Joue la comme Beckham -Amy

Maintenant que je connaissais le trajet pour aller à Santa Monica et surtout aller à la plage je m'en privais pas. J'adorais vraiment être face à l'océan, voir cette plage à perte de vue. Quand je serais assez riche je pense que c'est vers ici que je viendrais habiter car j'aimais beaucoup l'atmosphère que dégageait le coin. Je n'étais pas une fêtarde à mort, j'aimais beaucoup le calme. Bien sûr on m'avait plutôt conseillé Venice qui n'était pas trop loin mais je n'avais pas aimé.

J'aimais être dans un coin animé mais quand je rentrais chez moi je voulais du calme, par certains côtés j'étais vieille avant l'heure. Cette fois je n'allais pas à la plage pour bronzer, j'avais abandonné l'idée. Et puis rester allongée sur ma serviette pendant des heures ce n'était pas possible, il fallait que je bouge, tout le temps. J'avais donc pris un ballon pour m'amuser. Jongler dans le sable était un bon entrainement pour l'équilibre et je trouvais que j'en manquais un peu.

Comme d'hab le trajet pris longtemps mais j'avais la musique dans la voiture donc ça allait, par miracle je trouvais une place que le parking en dessous du pier. D'ailleurs j'irais me faire une glace à la fin de ma cession d'entrainement. Même si j'avais des côtés de vieux, je restais aussi une enfant, je m'octroyais tout le temps une récompense après avoir bien bossé. Et c'était neuf fois sur dix une sucrerie. Il y avait un peu de monde sur la plage mais je me trouvais un endroit un peu éloigné du parking pour poser toutes mes affaires et surtout avoir de la place pour jongler.

J'étalais une serviette sur le sable, balançait mon sac dessus. J'enlevais juste mon débardeur, restant en haut de maillot. Pour le bas je gardais mon short d'entrainement de l'équipe. Il y avait quelques personnes dans les alentours mais normalement rien qui devrait me gêner. Je commençais à jongler et bon sang ça faisait mal quand le ballon tapait le pied avec le sable sur la peau, ça me brûlait un peu mais je devais travailler, donc je chouinerais plus tard.

Je n'avais pas vu qu'une jeune femme s'était installée non loin de moi. J'étais trop concentrée sur mon ballon et éviter de l'envoyer par erreur trop loin. Dans ces moments là je regrettais un peu de ne pas avoir de chien car je pourrais jouer à le dribbler. Je le faisais souvent avec celui de mes parents et c'était un peu grâce à ça que j'avais un bon niveau en dribbles, je devais sauver mes chevilles d'un coup de mâchoires donné dans le jeu croyez moi que ça vous motive à être habile avec vos jambes car il m'avait mordu une fois et j'en gardais encore les cicatrices. Quoi que je sais pas si les chiens étaient acceptés sur cette plage.


J'étais dans une bonne séquence de jongles quand le ballon s'éloigna de moi, je pensais pouvoir le récupérer en avançant ma jambe mais je le pris de la pointe du pied et ça l'envoya au loin. Sans le vouloir je venais de faire un dégagement quasi parfait sur la distance mais pas sur la tombée du ballon car il attérit sur la tête de la jeune femme qui s'était installée. Oops...là j'étais mal car en plus il était parti avec une certaine vitesse. Merde , merde. Là de suite j'aurais bien aimé pouvoir me cacher sous le sable ou faire style que c'était pas moi. Je m'avançais vers la jeune femme en me demandant comment elle allait réagir. Je pense que j'apprécierais pas vraiment me prendre un ballon dans la tronche.

"Je suis vraiment désolée, j'espère que je ne vous ai pas fait trop mal."

Tu parles Charles, tu lui as envoyé un missile sol sol dans la tête. J'étais vraiment mal de chez mal. Tout d'un coup ma merveilleuse idée de m’entraîner dans le sable n'était plus si merveilleuse.

Quelle journée épuisante ! J’suis rincée. J’ai bossé comme une cinglée aujourd’hui. J’sais pas c’qui a  pris aux gens pour les faire autant sortir. Quoique si, j’ai ma p’tite idée. J’parie l’arrivée d’l’été et ses chaleurs sont pas innocentes dans leurs attitudes. En soi, c’pas important. C’qui compte reste l’état d’mes caisses et là-d’ssus, j’me plains pas à en voir la quantité d’billets présents. Et aussi l’bonheur offert. Car j’suis pas une simple tatoueuse qui bosse pour l’fric, j’ai des envie d’rendre heureux. C’mon côté altruiste. J’d’vrai faire mes comptes pour savoir à quel point j’ai cartonné. J’préfère aller traîner dehors. D’habitude, j’enfourche l'bébé d'mon garage après l’taf et pars en vadrouille. Sous c’te quasi canicule, c’du suicide d’porter du cuir. J’vais transpirer comme une vache et fondre en moins d’deux. Na j’vais changer d’l’ordinaire. J’vais faire un truc qu’j’ai pas fait d’puis un bail : aller à la plage. Ya rien mieux qu’la flotte pour s'rafraîchir. La douche a du bon mais un plongeon dans l’océan m’f’ra du bien. J’monte à l’appart enfiler mon bikini poussiéreux, j’ai du bol d’pas avoir grossi d’puis son achat. J’file dans ma salle d’bain récupérer deux serviettes, une pour m’poser et une pour m’essuyer, et ma crème solaire, j’tiens pas à griller non plus. J’fourre l’tout dans mon sac à dos, j’me rhabille et j’me casse.

J’prends l’bus pour m’rendre sur les lieux. En moins d’dix minutes j’arrive sur place. Direct j’comprends pourquoi j’fous jamais les pieds ici. C’noir d’monde, des gens à perte d’vue, alignés comme des sardines. J’suis là d’puis à peine dix s’condes et ça m’saoule déjà. J’suis tentée d’faire d’mi-tour et d’rentrer. J’scrute la flotte, c’beau liquide bleuté. J’peux pas m’barrer sans avoir plongée d’dans. Encore moins en étant si près. J’prends sur moi. J’foule l’sable. J’navigue entre les jambes sans en piétiner une. J’fais une pause quand un mec m’siffle lorsque j’passe à sa hauteur histoire d’le fusiller du r’gard et d’lui faire ravaler son sourire. J’r’prends ma route. Et finalement, j’me trouve un des rares endroits inoccupé. Par contre, mon intimité est très limitée. Y a deux gosses qui construisent un château d’sable à trois mètres sur ma droite et une meuf qui s’amuse avec un ballon sur ma gauche. D’ailleurs, elle m’fait rire celle-là. J’capte pas l’intérêt d’venir à la plage pour jongler. Bref, chacun ses délires, j’suis personne pour les juger. J’déballe mes affaires, j’vire mes fringues et j’pose mes fesses sur ma serviette. J’commence à m’badigeonner d’lotion. J’y vais d’bon cœur, j’ai la peau fragile, vive la rousseur. Blanche comme un cul, j’suis parée à la baignade. Avec du r’cul, j’me dis qu’c’était con de mettre d’la crème avant d’aller dans l’eau. C’trop tard. J’suis bonne à r’commencer dans une d’mi-heure quoi. Ou pas. J’pique une tête et j’me sauve.

