage, dont elle ignorait la date mais qu’elle savait toujours d’actualité. Il n’était pas question de présenter Elio à ses parents, ni même de le voir trop souvent chez elle, là ou ses derniers pouvaient passer à tout moment, ou ses frères aussi pouvaient se pointer et tout raconter à ses parents. Elle était plus libre qu’en Corée, il n’y avait pas de doute, puisqu’elle pouvait sortir avec lui en ville sans crainte de faire la une des journaux le lendemain matin, mais elle ne pourrait pas avoir une relation totalement normale avec lui.