J’apprête à m’l’ver lorsque j’me fais agresser. J’viens d’recevoir un ballon sur mon crâne. Pas douillette, j’me masse l’cuir chevelu quand même. L’choc a été violent. J’cherche l’coupable d’c’te violence. Plutôt la coupable car j’ai ma p’tite idée. Idée qui s’confirme quand j’la vois s’approcher, la Miss jongleuse. J’fous ma main en visière pour l’observer. J’vois que dalle avec c’soleil. J’me hisse sur mes jambes, c’plus facile d’effectuer l’contact oculaire. « Ça va, j’suis pas en sucre. » Ça pique un peu malgré tout. En plus, plus j’masse et plus j’sens une bosse s’former. Elle m’a pas raté ! Pas d’quoi m’alarmer non plus. J’vais pas lui faire appeler une ambulance pour aller à l’hosto. J’en ai vu d’autres et des biens pires. Suffit d’me rappeler de quelques gamelles en bécane pour prendre ça comme une douce caresse. « T’sais qu’y a un terrain d’foot d’l’autre côté d’la rue ? Là-bas t’risques pas t’assommer qui qu’ce soit. » Mon tutoiement ordinaire est d’sortie. J’espère qu’elle s’en plaindra pas. Sinon j’vais la r’cevoir. J’me dis qu’elle a d’la chance qu’j’sois une coriace. Elle aurait touché un mioche, elle l’aurait probablement foutu KO.

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Sans dec depuis que j'étais arrivée dans cette ville il m'arrivait pas mal de trucs pénibles. Cité des anges? mon cul oui...cité des emmerdes. Entre une blessure en foot, un accident avec mon bébé à quatre roues, de multiples retards en cours et surtout l'apprentissage de vivre seule. En plus maintenant je me mettais à assommer les gens avec un ballon. Je commençais tout doucement à saturer, et là je restais polie. J'aurais dû accepter plutôt le contrait à New York au moins là bas j'y avais de la famille. Je vis que la jeune femme n'avait pas l'air sonné, ouf, franchement je me voyais pas devoir appeler une ambulance pour un simple ballon. Ok il était parti un peu vite mais j'avais déjà reçu pire que ça pour être mise K.O.

Je fus un peu étonnée de la réponse aussi directe. Solide ok mais chieuse? j'allais pas tarder à le savoir. Je sais que j'étais en tort donc j'espérais qu'elle allait pas trop me le faire remarquer car je pense que j'allais pas être très gentille. Je regardais pour voir si je voyais les terrains. Je sais qu'il y avait une école ou lycée avec un terrain car j'y étais passée devant mais j'avais pas vu plus. C'est clair aussi que vu le nombre de personnes sur la plage j'aurais pu sécher genre un gosse. Mouais c'était pas arrivé donc j'allais pas m'en préoccuper.

"Je ne savais pas, je viens de débarquer ici je connais pas encore le coin. Ils sont où?"

Je me baissais pour récupérer l'arme du crime. Je le gardais entres mes mains pour éviter un autre drame. J'avais remarqué le tutoiement mais bon ça va quoi on avait pas 40 ans pour se vouvoyer comme des vieux et puis je m'en foutais moi du tu ou du vous. Mon attention se reporta sur le pier qui était pas trop loin.

"Je peux me faire pardonner de ce choc avec une glace ? ou une crêpe? "

J'avais reçu une certaine éducation dans laquelle on devait s'excuser des erreurs faites. Par contre j'avais toujours trouvé que de dire juste "excusez moi" ça servait à rien. Perso quand je le disais je le pensais jamais. Mais là j'avoue ça me dérangeait un peu de lui avoir ruiné un moment de calme sur la plage. Par contre j'étais nulle avec des mots et alors avec des idées pour m'excuser là on battait des records. Bah en même temps je jouais au foot et j'étudiais à Caltech hein, je faisais pas arts littéraires..

Et puis ce n'était pas complètement désintéressé. J'avais envie de me poser car l'entrainement était épuisant, en plus le sable sur mes pieds commençait à me faire mal. Et pour rajouter le tout j'avais la dalle. Qu'elle dise oui ou non moi de toute façon j'irais. Je remarquais aussi les tatouages et je me dis intérieurement que ma mère péterait une pile si je débarquais avec autant. Note à moi, garder cette idée en tête pour la faire vriller. Le sacrifice de douleur en vaudrait la récompense de la voir se décomposer.

Il y avait de plus en plus de monde sur la plage. Une famille s'installa non loin avec trois gosses. Le pire cauchemar en vacances...des gosses sur la plage à proximité. Si elle était venue pour se reposer là c'est clair que maintenant c'était foutu. A sa place je partirais avant d'avoir envie d'enterrer les gamins la tête la première dans le sable. La famille sorti la glacière et le père prit une bière. Mon dieu tout ce que je n'aimais pas. J'attendais encore la réponse de la rouquine et à force j'allais prendre racine, d'ailleurs je venais à peine de réaliser qu'elle était rousse, cool quelqu'un comme moi. Je commençais à jouer avec le ballon en le faisant tourner sur le bout de mon doigt. Je ne savais pas rester calme très longtemps.

J’ai plus mal qu’j’en ai l’air. J’joue la dure mais ça pique quand même. Derrière c’te forte apparence, j’suis sensible et un poil douillette. Ouais, j’sais, c’bizarre d’dire ça vu mes tatouages. C’pas la même douleur. J’ressens qu’du bonheur quand l’aiguille s’ballade sur la peau. Et non j’suis pas maso. Alors range ton fouet avant qu’j’te l’fasse bouffer. Bon après, c’t’un mal pour un bien. J’vais avoir une bosse sur l’crâne. J’tiens l’occasion rêvée d’mander à Hazel d’jouer mon infirmière perso. Elle qu’adore tant fourrer ses doigts dans ma crinière d’flammes, elle d’vrait être ravie. D’un côté, elle a pas b’soin d’ça pour tripoter ma tignasse. Elle aime s’brûler à ma chev’lure. Sans doute qu’elle lui sert d’allumette pour foutre l’feu au brasier d’ses désirs. Et j’la comprends. L’roux ça fascine, ça excite. Mon agresseuse est rousse elle aussi. C’pas pour autant qu’j’suis sous son charme. Attention, j’dis pas qu’elle m’plait pas. Disons qu’les circonstances lui sont pas favorables. Après, p’t-être qu’c’est sa technique d’drague. Balancer un ballon dans la tête des gens pour les approcher par la suite. Si c’est l’cas, c’vach’ment vicieux. Mais j’apprécie l’vice, ça change d’la routine. C’probalement pour ça qu’j’l’ai pas envoyé bouler sur l’champ. Et aussi car j’maltraite pas une consœur rousse. C’est si rare d’nos jours qu’faut en prendre soin. « T’vois l’filet qui monte à cinq mètres de haut là ? » J’pointe l’truc d’mon index. « Ben c’juste derrière. Y a un terrain d’foot, plusieurs terrains d’basket et même un skatepark. L’entrée est gratis mais c’souvent blindé. J’te conseille d’y aller l’matin d’bonne heure où l’soir après 20h. » L’endroit est l’r’père des jeunes. Ils viennent s’poser là après les cours. Sans m’paraitre vieille, elle a pas la gueule d’une collégienne. A moins qu’elle ait eu sa puberté tôt. Car là, d’c’que j’vois en vitesse, elle a les formes d’une femme et pas celles d’une ado en pleine transformation. Elle a d’jà ses atouts.

L’incident est clos. On a plu qu’à s’dire bye et r’prendre nos activités. Sauf qu’elle reste là, à s’amuser avec sa balle. Elle va ajouter un truc, j’le sens. Par pitié pas un truc du style t’es sûr qu’ça va ? J’déteste qu’on s’prenne pour ma mère. M’en faut plus pour m'foutre KO. J’vais pas alarmer tout l’système hospitalier d’LA pour ça. Ni aller voir les maitres-nageurs d’la plage. Quoiqu’ça pourrait être tentant. Si j’remarque une jolie meuf dans leur effectif, j’chang’rai p’t-être d’avis. C’toujours agréable d’faire tripoter par une sexy demoiselle. Elle accouche enfin. J’dois admettre qu’elle m’surprend avec ses propos. J’commence vraiment à croire qu’c’est sa façon d’draguer. J’te blesse et j’te propose une douceur pour m’faire pardonner. C’quoi la prochaine étape ? Un massage ? Est-ce que j’veux m’embarquer là-d’dans ? J’la reluque encore un coup. Ma foi, pourquoi pas. D’toute ça m’engage à rien. Puis mon ventre m’en voudrait à mort si j’refusais. Surtout qu’elle a prononcé l’mot magique. « J’accepte à deux conditions. La première, tu ranges c’foutu ballon avant. Et la deuxième, j’veux une montage d’chantilly avec ma glace ! » J’ris comme une baleine. La gourmande est d’sortie. J’remballe illico mes affaires. En moins d’trois s’condes tout est fourré dans mon sac. Pile à l’instant où un gosse à proximité tomber l’nez dans l’sable et chouine. C’pas moi qui vais l’plaindre. Qu’il pleure, il piss’ra moins. Et en silence avant qu’j’m’énerve. Les parents r’gardent sans réaction. L’père est trop occupé à siroter sa canette et la mère à étaler sa serviette par terre. J’ai l’choix entre aller leur en coller une à chacun où m’barrer. Sur c’coup-là, j’fais la lâche. Juste car elle est là. « Y a un bar / brasserie à côté des terrains, viens. » Il est là pour les troisième mi-temps. Pas que non plus. J’fous une lanière sur mon épaule et ouvre la voie. Elle a plus qu'à m'suivre. Et s'rincer l’œil sur mes fesses si elle l'désire.

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Je me tournais vers la direction qu'elle me montrait pour voir en effet de grands filets tendus. Ouais bon si j'avais un peu fais gaffe au paysage je l'aurais vu et du coup peut être que je lui aurais pas envoyé ce ballon sur la tête. Je dis peut être parce qu'à la base j'avais décidé de m’entraîner sur le sable et quand j'avais décidé quelque chose j'avais tendance à ne pas changer d'avis. Têtue? non volontaire? oui. Ouais bon non en fait j'étais têtue mais j'aimais dire ça d'une autre manière. J'écoutais les conseils qu'elle me donnait. Humm le matin? peu de risques de m'y voir car j'avais entrainement avec le club. Par contre après 20h pourquoi pas, je ne connaissais personne dans la ville donc je sortais très peu le soir. Ca me changeait de San Antonio. Au lieu de passer mon temps sur Netflix je pourrais le rendre utile avec encore plus de sport.

"Merci pour les infos."

Ouais bon j'aurais peut être pu dire plus de mots mais à quoi bon? Je me sentais déjà assez mal pour le coup alors comme j'avais tendance à gaffer avec les mots je m'en tenais au minimum. Se serait cool si j'évitais d'aggraver mon cas. Je décide de me montrer sympa en tentant de me faire pardonner par une invitation à manger un truc. Parait que des fois faut être gentil avec les gens, c'est un concept que j'ai du mal à bien comprendre. Je suis pas tête à claque mais assez sauvage sauf que là je suis en tort et c'est pas une sensation que j'apprécie. Je me rends compte qu'elle hésite et je ferais pareil à sa place par contre si elle me reluque encore une fois ça va mal se passer. Je la drague pas, je tente juste d'être civilisée. J'écoute ses deux conditions en souriant.

"Deal"

Je vais récupérer mes affaires pendant qu'elle range les siennes. Un truc fonctionne toujours pour se faire pardonner c'est la nourriture. Qu'on connaisse la personne ou pas la bouffe était une valeur sûre. Je suis prête et elle aussi quand le gosse de la famille Simpson se ramasse la tronche dans le sable. Et bien sur il pleure pfff c'est que du sable et ça fait sa chochotte. Je l'ignore royalement attendant le feu vert de miss tatoos pour aller manger un truc avec beaucoup de chantilly. Je fais un rapide détour par le parking pour déposer le ballon dans mon coffre.

"Première condition remplie."

L'arme du crime était rangée, normalement il ne devrait plus y avoir d'accidents mais je préférais ne rien dire car je pouvais vraiment être un boulet de compétition. Je la suivais tout en regardant autour de moi ce qu'il y avait. J'étais encore dans une période de découverte de la ville. Même si là on était plus à L.A et ça me confirmait que quand j'aurais beaucoup de dollars je viendrais vivre ici. On arriva vite au bar et on s'installa à une table en terrasse. Un serveur arriva assez vite et avec un grand sourire sur le visage pour prendre nos commandes. Hum plutôt mignon mais bon j'avais faim. Je commandais donc deux glaces en précisant une montage de chantilly pour elle et un nappage chocolat pour moi.

"Et voilà deuxième condition, check. Au fait je m'appelle Brianna"

Pire présentation EVER m'enfin au point où j'en étais de tout faire de travers. J'avais laissé mon assurance au texas ou quoi? L'adaptation à la Californie était vraiment plus difficile que prévue. Les gens étaient tous bizarres ici.

J’suis une enragée sur pattes. C’pas Hazel qui dira l’contraire. C’limite ma jumelle en version blonde. J’ai un caractère d’merde. J’pars en vrille au quart d’tour. J’ai d’la lave dans les veines. En  soi, c’t’un miracle qu’j’ai pas insulté la footballeuse en herbe, plutôt en sable sur c’coup-là. Mais derrière ma force caractérielle c’cache des faiblesses. D’jà, si t’es une meuf à la bouille angélique, j’ai des chances d’devenir douce comme un agneau. Et sur c’point précis, la rouquine est pas mal dans son genre, j’dois l’avouer. C’pendant, c’pas ça qui m’a amadoué. La fourbe a titillé ma corde sensible : mon addiction au sucre. En causant d’glace, toute colère s’est évaporée d’mon corps. J’l’ai remplacé par la vision d’une coupe avec d’la chantilly, son vermicelle coloré et son biscuit. Mes yeux pétillent rien qu’d’y penser. Et aussi car mon interlocutrice est pas dégueu. J’viens jamais à la plage, j’profite d’la situation pour mater un peu. J’d’vrai p’t-être y v’nir plus souvent ? A voir la famille qui s’installe à proximité, ça m’semble pas être une bonne idée. J’risque d’noyer un mioche et d’finir en taule. J’vais m’contenter d’mes clientes. J’ai d’quoi faire. En plus, j’peux même les toucher sans m’prendre une claque dans la gueule. Si c’pas merveilleux.

La rouquine accepte. J’ouvre la voie avant d’passer en rôle d’suiveuse sur l’parking. J’admire son p’tit cul. Pas mal du tout. Ça s’voit qu’c’t’une sportive. Grand sourire aux lèvres, j’repasse en tête d’cortège. Il nous faut moins d’deux minutes pour r’joindre l’bar. D’ce beau soleil, la terrasse est blindée. Par chance, il reste une table pour deux. J’repère un couple dans les parages. L’mec pointe du doigt l’endroit. Ni une ni deux, j’choppe la main d’mon agresseuse et fonce. On arrive une poignée d’secondes avant l’duo. Premier arrivé, premier servi. J’pose mes fesses sur une chaise en offrant un rictus au gars. J’avais pas envie d’me foutre à l’intérieur d’un temps pareil. Une fois installée, un serveur débarque et nous apporte les cartes. J’sais d’jà c’que veux. L’peu d’fois qu’vais au resto, j’prends toujours l’même dessert. L’truc léger par excellence vous aller voir. « Un Banana Split pour moi. » D’quoi m’péter l’bide en bonne et due forme. Ma binôme insiste sur la crème fouettée et choisit à son tour.  Elle est marrante en fait. Du moins suffisamment pour m’faire rire. C’qui était loin d’être gagné vue les conditions d’notre rencontre.

L’employé s’sauve et vient l’moment des présentations. Elle s’montre pas très loquace et s’contente d’un prénom. Ma foi, c’t’un début. J’m’attendais pas à la voir m’dérouler son cv d’entrer d’jeu. « Amy. Enchantée Brianna. » J’suis guère plus bavarde. J’vais à l’essentiel. Si elle veut en savoir davantage, elle a qu’à s’servir d’sa langue et m’pose des questions. J’vais pas la bouffer. J’lui tends ma main pour la saluer. C’t’aussi un signe d’paix pour lui indiquer qu’c’pas mon ennemi. J’ai oublié l’incident. J’vis pas dans l’passé. Puis j’sais être gentille parfois. Et pas seulement quand j’dors. Bon faut tuer l’attente maint’nant. Soit on s’regarde en silence et on s’reluque c’qui en soi m’dérange pas, soit on exploite c’moment pour faire plus ample connaissance. J’décide d’opter pour la s’conde option. « Comme ça t’es footeuse… » Captain Obvious est dans la place. J’suis vraiment pas douée pour les relations sociales. D’un côté, j’ai pas choisi d’interagir avec c’te femme. C’juste un concours d’circonstances. « Tu joues pour l'fun ou t'es dans un club ? En tous cas, j’espère pour toi qu’t’es plus douée sur un terrain qu’sur la plage. » J’pouffe dans la foulée. C’t’une pique facile. C’pas méchant. C’dû à mon humour douteux.

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Je n'avais pas du tout remarqué qu'un couple avait vu la table vide...faut dire que le jour où je commencerais à regarder ce qui se passe autour de moi c'est qu'il y a soit une belle femme soit une belle voiture ou les deux. Je vis dans mon monde, un peu trop d'ailleurs mais ça pour le coup on s'en fou un peu. Je sens ma main se faire agripper et tirée vers une table. Je suis sans rien dire et aussi parce que j'ai pas le choix et qu'elle m'a eu par surprise. C'est fou d'être aussi focalisée sur un terrain et complètement à l'ouest en dehors. C'est quand mon fessier est posé sur la chaise et que je lève les yeux que je me rends compte qu'il y a un couple en face de nous et j'en déduis qu'on leur a piqué la place. Faut être rapide dans la vie, tant pis pour eux, à Santa Monica c'est pas les cafés qui manquent.

Je regarde la carte même si je sais qu'au final je prends toujours la même glace et je souris amusée en entendant que la rouquine commande aussi une banana split. Meilleure glace du monde on va pas se le cacher. Peut être que le chocolat liégeois peut lui faire concurrence mais pour ça il faut une super glace au chocolat et un chocolat chaud maison. Je commande donc la même chose mais en précisant bien vouloir beaucoup de chocolat chaud. "La banana split c'est la Reine des glaces mais pas celle qui chante là , l'autre la bonne à manger." Au diable le ventre plat, j'irais courir demain. Je n'étais pas trop regardante sur mon régime alimentaire, bien sur je tentais au maximum de respecter une bonne hygiène de vie mais si je pétais une durite et que je voulais un truc bien gras ou sucré, je ne me privais pas. Et je déconseillais aussi à quiconque de vouloir s'interposer entre moi et la bouffe sous peine d'aller dire bonjour au bon dieu plus tôt que prévu.

Ma présentation était pourrie...bah tant pis, j'étais pas super douée en communication, elle avait dû s'en rendre compte. "Enchantée Amy" Je lui serrais la main, je trouvais ça très formel et faillit rire un peu. Je rigolais franchement à sa remarque. Elle n'avait pas tout à fait tort sur ce coup là on avait bien du mal à penser que j'étais douée avec un ballon au pied. "Je suis plus douée quand ce n'est pas sur du sable promis. Et je viens de signer pro." Franchement j'avais encore un peu honte de moi. Déjà parce que j'avais loupé mon enchaînement et deuxièmement pour lui avoir fait mal.

Le serveur revint assez vite avec les deux coupes de glace. Aaaaaahhh enfin, mes yeux pétillaient de malice à l'idée de manger ce si bon dessert. C'était marrant de voir une coupe recouverte de chantilly et l'autre de chocolat. "Tu as la version ange et moi démon de la glace?" Là je me blasais toute seule, sérieux fallait vraiment que j'arrête mes délires parfois ils m'emmenaient un peu trop loin. Et surtout que je m’achète un filtre de pensées, arrêter de dire de la merde et réfléchir avant de parler, mais pfffffff c'était chiant d'être sérieuse. "Et toi à part bronzer et te faire déranger par une pas douée tu fais quoi à Los Angeles?" Ouais là clairement je tentais de sociabiliser un peu, c'était pas gagné.

On dirait qu’j’ai dégoté ma jumelle en version douce. C’qui m’fait dire ça ? Ben Brianna est rousse et adore l’Banana split. Ok, ça fait pas des masses d’points communs mais c’t’un début. Sûr que du peu qu’j’la connais, on a d’sacrées différences aussi. D’jà son rapport au foot. J’ai jamais aimé c’sport. J’trouve ça d’un ennui mortel, sans aucun intérêt. Courir après un ballon, j’suis pas un chien à qui on d’mande d’rapporter la balle. J’préfère d’loin la moto. Ça, ça file d’vraies sensations. C’sentiment d’liberté, d’dominer l’monde, perso j’adore. D’puis toute p’tite j’suis accro. J’emmerdais toujours mon père pour aller traîner avec lui sur sa Harley dès qu’il avait du temps libre. Ça restr’a mes moments préférés passés en sa compagnie. Ils sont gravés à jamais dans ma mémoire. L’reste est gravé sur ma peau. La rouquine a dû r’marquer mes tatouages. Sauf si elle est aveugle. C’qui pourrait expliquer l’pourquoi d’son agression. Elle m’semble voir clair. J’vois ses yeux m’reluquer. J’l’interroge probablement. J’la comprends, y en a pas deux comme moi. Beaucoup diraient encore heureux tant j’suis chiante. Ma foi j’assume qui j’suis. On m’aime pour c’que j’suis où on m’d’déteste. Au moins, on m’aime pas pour c’qu’on croit c’que j’suis. Peu peuvent s’vanter d’être eux-mêmes dans c’monde d’hypocrites. « Ma vie pour un Banana Split ! Et au Diable les calories ! » C’pas comme si j’mangeais équilibré. J’peux r’mercier mon métabolisme à c’sujet. J’peux engloutir tout et n’importe quoi sans prendre un gramme. C’qui m’arrange tant j’suis un estomac sur pattes. Vaut mieux m’voir en photo qu’en vrai comme dirait ma daronne.  

J’tique deux s’condes quand elle m’dit avoir signé pro. Une pro incapable d’enchaîner deux jonglages ? Ma thèse d’l’acte volontaire pour m’draguer prend plus d’sens. Quelle fourbe ! Mais j’apprécie les vicieuses. J’vais pouvoir jouer. « Moi qui pensais qu’les sportifs bouffaient qu’du poulet et des pâtes. » Leur régime alimentaire est strict. J’les plains. J’pourrai pas perso. J’ai b’soin d’sucre. J’suis toujours en train d’grignoter des bonbons ou des gâteaux. Et m’parlez pas d’fruits ! « J’l’espère pour toi. T’joues à quel poste ? » J’l’imagine pas gardienne. J’trouve qu’elle a pas la carrure pour. J’sais qu’faut pas s’fier aux apparences. Elle est grande c’te meuf. J’suis pas une experte mais m’dis qu’sa taille est utile d’vant l’but. C’pratique pour mettre des têtes. Sous réserve qu’elle ait une bonne détente. Pour l’instant, j’vais pouvoir vérifier si elle a un bon coup d’fourchette. Plutôt d’cuillère, vu qu’nos glaces sont arrivés. J’salive juste en admirant ma montagne d’chantilly. J’m’empresse d’la goûter. J’pousse un gémissement tell’ment c’délicieux. « J’ai la version normale et toi la diététique. » J’pouffe dans la s’conde. J’suis pas certaine qu’le chocolat soit meilleur pour sa ligne. J’juge pas. Chacun ses goûts. D’toute, c’pas moi qui irai la balancer à son coach. Elle est libre d’faire c’qu’elle veut. Elle est majeure. Et j’suis pas sa mère. J’continue l’engloutissage d’mon dessert avant qu’il fonde. Brianna s’montre curieuse. Comme c’t’étrange pour une fille qui veut m’draguer. « J’suis tatoueuse. J’ai mon salon à Westwood. C’le meilleur d’toute la ville ! » J’me la raconte ? Un peu. Mais comme j’me marre comme une baleine, elle doit s’douter qu’j’déconne. J’m’estime douée néanmoins pas à c’point-là.

J'irais pas jusqu'à ma vie pour un banana split car tellement d'autres trucs me manqueraient, genre la pizza. Non mais vivre sans pizza vous imaginez un peu la torture? Ou vivre sans barbecue, non décidément je me livrerais pas pour juste une glace, même pour la Reine des Glaces. J'aimais trop de choses à côté. Mais ceci dit je me livrerais sans soucis pour de la bouffe. Je pouvais me passer de tous les plaisirs de la vie, même de sexe, c'est pour dire à quel point j'aimais manger. Glace que d'ailleurs j'attaquais sans trop attendre. Peut être pas super poli mais il faisait chaud à L.A, les glaces étaient en danger de fonte donc je lui rendais service en la mangeant. Un jour ma bonté me jouera des tours.

"Certains mangent que ça ouais...moi si je mange que ça, je vais devenir vite méchante donc je me fais plaisir." J'avais bien tenté quelques fois d'être la sportive normale mais ça ne m'avait jamais bien réussit. Donc je mangeais ce que je voulais dans la limite du raisonnable et je faisais, beaucoup mais alors vraiment beaucoup de sport. Et puis il parait que quand j'ai faim je suis très désagréable, pire qu'un ours donc il vaut mieux pour tout le monde que je mange normalement. "Dépend de l'humeur du coach, normalement en meneuse de jeu, parfois en attaque." Ca m'arrivait même de changer en plein match mais ça c'était du détail. J'allais lui expliquer ce que je foutais sur la plage puis je me ravisais. En fait me justifier était pas dans mes habitudes.

Version diététique? Je rigolais en pensant à la tronche de mon coach quand je lui sortirais une couleuvre plus grande qu'un anaconda en lui disant qu'une glace nappage chocolat était diététique et qu'on me l'avait conseillé. Fallait vraiment que je m'en rappelle pour lire son blasage en quelques secondes. Ma pauvre glace avait déjà bien diminué et celle d'Amy encore plus la mienne. Ah ouais elle rigolait vraiment pas avec ça. Bah bizarrement j'étais pas super étonnée d'apprendre qu'elle était tatoueuse par contre meilleure de toute la ville? hum..."Pas mal d'avoir son propre salon, c'est la classe." Et là j'étais sincère. Je pris de la banane et la trempait dans le chocolat pour dévorer. C'était officiel j'étais une accro au chocolat. "J'ai deux tatouages, les trucs hyper banals." Quoi que celui dans mon dos avait demandé beaucoup de temps

Vu la quantité d’pâtes qu’j’bouffe, j’pourrai être sportive. Y a pas une s’maine où j’en prépare pas. J’suis même pas loin d’tourner à une fois tous les deux jours mini. Faut dire qu’c’pratique comme aliment. C’pas cher, ça cuit vite et j’adore ça ! Attention, croyez pas qu’mon régime alimentaire est pas diversifié pour autant. J’suis pas adepte des pâtes aux pâtes. Y a régulièrement du fromage râpé pour les accompagner ou une sauce tomate en conserve voire carrément d’une sauce carbo maison quand j’me motive à cuisiner. J’réserve ça quand j’ai du monde qui vient m’rendre visite. C’qu’est rare quand j’y r’garde d’plus près. Y a qu’Hazel qui craint pas d’traîner sa carcasse dans ma tanière. Et mes amantes mais elles comptent pas sur c’coup-là vu qu’elles viennent pas pour dîner. En fin d’compte, j’mange des pâtes mais c’pas hyper diététique. J’vais rester tatoueuse et j’envisag’rai une carrière d’sportive dans une autre vie. « J’vois ça. » J’affiche un rictus sur l’coin d’mes lèvres. J’constate en direct son envie d’faire plaisir. Et vu la vitesse à laquelle elle engloutit sa glace, on dirait qu’elle s’est pas faite plaisir d’puis un moment. Et y a pas d’arrière-pensée dans cette phrase bande de vicieux.euses. « D’accord. » J’hoche la tête pour faire style. En vrai j’ai pas capté ses propos. C’quoi une meneuse d’jeu ? J’m’attendais à gardienne, défenseuse ou attaquante. Apparemment, y a des déclinaisons là-d’dans. J’vais pas chercher à approfondir l’sujet. J’ai posé la question comme ça, pour faire genre mais mon amour du ballon rond est nul. J’trouve tellement débile d’courir après une balle pour l’foutre dans une cage. Enfin, c’pas l’seul sport étrange. En soi, tous ont des règles à la con. Et comme j’déteste les règles, j’déteste l’sport. Hormis la course motocycliste. Mais là j’suis pas objective vue mon amour des bécanes et d’une certaine blonde. J’continue l’engloutissement d’ma glace. J’devrai v’nir plus souvent ici. C’Banana est excellent ! Presque l’meilleur d’la ville. C’te place est réservé au Banana d’ma mère. Une tuerie. Un « Merci. » est balancé entre deux coups d’cuillères. « J’supporte pas d’recevoir des ordres alors d’venir ma propre patronne était une évidence. » J’sais pas pourquoi j’lui dis ça. Ça la r’garde pas. Sans doute par orgueil et pour lui donner l’ton et un aperçu dans quoi elle s’engage si elle cherche à m’draguer. Après, elle a dû capté qu’j’étais pas commode d’puis la plage. C’p’t-être c'qu’elle aime ? Mon côté rebelle attire les sages brebis parfois. « Moi, j’sais pas combien j’en ai. J’ai arrêté d’compter après l’dixième, j’avais plus assez d’doigts. » J’pouffe d’mon excuse bidon. Après, c’vrai qu’ignore l’nombre d’mes dessins encrés gravés sur ma peau. Par contre, j’suis capable d’raconter l’histoire qui s’cache derrière chacun d’mes tatouages. Tous résultent d’une anecdote. Ma vie est inscrite sur mon corps. Encore faut-il savoir décoder l’message inscrit. « Ah ouais ? Quoi et où ? J’peux les voir ? » J’me montre curieuse. J’kiffe toujours admirer un tatouage et tenter d’deviner c’qu’il signifie. Dans mon métier, on dit montre-moi tes tatouages et j’te dirai qui tu es.

En fait j'apprécie pas spécialement de parler de foot avec des gens qui ne sont pas du milieu. C'est une de mes passions mais pas la seule et j'en faisais mon métier donc je préférais en parler à des gens qui pouvaient m'apporter leur expertise. Et puis en plus c'était chiant de devoir expliquer mon poste surtout quand j'étais capable d'en occuper plusieurs. Ca me faisait perdre mon temps et ça intéressait pas forcément la personne en face. Quoi qu'en fait j'en parlais assez librement avec Lex mais c'était ma kiné donc c'était peut être pour ça. Pour le coup de recevoir des ordres je ne pouvais qu'être d'accord avec Amy j'avais aussi beaucoup de mal ce qui me foutait souvent dans des problèmes avec mes coachs. Heureusement à L.A je semblais être tombé sur un qui comprenais que chaque joueuse était différente et qu'il devait apprendre à nous connaitre. Après deux mois ici je ne m'étais toujours pas pris le bec avec lui ce qui était un petit miracle. Ou alors c'est que j'avais enfin pris du plomb dans la tête, mais là j'en doutais. "Je te comprends l'autorité et moi on s'entend pas bien, ce qui est space vu qu'en sport y'en a beaucoup." J'étais pas logique et alors? J'avais plus besoin d'un mentor en fait car j'avais beaucoup de mal à me canaliser.

J'avais beaucoup d'admiration pour les gens qui se faisaient tous seuls. Ils restaient des mystères pour moi, des gens que parfois j'enviais car ils étaient plus forts que moi mentalement et ça j'avais du mal à l'encaisser. Je sais que les footeux on avait une réputation de débiles, un peu moins chez les filles et je n'étais pas bête. Mais je ne serais jamais capable d'être mon propre patron. Les tatouages étaient surement un sujet plus safe. Je rigolais à sa remarque, c'était con mais c'était l'humour que j'aimais bien. Plus de dix ca commençait à faire beaucoup. Je pense que si je m'en faisais un troisième ma mère allait me tuer. Bah de toute façon elle trouverait une excuse pour me tuer que je sois tatouée ou pas. Mes yeux se posèrent sur ma glace qui était quasi terminée. Euh à quel moment elle avait disparu si vite? Je devais avoir un air de chien triste à qui on a enlevé son nonos. En commander une deuxième ne serait vraiment pas sérieux, je devais apprendre à me montrer raisonnable. Je choppais le serveur au passage et lui commandais un coca cherry.

Mon neurone revint sur les questions d'Amy, j'avais déconnecté quelques secondes, le temps de faire cette cruelle découverte sur ma glace. "J'en ai un qui est sur le long de ma colonne vertébrale et l'autre très bas sur l'aine, donc tu pourras pas les voir. Celui dans le dos est écrit en elfique et signifie: Do or do not, there is no try. Et le deuxième est un phœnix." Je lui souris. "Je t'avais dis qu'ils étaient bateaux." Quoi que celui en elfique mon tatoueur m'avait un peu hait. Chacun des deux avait son histoire et là j'avais pas plus que ça envie de lui expliquer. "Tu as ton salon depuis combien de temps?" Je détournais vite la conversation de moi. Il fallait que je me rappelle du nom du bar car la glace avait été un délice et le serveur plutôt mignon ce qui ne gâchait rien.

C’complétement naze l’autorité. Ça sert à rien en plus hormis créer une armée d’rebelles prête à la défier en chaque instant. Enfin, j’parle surtout pour moi. Y a sans doute des gens qu’ont b’soin d’se sentir encadrés. Perso, j’ai b’soin d’liberté. Moins j’suis libre et plus j’me sens mal à l’aise et plus j’montre les crocs. C’pas pourtant qu’j’prône la liberté absolue. J’ai conscience qu’ma liberté s’arrête là où commence celle des autres. J’suis capable d’obéir malgré mon sale caractère. Faut juste savoir s’y prendre. M’gueuler d’ssus et m’menacer d’me priver d’sorties ou d’télé est inutile. Ma mère a essayé c’te technique, sans succès. Mon père a été plus efficace. Et c’pas sa carrure d’armoire à glace qui m’a maté. Son charisme naturel a peu joué dans ma docilité en sa présence. Il a su m’intéresser et m’responsabiliser. Jamais il m’a couvé. Il était l’premier à m’inciter à découvrir l’monde. Il m’conseillait, m’surveillait mais pas en mode fais pas ci fais pas ça. J’ai appris. J’suis tombée. J’me suis fait mal. Il v’nait m’relever sans m’juger. Même pas un j’te l’avais bien dit. R’penser à lui m’fait sourire. Surtout quand j’r’pense aux conneries qu’on a faites ensemble. J’crois qu’j’ai l’meilleur daron du monde. « T’es une vraie r’belle en fait ! Tu bouffes des glaces, tu respectes pas l’autorité, tu s’rais pas d’ma famille par hasard ? », lui d’mande-je en riant. En même temps, à vue d’nez, elle r’ssemble à une Rise étant donné son caractère. Une Rise gentille malgré tout, très loin d’être la teigne qu’j’suis. Suffit qu’elle m’balance aimer la moto et j’vais définitiv’ment la prendre pour ma sœur cachée. D’quoi égayer l’prochain r’pas avec mes parents et pas causer bécanes et tatouages pendant trois heures.

Son Banana est plus. J’ajoute l’coup d’cuillère à ses caractéristiques. J’termine le mien dans la foulée. J’ai perdu à la vitesse d’engloutiss’ment du dessert. Mais j’gagne au jeu d’celle qu’à la coupe la plus propre. Faut dire qu’j’hésite pas à m’servir d’mon index pour récupérer la moindre goutte d’la gourmandise. J’me fous d’paraitre mal élevée. Si les gens veulent laisser l’meilleur sous prétexte des bonnes manières, c’leur choix, pas l’mien. J’lui souris quand elle m’annonce où sont placés ses dessins encrés. Comment ça j’pourrai pas les voir ? Elle insinue qu’suis pas capable d’la foutre à poil pour les admirer ? Elle m’connait mal ! J’suis à mon aise avec les courbes féminines. Ses mots m’font dire qu’j’me suis probablement plantée à son sujet. Si elle m’draguait, elle s’rait pas mécontente d’me les montrer. Ou alors elle est pudique. Ou elle teste ma réactivité. Après tout, elle ignore qu’j’suis lesbienne. C’pas écrit sur mon front. « T’es fan de Star Wars ? » J’ai r’connu la citation d’Yoda même si j’suis pas calée en ciné. J’ai tell’ment pas l’temps d’foutre les pieds dans les salles obscures. Enfin, j’le prends pas plutôt. J’utilise mon temps libre pour m’balader avec mon bébé. Sauf aujourd’hui où j’suis v’nue sur la plage. « Il doit pas être gros ton phœnix. » En bas d’l’aine y a peu d’place. Mais c'pas la taille qui compte, c'la symbolique. Une renaissance sans doute. Elle a dû vivre un événement douloureux. « J’en ai tatoué à un jour une cliente sur tout son dos. Ça m’a pris dix heures et quatre sessions. S’tu passes au salon, tu pourras l’voir. J’ai une photo d’c’t’œuvre accrochée au mur. » Comment tentée discrét’ment d’la faire v’nir dans ma tanière. Si j’peux gratter une cliente, j’dis pas non. J’aim’rai bien découvrir la douceur d’sa peau. « Ça f’ra dix ans l’mois prochain. J’sais qu’ça parait pas mais j’suis plus toute jeune. Mais m’traite pas d’vieille, hein ! J’suis encore dans la vingtaine. » L’serveur r’vient et lui apporte sa boisson. Coca cherry donc. La version la plus sucrée d’c’te soda. « T’vas d’voir faire au moins trois tours d’stade pour éliminer tout ça ! » Y a d’autres méthodes pour s’dépenser. J’ai pas osé faire une allusion sexuelle. Mais c’possible qu’ça arrive sous peu. Mon humour foireux est jamais bien loin. Puis vous savez c'qu'on dit sur l'naturel.

Quand on a une mère étant THE référence dans son domaine et qui pense que sa fille doit suivre ses traces, mon refus de l'autorité se comprend. Je déteste qu'on me dise ce que je dois faire sans m'expliquer pourquoi et je déteste par dessus tout qu'on décide pour moi , ce que ma génitrice fais souvent. Mon père lui est tout aussi reconnu que ma mère mais plus ouvert d'esprit, il m'a toujours aidé, expliqué, jamais jugé. Je me demande vraiment pourquoi ils sont encore ensembles, à part moi ils n'ont rien en commun et moi je suis partie. Je ne serais pas étonnée si un jour mon père m'annonce avoir trouvé quelqu'un, je ne lui en voudrais pas. "On a pas peut être des origines communes va savoir" Je ne serais pas étonnée si elle me disait que sa famille est originaire des îles britanniques. N’empêche ca serait vraiment marrant. C'est vrai qu'on semble avoir quelques points communs, mais je parierais qu'Amy est plus pénible que moi.

J'arrive pas à m'enlever cet air dépité de devant les yeux en voyant ma coupe de glace vide. A cet instant je suis tiraillée entre en commande une autre ou être sage. Une Brianna en démon me dit de céder à la tentation et une Brianna en ange me dit de résister. Je suis vraiment un cas désespéré quand ça concerne la nourriture. Mon regard passe sur la coupe d'Amy qui est propre, genre limite même pas besoin de laver. Ah ouais là y'a un autre level par rapport à moi. Je dis respect. "Ouais, Star Wars, Seigneur des Anneaux etc" En général on s'attend pas à ça quand on me voit, et pourtant je préfère largement me caler pour voir un de ces films que de sortir en boite. J'aime ma vie et la réalité actuelle mais je sais pas ces univers me font rêver. Et même si ça peut paraître ridicule parfois j'en tire des leçons de vie. J'étais étonnée qu'elle connaisse car ce n'était pas la phrase la plus populaire. "Il est petit oui, je le voulais à la base plus gros et ailleurs mais au dernier moment j'ai changé d'avis et mon tatoueur m'a détesté de devoir refaire le dessin aux bonnes dimensions pour l'emplacement." Il m'avait déjà détesté pour l'elfique donc il était plus à ça prêt le pauvre. "10 heures? j'admire votre patience pour ça, rester concentré tant de temps."

Mon dos avait pris longtemps et en plusieurs fois aussi mais ouf une fois habituée à la douleur je m'étais endormie. Mais eux toujours concentrés à chaque fois dans le moindre détail pendant plusieurs heures. Nan pas pour moi ça. Je lui souris amusée et je levais les mains genre "je suis innocente votre honneur" et d'ailleurs je pris un air tout à fait innocent qui à mon avis n'allait pas la faire tomber dans le panneau. "10 ans? ah ouais quand même, si tu me donnes l'adresse je passerais voir oui. On sait jamais que ça me donne une idée pour un troisième. " Honnêtement je n'avais pas du tout pensé à l'âge qu'elle pouvait avoir, je m'en foutais en fait. Elle était cool c'était le principal.

Ahhhhh mon coca cherry, amour de ma vie en boisson. "Oh tant que mon coach le sait pas, tout va bien et puis je crois que j'ai de la marge." Clairement j'en avais, c'était pas pour me vanter mais physiquement j'étais affûtée. "Pis là aujourd'hui je vais éviter d’assommer une autre rousse sinon à force on va croire que je fais exprès." C'était pas mon jour pour le sport donc j'en ferais pas. Des fois fallait reconnaître quand on était battus d'avance, en tirer les conclusions et passer à autre chose. Ma conclusion était donc qu'en rentrant chez moi je me mettrais un film ou jeux vidéos.

Mes origines sont facil’ment identifiables. J’suis née à LA. Mes parents sont nés à LA. Mes grands-parents sont nés à LA. Mes défunts arrière-grands-parents sont nés à LA. Les générations d’avant j’sais pas mais bon, j’crois bien avoir c’te ville dans la peau. Forcément, si j’remontais mon arbre généalogique, j’trouv’rai bien des ancêtres extérieur à la cité des anges. En creusant, j’trouv’rai même quelq’un en commun avec c’te rouquine. On doit être cousine par alliance du côté d’la mère d’l’oncle du frère du cousin germain de sa trente-deuxième arrière-grand-mère ou un truc du genre. « Si t’es sympa ascendant chiante c’possible. »  J’pouffe d’mes mots. J’ai conscience d’mon caractère. J’suis loin d’être facile à vivre. Ça doit expliquer en partie mon célibat. M’supporter une heure r’lève du miracle alors toute une journée, c’t’un mirage. « En tous cas, on a d’jà l’amour du sucre en commun ! » Sa coupe est vide. D’habitude j’mets quelques minutes à la concurrence. Elle, elle a fini sa gourmandise une poignée d’s’condes après moi. J’ai même cru perdre à un moment ! Alors, ouais, on était pas en compétition officielle. Enfin, j’tiens à être la première à terminer mon dessert. Comme ça, j’suis la première à en r’demander si y en reste. C’pas l’cas ici. Y a pas d’rab à bouffer. Sauf si j’aligne la monnaie. « Tu confirmes qu’on est différente. T’es trop geek pour être d’ma famille. » C’pas un reproche, c’t’une constatation. J’connais mes classiques quoi. Et encore, ça date d’huit ans. C’dû à une ex qu’était fan d’ciné. Elle pouvait pas croire qu’connaissais pas Star Wars & co. Elle m’a limite forcé d’les r’garder sous peine d’me quitter. J’ai dit ok si elle écouté ma musique. L’métal lui a pas plu. Et même si faut faire des concessions dans un couple, on a vite compris qu’notre histoire dur’rait pas. Dommage, c’était un bon coup. Mais un moins qu’Hazel. Alors j’ai pas d’regrets. « Dix heures en quatre séances, hein ! J’peux pas tatouer plus d’deux heures et demie d’affilée. Ah ouais ?! T’es une chiante alors. Bienv’nue au club ! » J’lui balance un clin d’œil et tape dans sa main. J’suis pas en train l’insulter. Sortant d’ma bouche, c’même affectif. J’ai des client.e.s dans son genre. Ça m’annonce savoir c’que ça veut et où. Puis ça change d’avis. J’m’adapte toujours. « Avec plaisir ! » J’suis toujours ravie d’avoir d’nouveaux clients. Davantage quand il s’agit qu’une sexy cliente. J’fouille mon sac à dos. J’en extrait une carte d’visite. Elle est un peu froissée mais bon, y a mon nom,  l’adresse du salon et l’numéro d’téléphone lisible. J’la fais glisser sur la table pour lui filer. « Tiens. Tu passes quand tu veux ! » J’espère qu’elle m’a dit pas pour m’faire plaisir. J’en croise des gens qui s’montre intéressés par un tatouage, m’disent passer à l’occaz et qu’j’r’vois plus jamais. C't’à croire qu’c’la mode. Ils ont l’droit d’dire qu’c’pas leur truc. Y a moyen d’me r’voir ailleurs qu’à mon boulot. Autour d’un verre ou d’une glace m’va parfait’ment aussi. « C’pas faux ! Mais j’pourrai t’balancer… Faut qu’t’achètes mon silence… » J’affiche un rictus malicieux. « Ramène-moi une gourmandise quand tu pass’ras au salon et j'f'rai comme si j''savais rien sur tes écarts. » J’lui laisse l’choix. Gâteau, bonbon, autre, j’m’en fous tant qu’c’bourré d’sucre. « Vaut mieux ouais. D’toute, faire du sport après avoir mangé est pas r’commandé. Là il nous faut s’reposer. J’sens qu’vais aller faire une sieste. » Il m’faut digérer l’banana. J’pense que j’man’rai pas c’soir. J’suis calée. Puis dans deux heures j’vais crier avoir la dalle, j’me connais. « J’vais m’rentrer Brianna. Merci pour l’goûter. » J’lui souris et r’fous mon cabas sur l’épaule. « Ah une dernière chose, j’te précise qu’les ballons sont interdits dans mon salon. » Et dans un dernier clin d’œil complice, j’me sauve direction Westwood. J’fais la route à pied histoire d’éliminer les calories. En vrai, c’plus pour m’arrêter d’vant ma boulang’rie favorite en ch’min et m’acheter un délicieux éclair au chocolat mais chut.